Jeudi 12 septembre 2024, SMART BOURSE reçoit David Benamou (Associé Gérant - Directeur des Investissements, Axiom Alternative Investments)
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Le dernier quart d'heure de Smartbourg, chaque soir c'est le quart d'heure thématique, le thème ce soir c'est celui du secteur bancaire en Europe.
00:17Nous en parlons avec les spécialistes d'Axiom Alternative Investment, ce sont directeurs des investissements et cofondateurs bien sûr, associés et gérants.
00:24David Benhamou, bonsoir David.
00:26Bonsoir.
00:27Vous tombez à pic, David, puisque vous voulez parler, on va parler un peu des résultats des banques, mais non, la grosse actualité c'est quand même cette question.
00:34Est-ce que c'est le retour des grandes manœuvres dans le secteur bancaire européen ? On parle bien sûr de l'opération Unicredit-Commerzbank.
00:41L'opération Unicredit a construit une position de 9% au capital de Commerzbank, ça s'est fait ces dernières heures en partie.
00:48Et donc, prise de contact, début de réflexion, voire de spéculation sur ce qu'il pourrait se passer désormais entre ces deux grandes banques.
00:57L'histoire n'est pas nouvelle, ça fait partie des serpents de maires bancaires européens.
01:00Mais comment vous regardez cette opération ? Est-ce qu'elle donne le signal de quelque chose de plus large au niveau européen ?
01:08Ou est-ce qu'à ce stade, ça reste très spécifique, Unicredit avec Andréa Orsell à la manœuvre, et Commerzbank avec les difficultés qu'on connaît du secteur bancaire en Allemagne ?
01:18D'abord, ce n'est pas la seule opération, puisqu'il y a quelques semaines, BNP Paribas a fait quand même un pas important en rachetant l'asset management, en rachetant AXAIM.
01:29Donc on a une première opération d'envergure, et ce qui fait qu'en quelques semaines, on en a deux en tout cas. La deuxième n'est pas faite en tout cas, mais voilà.
01:39C'est intéressant, la séquence pour vous, elle commence avec les négo-exclusives BNP Paribas, Asset Management, AXAIM.
01:45Oui, c'est la première grosse opération significative en Europe, même si elle est locale. En tout cas, on sent que quelque chose se passe.
01:52Alors, il y a quelque chose qui permet de déclarer un petit peu ce qui est en train de se passer, c'est évidemment l'adoption du paquet bancaire par le Parlement européen en avril 2024,
02:04qui marque l'adoption de BAL4. C'est-à-dire que c'est la fin de 15 ans de diverses législations, transformation du secteur, coussins de capital, revue des risques moyens pondérés, etc.
02:20La constitution d'un superviseur unique, d'une résolution unique, etc. La seule chose qui manque aujourd'hui, c'est la garantie des dépôts communes.
02:32Elle est à peu près, en tout cas, on sait comment elle devrait être tissée. Elle avance très très lentement. Mais en tout cas, toutes les problématiques de capital réglementaire
02:43et finalement de stabilité du système financier européen avec la résolution, la supervision sont dernières à nous.
02:49Le risque réglementaire, ça y est, une bonne fois pour toutes, est derrière nous et derrière pour le secteur bancaire européen.
02:55Oui, parce qu'en fait, il n'y a plus de nouvelles législations qui prévoient des nouveaux coussins de capital, un recalcul des risques moyens pondérés.
03:02Tout ça, c'est fini. Il n'y a plus de projet devant nous. Et c'est probablement ce qui a déclenché les grandes malheurs.
03:08On ne s'attend plus à une nouvelle surprise, à une mauvaise surprise, à une incertitude réglementaire.
03:14Il n'y a plus d'épée de Damoclès de ce point de vue-là.
03:16Il n'y a plus d'incertitude réglementaire sur ce qui va se passer si on fait une acquisition de cette ampleur.
03:20Par ailleurs, ce qui est très intéressant et ce qui a facilité probablement l'opération d'hier, c'est que dans ce texte qui a été adopté en avril,
03:28la pondération des participations financières a été abaissée à 250%.
03:33En gros, ça veut dire que l'acquisition qui a été faite hier, les fameux 4,5% rachetés, consomment très peu de capital réglementaire.
03:41Et comme Commerzbank a quand même aujourd'hui un rendement cash qui est très important, puisqu'on parle de 13%,
03:48c'est déjà une très bonne affaire en dehors de l'augmentation du cours de 20%.
03:54C'est déjà relutif pour l'opération.
03:57Qu'est-ce qu'on peut dire du dossier spécifique Unicommerz ?
04:02Et puis, comme vous le dites, si la séquence commence avec les manœuvres entre BNP et AXA sur l'asset management,
04:08aujourd'hui Unicredit et Commerzbank.
04:11Je sais qu'on a détaillé avec vous des consolidations qui se passaient au niveau domestique, local, en Espagne, en Italie, bien sûr.
04:17Mais est-ce que là, c'est quelque chose de plus grand qui commence ?
04:20Alors, ça peut être quelque chose de plus grand qui commence.
04:22Ce qui est très intéressant, c'est que Unicredit, on pense que c'est une banque italienne.
04:26En fait, dans Unicredit, il y a Hupe Forensbank.
04:28Et donc, ça veut dire que les Italiens connaissent déjà très bien l'Allemagne.
04:32Et la fusion se ferait probablement par HVB.
04:35Elle a beaucoup de sens.
04:36Ça permet au groupe de passer, je crois, plus de 10% de part de marché, en fait, au plan local.
04:44C'est un peu le même type de banque avec la même sensibilité auto.
04:48Mais ça veut dire qu'on commence à créer une taille critique.
04:53Il manquera pas dans tous les métiers.
04:54Donc, il y aura encore des choses à racheter.
04:58André Orsell, qui vient des fusions acquisitions, qui a une quantité énorme d'excès de capital,
05:05qui a été constitué d'abord sous l'ère de Jean-Pierre Mustier,
05:08qui a fait la plus grosse augmentation de capital à l'époque.
05:11La banque a été totalement nettoyée.
05:13Et puis ensuite, évidemment, par la profitabilité d'Unicredit, grâce à la hausse des taux.
05:18Donc, il a un très, très gros trésor de guerre.
05:20Il peut consolider commerce et peut-être d'autres.
05:25Je crois que pour la petite histoire, c'est Orsell, qui était chez Merrill à l'époque,
05:29qui conseillait Unicredit pour le rachat de HVB au début des années 2000.
05:33C'est ça, en Allemagne.
05:36C'est suffisant pour se dire que...
05:39Parce que là, ça y est, on a les premières prises de parole.
05:41André Orsell, le patron d'Unicredit, s'est exprimé.
05:44Alors évidemment, on sent qu'il a envie d'y aller, qu'il a envie de faire l'opération.
05:48Après, il est aussi honnête.
05:49Il dit qu'on peut monter au capital.
05:51On peut redescendre si on n'est pas les bienvenus, si nécessaire.
05:55On peut bien sûr envisager un rapprochement total avec Commerzbank.
06:00Comment c'est reçu côté allemand ?
06:02Au-delà de l'aspect réglementaire, est-ce que les freins psychologiques ou politiques
06:09de se dire que Commerzbank peut demain être détenue par une banque italienne,
06:13même si elle est déjà présente sur le marché allemand, est-ce que c'est possible aujourd'hui ?
06:17Ou est-ce qu'on va passer par un moment où il faudra explorer d'autres options en Allemagne, en France ?
06:25Comment vous voyez la séquence se dérouler ?
06:28Il a aussi précisé qu'on a du temps.
06:30Et on peut être patient.
06:32On peut être patient, voilà ce qu'il a dit précisément.
06:34Nous sommes patients.
06:35C'est précisément ce qu'il a dit.
06:38Le frein, potentiellement, c'est l'overlap qu'il va y avoir entre Hippoforence Bank et Commerzbank.
06:50Ça veut dire qu'il y a probablement un plan de licenciement, en tout cas un ajustement des effectifs à faire.
06:56Ça peut être le frein principal à l'opération.
07:00D'ailleurs, les syndicats ont réagi tout de suite, assez rapidement.
07:04C'était assez amusant.
07:06Verdi, c'est le représentant de Verdi, syndicat de salariés représentant chez Commerz.
07:11La déclaration était assez amusante parce qu'il expliquait qu'il préférait éventuellement des Français.
07:18Je comprends mieux avec les Français, il a dit.
07:20Je pense qu'il y avait deux degrés de lecture dans ce qu'il a dit.
07:24Puisque c'est probablement qu'effectivement, une fusion avec Sochgen, il n'y a pas d'activité en Allemagne.
07:29Donc ce serait beaucoup plus simple.
07:30Ça peut être un des principaux freins.
07:33Pour l'instant, il n'y a pas de communiqué de presse officielle.
07:38Je pense qu'il y a beaucoup de discussions en cours pour voir ce qui est faisable.
07:45Moi, j'ai le sentiment qu'il va aller jusqu'au bout.
07:50Parce que ça fait beaucoup de sens.
07:53C'est la première opération transfrontalière.
07:58On montre souvent des classements de banques dans le monde.
08:04Et on voit à quel point nos banques européennes sont toutes petites, n'ont pas de taille critique.
08:08Et se font damer le pion régulièrement par les banques américaines.
08:12Donc, ça a quand même beaucoup de sens.
08:16Donc, c'est à l'air d'être quand même le centre de l'histoire.
08:20Avec ce choc réglementaire, cette épée de Damoclès réglementaire qui est partie.
08:24Mario Draghi qui nous dit qu'il faut prendre des risques.
08:28Il faut desserrer les taux réglementaires.
08:31Il parle pour un nombre de secteurs importants, bien sûr, pour tous les secteurs.
08:35Mais il parle aussi pour le secteur financier.
08:39On va suivre ça avec attention.
08:42Au-delà de ça, ça veut dire que les banques européennes se portent toujours bien.
08:47Sur le plan de leurs performances opérationnelles, de leurs fondamentaux, de leurs modèles d'affaires.
08:52Elles sont encore dans des phases où elles améliorent peut-être même encore leurs profils opérationnels.
08:58Aujourd'hui, dans un début de cycle de baisse de taux.
09:01Si vous voyez ce que je veux dire, David.
09:03Tout à fait.
09:04Alors, c'est intéressant parce qu'on vient juste de terminer la publication des résultats du deuxième trimestre.
09:12Et en fait, c'est le dix-septième trimestre consécutif.
09:16Où, après la publication des résultats, les analystes rehaussent les attentes de résultats pour l'année.
09:22Après le deuxième trimestre, c'est une hausse de 3-4% en moyenne.
09:27Donc, les banques européennes se portent très bien.
09:32Les raisons sont extrêmement simples.
09:35C'est qu'on est passé dans un cycle de taux à nouveau normal.
09:39Ça veut dire quoi ?
09:40Ça veut dire qu'on a des taux positifs.
09:42Et quand on a des taux positifs, ça veut dire que les banques gagnent aussi de l'argent sur les dépôts.
09:46Ce qui n'a pas été le cas pendant dix ans à peu près.
09:49Sous l'ère des taux négatifs.
09:51Donc, ça surprend tout le monde.
09:52Mais effectivement, il y a tout d'un coup la profitabilité du secteur qui est redevenue normale.
09:57Mais ce qu'on n'avait pas connu depuis très longtemps.
10:00Alors, on entre dans cette cycle de baisse de taux.
10:02Mais ce qui va se passer, c'est que le moteur marge nette d'intérêt sur les dépôts va baisser un peu.
10:08Mais en revanche, ce qu'il y a de très intéressant, c'est que la partie marge d'intérêt sur les crédits,
10:15elle va monter.
10:17Notamment par le renouvellement du stock.
10:20Exactement.
10:22Parce qu'en fait, le stock historique qu'ont les banques, c'est un stock qui a été originé, comme on dit.
10:29Dans les taux zéro.
10:30Oui, c'est ça.
10:31Donc, les marges sont réduites.
10:35Même si les taux baissent un peu, renouveler ce stock, une partie de ce stock, ce sera toujours plus positif que ce qu'on avait au départ.
10:41Absolument.
10:42Ça ne peut être que mieux.
10:43Très clair.
10:47C'est assez lent.
10:48Grosso modo, si on regarde deux types de portefeuille.
10:51Portefeuille de prêt à la consommation, c'est 5 ans en moyenne.
10:54Donc, on a renouvelé en total du stock pour à peu près 5 ans.
10:56Pour l'immobilier, c'est plus long, c'est 12 ans en moyenne.
10:59Donc, ce n'est pas immédiat, mais graduellement, on va avoir une amélioration de la contribution à la marge nette d'intérêt des portefeuilles de prêt.
11:11Il y a un autre élément qui est aussi important, c'est la pente des taux.
11:14Parce que la pente des taux, s'il y a une pente des taux entre 0,3 ans et 0,5 ans selon le type de banque, les banques font de la transformation.
11:25Et ça contribue aussi à la marge.
11:28La pente des taux était plate, il n'y en avait pas pendant des années et des années.
11:32Donc, si les taux courts baissent et qu'on a des attentes de rebond de l'économie, on va avoir un état positif entre les parties longues et les parties courtes.
11:47Exactement.
11:48Donc ça, c'est juste sur la partie marge nette d'intérêt.
11:50Et puis ensuite, il y a les commissions.
11:52Quand les taux rebaissent, l'activité repart, que ce soit l'activité de prêt, l'abandon d'investissement, etc.
11:59Ça veut dire qu'en réalité, quand on prend une perspective historique, ce qu'on a fait dans notre webinaire, on a regardé l'historique de la marge,
12:09on se rend compte qu'on est à des niveaux qui sont en dessous de la moyenne historique.
12:13On est revenu à peu près à la normale.
12:16Les marges nettes d'intérêt, d'accord.
12:18C'est là une marge de progression qui est vraiment importante.
12:22Donc une vue positive toujours sur le secteur.
12:25Aujourd'hui, on n'a plus le temps, David, mais je signale que les performances sont au rendez-vous.
12:29Ça fait déjà 2-3 ans que le secteur surperforme et que vous, avec des stratégies d'action sur les banques et les financières européennes,
12:35vous surperformez très largement, de manière très significative, vos indices de référence.
12:39Mais pour vous, la vue positive, elle ne change pas. Elle est intacte aujourd'hui.
12:43Oui, la vue reste vraiment positive.
12:47Tant qu'on a des taux qui restent positifs, on a un secteur qui continuera de s'améliorer.
12:54Et puis le dernier point, c'est qu'il y a beaucoup d'excès de capital qui a été accumulé,
12:57qui fait qu'aujourd'hui, le rendement est en moyenne de 11%.
13:01C'est une énorme protection, en tout cas contre les événements qui peuvent se produire.
13:08Toujours un bon secteur, toujours un secteur leader, et c'est encore un des secteurs leaders en Europe depuis le 1er janvier.
13:13Merci beaucoup, David Benhamou, qui vient nous éclairer sur les sujets bancaires régulièrement dans Smart Bourse,
13:18cofondateur et directeur des investissements d'Axiom Alternative Investments.