Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la généralisation de l'ultraviolence sur le territoire.
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00:00On va évoquer cette série de tragédies qui endeuillent notre pays à nouveau.
00:05Mais ce qui s'est passé ce matin aux Oirs-la-Ferrière évidemment nous interpelle tous.
00:09Il est 8h du matin, chacun est dans le RER, peut-être pour aller au travail, peut-être pour aller à l'école.
00:13Et là, des jeunes de 16 à 17 ans ont été attaqués à la hache.
00:17On connaissait le sabre, on connaissait le couteau, maintenant c'est à la hache qu'on attaque les jeunes.
00:21On fait le point avec Audrey Berto et Jean-Laurent Constantini.
00:25Un garçon a été interpellé à son domicile, il est soupçonné d'être le principal suspect.
00:30Il est âgé de 16 ans, il habite aux Oirs-la-Ferrière.
00:34Et donc pour revenir sur les faits, c'est ici à 8h du matin, jour de la rentrée scolaire,
00:40que des jeunes d'aux Oirs-la-Ferrière entrent dans le RER qui est à quai.
00:46Ils tirent la sonnette d'alarme pour immobiliser le train, ils demandent à tout le monde de sortir.
00:51Les jeunes s'introduisent dans le train, armés d'une machette,
00:55et s'en prennent à d'autres jeunes de la ville de Roissy-en-Brie.
00:58Ça se trouve à deux stations de RER d'ici.
01:01Et donc selon les témoignages que nous avons pu recueillir,
01:04ce serait un énième règlement de compte entre ces adolescents de ces deux villes.
01:09Quatre personnes ont été blessées, dont deux gréavement.
01:12Un aurait le doigt, l'auriculaire coupé, l'autre aurait une grosse coupure au niveau de son crâne.
01:19Le nombre de patrouilles de police a été renforcé sur la ligne du RER E tout au long de la journée.
01:25Merci beaucoup, Audrey Berthoud. Quelques témoignages d'habitants sous le choc.
01:28Et puis je vous demande, Grégory Giron, comment on peut en arriver là ?
01:31On est en France en 2024, comment on peut régler ce que montre un coup de hache dans le métro ?
01:35Écoutez les témoins.
01:36J'habite ici depuis que je suis née, en fait.
01:40Et il y a toujours eu des guerres entre Auxoirs, Roissy,
01:45de se faire du mal à ce point-là, en fait,
01:47parce qu'en plus on est deux villes côte à côte, on est collées, ça fait mal.
01:51Et nous, on est dans l'insécurité, en fait, à chaque fois.
01:53On habite Auxoirs, mais on ne sait pas ce qui va se passer, par exemple, demain.
01:57Il peut y avoir des représailles demain et machin.
01:59Il y a les grandes Roissy qui vont s'avoir.
02:02Et c'est un...
02:05Ça vous fait...
02:06Je suis déçue. Moi, j'ai peur. Moi, je ne prends plus le train, de toute façon.
02:09J'appelle les militaires, j'appelle M. Macron à faire son travail,
02:14parce que c'est bien beau d'aller au Maroc ou je ne sais quoi,
02:18mais les Français ont besoin de vous.
02:20Je pense même fortement qu'il y aura des représailles,
02:22parce que c'est comme ça.
02:23Les petits, ils se sont fait frapper, ils voudront se venger.
02:25C'est comme ça, c'est normal.
02:26C'est sûr que les parents, ils ne vont plus laisser leurs enfants sortir.
02:29Ça ne va pas être pareil qu'avant.
02:31Ça ne va pas être pareil qu'avant, évidemment.
02:33Grégory Giraud, on imagine même que la vie puisse reprendre tranquillement,
02:37si de rien n'était.
02:39Deux choses, le mode opératoire.
02:42Ils ont carrément arrêté le train, clairement,
02:45pour attaquer justement les autres jeunes qui visaient,
02:50parce que là, on est vraiment sur un âge qui est extrêmement...
02:53C'est 16 ans, en moyenne, entre 15 et 17 ans.
02:58La méthode, l'heure, la violence sans limite,
03:00parce que c'est forcément à la vue de tout le monde.
03:02Ce n'est pas habituellement, ça se passe dans les quartiers,
03:04ça se passe dans des endroits...
03:05Il y avait hache, mais il y avait couteau, il y avait batte de baseball,
03:08il y avait katana.
03:09Il y avait vieuse, vraisemblablement.
03:10Ils étaient réellement équipés pour une expédition punitive.
03:14Maintenant, le travail, ça va être de retrouver tous les auteurs.
03:18Pour l'instant, il y a une personne interpellée.
03:20Il y avait une dizaine de jeunes, quand même,
03:22qui se sont enfuis, premièrement,
03:24et surtout aussi, en effet, d'éviter les représailles
03:27et le match-retour, si vous me passez l'expression,
03:29parce que c'est souvent ce qu'il y a à craindre, malheureusement,
03:31dans ces cas-là.
03:32Joseph-Mathiesse Caron, ça interpelle, évidemment,
03:35parce que jusqu'où on va aller dans la gradation des violences, désormais ?
03:39Jusqu'où ça peut aller ?
03:40Là, on est à la hache.
03:42Oui, j'étais sensible à ce que la dame disait,
03:45c'est-à-dire qu'on voyait bien que c'était une guerre de territoire.
03:49C'est ce qui ressortait le plus souvent.
03:52Évidemment, qui dit guerre de territoire
03:54dit action punitive de part et d'autre,
03:56comme vous l'avez signalé, et c'est ça, ce qu'il faut craindre.
03:58Moi, ce que ça m'inspire, c'est que nous renonçons tous,
04:02c'est la démocratie, nous renonçons tous
04:05à un certain nombre de libertés, c'est tout à fait normal,
04:08ces libertés, nous renonçons à ces libertés.
04:11Pourquoi ? Parce que l'État doit nous protéger.
04:14À partir du moment, justement, où cette protection fait défaut,
04:18qu'est-ce qui risque de se passer ?
04:20Il risque de se passer, tout simplement,
04:22que des personnes reprennent leur liberté.
04:24C'est ça, comme ça, c'est là.
04:26Mais on y va réellement.
04:28Ça veut dire quoi, reprendre sa liberté ? Organiser ça ?
04:30C'est-à-dire s'armer à son tour ?
04:32S'organiser soi-même pour prendre sa défense ?
04:34S'organiser soi-même.
04:35C'est les ministres ?
04:36C'est ce qui se passe aux États-Unis, notamment.
04:38Donc ça, franchement, je veux dire,
04:41ça peut paraître comme des faits divers,
04:44ce ne sont pas des faits divers, bien évidemment.
04:46C'est des faits de société.
04:47C'est des faits de civilisation.
04:48Bien sûr, bien sûr.
04:49Mais ça met en cause la démocratie, c'est évident.
04:53Il y a ça, il y a aussi ce qui s'est passé à Saint-Péret,
04:55dans l'Ardèche, ce week-end aussi,
04:57un jeune homme de 22 ans qui attendait à la sortie
04:59d'une boîte de nuit, rafale, fusillade,
05:02faite visiblement par des règlements de comptes
05:04entre le narcotrafic.
05:05On va juste écouter là aussi un témoin de la scène
05:07pour se demander, encore une fois,
05:09jusqu'où ça peut aller.
05:11Moi, je suis arrivé devant la boîte de nuit
05:13vers environ 2h10 du matin.
05:15Et je suis resté environ une trentaine de minutes
05:18devant la boîte de nuit.
05:20Et c'est à peu près vers 2h40 du matin
05:24où je suis sur mon portable et dans la file d'attente
05:28et j'entends au moins 3 ou 4 coups de pétard.
05:30Et à ce moment-là, j'entends des cris.
05:32Et c'est là que je range mon portable
05:35et que je vois, du coup,
05:37toutes les personnes se mettre au sol.
05:39Du coup, je vois une cinquantaine de personnes
05:43au moins se mettre au sol.
05:44Et j'entends encore un coup de feu.
05:46Donc, je me baisse.
05:47Je vois que les gens rampent et que ça crie.
05:49Et moi, je tourne ma tête et je vois un homme au sol,
05:53yeux ouverts, avec du sang à côté.
05:55Donc, à ce moment-là, je me rends compte de la situation.
05:59Et c'est à ce moment-là qu'il y a un attroupement
06:01et qu'en fait, tout le monde se lève
06:03et essaye de rentrer dans la boîte de nuit.
06:05Donc, on est tous rentrés.
06:08Le vigile essaye de nous se calmer.
06:10Mais c'était tellement une scène d'horreur
06:12que tout le monde s'est précipité dans la salle
06:15et tout le monde est rentré.
06:17Pour ce qui s'est passé à Saint-Péret, Éric Revel,
06:19je rappelle que le jeune homme qui est mort,
06:21hasard tragique de l'histoire,
06:23faisait partie du même clod de rugby,
06:25de Romain Surizer, celui que Thomas a à Crépole.
06:28C'est terrible.
06:29Oui, le témoignage est glaçant, précis, je trouve.
06:33Il a essayé de mettre son émotion de côté,
06:37mais il décrit ce qui est arrivé à Nicolas.
06:39C'est-à-dire qu'il y en a un qui ne se relève pas,
06:41qui est par terre, qui a du sang autour de la tête
06:43et qui a les yeux grands ouverts.
06:45Il est mort, en fait, victime, une fois de plus,
06:47de la barbarie.
06:48Et ce témoignage est glaçant, il fait froid dans le dos.
06:51Mais ce qui m'a frappé dans cette nouvelle affaire
06:55barbare d'assassinat,
06:57bien que l'enquête soit en cours,
06:59c'est le tweet d'un membre de sa famille
07:02qui dit à un moment donné...
07:04Ça me frappe parce que quand Bruno Retailleau
07:07parle de point de bascule,
07:08après ce qui s'est passé à Poitiers,
07:10après ce qui s'est passé à Rennes,
07:12la vraie bascule est incarnée par le tweet
07:15du membre de la famille de Nicolas,
07:17qui dit, attention,
07:19parce que nous allons nous faire justice nous-mêmes.
07:23C'est bien ce que je...
07:24C'est exactement ce que disait Joseph.
07:27En fait, il y a deux façons de voir la chose.
07:30C'est terrifiant de faire justice soi-même.
07:33Mais en même temps, c'est ce que disait Joseph.
07:35Quand l'État ne vous protège plus,
07:36vous reprenez la liberté,
07:38jusque vous ayez compris,
07:39celle de vous défendre vous-même.
07:41Il y a une dimension supplémentaire.
07:43Et là, je pense que la vraie bascule, elle est là.
07:46Et on n'en est pas loin, malheureusement.
07:48Parce que c'est la négation de l'État de droit.
07:50C'est la négation de l'État, effectivement,
07:52mais une dimension supplémentaire.
07:54Oui, il y a la tentation de se faire justice soi-même
07:57si l'État n'est plus là pour garantir l'ordre,
07:59mais il y a aussi la dimension tribale,
08:00la dimension clanique.
08:01C'est-à-dire que depuis plusieurs siècles, en Occident,
08:03entre l'individu et l'État, il n'y a rien.
08:05Là, on voit des populations entières
08:07qui vivent justement dans l'idée qu'ils sont un clan.
08:09Et la mentalité de clan, d'un point de vue civilisationnel,
08:12c'est quoi ?
08:13C'est si un membre du clan est attaqué,
08:14vous êtes légitimés pour répliquer
08:16contre n'importe quel membre du clan d'en face
08:19ou de celui que vous considérez comme étant le clan d'en face.
08:22C'est cette réalité civilisationnelle-là
08:24dans laquelle nous sommes en train de basculer.
08:26Il faut vraiment réagir,
08:27parce que sinon, nous finirons effectivement
08:29par, finalement, avoir des gens qui seront contraints
08:32eux-mêmes de s'inscrire dans des logiques tribales
08:34qu'elles ne voient que comme critères d'appartenance.
08:36Je précise ce qui s'est passé dans le R.E.
08:38R.E., oui.
08:39C'est un règlement de compte.
08:41Ce qui vient de se passer, c'est-à-dire...
08:43Des bandes armées de H qui se font justice.
08:46On est dans les affrontements tribaux.
08:48On est dans la loi des voyous, je le disais.
08:50On est dans la loi des voyous.
08:52Joseph Macézcaron, ensuite Louis, Grégoire et Jérôme.
08:55Je voudrais rebondir sur ce que vient de dire Jean-Sébastien.
08:57C'est-à-dire qu'en effet, il y a l'individu et l'État.
09:00Il y avait pratiquement...
09:02Il n'y avait plus que ça, l'individu et l'État.
09:04Mais avant, il y avait quelque chose
09:06entre l'individu et l'État.
09:07Ça s'appelait les communautés intermédiaires.
09:09Voilà.
09:10C'est-à-dire, c'était le sentiment d'appartenance
09:12à une famille, à un quartier, à un village.
09:15C'est pas appartenir à un territoire.
09:17C'est appartenir à une communauté.
09:19On a tellement déstructuré ces communautés.
09:22Ils ont une communauté, c'est les bandes.
09:24C'est les gangs.
09:25C'est les voyous, c'est les narcotrafiquants.
09:27On dirait Mafézoli.
09:28Mais le livre de Mafézoli date d'il y a...
09:30C'est le temps des tribus.
09:32Alors, Rachel et Louis ?
09:34Non, mais effectivement,
09:36ça me faisait penser aussi au repli identitaire.
09:40Parce qu'à la fois, il y a les bandes,
09:43ces clans-là,
09:45mais aussi avec l'idéologie qui imbibe la société
09:48tous ces replis identitaires avec des idéologies...
09:51Quand il n'y a plus de communauté, il y a un communautarisme.
09:54Quand il n'y a plus d'identité, il y a de l'identitarisme.
09:56C'est aussi...
09:57Rachel, c'est ça.
09:58Après, ce qui me fait peur, c'est, un, la banalisation,
10:02puisque maintenant, on voit que toutes les semaines,
10:05il se passe quelque chose.
10:07Alors, soit le décès d'un de nos jeunes,
10:10comme Nicolas ou comme Thomas l'année dernière,
10:14ou des personnes qui sortent des sabres, des haches, etc.
10:19Là où on...
10:21C'est notre rapport à l'espace public aussi qui est entaché.
10:24Parce que si on ne peut plus aller dans les transports
10:27en commun, sereinement,
10:28ce qui nous change, en fait, des Jeux olympiques,
10:31ou si on ne peut plus sortir en boîte...
10:34Ça paraît tellement loin, les Jeux olympiques,
10:36et cette espèce de trêve qu'on a tous vécue.
10:38Vous avez raison, ça fait encore trois mois.
10:40Et après, la dernière pensée,
10:42c'est pour notre jeunesse qui grandit
10:45avec ces images-là et ces faits-là.
10:48Dans une vue ultra-violente.
10:49Je voulais justement parler de ça.
10:51La jeunesse reine, le gamin qui a pris, malheureusement,
10:54une balle, enfin, deux, dans le crâne,
10:56il a cinq ans.
10:57La poitrine, 15 ans.
10:58Il est décédé.
10:59Son père est 22 ans, c'est ça, je crois ?
11:0122.
11:0222 ans.
11:03La réalité, c'est qu'on en fait, encore une fois,
11:06sans aller aussi loin que les prises de parole précédentes,
11:10mais qu'est-ce qu'on fait pour les jeunes ultra-violents ?
11:13Comment on traite cette jeune délinquance
11:15qui se construit une société parallèle ?
11:17Ça, c'est factuel.
11:19Est-ce qu'on continue avec le même mécanisme ?
11:21Je rappelle simplement qu'il y a eu une réforme
11:23justement de la justice des mineurs
11:25il y a quelques années,
11:26où on a proposé de garder ça au précédent,
11:28a mis en place une césure.
11:30C'est-à-dire que ces jeunes-là,
11:31quand ils vont avoir un jugement en deux temps,
11:33on va leur dire d'abord,
11:34on va demander s'ils sont coupables ou pas.
11:36Et s'ils sont reconnus coupables,
11:37ils auront simplement leur peine dans huit, neuf, dix mois.
11:41C'est invraisemblable.
11:43Et je crois que la première réponse,
11:44elle est quand même là,
11:45sur la prise en compte justement
11:46de cette jeunesse ultra-violente
11:48et la certitude de la peine.
11:50On est très loin de tout ça.
11:51Petite pause dans Punchline sur CNews et sur Europe.
11:53On se retrouve dans un instant.
11:54On évoquera toujours la question du narcotrafic.
11:56Est-ce qu'il faut envoyer l'armée dans les quartiers ?
11:59C'est à nous un député qui l'a réclamé,
12:01Carl Olive.
12:02On écoutera ce qu'il a dit, à tout de suite.
12:08Punchline, 18h-19h,
12:10Laurence Ferrari sur CNews et Europe 1.
12:1718h19, on se retrouve en direct dans Punchline
12:19sur CNews et sur Europe 1.
12:20Est-ce qu'il faut envoyer l'armée dans les quartiers ?
12:22La demande émane à nouveau d'un homme politique.
12:25C'est le député macroniste des Yvines, Carl Olive,
12:28qui plaide depuis hier pour l'envoi de militaires
12:31dans les quartiers en proie au narcotrafic.
12:33Écoutez ce qu'il disait ce matin sur notre antenne.
12:36Il me semble que nous pourrions tester
12:39une réponse à la hauteur du délit que nous envoient ces gens-là.
12:43Ces gens-là sont sans foi ni loi.
12:45On va mettre un peu plus de foi en envoyant des militaires,
12:49à l'instar de ce qui se passe sur l'opération Sentinelle.
12:52Il y a 10 000 militaires Sentinelle
12:55qui sont concernés simplement sur les zones urbaines.
12:59C'est un outil de dissuasion.
13:01Certains disent, ça va être violent d'envoyer les militaires.
13:03Ce n'est pas violent, ce qui se passe presque au quotidien
13:06dans parfois des villes moyennes de France.
13:08Dans nos QPV, on a une archi-minorité
13:11de 2-3 % de personnes qui viennent pourrir le quotidien
13:15de l'ensemble des Français qui veulent bien vivre ensemble.
13:18Voilà pour le député Carl Olive.
13:20Je vois que ça vous fait réagir.
13:21Vous êtes évidemment contre l'envoi de l'armée dans les quartiers ?
13:24Oui.
13:25Parce que les policiers se suffisent eux-mêmes ?
13:27Ce monsieur est député de la majorité sortante.
13:30Moi, j'aurais aimé qu'il se batte surtout
13:31pour nous donner encore plus de moyens,
13:32même si on a vu une amélioration pendant le quinquennat précédent.
13:36Mais pour autant, les efforts doivent être faits
13:39sur les forces régaliennes.
13:40Je prends un exemple.
13:41OK, allons-y, on met les militaires dans les quartiers.
13:44Qu'est-ce qui se passe, par exemple, à Rio-Ladonne ?
13:46Ils ouvrent le feu ?
13:47Ils ouvrent le feu et tuent ?
13:49Les militaires ne vont pas reculer.
13:51Ils ne vont pas se replier.
13:52Peut-être qu'on ne va pas leur donner l'ordre comme à nous,
13:54souvent, quand ça chauffe un peu trop.
13:56On fait descendre un peu la pression.
13:58Sortez du quartier.
13:59En fait, ça n'a pas de sens.
14:01Et je le redis, il y a, au-delà même du cadre légal,
14:04ce que ça renvoie quand même.
14:05Je pense que c'est un aveu de faiblesse.
14:07C'est un pansement sur une jambe de bois.
14:09C'est surtout pas traiter le fond
14:10et pas donner vos moyens aux policiers qui, eux,
14:12s'épuisent toute la journée.
14:13C'est même limite, pardon, un manque de respect pour mes collègues.
14:15Ils s'épuisent toute la journée à la tâche.
14:17On n'a pas le droit de dire ça quand on est élu.
14:19Je suis désolé, on doit nous donner les moyens.
14:20On a le droit de dire les choses dans le cadre de la légalité.
14:22C'est la liberté d'expression.
14:24Je comprends votre réaction.
14:26Je dis simplement que c'est quand même fort
14:29de renvoyer ça à la tête de policiers
14:31qui laissent leur peau, leur vie, leur quotidien,
14:34parce qu'eux ne nous donnent pas assez de moyens.
14:36Louis Dragnel, est-ce que c'est une solution
14:38d'envoyer les militaires dans les quartiers ?
14:40Est-ce qu'on les imagine tirés à balles réelles
14:42sur de jeunes Français ?
14:43En fait, il faut s'imaginer juste une chose.
14:46C'est ça.
14:47Déjà, il faudrait avoir des munitions.
14:49Le soldat de l'opération Sentinelle
14:51ou le soldat français, quand il est armé,
14:53il n'a pas ce qu'on appelle des armes de force intermédiaire.
14:55Les armes de force intermédiaire...
14:57Il y en a, mais...
14:58C'est-à-dire ? Flash-ball et compagnie ?
15:00Flash-ball, LBD, tonfa, tout ce qui ne tue pas.
15:02Le militaire, il est entraîné, quand il tire,
15:04c'est pour tuer, c'est pour neutraliser.
15:06Ce n'est pas pour tirer dans l'épaule gauche
15:08ou dans les jambes.
15:09Clairement, sa mission, c'est celle-là.
15:11Deuxièmement, si on envoie l'armée
15:13sur le territoire national comme ça
15:15pour faire des missions de police,
15:17pas uniquement de la patrouille,
15:18mais vraiment des missions de police,
15:19ça voudrait dire vraiment qu'on a échoué sur tout le reste.
15:21Or, je pense qu'on n'a absolument pas tout tenté
15:23avec la police et la gendarmerie.
15:25Vous avez évoqué la possibilité d'augmenter...
15:27Enfin, la nécessité d'augmenter les moyens.
15:29Et puis, il y a la question des consignes et des ordres.
15:31C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la plupart du temps,
15:33quand on écoute des policiers et des gendarmes
15:35et vous disent qu'on pouvait le faire, mais on ne l'a pas fait
15:37parce qu'on n'était pas soutenus,
15:38parce que les procédures étaient trop complexes,
15:40je pense que le meilleur cadeau
15:42que peuvent faire aujourd'hui les politiques
15:44à l'égard des policiers et des gendarmes,
15:45c'est surtout de leur permettre, de leur donner les moyens,
15:47de leur permettre d'aller remonter des filières,
15:50d'aller neutraliser, d'aller intercepter des gens,
15:52de les interpeller,
15:54et puis réellement, aussi, de se mettre en situation.
15:57Donc vous, vous dites comme nous, comme Grégorio,
15:59mauvaises idées les militaires.
16:00Non, mais il y a des blindés dans la gendarmerie,
16:01il y a des moyens globalement...
16:03Oui, mais ils sont déployés sur certaines...
16:04Oui, mais après, c'est une question de choix.
16:06C'est une question de choix politique.
16:10Rachel, rapidement.
16:11J'entends la question de choix politique,
16:14de volonté, de courage.
16:16Effectivement, alors moi, j'ai l'impression toujours
16:19qu'il y a une espèce d'ingérence étrangère
16:23par rapport au financement,
16:25notamment des bandes terroristes,
16:27parce qu'il y a une partie quand même
16:29de ces trafiquants...
16:31Le Hezbollah, par exemple,
16:32est financé par le trafic de stupe.
16:33Par exemple, je pense qu'effectivement,
16:35si la lutte contre le narcotrafic
16:38était à la hauteur, justement,
16:40de celle menée contre le terrorisme,
16:43déjà, ça aurait un peu plus d'impact.
16:46Après, je pense que c'est pas forcément
16:49une histoire d'armée,
16:51mais c'est plus à tous les niveaux,
16:53au niveau de la production,
16:55au niveau de la consommation,
16:56au niveau de la diffusion,
16:57au niveau de la promotion aussi,
16:58parce qu'on a un soft power, entre guillemets,
17:00qui est là pour bercer...
17:02Pour la drogue.
17:03Pour la drogue et pour tenter d'en faire
17:05la promotion aussi.
17:07Et ça va de pair avec certaines idéologies
17:10à l'extrême gauche.
17:12Donc, en fait, c'est quelque chose qui est global
17:14et avec une transversalité entre le judiciaire,
17:17le pénal, les questions de santé publique,
17:20les questions d'éducation.
17:21En fait, il faudrait qu'il y ait une force,
17:24véritablement, pas simplement militaire,
17:26mais une force générale.
17:28Mais elle est censée stopper...
17:30Qu'est-ce que disait Bruno Rotaillot ?
17:31Il était en déplacement vendredi à Rennes, je crois.
17:34On écoute juste ce qu'il disait sur ce sujet.
17:37Je veux m'adresser aux consommateurs
17:38pour leur dire, vous qui fumez des joints,
17:40vous qui prenez des rails de coque,
17:42eh bien, ce joint, ce rail de coque,
17:44il a le goût des larmes.
17:47Il a le goût surtout du sang.
17:48Parce que derrière, en bout de chaîne,
17:50vous avez les narcotrafiquants
17:52qui sont souvent des proxénètes,
17:54qui utilisent des gamins
17:56et qui utilisent des adolescents
17:58comme cher à canon.
17:59À Marseille, il y a quelques semaines,
18:01un gamin de 14 ans et demi, 15 ans,
18:0450 coups de couteau,
18:06et ils l'ont fini en le brûlant vif.
18:09Pour Bruno Rotaillot,
18:10Jean-Sébastien Ferjou, l'armée,
18:11c'est la solution ou ce n'est pas la solution ?
18:13Non, mais les militaires sont les premiers
18:15à considérer que ça ne fait pas partie
18:17de leur mission,
18:18on a quelques exceptions près.
18:19Donc oui, je suis d'accord avec ce qui a été dit par ailleurs.
18:22C'est une question de moyens,
18:23mais pas uniquement de moyens physiques ou financiers.
18:26C'est une question de volonté politique,
18:28de moyens au sens intellectuel.
18:29Sommes-nous prêts à nous réarmer moralement,
18:31en quelque sorte,
18:32pour assumer les combats qu'il y a à mener ?
18:34Et se réarmer moralement aussi,
18:36c'est aussi faire ce que fait d'ailleurs Bruno Rotaillot.
18:38L'archevêque de Marseille l'avait fait en son temps aussi,
18:41en pointant du doigt la responsabilité des consommateurs.
18:43On ne peut pas être consommateur de drogue
18:45en faisant abstraction des morts qu'il y a sur le sentier,
18:48sur les chemins de la drogue.
18:50C'est une réalité.
18:51Je crois qu'il ne faut pas hésiter aussi
18:53à employer l'arme de la réprobation morale,
18:55savoir dire,
18:56et quand on est face à quelqu'un,
18:57dans une soirée, je ne sais pas quoi,
18:58savoir dire,
18:59est-ce que tu penses véritablement à ce que tu fais ?
19:01C'est pour le réacte de base, mais tant pis.
19:03Sauf que là, tu n'es pas uniquement en train de te détruire,
19:05tu es en train de détruire d'autres vies.
19:07Mais ça, on ne le fait plus,
19:08parce que vous lui faisiez référence, Rachel,
19:10c'est assez valorisé, c'est glamourisé.
19:12Mais il y a une vraie réflexion à avoir,
19:13on est le pays le plus défoncé d'Europe.
19:15De toute façon, que ce soit par les drogues illégales
19:17ou par les médicaments, par les drogues légales.
19:22Donc ça veut bien dire que nous avons un problème de fond
19:24auquel il faudra s'attaquer.