Marie-Anne Chazel et Michel Leeb
Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce mercredi, c’est Marie-Anne Chazel et Michel Leeb, comédiens, pour la pièce de théâtre "Parle-moi d'amour" au théâtre de la Michodière, une œuvre de Philippe Claudel, mise en scène de Nicolas Briançon.
Retrouvez "Le portrait sonore de l'invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-portrait-inattendu
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00:00Alors j'ai la chance de recevoir ce matin deux grands comédiens qui ont le talent en commun de nous faire rire depuis des décennies maintenant.
00:06Alors imaginez-les réunis sur scène pour jouer un vieux couple qui s'engueule...
00:11Mais qui envoie du bois !
00:13Un vieux couple ça on n'aime pas !
00:15Un couple de 30 ans c'est ça à peu près ?
00:18Non pas un couple de vieux, un vieux couple !
00:20Ah oui, j'ai banni un couple de vieux !
00:22Non mais j'aime pas le mot vieux dans une phrase, ça m'insupporte !
00:26Ça aussi je vais le bannir alors !
00:27Marianne Chazelle et Michel Leb, bonjour !
00:29Bienvenue tous les deux, Parle-moi d'amour, c'est le titre de cette pièce que vous jouez à la Michaudière depuis quelques jours.
00:35On va en parler dans un instant, mais d'abord la tradition ici c'est votre portrait sonore, des petits sons pour mieux vous connaître, voici le premier !
00:41Jésus revient, Jésus revient, Jésus revient parmi les siens, Jésus de la croix...
00:49Si je vous passe ça, c'est parce que vous avez tous les deux eu une éducation religieuse, j'ai découvert ça, Marianne...
00:54J'allais dire, je me souviens pas qu'il y en ait un qui ait joué dans la vieille frère...
00:56Non mais en plus je me suis dit, c'est gouré, quand ça arrive parfois que vous fassiez des erreurs dans les journées, je me suis dit, tiens ils sont trompés !
01:04Marianne Chazelle, vous, votre père était pasteur et Michel Leb, vous avez étudié chez les Jésuites, vous avez eu une éducation très stricte tous les deux, Marianne d'abord ?
01:12Plutôt, avec de vraies valeurs !
01:15Et c'est votre mère qui vous a éveillé au théâtre, c'est ça ?
01:18Je pense, oui oui, maman avait le goût du théâtre, qu'elle a pu exprimer tardivement, parce qu'elle était dans sa position de femme de basseur, c'était un peu compliqué,
01:26mais elle a eu la chance de rencontrer une personne qui s'appelait Rianouchkine, ça vous dit peut-être quelque chose ?
01:31C'est après le... ça envoie du bois !
01:35Et voilà, elle s'est lancée là-dedans, et c'est vrai que petite fille, jeune fille, elle m'a permis de découvrir ça.
01:41Et vous Michel Leb, votre mère vous a placé en pension dans un collège de Jésuites, parce qu'elle devait aller travailler, c'est ça ?
01:47Oui, bon voilà, puis mes parents étaient séparés, donc pour nous éloigner un peu du chaos familial, clac, pension !
01:54Jésuites, et c'était comment chez les Jésuites ?
01:56Ah, une éducation extrêmement stricte, sévère, et puis bon voilà, mais je pratiquais un sport assez particulier, je faisais des fugues.
02:05Je fuyais régulièrement, et on me repêchait devant un flipper, un ivreux, etc., en train de jouer à 10h, 11h du soir, en train de jouer au flipper dans un troquet pourri.
02:17Mais enfin bon, c'est vrai, ça fait partie d'une éducation très importante.
02:21Et puis vous y avez quand même reçu le premier prix de récitation, donc le talent était déjà là ?
02:25Oui, j'aimais beaucoup faire des récitations, et je me souviens par exemple d'un texte de La Fontaine où je me suis régalé à faire à la fois le corbeau et le renard, je faisais les deux.
02:37Je faisais un petit peu le corbeau, je faisais un petit peu le renard, je me demande si je ne faisais pas le camembert à un moment donné ?
02:42Déjà ce talent d'imitateur ! Allez, un autre extrait sonore, écoutez ça.
02:46Eh bien oui, j'avais des problèmes de lessive, je n'avais jamais trouvé de lessive qui puisse me rendre un linge vraiment blanc, parce que j'ai un problème particulier.
02:57Vous savez, chez moi, il y a la mère de mon mari, souvent elle ne se retient plus bien, vous savez ce qui arrive, elle fait sous à elle parfois.
03:06Ce qui fait que mon linge n'était jamais impeccable, j'avais toujours des auréoles, d'urine, de merde, même les glaires ne partaient pas.
03:14Alors un jour, une amie m'a conseillé de prendre cette lessive, c'est Défectra 73, et avec c'est formidable, parce que mon linge est impeccable, j'ai plus d'auréoles, j'ai plus de merde, vraiment ça m'a changé la vie.
03:26Défectra ! Défectra ! Défectra !
03:31Défectra, pub de 1975, ce sont vos premiers pas face caméra.
03:35Ce n'est pas une vraie pub, je vous rassure.
03:38C'est fou, parce qu'on y croit.
03:40Avant d'entendre Défectra, on pourrait croire.
03:42On a été les tout premiers, je pense, aux Splendides, à faire les fausses pubs, qu'on projetait sur un drap dans le petit théâtre où on jouait, et qui était de ce niveau-là.
03:50Et il paraît que ça les amusait beaucoup de vous faire dire des horreurs.
03:53Voilà, beaucoup d'horreurs, beaucoup de gros mots.
03:55Et là, c'était une fausse pub, mais vous en tourniez aussi des vraies, et à l'époque c'était peut-être très bien vu dans le petit milieu du théâtre.
04:02C'était un verneau parisien, tout artistique, et comme on n'avait pas de sous, et qu'on en cherchait pour construire nos cafés-théâtres, on s'est mis à faire des pubs.
04:10Et tout le monde a fait des pubs, et on était très contents, mais c'était très mal vu par la profession.
04:15Et les fausses pubs, ça a eu beaucoup de succès aussi après, avec Les Inconnus, avec Les Nuls et tout ça,
04:20mais c'est vrai que c'est bien de rappeler que la troupe du Splendide a été précurseur là-dessus.
04:24Un autre extrait.
04:33On a reconnu la voix de Michel Lèvres, bien sûr.
04:37Michel, avant la comédie, votre premier métier, c'était la philosophie, et vous n'étiez pas un prof de philo comme les autres, vous faisiez déjà des sketchs à vos élèves, paraît-il ?
04:47Des sketchs, oui, c'est-à-dire que pour que la philosophie soit plus accessible, moins austère, il fallait prendre l'accent des philosophes dont je parlais.
04:59Par exemple, Platon, Kant, Hegel, ou même Nietzsche, je m'amusais à prendre l'accent de leurs origines.
05:09Alors par exemple, Kant avait un accent un petit peu comme ça, d'origine allemande, et puis quant à Platon,
05:16eh bien Platon, il parlait comme ça, il disait bien, écoutez les enfants, venez, on va aller faire les mythes de la caverne ensemble,
05:22si vous voulez bien rentrer dans la caverne.
05:24Mais j'aurais adoré vous avoir, c'est dingue.
05:27Mais moi j'adorais ça, et puis les élèves enregistraient tout sur un petit magnéto qu'ils avaient à l'époque,
05:32c'est des petits Walkman, comme on appelait ça.
05:34Je crois que la direction, ils n'adoraient pas, il paraît que ça vous a coûté vos postes au bout d'un moment.
05:37Comme les élèves rentraient chez eux avec des enregistrements un peu comme ça, avec ces actions-là,
05:42les parents disaient, mais c'est qui ce clown là, c'est qui ce prof ?
05:45Ils sont venus se plaindre au proviseur qui m'a demandé d'aller exercer mes talents sur d'autres scènes.
05:49Et ça a lancé définitivement votre carrière d'humoriste, voilà comment on devient humoriste.
05:54Un dernier petit extrait.
05:56Merci la gueuse, tu es un laidron mais tu es bien bonne.
05:58T'as pas vu ton pif ?
06:00Quand tu te mouches, t'as pas l'impression de serrer la main à un pote ?
06:03Ouléante, dégueulasse. Quoique un peu clairette.
06:06La vina se t'appelle, reviens.
06:08Dames Ginette dans Les Visiteurs, un personnage culte dans un film culte qu'on adore, Marianne Chazelle.
06:14Et moi j'ai eu l'occasion de revoir ce film récemment avec mes enfants,
06:17et j'ai constaté que ça marchait encore très très bien.
06:20Et je me suis dit, peut-être parce qu'il y a un niveau de jeu qui est assez exceptionnel dans ce film.
06:24C'est-à-dire que vous êtes tous un peu en lâchage, ce qu'on ne voit pas forcément dans toutes les comédies aujourd'hui.
06:30Ça c'est beaucoup Jean-Marie Poiret aussi, puis l'écriture avec Christian.
06:33C'est-à-dire un niveau de comique, ça demande d'être très très juste et d'aller très loin.
06:38Et donc ce qui fait que les gens prennent ça dans pleine tête.
06:41Mais comme tout le monde est à ce niveau-là, ça ne détonne pas.
06:43On ne se dit pas, oh il en fait trop, ou elle est en dessous.
06:47Il y avait vraiment une homogénéité dans la distribution, et c'était éclatant, c'est un éclat de faire ça.
06:52C'est vrai que c'est beaucoup plus rare de voir ça aujourd'hui.
06:54Je ne sais pas ce que vous en pensez Michel, d'être dans les comédies d'aujourd'hui.
06:56C'est vrai qu'on voyait un de Funès par exemple à une époque qui en faisait des tonnes.
07:01Et c'est vrai que dans Les Visiteurs, quand on le revoit, vous en faites beaucoup, mais ça marche, ça reste juste.
07:06Et ça, ce n'est pas évident de trouver le...
07:08Non, non, c'est le but, c'est-à-dire d'arriver à jouer juste, à être vrai,
07:12et en même temps d'être dans l'excès, dans la démesure, ce qui fait rire les gens.
07:17Et voilà, c'est un film qui reste culte.
07:19Et franchement, revoyez-le avec les enfants aujourd'hui, c'est toujours aussi efficace.
07:23Et allez voir sur scène ces deux acteurs, Michel Leib et Marianne Chazelle, Parle-moi d'amour.
07:29C'est au théâtre de la Michaudière, et on en parle dans deux minutes sur Europe, tout de suite.