Les trois concerts de Taylor Swift à Vienne annulés après l’arrestation des menaces d'attentats

  • il y a 2 mois

Dans Europe midi, Thomas Schnell et ses invités débattent de dernières informations.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

Category

🗞
News
Transcription
00:00Vous écoutez Europe 1 13h jusqu'à 14h sur Europe 1, il est 13h16 et c'est l'heure du débat Thomas Schnell avec vos invités Nathan Devers, écrivain et philosophe, et Paul Melin, écrivain et séisme.
00:10Bonjour à tous les deux, merci d'être avec nous sur Europe 1. Trois concerts de Taylor Swift annulés, un attentat déjoué, un jeune homme de 19 ans a été arrêté avec un autre jeune radicalisé.
00:22Cela a eu lieu aussi sur internet, ils avaient prêté allégeance au groupe Etat Islamique, des explosifs et des armes blanches ont été découverts, et donc les organisateurs ont décidé d'annuler les trois concerts chacun avec 65 000 fans dans un stade.
00:36Paul Melin, c'est le principe de précaution maximale qui a été appliqué à Vienne ?
00:40Oui, et c'est heureux que ça ait pu être déjoué. Notons qu'en France aussi, nos services de renseignement déjouent chaque année des dizaines d'attentats, donc remercions-les et saluons leur engagement.
00:52Après, la stratégie, et là je ne vais pas vous donner un scoop, mais un décryptage qui je pense est important, la stratégie des islamistes, partout où ils sévissent, et notamment en Occident, est de nous mettre sous le joug de la terreur, mais dans son principe le plus élémentaire.
01:09Ça c'est une partie de leur travail, une partie de l'idre islamique, islamiste en Europe, c'est ça, c'est nous terroriser, utiliser des représentations, des événements, du spectacle vivant, que sais-je, pour semer le chaos et la terreur, ça c'est un premier axe.
01:24L'autre axe, c'est la bataille culturelle, c'est la symbolique, c'est les représentations, c'est la polémique en ce moment sur le burkini en Corse, notamment en part de cela, c'est-à-dire l'expression visible de l'islam politique dans les mœurs, dans la façon de se vêtir, dans la façon de se comporter, et ensuite, autre méthode qu'ils ont, qui participe d'un continuum, d'une même méthode, c'est l'action de lobbying qu'ils ont,
01:48notamment auprès de la Commission Européenne, auprès des institutions, en appelant tout et n'importe quoi islamophobie. C'est pour ça d'ailleurs que Gérald Darmanin avait dissous le CCIF. Donc en fait, c'est véritablement un continuum, une organisation, c'est le frérisme, et cette stratégie-là, malheureusement, l'Europe n'a pas fini de vivre sous cette épée de Damoclès, nous n'en sommes à mon avis qu'aux prémices, et tout cela est extrêmement préoccupant.
02:15La plus grande vedette de la pop contemporaine et la capitale autrichienne sont des cibles, Nathan Devers ?
02:20Le principe de la terreur, c'est que tout est une cible. Paul Melun a raison de dire que les islamistes, aujourd'hui, essayent de répandre la terreur dans le monde. La différence entre la peur et la terreur, c'est que quand vous avez peur, vous savez de quoi vous avez peur.
02:35La métaphore qu'on pourrait donner, c'est quand une flèche qui s'apprête à viser quelqu'un, il y a une origine, on sait quel est l'objet qui fait peur, on sait quelle est la direction, on sait quelle est la vitesse, on sait comment ça va nous attaquer.
02:46Et la peur, en politique, peut être bonne ou mauvaise, peu importe, mais peut être conseillère, puisque précisément, on a une menace qui est ciblée.
02:53Le principe de la terreur est extrêmement différent, c'est d'essayer de faire en sorte qu'on puisse avoir une peur sans objet. C'est Heidegger qui distingue la peur et l'angoisse.
03:02Et c'est exactement ça. Quand vous êtes dans la crainte des attentats, on a beaucoup connu ça en France, notamment en 2015, on ne sait pas de quoi on a peur.
03:09Est-ce qu'on a peur d'aller au concert ? Est-ce qu'on a peur d'aller au supermarché ? Est-ce qu'on a peur de fêter le 14 juillet ? Est-ce qu'on a peur d'aller dans une synagogue ? Est-ce qu'on a peur de ceci, de cela, de marcher dans la rue, d'aller à l'église, etc.
03:21On a tenté si bien qu'à la fin, le terrorisme arrive à gagner sur le plan-là de ce sentiment de peur, de donner l'impression que tout devient une menace, et donc de changer, en fait, notre rapport au monde.
03:34Le but du terrorisme, c'est de faire en sorte que l'être au monde du pays, du continent ou de la civilisation ciblée puisse être entièrement vicié, de telle sorte que tout, organisation de jeux olympiques, organisation d'un concert, organisation d'une soirée entre amis, d'un festival, d'un supermarché, d'un lieu confessionnel, etc.
03:51Que tout puisse faire l'objet d'une psychose. Et ça, c'est évidemment la grande victoire de l'islamisme, même si, comme l'a dit Paul, les services de renseignement font un travail absolument remarquable.
04:00Faut-il avoir peur de se rendre aux autres concerts de Taylor Swift ? Elle joue à Wembley Stadium à Londres du 15 au 20 août prochain, c'est dans quelques jours.
04:08La star américaine, est-ce que ces concerts, ces autres concerts sont menacés ? Est-ce que c'est un coup dur pour la tournée mondiale de Taylor Swift, Paul Melun ?
04:16Pas plus que les concerts de toutes les autres personnes qui se représentent en concert, c'est-à-dire que c'est ce qu'a expliqué Nathan fort justement, c'est-à-dire que la menace, elle est diffuse, elle est permanente,
04:28et un concert de Taylor Swift, à mon avis, n'est pas plus menacé, d'autant qu'elle n'a pas tenu des propos particulièrement islamophobes pour le coup, elle est même plutôt démocrate, elle a appelé à voter contre Donald Trump,
04:39elle a dit qu'elle soutiendrait Joe Biden, donc si vous voulez, ce n'est pas en raison de sa prétendue islamophobie qu'elle pourrait être ciblée, donc manifestement, la plupart des artistes, la plupart des événements de spectacles vivants,
04:52mais comme d'ailleurs toute autre chose, les musées, les gares, les aéroports, sont sous la menace de ce climat-là, de cette angoisse, de cette terreur.
05:01D'ailleurs, des écrivains comme Boalem Sansal ou comme Kamel Daoud expliquent très bien comment l'hydre islamique s'est développé dans un certain nombre de pays, notamment au Maghreb, avec les mêmes méthodes,
05:13c'est-à-dire terroriser les populations civiles, leur montrer que finalement, le message est toujours le même, si jamais vous n'obéissez pas aux dogmes, et si jamais vous ne vous soumettez pas un jour à la charia, vous serez punis, vous serez châtiés, vous serez tués,
05:27et effectivement, ça c'est la méthode hard, et puis après il y a leur méthode soft, que j'évoquais tout à l'heure, c'est-à-dire la mise sous pression morale, comportementale, humaine,
05:37et la capacité des démocraties libérales à résister à cette poussée, qui serait une poussée en fait autoritaire, théocratique, est une mise à l'épreuve très rude, très très rude,
05:49et il faut de notre part des réponses sur tous les plans, bien sûr sur le plan sécuritaire, sur le plan culturel, sur le plan civilisationnel, il ne faut pas céder un pouce à ces gens-là,
05:59et actuellement, moi je trouve que nous cédons beaucoup trop, et que malgré l'excellent travail de nos renseignements, les gouvernements, à commencer par la commission européenne, ne prennent pas la mesure de l'attaque en règle qui est formulée,
06:12l'attaque qui a été formulée d'ailleurs dès les années 90, c'était une citation de Erdogan à l'époque, il était premier ministre, qui disait, les mosquées seront nos casernes, et les fidèles seront nos soldats, en parlant de l'islam en Europe,
06:23donc lui avait annoncé la couleur, c'est nous qui avons probablement péché par excès d'optimisme, de façon un peu béate, en disant oui bon, tout ça rentrera dans l'ordre, c'est un attentat isolé,
06:36jusqu'à il n'y a pas si longtemps, on disait oui, des attentats, il y en a de toute nature, il y a des attentats d'extrême droite, d'extrême gauche, on mettait ce grand tout, non il faut arrêter avec cette naïveté, maintenant il faut se battre, il faut résister.
06:44Vienne avait déjà été attaquée, le 2 novembre 2020, il y avait eu 4 morts dans la capitale autrichienne, et puis c'est vrai qu'avec le succès des Jeux Olympiques à Paris, on avait le sentiment que la menace islamiste était derrière nous, finalement elle n'appartient pas au monde d'hier, la menace islamiste.
06:59S'il y a des gens qui ont ce sentiment, ils ont tort, et ils sont naïfs, ce n'est pas parce que nous connaissons une accalmie que nous avons vécu, et encore accalmie, je ne sais pas si le mot peut être employé de manière pertinente, mais ce n'est pas parce que, par exemple, les Jeux Olympiques se sont bien passés, pour l'instant en touchant du bois, avec 45 000 policiers dans Paris, qu'on peut estimer que l'islamisme a disparu.
07:22Deuxièmement, ce n'est pas parce que les groupes terroristes ont été attaqués, éradiqués, non, mais en tout cas vivement attaqués, je pense à l'état islamique dont vous parliez tout à l'heure, qui a été quasiment réduit à néant quant à ses infrastructures militaires et ses possessions territoriales en Irak et en Syrie, ce n'est pas pour autant que l'idéologie islamiste a disparu.
07:44Et autant, je ne vais pas dire que c'est facile, mais en tout cas c'est faisable, techniquement faisable, de s'attaquer à l'islamisme concrètement, par des armes, par des batailles, par des guerres, par des opérations militaires, et par la répression, par des arrestations, bon, autant c'est beaucoup plus difficile, et à mon avis c'est plutôt la grande affaire du siècle, c'est d'attaquer le terrorisme, l'islamisme dans les têtes.
08:06Et ça, ça se fait à travers une grande lutte idéologique, philosophique, et c'est je pense aussi notre désaccord qui implique l'islam et l'islam, ça veut dire que l'islamisme est un poison qui est en train de ravager le monde arabo-musulman, que nous connaissons un peu en Europe mais c'est surtout dans cet endroit-là, dont les premières victimes sont les musulmans eux-mêmes, et dont les premiers ennemis sont pour l'instant et seront demain des individus, des intellectuels, des politiques, qui se réclament eux-mêmes de l'islam,
08:35mais d'un autre islam, d'un islam qui est compatible, ce qu'on appelle de manière un peu occidentale, haut-centrée, l'islam des lumières, ne passe pas forcément par les lumières du XVIIIe siècle, mais en tout cas d'un islam qui est compatible avec la tolérance, avec la liberté, avec le respect des femmes, avec le respect des autres religions, avec le respect des athées, etc., etc., avec le respect de la science et de la connaissance.
08:53Et prenez quelqu'un comme le roi du Maroc qui a fêté ses 25 ans de règne, c'est précisément quelqu'un qui s'inscrit dans cette lutte-là, descendant du prophète, et faisant valoir un islam qui n'est absolument ni terroriste ni islamiste.

Recommandations