• il y a 2 mois

Chaque jour, entre 9h et 9h30, retrouvez Pascal Praud dans L'Heure des Pros en direct sur CNews et Europe 1. Ce lundi, il revient sur la mort d'un agent municipal à Grenoble, sur le classement des villes les plus insécures de France et la Fondation Abbé Pierre qui va changer de nom suite aux accusations d'agressions sexuelles portées à l'encontre de son fondateur.

Retrouvez "L’Heure des Pros" sur : http://www.europe1.fr/emissions/lheure-des-pros

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00:00Bonjour à tous et bienvenue sur Europe 1 jusqu'à 9h30 et sur CNews jusqu'à 10h30 pour l'heure des pros.
00:09Les Jeux Paralympiques s'achèvent. Il est utile de rappeler que la société, la ville, la vie demeure un parcours du combattant.
00:17Pour ceux qui souffrent d'un handicap, je rappelle une nouvelle fois qu'il y a 303 stations de métro à Paris et sa banlieue.
00:25Seules 14 sont accessibles aux personnes à mobilité réduite, les PMR, réduite à un acronyme, pour qui traverser la rue est un obstacle.
00:36En marge de ces Jeux, un succès d'un petit truc en plus, qui a dépassé les 10 millions d'entrées de spectateurs,
00:42montre que la différence n'est pas toujours précisément un obstacle, qu'elle ouvre d'autres voies.
00:48Les mentalités ont évolué, jadis la honte, recouvrait parfois les familles quand la trisomie, l'autisme ou d'autres handicaps frappaient un frère, un fils, un parent.
00:58Ce n'est plus le cas, je l'espère. Le handicap est multiple. Le handicap n'est pas une chance, il n'est pas non plus une fatalité.
01:05La noblesse d'une société se mesure à la façon dont elle intègre, dont elle regarde ceux qui ne sont pas comme les autres.
01:11Il y a d'ailleurs beaucoup à dire sur cette phrase. Nous sommes tous différents sans doute et nous sommes tous les mêmes, évidemment.
01:17Si ces Jeux paralympiques ont réussi à changer le regard porté sur le handicap, il me semble que c'est le cas.
01:24La France aura réussi son pari. Les Jeux s'achèvent, ils sont un succès.
01:28Puisse cet enthousiasme, cette énergie, ce bonheur, en un mot irriguer les villes et les campagnes, les bons et les méchants.
01:36Entre Imagine de John Lennon et I Have A Dream de Martin Luther King, il est des matins où on rêve d'un autre monde.
01:47Pour un meilleur, c'est vouloir vous tous donner. Plus riche à l'air de rien garder que l'amour.
02:17Bonjour à tous. Le procès des viols de Mazan reprend ce matin après une semaine marquée par les témoignages de Gisèle Pellicot et Caroline Darrian.
02:29Sa fille s'est au tour des accusés de prendre la parole, à commencer par Dominique Pellicot, accusé d'avoir drogué sa femme pendant dix ans pour la livrer ensuite à des hommes.
02:38Ses fils, son frère et sa demi-sœur seront également auditionnés dans la journée.
02:43L'homme qui a tué un employé municipal à Grenoble est toujours recherché ce matin.
02:48La victime, âgée de 49 ans, voulait empêcher l'auteur d'un accident de la route de prendre la fuite.
02:53Sauf que le chauffard a sorti une arme et lui a tiré dessus à deux reprises au niveau du thorax.
02:57On ne connaît pas encore son identité. L'agent municipal, lui, était père de famille. Il avait deux enfants.
03:03Et puis la parenthèse olympique est donc définitivement fermée.
03:07Mais une chose devrait soulager les Franciliens ce matin.
03:10Le prix du ticket de métro repasse à 2,15 euros. Il avait doublé pendant les Jeux.
03:14Autre bonne nouvelle, la réouverture de toutes les stations de métro, certaines, a été fermée depuis le mois de juin dernier.
03:20Et en ce jour très spécial, Pascal, je vous souhaite un très bel anniversaire.
03:24C'est très gentil, Shana, et ça me touche beaucoup.
03:26Élisabeth Lévy est avec nous, Vincent Hervouet. Et là, ça me fait plaisir de vous revoir, cher Vincent.
03:31Le Grand Livre !
03:33Le Grand Livre ! Alors évidemment, les auditeurs d'Europe 1 ne le voient pas, mais il est là, le Grand Livre !
03:38Oui, j'ai mon plumier, c'est la rentrée des classes.
03:40Et oui, évidemment, et puis c'est une année importante, parce que toutes les années sont importantes.
03:44Mais vous allez beaucoup nous parler de ce qui se passe aux Etats-Unis, forcément.
03:47Oui, c'est fait.
03:49Comment ?
03:50C'est fait.
03:51Quoi, c'est fait ?
03:52Ben, Kamala nous est donné.
03:54Vous arrivez déjà, et déjà l'ironie arrive.
03:59Je vous signale que Gérard Carreyrou, en qui j'ai toute estime, m'a dit
04:04où je ne connais rien au journalisme, où Donald Trump sera élu.
04:08Ah ben oui.
04:09Non, mais ce qui est bien, c'est qu'on joue à Kiper Gagne.
04:11Donc là, il a pris des risques.
04:13Les élections américaines, on joue à Kiper Gagne.
04:15On avait annoncé la victoire d'Al Gore. Ben non, c'était George Bush.
04:18On avait annoncé... Quand Hillary Clinton est montée dans l'avion pour gagner New York,
04:23elle a sablé le champagne pour sa victoire.
04:26Et en fait, c'est Trump qui avait été élu.
04:29Jusqu'au dernier moment, on ne sait pas.
04:30On dit les choses telles que nous voudrions, qu'elles soient en France.
04:33Et tout le monde a choisi son camp depuis belle lurette.
04:35La France a choisi les démocrates depuis Bush, peut-être.
04:42Depuis le...
04:43Non, parce que Riyad a quand même été un peu positif.
04:45Mais bon, en tout cas, il y a des petits chats dans la...
04:48Je crois que je vais repartir en vacances.
04:50Ah oui.
04:51Vous avez fait 40 ans que vous êtes en vacances, si vous me permettez, cher...
04:55En vacances du pouvoir.
04:57En tout cas, ça me fait plaisir que vous soyez là, bien évidemment.
05:00On va évidemment évoquer ce qui s'est passé à Grenoble.
05:04Ce qui est intéressant à Grenoble, c'est les mots qui sont employés.
05:07Vous voyez, par exemple, M. Piolle, que dit-il ?
05:12Il dit, c'est parce qu'il y a trop d'armes en France qu'un agent municipal est mort.
05:18C'est formidable de dire ça, ça s'appelle un sophisme.
05:20Non, c'est pas parce qu'il y a trop d'armes en France.
05:22Le problème, c'est ceux qui s'en servent, c'est pas les armes.
05:25Et la fameuse phrase de Camus qu'on répète à l'envie,
05:28mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde.
05:32On est avec M. Piolle exactement dans cela.
05:36Ou par naïveté, ou par idéologie, ou par bêtise.
05:39On choisit ce qu'on veut.
05:40Mais ce qui est certain, c'est qu'à un moment, le responsable politique...
05:44À quel moment le responsable politique est-il précisément responsable
05:47de ce qui se passe dans sa ville ?
05:49Question vraiment que chacun peut se poser.
05:53Je voudrais qu'on voit le sujet, évidemment,
05:55de ce qui s'est passé avec cet employé municipal qui est mort.
06:01Voyez le sujet de Corentin Alfonso.
06:04Les dégâts témoignent de la violence du choc.
06:07À proximité de l'hôtel de ville de Grenoble,
06:09cet Audi RS3 immatriculé en Pologne
06:12percute une autre voiture arrêtée à un feu rouge.
06:15Le chauffeur, ivre selon le parquet,
06:17tente alors de s'enfuir.
06:19Un passant et un agent de propreté de la ville l'interceptent.
06:22Mais l'homme tire à deux reprises dans le thorax de l'agent municipal
06:26et parvient à prendre la fuite.
06:28On travaille à la propriété urbaine de Grenoble,
06:31c'est même de plus en plus compliqué.
06:33On vient au travail, c'est pas pour se faire tirer dessus.
06:35On travaille dehors le dimanche.
06:37C'est compliqué, travailler dans les quartiers, vous savez.
06:39L'homme qui travaillait pour la mairie avait 49 ans
06:41et était père de deux enfants.
06:43Il est décédé quelques heures plus tard,
06:45des suites de ses blessures.
06:47Évidemment que la colère, elle est énorme
06:51et que cette diffusion des armes dans la société française
06:57génère des accidents dramatiques,
07:00comme celui-là et la mort.
07:02La conductrice du véhicule percuté,
07:04une femme âgée, a été légèrement blessée par le choc.
07:07La ville de Grenoble a mis en place une cellule de soutien psychologique.
07:12C'est très intéressant, la réaction immédiate de M. Piolle.
07:15C'est très intéressant.
07:17Pour lui, c'est toujours une manière d'exclure la responsabilité
07:21au fond de la délinquance ou de celui qui a l'arme.
07:25C'est la société.
07:27Il y a trop d'armes.
07:28Il n'y a pas longtemps, sur les couteaux en Allemagne,
07:30on a dit la même chose.
07:32Ça relance le débat sur les couteaux.
07:34C'est un peu comme si après l'attentat de Nice,
07:36on avait dit qu'il y avait trop de camions en France.
07:38C'est à peu près la même chose.
07:40Évidemment, vous avez cité Camus.
07:42Je trouve que Peggy est encore plus d'actualité.
07:45Oui, mais on le cite sans arrêt.
07:47C'est deux phrases qu'on cite sans arrêt.
07:49Voir ce qu'on voit, c'est quand même le début.
07:51Évidemment, il y a eu un échange entre Christian Estrosier et Éric Piolle.
07:54Les propos d'Éric Piolle sur le fait que personne ne serait à l'abri d'une balle perdue sont inadmissibles.
07:58C'est un employé de la propreté qui a été froidement abattu
08:00alors qu'il tentait d'empêcher la fuite d'un chauffard.
08:02Et M. Piolle, évidemment, qui est un idéologue,
08:06la seule chose qu'il a à dire, c'est odieuse fake news de la fachosphère.
08:11Même Estrosier est dans la fachosphère.
08:14En quoi est-ce la fachosphère ?
08:16Il ne s'agit pas d'un acte involontaire, mais d'un homicide, d'un crime atroce.
08:19J'ai pu le dire à maintes reprises ce jour.
08:21Voilà ce que j'ai dit lorsqu'une question a été posée sur les sujets de règlement de comptes.
08:24Personne n'est à l'abri d'une balle perdue dans les règlements de comptes.
08:26C'est notre peur.
08:27Ici, ce n'est pas le sujet car il s'agit d'un accident de la circulation.
08:30Il n'a pas tiré sur un dealer, mais sur quelqu'un qui venait lui porter secours.
08:37Ayez la décence de retirer.
08:39Ce qui me frappe aussi toujours, c'est qu'il a dit « je suis terrifié ».
08:42En fait, ils sont sur un mode d'émotion.
08:44Je ne demande pas à un maire d'être terrifié.
08:47Ce n'est pas ça que je demande à un maire.
08:50Cette société de l'émotion, ce n'est pas ce qu'on demande à quelqu'un qui dirige.
08:55Écoutez-le d'ailleurs une deuxième fois, peut-être M. Piolle,
09:01sur ces armes et sur ce sophisme que je dénonçais.
09:08Comment se fait-il qu'on soit armé dans la rue
09:12et qu'on soit suffisamment décérébré pour tirer à 7h du matin
09:19sur quelqu'un qui est venu vous porter secours ?
09:23Évidemment que la colère est énorme
09:27et que cette diffusion des armes dans la société française
09:33génère des accidents dramatiques comme celui-là
09:39et la mort de quelqu'un qui était au service de l'intérêt général.
09:48Il génère des accidents. Il y a juste un meurtre.
09:53De quelqu'un qui travaillait pour lui.
09:55Et c'est quelqu'un qui travaillait pour lui.
09:57Vous êtes maire d'une ville, vous avez un agent municipal
10:00qui travaille au service de la propreté,
10:03qui laisse des enfants, une veuve, une famille,
10:07et vous parlez quand même du mot d'accident,
10:10et il l'a remployé dans le tweet que vous avez montré,
10:12de parler d'accident de la circulation.
10:14Quant à la diffusion des armes,
10:15quand il dénonce la diffusion des armes dans la société française,
10:18il a raison, mais il faut tirer le fil jusqu'au bout.
10:20La diffusion des armes est essentiellement liée...
10:23Là, on verra quand il y aura l'arrestation de l'individu,
10:25quand il y aura une enquête,
10:27mais elle est essentiellement quand même liée au trafic de drogue.
10:30Donc il faut quand même se poser la question
10:32de savoir avec quel argent ces armes sont achetées
10:34et au service de qui, de quelle mafia.
10:36Et une dernière chose, parler d'accident,
10:38pour quelqu'un qui tire manifestement, volontairement,
10:40sur un agent municipal,
10:42on n'est pas dans le registre de l'accident.
10:44Je voulais vous montrer les villes les plus insécures de France.
10:48Sur les 10 villes les plus insécures de France,
10:51je crois qu'il y en a 9 qui sont conduites par des maires de gauche.
10:55Voilà. Donc ça, c'est une réalité.
10:57Je crois que monsieur Piolle a supprimé je ne sais combien
11:00de policiers municipaux.
11:04C'est toujours pareil, c'est le rapport à la réalité.
11:08Vous avez des gens qui ne souhaitent pas la voir,
11:12et puis il y a d'autres, effectivement,
11:14qui font en sorte d'agir.
11:17Je salue Noémie Alioua,
11:20qui vient d'arriver sur le plateau.
11:22Pourquoi vous êtes en retard ?
11:24Il y a des lundis matins comme ça,
11:26où les catastrophes s'enchaînent,
11:28et particulièrement quand on est un petit peu stressé,
11:30honoré d'être sur votre plateau.
11:32Il y a eu la pluie, il y a eu les transports qui sont arrivés en retard.
11:35Parce qu'on appelle ça l'instant Hidalgo,
11:37pour te vous dire, quand on arrive généralement...
11:39C'est facile et ça fonctionne bien.
11:41Ça route bien, là, dans Paris ?
11:43Là, j'ai mis une heure et demie pour traverser Paris,
11:45alors que d'ordinaire, je mets 40 minutes.
11:47C'est intéressant, parce que pour ceux qui n'habitent pas,
11:49évidemment, à Paris, vous habitez où ?
11:51Là, je viens des Lilas.
11:52Il y a moins de 10 kilomètres.
11:54Voilà, 90 minutes.
11:56Avec la voie sur le périph'.
11:58On va être à 50 à l'heure.
12:00Il y a la voie qui est restée, je crois, sur neutre.
12:02Voilà ce qu'on pouvait dire ce matin,
12:04sur cette actualité Piole,
12:06sauf si vous avez les uns et les autres
12:08quelque chose à rajouter.
12:10Non.
12:12Vous voulez parler des villes ?
12:14Je crois qu'on a le palmarès
12:16à vous proposer des villes insécures.
12:18Je demande à Marine Blancelot.
12:20Ce classement a été légèrement critiqué,
12:22parce que c'est Lille,
12:24la ville la plus insécure dans ce classement.
12:26Et quand vous voyez que Lille
12:28est devant Marseille ou même Grenoble,
12:30certains se sont questionnés.
12:32Ça, ce sont des villes qui sont pilotées
12:34plutôt par des municipalités.
12:36Effectivement, Lille, Saint-Denis, Marseille,
12:38Bordeaux et Lyon.
12:40Qu'est-ce que vous voulez ?
12:42Nantes n'y figure pas.
12:44Nantes n'est pas loin.
12:46A mon avis, Rennes n'est pas loin non plus.
12:50Voilà ce qu'on pouvait dire.
12:52Je le disais sur ce sujet du jour.
12:54Le deuxième sujet
12:56dont je voulais vous parler,
12:58c'est Adrien Chaboch,
13:00qui est le directeur général des MAUS,
13:02qui a estimé ce matin
13:04sur Radio Luxembourg
13:06que désormais l'abbé Pierre,
13:08c'est l'image d'un prédateur sexuel.
13:10Et ce qui est absolument
13:12extraordinaire, c'est que
13:14la fondation
13:16va changer de nom.
13:18Il y a un an, il y avait encore un...
13:20Un film, un biopic.
13:22Et ça a été
13:24la personnalité préférée des Français
13:26pendant je ne sais combien d'années.
13:30Ce qui est gênant,
13:32c'est qu'il est mort.
13:34Ce qui est gênant dans cette affaire,
13:36et franchement, il n'y a pas l'air d'avoir beaucoup de doutes,
13:38les témoignages s'accumulent,
13:40c'est que dans le fond,
13:42cet homme n'est plus là pour se défendre,
13:44il ne peut plus se défendre.
13:46Je propose que l'on déterre l'abbé Pierre.
13:48Non, c'est pas possible.
13:52Ah, que j'aime Vincent Herouette !
13:54Il n'y a que Vincent qui ose faire
13:56des blagues parallèles. Merci Vincent !
13:58Il est au ciel,
14:00peut-être, ou pas.
14:02Visiblement, il est
14:04plutôt dans l'enfer médiatique, là.
14:08C'était un scénarique,
14:10c'était une icône
14:12médiatique, depuis les années
14:1450, fabriquée par
14:16la radio.
14:18C'était un curé un peu particulier.
14:20Visiblement, oui.
14:22Dans son dernier livre...
14:24Pardon.
14:26J'adore déboulonner des idoles, donc forcément,
14:28quand il n'y a rien de le faire, ils le font.
14:30Oui, mais...
14:32Là, on en a 17 accusations.
14:34Il y a 17 accusations, c'est un fait.
14:36Je vous propose d'écouter, donc, monsieur
14:38Chaboch, Adrien Chaboch,
14:40et le directeur général d'Emmaüs.
14:44La fondation va changer de nom.
14:46Emmaüs France a enclenché un processus
14:48pour consulter son
14:50assemblée générale sur une modification du logo
14:52qui fait référence au fondateur Abbé Pierre.
14:54Et puis, il y a également un changement dans les statuts,
14:56puisque c'est leur nom officiel, Emmaüs France
14:58fondateur Abbé Pierre. Donc, ça veut dire que
15:00toute référence à l'Abbé Pierre
15:02va être supprimée ?
15:04Écoutez, en tout cas, là, c'est des décisions qui sont
15:06soumises aux instances, mais on est un mouvement démocratique.
15:08Donc, on ne peut pas, nous, depuis
15:10la direction des associations, prendre ce genre de décision.
15:12C'est la même chose sur les portraits.
15:14Là au siège, là où nous travaillons
15:16en accord avec les salariés
15:18et salariés du siège, nous avons effectivement retiré
15:20les portraits. Mais c'est un chemin
15:22que doivent prendre chaque groupe
15:24Emmaüs, de discuter
15:26entre eux, d'avoir ce moment de réflexion
15:28et de démocratie pour dire comment
15:30ils traitent désormais la figure
15:32de l'Abbé Pierre. Désormais, l'Abbé Pierre,
15:34pour tout le monde,
15:36mais particulièrement pour les personnes qui ont été victimes de violences
15:38dans leur vie, c'est l'image d'un prédateur
15:40sexuel. Et il faut en avoir
15:42conscience quand on affiche son portrait.
15:44On envoie un message qui peut être très mal vécu
15:46par les personnes qui vont le recevoir. Mais je crois
15:48qu'on a une responsabilité par rapport à ça.
15:50Le mot prédateur
15:52est très fort. Je ne sais pas
15:54si vous le reprenez ou pas.
15:56Pour vous, l'Abbé Pierre a l'image
15:58d'un prédateur sexuel.
16:00Mais
16:02c'est intéressant
16:04de voir les réactions du jour.
16:06Bien sûr. Moi, je ne suis pas enquêteur et je ne suis pas Dieu.
16:08Les témoignages qui ont été publiés
16:10sont des témoignages pour
16:12juger les gens
16:14et avoir l'omniscience.
16:16On a eu chaud.
16:18Ça devenait dur.
16:20D'abord, c'est une information
16:22d'une première importance.
16:24C'est une information que vous nous avez donnée.
16:26Pour vous dire...
16:28J'avais quelques doutes.
16:30Quelques doutes, bien sûr.
16:32Les témoignages sont accablants.
16:34Ils montrent quelque chose de cette nature.
16:36Ce qui m'étonne, comme très souvent
16:38dans ce type d'affaires,
16:40c'est qu'on a l'impression qu'il y a beaucoup de gens
16:42qui savaient. Beaucoup d'institutions
16:44qui étaient parfaitement au courant.
16:46Tant que l'individu était puissant,
16:48c'est la plus grande lâcheté.
16:50C'est pas tant ça.
16:52C'est que l'époque était différente.
16:54C'est pas l'individu puissant.
16:56C'est que l'époque regardait
16:58les choses différemment.
17:00C'est ça qui est compliqué
17:02d'expliquer à des jeunes gens.
17:04Voir par exemple du voyage aux Etats-Unis,
17:06où manifestement, son comportement
17:08était un peu à l'image
17:10du mot que vous avez cité.
17:12Que les Américains disent qu'on va écourter le voyage.
17:14Ça suffit. Il y a un problème.
17:16Au Québec, la police vient.
17:18Les Etats-Unis étaient déjà en avance sur notre époque.
17:20C'est pas que l'homme était puissant.
17:22C'est que l'époque tolérait ça.
17:24C'est ça qui est invraisemblable
17:26pour les jeunes générations qui ne le comprennent pas.
17:28Mais elles ont raison.
17:30Elles toléraient qu'un homme...
17:32Tiens, je vais vous prendre un exemple.
17:34Il y a un rédacteur en chef
17:36qui m'a dit, il y a 30 ans,
17:38j'entrais en rédaction,
17:40tous les jours,
17:42et je touchais les cheveux
17:44d'une jeune fille,
17:46comme ça,
17:48c'était un gimmick, d'une certaine manière,
17:50et il lui touchait les cheveux
17:52et les cheveux bougeaient.
17:54Évidemment, aujourd'hui,
17:56ce geste-là,
17:58il est absolument impossible.
18:00Et cet homme que je connais très bien
18:02n'est évidemment ni un prédateur sexuel,
18:04ni quoi que ce soit, etc.
18:06Mais je vous cite un exemple infime
18:08d'un geste qui, aujourd'hui,
18:10serait vécu comme il ne l'était pas
18:12il y a 30 ans.
18:14Et ce n'est pas une question de...
18:16Comment dire ? Ce n'est pas une question de...
18:18On n'est pas meilleur.
18:20Non, mais c'est pas une question d'importance,
18:22forcément, de la personne ou pas.
18:24C'est l'époque.
18:26C'est intéressant parce que vous citez un geste
18:28qui n'est pas une agression de toucher les cheveux de quelqu'un.
18:30Ben si.
18:32C'est ce qui est discutable.
18:34Mais ce n'est pas discutable.
18:36Pardonnez-moi, ce n'est pas discutable.
18:38Elisabeth, ce n'est pas discutable
18:40pour la jeune génération de jeunes filles
18:42qui m'écoutent, ou de jeunes femmes qui m'écoutent
18:44dans une rédaction, d'être touchée
18:46par quelqu'un. Je suis désolé de vous le dire,
18:48ça s'appelle une agression.
18:50Donc, si quelqu'un vous tapote sur la tête gentiment,
18:52c'est une agression.
18:54Non, mais je vous assure...
18:56Aujourd'hui...
18:58Mais justement, c'est ça l'argument
19:00qui est intéressant. Alors, est-ce qu'on peut juger
19:02l'abbé Pierre, aujourd'hui,
19:04c'est-à-dire un homme d'hier,
19:06des comportements d'hier, comme vous l'avez dit...
19:08Là, on est sur autre chose. On n'est pas sur toucher
19:10simplement les cheveux.
19:12Est-ce qu'on peut juger quelqu'un ?
19:14Vous vous rappelez qu'en justice,
19:16quand quelqu'un meurt, l'action s'arrête.
19:18Oui.
19:20Vous avez signé la jeune génération.
19:22Elle est là.
19:24Non, mais il y a un culte de la personnalité.
19:26Et c'est une vedette publique.
19:28En plus d'être un homme de Dieu,
19:30je rappelle que la religion chrétienne,
19:32commence par dire qu'on est tous pécheurs.
19:34Plus ou moins, quand même.
19:36Non, sérieusement.
19:38Le droit au pardon,
19:40ce n'est pas eu pour eux.
19:42Il est mort sur la croix pour, théoriquement,
19:44que les péchés soient pardonnés.
19:46Donc, moi, je ne juge pas
19:48l'abbé Pierre en tant que chrétien.
19:50Je juge en tant que vedette
19:52donnée à l'admiration de tous,
19:54tarifiée pendant 60 ans.
19:56J'écoute le patron d'Emmaüs
19:58et je vois un chef d'entreprise
20:00qui défend sa marque,
20:02qui défend la réputation,
20:04son logo, son business,
20:06son commerce.
20:08C'est une grosse boîte, l'Emmaüs.
20:10Oui, je reconnais.
20:12Et donc, il passe par-dessus bord
20:14l'ancêtre qui est devenu scandaleux
20:16et qui est un peu dérangeant.
20:18Bon, cette curée...
20:20Après, cette curée contre le curé,
20:22elle est effectivement un peu gênante
20:24quand même, parce qu'il est mort.
20:26Oui, c'est ça. Je rentre complètement dans la pensée
20:28d'Elisabeth Lévy. C'est-à-dire qu'à partir du moment
20:30où l'homme n'est plus là pour se défendre,
20:32comment est-ce qu'on peut considérer que...
20:34Oui, enfin, pardonnez-moi,
20:36mais c'est le principe de l'histoire.
20:38De Louis XIV à Napoléon,
20:40ils ne sont pas là pour se défendre et on parle d'eux
20:42et on les attaque et on remet en cause
20:44ce qu'ils ont fait, etc.
20:46Je suis désolé.
20:48Il me paraît, si on ne devait plus parler
20:50de ceux qui ne sont plus là...
20:52Sauf que là, on est quasiment
20:54dans une affaire pénale.
20:56C'est vrai aussi pour
20:58les hommes politiques.
21:00On revisite leur parcours.
21:02On fait ça matin, mais...
21:04Il y a une comparaison qu'on peut faire
21:06en dehors du moment sexuel. C'était Mirabeau.
21:08Mirabeau qui meurt comme un
21:10saint politique qui est au Panthéon
21:12et dont on découvre
21:14qu'il a eu un rôle plus trouble
21:16et qu'en effet, on va littéralement
21:18déterrer. Ce que je voulais dire
21:20tout à l'heure, c'est que l'abbé Pierre,
21:22là, il y a les témoignages qui sont accablants.
21:24Mais il y a eu une première série de témoignages
21:26il y a quelques mois qui étaient
21:28avec des actes, entre guillemets,
21:30moins graves d'un point de vue pénal
21:32et déjà, certains disaient, ou beaucoup disaient
21:34cancelons-le. Fini.
21:36Et c'est ça que j'interroge, moi.
21:38C'est cette transition d'une période
21:40où on pouvait construire facilement des mythes.
21:42D'ailleurs, l'abbé Pierre était un des mythes de Roland Barthes
21:44qui écrivait très bien, comme le mythe du bien,
21:46l'incarnation absolue du bien, et tout le monde était en
21:48pamoison devant lui, alors qu'il y avait des choses
21:50discutables, même dans ses propos, parfois.
21:52Et aujourd'hui,
21:54une logique... Ah, j'ai trop parlé.
21:56Ce n'est pas que vous avez trop parlé, c'est que
21:58désormais, cette petite sirène
22:00nous permet d'être à l'heure.
22:02Donc, elle est un peu vive, elle est un peu
22:04brutale.
22:06Oui, mais parce que c'est la transition
22:08avec notre ami Thomas Hulme. Mais au moins,
22:10on n'est plus en retard, et à 9h22,
22:12on a l'impression que la police arrive.
22:14Mais faites attention à vous, parce que
22:16elle vous a à l'œil, la police.
22:18Thomas Hulme, bonjour !
22:20Bonjour, Pascal, j'aime beaucoup ce
22:22« elle est un peu vive », effectivement, elle est légèrement...
22:24Mais non, mais elle est efficace !
22:26Bon anniversaire, Pascal !
22:28Vous êtes très gentil.
22:32Vous êtes bien aimable.
22:34Vous êtes bien aimable.
22:36Mais alors, j'ai appris un truc, parce qu'en fait,
22:38je serais né à 0h10,
22:40et il n'y avait pas de changement d'heure à l'époque.
22:42Donc, en fait, à priori,
22:44je serais né le 8 septembre,
22:46à 23h10, et pas à 0h10.
22:48Ecoutez, les biographes auront...
22:50Les limbes pour les historiens !
22:54Les biographes auront, je pense,
22:56du travail !
22:58Il va falloir retoucher tout ça, bien sûr.
23:00Bon, Thomas, vous êtes parfait.
23:02Merci, vraiment, merci beaucoup.

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