La gestion psychologique post Jeux olympiques.

  • le mois dernier
Les Jeux dans tous leurs états, présenté par Maxime Lledo et Clément Arion, avec Elise Anckaert, psychologue du sport à l’INSEP.

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##JO_COMMENT_CA_MARCHE-2024-08-14##

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Sports
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00:00On vous accompagne en direct et pendant tout l'été sur Sud Radio, la radio qui vous
00:10fait vivre ces Jeux Olympiques dans tous leurs états, mais également les Jeux Paralympiques
00:14qui arrivent d'ici la fin du mois d'août.
00:15On est toujours en compagnie de Clément Harion, rebonjour mon cher Clément, et de Jules Boscherini
00:20qui va nous accompagner tout au long de cette émission, mais pour le moment, et ça croyez-moi
00:24en coulisses, ça a été une épreuve olympique de réussir à l'accueillir avec nous au
00:28Standard, Élise Anquet, psychologue du sport, bonjour, j'ai déjà été ravie d'accueillir
00:33des personnes au téléphone, mais vous, encore plus, parce qu'en plus c'est un sujet passionnant,
00:39beaucoup d'athlètes se sont exprimés publiquement sur leur dépression, comme Camille Lacour
00:42encore très récemment, qui ont très mal vécu leur fin de carrière, ou même la période
00:48qui suit les Jeux Olympiques, où on n'a plus tout cet engouement, on n'a plus le soutien
00:51des Français, on n'est plus médiatisé, on n'a plus le même rythme, où il y a même
00:54eu la tennisman Naomi Osaka, également, qui a vécu cette grande dépression, et même
01:00les Français, on le voit, sont totalement déprimés par cette période post-Jeux Olympiques,
01:04donc forcément, vous êtes la personne idéale.
01:06Oui, Élise Anquet, durant ces Jeux Olympiques, on a évidemment vécu beaucoup de succès
01:10de nos athlètes français, comment on gère un petit peu ce retour à la réalité ?
01:15Oui, le retour à la réalité, ça peut être effectivement difficile, pourquoi ? Pour
01:21plusieurs raisons.
01:22D'abord, l'intensité émotionnelle qui est vécue aux Jeux Olympiques, le chemin
01:26pour y arriver, les chemins de qualification, les chemins de sélection sont différents
01:30pour chacun.
01:31Il y a des personnes, je pense au judo par exemple, extrêmement difficiles, les numéros
01:361 de la catégorie, il n'y a qu'une personne à y arriver quand même, dans des très très
01:41hauts niveaux, par exemple, donc au niveau de l'intensité vécue, au niveau de tout
01:46ce qui a été fait en amont, et au niveau de, ok, et après, quel sens en fait a ma
01:51vie, après cet éclatement de limites physiques et psychologiques, cette redescente en fait
01:58de toute la pression qu'il peut y avoir, que ce soit interne ou externe, c'est comment
02:03la personne, le sportif de très haut niveau, va réguler ses émotions, revenir au calme,
02:09retrouver des garde-fous pour continuer sa route, quelle qu'elle soit d'ailleurs.
02:13Et qu'est-ce que vous conseillez, il faut faire une petite pause, une petite trêve
02:17après ces J.O. pour ces athlètes ?
02:18Alors, ce qu'il y a habituellement, c'est que les sportifs partent en vacances, bien
02:25mérités bien sûr, qu'ils ont besoin de couper, ça c'est le terme qu'il y a habituellement
02:31employé, en revanche, ils ont aussi des obligations médiatiques, ou des sollicitations auxquelles
02:37ils ont besoin et envie de répondre, ça fait aussi partie de la descente, on l'a vu plus
02:41que jamais durant ces dernières semaines.
02:43Les sportifs ont besoin de se retrouver, ont besoin de parfois se remémorer, se répéter
02:51ce qui a été fait, ce à quoi ils sont passés à côté, parfois c'est joué à quelques
02:59secondes, parfois c'est joué à un geste, parfois c'est pas joué à la propre chose
03:03pour réussir l'objectif final.
03:05Il y a toute cette période de comment je me récupère psychologiquement, que ce soit
03:11dans des très grandes réussites ou que ce soit dans peut-être des échecs ou des déceptions
03:16plutôt.
03:17Et la réussite ou l'échec, c'est ce qui est plus facile à vivre finalement après
03:22en post-J.O. ? C'est plus facile quand on a réussi quand même ?
03:25On aurait tendance à dire que c'est plus facile quand on a réussi, bien sûr.
03:30En revanche, il peut y avoir un sentiment de vide, peut-être inattendu, ou peut-être
03:35comme si le mirage qui était tant attendu n'est qu'un mirage et que ça ne comble
03:41pas autant que prévu, qu'attendu.
03:43Une sorte de sensation de traversée du désert, ou d'un coup une sorte de bulle qui s'estompe.
03:48Oui, et puis il y a une atteinte d'un idéal, c'est le projet d'une vie, c'est un engagement
03:55qui totale, que ce soit physique, émotionnel, suite à une prise de risque physique et psychologique
04:00en permanence.
04:01Et donc dans l'espoir d'atteindre cet idéal, ok, et après maintenant, qu'est-ce qui va
04:05se passer ? Comment je me récupère ? Qu'est-ce que je choisis ? Est-ce que je continue pour
04:11une autre olympiade ? Est-ce que je choisis d'autres voies d'accomplissement ? Il y
04:15a toute cette renaissance dans une forme d'anonymat aussi qui est forcément quelque chose de
04:20facile.
04:21Surtout quand on atteint des sommets quand même de dépassement et d'intensité, tels
04:26que ce qu'ils vivent.
04:27Mais Élise Dunkerque, psychologue du sport à l'INSEP, est-ce que cette notion de l'accompagnement
04:32psychologique des grands athlètes s'est démocratisée ? On a parfois l'impression que c'est finalement
04:38un grand chemin solitaire avec seulement un coach, un effort surhumain, une mentalité
04:43d'acier.
04:44Est-ce qu'on démocratise assez le fait qu'en fait ce sont aussi des humains qui peuvent
04:47avoir des périodes de chute, des périodes d'égarement, des périodes où ils ont besoin
04:53d'être vraiment accompagnés de façon solide sur le plan psychologique ?
04:57Oui, alors effectivement la dimension psychologique se démocratise.
05:02La psychologie en fait n'est plus, ou en tout cas elle est beaucoup moins associée
05:07à la pathologie.
05:08Un grand champion est la même personne qui peut faire une médaille d'or et une dépression.
05:14Donc c'est important de prendre en compte que la dimension mentale c'est global, qu'on
05:18s'adresse à des émotions, qu'on s'adresse à des personnes qui prennent un chemin risqué
05:23et que donc ce qui est intéressant c'est de pouvoir s'entourer.
05:28Il y a des sportifs qui n'ont pas besoin parce qu'ils se sentent suffisamment entourés
05:33par leur entourage, leurs proches, leur entraînement.
05:35Et d'autres en fait qui font appel à des psychologues pour pouvoir mieux se connaître,
05:40développer des stratégies d'adaptation au stress, développer des ressources sur
05:44le long terme.
05:45Donc ça ce qui est intéressant c'est qu'il y a quand même une ouverture et ça c'est
05:50quand même très réussi.
05:51Et on marchant parlait de son énorme travail notamment au niveau mental avant ses jeux
05:58et même quand il était aux Etats-Unis, est-ce que les athlètes font de plus en plus appel
06:03à vous aussi ?
06:05Alors oui, on est quand même en sous-effectif de ressources.
06:11Par rapport à la demande ?
06:12Par rapport à la demande et par rapport au territoire.
06:14Là je parle du point de vue INSEP Paris, moi je pense à tout le territoire où c'est
06:19quand même pas du tout les mêmes équipements.
06:21Il y a des préparations qui sont très sensibilisées sur ce sujet et qui mettent des ressources
06:30humaines, c'est-à-dire des psychologues, des préparateurs mentaux à la disposition
06:33des sportifs.
06:34Il y a des territoires comme les Maisons de la Performance Régionale qui sont absolument
06:38sous-dotées en personnes qui peuvent accompagner des sportifs, notamment très jeunes, ça
06:44commence très jeune les accompagnements.
06:45C'est important quand même de souligner ça, la nécessité du chemin, c'est quand même
06:52un long chemin.
06:53La route est longue avant d'arriver aux Jeux Olympiques et sommet d'embûches.
06:58On a parlé de Camille Lacour qui a récemment parlé de sa fin de carrière, de sa dépression.
07:04Est-ce que vous conseillez aussi aux sportifs d'en parler, de ces moments de doute, de
07:09ces moments un petit peu plus difficiles ? Est-ce que c'est conseillé aussi d'en parler
07:14au grand public ou pas ?
07:15Bien sûr que c'est conseillé, parce que finalement ça dédramatise et ça les rend
07:21humains.
07:22Et puis aussi, on s'accepte tel que l'on est.
07:27Quand il y a des chemins d'exigence très élevés, il y a quand même une quête de
07:32perfection qui coûte.
07:34La médaille a un prix, les chemins de haut niveau ont un prix psychologique.
07:38Ce n'est pas un chemin qui est de tout repos.
07:42Il y a forcément des hauts et des bas, c'est une aventure émotionnelle.
07:45Il y a des contre-performances, il y a des sélections, des non-sélections, des blessures,
07:49des rechutes.
07:51Et on n'a pas le choix que de se relever pour continuer à être sportif de haut niveau.
07:57Alors oui, il faut bien sûr partager, parce qu'en partageant les émotions, on n'est
08:02pas seul dans le vécu intérieur, et puis ça permet à d'autres sportifs de se donner
08:09le droit de demander de l'aide, parce que finalement, on ne se suit pas à soi-même
08:14en tant qu'humain, et les sportifs y compris.
08:17Merci beaucoup Elisenguer, psychologue du sport, merci d'avoir été avec nous aussi
08:21longtemps, et surtout merci d'avoir couru de votre maison où c'était compliqué
08:25de vous joindre à un point parfait pour notre réalisation.
08:27Merci beaucoup d'avoir été avec nous sur ce radio pour nous parler parfois du blues
08:31très brutal que peuvent avoir les athlètes, et c'est bien pour ça que cette émission
08:34s'appelle Les Jeux Olympiques dans tous leurs états, parce que vous saurez tout,
08:37et vous savez tout désormais de ce qui se passe dans les coulisses du sport et de ce
08:41que vous voyez à l'intérieur.
08:42On vous retrouve Jules Boscherini pour votre chronique à « Qu'est-ce qui s'est
08:47passé il y a un certain temps ? »
08:48On remonte le temps, c'est ma chronique préférée de cette émission Maxime.
08:51Tous les jours, Jules, vous nous parlez d'une performance qui a marqué les paras.
08:56On prend la direction des bassins et de l'Australie aujourd'hui, c'était lors des paralympiques
09:00de Sydney en 2000, et plus qu'une seule performance, on va s'attarder sur les jeux
09:04exceptionnels d'une Française, c'est la nageuse Béatrice S, atteinte dès la naissance
09:09d'une forme de sclérose en plaques dégénérative.
09:11Alors vous allez nous raconter tout ça, mais dites-nous-en déjà un petit peu plus
09:14sur cette nageuse.
09:15Pour commencer, Béatrice S, c'est 5 participations aux Jeux Paralympiques, en 1984 à New York,
09:20en 1988 à Séoul, 1996 à Atlanta, Sydney en 2000 et enfin Athènes en 2004.
09:27Sur cette période, elle ne manque que les Jeux de Barcelone en 1992, mais surtout, et
09:31j'insiste sur le « surtout », elle remporte 26 médailles, dont 20 en or, ce qui en fait
09:35la Française la plus titrée de l'histoire des Jeux Paralympiques, véritable reine de
09:39sa discipline.
09:40La nageuse alsacienne explose tous les records.
09:42Et j'imagine que c'est pour ça que vous vous attardez sur les Paralympiques de Sydney.
09:47Exactement Clément, vous avez tout compris, en Australie, elle s'adjuge 7 fois l'or,
09:51mais aussi 9 records du monde, des jeux ahurissants pour Béatrice S, qui bat donc le record du
09:55monde sur le 50 mètres papillon, 50 mètres d'eau, 50, 100 et 200 mètres libres, entre
10:00autres.
10:01La liste est beaucoup trop longue pour vous la donner entièrement, merci championne.
10:04Elle se paye même le luxe de battre par deux fois son propre record mondial lors de ses
10:08Jeux de Sydney, alors qu'elle les a déjà battus pendant les épreuves.
10:10Presque trop facile, finalement vraiment exceptionnelle cette athlète, qui a je suppose
10:14contribué à faire connaître les Jeux Paralympiques.
10:17Et bien évidemment, c'est aussi grâce à elle que l'on parle pour la première fois
10:20des Paralympiques à la télévision.
10:21C'est en 96, elle vient de remporter 6 médailles d'or à Atlanta, et Jacques Chirac, président
10:26de la République à l'époque, prend une décision, celle d'accorder la Légion d'honneur
10:29aux médaillés Paralympiques, au même titre que les médaillés Olympiques.
10:33Elle prendra sa retraite à l'issue des Jeux d'Athènes en 2004, après deux nouvelles
10:37breloques en or et trois en argent.
10:38Merci beaucoup Yonin, qui mérite la médaille d'or, parce qu'il est inépuisable, parce
10:42qu'il est phénoménal monsieur, personne n'arrive à le fatiguer, c'est juste Bosquérini.
10:46Merci beaucoup mon cher Jul, on vous retrouve naturellement demain pour les Jeux Olympiques
10:51dans tous leurs états.
10:52Merci aussi à vous Clément Arion d'avoir participé à cette émission, une fois de
10:56plus d'avoir réussi à nous faire vibrer durant ces Jeux et de continuer à faire
11:00vibrer les auditeurs avec cette émission, les Jeux Olympiques dans tous leurs états.
11:03Demain, on revient 12h-13h avec une championne exceptionnelle, un parcours de vie dingue,
11:08Tiffany Huot-Marchand, ancienne participante aux Jeux Olympiques d'hiver en patinage de
11:12vitesse et qui a été tétraplégique à cause d'un incident en compétition en 2022
11:16et qui vient de réussir à terminer le marathon pour tous, ça sera demain avec nous en direct
11:21en 2 midi et 13h.
11:22Nous, on se retrouve à la même heure, vous êtes toujours sur Sud Radio, à tout de suite.

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