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Jeudi 5 septembre 2024, SMART IMPACT reçoit Ludovic Chevenement (Président, AlphaGreen) , Ciprian Ionescu (Responsable du capital naturel, WWF France) , Jean-François Coppenolle (Directeur des investissements climat et RSE, Abeille Assurances) et Elisabeth Cassagnes (Responsable gestion des fonds et gestion transversales, Caisse des dépôts)

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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous, je suis très heureux de vous retrouver pour
00:12une nouvelle saison de Smart Impact sur Be Smart For Change, c'est le nouveau nom de
00:18notre chaîne.
00:19Dans cette émission, vous le savez, je reçois tous les jours celles et ceux qui font de
00:23la transformation environnementale et sociétale un axe fort de leur stratégie.
00:28C'est une révolution que notre économie est en train de vivre, on l'accompagne sur
00:32Be Smart For Change.
00:34Alors, dans ce Smart Impact, mon invité, c'est Cyprien Ionescu qui est responsable
00:38du capital naturel chez WWF, l'ONG, l'un des membres fondateurs de l'initiative SBTN
00:44pour Science-Based Targets for Nature, méthode et des plans d'action pour les entreprises
00:49basées sur la science pour respecter les limites planétaires, on fera l'obligant de
00:53son efficacité.
00:54Dans notre débat, on verra comment dix grands investisseurs institutionnels français s'unissent
00:58pour préserver la biodiversité.
01:01L'objectif, c'est de financer les entreprises qui agissent pour protéger et restaurer cette
01:05biodiversité.
01:06Et puis, dans notre rubrique Smart ID, je vous présenterai Alpha Green et son procédé
01:10de nettoyage des moteurs qui permet de faire baisser à la fois leur consommation et leur
01:15pollution.
01:16Voilà pour les titres, c'est parti, c'est Smart Impact !
01:25L'invité de Smart Impact, c'est Cyprien Ionescu, bonjour.
01:28Bonjour Thomas-Luc.
01:29Bienvenue, vous êtes le responsable du capital naturel au WWF, WWF ONG, membre fondateur
01:36de l'initiative SBTN pour Science-Based Targets for Nature.
01:40On va déjà rappeler les principes, c'est une méthode, une méthodologie, ça existe
01:45depuis quand, pourquoi elle a été créée ?
01:46Oui, alors SBTN, c'est une méthodologie qui a été créée en 2018, dont le WWF est
01:53membre fondateur, comme vous l'avez rappelé, et auxquelles se sont greffées une cinquantaine
01:57d'autres organisations, toutes les grandes ONG internationales de conservation, également
02:02des institutions internationales, des universités, beaucoup d'universités et des associations
02:08professionnelles, pour développer, donc c'est des experts qui se réunissent régulièrement
02:12en groupe de travail, pour proposer, pour créer des méthodologies, des guides méthodologiques
02:16pour être précis, pour accompagner les entreprises dans la fixation et l'atteinte d'objectifs
02:22de bon état écologique pour la nature.
02:24Basé sur la science, c'est ça qui est important, il y a beaucoup de chefs d'entreprise, de
02:28cadres qui nous écoutent, qui souvent veulent prendre des décisions, transformer éventuellement
02:33le modèle de leur entreprise, les rendre plus verteuses, mais ils se disent, est-ce
02:36que je prends vraiment le bon chemin ? C'est en ça que vous pouvez les aider ?
02:40C'est exactement l'objectif de l'initiative, c'est la raison pour laquelle aussi le WWF
02:45s'est autant mobilisé sur cette initiative, c'est qu'on est vraiment aux antipodes
02:49des démarches de greenwashing.
02:50L'idée c'est vraiment de s'interroger sur ce qu'est la durabilité, du point de vue
02:54environnemental, du point de vue scientifique, et de la mettre en application dans l'entreprise.
02:58C'est un changement de paradigme qui est extrêmement important pour l'entreprise,
03:03pour le monde économique de manière générale, parce qu'il va permettre, in fine, si ces
03:08méthodologies sont appliquées globalement, de maintenir un bon état écologique des
03:12écosystèmes, faire en sorte qu'ils soient fonctionnels, résilients, et qu'ils puissent
03:15délivrer pour le monde économique toute la diversité de services écologiques que
03:20la nature rend à l'économie.
03:21On a beaucoup parlé de cette émission, elle existe depuis 4 saisons, on a d'abord beaucoup
03:27parlé de climat, de carbone, etc. et depuis un an, un an et demi, un peu plus de biodiversité.
03:31Est-ce que, dès le départ, la dimension biodiversité est naturellement présente
03:39dans SBTN ?
03:41L'initiative originelle, c'est SBTI pour le climat, Science Based Targets Initiative,
03:46qui est née au moment de la COP21 sur le climat à Paris, et qui permettait aux entreprises
03:55de développer des objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre,
03:58alignés sur l'accord de Paris justement.
04:00Et ça a été à la suite de cette initiative, qui a été un vrai succès, qui a commencé
04:05par quelques dizaines, centaines d'entreprises, et maintenant qui touche plus de 5000 grandes
04:09entreprises OTI, que l'organisme qui est derrière SBTI s'est penché sur la question
04:16de la nature, et donc a développé en 2017-2018 le programme SBTI for Nature, avec des méthodologies
04:22adaptées aux écosystèmes terrestres, aquatiques, marins.
04:26Donc là, on parle vraiment de préservation de la biodiversité.
04:28Il y a combien d'entreprises qui sont engagées aujourd'hui ? Est-ce que vous connaissez
04:31le chiffre ? Est-ce qu'il y a une croissance importante du nombre d'entreprises en France,
04:35mais peut-être, soyons plus ambitieux, dans le monde qui s'engagent ?
04:38Oui, alors, je vous ai dit, l'initiative naît en 2018, en 2020 sort le premier guide
04:43méthodologique sur les étapes préliminaires, on va dire, de la méthodologie, et à ce
04:47moment-là, l'ESBTN lance un appel à engagement de la part des entreprises, dans lequel 250
04:53entreprises se sont engagées, donc sont rentrées dans le processus pour mettre en oeuvre ces
04:58premières étapes qui consistent en gros à mesurer leurs impacts sur la nature et
05:01à définir leurs priorités pour la nature.
05:03Donc, 250 entreprises en 2020, et là, ce qui s'est passé, donc une date importante
05:07de l'initiative, c'est 2023, date à laquelle la V1 un peu globale de l'ESBTN est sortie,
05:14ça veut dire les étapes de la mesure des impacts à la fixation des objectifs pour
05:18la nature.
05:19Et à la sortie de ces initiatives, donc dans la foulée de ces guides méthodologiques
05:23et de cette V1 qui est sortie en 2023, s'est constitué un groupe pilote de 17 entreprises
05:28officielles, officiellement sélectionnées par l'ESBTN, pour tester, expérimenter
05:34cette V1, pour savoir s'il est réellement opérationnel, s'il est adapté aux besoins
05:38des entreprises.
05:39Avant de la proposer à fond.
05:40Exactement, avant de la proposer.
05:41Parmi ces 17, Cocorico, il y a 6 françaises, ça veut dire plus d'un tiers, donc la France
05:46est vraiment en leadership internationale sur ce sujet.
05:48Et parmi ces 6, nous, on a accompagné 4 entreprises françaises dans la définition de ses objectifs
05:56et dans leur challenging.
05:57On peut les citer ?
05:58On peut les citer, oui bien sûr, c'est 4 partenaires du WWF France, donc on a Carrefour,
06:03Alpro, Bell, et puis des maisons du groupe LVMH qui sont Moetensie et Christian Dupont.
06:09Je pense à Bell parce qu'on est dans l'agriculture, l'agroalimentaire, est-ce que c'est le secteur
06:15qui spontanément fait le plus ou devrait faire le plus appel à la méthodologie ESBTN ?
06:21Oui, c'est un secteur qui est absolument capital pour la nature, c'est à la fois le secteur
06:25qui est le plus impactant pour la nature, qui occasionne notamment le plus de changements
06:29d'occupation des sols, énormément de pollution également, qui sont les 2 grandes pressions
06:36qui pèsent sur la biodiversité.
06:37Et puis c'est aussi un secteur qui est extrêmement dépendant de la nature en termes de services
06:41rendus par la nature, en termes de pollinisation, en termes d'épuration de l'eau, en termes
06:46de protection contre les ravageurs, protection contre les catastrophes naturelles, donc c'est
06:51effectivement le secteur, et c'est aussi d'ailleurs pour ça que les entreprises de l'agroalimentaire
06:55ont été parmi les premières à s'engager dans l'initiative et on va dire de manière
06:59plus générale tous les secteurs qui sont en lien direct avec l'agriculture, donc l'agroalimentaire
07:04évidemment mais aussi les cosmétiques.
07:06Je ne sais pas si on peut déjà faire un premier bilan ou si c'est trop tôt, mais si on prend
07:09l'exemple du groupe Bell, qu'est-ce qui a changé d'après vous ?
07:13On peut prendre l'exemple du groupe Bell, on peut prendre l'exemple du groupe Alpro,
07:18on pourrait prendre l'exemple du groupe Carrefour, si on prend celui d'Alpro par exemple qui
07:22est une filiale de Danone qui est focalisée sur les produits végétaux, donc les laits
07:28végétaux, etc., enfin les produits laitiers végétaux, eh bien ça leur a permis déjà
07:33d'identifier, de prioriser leurs impacts, quelles étaient les commodités, les matières
07:37premières les plus importantes pour la nature et les zones de production les plus importantes.
07:40Ça, ça a été une première étape, contrairement au climat.
07:44Ça permet de se dire voilà les leviers peut-être les plus efficaces pour agir, c'est ce que
07:47je crois comprendre.
07:49Les zones prioritaires à aborder, contrairement au climat où on va chercher d'abord les
07:54leviers d'efficacité premiers, pour la biodiversité étant donné que c'est une problématique
07:59locale, il faut s'interroger sur les zones prioritaires du point de vue de la nature.
08:03Ça veut dire en gros là où les impacts sont les plus prégnants et là où les milieux
08:07sont les plus sensibles.
08:08Et c'est en ça que la méthodologie est vraiment intéressante, c'est qu'elle permet de documenter
08:12et de quantifier ces impacts pour prioriser.
08:14Ça, ça a été le premier bénéfice.
08:16Un deuxième bénéfice extrêmement important pour Alpro par exemple, ça a été de crédibiliser
08:21leur démarche.
08:22Ça leur a permis de se demander si les objectifs, si les politiques qui étaient mises en œuvre
08:26par l'entreprise étaient suffisantes du point de vue du bon état écologique.
08:30Et pour ça, donc crédibiliser leur démarche et pour ça, s'intéresser aux problématiques
08:35locales.
08:36Donc travailler avec les fournisseurs, travailler avec les agences de l'eau par exemple, donc
08:39travailler avec leurs parties prenantes à un niveau local et les engager.
08:42Ça aussi, c'est un bénéfice extrêmement important pour l'entreprise.
08:45Est-ce que ça suppose forcément des investissements, un changement de modèle parfois et donc finalement
08:51un retour sur investissement qui sera un peu long ?
08:53C'est une excellente question.
08:56Aujourd'hui, on en est dans la phase où on fixe les objectifs.
08:59Le développement des méthodologies, on est à cette étape-là.
09:01L'étape suivante et d'ailleurs qu'on commence déjà à aborder avec nos partenaires et que
09:06je pense beaucoup d'entreprises engagées dans SBTN commencent à aborder, c'est celle
09:10de la conception des plans d'action pour atteindre les objectifs.
09:13C'est évidemment l'étape suivante.
09:15Et là, effectivement, ça peut demander des investissements relativement importants.
09:19Le sujet de la nature, c'est un sujet qui est important, qui suppose une certaine forme
09:24de complexité et qui va pour certaines entreprises.
09:27On ne peut pas faire de généralité parce que ça dépend évidemment des modèles économiques.
09:31Mais pour les modèles économiques, on va dire les plus conventionnels, les plus impactants,
09:34ça peut supposer effectivement des investissements relativement importants avec un retour quand
09:40même qui peut se faire à relativement court terme parce qu'il y a des bénéfices qui
09:43peuvent être tirés en termes d'images, en termes même de résilience finalement des
09:46écosystèmes.
09:47Beaucoup d'entreprises engagées dans SBTN ont déjà remarqué des formes de disruption
09:52de leur chaîne d'approvisionnement à cause des épisodes de sécheresse, etc.
09:55Donc, ça va leur permettre aussi de mieux résister à ces épisodes liés au changement
10:00climatique.
10:01Il y a un grand événement SBTN qui est organisé le 19 septembre prochain, je crois que c'est
10:07à Bruxelles, Biodiversity Forum.
10:08Qu'est-ce qui va se passer ?
10:09Oui, alors c'est un événement organisé par le réseau WWF, européen, donc on organise
10:15ça avec nos collègues de différents bureaux.
10:17Ce qui va s'y passer, c'est un événement qui est quand même assez focalisé sur cette
10:22question des targets, des objectifs pour la nature.
10:25Donc, on va parler de la CSRD et de la dimension nature de la CSRD.
10:29Une nouvelle réglementation qui change finalement presque la comptabilité, enfin qui a cette
10:36ambition de changer la comptabilité des entreprises en intégrant justement ces objectifs.
10:39Le reporting de durabilité qui concerne la nature, dont une dimension importante, et
10:43la nature dont je sais que vous avez parlé à plusieurs reprises sur votre plateau.
10:46C'est vraiment une excellente chose parce que la CSRD demande aux entreprises si elles
10:51ont des objectifs, si ces objectifs sont alignés sur la science, si elles ont des plans de
10:55transition alignés sur la science.
10:56Donc, l'idée c'est vraiment de parler de la CSRD, de ce qui est important dans la CSRD
11:01et de savoir en quoi est-ce que SBTN permet de répondre à la CSRD.
11:05Juste un petit teaser, on va sortir une publication également à l'occasion de cet événement.
11:11Une publication focalisée sur SBTN et focalisée sur les retours d'expérience des entreprises
11:16engagées dans SBTN.
11:17C'est vraiment des témoignages d'entreprises expliquant comment fonctionne la méthode,
11:21ce que ça leur a permis de faire, les résultats, également les difficultés, comment elles
11:24ont réussi à les surmonter et également qui fait le bilan justement de cette relation
11:30entre CSRD et SBTN.
11:31En gros, on arrive à la conclusion qu'environ 70% des demandes de la CSRD qui touchent la
11:37biodiversité peuvent être répondues, peuvent être renseignées grâce à la mise en application
11:42de SBTN.
11:43J'en suis sûr, j'ai cité des évocations.
11:47Merci beaucoup.
11:48On invite tous vos téléspectateurs à venir nous rejoindre le 19 septembre à Bruxelles.
11:51Merci beaucoup Cyprien Unescu, à bientôt sur Bismarck.
11:54On continue de parler justement de biodiversité dans cette émission, le débat des investisseurs
12:01institutionnels qui s'allient pour valoriser, protéger la biodiversité.
12:05Le débat de Smart Impact, je vous présente tout de suite mes invités, Élisabeth Cassagne,
12:17bonjour, bienvenue.
12:18Vous êtes responsable gestion des fonds et gestion transversale à la Caisse des dépôts
12:22et François Copénole, bonjour et bienvenue.
12:25Bonjour.
12:26Vous êtes le directeur des investissements climat et RSE chez Abeille Assurance et vous
12:29faites partie des dix investisseurs institutionnels qui se sont réunis au printemps dernier pour
12:36valoriser la biodiversité dans les portefeuilles de placements financiers.
12:40On va les voir s'afficher sur notre écran.
12:42Quel est votre objectif ? C'était quoi l'objectif, Élisabeth Cassagne, en vous réunissant comme
12:47ça ?
12:48Eh bien, les initiatives de place, c'est un moteur important de la Caisse des dépôts
12:53et la Caisse des dépôts et les acteurs financiers et l'ensemble de la finance, comme vous venez
12:58de le dire, se mobilisent autour des grands sujets écologiques que sont le climat et
13:03la biodiversité.
13:04Ça a été facile de convaincre les entreprises qui vous accompagnent ? Il y a beaucoup de
13:11candidats en quelque sorte ?
13:13Il y a beaucoup de candidats.
13:14En fait, on a surtout la chance d'avoir réussi à mobiliser nos partenaires investisseurs,
13:22principalement assureurs, mais pas qu'eux, autour de nous dans ces initiatives de place
13:27dès le démarrage des fonds climat en 2019-2020, juste avant le Covid.
13:33Et en fait, c'est vrai que cette initiative climat qui a très bien fonctionné et qui
13:38perdure, a créé un groupe d'investisseurs qui ont envie de travailler ensemble et qui
13:44poursuivent des objectifs, s'ils ne sont pas totalement les mêmes, en tout cas arrivent
13:51à être rassemblés dans une initiative commune.
13:54Justement, François Copéna, en quoi ces dix acteurs sont complémentaires ? Et peut-être
14:00pour aller plus loin, quelle force vous représentez en quelque sorte ?
14:05Je pense que ce qui nous a surpris au début de cette initiative, lorsqu'on y a réfléchi
14:09avec Elisabeth et deux autres investisseurs nationaux, c'est qu'il y a eu une mobilisation
14:13assez forte de l'ensemble de l'écosystème financier de la place de Paris, puisque nous
14:19avons assez rapidement reçu le support de France Assureur, de l'Association française
14:26des investisseurs nationaux et également de l'Institut de la finance durable.
14:31L'écosystème s'est mis en branle d'une certaine manière et nous sommes coalisés
14:36pour définir ce que pourrait être un fonds modèle pour le financement de la biodiversité.
14:42Parce qu'en fait, le problème avec la biodiversité, c'est que contrairement au climat sur lequel
14:48on se penche depuis de nombreuses années, il y a quand même un manque de méthodologie,
14:52un manque de rigueur dans l'approche, une absence peut-être de véhicules d'investissement
14:56dans lesquels nous, investisseurs nationaux, pouvons investir, donc cette complémentarité
15:03en fait, elle est née de l'intérêt même de ce sujet.
15:08Et comme Elisabeth l'a souligné, nous sommes assureurs, fonds de pension, la caisse des
15:14dépôts et tous ensemble on a la même préoccupation, c'est-à-dire de financer les entreprises
15:21qui pourront apporter des solutions face à cette crise de la biodiversité parce que
15:26cela représente une opportunité d'investissement pour nous, mais également c'est un risque
15:31financier très important.
15:32Évidemment.
15:33On parlait dans cette émission de la méthodologie SBTN, Science Based Targets for Nature, est-ce
15:39que vous vous en inspirez Elisabeth Cassagne ? Vous avez un comité scientifique pour accompagner
15:44les entreprises.
15:45Pourquoi c'est crucial, essentiel ?
15:48Alors, évidemment le SBTN est un écho du SBTI qui est bien connu pour la partie carbone
15:56et climat et donc effectivement on va poursuivre les objectifs SBTN qui sont en train d'être
16:02construits.
16:03Tout ça va se développer et va être présenté progressivement et c'est bien le but de l'initiative,
16:09c'est d'accompagner les développements et comme le disait Jean-François, les produits
16:15n'existent pas sur étagère et bien on fabrique le produit dont on a besoin et envie
16:19pour justement soutenir toutes ces initiatives et tous ces objectifs et cranter les progrès
16:25dans le temps.
16:26C'est une préoccupation des entreprises que vous allez financer, c'est-à-dire avoir
16:32une base solide avant de se lancer dans des investissements en faveur de la biodiversité
16:37?
16:38Le fonds va viser deux types d'entreprises, donc les entreprises qui apportent des solutions
16:47aux problèmes de la biodiversité, donc en particulier ce qu'on appelle les SMICAP,
16:51donc les entreprises avec des petites et moyennes capitalisations, donc ça représentera la
16:56majorité des investissements du fonds mais nous allons également venir financer les
17:01entreprises en transition et là on va viser des plus grosses capitalisations et on va
17:06les inciter à travers une démarche d'engagement à adopter la méthodologie SBTN qui à l'heure
17:12actuelle de mémoire n'est utilisée que par vraiment très peu d'entreprises.
17:16Oui, on l'a expliqué dans l'émission, c'est un processus qui est en cours, qui
17:21est forcément compliqué mais qui peut être un accélérateur majeur.
17:26Pour bien comprendre, vous travaillez avec des sociétés de gestion, comment ça va
17:32se passer ? Quel sera leur rôle ?
17:34On a fait vraiment une consultation transversale de ces investisseurs, on a réuni l'intégralité
17:41de nos attentes et de nos besoins pour rédiger un cahier des charges et donc c'est une
17:47espèce d'appel d'offres inversée, on s'est d'abord coalisé, on a écrit notre
17:53offre et puis maintenant on cherche la société de gestion qui va pouvoir mettre en place
18:00ce cahier des charges.
18:01Donc on est en cours et les résultats ne sont toujours pas connus.
18:06Les objectifs sont communs et on cherche à pousser l'ambition de cette attente en
18:16biodiversité au-delà de l'existant.
18:18C'est vraiment parce que le produit n'existait pas en tant que tel sur étagère et que les
18:23sociétés de gestion ont travaillé avec des experts pour boucler sur votre précédente
18:28question et que nous-mêmes avons constitué un comité d'experts qui va venir nous aider
18:33à regarder ces méthodologies et les progrès de ces méthodologies, donc SBTN mais pas
18:38seulement.
18:39Et de regarder ce qui se fait aussi à travers le monde, quels sont les progrès, ce que
18:45disent la science, la recherche, comment tout ça évolue et par quels angles on peut aborder
18:51la biodiversité et pas seulement sur quelques métriques existantes aujourd'hui.
18:54On a cherché des chiffres sur la finance solidaire, chiffre de 2023, 1600 projets
18:59à impact social ou environnemental soutenus, plus 15% de progression des encours.
19:05Est-ce que vous vous situez dans cette logique-là et à quel point votre action peut booster
19:12ce qu'on appelle la finance solidaire ?
19:13Je pense que l'ensemble des acteurs qui sont mobilisés autour de cette initiative sont
19:18clairement engagés en faveur de la durabilité, en faveur de l'intégration des critères
19:22ESG dans la gestion.
19:23Et notre initiative vise à, de certaine manière, mobiliser l'ensemble des parties prenantes,
19:30développer une méthodologie en faveur de la biodiversité qui va venir s'ancrer dans
19:35la meilleure connaissance scientifique possible, afin justement d'éviter ces écueils de greenwashing,
19:42c'est-à-dire une approche qui soit bien définie, bien mise en place et on aura le comité scientifique
19:47qui va venir valider et enterner cette approche.
19:51Ensuite, l'idée c'est qu'on puisse placer la place de Paris à l'avant-garde du développement
19:57de solutions en faveur de la biodiversité, afin d'émuler en France pour que les sociétés
20:02de gestion mettent en place des méthodologies qui soient à minima aussi développées que
20:06celles que nous avons pour ambition de mettre en place, et émuler également à l'étranger
20:10puisque nous avons été contactés par des sociétés d'investissement d'autres pays
20:15pour participer à la consultation, mais également des investisseurs institutionnels
20:21étrangers qui aimeraient mettre en place des initiatives comparables.
20:24Est-ce qu'on peut, peut-être que ma question est à côté de la plaque, mais est-ce qu'on
20:27peut évaluer ce que vous allez mobiliser comme moyen ?
20:31Alors, comme moyen au départ ça va être modeste, mais pour rebondir sur l'émulation,
20:39on l'a vu sur le climat, l'effet d'entraînement a été massif puisque le fait d'avoir
20:45lancé les initiatives climat en 2020 sur des trajectoires de réduction climat qui
20:51étaient quand même assez abscons au départ, ont permis à un marché climat de se développer
20:57depuis 2020 et d'atteindre des encours tout à fait substantiels.
21:01Donc oui, l'effet d'entraînement, on ne le fait pas pour ça, là, tout de suite,
21:06mais on sait que ça aura cet impact-là.
21:09Au niveau de la finance sociale, ça je ne sais pas, on n'a pas vraiment d'ambition
21:15en termes de chiffres.
21:16Là, pour l'instant, on le fait en entraînant les investisseurs institutionnels, les assureurs,
21:23que ça fasse des émules après sur le marché des ETF, sur les marchés des fonds, et que
21:28effectivement ça entraîne et ça embarque, comme on dit en très mauvais français, un
21:34maximum de gens.
21:35– Si vous le faites, c'est que vous êtes convaincu que c'est un atout concurrentiel
21:40pour la place de Paris, mais est-ce qu'il y a certains de vos interlocuteurs qui vous
21:43disent, oui, vous êtes bien gentil, mais on est les seuls en Europe à se mettre ces
21:48objectifs-là, ces espèces de boulets supplémentaires ? Ce discours-là, moi je l'entends parfois
21:53sur cette émission, et puis vous, j'imagine que vous devez l'entendre aussi.
21:56– Alors, je ne pense pas que ce soit un boulet, parce que d'une certaine manière, l'argumentation
22:00française nous impose d'aligner nos investissements aux trajectoires de préservation, de restauration
22:05de la biodiversité.
22:06C'est également le cas de la CSRD, qui a vocation à s'appliquer au niveau de l'Union
22:12Européenne.
22:13– Mais l'Europe, elle est plutôt mieux disante aujourd'hui.
22:14– Oui, c'est ça.
22:15– Alors, on peut considérer, moi je considère que c'est un atout concurrentiel, mais il
22:19y a certains chefs d'entreprise qui disent, pour l'instant c'est surtout un frein.
22:22– Alors, un frein peut-être, à court terme, je ne sais pas, parce que ça va avoir un
22:27coût, effectivement, de se préoccuper de la biodiversité, à long terme, je ne pense
22:29pas, puisqu'on a affaire à une véritable crise de la biodiversité, déforestation,
22:34pollution des eaux, enfin, il y a des problèmes qui se posent, qui sont manifestes et qui
22:40vont avoir un impact très important sur la croissance économique dans le futur.
22:44Il y a de nombreux rapports qui ont été émis, la Banque de France nous a indiqué,
22:48il y a de cela un an, qu'ils allaient probablement, dans le futur, mettre en place des stress
22:52tests biodiversité, à l'instar de ce qui est fait sur le climat, donc c'est un sujet
22:56sur lequel nous devons travailler, travailler de manière collégiale, car c'est un sujet
23:01complexe, beaucoup plus complexe que le climat, puisque c'est vraiment multidimensionnel,
23:06en termes de localisation, en termes de métrique, en termes de possibles investissements, donc
23:10c'est pour ça qu'il nous paraît très opportun de nous mobiliser, de travailler
23:14ensemble, d'utiliser cette intelligence collective pour essayer de développer la
23:20méthodologie la plus à même de financer la biodiversité, également aider les entreprises
23:25que nous finançons à bien sûr être rentables, mais également à se préoccuper de ces externalités
23:31négatives.
23:32Merci beaucoup, merci à tous les deux et à bientôt sur Bsmart4Change, on passe à
23:36notre rubrique Start-up tout de suite.
23:45Smart Ideas, c'est notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables, j'accueille
23:50Ludovic Chevènement, bonjour, bienvenue, vous êtes le patron d'Alpha Green, entreprise
23:54créée en 2020 avec quelle idée, racontez-nous ?
23:56Eh bien l'idée d'être acteur de la transition énergétique, donc j'étais issu du domaine
24:03de la motorisation dans l'automobile et puis j'ai décidé de développer une technologie
24:08qui permet de prolonger la durée de vie des moteurs thermiques tout en réduisant leurs
24:13émissions polluantes, donc que ce soit des émissions de gaz à effet de serre mais également
24:17toutes les émissions nocives à la santé, et prévenir du risque de panne, ceci sans
24:23modifier le moteur, sans aucun produit chimique, uniquement à partir d'hydrogène qu'on produit
24:29à partir d'eau déminéralisée, donc ce sont nos techniciens qui se déplacent sur
24:34site, donc on le produit à partir d'eau déminéralisée sur place, sur site, on utilise
24:38cet hydrogène pour venir dépolluer les moteurs thermiques.
24:41Donc c'est une technologie que vous avez brevetée, comment ça marche ? Parce que ça
24:44semble un peu miraculeux quand je vous entends.
24:47Exactement, elle est brevetée, bien évidemment, une partie est brevetée dans 68 pays, nous
24:52avons de grandes ambitions pour ce projet-là, comment est-ce que ça marche ?
24:59Pour nettoyer les moteurs en quelque sorte, c'est ça.
25:02Je vais prendre un exemple qui va parler à tout le monde, que se passe-t-il si vous ne
25:07détarterez pas votre cafetière régulièrement ? Eh bien en fait, votre café sera moins
25:12bon, il y en aura moins dans la tasse et vous allez finir par devoir la remplacer puisqu'elle
25:17dysfonctionne.
25:18Et en racheter une, et puis le cycle va perdurer, et c'est exactement ce qui se passe avec
25:23la motorisation avant que j'aie développé, avant qu'on ait développé cette technologie.
25:29Et donc ça vaut pour tous les moteurs thermiques ou votre marché c'est plutôt, on va dire,
25:36le marché des poids lourds ou des autocars, autobus, etc.
25:40Exactement, ça marche pour toute la motorisation thermique, du véhicule léger jusqu'aux
25:44ferroviaires actuellement.
25:45Développer la technologie, c'est vraiment tout le marché de la motorisation thermique.
25:49Notre cible, on travaille principalement nous sur la grosse motorisation industrielle, donc
25:53principalement deux secteurs économiques qui sont clés pour nous, le transport, elle
25:59monte du BTP, qui ont des très grosses motorisations, dont le cœur de leur métier c'est d'utiliser
26:05justement ces engins et dont la transition énergétique est compliquée.
26:10Avec quelle efficacité, quel impact par exemple si on prend la consommation d'un poids lourd
26:15vous faites faire combien d'économies ?
26:17Je vais prendre l'exemple d'un client, on a traité un peu plus de 200 moteurs chez
26:22ce client-là.
26:23Les constats, nous tout est mesuré, donc on a réduit d'un peu plus de 1000 tonnes
26:27les émissions de CO2, on a réduit de 56% les émissions nocives à la santé.
26:32Et pour ce qui est de la consommation de carburant, on a eu un constat sur les moteurs traités,
26:38bien évidemment, pas sur toute la flotte, mais un constat de 12,6%.
26:41Vous vous rendez compte ?
26:43Au prix du carburant, ça fait une belle économie.
26:45Exactement, au vu du contexte économique actuel qui est assez tendu, du prix du carburant,
26:51les économies sont absolument énormes.
26:52De plus qu'avec un entretien régulier, on prolonge la vie du véhicule, on prolonge
26:57la vie du moteur, donc les investissements sont repoussés, les économies pour les entreprises
27:01sont énormes.
27:02Vous venez d'annoncer un partenariat avec Certinergie et Solutions qui est une filiale
27:05du groupe ENGIE, de quoi s'agit-il ?
27:07Exactement, il s'agit d'un partenariat gagnant-gagnant visant à valoriser l'économie d'énergie
27:16qu'on génère chez nos clients, à la valoriser via les certificats d'économie d'énergie,
27:19les fameux C2E.
27:20Pour nous, on est très fiers de ce partenariat puisque ça vient apporter une reconnaissance
27:26sur la qualité, le sérieux de notre offre, de notre technologie.
27:30Et puis, par rapport à nos clients, ils vont pouvoir valoriser, en plus d'avoir une
27:37réduction de la pollution, ils vont pouvoir revendre cette économie d'énergie à ENGIE,
27:46à Certinergie qui est la filiale d'ENGIE.
27:49Et puis, ça atteste aussi qu'ENGIE se positionne comme à envie d'être acteur de la transition
27:54énergétique en trouvant des solutions nouvelles comme la nôtre et en les mettant en avant,
27:58en les portant justement, puisque du coup, il y a une force commerciale qui est très
28:03forte vis-à-vis de ces C2E.
28:05Vous avez des concurrents, technologie brevetée, vous nous l'avez dit.
28:08Est-ce que vous avez des concurrents ?
28:09Alors, le déclaminage moteur existe depuis quelques années, exactement.
28:13Je suis parti de cette technologie-là étant expert en motorisation et je l'ai tout amélioré.
28:18Notamment, le brevet couvre la connectivité entre la technologie et la motorisation.
28:23On se connecte sur l'électronique du moteur pour voir tout ce qui se passe en temps réel,
28:28pour pouvoir faire un diagnostic précis, cibler précisément où est la suie, l'accumulation
28:34de suie et pouvoir amener les conditions à tel endroit pour que l'hydrogène dissolve
28:38la suie.
28:39Et comme ça, nos techniciens, ils ont trois mois de formation pour ce nouveau métier,
28:43se déplacent, font les interventions et suivent l'évolution des paramètres en temps réel.
28:49Donc, nos résultats sont garantis par définition.
28:51Merci beaucoup Ludovic Chevènement et bon vent à Alpha Green.
28:54Voilà, c'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
28:56Merci à toutes et à tous de votre fidélité à Be Smart For Change.
29:00C'est notre nouveau nom.
29:04Be Smart For Change

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