Manuel Bompard : «On ne peut pas accepter un coup de force présidentiel et antidémocratique comme celui auquel on est en train d'assister»

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Manuel Bompard, coordinateur de LFI, répond aux questions de Florian Tardif au sujet de la décision d'Emmanuel Macron de ne pas miser sur un gouvernement NFP, de la procédure de destitution mise sur la table et de l'appel à manifester le 7 septembre.

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Transcript
00:007h-9h, Europe 1 Matin.
00:03Bonjour Manuel Bonfort, vous êtes député des Bouches-du-Rhône et coordinateur de la France Insoumise.
00:07Est-ce que vous avez lu l'article 68 de la Constitution française ?
00:10Oui.
00:11Qui stipule tout de même que les décisions prises en application du présent article sont à la majorité des deux tiers des membres, soit 617 parlementaires.
00:18Ça ne vous a pas échappé, mais combien de parlementaires de la France Insoumise ?
00:21Mais en fait, c'est pas le sujet.
00:22C'est pas le sujet ? Un peu quand même.
00:24Il y a 72 parlementaires au sein du groupe de la France Insoumise, mais là, pour que les gens qui nous écoutent le comprennent,
00:30on est en train de parler de l'article qui précise les modalités de destitution du président de la République,
00:35et que ces modalités nécessitent plusieurs étapes.
00:38Une première étape, c'est de déposer cette demande de destitution, et pour ça, il faut un dixième des députés à l'Assemblée nationale.
00:44Vous allez le faire ?
00:45Bien évidemment, puisque le président de la République cherche à s'asseoir sur le résultat des élections législatives
00:51qui ont eu lieu il y a maintenant presque deux mois, les Français ont voté, ils ont voté quelque chose,
00:56et aujourd'hui, vous avez un président de la République qui tout simplement n'en tient pas compte,
00:59et fait comme si ça n'avait pas existé.
01:01Et ça ne peut pas se faire sans une réaction de la société française dans son ensemble,
01:05et la destitution fait effectivement partie des éléments possibles pour pouvoir réagir.
01:10Donc je reviens sur la procédure.
01:13Il faut 58 députés pour pouvoir déposer cette demande,
01:16et effectivement, à la fin du processus, il faut un vote des deux tiers des députés à l'Assemblée nationale.
01:21Or, ça ne vous aura peut-être pas échappé, que les députés macronistes,
01:25issus des trois groupes de l'ex-minorité présidentielle, représentent moins d'un tiers des députés à l'Assemblée nationale.
01:30Donc vous appelez aujourd'hui le Rassemblement national à voter cette destitution ?
01:34Mais pas seulement le Rassemblement national.
01:36Tous les députés qui disent, quand ils prennent la parole sur les plateaux de télévision,
01:41ou auprès de leurs électrices et leurs électeurs, qu'ils sont opposés au président de la République.
01:45Si à un moment on est opposé au président de la République, il faut aller au bout de la logique des choses,
01:50et donc ne pas accepter, quel que soit d'ailleurs ce qu'on peut penser en termes programmatiques,
01:54on ne peut pas accepter un coup de force présidentiel comme celui antidémocratique,
01:58comme celui auquel on est en train d'assister.
02:00Vous appelez à manifester le 7 septembre prochain également.
02:03Votre ambition, on l'a compris, maintenir la pression sur Emmanuel Macron.
02:06Si ce dernier ne répond pas à vos attentes, est-ce que vous pourriez renouveler cette opération ?
02:10C'est-à-dire qu'il y a cette destitution que vous allez engager ?
02:12Vous allez déposer cette demande de destitution ?
02:14Oui, on va la déposer dans les prochains jours.
02:16Pour que les choses soient très claires, et je réponds par là-même à votre deuxième question,
02:20nous nous avons dit, face à ce coup de force antidémocratique du président de la République,
02:25censure, mobilisation, destitution.
02:28Censure, c'est-à-dire que tout autre gouvernement,
02:31qu'un gouvernement du Nouveau Front Populaire conduit par Lucie Castex,
02:34sera ou se verra opposé de notre part...
02:36Si ce n'est pas Lucie Castex, censure également ?
02:38Une motion de censure se verra opposée de notre part.
02:40Une motion de censure, effectivement.
02:42Deuxièmement, mobilisation.
02:44Il y a une initiative qui a été prise par des organisations étudiantes et lycéennes
02:48pour appeler à manifester le 7 septembre.
02:51Ce sera exactement deux mois après le résultat des élections législatives.
02:55Effectivement, nous appuyons cette proposition de mobilisation
02:58et nous appelons à y participer.
03:00Et troisièmement, destitution.
03:01C'est l'article 68 de la Constitution, nous en avons parlé.
03:04Vous comparez Emmanuel Macron depuis plusieurs jours
03:06au président Mac Mahon à la fin du 19e siècle
03:08qui avait parié sur une dissolution, perdu les élections.
03:10Je résume, avait résisté avant de laisser le pouvoir à la gauche
03:13et démissionné.
03:14Est-ce que vous souhaitez,
03:15si cette opération de destitution du président de la République
03:17ne va pas jusqu'au bout, qu'il démissionne ?
03:19Je souhaite qu'il s'en aille, effectivement, dans tous les cas.
03:22Mais je vois bien qu'il n'a pas l'intention de partir par lui-même.
03:25Et donc, il faut l'aider.
03:26Et pour l'aider, effectivement, l'article 68 de la Constitution
03:30est le seul moyen que nous avons à notre disposition pour ça.
03:33Et moi, j'aurais préféré que le président de la République
03:36prenne acte du résultat des élections législatives.
03:39Enfin, peut-être que vous n'en avez pas conscience,
03:41mais partout dans le monde, partout en Europe,
03:44par exemple, la presse internationale,
03:46ne comprend pas pourquoi,
03:48alors que le Nouveau Front Populaire
03:49est arrivé en tête des élections législatives,
03:51que le Nouveau Front Populaire est le bloc politique
03:53qui dispose du plus grand nombre de députés à l'Assemblée nationale,
03:55personne ne comprend pourquoi
03:57le Nouveau Front Populaire n'est pas déjà en train de gouverner le pays.
04:00Et je ne vous dis pas ça seulement
04:02parce que je pense que le Nouveau Front Populaire
04:04a des idées qui permettraient
04:06d'améliorer la vie des Françaises et des Français.
04:08Je le dis aussi au nom d'un certain attachement à la démocratie.
04:11Et je pense que même des gens qui sont nos adversaires politiques
04:14et qui ne partagent pas nos idées
04:16devraient comprendre qu'on ne peut pas accepter l'idée
04:18que quand on va voter à une élection,
04:20finalement, après, on peut s'asseoir sur le résultat de ces élections.
04:23Parce que ça, ça va produire, vous le savez comme moi,
04:25une remise à distance de la politique.
04:27Ces élections législatives, elles ont vu une participation
04:30qui était une participation beaucoup plus importante
04:32que les élections précédentes.
04:33Et si on donne l'impression que voter ne sert à rien,
04:35il ne faudra pas s'étonner, la fois d'après,
04:36que les gens n'aient pas envie de venir voter.
04:38Je vous entends, mais lorsque vous regardez
04:40l'hémicycle dans sa globalité,
04:42est-ce que vous estimez que les Français,
04:44lors de ces élections, ont plutôt voté à gauche
04:46ou ont plutôt voté à droite ?
04:47Nous diffusons, justement, pour nos auditeurs d'Europe 1,
04:50ce graphique qui illustre tout de même
04:53que les Français ne vous ont pas donné une majorité absolue.
04:56Mais ça, ça m'a échappé,
04:57que nous n'avons pas une majorité absolue.
04:59Nous avons environ 193 sièges du nouveau Front Populaire.
05:02Donc vous pouvez peut-être comprendre la logique du président de la République.
05:04Mais non, pas du tout.
05:06Parce que le président de la République,
05:09depuis 2022, par exemple,
05:11il avait bien installé à l'époque Mme Borne
05:14comme Premier ministre,
05:15alors qu'il ne disposait pas d'une majorité absolue.
05:18Il y a une force politique qui est arrivée en tête
05:20de ces élections.
05:21C'est à elle qu'il faut confier la responsabilité
05:23de constituer un gouvernement.
05:24Et ensuite, c'est au nouveau Front Populaire
05:26de chercher, sur ces différentes propositions,
05:28des majorités à l'Assemblée nationale.
05:30Et nous étions prêts à le faire,
05:31et nous sommes toujours prêts à le faire.
05:33Si nous arrivons demain au gouvernement,
05:36nous allons par exemple déposer une proposition de loi
05:38pour abroger la réforme des retraites.
05:39Et nous trouverons une majorité à l'Assemblée nationale.
05:41Ce sera votre première mesure.
05:42Oui, bien sûr.
05:43Et nous trouverons une majorité à l'Assemblée nationale.
05:45Nous voulons proposer...
05:46Y compris avec les voix du Rassemblement national,
05:48ça ne nous dérange pas.
05:49Mais il n'y a pas que le Rassemblement national.
05:51Il ne faut pas à chaque fois me dire le Rassemblement national.
05:54Vous en avez besoin, disons-le.
05:55Mais Monsieur, il y a 577 députés.
05:57Tout à fait.
05:58Soit on considère que les députés du Rassemblement national,
06:00on les met de côté,
06:01elle se fait sur le reste,
06:02mais sauf que ce n'est pas comme ça
06:03que fonctionnent nos institutions.
06:04Donc à partir du moment où je dépose une proposition de loi
06:06à l'Assemblée nationale,
06:07elle s'adresse à l'ensemble des députés.
06:09Je parlais de la réforme,
06:10de l'abrogation de la réforme des retraites,
06:11mais je le dis parce que je pense que c'est important.
06:13La séquence, elle est un peu politicienne, excusez-moi.
06:15Tout à fait.
06:16Mais s'il faut que nous...
06:17Si je pense que le Nouveau Front populaire
06:19doit gouverner le plus rapidement possible,
06:20c'est parce qu'il y a des problématiques,
06:22des souffrances,
06:23des préoccupations qui ont été exprimées
06:24par les Françaises et les Français,
06:26et qu'il faut être en capacité d'y répondre.
06:27L'abrogation de la réforme des retraites,
06:29l'augmentation du SMIC.
06:30Mais bien sûr, nous avons tout chiffré.
06:33Par une hausse des impôts, des taxes ?
06:35Mais non, pas du tout.
06:36Vous ne savez pas comment fonctionne notre système de retraite.
06:38Il ne peut pas être financé par l'impôt.
06:40Il est forcément financé par des cotisations.
06:42Par exemple, en faisant en sorte
06:45d'agir pour l'égalité salariale
06:47entre les femmes et les hommes.
06:48Ça permet de rentrer à peu près
06:4910 milliards d'euros de cotisations supplémentaires.
06:51Par exemple, en imposant
06:54et en soumettant les dividendes à cotisation,
06:57ça permet, pour le simple CAC 40,
07:00les dividendes versés au CAC 40,
07:01c'est à peu près 14 milliards d'euros
07:03de remboursement supplémentaire.
07:04Caché tout de même.
07:05Non, ce n'est pas caché,
07:06c'est tout à fait assumé, monsieur.
07:07Et je considère effectivement
07:09que pour financer notre système de retraite,
07:11il me semble que, par exemple,
07:13les dividendes qui sont versés aux actionnaires
07:15peuvent aider.
07:16Et on peut prendre,
07:17quand on sait qu'on a atteint
07:20un record historique de versement des dividendes.
07:22Donc oui, j'assume de dire
07:23qu'on peut mettre à contribution les dividendes
07:25si ça permet aux Françaises et aux Français
07:26de partir à la retraite plus tôt.
07:28Sur le Nouveau Front Populaire,
07:29est-il en train de se fissurer
07:30lorsque l'on voit ce qui s'est passé, par exemple,
07:32hier au sein du Parti Socialiste ?
07:34Ils ne sont pas tous d'accord sur la stratégie adoptée.
07:36Vous avez beaucoup parlé de la destitution.
07:38Vos collègues du Nouveau Front Populaire
07:40ne vous suivent pas sur ce point.
07:43Ils sont assez nombreux, tout de même, pour l'instant.
07:45Et concernant cette censure du nouveau Premier ministre,
07:49y compris un nouveau Premier ministre
07:50qui serait issu de la gauche,
07:51mais non issu du Nouveau Front Populaire,
07:53là encore, vous n'êtes pas suivi.
07:54Il y a des dissensions au sein du Parti Socialiste.
07:56Est-ce que vous estimez que le Nouveau Front Populaire
07:58peut se fissurer ?
07:59Je vois votre petit sourire.
08:00Mais non, ça me fait sourire
08:01parce que depuis le premier jour, en fait,
08:03depuis que le Nouveau Front Populaire a été constitué,
08:05on m'a dit,
08:06est-ce que vous ne pensez pas
08:07que le Nouveau Front Populaire ne va pas tenir ?
08:09Et finalement, il a tenu à chacune des étapes.
08:10On a présenté des candidatures ensemble,
08:12on a présenté un programme ensemble,
08:13on a présenté une candidate
08:15à la fonction de Premier ministre ensemble.
08:17Et s'il peut y avoir effectivement
08:19des dissensions au sein du Parti Socialiste,
08:21ce n'est pas des dissensions au sein du Nouveau Front Populaire.
08:24Sur le Nouveau Front Populaire,
08:25sur l'idée que nous allions censurer
08:26un autre gouvernement que celui de Lucie Castex,
08:28j'ai entendu Olivier Faure,
08:29j'ai entendu Marine Tendelier,
08:31j'ai entendu Fabien Roussel
08:32dire tous exactement la même chose
08:33que celle que je viens de vous dire sur ce plateau.
08:35Quant à l'appel à la mobilisation le 7 septembre,
08:37j'ai entendu Marine Tendelier, hier,
08:39dire qu'elle y était favorable.
08:41Et je crois savoir,
08:42je ne veux pas parler à leur place,
08:43que d'autres vont y être favorables.
08:44On verra s'ils l'annoncent dans les prochaines heures.
08:46Donc il me semble, au contraire,
08:47que le Nouveau Front Populaire continue à avancer ensemble,
08:50même si je le constate comme vous
08:52qu'il y a une branche au sein du Parti Socialiste
08:54qui préférerait, en quelque sorte,
08:56venir participer à des opérations
08:59de soutien ou de maintien de la Macronie au pouvoir.
09:03Bon, je le regrette,
09:04ce n'est pas pour ça que les électrices
09:05et les électeurs ont voté.
09:06Ils ont voté pour qu'on tourne la page
09:08de la politique d'Emmanuel Macron
09:09et j'ai bien l'intention de le mettre en œuvre.
09:11Ce sont des élus béquilles utiles du président de la République ?
09:13Moi, je ne vais pas chercher à polémiquer avec eux.
09:15Je dis juste qu'il faut entendre
09:17que s'il y a eu un vote massif
09:19pour le Nouveau Front Populaire
09:20aux élections législatives,
09:21c'est notamment parce qu'il y avait
09:23une volonté extrêmement forte dans ce pays
09:25de tourner la page de la politique d'Emmanuel Macron.
09:27Et si certains qui ont été élus avec ces voix-là
09:30finalement venaient servir de béquilles,
09:33comme vous le dites, à Emmanuel Macron,
09:35je pense que ce serait une trahison
09:37du vote des électrices et des électeurs.
09:39Monsieur Bonpart,
09:40l'antisémitisme est-il résiduel en France ?
09:42L'antisémitisme n'est pas résiduel en France.
09:44Vous faites référence à un propos
09:46qui a été tenu par Jean-Luc Mélenchon
09:48et qui évoquait les manifestations
09:50pour le cesser le feu à Gaza.
09:52Et il disait, et il a raison sur ce point,
09:54je suis d'accord avec lui,
09:55qu'il n'y avait pas d'antisémitisme
09:56dans ces manifestations.
09:57Et il l'avait évoqué à ce moment-là,
09:59il avait utilisé à ce moment-là
10:01le terme de résiduel.
10:02Maintenant, j'observe qu'il y a eu, par exemple,
10:04la semaine dernière,
10:06cet incendie criminel,
10:08manifestement attentat,
10:09puisque le parquet antiterroriste
10:11a été saisi à la grande motte.
10:12Et je veux vous dire que j'ai ouvert
10:15le discours qui a été le mien
10:17lors de la cérémonie,
10:19lors du meeting de clôture, pardon,
10:21de nos universités d'été dimanche à Valence.
10:24Et effectivement, les premiers mots que j'ai eus,
10:26c'était des mots de compassion, de solidarité
10:28avec nos compatriotes de confession juive.
10:31Et j'ai dit une chose très simple,
10:32à chaque fois qu'une personne en France
10:34sera attaquée, menacée
10:36en raison de sa confession religieuse,
10:38de sa couleur de peau,
10:39il nous trouvera à ses côtés.
10:40Et il nous a toujours trouvé à ses côtés.
10:42Et j'observe que depuis...
10:44Il y a des représentants néanmoins
10:45de la communauté juive
10:46par rapport à ce qui s'est passé.
10:48Vous trouvez ça scandaleux ?
10:49Oui, je trouve ça scandaleux.
10:50D'abord, c'était essentiellement
10:52des représentants politiques.
10:54Et je vais vous dire,
10:55face à des fléaux comme le racisme,
10:57l'antisémitisme,
10:58quand il y a des actes d'une telle gravité,
11:00on fait bloc, on fait front,
11:02on ne cherche pas à créer des divisions artificielles.
11:04Mais vous pouvez comprendre
11:05que parfois, certaines propos
11:06de votre leader, Jean-Luc Mélenchon,
11:09ont pu choquer.
11:10Non.
11:11Y compris, cela fait une petite dizaine d'années
11:13que ce soit à l'égard de Pierre-Maurice Rouvisier,
11:15à l'égard d'Elisabeth Borne,
11:16à l'égard de Yann Choubron-Pivet.
11:18Ne dites pas des choses comme ça,
11:19parce que, franchement,
11:21tout dans le parcours
11:22de Jean-Luc Mélenchon,
11:24tout dans le parcours
11:25de n'importe quel des dirigeants insoumis,
11:27démontre un attachement viscéral
11:29à l'égalité entre les citoyennes et les citoyens
11:31et au refus de toute forme de discrimination,
11:33de violence, d'attaque
11:35en raison de sa confession religieuse
11:37ou de sa couleur de peau.
11:38Par exemple, ce n'est pas correct
11:40de vous citer des noms...
11:42Ce n'est pas correct.
11:43Non, ce n'est pas correct, je vous le dis sincèrement.
11:44Madame Borne, à quel moment
11:45y aurait-il eu quelques propos que ce soit ?
11:47Vous savez pourquoi vous dites ça ?
11:48Parce que Mathilde Panot,
11:49dans une intervention qui a été tenue
11:51à l'Assemblée nationale,
11:52après les élections législatives,
11:54exclusivement ce point-là,
11:56avait dit, Madame Borne,
11:57vous êtes une rescapée du résultat des élections.
11:59Et on avait dit à Mathilde Panot
12:01qu'elle avait utilisé ce terme
12:02en raison de la confession religieuse
12:04de Madame Borne,
12:05ce qui n'était bien évidemment pas le cas.
12:06Vous êtes quelqu'un d'intelligent.
12:07Je pense que vous savez également
12:09et parfois visez des termes.
12:10J'essaye de l'être.
12:11Et si vous l'êtes vous-même...
12:13Je l'espère.
12:14J'espère que vous pouvez l'être aussi.
12:16Mais Jean-Luc Mélenchon
12:17avait par exemple accusé Elisabeth Borne,
12:18fille effectivement d'un rescapé de la Shoah,
12:20de rallier un point de vue étranger
12:22au moment de ce qui s'était passé
12:24le 7 octobre, de ces attentats.
12:25Il y a Elbrun-Pivet,
12:26président de l'Assemblée nationale,
12:27de camper à tel avis.
12:28Mais à quel moment ce terme-là
12:30aurait eu une quelconque...
12:31Enfin, franchement, vous voyez...
12:33Est-ce que vous comprenez
12:34que ça peut heurter
12:35après qu'il y ait eu
12:36une instrumentalisation politique ?
12:37Peut-être.
12:38Mais est-ce que vous pouvez comprendre
12:39que ça peut heurter ?
12:40Si ça heurte des gens,
12:41je leur dis qu'ils sont dans l'erreur,
12:43qu'à aucun moment,
12:44aucun de nos actes,
12:45aucun de nos propos
12:46ont eu une quelconque volonté
12:48d'accepter une discrimination en France
12:50en fonction de sa confession religieuse.
12:52Et c'est même plutôt l'inverse.
12:53Vous savez,
12:54la lutte contre le racisme,
12:55la lutte contre l'antisémitisme,
12:57elle a toujours été
12:58au cœur des engagements de la gauche
13:00et en particulier de la France insoumise.
13:01Et donc, je forme le vœu
13:02qu'on arrête ces formes
13:04de petites opérations politiciennes
13:06sur des drames,
13:07sur des événements
13:08aussi dramatiques
13:09que celui qui a eu lieu samedi.
13:10Encore une fois,
13:11comme je vous le disais tout à l'heure,
13:12en faisant ça,
13:13on donne le point,
13:14en quelque sorte,
13:15à ceux qui essayent de nous fracturer
13:16et de nous diviser.
13:17Il ne faut pas de division artificielle
13:18contre ces fléaux
13:19et notre clarté,
13:20elle a toujours été totale
13:21et elle en restera.
13:22Et cette clarification,
13:23je crois que c'est le terme
13:24à la mode en ce moment
13:25est saine de votre part.
13:27Le conducteur suspecté
13:28d'avoir tué un gendarme
13:29dans les Alpes-Maritimes
13:30lundi soir
13:31lors d'un contrôle routier
13:32compte dix condamnations
13:33à son casier judiciaire
13:34pour des infractions
13:35à la circulation routière
13:36mais aussi des atteintes
13:37aux personnes.
13:38Sylvain Maillard,
13:39qui était à votre place
13:40hier matin,
13:41nous disait
13:42qu'on ne respecte pas suffisamment
13:43les policiers et les gendarmes
13:44en France,
13:45France qui est, selon lui,
13:46face à une crise de l'autorité.
13:48Est-ce que vous partagez
13:49cette analyse ?
13:50D'abord, je veux dire,
13:51bien évidemment,
13:52mes condoléances
13:53à la famille du gendarme
13:55qui a été tuée
13:56après ce refus d'optopérer,
13:58mes condoléances aussi,
13:59bien évidemment,
14:00à l'ensemble de ses collègues.
14:02Un refus d'optopérer,
14:03c'est un délit
14:04et quand on est au volant
14:06et quand on a un gendarme
14:08ou un policier
14:09qui nous demande de s'arrêter,
14:10il faut s'arrêter.
14:11C'est la loi.
14:12Et quand on ne le fait pas,
14:13on doit être poursuivi
14:14et condamné pour cela,
14:15tout simplement.
14:16Et donc, je forme le vœu
14:17que la personne
14:18qui s'est rendue coupable
14:19de ce refus d'optopérer
14:20soit retrouvée,
14:21il l'a été,
14:22et puisse ensuite être condamnée,
14:24que la loi soit appliquée
14:25en France,
14:26tout simplement.
14:27Et sur ce sujet aussi,
14:28je voudrais qu'on fasse preuve
14:30d'un petit peu d'intelligence.
14:31Nous avons dit à plusieurs reprises
14:33qu'il n'était pas normal
14:34de mourir
14:35suite à un refus d'optopérer.
14:36Ça a donné lieu
14:37à un certain nombre
14:38de dénonciations de notre part.
14:39Par exemple,
14:40après le drame,
14:41la mort de ce jeune homme,
14:42Naël,
14:43il y a un an maintenant.
14:44Mais on peut à la fois dire
14:45qu'il n'est pas normal
14:46de mourir suite à un refus
14:47d'optopérer
14:48et à la fois dire
14:49qu'il n'est pas normal
14:50de refuser d'optopérer
14:51et que quand on refuse d'optopérer,
14:52on doit être condamné
14:53pour cela, tout simplement.
14:54Vous voyez,
14:55peut-être qu'après l'été
14:56qu'on a connu,
14:57on va peut-être maintenant
14:58être capables
14:59de faire preuve
15:00d'un petit peu de nuance,
15:01de cesser les caricatures absurdes.
15:02J'ai entendu
15:03que la France Insoumise
15:04était anti-policier
15:05ou anti-gendarme,
15:06ce que nous n'avons jamais dit,
15:07bien évidemment.
15:08Peut-être qu'il y a
15:09une légère inflexion aussi.
15:10On n'a aucun sentiment
15:11de votre part à cet été.
15:12Non, mais je ne crois pas du tout.
15:14Mais en fait,
15:15le problème,
15:16c'est que vous caricaturez
15:17les positions qui sont les nôtres
15:18et ensuite,
15:19quand je les précise,
15:20vous voulez faire croire
15:21que j'ai changé d'avis.
15:22Je n'ai pas changé d'avis.
15:23Je suis tellement anti-policier
15:24que je suis pour en embaucher
15:25des policiers supplémentaires.
15:26Je suis tellement anti-policier
15:27que s'il y avait
15:28un gouvernement
15:29du Nouveau Front Populaire,
15:30nous aurions d'ores et déjà
15:31rétabli des brigades
15:32de police de proximité.
15:33Vous voyez,
15:34pour quelqu'un
15:35qui serait anti-police,
15:36je trouve que là,
15:37il y a une forme
15:38de contradiction.
15:39Donc essayez...
15:40Je n'ai jamais dit ça.
15:41Mais je ne vous fais pas
15:42de reproches à vous,
15:43mais je voudrais juste
15:44que dans le débat public,
15:45on essaye d'accepter
15:46que les choses,
15:48qu'on peut essayer
15:49de faire preuve parfois
15:50de nuances,
15:51qu'on peut dire à la fois
15:52que ce n'est pas normal
15:53de mourir après un refus
15:54d'obtempérer
15:55parce que ce ne sont pas
15:56les peines qui sont prévues
15:57dans le code pénal
15:58et en même temps de dire
15:59que quand un policier meurt
16:00suite à un refus d'obtempérer,
16:01c'est un drame.
16:02Quand un gendarme meurt
16:03suite à un refus d'obtempérer,
16:04c'est un drame
16:05qui doit avoir notre soutien,
16:06nos condoléances,
16:07comme je l'ai fait
16:08et que bien évidemment,
16:09la personne qui s'en est rendue
16:10responsable doit être condamnée
16:11pour cela.
16:12Ça me paraît simple.
16:13Merci beaucoup,
16:14merci Florian Tardif,
16:15merci Manuel Bompard,
16:16le coordonnateur
16:17de la France Insoumise,
16:18invité d'Europe 1.

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