Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la situation judiciaire des OQTF.
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00:00Il est 18h02, pile, sur CNE. Nous sommes avec François Puponi, ancien député. Bonsoir à vous.
00:05Bonsoir.
00:06Jacques Serret d'Europe 1. Bonsoir Jacques.
00:07Bonsoir.
00:08Geoffroy Lejeune, qui est journaliste et évidemment patron de la rédaction du GD et du GD News.
00:12Merci d'être là. Naïma M. Fadel et Éric Revelle.
00:16On va évoquer la mort de Philippine, qui nous plonge à la fois dans la colère et dans le désarroi.
00:21Parce qu'on se retrouve face à une machine infernale qui nous dit que tout a très bien fonctionné.
00:25Non, rien n'a fonctionné. C'est ce que je vous disais tout à l'heure.
00:28Avec beaucoup de colère et beaucoup d'émotions.
00:30On va d'abord aller voir nos envoyés spéciaux, qui se trouvent tout près de l'université de Dauphine,
00:37où se trouvent évidemment les collègues de cette jeune fille.
00:41Et dans un deuxième temps, on ira en Suisse, parce que là, évidemment, il y a beaucoup de travail,
00:46de coordination qui a été faite entre les services français et suisses.
00:49C'est peut-être par ça qu'on va commencer, d'ailleurs.
00:50On a Olivier Madinier, qui est sur place, qui va nous expliquer comment le meurtrier a été interpellé.
00:56Oui, Laurence, c'est ici, aux abords de la gare de Genève,
01:00que la cavale de cet homme de 22 ans a pris fin hier, aux alentours de 19h.
01:06C'est un équipage de la police suisse qui a interpellé cet homme.
01:10Il avait rallumé son téléphone portable, qui était éteint depuis les faits.
01:15Grâce à ça, il a été facilement géolocalisé à la demande de la France.
01:20Il a été placé en garde à vue, en vue d'une extradition.
01:23Alors, l'Office fédéral de la justice, ici en Suisse, se refuse à tout commentaire,
01:28toute précision concernant cette extradition.
01:31La seule chose que l'on sait, c'est que l'extradition, la demande par la France,
01:36doit intervenir dans les 18 jours.
01:37Et selon nos confrères de la presse suisse, à ce stade, l'homme n'a pas encore été entendu.
01:42Merci beaucoup, Olivier Madinier, pour ces précisions.
01:44Éric Revel, il y a eu une très bonne coopération entre les polices,
01:49et surtout un travail des policiers français, qui ont très vite repéré l'individu.
01:53Et ont su prévenir très, très vite.
01:56Oui, on est impressionnés par la rapidité avec laquelle l'enquête...
02:01Je crois que c'est la brigade criminelle,
02:03et puis leurs collègues suisses ont mis la main sur cet assassin, ce criminel.
02:06Alors évidemment, ça n'enlève absolument rien à l'émotion et à la douleur qu'on a pour la famille de Philippine.
02:12Mais c'est impressionnant, parce que ça veut dire aussi que...
02:16Et ça, pour les assassins, c'est aussi quelque chose qu'il faudrait qu'ils se mettent dans la tête.
02:21Après un drame comme celui-ci, ils ne devraient être nulle part à l'abri.
02:27Et moi, je suis impressionné.
02:29Je n'ai pas une mémoire forte de ce type de drame,
02:33mais je trouve que ça a été fait de manière remarquable.
02:37Alors, on va partir maintenant à Dauphine,
02:39comme je vous le disais, parce que nous ont envoyé spéciaux nous attendre.
02:41Ils sont sur place, Augustin Donatlieu, Raphaël Lasreg.
02:44Il y a évidemment beaucoup d'émotions, de colère aussi,
02:47du côté des copains, des copines de Philippine.
02:50Parce qu'ils ont appris ce qui s'était passé et qui était le meurtrier présumé.
02:55Oui, tout à fait. C'est ici un mélange d'émotions.
02:58À l'université de Paris-Dauphine, à commencer par la tristesse et le choc,
03:01puisque le corps de cette étudiante de 19 ans a été découverte non loin d'ici.
03:06Et ces étudiants avaient l'habitude de se retrouver dans le bois de Boulogne,
03:11sur ce lieu où a été découverte la dépouille de Philippine.
03:14Enfin, autre émotion, c'est cette colère.
03:18Depuis qu'ils ont eu connaissance du profil de ce suspect,
03:22ces étudiants se demandent pourquoi cette personne était encore sur le territoire français
03:26alors qu'elle était visée par une obligation de quitter le territoire.
03:30Qui plus est, alors qu'elle était récidiviste.
03:33Ce suspect avait déjà violé en 2019.
03:37Il avait été condamné pour cela, mais cette personne était en liberté.
03:41C'est donc l'incompréhension et également la peur dans les couloirs de l'université.
03:46On vous propose d'écouter quelques étudiants que nos équipes ont rencontrés.
03:50Le drame, ça nous a tous touchés, parce que ça aurait pu être n'importe quel étudiant de Dauphine.
03:56Ça aurait pu être nous.
03:58On projette sur nous, d'autant plus que pareil, on est des femmes, on a son âge,
04:05on est dans la même université.
04:07Après cette histoire, ça a fait remonter plus d'inquiétudes.
04:11Moins pour des hommes.
04:15Voilà donc une vive émotion de la part de ces étudiants
04:18qui continuent de se recueillir et apporter des fleurs au sein de cette université.
04:22Et des étudiants également qui saluent ces témoins
04:25qui ont repéré cet individu avec un masque chirurgical sur le visage,
04:30avec également une pioche dans les mains.
04:32Ce qui a évidemment permis d'avancer l'enquête très rapidement
04:35et de pouvoir le localiser en Suisse.
04:38Merci Augustin Donadier, Raphaël Lasreg.
04:40On précise évidemment qu'il s'est enfui, qu'il a coupé son téléphone portable
04:43et qu'il est arrivé en Suisse, François Puponi, quand il a rallumé le téléphone,
04:47que tout de suite l'alerte a retombé.
04:49Les policiers français ont prévenu leurs collègues suisses.
04:51Oui, c'est pour ça que ça a été vite, parce que grâce au signalement des témoins,
04:55on a pu le repérer, le suivre avec la vidéosurveillance,
04:59savoir qu'il avait pris un train.
05:01Donc prévenir les Suisses en disant, attendez, a priori il est chez vous,
05:04et dès que ça borne, on sait où il est.
05:07Et la police était en éveil.
05:09Mais c'est surréaliste, quand on regarde.
05:12Quand on dit que tout s'est bien passé juridiquement...
05:14Mais si, on nous dit que tout a été respecté, les textes ont été respectés.
05:18Non, mais c'est pas entendable en fait.
05:20Les procédures ont été respectées.
05:22Il y a quand même un juge à la fin qui refuse la demande du préfet
05:25de prolonger pendant 15 jours le fait qu'il reste...
05:29Un centre de détention.
05:31Voilà, mais elle a appliqué les textes.
05:33C'est inimaginable, incompréhensible,
05:36mais ce qui me sidère toujours dans ce genre d'affaires,
05:38c'est qu'il n'y a aucun responsable politique ou de la magistrature
05:42qui soit capable de venir présenter ses excuses.
05:45Même si on considère qu'on a tout fait ce qu'il fallait,
05:49ça n'aurait pas dû arriver, on s'excuse auprès de la fin.
05:52Un peu d'empathie.
05:54Au lieu de dire, attendez, nous, circulez, rien à voir.
05:57Parce que c'est incompréhensible pour les Français.
05:59Et insupportable.
06:00On salue l'arrivée de Réna Belladge,
06:02policier porte-parole Unité Île-de-France.
06:04Merci d'être avec nous.
06:05On va tout de suite voir avec Jacques Serret ce qu'il y a.
06:07Vous allez voir, c'est absolument stupéfiant,
06:09dans l'ordonnance de renvoi du juge de la détention et de la liberté,
06:12Jacques, qui décide de remettre cet individu en liberté.
06:15Absolument.
06:16C'est-à-dire que le service police-justice d'Europe
06:18en s'est compris.
06:19L'ordonnance de la juge de la liberté et de la détention,
06:21cette juge a autorisé à trois reprises le prolongement
06:25de la rétention de Tawalida
06:28au sein du centre de rétention administrative de Metz.
06:30Mais la quatrième fois, elle a ordonné sa libération.
06:33La préfecture de Lyon n'avait pas pu apporter la preuve
06:36qu'elle serait en mesure d'expulser cet individu dans les 15 jours,
06:39car il lui manquait le jour de l'audience,
06:41un laissé-passer consulaire du Maroc,
06:43qui viendra finalement quelques jours plus tard.
06:45Et dans le document que nous avons pu consulter,
06:47la juge souligne que cet individu n'a à ce moment-là
06:50aucun document d'identité,
06:52que même sa nationalité n'est pas établie.
06:55Elle écrit noir sur blanc que,
06:57compte tenu de l'absence de logement ou d'insertion sociale,
07:00il n'est, je cite,
07:01pas à exclure que ce clandestin puisse constituer
07:04une menace à l'ordre public.
07:06Il y a, souligne la juge,
07:08un risque de réitération de faits délictueux,
07:11compte tenu de son passé judiciaire,
07:13pour rappel condamné à sept ans de prison pour viol.
07:16Pourtant, malgré ce constat,
07:18la magistrate conclut que les conditions légales
07:20ne sont pas remplies pour prolonger sa rétention,
07:23parce qu'il n'y a eu aucun élément nouveau depuis 15 jours.
07:27Elle s'appuie évidemment sur les dispositions en vigueur.
07:30Elle prend donc la décision de relâcher cet homme de 22 ans.
07:34Nous sommes le mardi 3 septembre 2024.
07:37Il est 9h56.
07:38Quelques heures plus tard,
07:40ce Marocain sort du centre de rétention administrative de Metz
07:43et il s'évapore dans la nature.
07:45Jusqu'au moment où, évidemment, il tue Philippine.
07:48C'est vrai que ça nous fait bondir.
07:50C'est limpide, là, Éric Revelle.
07:52Oui, alors, moi, je veux dire quand même,
07:55bon, il y a les règles qu'il faut changer.
07:57Je pense que tout le monde est d'accord sur ce plateau.
07:59Mais il y a quand même, me semble-t-il, une dimension morale
08:02quand dans l'ordonnance de renvoi du juge des libertés et de la détention,
08:06vous l'avez rappelé, il est écrit quand même.
08:09Il est écrit, elle le mentionne, c'est une femme, elle le mentionne,
08:12elle dit qu'il y a un risque de faits déliqueux
08:14et il y a un risque de troubles à l'ordre...
08:17Une réitération de faits déliqueux
08:19et il y a un risque d'atteint de troubles à l'ordre public.
08:22Ça veut dire quand même que même si elle respecte les règles,
08:25moralement, quand même, il y a un sujet.
08:27C'est-à-dire que si vous considérez que cette personne est sur le point
08:30de peut-être réitérer des faits du même acabit,
08:33vous pouvez peut-être... Je ne sais pas.
08:35Alors, je sais que le parquet communique
08:37et que le juge des libertés et la détention ne communiquent jamais,
08:40mais pardonnez-moi, peut-être que les Français
08:42comprendraient mieux aussi le fonctionnement de la justice
08:44si, à l'instar de ce que font, par exemple, les policiers ou le parquet,
08:48il y a une communication, qu'on comprenne ce qui s'est passé,
08:51qu'elle explique, qu'elle a respecté les règles.
08:54C'est une chose, mais vous l'avez dit très justement.
08:56Celle qui a été exécutée froidement par un assassin, c'est Philippine.
08:59Parce que ce n'est pas la décision.
09:01Moi, je suis révolté également et moralement révolté.
09:05Je suis d'accord avec ce qu'a dit Eric.
09:07Moralement, c'est inacceptable.
09:08Mais le problème, c'est que ce n'est pas de la morale, c'est du droit.
09:10C'est du droit.
09:11C'est du droit à ce qui est en train de se passer.
09:12Juridiquement, c'est imparable.
09:13Juridiquement, c'est imparable.
09:14Ça veut dire que si cette JLD n'avait pas pris cette décision,
09:17motivée comme elle l'a prise,
09:18il y aurait eu une contestation dans la seconde
09:20et ça aurait été cassé.
09:21Or, c'est la hontise du juge, quel que juge que ce soit,
09:24de faire casser sa décision sur des arguments juridiques.
09:26Malheureusement, ils ne peuvent pas faire de morale.
09:28En fait, l'expression « on marche sur la tête » est parfaitement adaptée.
09:32On prend des décisions qu'on sait ubuesques et très dangereuses
09:34parce que sinon, le droit ne permet pas autre chose.
09:37C'est pour ça que je rejoins sur la conclusion.
09:39Il faut tout changer.
09:40Les règles, il faut les changer.
09:41Il faut tout changer.
09:42Reda Mellane, vous êtes policier.
09:43Quelle est votre réaction ?
09:44Moi, je suis attaché avec les collègues.
09:45Ils m'ont dit que très régulièrement,
09:48en fait, ce qui se passe, c'est que de manière quasiment systématique,
09:52on attend la fin de peine.
09:53Je pense que le problème, il vient de là.
09:55L'individu est incarcéré.
09:57Et quelques jours avant sa sortie, là, on enclenche la procédure pour l'OQTF.
10:03Et je pense que le problème vient de là.
10:04Si ça avait été fait en amont et beaucoup plus tôt,
10:07l'individu aurait été pris en charge.
10:09C'est-à-dire, dès le premier jour d'incarcération,
10:11on prévient le pays ?
10:13Le premier jour, ce serait l'idéal.
10:14Mais même au cours, il est resté quand même quatre ou cinq ans en prison.
10:19Je pense qu'on avait largement le temps de mettre en place un dispositif.
10:22Et donc, je pense qu'il faut revoir le système.
10:25Donc déjà, entre la préfecture,
10:27parce que oui, à partir du moment où c'est administratif,
10:30c'est un peu plus compliqué.
10:32À partir du moment où il y a plusieurs entités qui rentrent dans la boucle,
10:36c'est plus difficile que quand il n'y en a qu'une.
10:38Donc moi, après, je suis aussi favorable
10:41au niveau dissuasion pour une judiciarisation,
10:46comme c'était le cas avant.
10:47Avant, c'est-à-dire quand vous aviez...
10:49Vous faisiez face à une personne...
10:51Avant, on traitait ça...
10:53C'était l'infraction de législation sur les étrangers ou infraction...
10:56Oui, c'est plus un délit.
10:57Donc, voilà, c'est plus un délit.
10:59Si c'est un délit, il y a une garde à vue.
11:01On a 24 heures, voire 48 heures pour mener une enquête,
11:05voir si la personne est connue des services,
11:08elle peut être recherchée,
11:09elle peut avoir commis un délit ou un crime sur une autre commune,
11:13elle peut utiliser des alias.
11:14Donc déjà, pour l'enquêteur, ça donne plus de marge d'un manœuvre.
11:18Et en plus, dans les meilleurs cas, parce que ça s'est vu,
11:21très souvent, il arrive que le parquet défère l'individu,
11:25même s'il n'y a rien après.
11:27Là, je parle que s'il n'y a pas de délit.
11:29Ça permet de gagner un peu de temps.
11:31Non, mais déjà, ça dissuade.
11:32On va arrêter de dire que la France, forcément,
11:34tu viens et tu fais ce que tu veux.
11:36Juste une précision,
11:38mais peut-être que les services d'investigation d'Europe 1 et de CNUS
11:41peuvent faire l'enquête.
11:43Il faudrait savoir combien, à la préfecture de Lyon,
11:45il y a de fonctionnaires en charge des OQTF.
11:48Non, mais...
11:49Juste, combien ?
11:51Je pense qu'il doit être un.
11:53Peut-être qu'il était même en congé.
11:55Ils ont un nombre de dossiers,
11:57et quand on transfère le dossier à la préfecture,
11:59effectivement, ils le font au dernier moment,
12:01quand ils ont le temps, comme ils peuvent.
12:03Et c'est comme ça que ça se passe dans la vraie vie.
12:05Et donc, en fait, on n'est plus armés pour mettre en oeuvre ces procédures.
12:09Et c'est des procédures administratives,
12:11dans des préfectures où il n'y a quasiment plus personne.
12:14Non, mais la situation, elle est pire, monsieur.
12:16La situation, elle est bien pire,
12:18parce qu'aujourd'hui, quand vous faites une opération,
12:21comme le fait, par exemple, la sous-direction
12:23de lutte contre l'immigration régulière,
12:25donc au niveau de la banlieue,
12:27quand vous mettez en place une opération,
12:29si vous contrôlez un individu
12:31et que ce dernier vous présente un document
12:33comme quoi il est une OQTF,
12:35vous ne pouvez pas l'emmener.
12:37Vous ne pouvez pas l'emmener ?
12:38Non, on ne peut pas l'emmener, c'est comme une pièce d'identité.
12:40C'est une pièce d'identité, l'OQTF.
12:42Ça devient une pièce d'identité, pourquoi ?
12:44Parce que c'est un protocole avec les préfectures,
12:46parce que comme vous le dites, les préfectures sont débordées,
12:48ces services-là sont débordés, vous n'allez pas l'emmener.
12:50Et voilà, en plus, son OQTF, elle est valable 3 ans,
12:52donc ça veut dire que pendant 3 ans,
12:53à chaque fois que vous allez contrôler l'individu,
12:56mais voilà, on avait dit, on avait parlé,
12:58l'autre jour, on avait parlé sur votre plateau, par exemple,
13:00des ventes à la sauvette de cigarettes.
13:02Le gars, il n'aura rien si on interpelle un paquet de cigarettes.
13:05Mais s'il a une OQTF, il va vous présenter ça
13:07et puis il repart comme il est venu.
13:09C'est un totem d'immunité, ce que vous me dites, là, en fait.
13:12Oui, mais il y a beaucoup de totems d'immunité dans le droit
13:14et bon, ça fait partie du droit.
13:16C'est formidable.
13:18Un petit mot avant la pause, Naïma.
13:20C'est vraiment terrifiant, je vais reparler de désespoir.
13:23Parce que là, ce qu'on entend, c'est qu'en fait,
13:25notre pays ne se donne pas les moyens
13:28de nous protéger avec des personnes qui sont dangereuses.
13:31On va parler des OQTF en général,
13:33mais des personnes aussi dangereuses.
13:35Vous vous rendez compte ? C'est terrifiant.
13:37Parce que moi, je veux bien entendre
13:39qu'il n'y a peut-être pas assez d'agents dans les préfectures
13:41ou qu'effectivement, les services de la préfecture,
13:44les services des différentes administrations
13:46ne discutent pas assez, mais ce n'est pas possible.
13:49C'est-à-dire le fait qu'on ne pense pas
13:52à demander à temps, justement,
13:54le laisser passer consulaire de telle manière
13:56à ce que quand il sort, il soit mis dans un avion.
13:59Vous vous rendez compte ?
14:00Ça donne une gamine qui a été tuée, vous voyez ?
14:03Et ça, ce n'est plus entendable.
14:05Ce n'est plus acceptable, ce n'est plus entendable,
14:09et c'est terrifiant.
14:10Et je me mets vraiment, vraiment, vraiment
14:12à la place de tous ceux qui nous entendent,
14:15là, en train de parler de ça,
14:17et moi-même, je me dis,
14:18mais on est dans une situation complètement kafkaïenne.
14:22Espérons qu'on trouve un jour une solution pour s'en sortir.
14:24Petite pause.
14:25On remet si Jacques serait d'Europe 1.
14:27On va continuer à évoquer cette affaire terrible.
14:29On écoutera le témoignage de Claire Gironimi,
14:31une jeune femme qui a été, elle aussi, violée par un OQTF.
14:33Elle a témoigné cet après-midi sur CNews.
14:35À tout de suite.
14:3818h19h sur CNews et Europe 1.
14:40Punchline, Laurence Ferrari.
14:42En sur www.e.leclerc.
14:4518h19h sur CNews et Europe 1.
14:47Punchline, Laurence Ferrari.
14:5018h21, on se retrouve dans Punchline sur CNews et sur Europe 1.
14:53On évoque évidemment le meurtre de cette jeune fille philippine, 19 ans,
14:57et le profil du meurtrier présumé,
14:59qui est toujours en Suisse.
15:01Il sera extradé, on l'imagine, dans les heures ou les jours qui viennent.
15:04On va écouter le témoignage d'une autre jeune femme.
15:06Elle s'appelle Claire Gironimi.
15:08Elle était sur notre antenne cet après-midi.
15:10Elle aussi s'est fait violée par un OQTF.
15:12Une personne qui était dans l'obligation, normalement,
15:15de quitter le territoire français.
15:17Elle nous raconte à quel point cette affaire ravive ses souvenirs à elle.
15:21J'ai vu hier soir que cet homme était sous OQTF.
15:23Donc, bien sûr, on m'a envoyé des messages.
15:25On m'a dit, ah, j'ai pensé à toi.
15:27Et en fait, ça, justement, ça ravive l'histoire.
15:29Et je me dis, encore une.
15:30Et en fait, au final, ça fait un an que je demande des explications
15:33de pourquoi mon agresseur n'avait pas quitté ce territoire.
15:38Et au final, ça n'a rien changé depuis un an.
15:41Je pense toujours en insécurité.
15:42C'est pas parce qu'on s'est fait agresser une fois
15:43qu'on ne peut pas se faire agresser deux fois.
15:45Et je pense que je ne suis pas la seule.
15:46Il y a beaucoup de femmes aujourd'hui qui se sentent en insécurité aussi.
15:48En tant que femme, on est obligé de réfléchir à comment on s'habille
15:51quand on sort, réfléchir à prendre également sa petite bombe à poivre,
15:55voir si on ne doit pas prendre un taxi
15:57plutôt que de prendre les transports en commun.
15:59Donc, à chaque fois, c'est un petit rituel qu'on met en place.
16:01Et en fait, je pense que les Français se sont habitués
16:04à ce sentiment d'insécurité.
16:06Le problème, c'est que c'est pas normal.
16:08En France, c'est pas normal, aujourd'hui,
16:09d'être dans un pays si développé
16:11et avoir un sentiment d'insécurité comme ça.
16:14Voilà pour le témoignage de Claire Géronimy.
16:16Reda Bellage, vous êtes policier.
16:18Elle dit, voilà ce que ressentent des millions de femmes dans ce pays.
16:22Oui, je pense qu'au-delà des proches et de la police,
16:25derrière, les victimes,
16:27c'est ceux qui ont le plus de frustration.
16:29C'est nous, les policiers.
16:31Parce qu'en fait, c'est nous.
16:32Nous, on est censés les protéger,
16:33on est censés les accompagner.
16:34Et j'ai écouté vers 17h votre allocution
16:38et vous avez dit quelque chose de très judicieux.
16:42C'est qu'aujourd'hui, en France,
16:43il n'y a absolument rien de prévu pour les victimes.
16:46Je remets pas en cause les droits des gardés à vue,
16:48mais un gardé à vie, il va avoir des biscuits,
16:50une brique de jus d'orange le matin,
16:52un repas le midi, un repas le soir.
16:54Quoi qu'il arrive.
16:55Vous êtes gardé à vue, vous avez ça ?
16:56Non, ça fait partie de ses droits.
16:58Sauf s'il refuse de s'alimenter.
17:00Et là, on est obligé de le marquer,
17:01soit faire un PV dessus, soit le marquer sur son dépôt.
17:05Avant, on prenait l'argent de son dépôt pour le nourrir.
17:10Pour payer ça.
17:11Là, nous, c'est l'État.
17:12Et la victime qui vient déposer plainte au commissariat ?
17:14La victime qui vient déposer plainte au commissariat,
17:16qu'elle soit victime d'un viol, d'une agression, de ce que vous voulez,
17:18elle n'a rien, en fait.
17:19Et en général, c'est le collègue de terrain
17:21qui est soit de permanence avec le chef de poste,
17:23selon les horaires,
17:25ou l'OPJ ou l'APJ,
17:27qui va être dans le service d'investigation,
17:29qui va prendre en charge la victime,
17:31qui va lui payer un café,
17:34avec ses propres deniers.
17:35Qui va lui payer un repas.
17:37On reste policier, on n'a pas des gros budgets,
17:39mais si on fait pour chaque victime, ça va être compliqué.
17:41Et vous voyez, déjà, là,
17:42depuis plusieurs années, j'ai eu l'occasion de parler de ça,
17:44et jamais, jamais, on n'a évolué là-dessus.
17:46Et on nous dit, on a tout fait,
17:48le droit des délinquants, là, il est super bien respecté.
17:50Le droit des victimes, zéro.
17:52Zéro, François Bépanier.
17:54Moi, quand j'étais bien au sortage, je voyais ça.
17:56Les victimes, elles ne sont, entre guillemets, pas accueillies.
17:58Elles arrivent au commissariat.
18:00Elle dit, j'ai été victime d'une agression, je viens.
18:02Mettez-vous là, et vous êtes au milieu de tout le monde.
18:05Il n'y a pas un endroit où on dit,
18:09on les met un peu à part.
18:11Mais parce que les policiers sont débordés,
18:13ils ont autre chose à faire, ils ne peuvent pas faire.
18:15Et puis, les locaux ne sont pas adaptés.
18:16Il n'y a pas de lieu d'accueil pour les victimes.
18:18Il y en a, donc, c'est pas commissariat.
18:19Et dans ces vacances-là, en plus,
18:20vous avez ce qu'on appelle les unités médico-judiciaires.
18:22Donc, ils vont faire les constatations.
18:24Ce sont des médecins qui sont habilités à faire les constatations judiciaires
18:27sur réquisition de l'officier de police judiciaire.
18:29Et des fois, eux aussi sont submergés.
18:31Et du coup, la victime, elle doit attendre des heures.
18:34Alors que déjà, elle a mal vécu l'instant.
18:36Elle est dans un traumatisme total.
18:37Et voilà, il n'y a personne pour l'accompagner.
18:39Ecoutons juste Naïma.
18:40Madame Alenau en a parlé.
18:42L'épouse du chef, Alenau, elle en a parlé.
18:44C'est avec beaucoup, beaucoup d'émotion quand son fils est mort.
18:48Et elle a dit, mais rien n'est fait pour les victimes.
18:51Nous, on n'a pas eu d'avocat, on n'a pas eu de prise en charge.
18:54On a dû se débrouiller, on a dû faire face à notre peine
18:57et se débrouiller, alors qu'effectivement, le chauffard, lui...
19:02Avec tous ses droits respectés.
19:03Exactement.
19:04Et Yannick Alenau, je m'en rappelle, a expliqué qu'il avait payé lui-même
19:08le transport du corps de son fils en ambulance jusqu'à la mort.
19:11Absolument.
19:12Voilà pour le droit des victimes.
19:13Othmane Nassrou, qui était ce matin chez Sonia Mabrouk sur CNews et Europe,
19:17un secrétaire d'État à la Citoyenneté et la lutte contre la discrimination,
19:20est revenu sur les conditions, les circonstances de la libération du suspect.
19:24Écoutez-le.
19:26Il y aura des questions qui seront posées.
19:28Je veux d'abord témoigner mon soutien aux proches,
19:32aux proches, à la famille de Philippine, en mon nom, au nom de, évidemment,
19:35tout le gouvernement.
19:36C'est absolument atroce.
19:38Il n'y a pas de mot assez fort face à ce crime absolument ignoble.
19:45Il y a des questions qui se posent.
19:47Cet individu était en centre de rétention administrative.
19:52Il a été mis en résidence surveillée à quelques jours seulement
19:56de la délivrance du laissé-passé consulaire qui aurait permis son expulsion.
19:59Il y a des questions qui se posent.
20:01Il faudra les regarder de près.
20:03Et je sais que le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
20:05est très mobilisé naturellement sur ces questions.
20:08Voilà pour Othmane Nassrou.
20:09Un dernier mot là-dessus, François, puis on en reparlera tout à l'heure.
20:12Je le disais tout à l'heure.
20:13Ça, c'est les éléments de langage.
20:15On leur prépare des discours.
20:17On va regarder, des enquêtes vont être faites.
20:19On va savoir, le ministre de l'Intérieur...
20:20C'est ce que je disais tout à l'heure.
20:21La question, est-ce que la préfecture a fait son travail ?
20:24Est-ce qu'il a demandé en temps voulu, comme il fallait, le fameux...
20:27Non, la réponse, c'est non.
20:28Voilà.
20:29La réponse, c'est non.
20:30Si c'est le cas, il ne s'est pas la peine d'attendre une décision de justice.
20:33C'est une décision administrative qui prend 24 heures.
20:36Et le préfet, il saute tout de suite.
20:38Moi, j'adore...
20:40J'ai beaucoup de respect pour Bruno Retailleau,
20:42mais si dans une situation comme celle-là,
20:44il n'y a pas une décision immédiate...
20:46Dès lors qu'il y a une faute, qu'on doit démontrer.
20:48Mais il faut une décision, ou au moins une communication tout de suite.
20:51S'il n'y a pas eu de faute, on s'excuse en disant qu'on a les textes.
20:54Et s'il y a une faute, il faut qu'il y ait une sanction.
20:55Parce que c'est ça qui est insupportable pour les Français,
20:57c'est qu'on a le sentiment que dans ces cas-là,
20:59il n'y a jamais personne qui est responsable.
21:01Et ça ne ramènera pas la petite...
21:02Malheureusement, ça ne ramènera pas,
21:03mais ça peut peut-être éviter qu'il y en ait d'autres.
21:05Autant plus que quand on parle des laissés-passer consulaires,
21:08le Maroc joue le jeu.
21:09Moi, j'avais discuté avec Didier Leschi,
21:11le directeur de Lofi,
21:12et il disait que le Maroc joue le jeu.
21:14Et en plus, quand certains disent
21:16qu'on ne peut pas retrouver les origines,
21:18on ne sait pas quel pays,
21:20ce n'est pas vrai.
21:21Parce qu'en fait, ils ont des téléphones.
21:22Et quand vous le voyez,
21:23vous pouvez regarder sur le téléphone,
21:24vous savez parfaitement où ils appellent...
21:26Et d'où ils viennent.
21:27Et vous savez exactement d'où ils viennent.
21:29Et puis, la deuxième chose qui a été mise en place,
21:31mais je crois, Reda, que vous aussi, vous le faites,
21:33par exemple, en Allemagne,
21:34moi, j'avais rencontré des responsables
21:35qui m'avaient dit qu'ils avaient des personnes
21:37pour reconnaître les dialectes.
21:39Les dialectes marocains, algériens ou tunisiens,
21:41par exemple, pour citer ces trois pays du Maghreb,
21:43ne se ressemblent pas.
21:44C'est très facile.
21:45Et en Allemagne, ils ont des personnes
21:48pour identifier les dialectes.
21:50Il y a toujours quelqu'un du consulat qui vient,
21:52qui traduit, qui confirme si l'individu,
21:55il est algérien, marocain, tunisien,
21:57s'il y a des accords avec le pays ou pas.
21:59Après, il y a aussi un vrai sujet,
22:01il y a le système, il y a aussi l'opérationnel.
22:03C'est-à-dire la gestion opérationnelle de ces gens-là.
22:05Au-delà du suivi,
22:07on en a parlé souvent sur votre plateau,
22:09les CRAS, gérés par la police nationale,
22:11ils sont blindés.
22:13Ils sont blindés.
22:14Vous l'avez vu, à Vincennes,
22:15on a fait combien de...
22:16Vous avez fait combien de reportages ?
22:18Quatre ou cinq en un an.
22:19On a régulièrement des évasions.
22:21On est en manque d'effectifs.
22:22Donc, s'il y a une volonté,
22:23je sais qu'on ne peut pas investir partout,
22:25mais si la sécurité des Français, c'est vraiment une priorité,
22:27je pense qu'il faut investir.
22:29Est-ce qu'on peut se mettre d'accord ?
22:31Je pense qu'on serait d'accord
22:32qu'au moins, on ait comme priorité
22:34que les OQTF qui sont incarcérés,
22:37on fasse en sorte que le jour où ils sont libérés,
22:39on les amène.
22:40Et les incarcérés, et puis aussi...
22:42De toute façon, aujourd'hui,
22:44les CRAS, normalement, de base,
22:46sont créés pour les OQTF,
22:48les personnes qui ont une interdiction
22:50de rester en France,
22:51ou les personnes qui n'ont pas forcément été condamnées.
22:53Voilà, pas forcément condamnées, de base.
22:55Mais le problème, c'est qu'on a une saturation,
22:56et à un moment,
22:57ceux qui commettent des délits droits communs,
22:59voire plusieurs délits droits communs,
23:00ou des crimes, vont en CRAS.
23:02Mais la problématique, c'est qu'on n'a pas assez de CRAS,
23:05et on n'a pas assez d'effectifs pour gérer ces CRAS.
23:07Il n'y a pas de place dans ces centres de rétraction.
23:09Donc, à un moment, il va falloir investir.
23:1018h30, l'Ordure appelle les titres de l'actualité
23:12sur CNews et Europe 1,
23:13c'est mon guélin Simon.