Tous les jours dans Culture Médias, Thomas Isle dresse le portrait sonore de l'invité. Ce lundi, c’est Marianne James, pour son spectacle "Tout est dans la voix" en tournée dans toute la France.
Retrouvez "Le portrait sonore de l'invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/le-portrait-inattendu
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00:00 Et puis j'ai enfin la chance cette année de recevoir la truculente Marianne Jeves.
00:05 Bonjour Marianne !
00:06 Bonjour !
00:07 Merci d'être là.
00:08 On s'est loupé, il faut le dire, une première fois il y a quelques semaines.
00:10 Vous étiez souffrante, vous m'aviez abandonné, j'en ai été mortifié.
00:14 Mais vous revoilà !
00:15 Sur la plage abandonnée !
00:16 Vous revoilà au top de votre forme.
00:17 Non, en pleine forme, bien sûr.
00:18 Oui, ça arrive parfois.
00:19 Bien sûr, on va parler de ce spectacle.
00:20 Je suis désolée de vous avoir fait…
00:21 C'est plus un lapin, c'est un rhinocéros que je vous ai posé.
00:27 Mais c'est un bonheur que vous soyez là ce matin pour parler de ce spectacle.
00:30 Tout est dans la voix.
00:31 Mais alors d'abord, on va dresser votre portrait sonore.
00:33 C'est la tradition ici, des petits sons pour mieux vous connaître.
00:35 Voici le premier.
00:36 C'est Sister Act.
00:39 C'est Sister Act, voilà.
00:44 Parce qu'adolescente, Marianne Jeves, vous vouliez rentrer dans les ordres des Ursulines.
00:52 Je vous imagine bien tout secouer comme Woody ou Pigolberg dans Sister Act.
00:58 Sœur Marie-Marianne, c'est le nom de sœur que vous aviez choisi à l'époque.
01:02 Alors Marianne, c'est un peu républicain.
01:03 Je pense que Sœur Marie, ça aurait suffi.
01:05 Ou Marie.
01:06 Et c'est vrai que c'est le père de votre paroisse qui a tout fait pour que ça ne se
01:08 fasse pas.
01:09 Oui, le vers j'ai la vers que je remercie.
01:10 Mes parents le remercient aussi.
01:11 Et ouais, je suis allée voir, j'avais à peine 14 ans, les derniers jours, je vais
01:16 dire, d'une sœur, elle-même Ursuline, qui était soignée pour une longue maladie
01:20 et qui a souhaité mourir auprès des siennes dans son couvent.
01:23 Mais le mois avant qu'elle parte de l'hôpital, j'y suis allée deux, trois fois par semaine
01:28 pour discuter avec elle de ses voeux, de sa vie, des choix qu'elle avait faits et rien
01:32 ne m'avait fait peur.
01:33 Pourtant, il y a trois voeux très importants.
01:35 La pauvreté, c'est le plus simple parce que voilà.
01:38 Le voeu de silence.
01:41 Aïe.
01:42 Déjà, ça se corse un peu.
01:43 Mais enfin, je sais, je sais, je sais me taire complètement.
01:46 Ça surprend mon entourage, mais je sais me taire.
01:48 Et le voeu de chasteté.
01:51 Là, ça a été compliqué.
01:54 Ça a été rédhibitoire.
01:55 Bon, et alors, vous avez toujours la foi aujourd'hui ?
01:57 Oui, j'ai toujours la foi.
01:59 Moi, je suis une folle de Jésus.
02:00 Ah oui ?
02:01 Ah oui, j'ai sœur Jésus.
02:02 Moi, sœur Marie Jésus.
02:03 Ah oui, non, mais pour moi, il est d'une modernité absolue.
02:05 Le bon Dieu, pour moi, son père, il est trop de droite.
02:08 Même d'extrême droite, comment vous dire ? J'aime bien Jésus.
02:12 J'aime bien ce bobo qui marche sur l'eau, qui fume des substances, qui réunit tous ses
02:18 potes.
02:19 Oui, il marchait sur l'eau, sous le mont des Oliviers, faisait des banquets.
02:22 On y va.
02:23 Moi, j'aime bien l'idée d'un homme qui a amené une modernité au texte religieux, beaucoup.
02:28 Voilà, donc ça correspond bien.
02:29 Allez, extrait suivant.
02:30 Prenez mes mandarines, elles vous plairont beaucoup.
02:37 Car elles ont la peau fine et de jolis pépins pour vous.
02:45 Prenez mes mandarines et dites-moi où vous perchez.
02:52 A moins que ça vous chagrine.
02:55 Chagrine.
02:56 J'irai vous laisser plus de plaisir.
03:00 Effectivement, c'est le disque disco de la cantatrice Ulrika von Glott, le personnage
03:05 que vous avez créé en 89.
03:07 Et avec votre ultima récital, vous avez reçu le Molière du meilleur spectacle, le meilleur
03:11 spectacle musical en 99.
03:13 Mais avant cela, Ulrika a vécu quand même un grand moment, il faut vous nous le racontiez,
03:17 c'était au Noël de l'Elysée en 1992.
03:19 À l'époque, c'était François Mitterrand qui était encore président.
03:22 François Mitterrand et Daniel qui recevaient les pupilles de l'État dans le petit théâtre
03:25 de l'Elysée.
03:26 Et il y avait entre autres des extraits du spectacle Ultima Récital avec plein d'autres
03:32 aussi comédiens.
03:33 Mais après, François Mitterrand, lors d'un buffet organisé pour tous les artistes et
03:37 les techniciens, est venu nous saluer avec le majordome, je ne sais pas comment on appelle
03:41 ça, l'homme des clés qui dit "le président de la République".
03:45 Le chef du protocole.
03:46 Le chef du protocole.
03:47 Alors la porte s'ouvre, il rentre et tout.
03:48 Et moi, je n'avais pas eu le temps de me démaquiller parce qu'il fallait autant de temps pour
03:51 me maquiller que me démaquiller.
03:53 Donc je suis encore, tous les autres sont démaquillés, moi je suis encore en Ulrika
03:58 Von Kloot.
03:59 Vous imaginez toujours un peu dangereuse, dangereuse.
04:03 Et là, la metteur en scène, je vois Daniel Mitterrand déjà les yeux pleins de larmes
04:10 de rire.
04:11 François, bon, il était fatigué aussi, il faut dire.
04:13 Mais ce que François Mitterrand aimait chez les femmes, c'est la diaphanité, la retenue,
04:17 le mystère.
04:18 Tout Ulrika Von Kloot.
04:19 La diaphanité, la retenue.
04:22 Les femmes intelligentes, mais extrêmement retenues et diaphanes dans le sens presque
04:28 parcheminé, un peu comme lui d'ailleurs.
04:29 Et tout d'un coup, pour lui, j'étais un garçon.
04:34 Pour lui, j'étais un homme.
04:35 Et la metteur en scène de la soirée, ou de l'après-midi plutôt, a simplement dit
04:39 "Mais Maria Ulrika Von Kloot, comment trouvez-vous le buffet ?"
04:43 Parce qu'on avait commencé déjà à manger.
04:45 "Et comment trouvez-vous le président ?"
04:47 Et j'ai fait une sorte de révérence, comme si j'étais devant la Reine d'Angleterre.
04:51 J'ai fait exprès de tomber sur mes fesses, j'avais un corps en mousse.
04:54 À l'époque, j'étais pas aussi ronde.
04:55 Maintenant, j'aurais plus besoin du corps en mousse, mais à l'époque, j'en avais besoin.
04:58 J'ai culbuté comme un culbuteau à l'arrière.
05:01 Volontairement ?
05:02 Volontairement.
05:03 Comment on appelle ça l'exercice ?
05:05 Le 4/5 en l'air.
05:07 Ça tourne.
05:08 J'ai remis mes trucs à l'avant, je fais "Arrêt !"
05:10 Ulrika, elle a fait "Poum !" devant le président.
05:14 Et je fais "Arrête ! Monsieur le président, Mimi, t'étais en ronde !"
05:23 J'ai beaucoup fait rire.
05:25 Non, ça l'a pas fait rire.
05:27 Par contre, Daniel, mais pouf !
05:29 Fait de rire.
05:30 Et là, le chef du protocole était en PLS.
05:32 Lui, il était tout blanc.
05:34 Et c'est sûr qu'il fallait pas faire ça.
05:36 Mais c'était tellement tentant.
05:38 Et puis, on était tous des comédiens.
05:40 Bon, je pense qu'il a pas trop...
05:42 Ça lui a pas plu, je pense pas.
05:44 Non, pas trop.
05:45 Est-ce que vous racontez cette anecdote de votre spectacle "Tout est dans la voix" ?
05:48 Non, je parle que de la voix.
05:50 Vraiment, c'est basé sur le corps, la voix, les résonateurs, le plancher pépien, le diaphragme.
05:56 On fait travailler tout le monde.
05:58 Tout le public est devenu une sorte de chorale à la disposition d'une folle.
06:02 En l'occurrence, moi.
06:04 Vous allez nous expliquer ça dans un instant.
06:06 deux minutes sur... bah tout de suite.