Mères de braqueurs elle veulent le RESPECT

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"LA LOI DES FEMMES" / Nous partirons faire la connaissance de ces femmes, épouses et mères de familles qui ont choisi de devenir des femmes de loi justement. Qu’elles soient procureur de la République, inspecteur de police ou surveillante chef, elles mettent leur vie au service de la justice.

Quels problèmes posent leur féminité au quotidien ? Ont-elles elle-même des réflexes sexistes ? Nous donnerons également la parole à une femme qui n’a pas choisi elle d’avoir sa vie marquée par le sceau de la justice : la mère des frères Khider, rois de l’évasion et experts en braquage. Un témoignage exceptionnel à ne pas manquer.

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00:00Vous pouvez vous asseoir, l'audience est reprise.
00:07Alors ça je vous le fais pas dire, vous avez été complètement idiot, mais cette idiotie messieurs ça s'appelle une infraction pénale.
00:19Vous cherchez quoi ? Vous cherchez à rallonger votre détention ? C'est ça ?
00:24Pourquoi je veux la rallonger ?
00:26Quand vous rentrez dans la salle d'autopsie, que vous avez deux corps posés, et que vous êtes effectivement une jeune femme,
00:32vous avez les vieux briscards du commissariat de la gendarmerie qui n'attendent qu'une chose, c'est que vous tourniez de l'oeil.
00:37Faites attention à vous, le plus important c'est que tout le monde revienne en bonne santé et qu'on n'ait pas de blessés à l'issue.
00:44Après on verra ce qui se passera. Bon courage à tout le monde.
00:57Pour moi c'est un policier quoi. Une policière, je sais pas, ça sonne pas bien.
01:01La capitaine, voilà. C'est mieux au féminin aussi.
01:04Le commissaire, la commissaire, je laisse faire.
01:07La substitute, je trouve que c'est pas très beau, une substitute.
01:11Si vous voulez prendre le féminin, on va vous dire qu'elle est féministe, vous prenez le le.
01:17Ah bah oui mais elle préfère singer les hommes et rester dans une appellation plus masculine, alors choisissez.
01:27Maisons d'arrêt de Luyne.
01:29Ici, 730 détenus sont en attente de jugement ou purgent leur peine.
01:36Tous des hommes.
01:43Et c'est une femme, Elisabeth Bortolin, 43 ans, divorcée et mère de deux enfants,
01:48qui depuis deux ans est chef de détention de cette prison.
01:53Tous les matins le même rituel, se faire ouvrir huit portes et quatre grilles pour atteindre son bureau.
02:09On est encore y traînant. Vous êtes infecté sur le C ?
02:13Oui.
02:14Vous êtes infecté sur le C ?
02:16Oui.
02:17Vous êtes infecté sur le C ?
02:19Oui.
02:20Vous êtes infecté sur le C ? Je crois pas.
02:29Oh oui, malheureusement.
02:32Il fait le sportif ?
02:37Merci.
02:39Et tous les matins, il faut gérer les incidents qui se sont déroulés pendant la nuit.
02:44Aujourd'hui, un détenu qui a été frappé par d'autres prisonniers.
02:50On a un petit souci. Enfin, vous, vous créez un petit souci, je crois.
02:55Ah ouais ?
02:56Ah ouais. Quel est le problème ? Dites-moi un peu.
02:59Moi, j'étais bien où j'étais. Il s'est passé un petit incident et voilà. Je voudrais pas changer.
03:07C'est la tête que vous avez avec un petit incident ?
03:09Ouais, mais c'est rien. Au premier, franchement, j'étais bien. C'est juste ce gars-là.
03:14Et après, ils sont venus à 3 dans la salle d'activité, 3 ou 4, et moi, j'étais dessus.
03:19On n'est pas là pour vous laisser vous cogner sur la tronche.
03:23Il m'a regardé de travers, il m'a mal parlé, et bim, ça repart.
03:26Ça, on n'en veut pas.
03:28Donc, pour votre protection, pour le calme, le vôtre et celui avec qui vous avez eu souci,
03:36eh bien, voilà, il y a une mesure qui est prise.
03:40Aujourd'hui, on vous demande de changer de cellule.
03:43Oui, mais juste, s'il vous plaît, ne me mettez pas sur votre chaussée,
03:46parce qu'en fait, c'est pareil, ça va être même pire dans l'autre promenade.
03:51Ça permet d'assainir une situation, après, on revoit, on fait le coup ensemble,
03:56dans peu de temps, et on peut réajuster.
04:00Ça marche ? A plus.
04:02Allez, bonne journée.
04:03De même.
04:04Elisabeth dirige une équipe de 162 surveillants.
04:08Tous les jours, il faut gérer les arrivants.
04:12C'est un peu de l'hôtellerie.
04:14Il ne faut pas mélanger les primaires, qui ne connaissent pas l'univers carcéral,
04:17et les habitués.
04:19Correct, calme perdu, respectueux des personnels.
04:21C'est toi, Didier, qui l'a vu ?
04:23Non, c'est toi.
04:25Il faut tenir compte du caractère et de la dangerosité de chacun des nouveaux venus.
04:29Fumeur, profession coiffeur, ça peut être intéressant, et il a 36 ans.
04:35Qui peut l'absorber, en primaire ?
04:39Tu prends ?
04:40Le suivant.
04:42Il a 40 ans.
04:44Il est primaire également.
04:46Réservé.
04:48Il est non-fumeur.
04:50Très important.
04:52Affectation sur le bâtiment C, en attente travail.
04:56Ah, il est ***.
04:58Connu, reconnu, surconnu.
05:01156ème incarcération.
05:03Travailler, travailler, travailler.
05:05La seule chose, c'est qu'il faut qu'on les ait face mirador.
05:10À Lune, ils sont 128 hommes et 34 femmes pour surveiller les détenus.
05:16Alors, ça fait quoi d'avoir un chef-femme ?
05:18Rien.
05:23Pour travailler dans l'hôpital, il faut avoir du caractère.
05:26Et les femmes qui y travaillent, elles ont autant de caractère que les hommes.
05:30C'est une question de caractère.
05:32Au début, quand je les ai vus arriver il y a une quinzaine d'années, j'en doutais.
05:39Et je pense que j'ai plus de doutes.
05:42Au début, les surveillants hommes étaient un petit peu réticents par rapport à votre arrivée ?
05:46Très, très, très.
05:48Pour les trois quarts, on n'avait pas notre place en détention.
05:52C'était plutôt à la cuisine à faire à manger pour le mari.
05:56C'était ça l'image de la femme en détention.
06:03C'est en 1993 que les femmes sont autorisées à travailler dans les prisons pour hommes.
06:09Une nouveauté difficile à accepter pour certains anciens de la pénitentiaire.
06:14Nous, en tant que nanas, nous étions de la chair fraîche.
06:18Et si on avait le malheur d'être à plusieurs à déjeuner entre nous, nous étions obligatoirement des lesbiennes.
06:27Et si on avait le malheur de boire un café avec un collègue en ayant refusé le café à un autre, nous ne pouvions être qu'une salope.
06:39Entendu.
06:46On va se faire là, sur le mouvement promenade, un petit contrôle.
06:50Les détenus frappent les portes de leur cellule.
06:53C'est l'heure de la promenade.
06:56Dans cette aile de la prison, les détenus sont jeunes et s'impatientent.
07:05Un moment particulièrement tendu pour les surveillants.
07:08Elisabeth a décidé de faire un contrôle surprise.
07:15La semaine dernière, ils ont découvert des téléphones portables cachés dans les chaussures.
07:26Merci.
07:27Ça va, vous vous êtes bien échauffé ?
07:29Oui.
07:30Je sais pas, j'ai cru que votre porte allait tomber.
07:43On a des gens de plus en plus difficiles en face de nous.
07:46Des capsis de plus en plus.
07:48Donc beaucoup plus de violence.
07:50Et complètement inattendu.
07:54Bonjour, gars qui nous a dit bonjour.
07:56Bonjour, surveillants, tous les jours, de façon bien.
07:59À un moment donné, le surveillant ouvre la porte, il se prend un pain.
08:03On sait pas pourquoi.
08:05Si on n'a pas une notion de solidarité, d'entraide, on est foutus.
08:17Je regarde le temps que vous mettez alors que vous devriez être prêts.
08:20Plus que prêts.
08:23Je suis là, j'attends.
08:25La veille, ça se met.
08:27La veille ?
08:28Eh oui.
08:29C'est à 28h, c'est pas la veille.
08:30Dépêchez-vous.
08:34Vous n'avez pas à sortir les chaises et cellules.
08:37On reste debout alors.
08:38Comment ?
08:39On reste debout en activité.
08:40Eh bien écoutez, si au fur et à mesure les chaises n'étaient pas détruites
08:44quand on les met en salle d'activité, ça irait mieux.
08:46Ça fait trois ans que je vois qu'il n'y a pas de chaises en activité.
08:48Il n'y a jamais de chaises en activité.
08:50C'est terminé.
08:52C'est terminé.
08:53J'ai rendez-vous à 9h30.
08:55Rendez-vous où ?
08:57A la cellule.
08:59Eh bien il reste en cellule et il partira de la cellule pour aller chez le médecin pour être à l'heure.
09:02Comment ça ?
09:03Dans 9h30, regardez, dans 10 minutes, vous avez rendez-vous.
09:06Allez, on y va.
09:07Allez, on y va là.
09:13Pour ne pas attiser les tensions, Elisabeth a élaboré une méthode.
09:17Tout faire pour ne pas élever la voix sans faire de confession.
09:20On m'a rencontrée dans la rue en me disant,
09:22vous avez été chiante et pénible, vous nous avez cassé les pieds
09:27parce qu'il fallait que la cellule soit aérée, qu'il n'y ait rien aux fenêtres.
09:32Et vous voyez, maintenant je travaille, je me lève tous les matins, je fais comme ci, je fais comme ça.
09:37Alors ça ne veut pas dire que c'est ce qu'ils ont appris à la prison.
09:40Heureusement, si on peut leur donner un petit coup de pouce, tant mieux.
09:44Loin de moi, ce genre de prétention.
09:46Mais ça leur permet, à un moment donné, d'hortiliter.
09:53Mais cette méthode est parfois difficile à appliquer pour certains détenus.
09:58Pour de bon, depuis tout à l'heure, j'attends.
10:00Vous avez dit quoi ?
10:01Il reste en cellule jusqu'à 9h30.
10:049h30, c'est déjà passé.
10:05Il est 9h44.
10:06Pour la fermerie ?
10:07Oui, pour aller voir le médecin.
10:09Pour définir le mouvement promenade.
10:12Vous n'êtes pas obligé d'être à 400 000 pour faire la promenade.
10:15Vous savez comment vous arrivez là pour le promenade ?
10:17J'ai parlé à une personne, je ne peux pas en parler à deux.
10:20Vous allez nous apprendre comment on fait ?
10:22Non, c'est votre travail.
10:23Alors regardez comment ça se passe.
10:25Maintenant, si vous arrivez en retard là-bas, il n'y aura pas de problème puisque c'est de notre fait.
10:30De votre faute, plutôt.
10:32Non, de notre fait.
10:33Et vous serez pris de tout ce qui passe.
10:35Non, mais c'est bon.
10:37Vous ne poussez pas juste.
10:38Je ne vous pousse pas.
10:39Je ne vous pousse pas.
10:40Je suis en train de discuter, vous ne passez pas.
10:42Non, mais tout à l'heure, je voulais poser mes contingents.
10:44Allez à l'infirmerie.
10:46Les poubelles, vous aurez d'autres moments pour les ranger.
10:55Jeune homme, vous cherchez quoi là ?
10:58Si ça serait une souche, ça serait bien.
11:00Vous cherchez quoi ?
11:01C'est déjà un mal d'épaule qui me fait vraiment mal.
11:04Vous cherchez quoi ?
11:05Vous cherchez à allonger votre détention ?
11:07C'est ça.
11:08Pourquoi je veux la rallonger ?
11:09De par votre attitude.
11:11On vous insulte, on vous parle mal.
11:14Est-ce que moi, je vous ai insulté, je vous ai parlé mal ?
11:17C'est quoi le connard là ?
11:18Le connard ?
11:19Oui.
11:20Le connard, je vais le dire à une femme.
11:21Ça ne se dit même pas à une femme, des adultes.
11:23Et de deux, je ne l'ai pas dit.
11:25Merci.
11:38Ce soir, petit dîner à la maison avec des collègues de la pénitentiaire.
11:46Élisabeth est divorcée et ses parents viennent souvent lui donner un coup de main.
11:56C'est toujours bon.
11:58Quand les gens reviennent, c'est que ce n'est pas mauvais.
12:11À l'âge de 12 ans, oui.
12:15Je me pensais ça parce qu'elle découpait tout ce qu'elle pouvait trouver sur les prisons.
12:20Parce qu'elle disait toujours, on a des choses à faire en prison, on peut aider.
12:25Et quand elle m'a dit qu'elle allait dans la pénitentiaire, j'ai dit c'est tout, c'est son choix.
12:31C'est tout de même très dur comme métier.
12:34Et surtout pour une femme.
12:37Vous pensez que ce n'est pas un métier de femme ?
12:39Si, c'est un métier de femme, mais il faut avoir la volonté.
12:44Je sais qu'Élisabeth a pas mal de volonté, je comprends.
12:47Mais moi je voyais plutôt un homme dans les prisons.
12:52Pendant ces 15 ans de carrière, est-ce qu'elle a changé un peu ?
12:56Elle est endurcie.
12:58Et c'est le métier qui le veut parce qu'elle en voit de toutes les couleurs.
13:01Elle ne peut pas s'attendre sur chaque chose.
13:04Il faut trouver une solution à tout.
13:07Pour elle, elle s'est blindée.
13:13Je suis moins dans la compassion.
13:15Si, je suis comme ça tout le temps, mais j'en crève.
13:20Il y a des audiences qui me font mal au trip, au boulot,
13:23mais après tu ne peux pas prendre toute la misère.
13:25J'ai besoin quelque part aussi de cette protection
13:27pour pouvoir être bien avec mes mouflets.
13:29Et puis c'est le plus important.
13:32Palais de justice, debout en Bresse.
13:40Marie-Christine Tarrar est procureure de la République depuis 22 ans.
13:47Elle a été élue présidente de l'Assemblée nationale
13:50depuis le début de l'année 2000.
13:52Elle a été élue présidente de l'Assemblée nationale
13:55depuis le début de l'année 2000.
13:58Depuis 22 ans.
14:02Aujourd'hui, le tribunal se réunit
14:04pour une séance de correctionnel en comparution immédiate.
14:11Il y a tous les symboles de la loi ici.
14:13Bien entendu, la République,
14:15puisqu'on rend la justice au nom du peuple français.
14:19Ensuite, la barre, où les gens s'expriment.
14:23Et puis le tribunal surélevé, la distance
14:27entre la barre et le tribunal.
14:31Et je me souviens d'un magistrat qui disait
14:34que cette distance-là,
14:38c'était justement la distance de la vérité,
14:41la distance de la réflexion.
14:44Mais il y a une originalité pour ce procès.
14:46À part le prévenu, il n'y a pas un seul homme.
14:50On a aujourd'hui une composition totalement féminine,
14:54avec en plus une greffière et deux avocates,
14:57l'une en défense et l'autre comme partie civile.
15:00Avec un prévenu masculin et deux victimes masculines.
15:04C'est un peu particulier, on ne l'a pas fait exprès.
15:07Il y a un côté maman, on a l'impression.
15:10Pour se regarder, on se dit qu'il y a des personnes
15:12qui font des bêtises.
15:14C'est vrai quand même, les femmes commettent
15:16moins d'actes de délinquance que les hommes.
15:18Ça, c'est une réalité.
15:20Une femme procureure, une avocate de la défense,
15:23une avocate de la partie civile,
15:26et la présidente et ses deux assesseurs.
15:31Et le jeune homme, mis en cause pour violences en réunion
15:34à l'encontre de deux frères.
15:37Une histoire d'homme, une bagarre qui a dégénéré
15:39après une course-poursuite en voiture.
15:42Conséquence des coups reçus,
15:44les deux victimes ont perdu connaissance.
15:47Quelle justification vous pouvez quand même nous donner
15:49sur ce déchaînement de violences ?
15:59Je les ai presque pas frappés en fait.
16:03C'est une fois qu'il y en a un qui a frappé l'autre.
16:09Là, j'ai gagné deux ou trois coups en fait.
16:13Des coups de poing.
16:17Pourquoi est-ce que vous continuez de frapper ?
16:19En fait, une fois qu'on était dans la bagarre,
16:21on ne savait pas que ça allait terminer jusqu'à là.
16:23On ne savait vraiment pas qu'ils étaient dans un état comme ça.
16:25Vous n'avez rien d'autre à ajouter ?
16:30Maître Odino, je vous donne la parole pour les victimes.
16:33Aujourd'hui, il y a des conséquences.
16:35Il a été détecté, notamment par le docteur ***,
16:37qu'il pourrait y avoir une commotion cérébrale
16:39et en tout cas un hématome,
16:41et qu'il faut des examens pour savoir
16:43s'il n'y a pas un danger vital pour ***.
16:46Voilà où on en est.
16:48Pour une histoire de « ta voiture est plus puissante que la mienne »,
16:50c'est enfantin,
16:52mais les conséquences sont gravissimes.
16:58Alors, des faits de violence en Réunion,
17:00effectivement, dont vous êtes saisi,
17:02des faits extrêmement graves.
17:04Cela a été dit par la partie civile.
17:06On a véritablement des flaques de sang
17:08qui ont été constatées sur la chaussée.
17:10Ce qui démontre la violence des coups
17:12qui ont été portés sur les victimes.
17:14C'est plus simple au test d'école, monsieur,
17:16que de voir des gens comme vous un jour
17:18comparaître devant la cour d'assises
17:20parce que les coups qui ont été portés
17:22ont été portés avec une telle violence
17:24que finalement, la personne en est décédée.
17:26Et après, c'est un peu court
17:28que de venir à la barre et dire « je regrette,
17:30je ne l'ai pas fait exprès
17:32et je ne pensais pas que ça irait jusque-là ».
17:34Parce qu'on ne sait jamais, monsieur,
17:36ce que la violence peut entraîner,
17:38ce que la violence peut générer.
17:40Donc, en répression des faits qui sont reprochés à monsieur ***,
17:42vous avez 18 mois d'emprisonnement
17:44dont vous pourrez assortir une partie d'un sursis
17:46de l'ordre de 10 mois.
17:48Ces victimes seront indemnisées
17:50et de la manière la plus rapide et la plus complète possible.
18:02Pendant le délibéré,
18:04petit regard féminin
18:06sur un délit typiquement masculin.
18:08Ce n'est pas quelqu'un
18:10qui aurait des tas de procédures en cours,
18:12ce n'est pas ça du tout.
18:14Non, mais je pense qu'il y a effectivement
18:16cette espèce de petite intolérance
18:18à celui qui...
18:20À celui...
18:22C'est vrai.
18:24C'est typique.
18:30Encore que ça évolue,
18:32c'est-à-dire que dans la jeune génération...
18:34Dans la jeune génération...
18:36Ça ne va pas au-delà finalement que...
18:40Ta voiture,
18:42elle est beaucoup moins puissante que la mienne.
18:44C'est-à-dire que nous, les voitures, on s'en fiche un peu.
18:46Le frère de l'accusé,
18:48lui, regrette que le tribunal
18:50soit exclusivement féminin.
18:52Le tribunal doit représenter
18:54le peuple.
18:56Le peuple n'est pas fait que de femmes.
18:58Il devrait avoir...
19:00Il devrait être mixte.
19:02Il y a les lois.
19:04Après, une interprétation des lois
19:06qui n'est pas parée par des hommes.
19:08Tout à l'heure, il y avait l'avocate qui a rigolé
19:10quand on a parlé
19:12du caractère des hommes
19:14un peu qui...
19:16qui criment un peu en voiture.
19:18L'avocate a rigolé.
19:20Ça montre bien qu'il y a une différence entre les hommes et les femmes.
19:24Vous pouvez vous asseoir.
19:26L'audience est reprise.
19:28Le tribunal vous reconnaît coupable
19:30des faits qui vous sont reprochés.
19:32En répression, on vous condamne
19:34à la peine de 20 mois d'emprisonnement,
19:36dont 8 mois, assorti d'un sursis
19:38avec une mise à l'épreuve pendant 2 années.
19:42Le condamné part directement en prison
19:44et devra purger un enferme.
19:48Est-ce que les femmes sont quand même pas plus sévères ?
19:50Je pense que c'est dans l'imaginaire des gens, ça.
19:52Peut-être qu'il y a, je sais pas,
19:5450 ans, 60 ans,
19:56quand les premières collègues ont commencé
19:58peut-être à arriver dans ce milieu d'hommes,
20:00elles ont peut-être été obligées
20:02de jouer un peu, je sais pas,
20:04de se masculiniser un peu
20:06pour pouvoir se faire respecter.
20:08Je sais pas.
20:10Mais qu'on soit homme ou femme,
20:12c'est vrai qu'il faut éviter le bus en tant que magistrate
20:14de se projeter ou de s'identifier
20:16aux victimes et aux prévenus.
20:18C'est pour ça que la différence, elle s'estompe
20:20entre un homme et une femme magistrate.
20:2210h30.
20:24La différence qui s'estompe,
20:26et pourtant donner aux femmes le permis de juger,
20:28n'a pas toujours été une évidence.
20:30Sauf exception,
20:32les femmes, d'une part,
20:34sont inaptes à exercer nos fonctions d'autorité,
20:36d'autre part, nuisent au prestige
20:38du corps judiciaire.
20:40Ainsi s'exprimait,
20:42dans un rapport officiel,
20:44le substitut général de la Cour d'appel de Paris
20:46en 1955.
20:48Neuf ans après que la première candidate
20:50soit autorisée à devenir magistrate.
20:54Très vite, les femmes utilisent
20:56cette possibilité d'appliquer des lois écrites par des hommes
20:58pour juger une majorité d'hommes.
21:00Elles sont déjà 123 en 1955,
21:02représentent 45%
21:04de la magistrature en 1992
21:06et sont aujourd'hui
21:08majoritaires à exercer ces charges lourdes.
21:10Les femmes ont été autorisées
21:12à rentrer dans la magistrature en 1946,
21:14c'est-à-dire juste après la guerre.
21:16Il y avait eu plusieurs
21:18tentatives auparavant pour les faire
21:20rentrer, mais bon, qui échouaient
21:22toujours parce que
21:24on disait que les femmes n'ayant
21:26pas les droits politiques ne pouvaient pas
21:28être juges.
21:30À partir
21:32du moment où des femmes
21:34ont été admises, il fallait surtout
21:36qu'elles se conforment
21:38à ce qu'on attendait d'elles.
21:40Il y a même une des femmes
21:42que j'ai interviewée, qui était rentrée
21:44justement dans la magistrature
21:46à la fin des années 40
21:48et qui me disait que
21:50elle avait su qu'elle était intégrée
21:52dans la magistrature,
21:54que ses collègues l'avaient vraiment acceptée
21:56le jour où il l'avait
21:58appelée « mon vieux ».
22:00Moi, quand j'ai commencé à travailler,
22:02il y avait encore des vieux gendarmes,
22:04donc certains avaient tendance à ne pas du tout écouter
22:06ce que je pouvais leur dire.
22:08Cette espèce de truc,
22:10c'est une femme, forcément,
22:12elle n'a pas forcément tout bien compris.
22:14C'est vrai qu'il y a des choses
22:16que je ne comprenais pas forcément bien,
22:18et quand on me racontait des affaires de chasse,
22:20je ne comprenais peut-être pas tout à fait comment ça s'était passé,
22:22mais il y a des tas d'hommes qui ne vont pas à la chasse
22:24et qui n'ont pas plus compris que moi.
22:26J'ai le souvenir, dans mes premières années de fonction,
22:28d'avoir été de permanence
22:30et d'avoir été appelée
22:32à me transporter sur le lieu
22:34d'un fait grave
22:36et donc d'être partie comme ça
22:38du tribunal
22:40avec une tenue vestimentaire
22:42qui n'était certainement pas adaptée
22:44pour l'endroit où j'allais,
22:46dans une cour de ferme
22:48avec de la boue partout,
22:50quand vous êtes
22:52avec des petits escarpins,
22:54un petit tailleur, etc.
22:56C'est vrai que les gendarmes avaient un petit sourire
22:58entendu
23:00en se moquant un peu
23:02du substitut qui était là avec ses petites chaussures
23:04et qui ne savait pas trop où mettre les pieds.
23:06Ce qui m'a valu, quand j'ai quitté mon premier poste
23:08de substitut
23:10et que j'ai été nommée procureure,
23:12de recevoir comme cadeau de la part des gendarmes
23:14je pense que c'est quelque chose
23:16qu'on n'aurait pas fait à un homme, par exemple.
23:18Mais ça m'a servi
23:20parce que j'ai eu l'occasion
23:22de l'utiliser.
23:26Être femme complique-t-il
23:28ou facilite-t-il les auditions ?
23:30Ont-elles plus de compassion ?
23:32Ont-elles la main plus lourde
23:34ou même des réflexes sexistes ?
23:38Ce matin,
23:40Marie-Christine reçoit dans son bureau
23:42des prévenus qui ont reconnu les faits
23:44pour des délits mineurs.
23:46Au terme de l'audition,
23:48Madame le procureur pourra proposer une peine
23:50sans passer par la case correctionnelle.
23:54Premier cas de la matinée,
23:56une toxicomane connue des services de police.
23:58Elle s'est fait contrôler au volant
24:00en état d'ivresse.
24:02Et vous aviez avec vous
24:04en plus une bouteille de whisky dans la voiture.
24:06Pour vous, tout allait bien ?
24:08Oui.
24:10Preuve que ça ne m'allait pas bien.
24:12J'étais apte à conduire.
24:14Vous étiez apte à conduire ?
24:16Vous aviez presque 3 grammes d'alcool dans votre organisme.
24:18Et ce matin, vous avez bu quelque chose avant de venir ?
24:20Pas du tout, non.
24:22Vous êtes sûre ?
24:24Non, je bois.
24:26Je ne suis pas tout à fait certaine, Madame.
24:28Bon alors, c'est fait.
24:30L'infraction pénale qui vous est reprofiée.
24:32C'est une infraction pénale de conduire son véhicule
24:34avec de l'alcool dans son organisme.
24:36C'est un délit.
24:38C'est un délit qui est grave.
24:40J'ai eu 10 ans de toxicomalie.
24:42Je suis hétéroïde.
24:44Je me soigne également.
24:46J'ai un hétéroïde.
24:48Donc là, je suis sous méthadone.
24:50Mais l'alcool artille dessus.
24:54Ne changez pas une dépendance
24:56par une autre.
24:58Que ce soit compliqué,
25:00que ce soit difficile,
25:02que ce soit douloureux,
25:04c'est sûr.
25:06Mais maintenant, il faut impérativement, Madame,
25:08que vous preniez conscience que vous vous mettez en danger,
25:10que vous mettez en danger les autres et qu'il faut réagir.
25:12Il faut réagir.
25:14Avec sa commission, on prend.
25:16Vous n'avez pas forcément que sa commission, Madame.
25:18Votre vie, elle n'est pas terminée.
25:20Je suis embauché, je fais la chance.
25:22Vous avez la chance d'avoir un métier.
25:24Vous avez du potentiel.
25:26On oublie tout.
25:28On se réfugie.
25:30Là où il ne fallait peut-être pas.
25:32En tout état de cause, il n'est jamais trop tard
25:34pour réagir, Madame.
25:44Je ne peux pas vous proposer
25:46une peine de principe parce que c'est très grave
25:48et je pense que la gravité de la sanction,
25:50elle doit vous permettre de comprendre
25:52à quel niveau de gravité était votre comportement.
25:54D'accord ?
25:56Alors moi, je vais vous proposer, donc à titre de peine,
25:58une peine de 5 mois d'emprisonnement
26:00assortie d'un sursis avec mise à l'épreuve
26:02pendant durée de 3 ans.
26:04Ça veut dire que cette peine d'emprisonnement,
26:06vous ne l'effectuez pas si pendant 3 ans,
26:08vous respectez les obligations qui sont mises
26:10à votre charge. Et parmi les obligations
26:12que je mets à votre charge, c'est l'obligation
26:14bien entendu de suivre et de poursuivre
26:16les soins que vous avez entrepris pour traiter
26:18votre problème de dépendance. Et moi,
26:20je vous propose une annulation de ce permis de conduire
26:22avec une interdiction
26:24de le représenter avant l'expiration d'un délai
26:26d'une année.
26:28Je ne suis pas idiote, j'ai 28 ans,
26:30j'ai 10 ans de permis, je n'ai jamais eu
26:32un accident. Bien sûr,
26:34j'en ai pris conscience.
26:36J'ai toujours respecté tout.
26:40Une prévenue qui ne fait
26:42preuve d'aucune agressivité
26:44pour une peine qui sera facilement acceptée.
26:46Voilà.
26:48Pourtant,
26:50être procureur, c'est souvent être
26:52confronté à des personnes violentes.
26:54Il y a des détenus qui arrivent ici
26:56qui sont relativement dangereux.
26:58Le fait d'être une femme, ça ne vous défavorise pas ?
27:00Moi, j'ai un peu le sentiment que,
27:02justement, parce qu'ils sont face à une femme,
27:04ils ne vont pas être dans cet affrontement,
27:06dans l'agression, dans l'insulte.
27:10Et que, quelquefois,
27:12on voit des procès-verbaux,
27:14on lit que les gens ont été
27:16extrêmement injurieux,
27:18on dit des choses. Et quand ils
27:20arrivent dans le bureau, la plupart du temps,
27:22c'est bonjour madame.
27:24Si on sent que quelqu'un s'énerve,
27:26vraiment s'énerve, à ce moment-là, moi, j'arrête.
27:28Je dis à l'escorte, vous redescendez.
27:30Monsieur, quand vous serez calmé, on recommencera.
27:32Mais on s'arrête là.
27:42Roubaix.
27:46La numéro 2 du commissariat central
27:48est ici une jeune maman de 30 ans.
27:50Vous allez bien ?
27:52Merci.
27:56Commissaire depuis 2 ans,
27:58Élise Sir Jacobs a fait science-po
28:00et du droit pénal avant de réussir le concours.
28:02Donc un petit tee-shirt,
28:04pour ne pas avoir trop froid.
28:065 ans d'études pour avoir le droit d'enfiler
28:08la tenue réglementaire.
28:10Le gros blouson, blouson hiver.
28:14Ça peut apparaître comme un peu difforme pour une femme.
28:16Je veux bien le reconnaître.
28:18Donc ça, c'est la tenue de service général
28:20qui se porte
28:22toujours, dans tous les cas,
28:24avec le gilet pare-balles.
28:26Pour les chaussures,
28:28c'est les types
28:30rangers, quoi.
28:32Super féminin !
28:34Mais c'est confortable.
28:38Et pour les grands jours,
28:40il y a aussi la tenue de prestige.
28:44Alors là, il y a une distinction
28:46qui a été faite entre les hommes et les femmes.
28:48Deux distinctions.
28:50Donc la jupe, jupe longue,
28:52qui arrive au genou.
28:54Et le chapeau,
28:56ce qu'on appelle le tricorne.
28:58Par contre, il y a les cheveux,
29:00à chaque fois, il faut adapter les cheveux.
29:02Donc ça, c'est le tricorne.
29:04Et qui est spécifique pour les femmes commissaires.
29:06Donc là, il y a une distinction.
29:12Aujourd'hui, le commissariat
29:14est mobilisé pour une mission à risque.
29:19Élise a convoqué ses équipes
29:21pour le briefing.
29:25Bonjour !
29:27Une femme qui dirige 350 hommes,
29:29une image très éloignée du mythe,
29:31qui fait de la police
29:33un métier d'homme.
29:36Il faut se départir un peu
29:38de cette image de macho dans la police.
29:40C'est pas les films des années 70,
29:42avec Belmondo, son blouse en cuir
29:44et le pétard à la ceinture.
29:46On a affaire à des pères et des mères de famille.
29:48Donc elle est mon adjointe.
29:50Et c'est la première fois que les gars
29:52sont commandés par une femme.
29:54Moi, je trouve qu'elle passe très bien.
29:56Bonjour à tous, pour ceux que je n'ai pas vus.
29:58Donc, pour ce soir,
30:00même dispositif, exactement que lundi,
30:02idem Croix-Saint-Pierre.
30:04Ce soir, l'équipe d'Algérie rencontre
30:06l'équipe d'Egypte en match retour
30:08pour la qualification à la Coupe du monde de football.
30:10À l'issue de la rencontre,
30:12des incidents pourraient éclater.
30:14On a arrêté, concernant
30:16les ventes à emporter,
30:18alcool et autres,
30:20les kebabs, les snacks ou autres magasins.
30:22Donc valable à compter de 16h jusqu'à minuit.
30:24Quand vous voyez
30:26un établissement qui est concerné
30:28et qui n'a pas fait
30:30ce qu'il avait à faire et qui n'a pas fermé,
30:32vous verbalisez, vous faites fermer et vous l'annoncez
30:34sur les ondes.
30:36Faites attention à vous, pas de blessés.
30:38Le plus important, c'est que tout le monde
30:40revienne en bonne santé
30:42pour ne pas être blessé à l'issue.
30:44Après, on verra ce qui se passera.
30:46Allez, bon courage à tout le monde.
30:56Marie-Louise Fimeyer
30:58a connu l'époque où il n'était pas évident
31:00pour une femme de commander
31:02un service de police.
31:04Ce n'est que dans les années 70
31:06que les femmes sont admises dans les concours
31:08de gardien de la paix, puis d'inspecteur
31:10et enfin de commissaire.
31:14Femme, flic et patron,
31:16c'est toujours le même problème.
31:18Est-ce qu'on peut être les trois à la fois ?
31:20Après plus de 30 ans de service,
31:22à l'heure de la retraite, petit souvenir
31:24pour madame le commissaire divisionnaire.
31:26En arrivant à l'école, c'était aux femmes
31:28de s'adapter à une profession
31:30qui était
31:32plutôt masculine, qu'on le veuille ou non.
31:34Ça traduit bien l'orientation
31:36et la perception des choses que l'on avait
31:38à l'époque. Puis on n'était pas nombreuses.
31:40Certaines manquaient pas de penser
31:42qu'on était la Libye
31:44éventuellement
31:46dans un métier
31:48d'homme.
31:50Marie-Louise prend son
31:52premier poste de commissaire à Strasbourg
31:54en 1978.
31:56Elle a 25 ans et dirige une équipe
31:58exclusivement masculine.
32:00Quand on arrive, on vous regarde.
32:02Il y a le bouche à oreille qui a fonctionné
32:04auparavant.
32:06Il y a des filles qui arrivent.
32:08Vous voyez bien qu'on vous regarde un peu
32:10comme une bête curieuse.
32:12Les femmes inspecteurs à cette époque,
32:14on les trouvait dans les brigades des mineurs,
32:16dans les services
32:18de délégation judiciaire,
32:20mais relativement peu
32:22dans des services, j'allais dire,
32:24extrêmement opérationnels ou très dynamiques.
32:26On a été naturellement prudentes,
32:28probablement plus attentives,
32:30plus à l'écoute,
32:32plus observatrices
32:34et n'hésitant pas
32:36à prendre des conseils
32:38auprès de nos anciens.
32:42Aujourd'hui, presque 25%
32:44des postes de commandement dans la police
32:46sont attribués à des femmes.
32:48Annie Requin,
32:5045 ans et déjà 24 ans de métier
32:52derrière elle.
32:54Commandant, elle est chef de l'unité
32:56sécurité et proximité de Sainte-Geneviève-des-Bois
32:58en banlieue parisienne.
33:00Elle gère 86 policiers,
33:02donc 15 femmes,
33:04et pour les patrouilles, elle veille à équilibrer les effectifs.
33:06Selon les interventions,
33:08c'est bien qu'on ait une femme dans les brigades, deux,
33:10pourquoi pas, mais trois, ça deviendrait
33:12peut-être un peu critique dans le sens où
33:14on pourrait se retrouver un jour
33:16un équipage de femmes et ça, peut-être sur les interventions,
33:18ce n'est pas forcément
33:20souhaité, ne serait-ce que pour
33:22les rapports de force.
33:24Allez, on avance, on avance,
33:26on va descendre tous.
33:28Ce matin, opération Chien-Renifleur
33:30dans une barre d'immeubles
33:32à la recherche de stupéfiants.
33:34Allez, go !
33:36Annie a grimpé
33:38tous les échelons de la hiérarchie un par un.
33:40D'abord, simple gardien de la paix,
33:42elle a passé tous les concours internes
33:44pour devenir officier en 1994.
33:48Elle a tout connu, la police en tenue,
33:50la BAC et la brigade des mineurs.
33:52Flic, une histoire de passion.
33:54L'assistance aux personnes,
33:56rendre service, courir
33:58après les voleurs, tout ça, c'est quelque chose
34:00qui m'a passionnée.
34:04C'est vrai qu'en 1986, on disait que la police était
34:06mettée d'homme. Aujourd'hui, on ne le dit plus.
34:08Mais pour moi, je pense être à ma place.
34:10Faites les pelouses un peu.
34:12Parce que c'est de là qu'ils jettent, en fait.
34:20Vous faisiez quoi dans les étages ?
34:22Vous faisiez quoi dans les étages ?
34:24Là, je ne sais pas,
34:27il a mis tout, l'ami.
34:29Une vie de flic à temps plein,
34:31mais une vie privée à temps partiel.
34:33Annie a longtemps fait passer sa passion
34:35avant toute chose.
34:39Je suis restée célibataire
34:41un certain temps pour dire,
34:43j'avais une vie, mais je ne m'impliquais pas
34:45dans une vie familiale
34:48et de couple
34:50pour pouvoir préparer mes concours
34:52et m'investir.
34:54À une époque de ma vie, c'était ma priorité.
34:56Le seul regret que j'ai,
34:58c'est peut-être la parenthèse
35:00qui a fait que je n'ai pas d'enfant aujourd'hui,
35:02mais bon, je mets ça sur la vie.
35:04La première, elle a des trous.
35:10C'est une touche féminine.
35:12C'est une touche maman.
35:14On va dire que c'est une touche maman.
35:16Pas féminine, maman.
35:18Je parle des jeunes filles.
35:20Elles sont un peu différentes
35:22des jeunes hommes.
35:24Non, elles sont pareilles.
35:26Elles sont déterminées.
35:28Elles ont le même dynamisme et la volonté que les gars.
35:30Il faut s'imposer peut-être plus.
35:34Il y a moins d'intégration,
35:36mais une fois qu'on est intégré, c'est bon.
35:38Il y a des femmes sur le terrain
35:40qui tiennent plus la route que certains gars.
35:42On n'est pas des garçons noirs.
35:44Monsieur, monsieur,
35:46qu'est-ce que vous en pensez ?
35:48Quand vous tombez sur des violences conjugales,
35:50mieux vaut une collègue féminine
35:52au contact d'une victime que nous.
35:54Elle va avoir plus le contact.
35:56Nous, on n'est pas à l'aise du tout.
35:58Vous arrivez à garder votre féminité,
36:00mais pas visiblement.
36:02C'est pas trop dur, ça ?
36:04Non, non.
36:06C'est vraiment un costume,
36:08un uniforme que j'ai vraiment voulu mettre
36:10depuis mon enfance.
36:12Je jouais pas à la coupée, je jouais au pistolet.
36:14C'était vraiment...
36:16Pour moi, c'était un rêve.
36:18On contrôle, hein ?
36:20C'est du systématique.
36:22Je crois qu'une femme doit en faire davantage.
36:24Il faut qu'elle en fasse plus qu'un homme.
36:26Il faut qu'elle fasse le petit quelque chose,
36:28qu'elle soit plus attentive,
36:30qu'elle soit plus à l'écoute des gens,
36:32qu'elle soit peut-être plus disponible.
36:34Parce qu'indiscutablement,
36:36il y a une comparaison qui se fait.
36:38Les collaborateurs vous compareront
36:40inévitablement à un commissaire de police
36:42homme.
36:44Retour dans les rues de Roubaix.
36:46Le match Algérie-Egypte
36:48se termine dans un quart d'heure.
36:50Tout est calme.
36:52Élise, la jeune commissaire,
36:54est au téléphone avec son mari.
36:56Euh...
36:58Oui ? Bah, ils sont dans le...
37:00Dans un des tiroirs, là ?
37:02D'accord.
37:04Ce soir, il est seul
37:06pour s'occuper de leur bébé de 6 mois.
37:08Oui ?
37:10Les interpellations ont été faites
37:12aux alentours de 19h30.
37:14C'est vraiment des mineurs.
37:16Des bonnets de péruviens.
37:18A tout à l'heure.
37:20Oui, t'es encore là ?
37:22Donc, je te disais,
37:24le troisième tiroir,
37:26en bas.
37:28Bon, allez, à tout à l'heure.
37:30Bon appétit.
37:32D'accord, ça marche.
37:34À tout à l'heure.
37:36Bravo, on se fait tout gérer
37:38en même temps.
37:40Le bébé a du mal à s'endormir.
37:42C'est normal.
37:44Et puis, l'autre côté, c'était...
37:46Pour faire le point
37:48sur les interpellations.
37:50Fin du match.
37:52On arrive à proximité.
37:54L'Algérie a gagné 3 à 2.
37:58Des jeunes commencent à sortir
38:00dans la rue.
38:02Bonsoir, on ferme les points de Cisaïman.
38:04On va fermer tout, parce qu'il y a trop de véhicules
38:06qui se rapprochent.
38:08Élise décide de bloquer le centre-ville
38:10et d'initialiser les supporters.
38:12Une semaine auparavant,
38:14pour le match aller,
38:16la situation a dégénéré.
38:18Il y a eu 42 interpellations.
38:22Il faut garder un oeil sur ce qui se passe,
38:24le village.
38:30En fait, il y a eu
38:32une bouteille de bière, là,
38:34qui a été jetée sur le dépit de la police municipale.
38:36Mais là, ils ont laissé le...
38:38...
38:44Donc, interpellation
38:46de la personne qui a projeté
38:48au jet de pile sur
38:50les militaires de GM.
38:52Donc, ils montaient actuellement
38:54le véhicule de la BSU.
38:56Petit débrief à l'adjoint au maire, inquiet.
38:58Police 3.
39:00Police 3, délinquant 0.
39:02Vous êtes interpellé.
39:04Vous êtes interpellé.
39:06Ça rigole pas.
39:08Trois interpellations plus tard,
39:10les rues de Roubaix se vident.
39:12Au final, une soirée plutôt calme.
39:14Policière, procureure
39:16ou surveillante de prison,
39:18elles sont femmes de loi.
39:20Leur quotidien est d'appliquer et de faire respecter la loi.
39:22Ouais, 31e chambre.
39:24C'est en dessous la 10e.
39:26Catherine Charles, elle aussi,
39:28est une habituée des prétoires et des prisons.
39:30Mais de l'autre côté de la loi,
39:32celui des femmes, compagnes
39:34ou maires de détenus.
39:36Aujourd'hui, Catherine se rend
39:38au palais de justice de Paris.
39:40Elle connaît bien les lieux.
39:42Elle va assister à un nouveau procès de son fils Christophe.
39:44Cette fois, il est poursuivi
39:46pour avoir transmis en prison un rouleau de scotch
39:48au braqueur Antonio Ferrara.
39:50Un acte anodin qui, pour la justice,
39:52pourrait être le signe d'une évasion
39:54en préparation.
39:56Et un procès, c'est aussi l'occasion d'apercevoir son fils.
39:58Un fils qui ne serait libérable
40:00qu'en 2045.
40:06Condamné une première fois à 5 ans de prison
40:08en 1989, alors qu'il est encore mineur,
40:10Christophe Kidder
40:12enchaîne des peines toujours plus lourdes.
40:146 ans en 1997
40:16et surtout
40:1830 ans pour meurtre et vol
40:20à main armée en 1999
40:22pour un braquage de convoyeur de fonds
40:24qui a mal tourné.
40:26En 2001, il tente de s'évader de Fresnes
40:28avec un codétenu.
40:30A bord de l'hélicoptère, 3 complices,
40:32dont son frère Cyril.
40:34La belle échoue et un gardien est grièvement blessé.
40:36Christophe Kidder est de nouveau condamné.
40:38Cette fois,
40:40à 15 ans de réclusion.
40:44Et puis, en février 2009,
40:46il remet ça.
40:48Confitant d'un parloir,
40:50il s'évade avec un complice
40:52de la prison de Moulins.
40:54Une cavale de 2 jours
40:56qui finit sous le feu de la police
40:58et une balle dans le poumon.
41:02Aujourd'hui, à 38 ans,
41:04Christophe Kidder est l'un des 10 détenus
41:06les plus surveillés de France.
41:10Après 6 heures de procès,
41:12Catherine Charles ressort de la salle d'audience.
41:18Une nouvelle peine
41:20et quelques années en plus à attendre.
41:262 ans et demi.
41:32Ça fait 30
41:34plus 15, là.
41:36Ça fait 45
41:38plus 3.
41:4248 plus 2 et demi.
41:4445 et demi.
41:48On tombe dans des chiffres,
41:50encore une fois,
41:52de science-fiction.
41:54Catherine,
41:56comme après chaque audience,
41:58est entourée par les membres
42:00de l'association ARPI
42:02qu'elle a créée pour sortir
42:04les longues peines de l'oubli.
42:06Un quotidien chaotique
42:08mais un coeur de mer indestructible
42:10dans la crainte permanente
42:12d'une mauvaise nouvelle.
42:14Bien sûr, c'est grave, ce qu'il a fait.
42:16Le dernier parloir où j'avais été,
42:18il m'avait dit,
42:20maman, elle était extraordinaire,
42:22je ne comprenais pas,
42:24je lui disais, oui, de toute façon,
42:26elle a brégé ses souffrances,
42:28mais ça doit être terrible,
42:30je ne pourrais peut-être pas faire
42:32un truc comme ça,
42:34et j'ai saisi toute l'importance,
42:36il m'a dit, c'est une mère extraordinaire,
42:38imagine-toi un fils qui ne peut plus se gratter,
42:40qui ne peut plus rien faire
42:42et qui te demande, aide-moi à mourir,
42:44c'est le plus bel acte qui soit.
42:46Et tout ça, ça m'est revenu.
42:48Il est en train de me dire,
42:50que tu me gardes vivant
42:52pour ton confort affectif ou moral.
42:58La maison d'arrêt de Lyon-Corbasse
43:00où est emprisonné Christophe Kidder
43:02permet aux familles des détenus à l'isolement
43:04de leur apporter, à l'occasion des fêtes de Noël,
43:06un colis de 5 kilos.
43:10Alors Catherine, pour l'occasion,
43:12a mis les petits plats dans les grandes barquettes.
43:14Ça, c'est...
43:16Rillettes de saumon faites maison.
43:18Par Francine.
43:20Là, on a un émincé de bœuf...
43:22Bœuf mariné.
43:24Gambas sauté.
43:26Et des acras de crabe.
43:28Et c'est vachement important
43:30qu'un mec en tôle, donc mon fils, en l'occurrence,
43:32Christophe,
43:34puisse aussi avoir un repas
43:36bien plus qu'amélioré, exceptionnel.
43:38Oui.
43:40Alors ça, c'est la barquette de l'amitié ?
43:42L'amitié, oui. C'est pas la boîte de Pandore,
43:44c'est que du beau.
43:46C'est pas les mots de la terre.
43:48Là, c'est, on a dit...
43:50La fraternité.
43:52La tendresse.
43:54La tendresse, bordel.
43:56Alors c'est impératif, en prison,
43:58que les crevettes soient décortiquées.
44:00Et contrairement à la légende,
44:02on peut pas rentrer d'orange en prison, faut le savoir.
44:04Ni de clémentine, ni... D'accord ?
44:06Donc c'est vraiment un mythe.
44:08On peut ramener que des produits cellophanés,
44:10mis sous vide et transparents.
44:12Tout doit être transparent.
44:14Même une orange pourrait cacher une arme,
44:16ou un explosif.
44:18Dans les barquettes, ça perd de son cachet, forcément.
44:20Mais je suis particulièrement contente, là.
44:22Elle vient de le faire,
44:24je vais aller le mettre au frais,
44:26et il l'aura demain.
44:28Donc c'est super.
44:328h du matin, direction Lyon,
44:34pour le parloir de Noël.
44:36Tous les mois, Catherine fait la route
44:38pour voir son fils.
44:4010h de voiture dans la journée,
44:42pour 45 minutes à passer avec lui.
44:48C'est Catherine, il est là, Cyril ?
44:50Tu me le passes, je vais lui souhaiter son anniversaire.
44:54Cyril, bon anniversaire.
44:56Au bout du fil, son autre fils, Cyril.
44:58Tu poses pas ? Ouais.
45:00Après avoir purgé une partie de sa peine
45:02pour la tentative d'évasion,
45:04il est aujourd'hui en liberté conditionnelle.
45:06Voilà, je vais dire à Christophe que je t'ai eu.
45:08Que tu l'embrasses.
45:14Tu fais des kilomètres de route,
45:16Olivier m'amène,
45:18mais tu le fais en train,
45:20ça veut dire en train,
45:22la prison n'est pas à côté de la gare,
45:24donc elle est excentrée
45:26à 30 ou 40 kilomètres.
45:28Pas du tout pratique d'accès,
45:30donc t'imagines les contraintes
45:34du fil.
45:36Les contraintes physiques,
45:38financières,
45:40morales,
45:42parce que ça te joue sur le moral.
45:44Tout ça, c'est à qu'un but,
45:46c'est de déliter le lien familial.
45:52Depuis plus de 15 ans que Christophe
45:54est en détention, sa mère
45:56lui a toujours rendu visite
45:58de prison en prison.
46:00Si j'étais une petite chose
46:02faiblarde,
46:04peut-être qu'il ne serait pas debout
46:06comme ça aussi.
46:08Ça oblige à se dépasser
46:10quand on a une maman
46:12qui ne se laisse pas battre
46:16par la fatalité,
46:18par le fatalisme ambiant.
46:26Je mets des chaussures dans le coffre.
46:28J'arrive pas comme une racaille
46:30de cité quand même.
46:32Non, non, non.
46:36Que je ressemblais à une maman.
46:58Exceptionnellement,
47:00pour Noël,
47:02le parloir a duré 1h30.
47:10C'était fatigant.
47:16Ça faisait un moment que je ne l'avais pas vu.
47:18Enfin, ouais, que je ne l'avais pas vu.
47:20C'était un peu...
47:22Il a des plaques sur le visage.
47:24L'isolement, quoi.
47:26Les nerfs.
47:28Il parle, il est super calme
47:30et tout son corps bouge,
47:32il est en mouvement sans arrêt.
47:34C'est horrible.
47:38Je suis épuisé après chaque paroleur.
47:42Ça fait 15 ans que ça dure.
47:50Il fait beaucoup de sport,
47:52tout ça, mais dans une salle,
47:54c'est pas suffisant.
47:56Pour parler de son état,
47:58il nous a dit
48:00que c'est comme
48:02un athlète
48:04qui se prépare
48:06pour une compétition
48:08et une compétition
48:10qui n'aura jamais lieu.
48:12Quand tu te mets en forme,
48:14c'est pour la vie.
48:16Et il a certainement
48:18conscience
48:20qu'il n'y a pas de vie après ça.
48:26Bien évidemment
48:28que je suis une maman,
48:30donc...
48:32même si
48:34j'encaisse,
48:36c'est toujours douloureux
48:38de sentir
48:40impuissante
48:42face à la
48:44souffrance
48:46de son enfant.
48:56Retour à la prison de l'huile.
49:06Pour sa tournée du matin,
49:08une mauvaise nouvelle attend Elisabeth,
49:10la cheffe de détention.
49:12Pendant la nuit,
49:14un détenu a tenté de mettre fin à ses jours.
49:16Les morts par suicide,
49:18115 rien qu'en 2009,
49:20sont la hantise des surveillants.
49:46Je pense que ça se fait plus rapidement.
49:48Il y a encore des chambres.
49:50C'est les chambres ?
49:56Putain, j'ai...
49:58Ils sont trop bons.
50:00Le suicide, c'est malheureux.
50:02On le vit comme un échec,
50:04mais on le vit en plus comme...
50:06On a en plus
50:08un sentiment de culpabilité
50:10parce qu'on est tellement à nous demander
50:12des explications sur beaucoup de choses,
50:14sur ce qui s'est déroulé, où on était, comment, etc.,
50:16qu'on finit par culpabiliser.
50:18Allez, on est partis.
50:22Allez-y, je vous en prie.
50:24Le plus grave, les suicides,
50:26les bagarres ou les vols.
50:30Mais aussi le quotidien,
50:32comme les retards sur les colis.
50:36Autant d'événements qu'Elisabeth
50:38doit résoudre au plus vite
50:40pour éviter que les tensions ne s'enveniment
50:42parfois pour de longues années.
50:44Il est où, l'hôpital de Blanche ?
50:46Quand ?
50:48Depuis le 16 décembre.
50:50Il y a d'autres moyens de communication
50:52que taper comme des jobards ?
50:54Yes.
50:58Allez, on est partis.
51:02Alors, pour les anciens,
51:04comme c'est habitué de l'univers carcéral,
51:06l'arrivée des femmes en prison
51:08a été une vraie révolution.
51:10La première fois que j'ai vu une femme,
51:12c'était à la maison d'arrêt de Nice.
51:14Je m'en souviens de toute ma vie.
51:16C'était une blonde,
51:18une belle femme en plus.
51:20Je ne suis pas resté choqué,
51:22mais je suis resté interloqué
51:24parce qu'elle m'a ouvert la porte le matin.
51:26Et je vois cette femme-là.
51:28Je me dis, mais je rêve ?
51:32C'est marquant.
51:34C'est quelque chose qui reste.
51:36Je crois que c'est très important
51:38que le métier se féminise
51:40parce que la femme,
51:42c'est la femme,
51:44et ça restera toujours la femme, c'est sûr.
51:46Ça apporte un peu de douceur,
51:48ça apporte un peu de bienveillance.
51:50Rien que le parfum d'une femme.
51:52Le parfum.
51:56C'est très important.
51:58Le matin, une femme vous ouvre la porte
52:00de votre cellule et vous sentez ce parfum.
52:02Parce qu'il y en a quelques-unes
52:04qui mettent du parfum.
52:06Je ne sais pas.
52:08Ça apaise.
52:10Ça rend plus serein.
52:12Ça apporte quelque chose à la journée.
52:14Allez, zou.
52:18Au revoir.
52:20Au revoir, la maison.

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