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00:00En 1996, il y a eu dans la ville de Philadelphie 447 homicides.
00:14Voici l'histoire d'un de ces crimes.
00:19Angie Annette partait au lycée, elle n'est jamais arrivée.
00:29Mon fils n'arrêtait pas de me dire que je devais chercher Angie à la cave, qu'elle
00:35se cachait.
00:36Et je lui répétais que non, elle n'y était pas, elle n'est jamais rentrée.
00:42C'était un meurtre, un meurtre commis de sang-froid.
00:49Des scènes de crimes, j'en ai vu beaucoup dans ma carrière, mais rarement comme celle-ci.
00:55Cette jeune fille avait la vie devant elle pour se faire une place dans la société
01:01et son destin a été brisé sans raison.
01:02C'est l'enfant de quelqu'un.
01:05Ça devait être un cauchemar pour la mère d'Angie Annette.
01:12Pour moi, ça ne faisait aucun doute, on avait affaire à quelqu'un de malfaisant.
01:15C'est comme un rêve, un mauvais rêve.
01:19Elle me manque.
01:21Les années ont beau passer, je rêve toujours de la retrouver en vie.
01:41Angie était extraordinaire, elle illuminait une pièce rien que par sa présence.
02:12Angie Annette avait 17 ans et une vie remplie d'espoir, de rêve, d'aspiration.
02:25Angie voulait finir le lycée en beauté.
02:41Elle décrochait son bac, elle avait rempli des tas de dossiers pour la fac, elle débordait d'énergie.
02:52Elle allait tout faire pour y arriver.
02:58Le lundi 30 septembre 1996, Paulette, la mère d'Angie Annette s'inquiète de ne pas la voir
03:09revenir du lycée.
03:10En fin d'après-midi, vers 5 heures, j'ai reçu un appel automatique de la vie scolaire pour
03:21m'avertir de l'absence de ma fille ce jour-là.
03:24Ça ne lui ressemblait pas, elle ne séchait jamais les cours, jamais.
03:30Alors j'ai téléphoné à toute sa bande d'amis pour savoir si quelqu'un avait des nouvelles.
03:38Elle commence notamment par le petit ami d'Angie Annette, Christian.
03:44Personne ne l'avait vu de la journée.
04:07Non, elle n'est pas chez moi.
04:09Non, je ne sais pas où elle est.
04:12Angie Annette a la permission de 22h30, mais une fois cette limite dépassée, l'inquiétude de
04:22Paulette fait place à la panique.
04:23Donc, j'ai appelé la police parce que ma fille n'était toujours pas rentrée.
04:31Ils ont pris note de ce que j'ai dit, de la tenue qu'elle portait.
04:39Et ils m'ont répondu qu'il y avait un délai de 48 heures,
04:58que c'était la procédure.
05:01Ils ont attendu 48 heures.
05:04Il y a des questions qu'on se pose tout de suite quand on est policier.
05:11Est-ce qu'elle a fugué ? Est-ce qu'elle a envoyé un message à sa mère pour lui dire
05:17qu'elle était quelque part et que la mère ne l'a pas reçue ?
05:20La personne qui a pris le signalement s'est dit qu'elle était avec des amis et qu'elle
05:26finirait bien par revenir.
05:28Sauf qu'elle n'avait rien emporté.
05:32Ce n'était pas prémédité.
05:34Son argent était là-haut, comme toujours.
05:38Ce n'était pas logique qu'elle laisse toutes ses affaires.
05:41Cette nuit-là, je suis restée debout à l'attendre.
05:44Elle n'est jamais rentrée.
05:48Dès le lendemain matin, Paulette, la mère d'Angie, décide de prendre les choses en
06:02main.
06:03J'ai commencé par appeler les hôpitaux, les prisons, dans l'éventualité où ils
06:15auraient une jeune fille sans identité.
06:17Ça n'a rien donné.
06:21Alors, j'ai fait des affichettes avec des photos et des amis à elle, y compris Christiane,
06:35les ont collées dans tout le voisinage.
06:37À l'époque, ce quartier de Philadelphie était gangréné par la criminalité.
06:43On était au plus fort de l'épidémie de crack.
06:46La rue était dangereuse pour les passants.
06:50Des amis à elle l'ont cherchée dans les environs, car il y avait beaucoup de terrains
06:58vagues.
06:59Et c'est là qu'on pensait la retrouver.
07:02Mais ça n'a rien donné.
07:05Mon fils n'arrêtait pas de me dire que je devais chercher Angie à la cave, qu'elle
07:11se cachait.
07:12Et je lui répétais que non, j'avais déjà regardé et elle n'y était pas.
07:17Quand arrive le mardi soir, cela fait quasiment 48 heures qu'Anginette a disparu.
07:27J'étais effondrée, totalement désemparée.
07:30Je pressentais que quelque chose de grave lui était arrivé.
07:35Le 2 octobre, vers 3h45 du matin, un SDF a fait signe à une voiture en patrouille
07:54pour dire qu'une femme, apparemment morte, se trouvait à l'intérieur d'une maison
07:58abandonnée.
07:59La seule de toute la rangée qui n'avait pas encore été démolie.
08:04En façade, les accès étaient condamnés.
08:08Mais à l'arrière, des planches de la fenêtre de la cuisine avaient été arrachées pour
08:13faire un passage.
08:14Ce bâtiment abandonné était fréquenté par toutes sortes d'individus en lien avec
08:20la drogue et la prostitution.
08:22L'intérieur était envahi de détritus.
08:26Il y avait plein de vieux pneus empilés dans le salon, des cartons de bière vides
08:32et des éclats de flacons de craque partout.
08:34Un vrai dépotoir.
08:36Lorsque le policier en patrouille découvre le corps, il alerte aussitôt la brigade
08:45criminelle.
08:46C'est l'inspecteur Dillaqua qui se rend sur place.
08:55J'ai commencé par faire un rapide examen des lieux et j'ai vu un corps qui gisait
09:07sur le sol.
09:08C'était une jeune fille, 16 ou 17 ans, allongée sur le dos, totalement nue à part des chaussettes,
09:20avec des plaies apparentes autour de l'œil droit.
09:23Ma première réaction a été « elle, ça ne peut pas être une tapineuse ». À l'époque,
09:30il y avait pas mal de prostituées et à force de les arrêter pour racolage, on connaissait
09:35la plupart.
09:36Voilà pourquoi au premier coup d'œil, j'ai su que cette jeune fille à terre n'en
09:40était pas une.
09:41La nudité et la position du corps faisaient fortement penser à une agression sexuelle.
09:49Je suis ressorti, toujours en quête d'indices, et j'ai aperçu une carte d'identité.
09:58C'est cette carte d'identité scolaire qui a permis d'identifier le corps d'Angélette
10:03Maldonado.
10:04Pour moi, ça ne faisait aucun doute.
10:06On était bel et bien face à un meurtre.
10:10À 4 heures du matin, quelqu'un a sonné à la porte.
10:16Je suis descendue et j'ai ouvert à la police.
10:27Là, ils m'ont dit qu'ils avaient retrouvé Angie morte.
10:36On a l'impression de ne pas participer à ce qu'il se passe, d'être une simple spectatrice.
10:49Ils m'annoncent qu'elle est morte.
10:54Rien de plus.
10:55Je suis heureux pour un parent.
10:57C'était irréel, totalement irréel.
11:03Des scènes de crimes, j'en ai vu beaucoup dans ma carrière, mais rarement comme celle-ci.
11:11Ce visage tourné vers moi, tellement jeune, m'a bouleversé.
11:16Je me suis dit, c'est l'enfant de quelqu'un.
11:20Un parent vient de perdre cette ravissante jeune fille.
11:23Il y a des images qui vous marquent comme celle-ci.
11:27La fille de Paulette, Angie Nett, 17 ans, a été retrouvée sauvagement assassinée
11:44dans une bâtisse abandonnée de Hope Street.
11:48Quand on enquête pour homicide, il faut immédiatement sécuriser les lieux, ne toucher à rien,
11:55ne rien déplacer, ne pas toucher au corps, ni aux vêtements, à rien du tout.
12:01L'identité judiciaire intervenait 24 heures sur 24, pour enregistrer, prélever et conserver
12:07les indices.
12:08Je peux vous assurer qu'il passe l'endroit où peigne fin pour retrouver la moindre preuve
12:15matérielle, comme des cheveux, des fibres, du sang, et pour une agression sexuelle, bien
12:22sûr, des fluides corporels, du sperme.
12:25Il est donc capital de recueillir et de conserver correctement les éléments de preuve.
12:34Dans l'espoir de trouver un éventuel témoin de la mort d'Angie Nett, la police fait le
12:39tour du voisinage.
12:42Lorsqu'il y a enquête pour homicide, les gens hésitent souvent à parler.
12:46Ils ont peur. Si je coopère, est-ce que le meurtrier ne va pas s'en prendre à moi?
12:50Mais dans cette affaire, la victime était atypique.
12:56Ce n'était pas un dealer tué par balle.
12:59Angie Nett était une enfant du quartier.
13:02Les gens l'aimaient, l'appréciaient.
13:04Si quelqu'un savait quelque chose d'utile à l'enquête, il le dirait sûrement à la
13:08police. Si qui que ce soit l'avait vu entrer, j'espérais que ce parent ou voisin bienveillant
13:14se manifesterait. Oui, je l'ai vu entrer avec un tel.
13:17Des policiers ont bel et bien tapé aux portes, mais il n'y avait pas grand monde pour
13:23leur répondre.
13:29Hormis une dame dans la même rue qu'Angie Nett.
13:32Aïe, mais je suis désolé de vous embêter, je voulais juste savoir si vous connaissiez
13:35votre voisin, Angie Nett Maldonado.
13:37Oui, c'est la fille de Paulette.
13:38Vous savez quand c'est la dernière fois que vous l'avez vue?
13:40Je l'ai vue le matin, je crois qu'elle était en route à l'école.
13:43C'était environ 8h10 du matin.
13:45Et après, on perdait sa trace.
13:48Elle était seule ou avec quelqu'un d'autre?
13:50Non, elle était seule.
13:52Les habitants ne savaient rien.
13:54Ils étaient tous très tristes de ce qui était arrivé à Angie Nett, mais ils n'avaient
13:59aucune info et c'était vraiment rageant.
14:04L'absence de témoins complique vraiment une enquête, car on doit se fier aux preuves
14:09matérielles. Uniquement.
14:14Dans la matinée, le corps d'Angie Nett est confié au médecin légiste qui procède
14:19à une autopsie complète.
14:22L'autopsie a révélé une fracture du crâne.
14:26La victime portait des marques apparentes de strangulation.
14:30Et des hématomes au visage.
14:33Elle aurait donc reçu de multiples coups de poing.
14:37Le décès a été provoqué par strangulation et traumatisme crânien.
14:44Durant l'examen, du sperme a aussi été retrouvé.
14:48À l'époque, ils utilisaient des cotons-tiges.
14:51Les prélèvements étaient déposés dans un tube en plastique ou en verre, conservé au
14:55froid, puis analysés en laboratoire.
14:58Dans l'espoir de mieux comprendre les dernières heures d'Angie Nett, les enquêteurs
15:04retournent chez Paulette, sa mère, pour lui parler.
15:07Le point de départ de l'enquête consistait à savoir quels endroits elle avait l'habitude
15:11de fréquenter et avec qui.
15:14Paulette Smith a déclaré qu'Angie Nett avait un petit ami, Christian Vrebeck.
15:20Les deux jeunes sortaient ensemble depuis environ un an.
15:24Comme ça faisait quelques mois que la relation était tendue, elle se demandait si Christian
15:29n'était pas mêlé à sa disparition.
15:33Paulette Smith a donc déclaré qu'Angie Nett avait un petit ami, Christian Vrebeck.
15:37Les deux jeunes sortaient ensemble depuis environ un an.
15:40Comme ça faisait quelques mois que la relation était tendue, elle se demandait si Christian
15:45n'était pas mêlé à sa disparition.
15:50Je n'avais aucune preuve, mais c'était ce que je ressentais, et uniquement par rapport à lui.
16:01Tous deux avaient un rituel quotidien.
16:03Ils la retrouvaient chaque matin pour l'accompagner au lycée.
16:06Il la raccompagnait chez elle ou à son travail.
16:13Paulette Smith nous relate la dispute qu'a eue Angie Nett avec Christian la veille au soir,
16:18sur le pas de la porte.
16:36On avait désormais un suspect, Christian Vrebeck.
16:39Son témoignage allait être essentiel, il fallait qu'on lui parle sans tarder.
16:47Les enquêteurs convoquent Christian, le petit ami d'Angie Nett, au poste afin de l'interroger.
16:53Il était tout disposé à coopérer et à faire l'impossible pour nous aider sur l'enquête.
17:07Généralement, le matin, ils retrouvaient Angie Nett pour l'accompagner au lycée.
17:12Mais ce matin-là, elle l'avait bipée, et ils n'auraient pas vu son message parce qu'il dormait.
17:20Mes collègues ont aussi interrogé des lycéens,
17:23et ils ont découvert qu'Angie Nett n'était pas enceinte.
17:26C'est ce qui a fait qu'Angie Nett s'est rendue au lycée,
17:29et qu'il n'avait pas vu son message.
17:32Mes collègues ont aussi interrogé des lycéens,
17:36et d'après l'un d'eux, Christian Vrebeck y était vers 9h20 à la recherche d'Angie Nett.
17:45On a la certitude qu'il se trouvait au lycée, mais en réalité, pourquoi y est-il allé ?
17:49Est-ce qu'il la cherchait en toute bonne foi ?
17:52Ou est-ce qu'il la savait morte puisqu'il l'avait tuée,
17:55et est-ce qu'il essayait simplement de couvrir ses arrières ?
18:02Christian reconnaît s'être disputé avec Angie Nett le soir précédant sa disparition.
18:10Mais il affirme qu'ils s'étaient aussitôt réconciliés.
18:18Il dit avoir eu une relation sexuelle avec Angie Nett le jeudi ou le vendredi d'avant,
18:24soit quelques jours avant la découverte du corps.
18:28On lui a aussi demandé s'il pensait qu'elle avait un autre petit ami,
18:31et il a répondu que non, il était le seul.
18:35Puis l'enquêteur recherche des lésions défensives sur Christian.
18:40L'inspecteur de la criminelle lui a demandé d'enlever le haut
18:43pour regarder si les bras, le dos, le torse et le cou présentaient ou non des blessures.
18:49Car étant donné la position du corps, Angie Nett s'était forcément débattue,
18:55et avait laissé des traces sur son agresseur, comme des morsures ou des éraflures.
18:59Or, à l'évidence, il n'y avait rien de tel sur Christian.
19:06L'absence de marques sur Christian ne le discupait pas nécessairement,
19:10car il n'avait pas vraiment d'alibi pour le matin de la soi-disant panne d'oreiller chez lui.
19:17On a profité de sa présence au poste pour lui faire un prélèvement d'ADN.
19:22À l'époque, un test génétique nécessitait d'abord une prise de sang.
19:27L'ADN de Christian sera ensuite comparé à celui retrouvé sur le corps d'Angie Nett.
19:33Christian Vrebek restait notre seul suspect, mais à ce stade, on n'avait rien pour l'épingler.
19:40À l'affût du moindre renseignement,
19:44la police se tourne vers un ami proche de Christian, James Moses.
19:51D'après sa déposition, Angie Nett et Christian étaient amoureux l'un de l'autre.
20:05Oui, ils se disputaient, mais ils se remettaient toujours ensemble.
20:13C'était à la fois frustrant et contrariant, parce qu'on ne savait pas à quoi penser.
20:17Selon James Moses, Christian Vrebek n'a rien à voir avec le meurtre de sa petite amie, Angie Nett Maldonado.
20:27James a bien insisté, il s'aimait.
20:32Jamais Christian n'aurait pu être impliqué dans la murderie d'Angie Nett Maldonado.
20:37C'est ce qu'il s'est rendu compte.
20:40James a bien insisté, il s'aimait.
20:45Jamais Christian n'aurait pu être impliqué là-dedans.
20:48Mais on avait conscience que James était son ami, il avait une bonne raison de le couvrir.
20:53Le 19 décembre 1996, presque trois mois après le viol et le meurtre effroyable d'Angie Nett, les résultats de l'analyse ADN tombent en fin.
21:18L'ADN prélevé à l'autopsie s'avérait correspondre à celui de deux individus.
21:24L'un était Christian Vrebek, l'autre était d'origine inconnue.
21:29Mais la présence de l'ADN de Christian n'est pas nécessairement une preuve de culpabilité.
21:36On savait qu'il avait eu un rapport sexuel avec Angie Nett, ce qui expliquait qu'on ait retrouvé son sperme.
21:42Son ADN avait beau être présent, ça ne suffisait toujours pas pour le coffrer.
21:47Ça n'a rien d'inhabituel qu'il reste du sperme un, deux, voire trois jours après un acte sexuel.
21:56Le deuxième profil ADN retrouvé nous était totalement inconnu, on ne savait pas à qui il appartenait.
22:04Or il nous fallait mettre un nom dessus avant de procéder à une arrestation.
22:11À partir de là, on a envisagé l'implication potentielle de son ami James Moses.
22:18On a prélevé l'ADN de James pour le comparer à celui de l'autopsie, et les résultats l'ont disculpé, ce n'était pas lui.
22:25Qui pouvait bien être ce deuxième homme ? Le mystère restait entier.
22:33Un scénario glaçant et machiavélique vient soudain à l'esprit des enquêteurs.
22:39Dans ce genre d'homicide lié à des violences sexuelles, l'éventualité d'un violeur en série qui aurait commis ce crime devait être envisagée.
22:50Est-ce qu'un dangereux violeur, qui n'appartenait pas à l'entourage de cette jeune fille, l'aurait enlevé en pleine rue pour abuser d'elle ?
22:58On a passé au crible les arrestations, ainsi que les casiers des délinquants sexuels qui vivaient dans la région, sans aucun succès.
23:10On a contacté les collègues d'autres unités et d'autres postes.
23:14Ça vous parle ? Voici ce que notre victime a subi.
23:17Vous avez des victimes blessées ou violées suivant le même mode opératoire ?
23:28Nos inspecteurs faisaient du bon boulot.
23:33Mais ils avaient du mal à mettre le doigt sur un suspect plausible.
23:41Et ils se sont retrouvés dans une impasse.
23:44Après des mois d'enquêtes qui piétinent, le Daily News et les voisins de Paulette se cotisent pour offrir une récompense de 8000 dollars en échange de toute information qui mènera à l'arrestation du meurtrier d'Anjanette.
23:58J'avais bon espoir que ça fonctionne. J'étais ravie de cette initiative.
24:038000 dollars, c'était une grosse somme, surtout à l'époque.
24:08Les gens avaient peur de parler. Je le comprenais parfaitement.
24:12Mais pour toucher l'argent, il n'y avait pas besoin de donner son nom.
24:17Ça me semblait tellement fou, en fait, que personne n'ait rien vu. Absolument personne.
24:24Mais en même temps, il y avait plein de bâtiments abandonnés.
24:28Beaucoup d'habitants du quartier n'avaient pas des horaires de travail traditionnels et donc ne se levaient pas de bonne heure.
24:36Bref, plus l'enquête durait, plus c'était compliqué.
24:42Et la récompense inciterait peut-être quelqu'un à se manifester, mais ça n'a pas été le cas.
24:53Une semaine s'est écoulée, puis un mois, et je n'avais plus vraiment espoir qu'il réussisse à pincer le coupable.
25:04Comme le meurtrier court toujours, la mère d'Anjanette, Paulette Smith, se résout à prendre une décision difficile.
25:12La famille va changer de domicile.
25:15On a déménagé. Impossible de rester dans cette maison. Je ne savais plus à qui me fier.
25:23Elle avait peur. Elle voulait vivre à l'abri avec sa famille.
25:31Tant qu'on ne mettrait pas un nom sur le coupable, elle ne pourrait vivre en paix.
25:37Qui diable savait où le meurtrier se trouvait et s'il n'avait pas s'en prendre à elle ?
25:42Autant d'incertitude qui devait lui peser horriblement.
25:53Un an après le meurtre odieux d'Anjanette Maldonado, les enquêteurs se trouvent face à un mur.
26:01Fin 1997, on n'apprenait plus rien de nouveau.
26:06On n'avait pas non plus de nouvelles preuves matérielles pour identifier le coupable.
26:11Le hic, c'est qu'à l'époque, la technologie ADN était encore en pleine évolution.
26:17Et l'enquête faisait du surplace.
26:22N'oublions pas que ce meurtre n'est pas un cas isolé.
26:26Que la ville est ravagée par la guerre entre trafiquants de drogue et par la violence.
26:31Chaque jour apporte son lot de meurtres que nos inspecteurs doivent élucider.
26:35Ils ne peuvent se concentrer exclusivement sur cette affaire.
26:39Néanmoins, au sein de la police de Philadelphie, certains refusent de baisser les bras.
26:45Il suffisait qu'un seul enquêteur continue de s'accrocher pour que subsiste une lueur d'espoir.
26:52Quand on a démarré l'enquête, Christian Vrebeck était notre principal suspect.
26:57Mais c'était impossible de l'épingler sur la seule base de son ADN.
27:01On savait qu'ils avaient eu un rapport sexuel.
27:04Et cela pouvait expliquer la présence de son ADN à l'autopsie.
27:09Il nous fallait identifier le deuxième émetteur d'ADN et lui parler avant de procéder à une arrestation.
27:17On a donc décidé de repartir à zéro.
27:20Et de réinterroger tout le monde.
27:24Dans l'espoir qu'on nous livrerait une information inédite qui ferait la différence.
27:29Parfois les gens ont hésité à se manifester.
27:32Et puis, au fil du temps, ils culpabilisent.
27:36Ou ils ont changé de quartier, ou ils ont évolué dans leur vie.
27:40Et ils se sentent plus à même de coopérer avec la police.
27:43On espère donc toujours qu'une personne qui a gardé le silence nous dira enfin tout ce qu'elle sait.
27:50Le 1er juillet 1998, les enquêteurs se concentrent à nouveau sur l'ami de Christian, James Moses.
28:00On l'a convoqué à la criminelle au rez-de-chaussée des bâtiments de la police, dans la salle d'interrogatoire D.
28:20Il déclare avoir menti au 1er interrogatoire.
28:32Christian Vrebeck lui aurait avoué après le meurtre que c'était lui.
28:36Si cette révélation est vraie, elle est aussi abominable que troublante.
28:50Le couple se serait disputé au sujet d'un ex d'Anjanette.
28:58Christian Vrebeck lui aurait confié s'être débarrassé d'elle, c'est-à-dire d'Anjanette.
29:03Il l'aurait tué dans la maison abandonnée de Hope Street.
29:12Christian Vrebeck aurait étranglé Anjanette, l'aurait frappé à coups de marteau.
29:17Et lui aurait imposé un rapport sexuel dans la maison.
29:27Je n'en revenais pas que subitement après tout ce temps, il me fasse de telles révélations.
29:32La déposition de James Moses nous semblait crédible, vraisemblable, car elle était extrêmement détaillée.
29:43Il était venu nous livrer le coupable.
29:46Nous donner des détails sur les circonstances potentielles du meurtre.
29:50Et on lui avait dit qu'il n'allait pas le faire.
29:53Il avait dit qu'il n'allait pas le faire.
29:55Il était venu nous livrer le coupable.
29:58Nous donner des détails sur les circonstances potentielles du meurtre.
30:02Et on n'avait aucune raison de mettre en doute sa parole.
30:09Il y a une constante qui ressort de tous les témoignages.
30:14Christian était foudel.
30:19Je n'imagine pas ce garçon amoureux se vanter ainsi auprès de son ami.
30:23Ce que j'ai fait, c'est ma copine, là, complètement nue.
30:26La logique aurait plutôt voulu qu'il lui demande de l'aider à déplacer le corps, à le cacher.
30:32Ça m'aurait semblé cohérent.
30:34Et quant à la profusion de détails donnés par James, n'oubliez pas que beaucoup avaient été publiés dans la presse.
30:41Voilà pourquoi j'hésitais à croire ce témoignage.
30:45L'étape suivante consistait à tenter de confirmer ses dires.
30:49On a donc contacté des membres de sa famille pour savoir s'il leur avait fait part de ce que lui avait raconté Christian Vrabek.
31:01James aurait évoqué à sa mère les aveux de Christian.
31:07Faute de confirmation par sa famille, j'ai préféré ne pas me précipiter.
31:12En effet, il avait soi-disant raconté à sa mère que Christian était coupable.
31:15Or, elle niait avoir été au courant.
31:20Le même jour, on s'est rapprochés de Christian Vrabek pour lui demander s'il acceptait de revenir nous parler.
31:27Comme il était d'accord, on est allés le chercher et on l'a ramené à la brigade pour l'interroger.
31:33Les enquêteurs ne mentionnent pas les accusations de son ami James Moses.
31:46Une fois de plus, il nie catégoriquement toute implication.
31:50Il répète qu'il l'adorait, qu'il ne lui aurait jamais fait de mal.
31:53Or, on n'avait aucune preuve matérielle contre lui.
31:56On garde toujours Christian à l'œil.
31:58Et après l'interrogatoire de James, on l'a vraiment dans le collimateur.
32:02Mais à part cette déposition que personne ne confirme, on ne dispose pas assez d'éléments pour le coffrer.
32:16Au fil des années, j'ai continué à suivre la trace de Christian Vrabek et de James Moses.
32:22On a continué à suivre de près les arrestations dans le coin, surtout pour agressions sexuelles.
32:28On interrogeait les délinquants sexuels en état d'arrestation.
32:32Parfois, on faisait même comparer les profils ADN avec celui qu'on avait.
32:37On a aussi fait des recherches sur l'identité de Christian Vrabek.
32:41Parfois, on faisait même comparer les profils ADN avec celui qu'on avait.
32:46Mais ça ne donnait jamais rien.
32:50Je savais que plus le temps passait, plus l'affaire serait difficile à élucider.
32:57Ça devait être un cauchemar pour la mère d'Anjanette.
33:04Je savais qu'il continuait à chercher.
33:07Ça me rassurait qu'ils fassent tout leur possible.
33:14Mais quand on voit d'autres enquêtes résolues, on se demande pourquoi la nôtre ne l'est toujours pas.
33:20J'étais à bout.
33:31Après le meurtre odieux d'Anjanette Maldonado, dix longues années vont s'écouler.
33:36Durant tout ce temps, son petit ami Christian Vrabek restera suspect aux yeux de la police.
33:42Je n'avais rien pour prouver le contraire.
33:45Et à mesure que les années passaient, je rongeais mon frein de ne trouver aucun élément tangible.
33:52L'enquête était au point mort.
33:55C'est alors qu'en 2009, la police de Philadelphie reçoit une subvention fédérale pour réexaminer des enquêtes non résolues à l'aide de nouveaux outils ADN.
34:07Dès qu'on a reçu cette subvention, j'ai pensé à l'affaire Anjanette Maldonado.
34:13J'ai voulu rouvrir ce dossier parce que l'ADN relevé provenait en fait de deux émetteurs.
34:19Christian Vrabek et un mystérieux individu.
34:24J'avais toujours espéré qu'on repèrerait quelqu'un et que la comparaison génétique nous permettrait de l'identifier.
34:32Les enquêteurs de Philadelphie mettent à profit la subvention pour interroger le fichier CODIS sur le profil ADN qui leur donne du fil à retordre depuis 13 ans.
34:41Cette base de données est un outil supplémentaire à l'ADN.
34:44Mais elle n'existait pas en 1996.
34:47Elle permet de télécharger des échantillons, des profils et de les comparer à des ADN provenant des quatre coins du pays.
34:55Toute personne condamnée pour crime doit se soumettre à un prélèvement ADN répertorié ensuite dans la base de données.
35:02Et chaque état américain applique ce système.
35:05La recherche aboutit enfin à une concordance.
35:08Et le résultat fait l'effet d'une bombe pour tous ceux qui ont mené l'enquête.
35:12CODIS nous a donné un nom. L'ADN correspondait à un certain Raphaël Crespo.
35:21L'individu purgeait une peine de 15 ans pour agression sexuelle sur une mineure qui s'avérait être sa belle-fille en Floride.
35:30Après toutes ces années, l'ADN avait parlé.
35:33Et le mystérieux profil était enfin identifié. Je n'en revenais pas.
35:38Les enquêteurs s'envolent pour la Floride, à plus de 1500 kilomètres de là,
35:43afin de confronter Raphaël Crespo, qui doit sortir du centre pénitentiaire de Hardy dans trois ans.
35:51Quand on est arrivé à la prison, le directeur nous a installés dans une pièce pour l'interrogatoire.
35:56Je ne savais pas à quoi m'attendre, mais j'ai quand même été surpris en entrant dans la pièce.
36:02C'était un homme discret, à lunettes, pas franchement le genre d'un prédateur.
36:08Les gens s'imaginent qu'un violeur assassin ressemble à un monstre.
36:13C'est faux. Il a la même couleur de cheveux qu'un monstre.
36:17C'est faux. Il a la même couleur de cheveux qu'un monstre.
36:20Les gens s'imaginent qu'un violeur assassin ressemble à un monstre.
36:25C'est faux. Il a la même tête que vous et moi.
36:28Je lui ai expliqué qu'on enquêtait sur le meurtre de la jeune Anjanette Maldonado en 1996,
36:35et que son ADN correspondait à celui relevé sur place.
36:39Puis je lui ai montré une photo d'Anjanette.
36:51Vous ne la reconnaissez pas du tout ?
36:55Vous me demandez de revenir au 1996 ?
36:59Oui, elle a l'air familière.
37:02Elle a l'air d'avoir été avec quelqu'un, peut-être, à l'époque.
37:20A l'heure de la fermeture, il avait déambulé sur Front Street pour trouver une prostituée, sans résultat.
37:26Et le lendemain matin, il était tombé sur Anjanette Maldonado.
37:44Il déclare sans tergiverser qu'il a couché avec elle,
37:47que c'était un rapport consenti,
37:50et prétend qu'elle lui a demandé de l'étrangler pendant le coït.
38:18Elle était en vie !
38:23Il l'a laissée par terre sans penser l'avoir tuée,
38:26et n'a rien vu aux infos.
38:28Puis ça lui est sorti de la tête.
38:31Crespo déroule un récit étrange et extrêmement perturbant.
38:40Il insinuait que c'était la faute d'Anjanette si elle s'était retrouvée morte dans cette maison,
38:44et aussi que ce n'était pas vraiment la sienne, puisqu'il était ivre.
38:48Souvent, les coupables qui passent aux aveux
38:50essaient de minimiser leurs responsabilités,
38:53et de faire porter le chapeau à la victime.
38:56C'était exactement la démarche de Rafael Crespo.
39:15L'inspecteur m'a téléphoné
39:18pour me dire que le coupable s'appelait
39:21Rafael Crespo,
39:24que je ne devais pas m'inquiéter,
39:26qu'il ne leur échapperait pas,
39:28car il était déjà sous les verrous.
39:31Il n'y a qu'un monstre
39:33pour faire une horreur pareille.
39:37J'étais sous le choc.
39:40Je n'ai jamais compris pourquoi il avait fait une telle erreur.
39:44Jamais.
39:50Après plus d'une décennie,
39:52les enquêteurs tirent officiellement un trait sur Christiane Vrebeck.
39:57Lorsqu'on a parlé à Christiane Vrebeck,
39:59il a dit qu'il aimait toujours Anjanette.
40:01Il pensait à elle chaque jour,
40:03et il se réjouissait qu'on ait enfin pu apporter une réponse à la famille.
40:07Quant à savoir pourquoi James Moses
40:09a accusé son ami Christiane Vrebeck du meurtre,
40:12on en ignore toujours la raison,
40:14mais il a reconnu nous avoir menti en 1998,
40:17et le chapitre a été clos.
40:22Désormais, les enquêteurs peuvent enfin reconstituer
40:25la chronologie du meurtre épouvantable
40:27de la jeune Anjanette Maldonado.
40:31Le 30 septembre 1996, au matin,
40:34Anjanette Maldonado part au lycée,
40:37peu après 8 heures.
40:43On sait qu'elle a bipé Christiane Vrebeck, son petit ami,
40:47et qu'il n'a pas pu lui répondre.
40:51Parallèlement,
40:53Raphaël Crespo est déjà arrivé de Floride.
40:57La veille au soir,
40:59il a eu un différent avec sa femme,
41:01et il est parti écumer les bars.
41:04Après la fermeture, fortement alcoolisé,
41:07il a décidé qu'il avait envie d'une prostituée.
41:12C'est alors qu'il tombe sur Anjanette en route pour le lycée.
41:15Il l'a suivie,
41:17et l'a faite entrer de force dans la maison.
41:27On sait, d'après l'autopsie et les éléments de la scène de crime,
41:32qu'il l'a frappée,
41:37qu'il lui a arraché ses vêtements.
41:43Qu'il l'a violée et étranglée.
41:58Après ça, Raphaël Crespo a probablement filé sans demander son reste.
42:05Parce que cette maison abandonnée était un repère du reste.
42:09Parce que cette maison abandonnée était un repère du SDF et de drogués.
42:14Et c'est d'ailleurs comme ça qu'Anjanette a été retrouvée.
42:17Il s'est sauvé pour ne pas être vu à proximité du corps.
42:28Le 10 septembre 2015,
42:31Raphaël Crespo est reconnu coupable d'assassinat,
42:35de viol et d'atteinte à l'intégrité d'un cadavre sur la personne d'Anjanette Maldonado.
42:42Il est condamné à la prison à vie.
42:45En Pennsylvanie, la perpétuité est incompressible.
42:48Il ne ressortira jamais.
42:50Je sentais que tôt ou tard, justice serait rendue.
42:55L'image de cette jeune fille ne m'a jamais quitté.
42:59Cette réussite est due au travail acharné de la police,
43:02au progrès de la science et au hasard complet.
43:07Anjanette Maldonado avait la vie devant elle pour se faire une place dans la société
43:12et son destin a été brisé par ce prédateur de Raphaël Crespo, sans raison,
43:17si ce n'est d'assouvir une pulsion.
43:21J'en ai l'intime conviction.
43:23Si elle avait vécu, elle aurait réalisé de grandes choses dans la vie,
43:28alors même qu'elle venait d'un quartier qui aurait pu la pousser sur la mauvaise voie.
43:36Je pense à Angie tous les jours,
43:40à son immense force de caractère,
43:43son sourire,
43:45son énergie.
43:49Elle occupe une grande place dans ma vie.
43:55Angie est là.
43:58Toujours parmi nous.

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