Lundi 30 septembre 2024, SMART IMPACT reçoit Yann Le Floc'h (cofondateur et CEO, Stairwage) , Benjamin Le Berre (PDG, Tonnellerie Cadus) et Noémie Khenkine-Sonigo (Fondatrice, Team'Parents)
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00:08Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de celles et ceux qui font de la transformation environnementale et sociétale
00:14un axe fort de leur stratégie. Et voici le sommaire. Mon invité, c'est Benjamin Le Baird, président de la tonnerie Canus, qui propose aux viticulteurs bourguignons
00:23un flux 100% local ou comment faire travailler les entreprises régionales et baisser son bilan carbone. Le Zoom RSE portera sur les violences
00:32intrafamiliales dont sont victimes une femme sur six en France. Comment détecter ces violences tout en respectant la vie privée de ses employés ?
00:41De plus en plus d'entreprises tentent de répondre à cette question complexe. Et puis, dans notre rubrique Start-up, la bonne idée du jour,
00:47c'est qu'on va aller signer Stairwage, l'application qui veut redonner du pouvoir d'achat aux salariés grâce au versement du salaire à la demande.
00:54Voilà pour les titres. C'est parti, c'est Smart Impact.
00:58Générique
01:04L'invité de Smart Impact, c'est Benjamin Le Baird. Bonjour.
01:08Bonjour.
01:08Bienvenue. Vous êtes le président de la tonnellerie Cadus. Racontez-moi, vous fabriquez des tonneaux et des fûts depuis quand ? On est dans quelle région ?
01:16Qui sont vos clients ?
01:17Alors, la tonnellerie Cadus existe depuis 1996. Et on est en plein cœur de la Bourgogne viticole à la Doua Sérigny, donc vraiment créée proche des premiers clients,
01:31qui sont les clients bourguignons, pour ensuite se développer à travers le monde et les différentes régions françaises.
01:37Il y a quelques grands vins qui vieillissent dans vos fûts. Faites-nous rêver un peu.
01:43Bien sûr. Il y a pas mal de grands vins. Et tous les vins ont leur qualité et leur importance. Et dans l'ensemble de la Bourgogne viticole,
01:51on va se retrouver sur les grands crus de la Côte de Nuit, sur des cortons Charlemagne. En Côte de Bonne, on va avoir bien sûr sur Meursault,
02:00Puligny-Montrachet, Chassagne-Montrachet.
02:02Vous vendez vos fûts à l'étranger aussi ?
02:04Oui. Une grosse partie du travail des tonneliers en France est aussi d'avoir du business à l'étranger, puisqu'il y a une forte saisonnalité.
02:12Et donc c'est un petit peu obligatoire de trouver des marchés qui nous amènent du boulot pour les tonneliers, du travail pour les tonneliers toute l'année.
02:19Et donc à la tonnerie Caduce, on a essayé au fil des années de se répartir une clientèle qui permette de faire travailler des tonneliers
02:30qui ont des compétences très spécifiques. Et donc c'est une main d'œuvre qui a énormément de valeur ajoutée et qu'on ne peut pas trouver juste comme ça.
02:39Et donc dans quel pays ? Ça va jusqu'où ?
02:41Alors le gros du marché, c'est les États-Unis, avec le plus gros du volume en Californie, sur la Napa-Vallée, Sonoma-Vallée,
02:52mais aussi l'Oregon avec de très beaux pinots noirs. On est présents en Amérique du Sud, sur Chili, Argentine, Brésil, l'Afrique du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande.
03:03Et en Europe, bien sûr, les plus gros pays qui vont être l'Espagne et l'Italie.
03:08Voilà. On a voyagé grâce à vous. Vous annoncez. Et pourtant, on va parler de circuit court et de choix de développement local,
03:15puisque vous annoncez le lancement d'un fus 100% bourguignon. Alors il s'appelle 47.07, c'est ça ?
03:22Oui.
03:22C'est quoi ? C'est une localisation ?
03:24Exactement. C'est un nom pour interpeller, mais aussi pour recentrer la tonnerie. Donc c'est le début des coordonnées GPS de la tonnerie, 47.07.
03:34D'accord.
03:34Et du coup, ça permet de dire, voilà, la tonnerie est ici. Et ce qu'on a cherché à faire, c'est d'être au plus proche de la tonnerie pour l'ensemble des matières.
03:44Alors justement, d'où viennent... D'abord, il faut quelles matières premières ? J'imagine du bois, un cerclage. Enfin bon, les matières premières, elles viennent d'où ?
03:52En effet, il n'y a pas énormément de composants. Le principal composant, c'est le bois. Et donc sur ce fus-là, on garantit à nos clients de trouver le bois au plus loin, à 130 km, donc en Bourgogne.
04:06Et si on peut au plus près, ça peut se rapprocher. Ça dépend des forêts. Ça dépend des années. Mais dans tous les cas, en Bourgogne.
04:11Donc le bois constitue le plus gros de la matière première. Ensuite, on a les cerclages. Et pour les cerclages, on a une entreprise à Châlons-sur-Saône, à une demi-heure de la tonnerie,
04:23qui s'appelle Girondor et qui fait des cerclages pour nous, sur lesquels ils ont mis un design particulier pour ce fus-là. On va avoir une pâte de farine qui fait la jointure entre le fond et le corps du fus
04:36qu'on a trouvé à 5 km de la tonnerie. Donc une farine de jointage qu'on mélange avec du bois. Et une protection qu'on a trouvée en chanvre par la société Géochambre, qui est dans Lyon.
04:52– D'accord. Donc on est vraiment en Bourgogne. Mais en vous écoutant, je me dis finalement on revient à ce qu'on faisait avant. Non ?
04:59– Exactement. – Alors c'est pas une critique. Mais qu'est-ce qui faisait que le reste, et là vous continuez d'ailleurs, le reste de vos fus, le bois vient de beaucoup plus loin,
05:10les cerclages viennent de... Enfin voyez ce que je veux dire.
05:13– En fait à Caduce, le fus 4707 n'est pas juste un élément dans la gamme du circuit court. C'est la continuité d'une politique qui se fait depuis longtemps à la tonnerie.
05:25Et qui est vers cette éco-responsabilité, cette réflexion d'un fus soit local, soit respectueux de son environnement.
05:35Donc nous à la tonnerie Caduce, déjà depuis le début, c'est 100% chêne français.
05:40– D'accord. – Donc ça veut dire qu'au plus loin, on aura des bois qui viennent du sud-ouest, mais principalement centre-France.
05:47Donc en fait, il n'y a pas eu tant de difficultés puisque le bois de la Nièvre, du bois bourguignon, on en avait déjà.
05:55– Et alors dans les autres engagements, parce que vous nous dites qu'on est dans un processus, puisqu'on parle de bois,
06:02vous participez à la reforestation au choix des essences par exemple ?
06:06– Exactement. La tonnerie avec le milieu du bois en France est un temps long et complexe.
06:14La forêt est extrêmement bien gérée par l'ONF d'une part, et nous on achète nos bois à l'ONF via notre mérendier.
06:22Mais en plus, la tonnerie Caduce, depuis un certain nombre d'années, pour chaque client qui vient acheter un fus, on replante un arbre.
06:29– C'est un engagement que vous prenez ?
06:31– C'est un engagement qu'on prend auprès de nos clients.
06:33– D'accord.
06:34– Et ça participe à des programmes de plantation avec les pépinières nodées, sous forme de mécénat, et on vient contribuer à ça.
06:45Sur le fus 4707, la protection en chanvre, on la met sur tous nos fus aussi, c'est-à-dire qu'il peut le plus, peut le moins.
06:52À un moment donné, l'ensemble de la démarche, en fait, le fus 4707, il est là aussi pour montrer notre démarche globale à Caduce.
06:59– Question, mais aussi, est-ce qu'il y a des emballages ?
07:01C'est-à-dire, quand vous livrez un fus, vous le livrez tel quel, ou alors vous le protégez ?
07:05– Alors on le protège, donc il y a cette protection en chanvre maintenant, et avant c'était en carton,
07:10donc ça, ça fait une vraie réduction, puisque le chanvre, c'est les fibres de chanvre qui ne sont pas utilisées
07:18quand l'agricole utilise la graine, donc en fait on vient déjà recycler…
07:23– Donc c'est un coproduit de l'agriculture à qui vous donnez une autre vie économique, d'accord ?
07:27– Et en plus, on dit à nos clients qu'ils peuvent l'utiliser comme compost, ou l'épandre dans les vignes,
07:32ou faire un paillage auprès de… donc ils peuvent réutiliser cet emballage-là.
07:37Si on ne se situe qu'en Bourgogne, puisqu'on a des clients à travers le monde,
07:40mais en Bourgogne, on essaie même, en livrant nous-mêmes, de mettre zéro emballage.
07:43Le meilleur déchet, c'est celui qu'on ne crée pas, et on essaie de faire attention à ça.
07:48– Vous disiez, ça fait quelques années, vous disiez même, dès le départ, on était sur des chaînes 100% français,
07:55donc ça, depuis les années 90.
07:58Il y a eu une accélération dans cette démarche de réduction de l'impact carbone
08:04ou de l'impact environnemental de l'entreprise ?
08:06– Il y a… la stratégie initiale, elle était sur ce 100% français,
08:11et en effet, depuis 10 ans, il y a quand même, de par tout ce qu'on entend,
08:17tout l'environnement qui nous entoure et les exigences de nos clients,
08:22une volonté de continuer avec eux, d'aller avec nos clients
08:28dans des démarches plus écoresponsables, sur lesquelles on va s'engager avec eux.
08:33Puisqu'en fait, nous, tout ce qu'on va faire, c'est aussi proposer à nos clients
08:38de participer par exemple, avec ce FU4707, à une cuvée
08:42où ils vont être dans une démarche écoresponsable ou en bio ou en biodynamie,
08:47mais en même temps, ils ont cherché à réduire le poids des bouteilles ou autre.
08:51Nous, on leur dit, dans cette gamme-là, on peut aussi participer
08:54à l'ensemble de votre démarche intellectuelle.
08:56– Oui, et vous vous engagez, parce que la viticulture est souvent montrée du doigt
09:01ou critiquée pour l'utilisation des produits phytosanitaires, pesticides, etc.
09:05Et c'est vrai qu'on imagine aussi que vos clients,
09:08ils essayent de donner une image plus écoresponsable
09:13parce qu'ils ne peuvent pas tout à fait se passer des pesticides.
09:16Est-ce qu'on est dans cette démarche aussi ?
09:18– Alors ça, c'est côté…
09:19– C'est leur réponse à eux, c'est pas leur réponse à leur place, mais bon.
09:23– Nous, on vient répondre à nos clients qui nous en font la demande,
09:28on vient aussi leur proposer, c'est une démarche proactive, on n'a pas…
09:31– C'est-à-dire que ce FU100% Bourignon, ce n'est pas vos clients qui vous ont dit
09:34il nous faut vite un FU100% Bourignon pour améliorer notre image ?
09:37– Non, c'est un peu dans l'écoute du marché, dans la sensibilité qu'on a
09:41à développer la tonnerie dans cette voie-là, qui nous a amenés à le faire,
09:45et du coup, on a des clients qui, en connaissant celui-là,
09:50ont levé le doigt pour en acheter.
09:52– Tiens, question, parce que les agriculteurs en général
09:56sont en première ligne face au dérèglement climatique,
09:59est-ce que vous, vous le ressentez aussi ?
10:01Est-ce que ça a des conséquences sur votre métier ou pas du tout ?
10:04– Alors, il y a deux temps, parce qu'il y a le temps de la forêt,
10:09qui lui, a un temps extrêmement long, donc la forêt française, elle est gérée,
10:15et forcément, à un moment donné, il va y avoir un impact climatique,
10:18et ça, c'est l'ONF qui va gérer dans ce qu'elle va pouvoir proposer
10:23aux tonneries françaises dans la disponibilité du bois.
10:26Donc là, il y a un impact, et il serait mieux à Zamem d'en parler.
10:31L'autre impact, pour nous, il va être commercial, puisque chaque année,
10:35on va être impacté de la récolte de nos clients et de nos viticulteurs,
10:39donc on peut avoir des années où ils ont besoin énormément de fût,
10:42et des années où ils en ont moins besoin, mais ça, j'ai envie de dire,
10:46ça a toujours été l'aléa du millésime dans le business du vin.
10:51– Merci beaucoup Benjamin Le Verre, et à bientôt sur Be Smart for Change.
10:55On passe à notre Zoom RSE,
10:57comment les entreprises peuvent-elles aider les salariés victimes de violences intrafamiliales ?
11:10– C'est le Zoom de ce Smart Impact avec Noemi Ken-Kinsonigo, bonjour.
11:15– Bonjour. – Bienvenue, vous êtes la fondatrice de Team Parent,
11:19on va parler des violences conjugales, des violences intrafamiliales
11:23et de la façon dont les entreprises peuvent prendre leur part
11:26à la lutte contre ces violences.
11:28Vous êtes une ancienne avocate spécialiste de la parentalité
11:31et des situations de crise dans les familles,
11:33et donc vous avez créé Team Parent, c'est quoi Team Parent ?
11:36– Team Parent, c'est une application qui est une application mobile
11:40qui va venir soutenir les parents séparés
11:42ou les parents qui traversent une crise familiale.
11:44Comme vous l'avez dit, j'ai été avocate en droit de la famille,
11:46j'ai fait ça pendant 12 ans, donc j'ai accompagné plein de familles
11:50et de parents en particulier dans des moments de crise, de rupture
11:53ou de difficultés liées notamment aux violences intrafamiliales
11:56parce que c'est un sujet qui est très présent.
11:58Et puis voilà, depuis le début de ma carrière,
12:00je constate que ces parents-là sont démunis,
12:03ils ne savent pas par où commencer.
12:05Encore aujourd'hui, toutes les semaines, j'ai des gens de mon réseau
12:08ou du réseau de mon réseau qui m'appellent en me disant
12:10Noémie, je ne sais pas où trouver une info,
12:12je ne sais pas par quoi commencer, je ne sais pas comment trouver un avocat,
12:15est-ce que je dois trouver un avocat ?
12:17Et donc l'idée c'est de mettre en lien tous ces gens
12:19qui traversent des crises difficiles avec un réseau d'avocats
12:22vraiment qualifiés, éthiques, bienveillants
12:25et puis des informations fiables et accessibles sur l'application.
12:28Et donc vous êtes, par votre activité passée et votre activité actuelle,
12:34au cœur de ce constat des violences conjugales.
12:38Une femme sur six est ou sera victime de violences conjugales dans sa vie.
12:43C'est un chiffre constant, c'est un chiffre en augmentation ?
12:45Si on peut essayer de se situer dans le temps un peu.
12:48Alors, les chiffres officiels, on a le sentiment qu'ils augmentent.
12:51Mais il y a plusieurs facteurs.
12:54D'abord on est dans une période difficile depuis cinq ans,
12:57il y a le Covid, il y a les crises économiques,
12:59il y a la baisse du pouvoir d'achat qui va venir mettre les familles en tension
13:02et donc qui augmente, ce qui sont des facteurs de risque de violence.
13:04Donc on pense que les violences augmentent.
13:06Est-ce qu'il y a plus de déclaratifs aussi ?
13:08Voilà, on pense aussi qu'il y a plus de déclaratifs.
13:10Ce qui est très bien, c'est une bonne nouvelle.
13:12Le problème c'est qu'il faudrait que la justice suive.
13:14Et les moyens de suivre.
13:15Et les moyens suivent à hauteur du nombre de déclarations
13:19parce qu'on pousse maintenant beaucoup les victimes,
13:21alors les femmes et il y a aussi des hommes qui sont victimes
13:23même si l'immense majorité c'est les femmes qui sont victimes,
13:26mais on pousse beaucoup les victimes à parler
13:29mais derrière on n'a pas grand-chose à leur proposer.
13:31D'où l'idée de faire intervenir les entreprises
13:33qui aussi ont leurs responsabilités.
13:35Alors justement, autre chiffre, un couple sur sept se forme sur le lieu de travail
13:39et forcément certains d'entre eux vont se retrouver confrontés
13:41à ces questions de violences intrafamiliales.
13:44Ça veut dire que c'est forcément un sujet pour les entreprises et pour les DRH ?
13:50C'est sûr qu'il y a plein de gens qui sont en train de se dire
13:53« Mais bien sûr, ce n'est pas mon sujet, ce n'est pas mon problème ».
13:55Alors déjà, premièrement, de plus en plus les entreprises se rendent compte
13:58que le bien-être, la santé mentale, la parentalité, c'est aussi leur sujet.
14:03Parce qu'un salarié qui ne va pas bien dans sa vie personnelle,
14:07qui ne trouve pas un bon équilibre vie pro-vie perso,
14:09en fait il coûte cher aussi à l'entreprise.
14:11Donc ça c'est un premier constat.
14:13Il y a vraiment, et notamment depuis le Covid, une vraie prise de conscience de tout ça.
14:17Et en plus, quand on parle à un DRH et qu'on lui dit
14:19« Parmi vos salariés, il y a à peu près 80% de parents.
14:22Sur ces parents, il y en a un sur deux ou un sur trois,
14:25en fonction des lieux et des typologies de population, qui est séparé.
14:29Il y en a qui vont se séparer dans l'année.
14:31Il y en a un certain nombre qui sont des couples intra-entreprise.
14:35Et dans ces couples, il y en a, de manière certaine, des couples dans lesquels il y a de la violence.
14:40Vous avez des victimes au sein de votre entreprise,
14:43et on peut donner des chiffres, des estimations.
14:45Dans votre entreprise, vous avez à peu près une centaine de victimes de violence.
14:48Et c'est parmi vos salariés, donc c'est sous vos yeux.
14:51Donc, il faut faire quelque chose avec une grande difficulté.
14:53C'est-à-dire que c'est de l'ordre de la vie privée.
14:56D'abord, est-ce qu'il y a des signes à bon coureur ?
15:00Et puis, à quel moment on décide d'intervenir ?
15:03C'est-à-dire, c'est attendre forcément que le salarié,
15:08ou donc, j'ai bien compris, le plus souvent, la salariée,
15:11vienne vers quelqu'un dans l'entreprise en disant « ça va pas, je suis victime de ça ».
15:15Il faut attendre, il faut anticiper.
15:17Alors, avant de...
15:20La première démarche qu'une entreprise peut faire, c'est déjà se former.
15:23Se former et se sensibiliser à ces questions-là.
15:26Pour plusieurs raisons.
15:27D'abord, pour que les équipes de managers, de RH,
15:30de responsables diversité et inclusion, office manager,
15:33peu importe, les gens qui vont être les interlocuteurs des collaborateurs,
15:36se sentent outillés.
15:37Parce qu'aujourd'hui, on le sait, moi je forme beaucoup les médecins,
15:40je forme les internes en médecine,
15:41qui sont aussi les premiers interlocuteurs des victimes.
15:44Et en fait, ils disent eux-mêmes, ces internes en médecine,
15:46que plus ils sont formés, plus ils voient les signes,
15:49et moins ils sont formés, moins ils arrivent à voir,
15:51et moins ils ont envie de poser les questions,
15:52parce qu'ils ne savent pas quoi faire des infos.
15:54Et donc, d'abord, il faut former les équipes qui sont
15:56au plus proche des collaborateurs.
15:58Pour qu'ils soient formés, pour qu'ils soient outillés.
16:00Et le deuxième sujet, c'est que ça permet
16:02que l'entreprise prenne sa responsabilité,
16:04et disons, on adresse ce sujet-là.
16:06Ça permet aussi d'adresser un message aux victimes
16:08qui sont au sein de l'entreprise,
16:10qui vont se dire « mon entreprise voit le sujet,
16:12et prend sa responsabilité ».
16:14– Pardon, je vous interromps.
16:16Un message collectif, déjà, pour commencer.
16:18Parce que moi, je suis parti d'une démarche très individuelle.
16:20En fait, il faut commencer par un message collectif.
16:22– Il faut commencer par un message collectif de « on est entreprise,
16:24mais on accepte d'adresser le sujet ».
16:26Et ensuite, effectivement, il ne faut pas que ce soit intrusif.
16:29Il faut respecter la confidentialité.
16:31Il faut que la démarche vienne du parent
16:33qui est en détresse ou de la victime.
16:35Mais il faut que ce parent ait pu identifier l'interlocuteur.
16:38– Mais ensuite, il faut l'orienter vers un professionnel.
16:43C'est-à-dire que ce n'est pas à l'entreprise
16:45de régler le conflit intrafamilial.
16:47C'est une évidence que je voulais rappeler.
16:49– Non, non, bien sûr.
16:51Ce n'est pas à l'entreprise de régler le conflit.
16:53Mais l'entreprise peut avoir soit un service social interne
16:55ou un service social externalisé,
16:57un service de médecine,
16:59de médecine du travail interne ou externalisé.
17:01Il peut avoir des partenariats avec des entreprises
17:03qui sont spécialisées.
17:05Nous, c'est ce qu'on propose aux entreprises.
17:07C'est que les entreprises réorientent vers nous,
17:09les parents,
17:11et parfois financent les frais de l'application
17:13et les frais des rendez-vous des avocats
17:15qui sont sur notre application
17:17pour leurs collaborateurs qui vont être ciblés
17:19comme étant dans un besoin d'accompagnement.
17:21– Vous parliez des médecins des internes que vous formez.
17:25Donc on peut imaginer une formation pour les DRH
17:29ou les salariés d'une entreprise
17:31qui sont en contact et qui sont chargés, etc.
17:33Et donc, vous disiez deux choses.
17:35Je voudrais entendre les détails.
17:37On ne sait pas quelles questions poser
17:39et surtout, on a du mal à détecter les signes.
17:41Qu'est-ce que vous pouvez nous dire de plus là-dessus ?
17:43– Alors, quand un manager, collaborateur,
17:47pressent qu'un coéquipier traverse une période difficile,
17:51en fait, le premier conseil que je peux donner,
17:53c'est de poser les questions les plus ouvertes possibles.
17:57Je sens que ça ne va pas en ce moment.
17:59Est-ce que tu as envie de m'en parler ?
18:01Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ?
18:03Et ensuite, une fois que la parole est ouverte,
18:05si elle s'ouvre, parce que si elle ne s'ouvre pas,
18:07c'est que ce n'est pas le bon moment,
18:09et c'est à la personne qui traverse une crise
18:11d'avoir le pouvoir d'agir et de décider
18:13quand c'est le bon moment d'en parler ou pas.
18:15Si c'est le bon moment, le premier réflexe,
18:17c'est de ne pas rester seule avec ce sujet-là,
18:19de réorienter vers des gens qui sont formés,
18:21en interne ou en externe,
18:23de proposer des noms d'associations, etc.
18:25Mais déjà, le seul fait d'avoir une écoute attentive,
18:27en essayant de ne pas être dans le jugement,
18:29en posant des questions les plus ouvertes possibles,
18:31déjà, c'est une aide en soi.
18:33Ça permet de mettre la victime de violences,
18:35si on parle de ça,
18:37dans un cycle de bienveillance
18:39qui va éviter de la renfermer.
18:41Parce que bien souvent,
18:43cette victime aura essayé d'aller porter plainte
18:45et elle n'aura pas réussi.
18:47Ou alors, elle va être jugée par son entourage, etc.
18:49Déjà, avoir un œil bienveillant
18:51et une écoute, une vraie écoute,
18:53ça rend service déjà à la victime.
18:55Et puis, il y a une question de confidentialité,
18:57évidemment, qui est majeure.
18:59Et ensuite, pour le vilain anglicisme,
19:01de dispatching,
19:03d'envoyer vers les bonnes personnes.
19:05Est-ce que vous, vous faites des formations à l'entreprise ?
19:07Oui.
19:09On a deux activités qui se servent.
19:11Notre mission, c'est vraiment de soutenir les parents
19:13et de former ceux qui les accompagnent.
19:15On forme les avocats, les travailleurs sociaux,
19:17les professions médicales, etc.
19:19Mais on propose aussi des formations
19:21en entreprise pour former, typiquement,
19:23les managers, etc.
19:25pour qu'ils aient le bon œil.
19:27Justement, vous disiez au début de notre interview
19:29qu'il y avait de plus en plus d'entreprises
19:31qui s'en emparaient.
19:33Depuis quand ?
19:35Team Parent, vous l'avez créé il y a combien de temps ?
19:37Team Parent, dans la version actuelle,
19:39il y a à peu près deux ans.
19:41D'accord, donc c'est récent.
19:43Mais en revanche, dans votre activité d'avocate,
19:45est-ce que vous avez senti une prise de conscience
19:47du monde économique, justement, des entreprises ?
19:49Oui, très clairement.
19:51Du monde économique, mais aussi des pouvoirs publics sur ces sujets-là.
19:53On entend beaucoup parler de monoparentalité,
19:55de violences intrafamiliales et tout.
19:57Depuis le début de ma carrière, je ne traite que de ce sujet-là.
19:59Donc, je ne peux qu'accueillir la place
20:01de ce sujet-là dans les médias
20:03avec bonheur,
20:05parce qu'enfin, il y a de la place.
20:07Et puis, je vois aussi, par rapport
20:09à mes échanges avec DDRH, même il y a deux ans,
20:11que le sujet est plus mûr aujourd'hui.
20:13Il y a des mots,
20:15les mots « santé mentale ».
20:17C'est intéressant parce que
20:19dans cette émission ou dans d'autres émissions
20:21pour Bismarck Fortune,
20:23j'ai commencé à voir ces mots apparaître
20:25dans la bouche de mes interlocuteurs
20:27il y a deux ans, moi.
20:29Oui, c'est ça. Je pense qu'il y a eu
20:31vraiment un shift
20:33pour faire un anglicisme depuis deux ans.
20:35Et effectivement, les questions
20:37de santé mentale sont éminemment liées
20:39avec les questions qu'on traite. Parce que la parentalité,
20:41c'est aussi une source de stress.
20:43La séparation, c'est un des moments clés
20:45où il peut y avoir des problèmes de santé mentale
20:47ou de la détresse. Et les violences intrafamiliales,
20:49ça a un impact hyper important sur la santé mentale
20:51de la victime, des enfants
20:53et parfois même de l'auteur.
20:55Et donc, pardon, mais alors là, c'est très cynique,
20:57mais sur la rentabilité
20:59ou l'efficacité, le bien-être
21:01évidemment, du salarié.
21:03C'est-à-dire que même des chefs d'entreprise
21:05ou des cadres dirigeants qui disent
21:07« ce n'est pas notre problème », bah si, c'est ce que vous disiez tout à l'heure.
21:09Il y a un chiffre qui tourne
21:11en permanence, mais un salarié qui est
21:13dans un mal-être dans l'entreprise,
21:15ça coûte 15 000 euros par an à l'entreprise
21:17en absentéisme, en prise en charge.
21:19Une démission, ça coûte cher.
21:21Une silent démission,
21:23c'est comme ça qu'on dit,
21:25ça coûte très cher à l'entreprise.
21:27Et quand on sait que, encore une fois,
21:2980% des salariés, c'est des parents,
21:31on ne peut pas négliger leur bien-être.
21:33Est-ce que les plus petites entreprises
21:35se sentent
21:37encore plus démunies que les grandes ?
21:39Oui, parce que
21:41elles ont le sentiment qu'elles ne sont pas légitimes.
21:45Il y a encore plus
21:47d'ambivalence sur l'envie
21:49de prendre soin des salariés,
21:51mais la peur d'être intrusif
21:53au sein des petites entreprises.
21:55Dans les grandes entreprises, il peut y avoir un peu d'institutionnel,
21:57il y a un service social,
21:59parfois en interne, etc.
22:01Et puis, il peut y avoir quelqu'un qui est en charge de ce sujet-là.
22:03Dans une petite entreprise, on ne peut pas se permettre
22:05d'avoir un responsable RSE parentalité.
22:07Et du coup, ces sujets sont traités
22:09de manière un peu transverse,
22:11donc on a plus de mal à prendre en charge ce sujet.
22:13Dernier, il nous reste une minute.
22:15Vous l'avez dit, il y a des hommes,
22:17ou moins d'hommes, victimes de violences
22:19intrafamiliales. Dans quelle proportion ?
22:2390 % des victimes sont des femmes.
22:25Et 90...
22:27Oui, 95 % des auteurs
22:29sont des hommes.
22:31On est quand même sur une vraie masse.
22:33C'est toujours important.
22:35Mais pour terminer,
22:37des hommes qui en sont victimes,
22:39est-ce qu'ils en parlent encore moins que les femmes ?
22:41Oui. Enfin, d'après
22:43les estimations qu'on a, mais par essence,
22:45dans le peu, on a du mal à évaluer.
22:47Mais oui, il y a une stigmatisation aussi
22:49très forte sur les victimes de violences
22:51quand elles sont des hommes.
22:53Effectivement, c'est aussi un vrai sujet.
22:55Merci beaucoup Noémie
22:57et à bientôt
22:59sur BeSmart for Change.
23:01On passe à notre rubrique Start-up tout de suite.
23:09Smart Ideas avec Yann Le Floch.
23:11Bonjour.
23:13Vous êtes le directeur général de Stairwage
23:15créé en 2020 avec Jérôme Seyneau. Avec quelle idée ?
23:17Une idée très simple.
23:19On s'est rendu compte d'une chose,
23:21c'est que les imprévus pour les salariés en France
23:23étaient mal gérés.
23:25Aujourd'hui, ils ont trois options sur la table.
23:27Une première option qui est de demander
23:29de l'argent à de la famille ou à des amis,
23:31ce qui est plutôt gênant. Deuxième option,
23:33d'être à découvert bancaire. Et ça, ça coûte cher.
23:35Pour vous donner un chiffre, c'est 7 milliards d'euros
23:37d'agios qui sont versés aux banques tous les ans.
23:39Je n'ai rien contre les banques,
23:41mais quand je parle d'achat, je me dis qu'il y a véritablement
23:43quelque chose à faire pour réinjecter une partie
23:45de ces 7 milliards. Et la troisième option
23:47qui est le fameux à-compte sur salaire.
23:49Et là, l'à-compte sur salaire, on s'est rendu compte
23:51d'une chose, c'est qu'il y a 52%
23:53des Français qui n'ont jamais entendu
23:55parler de ce système légal
23:57qui est inscrit dans le Code du travail.
23:59Et la deuxième chose, c'est que 73% des Français
24:01auraient honte d'aller demander un à-compte
24:03sur salaire à leur employer.
24:05Donc, on s'est dit qu'il fallait
24:07détabouiser et, quelque part, évangéliser
24:09ce système qui est de
24:11digitaliser les à-comptes sur salaire.
24:13Expliquez-moi comment ça marche. Quel service
24:15vous proposez avec Starwage ?
24:17Le service est très simple. On a digitalisé
24:19les à-comptes sur salaire.
24:21En deux clics et moins de 5 secondes,
24:23les salariés peuvent
24:25s'envoyer, se verser une partie du salaire
24:27déjà gagné. On parle bien de jours déjà
24:29travaillés pour lesquels ils ont gagné
24:31de l'argent et donc ils ont des disponibilités
24:33là-dessus. Mais ça veut dire que
24:35des entreprises acceptent
24:37de travailler avec vous.
24:39Ce n'est pas tous les salariés qui peuvent faire ça.
24:41Nos clients sont
24:43les entreprises et, pour être plus précis,
24:45c'est souvent des ETI et des grandes entreprises.
24:47Il y a une véritable
24:49prise de conscience qu'aujourd'hui, les salariés
24:51ont besoin de beaucoup plus de souplesse financière
24:53et, quelque part,
24:55de gagner aussi en autonomie par rapport
24:57à la gestion de leur salaire. Et d'ailleurs,
24:59on ne s'est pas arrêté à la gestion
25:01des à-comptes sur salaire. Ce qu'on a fait aussi,
25:03c'est qu'on a créé différents modules
25:05qui vont permettre de gérer à la fois les à-comptes,
25:07de mieux gérer leurs comptes
25:09bancaires, parce qu'on est capable de
25:11les aider à mieux gérer leurs comptes bancaires,
25:13pas épargner ou investir, mais en tout cas être au-dessus
25:15de zéro à la fin du mois, et puis aussi
25:17d'accéder, quelque part, aux aides
25:19publiques et sociales de manière beaucoup plus simplifiée.
25:21Alors ça, je crois que vous venez de lancer un service
25:23qui s'appelle Booster, c'est ça ? Oui, absolument.
25:25De quoi s'agit-il ? Alors, là-dessus,
25:27on s'est rendu compte d'une chose, c'est que
25:29en France, les aides publiques et sociales
25:31existent, mais
25:33en fait, un, il y a une barrière
25:35linguistique, c'est-à-dire que c'est
25:37compliqué pour un certain nombre de personnes d'y accéder,
25:39et deux, c'est tout simplement
25:41très compliqué de comprendre les aides
25:43publiques auxquelles on peut être éligible.
25:45Résultat des courses, il y a 10 milliards d'euros
25:47d'aides publiques et sociales qui ne sont pas versées
25:49à des personnes qui pourraient être éligibles. Donc là-dessus,
25:51nous, on s'est dit, on est parti de ce constat,
25:53et on s'est dit qu'il fallait simplifier
25:55ce système, et pour le simplifier,
25:57on a rajouté une brique d'intelligence artificielle
25:59qui permet donc de casser
26:01la barrière linguistique et de le mettre en mode
26:03conversationnel pour profiler
26:05quelque part les personnes, et en fonction
26:07du profil de la personne, leur dire
26:09vous êtes éligible à telle aide, et donc
26:11ça peut mettre un peu de beurre dans les épinards
26:13pour un certain nombre de personnes.
26:15Ce qui est intéressant, parce qu'il y a eu
26:17le prélèvement à la source pour les impôts qui a très bien marché,
26:19le gouvernement avait promis un versement
26:21à la source pour toutes les aides sociales,
26:23on n'y est pas encore, c'est ça ?
26:25On n'y est pas encore, mais finalement,
26:27on est en train, quelque part, d'y arriver.
26:29C'est ce que vous proposez ?
26:31Quelque part, oui, mais on ne s'est pas arrêté là non plus.
26:33On a encore poussé un peu
26:35ce module, et là,
26:37aujourd'hui, on est capables aussi
26:39de simplifier
26:41l'accès à l'information RH.
26:43En fait, aujourd'hui, on s'est rendu compte que
26:45pour avoir les informations sur une convention collective,
26:47pour avoir une information sur une prévoyance,
26:49sur une mutuelle ou autre, c'est extrêmement compliqué.
26:51Et donc on s'est dit qu'il fallait
26:53simplifier et centraliser
26:55un certain nombre d'informations, et donc,
26:57vous parliez de Booster, et effectivement, Booster
26:59va accompagner les salariés pour
27:01justement simplifier
27:03cet accès à l'information RH.
27:05Donc, votre modèle économique,
27:07vos clients sont les entreprises, c'est quoi ?
27:09C'est une sorte d'abonnement ?
27:11C'est une licence mensuelle,
27:13et en revanche, ce qui est très important, c'est que c'est complètement
27:15gratuit pour le salarié.
27:17Effectivement, vous avez raison de le préciser, c'est bien l'entreprise
27:19qui est cliente de Stairwage et pas le...
27:21Est-ce qu'il y a des réticences ?
27:23Est-ce qu'il y a encore des entreprises qui
27:25vont là-bas, mais même si c'est la loi,
27:27j'ai pas envie d'entrer là-dedans ?
27:29De moins en moins. Vous m'auriez posé la question
27:31il y a deux ans, je vous aurais dit
27:33oui, il y a des contraintes.
27:35Les entreprises sont plutôt réticentes
27:37aujourd'hui. Il y a une véritable prise
27:39de conscience sur
27:43l'objectif de l'entreprise de redonner
27:45de l'autonomie à ses salariés par rapport à la gestion
27:47de leur salaire, et puis quelque part aussi
27:49d'augmenter leur pouvoir d'achat.
27:51Parce que nous, notre objectif, c'est aussi
27:53ça, c'est d'améliorer le bien-être financier
27:55des salariés, en améliorant leur pouvoir
27:57d'achat, et donc en baissant
27:59les agios, les frais
28:01de rejet, etc.
28:03Merci beaucoup Yann Le Floch, et bon vent
28:05à Stairwage. Voilà, c'est la fin de ce numéro
28:07de Smart Impact, je vous dis
28:09à demain pour de nouvelles aventures, salut.