• il y a 3 mois
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Transcription
00:00Aujourd'hui, je vais vous présenter une exposition dingue qui s'appelle
00:02Cruel Objet du Désir, la rencontre entre Saad et Giacometti.
00:06Et pour nous en parler, Christian Allendette et Serena Buccalo-Mucelli.
00:10Ça se passe juste ici, à l'Institut Giacometti. Venez.
00:24Christian, tu es directeur artistique de l'Institut Giacometti.
00:27C'est ça.
00:27Toi, Serena, tu es co-commissaire de l'exposition.
00:31Alors, en deux mots, vraiment, quel est ton job et quel est ton job ?
00:34Je m'occupe de la programmation de l'Institut en collaboration avec Catherine Grenier,
00:38qui est la directrice de la Fondation et la présidente de l'Institut.
00:42Et donc, voilà, on organise l'exposition et on travaille en collaboration
00:45avec les chercheurs de la Fondation à partir de la collection de la Fondation,
00:50mais aussi, comme pour cette exposition, avec des prêts extérieurs quand on en a besoin.
00:55D'accord. Et donc, co-commissaire ?
00:57Ensemble, on organise le parcours de l'exposition, on choisit les œuvres,
01:00on crée les textes de salles, les textes qui accompagnent les visiteurs dans le parcours.
01:06Le rôle du commissaire, c'est vraiment d'être l'intermédiaire entre l'artiste, son œuvre et le public.
01:11Donc, voir comment, à partir des recherches qu'on a menées,
01:13on rend accessible cette connaissance-là pour un public qui peut ne rien connaître de Giacometti.
01:19On peut être un spécialiste de Giacometti et trouver plein d'informations
01:22et on peut aussi ne rien connaître de Giacometti et juste se laisser porter par l'exposition.
01:27Ok, alors moi, ça tombe bien, je n'y connais pas grand-chose.
01:28Je connais les grands bonhommes, très très long, qu'on voit depuis...
01:32Que vous n'avez pas vu dans cette expo.
01:34C'est passionnant. Tu m'as parlé d'un parcours, je veux bien suivre ce parcours.
01:37Alors, je t'en prie.
01:38Ouais, alors vas-y, on y va.
01:41On est face à quoi ?
01:43Alors, nous sommes face à une création qu'Alberto Giacometti réalise dans les années 30,
01:49entre 1934 et 1935.
01:51C'est une tête en plâtre, mais que l'artiste décide de placer au-dessus d'un meuble de son atelier.
01:58Qui est ici, à l'Institut.
02:01Et par-dessus, vous avez cette tête en plâtre.
02:03On a les croquis même de cette sculpture.
02:06C'est génial.
02:07Et dans lesquels Giacometti imagine le meuble,
02:10transforme le meuble en véritable objet d'éléments de torture.
02:14C'est flippant votre histoire.
02:15Ça fait un petit peu peur.
02:22On va voir petit à petit, comme ça, quelques œuvres.
02:24Parce que l'idée, c'est que vous puissiez venir ici pour vous faire votre propre opinion
02:28et vous balader un petit peu et passer du temps dans cet endroit.
02:31Peut-être que j'ai l'esprit mal placé.
02:32Non, non, vous n'êtes pas le seul.
02:36Peut-être que j'ai l'esprit tordu, je ne sais pas.
02:38On en parle de la courgette qui a des picots ou comment ça s'appelle ?
02:41Chacun projette sa propre vision.
02:43Je ne vais pas faire de blasphème sur l'art de Giacometti.
02:45Pas du tout, mais on le voit dans la photo que Man Ray réalise d'un modèle qui est en train de se transformer
02:51et qui tient cet objet désagréable.
02:54Il le tient comme un bébé, comme une vierge à l'enfant quasiment.
02:59Donc, ce rapport à la sexualité et à la pénétration, à la défloration aussi,
03:05va être quelque chose de récurrent dans les œuvres de cette époque-là.
03:08C'est une œuvre ambiguë parce qu'elle évoque à la fois un phallus,
03:12un phallus qui a été extrait du corps de l'homme.
03:15Il y a aussi cette dimension presque féministe, on peut dire, dans l'œuvre de Giacometti,
03:20mais aussi dans les textes de Sade,
03:23qui paradoxalement est considéré comme un des premiers auteurs féministes,
03:28notamment par Simone de Beauvoir.
03:31Et donc, ce qui nous a intéressés, c'est vraiment cet écart entre la projection du fantasme sadique
03:37et finalement la réalité de l'objet, parce qu'en soi, il n'est pas explicitement sexué.
03:43J'avais une petite idée, je savais en venant ici qu'on allait avoir un lien,
03:46parce qu'il y a un lien avec la sexualité dès le départ.
03:49Ça a été tout le temps le cas, dans le travail de Giacometti,
03:51ou c'est juste certaines de ses œuvres qui sont en lien avec la sexualité,
03:55et du coup, vous avez décidé de mettre en lien Giacometti et Sade ?
03:58C'est vrai que la période surréaliste dans l'œuvre de Giacometti est assez courte,
04:03c'est-à-dire qu'il rentre dans le cercle surréaliste en 1930-1931 et il en sort en 1935.
04:07Donc, c'est cinq ans de hyper productivité parce qu'il réalise beaucoup d'œuvres,
04:11et chez les surréalistes, le thème de l'érotisme et de la sexualité était au centre vraiment de leurs recherches.
04:17D'accord.
04:18C'est vrai qu'il travaillait beaucoup d'après le rêve, donc la transposition des rêves,
04:22et dans les rêves, il y a souvent des rêves érotiques aussi.
04:24Donc, c'est vraiment très prégnant chez tous les artistes de cette époque-là.
04:34Dans cet espace, il y a plein d'autres choses à découvrir,
04:36mais ça, on laissera le plaisir aux personnes qui nous regardent de découvrir,
04:39en venant ici à la Fondation Giacometti.