Anaïs : "J'aimais ce côté raconter des histoires, emmener les gens dans le rêve"
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00:00Bonjour Anaïs.
00:01Bonjour.
00:02Vous êtes chanteuse sur le papier, vous apparaissez comme ça, sauf que vous n'êtes pas qu'une
00:05chanteuse lambda, pas une chanteuse comme les autres.
00:08D'ailleurs, qu'on se le dit, vous n'aimez pas faire comme les autres, je crois que c'est
00:11aussi ce qui vous définit.
00:12Au départ, il y a eu le groupe Opossum avec des concerts pour apprendre le métier, puis
00:17la scène en solo avec comme compagnon un kazoo, une guitare et puis surtout une pédale
00:22sampler, histoire de vous donner plus de voix.
00:25Cette voix est de retour, enfin, Anaïs, avec un album tout nouveau intitulé Un Sacré
00:31Numéro.
00:32N'êtes-vous pas, Anaïs, comme c'est écrit sur la pochette de ce disque, évidemment
00:34avec ce clin d'œil et cette voiture Peugeot 205, un sacré numéro ?
00:38Ah oui, je crois qu'il y avait un clin d'œil, c'est une expression un peu désuète et j'assume
00:44totalement que je fais des choses un peu à l'ancienne, voilà, l'autotune, au contraire
00:50j'ai fait même une chanson sur l'autotune où je faisais l'autotune moi-même à la
00:53voix.
00:55Je m'inscris.
00:56C'est un sacré numéro.
00:58Je me suis posé la question de savoir comment, quelle place est occupée cette voix dans
01:02votre vie alors ? Et à quel moment elle rentre dans votre vie en plus ?
01:06J'ai toujours, j'ai tellement toujours chanté que je me suis rendu compte très, très
01:12tard que c'était mon instrument, en fait, j'ai fait beaucoup d'instruments et je
01:16revenais toujours vers, j'adorais ma petite flûte à bec, je revenais toujours vers les
01:19instruments avant. Au bout d'un moment, j'ai eu un déclic à 16 ans quand j'ai écrit
01:23ma première chanson, j'ai dit mais t'es chanteuse en fait.
01:27Ça coulait de source, j'allais à la chorale, je sais pas si t'es rare personne au collège
01:30qui allait à la chorale entre midi et deux quand d'autres pour les échecs et voilà.
01:35Après, je me suis rendu compte que oui, c'était ça, c'était évident.
01:39Même quand vous étiez seul sur scène avec vos instruments, le but du jeu, c'était
01:42de ne dépendre, j'ai l'impression, de personne, d'être toujours maître de ce que
01:47vous aviez envie de dire, de raconter, de produire aussi.
01:50C'est ça. Après, il y a eu, vous savez, je suis arrivé à une période où les
01:54beaucoup de rachats, de maisons de disques, tout ça, ce qui n'était pas encore rajouté
01:58un peu. Donc, c'est sûr que oui, j'ai fait deux albums après chez Universal, mais je
02:03me sentais pas très à l'aise là-bas, je crois qu'ils comprenaient pas ce que je
02:06faisais. Je fais un album de reprises pas connues.
02:13Évidemment, ils ont pas trop kiffé parce que justement, j'avais un côté de faire
02:17comprendre que des vieilles chansons pouvaient être drôles et sociales.
02:21Je me sens aussi un petit peu une âme de passeuse là-dedans, de cette
02:28chanson réaliste, fantaisiste qui, pour moi, est très forte et mon cœur, mon amour,
02:31en est vraiment issu.
02:33Elle représente quoi, avec le recul, cette chanson, alors, Anaïs ?
02:38Au départ, elle faisait vraiment partie du live et mon éditeur, qui était malin,
02:41a dit écoute, celle-là, je crois qu'il y a un potentiel, il faudrait que tu la
02:44réenregistres en studio. Donc, ça faussait complètement le projet.
02:48Moi, je me rendais pas compte que ça allait être un tube parce que je voyais
02:52qu'il y avait plutôt Elle sort qu'avec des blagues, qui était un zouk, qui
02:56marchait très bien en live.
02:59Il y a eu des coups d'accélération avec le Printemps de Bourges et puis les
03:07fameuses Victoires de la Musique où j'avais pas peur d'être qui j'étais.
03:11J'ai dit ouais, je vais arriver, je vais faire mon petit délire où je fais
03:14l'Ecosse, où je fais un bagpipe écossais toute seule.
03:19Je mets mon T-shirt I love Laurie pour déconner parce qu'il y avait des
03:22T-shirts I love Madonna, I love Britney.
03:25Et puis mon cœur, mon amour.
03:26Effectivement, visiblement, cette fraîcheur a plu.
03:29Dès le départ, vous nous avez montré le chemin, c'est-à-dire qu'à chaque fois
03:34que vous interprétez une chanson, il y a toujours des personnages dans vos
03:40chansons. Et encore dans cet album, quand on l'écoute, il y a plein de
03:44personnages et chacun devient un peu acteur des chansons.
03:46On n'est pas que spectateur, qu'auditeur.
03:48On a aussi des personnes.
03:50C'est très incarné.
03:51Voilà, c'est très incarné.
03:52On peut mettre des têtes. On a tous une personnalité qui correspond
03:56grosso modo à ce que vous nous racontez.
03:57Est-ce que ce n'est pas à la force de votre écriture, ça aussi?
04:00C'est ça, c'est que j'aime bien faire un minifilm, en fait, qu'on s'y croit
04:03vraiment. C'est toujours ça qui m'intéresse.
04:08Christina sur le chip show, c'est une histoire, c'est une nouvelle,
04:13en fait. Et c'est pour ça que j'ai voulu faire la suite.
04:17Je me suis dit, je vais faire Christina, saison 2.
04:20C'est aussi une façon de dédramatiser, ça, de décrire des chansons, de
04:23tendre la main pour dédramatiser.
04:25C'est ça, j'ai beaucoup, je crois que j'ai vraiment beaucoup besoin de
04:27dédramatiser la vie. Je suis quelqu'un qui doit avoir, je pense, un truc
04:32vraiment triste, profond, qui a besoin que de ramener
04:37beaucoup de bonheur et de gaieté.
04:40C'est peut être pour ça que les gens aiment bien mes concerts aussi, c'est
04:42vraiment ce qui m'anime, quoi.
04:45Qu'est ce qui fait que vous ayez choisi la musique,
04:50alors, pour vous exprimer ?
04:51Parce que c'est votre moyen d'expression.
04:53Je pense que j'ai un grand instinct, je suis guidée par quelque chose d'assez
04:58profond. Je n'ai pas beaucoup confiance en moi, ce qui fait que j'ai failli être
05:02prof d'anglais, ne pas faire ce que je sentais au plus profond.
05:05Mais en fait, c'était évident et puis ça a pris
05:10plusieurs chemins. J'ai commencé dans un groupe.
05:13Je pense que voilà, quand j'ai découvert cette pédale, là, ça correspond
05:15exactement à ton amour des personnages, au fait que tu puisses, tu as une voix très
05:19élastique, que tu puisses mettre un bon sens du rythme, parce qu'il faut arriver à
05:22boucler toutes ces voix dans le rythme et faire croire que c'est comme Fred Astaire,
05:27que c'est facile, qu'on fait des claquettes.
05:30Et je crois que c'est juste moi.
05:31C'était parce que, parce que petite, j'étais assez renfermée et tout, j'ai bouffé
05:35toutes les comédies musicales du monde et j'aimais ce côté raconter
05:39des histoires, emmener les gens dans le rêve aussi.
05:42Parce que les comédies musicales, c'est ça.
05:44Et puis, et puis les amuser.
05:47Je pense que c'est vraiment, tout simplement, une partie profonde de moi.
05:52Il représente quoi cet album alors ? Un sacré numéro.
05:54Il a été long à faire parce qu'il est complètement, complètement autoproduit.
05:58Je sens que tout le trajet que j'ai fait sur mes précédents albums, c'était pour
06:04finalement arriver à faire ça, être capable de faire mes chansons avec
06:10instruments, en ayant acquis toute l'expérience que j'ai maintenant.
06:16Sans peur d'aller loin, parce qu'il y a des chansons comme « Too old for that shit »,
06:21c'est n'importe quoi, ça va dans tous les sens.
06:23Il y a un côté un peu zappa, mais pourquoi pas ?
06:26Et arriver à faire des textes forts.
06:29Je ne sais pas, qu'est-ce que j'ai réussi à placer ?
06:30Des mots improbables.
06:32« Fouta » j'ai mis dans mon...
06:33J'ai tout mis, je vais être franche, mais j'ai tout mis.
06:36Je tousse sur ma « fouta ».