• il y a 3 mois
Une des plus belles histoires que j’ai entendue sur la capacité à faire un signe à quelqu’un dans le travail, c’est-à-dire lui montrer qu’il (ou elle) compte, est celle des petits radis roses. Elle est racontée par un grand chef cuisinier multi-étoilé qui relate son apprentissage du métier. Il décrit ses débuts dans une immense brigade dirigée par un chef très prestigieux. Il explique que, tout jeune débutant, il est consigné à une tâche subalterne : celle de l’épluchage des légumes. Toute la journée donc, notre jeune marmiton épluche des légumes, dans un coin de la cuisine, tâche répétitive et ingrate qui en rebuterait plus d’un. Comment vaincre l’ennui et le désintérêt ? Comment ne pas succomber à la démotivation et arriver à sauvegarder la rigueur du geste ? [...]

Category

🗞
News
Transcription
00:00Une des plus belles histoires que j'ai entendues sur la capacité à faire un signe à quelqu'un
00:13dans le travail, c'est-à-dire à lui montrer qu'il ou elle compte, est celle des petits
00:18radiroses.
00:19Elle est racontée par un grand chef cuisinier, multi-étoilé, qui relate son apprentissage
00:24du métier.
00:26Il décrit ses débuts dans une immense brigade dirigée par un chef très prestigieux.
00:30Il explique que, tout jeune débutant, il est consigné à une tâche subalterne, celle
00:36de l'épluchage des légumes.
00:38Toute la journée donc, notre jeune marmiton épluche des légumes dans un coin de la cuisine,
00:43tâche répétitive et ingrate qui en rebuterait plus d'un.
00:47Comment vaincre l'ennui et le désintérêt ? Comment ne pas succomber à la démotivation
00:53et arriver à sauvegarder la rigueur du geste ?
00:55Notre chef ne cache pas que le découragement guetté.
00:59Mais nous dit-il, le grand chef qui régnait sur la cuisine faisait deux choses qui maintenaient
01:05la motivation et l'envie des collaborateurs, sans avoir fait des études dans de grandes
01:09écoles de management.
01:10Tout d'abord, il proposait à tous de regarder dans la salle à manger du restaurant les
01:16clients se délecter des mets qui leur étaient apportés, ce qui permettait à chacun de
01:21comprendre pourquoi il était là et de comprendre à quoi le plus modeste geste était un maillon
01:27dans une chaîne.
01:28L'épluchage des légumes prenait du sens quand le jeune apprenti les voyait apprêter
01:33dans les assiettes, accompagnant des viandes ou des poissons succulents.
01:37La seconde chose que faisait le grand chef de notre marmiton était de se placer certains
01:43soirs à la sortie des cuisines pour dire au revoir, mais surtout proposer un petit
01:48mot personnalisé à chacun.
01:49C'est ainsi que notre petit éplucheur de légumes s'entendait dire à la fin d'une
01:54journée fatigante et obscure « bravo pour les petits radis roses » de la part du grand
02:01chef, ce qui le remplissait de joie et de fierté.
02:05Il se sentait reconnu et pleinement contributif de l'immense et complexe prestation que
02:11l'ensemble de la cuisine offrait.
02:13Cette petite phrase prononcée avec bienveillance lui prouvait l'exigence d'excellence
02:19attendue par le maître et le tirer vers le haut, lui démontrait aussi qu'il existait
02:24comme une personne à part entière et pas simplement comme le rouage d'une grande
02:29machine impersonnelle.
02:31Cette histoire des petits radis roses m'est restée et je pose la question, en tant que
02:37collaborateur, avons-nous eu souvent droit à ce petit signe de reconnaissance qui remet
02:43en marche le moteur de la motivation si souvent déclinant ?
02:48Et comme manager, savons-nous adresser ce signe à ceux et celles qui travaillent dans
02:53nos équipes ?
02:54Manager, ce n'est pas seulement organiser les brigades pour que la cuisine tourne bien
02:59et que les meilleurs plats arrivent en temps et en heure sur la table des clients du restaurant.
03:03Manager, c'est aussi savoir remercier pour la qualité de l'épluchure des plus simples
03:10légumes.
03:11Je souhaite à tout un chacun de trouver ses petits radis roses.

Recommandations