Mercredi 20 novembre 2024, SMART BOURSE reçoit Pierre-Yves Dugua (Correspondant américain) , Xavier de Buhren (Directeur des investissements, Otea Capital) , Nicolas Leprince (Gérant Multi Asset & Overlay, Edmond de Rothschild AM) et François Cabau (Économiste Eurozone, AXA IM)
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00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne sur Bsmart4Change pour rester
00:12à l'écoute des marchés chaque jour du lundi au vendredi à 17h si vous nous suivez en
00:15direct à la télévision via vos box, émission que vous retrouvez bien sûr chaque soir dans
00:20la foulée en replay sur bsmart.fr ou encore en podcast sur l'ensemble de vos plateformes
00:25préférées.
00:26La première de cette édition ce soir, la suite des nominations du cabinet de Donald
00:31Trump avec un nom très attendu qui dirigera le trésor américain.
00:36Deux hommes vont passer un grand entretien aujourd'hui face à Donald Trump.
00:41Il s'agit de Kevin Walsh, ancien gouverneur de la réserve fédérale américaine et un
00:47profil différent qui est celui de Mark Rowan, qui est un des cofondateurs d'Apollo Global
01:02Management, une des principales firmes de private equity dans le monde.
01:05Donc un profil d'économiste, un profil de financier, deux hommes qui j'allais dire correspondent
01:13bien plutôt à la logique de Wall Street aujourd'hui.
01:16On verra si le choix se fait déjà parmi ces deux personnalités et si le choix peut
01:21être annoncé rapidement.
01:23On a vu Trump nommer assez facilement tout un nombre de secrétaires, que ce soit le
01:27secrétaire d'État, le secrétaire de la Défense, etc.
01:30Le choix du trésor semble mériter un peu plus d'attention et évidemment en arrière-plan
01:35il y a la question fiscale budgétaire d'un nouveau mandat de Donald Trump après un mandat
01:40Biden qui aura été déjà particulièrement dépensier sur le plan budgétaire américain.
01:46Des discussions à suivre sur ce sujet avec nos invités dans un instant, en attendant
01:50évidemment le grand rendez-vous de ce soir qui pourrait être un marqueur de tendance
01:54important pour les prochaines heures, les prochains jours, voire les prochaines semaines.
01:58On parle bien sûr des résultats de Nvidia.
02:00Nvidia qui a déjà vu son cours de bourse s'envoler ne serait-ce que de 5% sur la seule
02:04séance d'hier et qui est proche de ses sommets historiques dans l'attente de cette publication
02:10après la clôture américaine ce soir et nous continuerons de parler des Etats-Unis
02:16dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse avec notre quart d'heure américain un peu
02:20décalé cette semaine, nous retrouverons ce soir Pierre-Yves Dugas, notre correspondant
02:24américain à partir de 17h45 pour faire le point justement sur les dernières annonces
02:29de nomination notamment pour le futur cabinet et l'administration de Donald Trump qui
02:36s'installera à partir de janvier prochain.
02:40Tendance mon ami, chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur
02:52les marchés avec Pauline Grattel.
02:53Bonsoir Pauline.
02:54Bonsoir.
02:55Bon, séance assez neutre en termes de tendance, plutôt calme effectivement aujourd'hui.
02:58Oui, en l'absence d'événements majeurs avant ce soir, les bourses européennes reculent.
03:03Le CAC 40 qui était en légère hausse ce matin repart finalement en légère baisse,
03:07toujours autour des 7200 points et ce soir évidemment les investisseurs attendent la
03:11publication trimestrielle de NVIDIA, le marché table sur des ventes à hauteur de 33 milliards
03:17de dollars au troisième trimestre.
03:19Bon, au-delà des indices actions en Europe qui ne font pas grand chose, que dire des
03:23autres marchés, à commencer par le marché obligataire Pauline ?
03:25Le rendement de l'obligation américaine à 10 ans remonte aujourd'hui d'environ
03:2910 points de base après l'épisode d'hier, entre 4,40 et 4,45 %. En Europe, le rendement
03:34à 10 ans allemand reste stable, entre 2,35 et 2,40 %. Cet écart pousse à nouveau l'euro-dollar
03:41à la baisse, en direction de 1,05.
03:43A noter également, le bitcoin a atteint un nouveau record, au-delà de 94 000 dollars.
03:48Parmi les statistiques macro du jour, les investisseurs ont pris connaissance de l'inflation
03:52britannique pour le mois d'octobre.
03:54Oui, elle repart à la hausse, elle augmente de 2,3 % sur un an en octobre, après 1,7%
03:59en septembre.
04:00Sur un mois, elle accélère de 0,6 %. L'inflation cœur, hors alimentation et énergie, progresse
04:06de 3,3 % sur un an, un petit peu au-delà des attentes.
04:09Et puis le rattrapage des salaires se poursuit en zone euro, avec même une accélération
04:14de la croissance des salaires pour le troisième trimestre.
04:16Oui, selon des données publiées aujourd'hui par la BCE, le marché du travail de la zone
04:20euro reste tendu.
04:22La croissance des salaires négociés progresse de 5,4 % au troisième trimestre, après
04:263,5 % le trimestre précédent.
04:29Et puis, côté entreprise, quelques publications de poids lourd américain dans le secteur
04:34du retail, avec aujourd'hui Target, et Target qui rate complètement les attentes.
04:39Le titre Target signe une chute spectaculaire.
04:42Oui, après le bon élève Walmart hier, c'était donc au tour de Target de rendre sa copie.
04:47Mais l'entreprise est sanctionnée pendant que Walmart, clôturée sur un record après
04:51ses résultats, son concurrent Target déçoit les investisseurs avec des prévisions négatives
04:56pour la fin d'année et fait état de résultats inférieurs aux attentes.
05:00Le titre ouvre donc en très forte baisse de plus de 20 % à Wall Street.
05:03Une autre chute à signaler aujourd'hui sur le marché parisien, cette fois, elle est
05:07signée Elior.
05:08Oui, pourtant, le groupe de restauration publie des chiffres solides au titre de son exercice
05:122023-2024.
05:13Le groupe dépasse les attentes pour le chiffre d'affaires et pour la marge.
05:17Mais ce qui déçoit les investisseurs, ce sont les prévisions.
05:20Le titre est lourdement sanctionné et plonge de plus de 25 %.
05:24On notera également dans le reste de l'actualité ST Microelectronics qui ajuste et décale
05:29même ses objectifs financiers de trois ans.
05:31Oui, l'entreprise de semi-conducteur a annoncé lors de sa journée investisseurs aujourd'hui
05:36décaler ses prévisions de chiffre d'affaires et de marge d'exploitation initialement prévues
05:40pour 2027 à 2030.
05:42Le titre est à l'équilibre après avoir déjà perdu 50 % depuis le début d'année.
05:46Bon, qu'est-ce qui est au programme demain pour les investisseurs sur les marchés Pauline ?
05:50Ils regarderont l'indice de la fête de Philadelphie pour le mois de novembre et toujours aux Etats-Unis.
05:55Ils prendront aussi connaissance de l'indicateur avancé du Conférence Board du mois d'octobre.
05:59Tendance mon ami ! Chaque soir en ouverture de Smart Bourse, les infos clés du jour sur
06:03les marchés avec Pauline Grattel.
06:15Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète marché.
06:18Xavier Deburen est avec nous, le directeur des investissements d'OTA Capital.
06:22Bonsoir Xavier.
06:23Bonsoir Grégoire.
06:24François Cabot nous accompagne, économiste zone euro chez AXA-IM.
06:26Bonsoir François.
06:27Bonsoir Grégoire.
06:28Et Nicolas Leprince, gérant multi-assets et overlay chez Edmond Rothschild Assets Management
06:32est également avec nous.
06:33Bonsoir Nicolas.
06:34Bonsoir.
06:35Commençons par la nomination attendue au Trésor américain.
06:39Je ne sais absolument pas si on aura ce choix de Donald Trump annoncé dans les prochaines
06:45heures ou les prochains jours.
06:46En revanche, ce que nous indiquent les médias américains, c'est que Donald Trump reçoit
06:51aujourd'hui normalement en entretien deux personnalités du monde des affaires.
06:55Je le disais, le cofondateur d'Apollo Global Management, firme de private equity Mark
07:00Rowan et un ancien gouverneur de la réserve fédérale américaine qui lui aussi est un
07:06prétendant effectivement au Trésor américain, Kevin Walsh.
07:09Quand je vois quand même le temps qui est pris, l'attention qui est mise pour le choix
07:14de ce prochain secrétaire au Trésor américain, Nicolas, je me dis que oui, il y a quand même
07:20un sujet concernant le budget, la fiscalité, la dérive des dépenses publiques ou au minimum
07:28la trajectoire des finances publiques américaines.
07:31Trump a nommé assez facilement un ministre de la Défense, un ministre des Affaires étrangères,
07:35un ministre de la Justice.
07:36Pour le secrétaire du Trésor, il semble quand même mettre un peu plus de temps et
07:41d'attention.
07:42Il y a un sujet lourd derrière, visiblement, Nicolas.
07:44C'est-à-dire que Donald Trump a avec lui le parti républicain.
07:49On voit qu'ils ont eu ce qu'on a fait à la Red Sweep, c'est-à-dire qu'au Congrès
07:52et au Sénat.
07:53Il faut bien avoir en tête que le secrétaire au Trésor doit passer au Sénat et doit être
07:56confirmé au Sénat.
07:57Même si les Républicains sont bien avec Trump, il faut quand même qu'il passe, qu'il ne
08:00soit pas trop extrême dans certaines de ses discussions.
08:04On a vu avec Kevin Walsh qu'il avait des… C'est très bien, il est passé par la Fed,
08:08il a le très bon pédigré, mais il n'a peut-être pas fait les bons articles en 2018 sur les
08:12tarifs.
08:13Ce qu'il faut, c'est aussi nommer des personnes dans l'administration Trump qui
08:19vont…
08:20Compatibles.
08:21Compatibles avec la politique économique que Trump veut faire et pour autant être
08:24passées au Sénat et passées aux franges codines de gens qui ne sont pas aussi agressifs
08:28que Trump.
08:29Ça prend du temps, ça va quand même dans le sens d'une administration qui est très
08:35bien orientée sur les thèmes de campagne, sur l'immigration, sur les tarifs, sur le
08:40renouvellement des tax cuts en fin 2025, donc ça prend du temps, mais les marchés
08:46financiers ne se trompent pas, je pense qu'on va appliquer le plan Trump.
08:50Ah, d'accord.
08:51La logique c'est ça, c'est quand même que vu les marges de manœuvre qu'il a, avec
08:55sans doute l'idée qu'il ne se représentera pas pour un second mandat successif, il y
09:02a l'idée qu'il a deux ans devant lui jusqu'au mid-terme et qu'il va vouloir utiliser ce
09:07temps pour avancer le plus vite et le plus loin possible.
09:10Ça, c'est une conviction que vous avez ?
09:12C'est des convictions sur les choses qu'il peut faire relativement simplement avec des
09:15executive orders, sans avoir besoin de trop négocier.
09:19On sait que le sujet de l'immigration, c'est quelque chose qu'il va vouloir régler assez
09:22rapidement.
09:23Ça, ça a assez peu d'impact sur le budget directement, il peut le faire assez facilement,
09:27assez directement.
09:28Tout ce qui rentre sur le budget, ça va être un petit peu plus compliqué parce que le
09:32point de départ est déjà dans des chiffres qui sont situés entre 7 et 8% du PIB.
09:38Quand on prend les projections du CBO, le coût de la dette est extraordinaire maintenant
09:43aux Etats-Unis, on sait que c'est le premier poste de dépense, que ça va continuer à
09:48exploser, que la dette sur PIB aujourd'hui autour des 105-110% aux Etats-Unis va aller
09:52a priori assez facilement à 135%, donc va dépasser l'Italie du PIB dans les années
09:59qui viennent.
10:00À ce rythme-là, il va bien falloir essayer de faire rentrer de l'argent dans les caisses.
10:05Peut-être que les tarifs sont un moyen de faire rentrer de l'argent dans les caisses,
10:08mais...
10:09Est-ce que ce sera suffisant ? Surtout si en face de ça, il y a la prolongation, la
10:14reconduction des tax cuts, des baisses d'impôts, etc.
10:17Ça paraît compliqué parce que l'économie américaine croit au-dessus de son potentiel
10:24depuis deux ans.
10:25Depuis deux ans, on a une croissance réelle, une croissance nominale aux Etats-Unis.
10:28La croissance nominale aux Etats-Unis en moyenne par trimestre sur les deux dernières années,
10:33c'était 5,5 ou 6%.
10:35On était sur la croissance potentielle réelle aux Etats-Unis, soit aux alentours de 2%.
10:41Là, on est sur des rythmes qui sont plus proches de 3% depuis les deux dernières années.
10:45Donc on voit bien que l'économie américaine vit sur une richesse qui vient des marchés
10:49financiers, qui vient des tax cuts.
10:51On a du mal à se dire qu'ils peuvent continuer comme ça.
10:55Et ce qu'il faut avoir aussi en tête, c'est que l'économie, ça croit parce qu'on augmente
10:59l'accélérateur.
11:01C'est-à-dire que plus on appuie sur le déficit, plus on accélère.
11:03Là, on est à 7, 8%.
11:06On a bien accéléré ces dernières années.
11:08Mais si on ne va pas à 8, 9, 10%, on n'accélère plus par rapport aux années passées.
11:12Donc on ne génère plus de nouveaux revenus supplémentaires.
11:15François, est-ce qu'il faut croire Donald Trump ? Il va faire ce qu'il dit.
11:24Jusqu'où est-ce qu'il va faire ce qu'il dit à l'occasion de ce nouveau mandat et notamment
11:28dans la période des 100 jours ou des deux premières années jusqu'aux élections de
11:32mi-mandat ?
11:33Je crois qu'effectivement, il y a un agenda qui est très serré.
11:36On a à peine deux ans pour déployer son agenda.
11:41Là-dessus, je suis en ligne avec ce que disait Nicolas.
11:43Il y a vraiment une séparation de l'agenda sur, d'une part, ce qu'il peut faire à peu
11:49près tout seul, c'est-à-dire du côté de l'immigration et du côté des tarifs, sur
11:54quoi il peut aller relativement vite, vis-à-vis de ce qu'il peut faire sur la question budgétaire
11:59et probablement d'où le temps qu'il met pour trouver l'équilibre qu'il y a à trouver
12:04là-dedans.
12:05Ce qui est intéressant dans comment cet agenda va se nourrir et s'organiser, c'est que les
12:11marchés ont fait leur pari et le pari, c'est que le fiscal va venir tout de suite.
12:16C'est qu'on va continuer à avoir une alimentation de la croissance américaine extraordinaire
12:21quand on l'a été justement rappelé et qu'on va revivre sur ce goût sucré de l'économie
12:27américaine alimentée au déficit.
12:30C'est la hausse des actions qui nous dit ça et la hausse des taux aussi.
12:34On fait une décomposition du taux disant entre les break-even et le taux réel.
12:38C'est effectivement le taux réel qui monte plus qu'autre chose.
12:40Donc là-dessus, on sent quand même bien qu'il y a un pari qui est fait et qui est vraiment
12:45de l'ordre du pari parce qu'on va se rendre compte dans les prochains jours si effectivement,
12:48à la fois cette nomination et cette orientation budgétaire vont pouvoir être déployées
12:52dans les premiers instants et ça reste largement à confirmer et qui pourrait donner lieu effectivement
12:56à un découplage ou en tout cas à un revirement des dix Trump Trades qui ont été mis en place
13:04en amont de l'élection.
13:05Donc là effectivement, rester sur ses gardes vis-à-vis cette nomination-là.
13:08Il pourrait effectivement lâcher un peu sur la partie budgétaire ou est-ce que ça lui
13:15coûterait politiquement, dès le départ, de lâcher sur cette question de la fiscalité
13:20et des baisses d'impôts notamment qu'il avait lui-même mis en place dans son premier mandat.
13:26Je note aussi dans le côté un peu people que le leader des Républicains au Sénat,
13:31John Thune, n'est pas franchement un Trumpiste de la première heure et qu'on voit déjà
13:36effectivement ces quelques voix de conservateurs budgétaires traditionnels en tout cas mettre
13:41en place un certain nombre de personnalités pour peut-être tenir tête à l'agenda Trump
13:47sur ce point-là.
13:48Sur la fiscalité, comment voyez-vous les choses se mettre en place ? Est-ce que le
13:52marché va tout de suite mettre une limite à Trump ou est-ce que Trump va avoir quand
13:56même l'envie et peut-être la possibilité de remettre de l'huile ou du carburant dans
14:05la machine ?
14:06Je pense que très clairement il en a envie, après est-ce qu'il va effectivement être
14:08capable ? Je pense qu'effectivement on voit l'équilibre qui est en train de se générer
14:11là avec effectivement le représentant des Républicains qui apparaît beaucoup plus
14:16modéré que lui-même.
14:18Je pense qu'il y a effectivement, sans rentrer dans les détails, deux sujets clés, d'une
14:23part le fait qu'on a quand même le debt ceiling qui arrive le 1er janvier 2025 qui
14:27sera plafond de la dette, des bonnes vieilles considérations qui reviennent régulièrement
14:31aux Etats-Unis et qui va remettre sur la table ce sujet-là budgétaire sur lequel il va
14:36falloir quand même gérer pour cette nouvelle administration d'une part, et d'autre part
14:40le fait que la nécessité de passer par les chambres, autant soit-elle dans son camp,
14:47reste on va dire chronophage et donc du coup il y a quand même un équilibre à trouver
14:51là-dedans sur cette idée-là et là encore une fois ce qui m'inquiète au-delà de ce
14:59qu'il va effectivement faire, ce qu'on a entendu dans la certitude, c'est le positionnement
15:02très clair des marchés qui ont fait le pari qu'on va continuer et c'est ce qu'on va voir
15:07et là moi je ne resterai plus mesuré parce que c'est effectivement comme on l'évoque
15:10à l'instant un sujet beaucoup plus délicat qui recèle beaucoup plus de dimensions que
15:17simplement qu'est-ce que peut faire Trump et Républicain, il y a d'autres éléments
15:20qui sont à l'oeuvre et qui vont a priori prendre plus de temps.
15:23La partie budgétaire implique notamment la chambre des représentants, c'est ça, c'est
15:27à la chambre des représentants que ça se joue et le débat sur le plafond de la dette
15:31a souvent été l'occasion de mélanger plusieurs dossiers de négociation au Congrès.
15:38Xavier, comment vous regardez Trump, l'éléphant dans la pièce, bien sûr, ce qu'il a déjà
15:45apporté au marché depuis une dizaine de séances maintenant et où est-ce que vous
15:52voyez les limites peut-être de la doctrine Trump telle qu'elle est comprise par nous aujourd'hui ?
15:58C'est vrai que quand on regarde les performances des marchés depuis l'élection de Trump,
16:03c'est sans appel, on a un marché américain qui est en dollars en hausse entre 7,5 pour
16:09le S&P et le Dow Jones et 8,5 pour le Nasdaq quand dans la même période on a l'Europe
16:14qui recule de 1,5, donc là le biais a été très clair.
16:18Quand on regarde un peu plus en détail ce qui a fait cette performance, c'est aussi
16:24toute la partie cyclique et qui montre bien que les investisseurs, les chefs d'entreprise
16:29etc. sont très confiants sur le cycle à venir et donc sur tout ce que va mettre en
16:35place Trump.
16:36Après les limites qu'on peut avoir, je ne vais pas revenir sur ce qui a été dit d'un
16:39point de vue interne, politique etc.
16:41Il y a quand même un élément notamment sur la partie des taxes quand on regarde aujourd'hui
16:46les importations américaines, c'est un peu plus de 3 trillions de dollars on va dire,
16:52la Chine c'est 18%, le Canada et le Mexique c'est 14% chacun, donc c'est des voisins
16:58qui sont stratégiques et donc très importants dans l'écosystème américain, ensuite on
17:05retrouve l'Allemagne à 5%, le Japon à 4,5% et puis la France à 1,6%.
17:10Mais tout ça pour dire que ça va quand même sans doute être du cas par cas, Trump évidemment
17:16ne peut pas se passer du Mexique, dans toute sa logique de réindustrialisation etc. le
17:22Mexique est vraiment un élément très important, le Canada de la même façon, donc c'est pas
17:27juste on appuie sur un bouton, on impose des hausses de taxes à tout le monde, ça va
17:32certainement être dans un échange qui va se faire sans doute au cas par cas, il y aura
17:36très certainement sous le projecteur la Chine etc. qui vont être un petit peu exemptes,
17:40mais donc c'est pas aussi facile que ça.
17:43Maintenant il est très clair que la direction, et puis d'ailleurs le profil des candidats
17:49au Trésor est quand même très marqué, Economie, Private Equity, Wall Street, donc ça montre
17:55bien là aussi la tendance et le sens dans lequel veut aller Trump dans ce cas-là.
18:01J'ai toujours en tête que son indicateur préféré pour vanter son succès permanent
18:07c'était Eldo Jones quoi, non mais enfin on ne peut pas faire plus simple hein !
18:11Donc à un moment, est-ce qu'il n'y aura pas des contradictions justement entre son
18:16agenda, la doctrine qu'il veut mettre en place et sa capacité à maintenir Eldo Jones
18:23j'allais dire au plus haut, ou en tout cas positif pour des fonds de pension et des actionnaires américains.
18:30Bien sûr que ça ne va pas être aussi simple que cela, ce qui est assez intéressant aussi
18:32c'est quand on lit un certain nombre de choses sur la mise en place de ce programme Trump,
18:37on met beaucoup en avant l'inflation, le dérapage du déficit, etc, mais sans réellement
18:42parler de l'impact positif que la baisse d'impôts des sociétés va avoir sur le marché américain
18:50qui évidemment est bien drivé, on le sait, est bien conduit par la croissance des bénéfices
18:55par action et c'est clair que revenir sur des taux d'imposition aux alentours de 15%
19:01pour les sociétés américaines ça va être une manne de croissance des bénéfices qui va être
19:08extrêmement importante pour les entreprises et donc pour les investisseurs sur les marchés
19:12américains et dans le contrepoids de dire que les marchés américains sont chers
19:17et bien si on a une croissance des bénéfices qui monte on va pouvoir maîtriser la valorisation
19:22du marché américain donc c'est vraiment bien sûr tout ça est un cercle vertueux entre guillemets
19:29il y aura des embûches ça va pas se faire évidemment d'une traite mais la direction
19:33encore une fois est assez claire. C'est à dire qu'il faut admettre que je sais pas s'il faut
19:36accepter que les taux soient à 5% ou plus est-ce que les bénéfices les bpa supplémentaires pour
19:45les entreprises américaines est-ce que ça se valorise de la même manière pour autant ?
19:49C'est tout l'enjeu et c'est difficile il va falloir trouver cette espèce d'équilibre
19:55entre une croissance américaine qui est bien au dessus de sa croissance normative et donc voilà
20:04ça va être cet enjeu là pour l'instant on voit que les taux américains ont bien remonté et puis
20:11il y a toujours pas mal de volatilité sur les taux américains ça n'empêche pas les indices
20:16actions américains de monter. Les ressources tirées des tarifs, la création du doge conseillé
20:27par Elon Musk qui veut sabrer 2000 milliards de dépenses fédérales ça peut compenser le coût
20:34la dépense fiscale de baisse d'impôts supplémentaires ou de baisse d'impôts prolongés ça peut compenser
20:40aussi le coût peut-être d'une immigration moins abondante voire dont les flux nets se renverseraient
20:48François ? C'est quand même un chemin de crête très fragile. C'est un chemin de crête très
20:54compliqué parce que c'est vrai que 2000 milliards à trouver en économie c'est vraiment pour des
21:02choses plus simplement c'est à dire qu'il doit y avoir une remise en question une réforme structurelle
21:08du système de sécurité sociale américain parce que c'est là où vous avez 3,5 trilles d'air qui
21:12sont là et c'est là où il faut c'est là entre guillemets où il y aurait le gras il y a un gras
21:17à toucher quand vous regardez la ventilation des dépenses. Est-ce qu'il peut y avoir l'efficacité
21:23qu'il peut trouver dedans pourquoi pas mais en tout cas ça paraît plutôt être là et ça paraît
21:27plutôt compliqué parce que c'est vrai que nous avec nos yeux d'européens c'est déjà très compliqué
21:32pour eux donc oui là dessus c'est un filet assez léger quoi. C'est un fil léger et après à voir
21:36combien est-ce qu'il peut éventuellement obtenir de la part des tarifs mais je suis assez d'accord
21:39avec ce qui était dit juste avant c'est à dire qu'on part de quelque chose d'une couverture on va
21:45dire de 10% 60% on va probablement arriver à quelque chose de beaucoup plus bilatéral beaucoup
21:49plus négocié sans même parler des enjeux coïncidents géostratégiques géopolitiques qui
21:56vont de fait qui sont discutés à l'heure où on se parle donc là dessus ça paraît quand même pour
22:00moi plutôt une équation compliquée à trouver à en sortir par le haut voilà sans en s'en remettre
22:11comme ça a été jusque là à la planche de déficit qui en tout cas malheureusement a fonctionné mais
22:16mais c'est ça paraît compliqué qu'elle puisse l'être tout autant dans les prochaines années.
22:20Bon qu'est ce que ça implique ? Gardez la parole François pour la réserve fédérale américaine là
22:25dans ce jeu ou ce champ des possibles ça implique forcément une banque centrale américaine qui sera
22:32beaucoup plus sur la retenue que ce qu'elle prévoyait il y a peut-être encore quelques
22:37semaines ou quelques mois ? C'est sûr elle est déjà beaucoup plus sans qu'il ait commencé donc
22:44c'est sûr que de ce point de vue là on a quand même un message qui a quand même beaucoup changé
22:49entre les 50 points de base de baisse de taux en septembre et les 25 et puis après on voit nous
22:57dans notre scénario on a encore les 25 points de base de décembre et on en a une en mars et on
23:03s'arrête là. D'accord. Donc c'est à dire qu'on a rappelé 50 points de base plus haut que là où
23:07est le marché à fin 25 et donc effectivement c'est un c'est une fête qui qui va être poussé
23:14être plus au quiche avec la question cyclique qui reste derrière c'est à dire qu'on a comme encore
23:22du mal à comprendre sa communication et le fondamental de la bonne santé de l'économie
23:27américaine c'est à dire qu'on disait qu'on pouvait baisser facile de 50 en septembre on fait 25 et là
23:32on se dit bon c'est plus trop bas alors même que Trump n'est à peine élu et on ne sait pas
23:36vraiment ce qu'il va faire donc là dessus c'est qu'on met les deux l'un dans l'autre on se rend
23:39bien compte qu'effectivement la fête devait rester plutôt sur sur des taux élevés et d'où du coup
23:45on s'engage vers une divergence assez importante voire de plus en plus importante vis-à-vis des
23:50taux euros. Parce que la baissière elle va peut-être devoir en faire plus ou accélérer. Oui tout à fait
23:56elle est déjà sur une bonne trajectoire de baisse de taux d'accord donc nous on est à 2% en juin avec
24:01avec l'idée qu'on peut y aller soit plus vite soit plus bas aux secondes parties parce qu'effectivement
24:06en fonction de tout ce que va développer Trump tout ça est assez négatif et ce qui est assez
24:10bien pricé enfin voilà dans les réactions de marché à action on se rend bien compte que tout ça c'est
24:13on a du mal à quantifier exactement et avec le timing qui est avec mais on se rend bien compte que
24:17l'Europe est dans une impasse dans sa situation cyclique et aussi plus structure, j'allais dire
24:24même politique dans sa capacité à répondre avec les élections en Allemagne qui arrivent et puis
24:28il y a une sorte de vacuum politique qu'il y a en Europe en ce moment donc c'est sûr que pour
24:32l'économie c'est plutôt négatif et donc du coup la BCE se retrouve être un peu le seul
24:37jeu en ville si on peut s'exprimer ainsi, une nouvelle fois et donc du coup... Là c'est l'institution
24:42fédérale capable de prendre des décisions rapides face à un changement effectivement...
24:47Exactement et donc du coup dans une BCE qui va vers 2 ça c'est à peu près évident et clair mais
24:53si elle se retrouve à aller vers en dessous de 2 donc elle est en territoire accommodant notre
24:58point de vue c'est qu'elle va plutôt être tentée d'y aller plutôt très vite, plutôt plus vite avec
25:03l'idée de on n'a vraiment pas envie d'aller en territoire négatif et de refaire du QI donc
25:07autant prendre l'issue à bras le corps et de baisser les taux plus vite c'est donc du coup
25:14d'aller faire des 50 le cas échéant si nécessaire beaucoup plus réactif pour éviter de retrouver dans
25:19cette situation de coin dans laquelle elle s'est retrouvée pendant dix ans... Ça c'est le point
25:22d'inflexion possible pour vous ça la Banque Centrale Européenne avec un discours officiellement
25:27jusqu'à présent qui a toujours été porté par Iznabel Schnabel mais qui a toujours été de dire
25:32attention plus on va se rapprocher du taux neutre à définir plus il faudra être prudent ça vous
25:37dites cette logique là à un moment elle peut changer quand même... Tout à fait d'accord
25:42elle tient jusqu'à ce qu'on aille à 2 mais si on devait aller en dessous de 2 je pense que là on
25:46change d'équilibre et elle devra aller beaucoup plus vite... Qu'est ce que ça implique pour les
25:51banques centrales la Fed évidemment en premier lieu le tempo de la Fed va changer qu'est ce que
25:55ça va impliquer pour vous pour la Banque Centrale Européenne Nicolas et que dit le marché de cette
26:00situation aujourd'hui ? Le marché dans le scénario de François, il est exactement dans ce scénario
26:07là puisqu'en fait on regarde les cinq prochains réunions de la BCE il y a à peu près 125 BPs
26:12qui sont pricés de baisse donc c'est 5 fois 25 c'est ça sauf que quand on regarde ce qui est
26:17précisé par les marchés c'est qu'on fait plus que 25 dans les trois premiers meetings et ensuite
26:21on fait moins que 25 donc c'est à dire que le scénario la direction vers les on fait 25 à chaque
26:26meeting mais il y a ce risque d'accélération plus fort parce qu'on fait il y a plein de scénarios
26:33dans lequel la BCE devrait accélérer plus vite c'est les salaires plus vite l'inflation baisse
26:38plus vite Trump fait des actions beaucoup plus fortes on voit bien que le mandat de la BCE c'est
26:47pas la croissance c'est pas l'emploi comme aux Etats-Unis on sent bien que on prend les enquêtes
26:53de la commission européenne sur l'emploi mais quand même à part 2008 on n'a jamais été aussi
26:59bas dans les enquêtes d'opinion sur l'emploi sur le futur de l'emploi donc on voit bien que dans
27:04les chiffres le taux de chômage ne remonte pas en zone euro pour l'instant mais les indications
27:09qu'on voit en France en Allemagne et même dans beaucoup de pays Italie, Espagne ça s'est quand
27:14même beaucoup calmé dans ces pays là et en France et en Allemagne ça va vraiment pas vraiment
27:17dans le bon sens donc ça je pense que même si c'est pas dans le mandat de la BCE ils le prennent
27:21beaucoup plus en compte. Mais ils ont ce regard, ils regardent un peu plus devant. On aimerait bien
27:28qu'il soit un peu fort looking je pense que les marchés se trompent un petit peu j'aimerais bien
27:35que la BCE soit beaucoup plus réactive et prenne le taureau à bras le corps et baisse peut-être de
27:4050 BP histoire de faire un petit peu un choc de confiance quelque chose mais j'ai l'impression
27:45que dans le... Christine Lagarde le dit souvent c'est plutôt une politique elle est là pour faire
27:50du consensus et j'ai l'impression que le consensus pour avoir une baisse de 50 BP à la BCE et faire
27:55un espèce de choc... Elle l'a pas. On voit bien que... Après la série des salaires négociés ça va
28:01être encore plus compliqué. La Fed, il y a du leadership, il y a une direction qui est claire
28:06là je suis pas tout à fait d'accord avec François sur les Etats-Unis je pense qu'il y a eu du
28:12leadership ils ont baissé les taux de 50 BP en septembre ils ont baissé de 25 BP le 7 novembre
28:17dernier quand on prend le discours de Powell en fait il n'a pas changé de discours les chiffres
28:23ont changé dans le sens où la croissance est toujours plutôt bonne mais le discours sur
28:26l'inflation n'a pas changé. Pourquoi est-ce qu'ils ont baissé de 50 BP en septembre c'est
28:31parce qu'ils ont acquis la confiance sur le fait qu'on aille vers 2% et que ça reviendra à 2%
28:37et il nous a sorti exactement le même discours le 7 novembre pendant l'FOMC. Quand on regarde
28:43les chiffres vous prenez l'inflation américaine vous enlevez l'immobilier c'est 30% vous prenez
28:49l'inflation hors immobilier aux Etats-Unis sur les trente dernières années l'inflation hors
28:54immobilier c'est 2,3% de façon annuelle sur les trente dernières années. Aujourd'hui c'est
28:59même inflation hors immobilier c'est 1,3%. Quand vous écoutez Powell il vous dit on sait
29:09que l'immobilier ça va prendre du temps, on sait que ça va dans la bonne direction donc en fait
29:12c'est une question de temps. Ils sont convaincus qu'ils reviendront à 2% ça prendra peut-être un
29:18peu plus de temps mais ils ont la conviction et la confiance nécessaire sur cet objectif.
29:23C'est plutôt le 25 en décembre et on devrait poursuivre par la suite. Pour accompagner un retour
29:30à 2% qui pourrait être un peu plus long que prévu mais que la Fed accompagnera malgré tout. Quand on
29:37regarde au delà des banques centrales quand on regarde la performance des actifs européens là
29:42sur l'ensemble de l'année par rapport aux actifs américains ça va être une année de fractures
29:46peut-être historiques que ce soit en termes de performance en terme d'écart de valorisation
29:51Xavier. Les marchés actions déjà anticipés, l'idée que l'ABC aurait besoin d'en faire au moins
29:58d'aller vite au taux neutre peut-être même en dessous c'est déjà intégré dans cette
30:04mauvaise année boursière en tout cas en relatif par rapport aux actions américaines.
30:09Ça c'est clair et puis il y a un élément j'en ai parlé c'est que c'est que la dynamique de bénéfice par action aux
30:14Etats-Unis évidemment pas la même qu'en Europe on y reviendra mais un point c'est que la Commission
30:20européenne vient de réviser ses perspectives de croissance ou en tout cas pour 2024 et 2025
30:26donc c'est plus 0,8% pour la zone euro en 2024 et ils tapent sur plus 1,3% en zone euro en 2025.
30:34Les Etats-Unis c'est l'estimation c'est autour de 2%. Là il y a quand même un sujet sur la
30:39capacité à la zone euro compte tenu de l'état actuel économique politique plus l'inquiétude ou en tout cas on ne sait pas ce qui va se passer avec Trump sur ce scénario d'un véhicule 3%.
30:58Si on a une dynamique de croissance qui faiblit il y aura peut-être une intervention peut-être là où
31:05Christine Lagarde et la BCE devra accélérer et il faudra espérer qu'ils ne ratent pas ce moment-là.
31:14Et ensuite pour revenir sur la dynamique de croissance de bénéfice par action donc on peut
31:20mettre en doute le scénario de croissance qui est donné pour la zone euro quand on regarde le
31:24consensus aujourd'hui pour 2025 en Europe le consensus attend une croissance des bénéfices de 9%.
31:33Aux Etats-Unis c'est aux alentours de 13% 15-13%. Mais 9% alors vous me direz c'est toujours pareil on a des anticipations de résultats qui sont très élevées puis au fur et à mesure des publications on termine souvent à zéro à la fin de l'année mais il y a quand même un enjeu de dynamique de sentiments qui est important et aujourd'hui je vais dire qu'on a un environnement de marché qui s'est normalisé l'inflation est plus là on a une
32:03normalisation des taux on est revenu sur des niveaux de taux qui sont qui sont la réalité on est plus sur des taux négatifs etc alors oui c'est peut-être un petit peu haut sur certains mais quand même on est dans un environnement qui est normalisé donc on peut espérer qu'en 2025 la croissance et la performance des marchés se fera justement par cette capacité de faire croître les bénéfices enfin on va revenir un petit peu aux fondamentaux je vous rappelle qu'historiquement 80% de la performance des marchés action se fait avec la croissance des
32:32bénéfices par action désolé de parler de ça mais à la fin de la journée ça compte c'est très important et on voit qu'aux Etats-Unis si toute cette dynamique se met en place et on voit bien encore une fois que les marchés américains ont pris ce biais là et que les investisseurs ont anticipé aussi tout ça et d'ailleurs depuis deux ans les Etats-Unis finalement déroulent et finalement les Etats-Unis arrivent à délivrer cette croissance qui est importante et d'où les niveaux très importants de performance des marchés américains
33:02par rapport à finalement un environnement de marché qui est beaucoup plus difficile en Europe et 9% vous dites ça paraît déjà inatteignable je sais pas il y a quand même des boîtes européennes qui vont profiter de leur exposition aux Etats-Unis il y a bon les salaires les salaires réels progressent quand même il y a un stock d'épargne il n'y a rien de nouveau sous le soleil mais il y a toujours quand même dans le pays où sous le pessimisme permanent qu'on peut avoir quand on regarde l'Europe
33:32il y a quand même toujours ici et là des forces de rappel des facteurs de soutien potentiel au moins conjoncturel
33:40alors ça ça va favoriser encore une fois la sélection de titres c'est à dire qu'on va aller chercher justement les bons élèves là dedans qui vont pouvoir sortir la tête de l'eau ou en tout cas se faufiler à travers toutes ces incertitudes c'est très clair mais vu d'en haut ça paraît compliqué vu les incertitudes qu'il y a enfin on a parlé de l'Allemagne
33:58il y a des incertitudes politiques qui sont qui sont évidemment réelles il y a une incertitude industrielle qui est quand même très importante on n'aura pas le temps de parler de la partie automobiles en Allemagne où il y a quand même des enjeux qui sont qui sont très importants tous les plans sociaux qu'on voit fermeture d'usines qui font un petit peu la une en ce moment notamment
34:20Voilà c'est en termes de sentiments de marché on voit bien d'ailleurs une certaine dégradation des perspectives économiques en Allemagne notamment où le zoo a vraiment décroché et passé de 13 à 7,4 c'est les niveaux qu'on avait vu en 2008 ou en 2020 donc c'est quand même très important la situation alors vous me direz c'est aussi là c'est en dehors du consensus qu'on fait les meilleures affaires et les meilleures performances mais c'est là encore une fois où il va falloir se monter
34:50très sélectif un dans son allocation être quand même dans une allocation globale être quand même bien exposé sur la partie américaine parce que mine de rien c'est ça va être le moteur important encore une fois de la croissance et du commerce mondial
35:03Même avec des actions américaines dont la prime de risque est négative aujourd'hui enfin je veux dire on peut mettre ce sujet de côté en tant qu'allocataire en se disant je ne peux pas rater l'éléphant dans la pièce
35:14Il faut être diversifié il ne va pas falloir se concentrer sur les 7 ou 8 valeurs qui ont mené les niveaux notamment du Nasdaq à leur niveau historique mais être bien diversifié et sans doute d'aller jouer peut-être des petites et moyennes capitalisations américaines qui sont vraiment très en retard par rapport au large
35:34Comment on regarde un portefeuille aujourd'hui multi assets en l'occurrence Nicolas est-ce que Trump a cassé les corrélations alors on l'a vu sur une dizaine de séances d'une violence pour les taux pour les actions il y a deux mondes là il y a un monde américain et le reste du monde
36:00Ça c'est un premier effet en première intention les choses peuvent se normaliser derrière ou est-ce qu'il faut accepter l'idée que Trump a peut-être mis à mal un certain nombre de corrélations pour longtemps ?
36:11En fait on est plutôt en ligne avec Xavier dans les allocations actions les risques à la croissance sont on va dire mitigés plutôt baissé en Europe neutre positif d'un point de vue action ou résultat on va plutôt être neutre globalement sur les actions la seule chose c'est dans la sélection des actions on va forcément privilégier un petit peu les actions américaines
36:32Ça c'est sûr parce que la divergence en fait il faut regarder ça en termes de risque sur les actions le risque c'est aux zones euros c'est plutôt la baisse des actions aux US c'est plutôt la hausse des actions le risque qu'on a envie de pricer même chose sur les taux sur les taux on va plutôt pricer la hausse des taux aux US
36:51En fait la divergence économique là où elle se retrouvait pas beaucoup dans les marchés financiers ces dernières années elle se retrouve depuis 2024 dans les marchés financiers on voit bien que les taux américains se sont décorrélés des taux européens les actions européennes les actions voilà
37:05Mais on peut tirer encore un peu plus loin ?
37:07On peut certainement
37:08On est déjà à plus de 200 points de base revenu à plus de 200 points de base entre l'Allemagne et les Etats-Unis là sur du 10 ans
37:14Il faut avoir en tête qu'en 2018 on était à 250 ou 270 sur la différence entre le 10 ans allemand et le 10 ans américain donc c'est très compliqué c'est un peu moutonnier puisque les marchés ne font que ça c'est ce qui a marché ces 10-15 ans
37:29Mais il n'y a pas de signal de renversement de mine reverting de retour à la moyenne aujourd'hui ?
37:35On va prendre le cas positif pour l'Europe le cas positif en début d'année vu par la BCE c'était la deuxième partie de l'année va bien se passer parce qu'on va avoir une croissance des salaires réels qui va porter la croissance en deuxième année
37:47Bon ça c'était le scénario de la BCE c'est le scénario de la plupart des économistes et en effet c'est exactement ce qui se passe les salaires réels ont beaucoup augmenté
37:563% de salaire réel de croissance des salaires réels
37:58Les salaires réels qui sont au plus haut en glissement annuel et vous prenez les revenus réels des consommateurs européens ils sont au plus haut
38:06Le seul problème c'est pas qu'ils n'ont pas de revenus c'est qu'ils ne dépensent pas c'est que vous prenez l'épargne brut en zone euro on est à 15,7% d'épargne brut
38:19C'est le plus haut depuis la crise temporairement pendant le Covid on a épargné plus de nos revenus mais là ça fait deux ans qu'on a une différence entre les sondages et ce que font les gens
38:31C'est à dire que vous prenez les sondages de la commission européenne sur la confiance du consommateur en 2022 on était extrêmement bas et depuis deux ans on n'arrête pas de remonter
38:39Pourtant les consommateurs n'arrêtent pas d'épargner pourquoi parce qu'il y a de l'incertitude politique, parce qu'il n'y a pas de croissance, parce qu'il n'y a pas de perspective très forte en zone euro
38:49Et ça se retrouve aussi dans les perspectives des entreprises et des perspectives économiques globalement
38:54Est-ce que c'est que ça la question de l'épargne ? Parce qu'il y a aussi des revenus de l'épargne, le rendement de l'épargne sans risque aujourd'hui est quand même hyper intéressant
39:02Et pour un agent économique rationnel comme un ménage, peut-être que s'il a géré...
39:10Non mais voilà c'est ça, est-ce que c'est vraiment que les incertitudes, l'effet un peu d'équivalence Ricardienne etc qui fait qu'on épargne ?
39:17Ou est-ce que c'est simplement parce qu'on a un rendement attractif et que c'est un arbitrage assez classique épargne-consommation qui peut se renverser à ce compte là ?
39:26Oui c'est vrai que c'est une question qu'on se pose tous les jours parce que c'est ce qui...
39:31C'est la pierre angulaire du scénario 2025, si ça se retourne, si le consommateur du jour au lendemain a plus confiance, ça peut porter à la croissance européenne de façon assez significative
39:44Tout à fait, donc sur le pourquoi, sur les différentes hypothèses qui sont en lice, il y a effectivement le taux réel, la valeur en réel de l'épargne accumulée a fortement baissé
39:59et compte tenu des taux réels aujourd'hui largement positifs, on a envie de refaire un peu de grain entre guillemets sur...
40:05Il y a eu une taxe inflationniste sur le stock d'épargne
40:08Exactement, et donc là-dessus il y a une compte tenu des taux réels aujourd'hui qui sont hyper intéressants, on a envie de l'OK et d'avoir du rendement là-dessus
40:15Je pense qu'il y a quand même une incertitude économique, politique, et qui à priori ne va aller que de plus en plus forte dans les quelques prochains mois
40:25Ça, ça paraît assez évident, et après il y a aussi toute l'histoire de ce cycle économique qui attend de repartir grâce à la baisse des taux
40:33notamment à l'immobilier, c'est-à-dire qu'au-delà de l'aspect pur construction, vous avez, il faut se le rappeler, une divergence très importante
40:40entre votre consommation en biens et votre consommation en services, donc la consommation en biens en gros elle fait zéro depuis trois ans
40:45donc post-Covid, parce qu'on ne pouvait consommer que ça, mais depuis on n'a pas acheté, il ne s'est rien passé, et ça n'est que au service
40:51et on peut se dire qu'effectivement il peut y avoir une forme de rééquilibrage du panier de consommation moyen vers les biens
40:57et notamment vers les biens qui sont liés à un achat immobilier, et qui lui-même pourrait faire suite à la baisse des taux
41:03donc là-dessus on peut être effectivement confiant sur une normalisation de ce taux, par contre effectivement de notre côté
41:10on a construit un indicateur maison sur le suivi de ce taux d'épargne-là, et on se rend bien compte que quand vous regardez les sous-enquêtes
41:17de cette fameuse indicate de la Commission européenne qui sont pertinentes, ça vous indique au troisième trimestre une remontée encore du taux d'épargne
41:25et du coup on n'est pas encore fini d'accumuler, donc à moyen terme on se dit qu'on est plutôt en tendance à aller s'ajuster et se normaliser
41:33en dessous vers les 13%, mais on restera effectivement largement au-dessus de ce qu'on avait avant, et en tout cas certainement pas dépenser
41:41les surplus d'épargne qu'on a accumulés pendant le Covid à ce moment-là.
41:45Est-ce que le 23 février 2025 peut être une date tournant, pivot ? Normalement c'est les élections allemandes.
41:51Le 22, oui tout à fait. 22 ou 23 je crois ? 22 ? Enfin bon, février 2025.
41:59Bref, est-ce que ça peut être le moment pivot ? Parce que les attentes elles vont être là tout de suite j'imagine.
42:06Alors j'allais dire presque non en fait, parce que d'une part d'un point de vue domestique, c'est pas encore complètement gagné que la CDU plus le SPD
42:15ait une majorité au Parlement. Il y aura peut-être besoin d'un troisième partenaire de coalition.
42:20Alors la bonne chose c'est qu'ils ont commencé à discuter, on se rend bien compte qu'on a envie de changer cette règle sur la dette,
42:27mais voir effectivement quelles sont les forces en présence pour décider ce sur quoi on va, et sous quelles conditions elles pourraient être revues.
42:34Je pense qu'effectivement le point c'est de dire qu'on aura moins de restriction budgétaire que ce qu'on en aurait eu, donc à la marge positive.
42:41Donc ça c'est pour le cas allemand, mais qui apparaît de plus en plus clairement structurellement englué,
42:46plutôt que cycliquement avec une contrainte budgétaire, donc là-dessus c'est plus dans le structurel,
42:52et donc du coup 2025 je pense qu'il ne faut pas en attendre grand-chose.
42:56Et après sur les perspectives plus européennes, on a quand même, malgré si l'Allemagne devait avoir une position claire, un vacuum...
43:05Un vide politique comme vous disiez tout à l'heure.
43:07Mais sur l'Espagne, la France, les Pays-Bas ça ne marche pas très bien non plus,
43:12et les nominations de commissaires européens au moment où on se parle aujourd'hui peuvent être remises en cause selon les élections, etc.
43:20Donc on se rend bien compte que, est-ce qu'on peut avoir un choc de confiance d'un point de vue politique-économique peut-être un peu en Allemagne,
43:26mais en tout cas dans le reste de la zone euro, on se rend bien compte que c'est quand même compliqué d'en attendre quelque chose,
43:30sauf, et on l'espère et on le croit, avec la BCE, avec nos prévisions d'une croissance plus faible que ce qu'a la Commission européenne,
43:37on a à peine 1% de croissance en euro l'année prochaine, et surtout une inflation qui vient sous la BCE.
43:42Et donc il y a une nécessité de couper les taux.
43:44Le poids repose à nouveau largement sur les épaules de la Banque centrale européenne.
43:49Au-delà de ce sujet, il y a une autre institution qui porte beaucoup de poids sur ses épaules.
43:54Dès ce soir, le poids des marchés, c'est Nvidia.
43:57Il y a Nvidia et le reste du secteur des semi-conducteurs.
44:01J'ai regardé le SOX, l'indice sectoriel des semi-conducteurs américains, qui a marqué un pic le 10 juillet.
44:07Depuis le 10 juillet, il n'y a que Nvidia qui progresse au sein de ce secteur.
44:13Il n'y a plus que Nvidia qui tient le secteur des semi-conducteurs.
44:17C'est d'ailleurs pour ça que la publication de ce soir est importante, mais ça rejoint ce que je disais sur la dynamique des bénéfices par action,
44:24parce que c'est ça ce qu'on va regarder.
44:26C'est la capacité qu'aura Nvidia une fois de plus de faire croître ses bénéfices par action,
44:33et surtout les directions qu'elle va donner pour le trimestre à venir.
44:39Ça va être un élément important.
44:41Vous l'avez dit, au sein des semi-conducteurs, il y a les technologies « de pointe »
44:48qu'on va loger Nvidia.
44:50Il y a le mass market qui souffre de façon très importante.
44:54Vous avez parlé d'STM qui est en baisse.
44:56Oui, on le remarquait avant l'émission, c'est moins 50% sur l'année.
44:59Et ça, c'est lié à toute une dynamique industrielle qui est à la peine.
45:05C'est l'automobile, c'est un certain nombre de sujets industriels.
45:11Ce dont on parle moins aussi, c'est la compétition chinoise qui arrive sur les semi-conducteurs,
45:18sur ces semi-conducteurs mass market, qui commence à faire beaucoup de mal.
45:24La conclusion de tout ça, c'est la sélectivité.
45:28C'est très important pour construire un portefeuille et une allocation.
45:32Il faut être sélectif, il faut essayer de trouver de la valeur ajoutée.
45:36Il y a de la dispersion pour ça.
45:38La dispersion des marchés permet justement cette sélectivité.
45:41Des marchés où tout le monde, ça n'existe pas.
45:44Il y a des divergences.
45:47C'est pour ça qu'il faut vraiment avoir une gestion active
45:51pour se sortir un peu de ces trappes dans lesquelles on pourrait être
45:55et aller chercher toujours.
45:57Les marchés financiers, c'est quelque chose qui évolue en permanence.
46:00Il faut s'adapter.
46:02Le marché des options nous dit que c'est assez bruyant ce soir
46:05du price action, de la réaction de marché.
46:08Ce sera ou la plus forte création de valeur,
46:11ou la plus forte destruction de valeur pour une entreprise
46:14et pour un marché ce soir après la publication d'NVIDIA.
46:17Ces communications sont plus importantes que des réunions de politique monétaire.
46:21Vous regardez le marché des options avant le Fed du 7 novembre,
46:24ça ne bougeait pratiquement pas.
46:26On a déjà fait NVIDIA plus fort que Jérôme Powell.
46:28On verra. Est-ce que NVIDIA sera plus fort que Trump ?
46:31L'autre éléphant, c'est Trump.
46:33On verra si Jensen Huang peut tenir le marché avec NVIDIA face à Donald Trump.
46:39Merci beaucoup messieurs.
46:40Merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
46:52Le dernier quart d'heure de Smart Bourges.
46:53Chaque soir c'est le quart d'heure thématique.
46:55Nous avons droit ce soir à un quart d'heure américain un peu décalé.
46:58Il est vrai dans le temps puisque nous retrouvons non pas lundi
47:01mais ce mercredi soir Pierre-Yves Dugas,
47:03notre correspondant américain en visioconférence avec nous.
47:05Bonsoir Pierre-Yves.
47:07Merci beaucoup d'être avec nous.
47:09J'étais en train de regarder rapidement mon téléphone
47:11pour voir si je n'avais pas raté le nom du secrétaire du Trésor américain.
47:16Vous me confirmez qu'on ne l'a pas encore.
47:18Parce que j'allais dire, pour le reste,
47:20on a eu une liste assez rapide en provenance de Donald Trump.
47:24C'est la grande différence avec Donald Trump d'il y a 8 ans.
47:28Il s'est quand même un petit peu préparé.
47:30Ou plus exactement, il a chargé Howard Lutnick de préparer sa transition.
47:35Mais il ne s'en est occupé qu'après avoir été élu.
47:40Howard Lutnick ne sera pas secrétaire au Trésor.
47:44A ma connaissance, on ne sait pas qui sera secrétaire au Trésor.
47:47Il y a 3 ou 4 noms qui circulent.
47:49Howard Lutnick qui s'est fait un nouvel ami au cours des dernières semaines.
47:58Elon Musk qui a voulu l'aider en disant
48:02que si Lutnick est secrétaire au Trésor, on va avoir de la disruption,
48:06ça va être radical.
48:08Ce ne sont peut-être pas exactement les adjectifs et les mots
48:11qu'il fallait employer pour rassurer les marchés.
48:14Le poste de secrétaire au Trésor est très important.
48:17Ne serait-ce que parce qu'il contrôle tout de même un marché
48:23de 28 000 milliards de dollars de papiers du Trésor américain.
48:28Ce n'est pas là où Donald Trump a envie de voir le plus de disruption.
48:34C'est ça au Trésor américain, Pierre-Yves ?
48:37Exactement.
48:39Je suis très sensible à l'argument qui a été avancé par Jimmy Dimon,
48:44le patron de JPMorgan Chase et qui a été repris d'ailleurs par d'autres,
48:48je crois par un économiste ou un analyste de Barclays
48:51qui dit, attention, Donald Trump, il est beaucoup de choses,
48:55mais à la fin du compte, c'est quelqu'un qui juge la performance
49:00de sa politique sur la manière dont bouge le Dow Jones.
49:04On peut redouter des effets catastrophiques d'annonce de menaces
49:11ou de mise en œuvre de surtaxes et de droits de douane,
49:15mais si Wall Street venait à faire plonger les grands indices boursiers,
49:19Donald Trump en tiendrait certainement compte.
49:22C'est le genre d'argument qu'il a présent à l'esprit
49:26dans sa décision plus longue que d'autres de sélectionner
49:31soit Kevin Walsh qui, à mon avis, serait un très bon adulte dans la pièce
49:39parce qu'il a été à la réserve fédérale comme gouverneur de 2006 à 2011,
49:45il a géré la liaison entre la Fed et Wall Street
49:48au moment de la grande crise économique et financière,
49:51il sait comment fonctionne Washington, il sait comment fonctionnent les marchés
49:56et il est MAGA compatible.
49:59Probablement aussi un effet positif de réaction des marchés
50:06si Donald Trump venait à sélectionner le patron d'Apollo, Mark Rowan,
50:11encore là quelqu'un qui contribue depuis des années aux campagnes de Donald Trump,
50:18et puis il y a Scott Besant, un ancien collaborateur de George Soros
50:24mais qui ne partage pas du tout ses opinions politiques
50:27et qui s'est illustré dans un fonds spéculatif
50:30qui jouait sur les grandes tendances macroéconomiques
50:33et qui pourrait faire beaucoup de choses dans cette administration
50:36pour être à nouveau cet adulte dans la pièce
50:40susceptible de brider les poussées lyriques protectionnistes
50:46que pourrait avoir soit Donald Trump soit Howard Lutnick
50:50qui maintenant va diriger un poste de secrétaire au Trésor qui est étendu,
50:55alors ça c'est nouveau,
50:57il nous a été annoncé hier que le secrétaire au Trésor va aussi contrôler
51:04USTR qui est la toute petite agence de négociation des traités commerciaux
51:09et qui jusqu'à présent était très indépendante,
51:12c'était une bonne chose à mon avis,
51:14plutôt que de la faire passer sous l'ombrelle du département du commerce
51:18qui la rendra moins agile.
51:20Qu'est-ce qu'on peut dire du reste des nominations ?
51:24Alors je comprends l'importance accordée au Trésor américain
51:27et j'en sais gré à Donald Trump,
51:29je vais même un peu plus loin que Jamie Dimon,
51:31je pense contrairement à 2016 où on parlait très peu des taux à l'époque,
51:36la question des marchés obligataires n'était pas un sujet,
51:38je pense que c'est pas juste le Dow Jones,
51:40je pense que là c'est même le 60-40 traditionnel américain
51:44qui va devenir la mesure clé de performance de Donald Trump,
51:47c'est-à-dire que pour que le Dow Jones aille bien,
51:49il faut quand même s'assurer que les taux ne s'enflamment pas trop,
51:52donc il y a quand même les deux parties qui vont être importantes à piloter.
51:55Quand vous regardez le reste des nominations,
51:57qu'est-ce qu'il faut comprendre de la logique qui a guidé ces choix, justement, Pierre-Yves ?
52:04Je crois que je n'exagérerais pas trop en disant
52:08que c'est un petit peu le casting d'une émission de télé-réalité.
52:12Donald Trump a été traumatisé par ce qu'il considère être des trahisons
52:19commises par des gens qu'il ne connaissait pas bien
52:22mais qu'on lui avait conseillé de sélectionner pour son cabinet il y a huit ans
52:27et avec lesquels il s'est disputé et qui, au comble de l'âge majesté,
52:32ont écrit des livres en racontant des tas de choses horribles sur son style de management.
52:36Donc maintenant il privilégie l'extrême loyauté,
52:40la capacité à avoir l'air intelligent à la télévision et sur Fox News
52:47et, en troisième lieu, une grande expérience dans le domaine dans lequel ils sont sélectionnés.
52:55Je ne vois pas comment le Sénat, même républicain avec 53 sièges,
53:00pourra confirmer la sélection de Matt Gaetz au poste de Attorney General,
53:07c'est-à-dire de Secrétaire de la Justice.
53:09Matt Gaetz est quelqu'un qui a littéralement dynamité
53:12la faible majorité républicaine à la Chambre des représentants il y a quelques mois,
53:19qui, pour des raisons personnelles de vengeance, a fait sauter le Speaker de la Chambre, Kevin McCarthy,
53:25et c'est quelque chose qui n'est pas bien passé dans l'esprit de nombreux républicains, même chez les MAGA.
53:33J'ai remarqué d'ailleurs que le leader des républicains choisi par le Parti républicain
53:38pour diriger le groupe au Sénat majoritaire, John Soon,
53:43n'a pas l'air d'être un Trumpiste MAGA forever de la première heure non plus.
53:49C'est un homme prudent qui, paradoxalement, est arrivé à ce poste à cause de ce coup de force de Matt Gaetz.
53:59C'est un gentil garçon, on va dire.
54:03En tout cas, c'est l'image qu'il projette.
54:07Il est très propre sur lui, il parle gentiment, il ne dit pas du mal des autres, il est très prudent.
54:14Et il a réussi à séduire Donald Trump, qu'il a chaudement recommandé.
54:20C'est un chrétien fondamentaliste de Louisiane qui se retrouve beaucoup dans les thèmes anti-Woke.
54:34C'est quelque chose qui, peut-être, n'a pas été bien pris en considération en Europe.
54:41Son choix, par exemple, de secrétaire à la Défense, est en grande partie lié aux prises de position de M. Sagouette
54:53sur Fox News contre l'intégration des femmes à tous les niveaux
54:59et la chirurgie transgenre remboursée par les hôpitaux de vétérans.
55:04Ce sont des thèmes qui choquent beaucoup Donald Trump, qui a une relation avec les institutions militaires un peu curieuses
55:11mais qui, malheureusement, ne devraient pas occuper beaucoup de temps dans la gestion de cette énorme administration
55:18qu'est le Pentagone, avec un budget de quelques 900 milliards de dollars.
55:23A propos de budget et de mammouth, qu'est-ce que vient faire Elon Musk dans l'affaire ?
55:31J'ai compris l'idée, évidemment, Pierre-Yves, mais quel rôle concrètement va-t-il avoir dans cette administration Trump ?
55:40Et avec le Hammer de Doge, est-ce qu'il est en capacité d'aller chercher 2 trillions de dollars d'économies
55:49dans les plus de 6 trillions de dépenses fédérales annuelles ? Et où est-ce qu'il va taper ?
55:55Ça ne tient pas debout. Ça ne tient pas debout. Il n'aura pas le pouvoir de forcer des économies.
56:03Alors, à mon avis, pour plusieurs raisons. D'abord parce que, ne l'oublions pas, Donald Trump n'a pas fait campagne,
56:09sauf peut-être dans les tout derniers jours, sur ces termes libertariens de réduction massive des dépenses publiques.
56:18Des réglementations, oui. Réduction des dépenses publiques et éviter le gaspillage, oui.
56:23Mais trouver 2 000 milliards d'économies dans un total de dépenses annuelles de 6 800, c'est beaucoup plus que faire des économies.
56:30C'est vraiment tailler à la hache. Deuxièmement, Elon Musk n'a aucune expérience de la politique à Washington.
56:39Il ne sera pas membre du gouvernement et il n'aura aucun pouvoir propre.
56:44Il n'aura que le pouvoir de faire des recommandations, mais il appartiendra au Congrès de décider si, oui ou non,
56:50on alloue tel montant de crédit à telle agence ou si on doit fusionner telle agence chargée de la concurrence comme la FTC
57:00avec le département de la justice, par exemple. Tout ça relèvera du Congrès.
57:07Sauf si l'on va vers un clash constitutionnel et une remise en cause de cette très importante loi de 1974,
57:16« The Impoundment Control Act », votée dans la foulée du Watergate pour contrebalancer, contrecarrer les tentatives de Richard Nixon
57:28de s'accaparer des pouvoirs exécutifs que le Congrès ne voulait pas lui donner.
57:32De quoi s'agit-il ? Cette loi, depuis 1974, interdit au président américain de ne pas dépenser des crédits qui ont été votés par le Congrès.
57:45Le Congrès vote et le président, même s'il juge qu'il y a trop de crédits qui ont été votés, doit absolument faire en sorte que les dépenses soient menées à bien.
57:57Donald Trump et son entourage contestent cette exigence de la loi et il est possible que l'on aille un jour devant la Cour suprême
58:07pour décider si cette loi est constitutionnelle ou non. Le véritable moyen de faire des économies serait de doter le président de ce pouvoir propre.
58:16Bon, on suivra évidemment tout ça. En votre compagnie, Pierre-Yves, je le rappelle, on vous retrouve le lundi en général.
58:23Ce jour, cette semaine, était un peu exceptionnel de ce point de vue-là, mais le quart d'heure américain, c'est chaque lundi à 17h45 en direct dans Smartboard sur Bsmart4Change
58:33et en replay, bien sûr, sur bsmart.fr chaque semaine.
58:37Pierre-Yves Dugas, notre correspondant américain, qui était avec nous pour conclure cette émission de ce jour.