Aujourd'hui dans "Punchline", Élodie Huchard et ses invités débattent de la lutte contre le narcotrafic.
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00:00Je voudrais qu'on change de thème.
00:01On va parler maintenant de ce qui se passe à Nîmes,
00:04notamment dans le quartier de Pise 20,
00:06qui débute sa transformation
00:08après une décennie d'attente, de gigantesques travaux.
00:11On a enfin débuté dans ce quartier,
00:14ce quartier qui est l'un des symboles des maux
00:16et des dysfonctionnements des banlieues françaises.
00:18À peu près 16 000 habitants y résident,
00:20des habitats très fortement dégradés
00:23où se concentrent des familles
00:24de milieux sociaux professionnels défavorisés
00:26et où, malheureusement surtout,
00:28le trafic de drogue s'est installé.
00:30Vous vous en rappelez, peut-être, l'an dernier,
00:32le jeune Fayed, à 10 ans, était mort,
00:34victime collatérale d'une fusillade au pied de la galerie.
00:37Ça avait évidemment marqué les habitants et les Français.
00:40Le résumé de la situation sur place
00:42avec Mathilde Couvillère-Flornois et Mathilde Dibanez.
00:45Sous les coups des bulldozers,
00:46le quartier de Pise 20 souhaite faire peau neuve.
00:49Objectif, redynamiser ce quartier
00:52qui a surtout fait couler de l'encre ces dernières années.
00:55Pour ces fusillades meurtrières entre bandes rivales,
00:57sur fond de trafic de drogue.
00:59Raouf Azouz, directeur du centre social Les Mille Couleurs,
01:03connaît bien les problématiques du quartier.
01:05Les gens aspirent à plus de sécurité.
01:06On a vécu, l'été dernier, douloureux,
01:09la mort d'un gamin de 10 ans.
01:11Donc c'est vrai qu'on a eu la CRS, on a eu des hélicoptères.
01:14Aujourd'hui, les gens aspirent à vivre en paix
01:16dans un quartier rénové, un quartier de la République.
01:19Depuis des années, les habitants de ce quartier
01:21se sentent démunis et abandonnés.
01:23Il était très bien avant.
01:25Puis après, dans la délinquance, il est parti.
01:28Et grave, on ne pouvait même plus aller à la poste.
01:31Il fallait y aller entre 9 et 10,
01:34pas être agressé. J'ai été agressé deux fois, moi.
01:37Les urbanistes ont travaillé avec la police
01:39pour faire disparaître les coins et recoins,
01:41terrain de jeu rêvé des trafiquants de drogue
01:44et cauchemar des habitants,
01:45notamment dans la galerie commerçante du quartier.
01:48Des investissements qui ne peuvent suffire
01:50sans responsabilisation, selon Eric Henry,
01:53secrétaire national d'Alliance Police.
01:55On peut mettre de l'argent, on peut injecter de l'argent.
01:57Si derrière, il n'y a pas de responsabilisation,
02:00d'une manière ou d'une autre,
02:02face à celles et ceux qui pourrissent le quotidien
02:05de ces habitants,
02:06c'est malheureusement voué à un certain échec.
02:09Plus de trois ans et demi de travaux
02:11et un budget de près de 270 millions d'euros
02:14sont prévus pour permettre la transformation du quartier,
02:17avec démolition et réhabilitation de logements dégradés.
02:21Les habitants espèrent tous que le quartier de Pise 20
02:24retrouvera une dose de sérénité avec ces travaux.
02:27Loïc Valder, ce qu'on a entendu aussi est très vrai,
02:30c'est-à-dire que d'avoir un habitat qui est moins dégradé,
02:34qui est moins insalubre, évidemment, c'est normal
02:35et c'est la moindre des choses pour les habitants.
02:37Mais si on ne mixe pas ça avec de la sécurité,
02:40avec une présence de force de l'ordre,
02:42avec le harcèlement des points de deal,
02:44dans 10-15 ans, on peut parier que, certes,
02:46les immeubles seront plus jolis, mais rien n'aura changé
02:48dans l'ambiance et l'atmosphère qui règnent dans ce quartier.
02:51Oui, tout à fait. Et puis, je voudrais quand même dire
02:53que la police à elle seule ne pourra pas tout non plus.
02:55Donc, il ne suffira pas juste de mettre des policiers
02:57pour que le trafic s'arrête.
02:59Il faudra vraiment une coopération,
03:01que ce soit avec la justice, mais aussi avec les associations
03:04qui oeuvrent au quotidien avec ces jeunes-là
03:06pour faire de la prévention.
03:07La responsabilité des parents aussi, qui sera derrière assumée
03:12pour pouvoir prévenir ces jeunes-là de rester peut-être très tard
03:15ou de s'adonner à ce genre d'activité.
03:17Mais derrière, il y aura aussi, de notre côté,
03:18le triptyque prévention, dissuasion et répression.
03:21Il faudra vraiment être fort là-dessus,
03:23puisque, aujourd'hui, le trafic de drogue est un fléau.
03:25Ça génère, en fait, des problèmes de santé publique,
03:28mais aussi, derrière, de la dangerosité,
03:30de l'insécurité, des fois, des drames.
03:33Donc, c'est quelque chose qu'il faut prendre à bras-le-cœur.
03:36Fabrice Hakoun, c'est vrai qu'on dit souvent,
03:38et on parle beaucoup de quartiers qui sont rénovés,
03:41de cette politique de la ville dans laquelle on injecte
03:43sans arrêt des milliards, mais le problème,
03:45c'est qu'on a l'impression qu'une fois de plus,
03:47il y a un petit manque de vision.
03:48C'est-à-dire qu'on se dit, on va rénover des quartiers,
03:50on va faire de l'urbanisme, et c'est tout à fait normal,
03:52on voit bien et on connaît l'état aussi de ces quartiers-là.
03:55Donc, il faut les rénover, il n'y a pas de problème.
03:57Mais si on ne va pas plus loin,
03:58c'est de l'argent qu'on met, en fait,
04:00un peu, j'avais envie de dire, dans l'artificiel.
04:02Oui, en fait, la politique...
04:04Alors, bien évidemment, personne n'ira contre le fait
04:06qu'il faut rénover les dutats sociaux
04:09et que les locataires des logements sociaux
04:11doivent être traités au même titre que les locataires du domaine privé.
04:14Donc, ça, bien évidemment, c'est essentiel.
04:16Mais moi, je peux faire un parallèle avec les lycées,
04:19parce que c'est exactement le même sujet.
04:20C'est-à-dire qu'on a rénové,
04:21dans le cadre des grands plans d'urbanisme, etc.,
04:25on a rénové beaucoup de lycées dans des zones qui étaient des zones difficiles.
04:27Donc, vous avez des lycées flambant neufs,
04:28dans lesquels vous avez toujours les mêmes élèves,
04:30avec toujours les mêmes problèmes, et donc, à nouveau, des dégradations.
04:33L'enveloppe, c'est très important, l'habitat, c'est très important,
04:36l'immobilier, c'est très important,
04:37mais ce n'est pas l'alpha et l'oméga d'une politique publique.
04:39C'est-à-dire une politique publique et une politique urbaine,
04:42c'est aussi de l'éducation, c'est aussi de la responsabilisation.
04:46Quand on voit, ne serait-ce que la manière dont réagissent les gens,
04:49quand on dit simplement qu'on va soumettre les allocations,
04:52le versement des allocations familiales à l'éducation des enfants
04:55ou la responsabilisation des familles, etc.,
04:56on voit déjà la levée de bouclier que ça provoque,
04:59alors que c'est quand même la moindre des choses,
05:01quand vous versez de l'argent pour l'éducation des enfants,
05:02qui soit destiné à l'éducation des enfants,
05:05on voit bien quand même qu'on a encore un long chemin à faire.
05:08Donc, comme je voudrais rejoindre ce que disait votre collègue policier,
05:12c'est-à-dire qu'en fait, s'il n'y a pas responsabilisation
05:15des individus, des familles,
05:17parce que là, on parle du trafic de drogue,
05:18mais il n'y a pas que le trafic de drogue,
05:20il y a aussi la délinquance des mineurs
05:22qui est endémique dans ces quartiers,
05:23et donc, si on ne règle pas ce souci-là et si on ne responsabilise pas
05:26et si on n'est pas dans une logique qui est plutôt de tolérance zéro
05:29ou si on ne tend pas vers une logique de tolérance zéro,
05:31eh bien, on ne va faire que déplacer les problèmes
05:34et dépenser de l'argent en remplissant une baignoire percée.
05:37Et alors, il y a certains élus qui ont beaucoup d'idées
05:40pour lutter contre ce fléau qu'est le trafic de drogue.
05:43C'est le cas, par exemple, du maire de Nice,
05:44Christian Istrosi, maire horizon de Nice,
05:47qui s'exprime, justement, dans les colonnes
05:48de nos confrères de Nice ce matin.
05:50Il propose un certain nombre de mesures.
05:51On va les regarder ensemble, les unes après les autres.
05:54On va les écouter ensemble.
05:55D'abord, je demande qu'on déploie la force Sentinelle,
05:58même limitée dans le temps,
05:59pour protéger les populations et nettoyer les quartiers.
06:02On est face à une armée de narcoterroristes
06:04qui terrorisent nos populations.
06:06Or, la force Sentinelle a été créée pour nous protéger du terrorisme.
06:09Georges Fenech, vous entendez cette idée du maire de Nice.
06:14Est-ce que vous pourriez y souscrire ou est-ce que c'est une solution miracle,
06:18comme le dit le préfet des Alpes-Maritimes,
06:19dont on va parler dans un instant ?
06:21J'ai toujours été très impressionné
06:25par la politique de sécurité que mène Christian Istrosi dans sa ville.
06:30Sécurité, il y a beaucoup de choses, bien sûr, mais...
06:32Mais on parle de la sécurité.
06:33On connaît son ADN là-dessus, on sait ce qu'il a fait.
06:36Je crois que c'est la première police municipale de France
06:38en termes d'effectifs.
06:40Mais là, franchement, l'armée...
06:43La force Sentinelle, c'est l'armée.
06:45On revient à l'armée dans les quartiers, comme on dit souvent.
06:47Elle est faite pour faire la guerre.
06:50Elle n'est pas faite pour faire du maintien de l'ordre public.
06:52Ce n'est pas sa vocation.
06:54L'ordre public, c'est la police, c'est la gendarmerie.
06:59Donc, la force Sentinelle a été créée
07:02pour patrouiller et sécuriser
07:05des quartiers, des bâtiments
07:07et la population, de manière générale,
07:10après les attentats.
07:13Voilà. Moi, je ne vois pas du tout
07:16comment on pourrait impliquer l'armée
07:19dans la lutte contre le trafic de drogue, si vous voulez.
07:22Il faut que ça reste le domaine de la police et de la gendarmerie.
07:26Loïc Valder, effectivement, est-ce que vous diriez,
07:29comme Georges Fenech à l'instant, que l'armée dans les quartiers,
07:32c'est un peu quand même l'arlesienne ?
07:34On en parle tout le temps, on ne le voit jamais.
07:36Est-ce que c'est aller trop loin ?
07:38Est-ce que ça prend finalement trop de moyens,
07:39alors qu'il peut y en avoir d'autres qui soient plus efficaces
07:42et qui soient davantage dédiées, justement, à cette mission ?
07:45Je pense qu'on a pas mal de solutions
07:47qui sont encore à notre disponibilité.
07:50Et je ne suis pas sûr non plus que ce soit le rôle des forces Sentinelles
07:53que d'être dans les quartiers pour lutter contre ce fléau.
07:56Maintenant, derrière, quand on voit une rénovation d'un quartier,
07:59c'est aussi l'occasion peut-être de penser l'architecture
08:03de manière à peut-être aider les forces de police
08:05pour pouvoir avoir moins de lieux où on peut se cacher,
08:08où on peut intervenir beaucoup plus facilement.
08:10Donc il y a vraiment toute une réflexion à avoir autour de ça,
08:13mais ça doit devenir réellement une priorité.
08:17On a aujourd'hui les places nettes qui sont mises en place de notre côté,
08:20qui fonctionnent bien.
08:21Maintenant, il faut que ce soit aussi agrémenté d'autres solutions
08:25et tous les acteurs doivent jouer leur rôle
08:27pour pouvoir se prévenir, en tout cas, de ce fléau.
08:31Une autre idée du maire de Nice, Christian Estrosi.
08:34Il demande la création d'un parquet anti-stupe, dit-il,
08:37sur le modèle du parquet anti-terrorisme,
08:40qu'on durcisse les peines encourues et que nos policiers municipaux
08:43puissent dresser des amendes forfaitaires.
08:46Fabrice Sakoun, je vous voyais tout à l'heure,
08:47le côté armé dans les quartiers, non.
08:50Est-ce que là, en revanche,
08:51davantage de coordination entre les services,
08:54ça vous semble une piste qui puisse être intéressante et efficiente ?
08:57Je ne suis pas expert judiciaire, donc je pense que pour le coup...
09:00J'en dirais un mot, oui.
09:02Non, mais moi, ça fait déjà un bout de temps
09:04que je suggérais la création d'un parquet national anti-stupe.
09:09Et d'ailleurs, vous le savez, le garde des Sceaux
09:12a annoncé la création d'un parquet national anti-criminalité organisée,
09:17ce qui revient au même, finalement,
09:18qui serait donc attaché à la Junalco,
09:21la juridiction nationale du crime organisé,
09:24sur le modèle du parquet national anti-terroriste
09:26ou du parquet national financier.
09:28C'est une nécessité, ça a été annoncé,
09:31sauf qu'entre-temps, il y a eu une dissolution
09:33et qu'il n'y a plus de gouvernement.
09:34Ça fait partie des choses qui sont passées à la Nouvelle.
09:35Nous attendons le nouveau gouvernement pour pouvoir mettre sur place,
09:39sur pied, je dirais, le parquet national anti-stupe,
09:42donc anti-criminalité organisée, qui est une excellente chose
09:44parce qu'aujourd'hui, vous avez affaire à des réseaux internationaux.
09:48Il faut de la coordination.
09:50Tout le monde comprend qu'il faut une coordination
09:52au niveau national de la lutte contre ce fléau,
09:54qui est le fléau numéro un.
09:56Je préférais laisser parler d'abord.
09:58Vous avez raison, Fabrice Hacoune, mais je vous prends.
10:01Pour être sûr de ne pas dire de métis.
10:02Mais par contre, si je peux rebondir...
10:04Bien sûr que vous pouvez rebondir, Fabrice Hacoune.
10:07Donc, juste pour rebondir,
10:09c'est vrai que si on mettait autant d'énergie
10:11à lutter contre les trafics de drogue qu'on en met, par exemple,
10:14à lutter contre la délinquance financière,
10:16où là, on voit bien qu'il y a tout de suite réactivité,
10:18on voit les hiérarchies, la priorité dans ce pays
10:22qui est assez singulière,
10:23c'est qu'en fait, dès qu'il s'agit de crimes financiers, etc.,
10:25alors là, vous avez tous les moyens possibles, etc.,
10:27puis quand il s'agit de trafics de drogue,
10:29quand il s'agit des violences faites aux femmes,
10:30quand il s'agit d'un certain nombre de sujets,
10:32on est toujours plus timoré, plus timide,
10:34on trouve toujours des raisons pour.
10:35Maintenant, ça va être compliqué,
10:36parce que vous savez que le trafic de drogue,
10:39le principe, c'est que vous avez une très grande capacité à...
10:43Comment dire ? Je cherche mon mot, mais...
10:45A distribuer de l'argent à des...
10:47Le mot m'échappe, mais il vient de revenir.
10:49Oui, voilà, exactement, à blanchir et surtout...
10:51Et surtout, à distribuer de l'argent, exactement, à la corruption.
10:54Excusez-moi, c'est le mot que je cherchais.
10:55À corrompre, donc il y a quand même un problème de corruption.
10:57On le sait, par exemple, dans les ports,
10:59que la drogue arrive dans les ports
11:00et qu'il y a une grande capacité de corruption,
11:02et que quand vous avez de la corruption,
11:04c'est très, très compliqué,
11:05parce qu'elle touche toutes les strates, y compris politiques,
11:07et là, on le voit bien que c'est le cas,
11:09et qu'il va falloir absolument aller contre ça
11:12et lutter contre la corruption en France.
11:14On va devoir s'accrocher.
11:15Sabria Medjéber, je vous fais réagir à une autre idée
11:18de Christian Estrosi, le maire de Nice.
11:20Il dit, je demande la nomination en urgence d'un préfet
11:22dédié à la lutte contre le narcotrafic
11:24dans les Alpes-Maritimes,
11:25ayant autorité pour protéger les populations
11:27quand on est face à un problème d'une telle ampleur.
11:29Il faut un commandement adapté.
11:31Alors, ça a déclenché une guerre immédiate
11:33avec le préfet des Alpes-Maritimes,
11:34parce qu'un peu plus loin,
11:35Christian Estrosi s'en prend avec virulence au préfet.
11:38Il dénonce, je le cite, un problème de commandement,
11:40de compétence et de responsabilité, rien que ça.
11:42C'est donc sur X que le préfet lui a répondu,
11:45expliquant que les policiers engagés à Nice
11:47ne méritaient pas un tel dénigrement.
11:50Il ajoute, pour combattre la délinquance,
11:51il n'y a pas de recette miracle ni de potion magique.
11:54En tout cas, bonne ambiance,
11:55parce que si on a Sabrina d'un côté, un maire,
11:58de l'autre, un préfet qui ne sont pas d'accord
12:00et qui se renvoient la balle à se dire
12:01qui a tort dans l'histoire,
12:02c'est pas comme ça qu'on va lutter contre le trafic de drogue.
12:04Oui, parce que les deux sont impuissants, en réalité.
12:06Ils renvoient la balle à l'autre du plus impuissant.
12:09Absolument.
12:09L'idée de M. Estrosi, comme l'a énoncé Georges tout à l'heure,
12:15c'est une idée, sur le plan, encore une fois, structurelle,
12:18mais le narcotrafic, c'est un fléau civilisationnel,
12:20et je reprends les mots de M. Gérald Darmanin
12:23lorsqu'il a été auditionné au Sénat.
12:25Il y a 15 millions de Français qui vivent près d'un point de deal.
12:28Nous sommes frontaliers à deux narco-états,
12:32et pour le coup, ce sont deux narco-états,
12:34parce que, précisément, il y a la corruption qui est liée
12:37et qui menace les plus hautes sphères de la société.
12:41Souvenez-vous que même le garde des Sceaux,
12:43Éric Dupond-Moretti, avait maurigéné les magistrats
12:46qui avaient été auditionnés sous serment,
12:51parce qu'ils ont commencé, précisément, à parler de la corruption.
12:56Donc, évidemment que ce narcotrafic étant un fléau
13:00n'est pas un phénomène franco-français,
13:02quand on voit que, par exemple, au port d'Anvers,
13:05les saisines de cocaïne ont augmenté de 2 400 % en dix ans.
13:12C'est un port.
13:13Un port d'Anvers, c'est une ville.
13:15C'est 146 000 habitants.
13:17La Manche, c'est 25 % du trafic mondial.
13:21Ça passe également par la Méditerranée.
13:23Ça arrive par le port de Rotterdam.
13:26Et il n'y a pas simplement que la résine de cannabis
13:28qui émane précisément de la région du Rif,
13:31mais avec laquelle M. Darmanin est obligé, finalement,
13:35de pouvoir travailler, parce que nous avons besoin du Maroc
13:39pour lutter contre l'islamisme et pour lutter contre l'immigration.
13:42Donc, il y a aussi des enjeux politiques
13:44dont les narcotrafiquants bénéficient d'une forme de rente,
13:48finalement, géopolitique, qui leur profite.
13:50Et vous avez également, et malheureusement,
13:53non seulement le bénéfice que font les narcotrafiquants
13:57sur un kilo de cocaïne, parce qu'ils le découpent,
14:00vous voyez, c'est pour ça que je lis le tweet de M. Estrosi.
14:04Mais il faut se rendre compte qu'en fait, la sociologie même
14:07du trafic de drogue a changé.
14:08Vous avez aujourd'hui les Delivroïdes, les Ubercokes, les Ubercheats.
14:12Vous faites appel à des personnes que vous embauchez pour trois heures,
14:16quatre heures, qui habitent à 50, 100 km du point de deal.
14:20Donc, il y a aussi des zones de chalandise qui se sont créées.
14:22Ça n'est plus simplement un phénomène de banlieue.
14:25Ça s'est disséminé, ça s'est pollinisé
14:27à travers le territoire national.
14:30Et quand on prend simplement les drogues cannabisoïdes
14:34ou les drogues opioïdes type cocaïne, etc., morphiniques,
14:38eh bien, vous avez à côté de ça 897 drogues de synthèse.
14:42Et que quelqu'un qui consomme...
14:43Il y en a de plus en plus, c'est des nouvelles qui arrivent sur le marché.
14:46Absolument, il y a de nouvelles drogues qui arrivent sur le marché.
14:49Et il y a aussi une polytoxicomanie
14:51qui touche des personnes de plus en plus jeunes.
14:53Et ce dont on redoute les personnes
14:56qui étudient la criminologie et le narcotrafic,
14:58c'est surtout maintenant l'arrivée du fentanyl.
15:01Le fentanyl qui est un opioid extrêmement puissant.
15:04Je rappelle qu'aux États-Unis, par exemple, dans les années 90,
15:07il y avait la fameuse Pordofarma
15:09qui avait fait une grande campagne sur l'oxycotine.
15:12Et j'ose espérer qu'un jour, nous n'arriverons pas
15:15à ce libéralisme-là de la drogue
15:17pour soulager justement les personnes en grande souffrance.