Nouveau Premier ministre : pourquoi ça traîne ? - L'édito de Chloé Morin

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##L_EDITO_POLITIQUE-2024-12-09##

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00:00— Bonjour, Chloé. — Bonjour. — Ça va, Chloé ? — Ça va, ça va.

00:04— Bon, Chloé, dites-moi, si nous parlions de ce futur Premier ministre qu'on ne connaît pas ?

00:09— Alors, ça traîne. Ça traîne parce que... — Ça traîne, oui.

00:13— Ça traîne parce qu'Emmanuel Macron ne peut pas se permettre de faire la moindre erreur cette fois-ci.

00:20Il ne peut pas se permettre d'être censuré dans 3 mois, comme Michel Barnier vient de l'être.

00:26Et au fond, on dit souvent que le président aime prendre son temps.

00:30Mais en l'occurrence, l'équation à résoudre est loin d'être simple.

00:34— Eh oui. — Si l'on commence par la question des personnes.

00:38D'abord, on entend que Gabriel Attal bloquerait Sébastien Lecornu de peur qu'il lui fasse de l'ombre.

00:44On a entendu que Laurent Wauquiez a dans un premier temps demandé le poste de Bruno Retailleau,

00:50qui devenait trop populaire à son goût, avant de rétropédaler dans le Figaro en se rendant compte qu'il avait fait une faute.

00:56Donc cet étalage d'ambition personnelle est tout à fait indécent.

01:00— Ah bah oui. — Et je crois que les Français n'en peuvent plus.

01:04— Oui. Confirme. — Et je n'ai aucun doute sur le fait que les personnes

01:08qui se livrent à ces calculs personnels seront durement sanctionnées par les Français.

01:12Donc ça, c'est pour les ambitions personnelles. Ensuite, sur le fond,

01:16Emmanuel Macron a affiché l'ambition de construire un socle au moins de non-censure,

01:22qu'il y ait des socialistes aux Républicains et qu'il soit en fait suffisamment large

01:26pour lui assurer une stabilité dans la fin de son mandat pour 2 ans.

01:30— C'est ce que disait Yael Brown-Pivet. Elle faisait des calculs. Ça fait 299 députés...

01:34— Exactement. — ...à l'Assemblée.

01:36— Le problème, c'est que briser aujourd'hui... Donc ça voudrait dire que la gauche toppe avec Emmanuel Macron.

01:42C'est un grand risque à prendre pour elle, parce que je vous rappelle que s'il y a une dissolution dans 6 mois,

01:48on ne sait pas, les députés socialistes et les députés écologistes aussi auront besoin des Insoumis

01:54et de l'alliance avec les Insoumis pour être élus. Donc c'est un saut dans le vide pour les écologistes.

01:58— Oui, mais ce sont des calculs politiciens. Ce sont les Français qui votent après.

02:02— Oui, mais il résonne comme ça quand même. Vous avez pu le constater.

02:06Donc en contrepartie de ce saut dans le vide, c'est normal qu'ils demandent des concessions importantes.

02:12Et donc la liste des courses est importante. Les socialistes ont déjà dit vendredi au président

02:17qu'ils souhaiteraient un Premier ministre de gauche. Et puis on peut imaginer que dans les listes de courses,

02:22il y aura le détricotage de la réforme des retraites, potentiellement une taxation plus importante des riches.

02:28C'est l'objet des consultations qui vont avoir lieu ce matin.

02:32— Ah, consultation ce matin, puisqu'Emmanuel Macron reçoit les communistes à 10 heures, les écologistes à 11 heures.

02:41Il reçoit le groupe Lyott également. Mais Emmanuel Macron peut-il accepter de céder sur la réforme des retraites

02:48dont il a fait un symbole de ces réformes ?

02:51— Eh ben justement, c'est ça le dilemme. C'est là où le dilemme devient très complexe pour Emmanuel Macron.

02:57Parce qu'en fait, il a deux choix. D'un côté, il peut choisir de continuer à gouverner avec la droite.

03:02Et dans ce cas-là, ça lui permettrait de préserver son bilan sur la politique de l'offre et sa réforme des retraites

03:08et donc d'éviter d'arriver à la fin de 10 ans de mandat et qu'on lui dise finalement « Vous n'avez pas fait grand-chose ».

03:15Donc ça, c'est une première solution. Mais le problème de cette solution-là, c'est qu'elle a un immense inconvénient.

03:21C'est qu'elle le place à nouveau dans la main de Marine Le Pen.

03:26Et sa pire ennemie n'aura – on n'a pas beaucoup de doutes là-dessus – que dès qu'elle aura l'occasion de le faire fûter

03:34ou en tout cas de le déstabiliser, elle le fera.

03:39Et évidemment, si le Premier ministre tombe à nouveau, ça sera à nouveau une pression très conséquente sur la démission du président de la République.

03:47— Voilà. — Et donc l'alternative, c'est d'accepter la main tendue de la gauche, mais au prix évidemment d'un détricotage d'une partie de son bilan.

03:57Et parce que, comme je l'ai dit tout à l'heure, pour elle, ce serait un saut dans le vide. Va-t-il l'accepter ? C'est toute la question.

04:04— Voilà. Et nous saurons ça quand ? — Je pense qu'on va le savoir demain ou après-demain, probablement.

04:09— Non, ça va aller beaucoup plus vite que la dernière fois. Bon, on l'espère. Je vous le dis tout de suite. On l'espère.

04:15Il est 7 h 51. Merci, Chloé. Vous êtes à l'antenne tout de suite. 0826 300 300.