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00:00Oui, une tribune a été publiée samedi dernier dans Libération qui s'appelle « Feuille de route contre la domination masculine ».
00:07Cette tribune fait écho au procès de Dominique Pellicot, donc accusée d'avoir violé et fait violer sa femme par 50 hommes.
00:14Et donc à ce moment-là, des hommes comme Gaël Faille, Walidia Heddy de Pretto, Gilles Lelouch, enfin 200 hommes,
00:20ont signé une feuille de route avec 10 recommandations pour dire « Nous sommes tous le problème, donc nous pouvons faire partie de la solution ».
00:27Alors, je vous donne leur recommandation la plus marquante « Arrêtez de considérer que le corps des femmes est un corps à disposition ».
00:34Voilà, c'est cette tonalité-là.
00:35Qui croit ça ?
00:37Non, mais j'expose les faits.
00:38Ah si, parce qu'ils disent « Tout le monde, on est tous concernés ».
00:40Donc c'est une tribune, ce n'est pas tous des prédateurs.
00:43En fait, l'idée, c'est que le profil des accusés du procès de Dominique Pellicot, ce sont des messieurs, des messieurs tout le monde.
00:52Et donc, voilà, dans cette tribune, il y a la considération…
00:56Mais c'est n'importe quoi.
00:57Oui, il y a la considération que l'affaire Pellicot nous l'a prouvé.
01:00Voilà, le violeur n'est pas une affaire de monstre, c'est une affaire de monsieur tout le monde.
01:05Voilà, donc il s'excuse pour tous les hommes.
01:07Fabrice, qu'est-ce que vous en pensez de ça ?
01:08Qu'on confond la banalité du mal et la banalisation du mal.
01:12C'est Anna Arendt, ni plus ni moins.
01:15C'est vrai, Anna Arendt.
01:16Anna Arendt a beaucoup écrit sur la banalité du mal.
01:19Comme dans le poisson.
01:21Je suis philosophe.
01:22Il n'y a pas d'arène dans le poisson, mais il y en a.
01:24Anna Arendt, à l'occasion du procès à Eichmann,
01:27s'est beaucoup posé la question de ce personnage d'Eichmann.
01:30Ça l'a fascinée parce qu'elle s'attendait à avoir un monstre à trois têtes,
01:33vraiment un personnage…
01:35Et finalement, elle va y découvrir un homme de qualité assez médiocre,
01:40avec une défense assez médiocre,
01:41et somme toute assez ordinaire finalement.
01:44Mais, et c'est comme ça qu'elle va développer le concept de banalité du mal,
01:47qui lui a eu pas mal de problèmes.
01:49Mais le problème, c'est qu'on est passé de la banalité du mal à la banalisation du mal.
01:52Ça c'est un élément fondamental pour dire quoi ?
01:55Juste pour dire que, en fait, non, ces hommes ne sont pas tout le monde.
01:59C'est faux, c'est faux.
02:01Ils pourraient, ils incarnent quelque chose de tout le monde, mais c'est faux.
02:05Et il y a un élément tout à fait fondamental, c'est qu'à dire ça,
02:07on est en train de les déculpabiliser progressivement,
02:10et en disant finalement que la singularité du mal, au fond, n'existe pas,
02:17et que chacun est potentiellement, ici un violeur, là un nazi.
02:21C'est le problème de, est-ce que tous les allemands étaient des nazis ?
02:24C'est toujours le même problème.
02:25Et attention à un point, c'est que je trouve que notre société, elle est malade de ça.
02:30Elle est malade de cette généralisation permanente.
02:34Tous les musulmans, tous les juifs, tous les hommes maintenant, ça suffit à un moment donné.
02:39Il faut à un moment donné savoir distinguer le mal et le nommer.
02:42Et c'est pas en l'indifférenciant comme on le fait, qu'on va le faire exister.
02:45Au contraire, on va le diluer, ce mal.
02:48Et ça, je trouve que c'est très très grave, faire très attention à ça.
02:52Et enfin, dernier point quand même, c'est qu'il y a un truc,
02:55j'ai donné une série de conférences l'année dernière sur le mal,
02:59est-il juste la privation du bien ?
03:01En philosophie morale, c'est une grande question.
03:03Est-ce que le mal, c'est uniquement la privation du bien, ou est-ce qu'il existe par lui-même ?
03:07Et bien on découvre, dans ce procès, que le mal existe.
03:10On savait déjà, mais il est bon de le redécouvrir.
03:13Le mal existe, et que c'est bien de le nommer de temps en temps.
03:16Mais c'est pas parce qu'on le nomme, que pour autant, effectivement...
03:19Du coup, mais c'est intéressant de savoir qu'il y a un bien et un mal.
03:22Parce que finalement, depuis au moins Sartre, on n'en était pas aussi convaincus.
03:26C'était pas aussi clair que ça, puis le relativisme et le nominalisme de Sartre.
03:29Le fait est qu'aujourd'hui, on a un problème avec le mal.
03:33Et il faut savoir le nommer.
03:34Oui, ce qu'ils ont fait, ce qu'ils s'est pas laissé, est mal.
03:37Mais non, tous les hommes ne sont pas des violeurs.
03:40Et dire ça, c'est au contraire, effectivement, banaliser le mal.
03:44C'est ça, le risque.
03:46En outre-terme, cette tribune est grotesque.
03:48Non, parce que le choc est venu, en fait, c'est quand on a appris qu'il y avait un gendarme, un pompier...
03:53Mais n'importe quoi, et alors ?
03:55Non, je dis que le choc est venu de là.
03:57Mais le choc de quoi ?
03:59Le choc de quoi ?
04:01On mélange tout, on part d'un fait précis, où effectivement, des monstres sont déguisés sous des apparences normales.
04:07Et on en fait une généralité, on dit, oh la la, attention, tous les hommes sont comme ça.
04:11Et Mme Fourniret, alors qu'elle est une femme et qu'elle est monstrueuse aussi, on en fait quoi ?
04:15C'est grotesque !
04:17Est-ce que vous savez pourquoi ? Qu'est-ce qui, quand même, caractérise ces hommes ?
04:20C'est assez intéressant, et là aussi, il faut aller voir cet ouvrage tardif d'Anna Arendt à la fin de sa vie,
04:24qui va beaucoup réfléchir à cette question, et elle va dire un truc.
04:27Elle va dire, au fond, ce qui a caractérisé Eichmann, par exemple,
04:31c'est cette incapacité à penser et à penser l'autre.
04:34J'aime beaucoup cette idée de penser l'autre, en fait.
04:37Cette incapacité, à un moment dans laquelle on se trouve, à penser l'autre.
04:40Et donc, il propose des solutions. Moi, j'en ai une de solution.
04:44Il y en a une qui existe, de solution. Apprenez aux gens à penser et à réfléchir.
04:48Apprenez à mettre en mouvement la raison, pour pas, ici, se laisser dominer par le commandement de la loi.
04:53Là, pour dire j'ai obéi. Là, le commandement de l'émotion. Réfléchir.
04:56Voilà, pour pas faire des bêtises, genre comme acheter des Lamborghini, des Porsche...
05:02Non mais, ce qui est honteux, c'est que Libération dit que l'affaire de Mazan, c'est l'affaire de M. Tout-le-Monde.
05:07Moi, je pense que M. Tout-le-Monde n'est pas un violeur, n'est pas un agresseur.
05:10M. Tout-le-Monde respecte sa femme, prend soin de sa femme,
05:13ça me fait rire, vous avez parlé des signataires de la pétition tout à l'heure,
05:16Guillaume Meurisse, qui racontait tout sourire, dans une vidéo sortie il y a quelques années,
05:19qu'il adorait les filles de 17 ans, que c'était son péché mignon.
05:22Non, non, c'était pas 17 ans, c'était moins que ça.
05:23Mineurs, des mineurs à partir de 17 ans, que c'était son péché mignon.
05:26Donc, un peu de cohérence.
05:27J'ai pas le temps de demander l'âge, il avait dit.
05:28Ah oui ? Oui, enfin bon, voilà, donc c'est encore pire.
05:30Mais cela étant, il y a un point, quand même, sur lequel cette affaire de nous interpeller,
05:33c'est effectivement le sens du mariage.
05:36C'est-à-dire qu'il y a une blessure profonde, et en cela, Libération a quand même raison sur un point,
05:40il pourrait dire tous les époux, c'est pas tout à fait vrai quand même,
05:42mais on doit effectivement s'interroger collectivement sur le mariage,
05:46et sur la protection que confère le mariage.
05:49Moi, je suis marié depuis 25 ans, pour le coup,
05:51et je trouve que ce procès est vraiment la quintessence de l'horreur pour ça.
05:55Amoureux ?
05:56Évidemment.
05:57Parce que la quintessence de l'horreur, c'est quand même qu'une femme,
06:00ou un homme en l'occurrence, mais une femme,
06:01alors que le foyer, c'est le lieu de protection par excellence.
06:04C'est le lieu où, quand on ferme les portes,
06:06la violence du monde, elle est aux portes du foyer.
06:09Elle s'arrête aux portes du foyer, la violence du monde.
06:11Et il n'y a rien de pire qu'au fond, que la violence du monde soit exacerbée
06:16dans ce lieu privilégié que devrait être, effectivement, le foyer,
06:19et ça, c'est vraiment terrible, pour le coup.
06:21Et il y a vraiment un travail à faire, indépendamment du viol,
06:24qui est un sujet absolument atroce ici, et quand même, heureusement, marginal,
06:28il y a quand même un travail à faire sur cette notion de couple,
06:31et cette notion d'amour qui dure,
06:34et cette notion de respect de l'autre.
06:36C'est un truc qui, moi, m'est cher, parce que je suis marié
06:38au grand amour de ma vie depuis 25 ans,
06:40et qu'il n'y a rien qui me coûterait plus,
06:42qui m'attristerait plus, que cette idée de pouvoir se dire
06:46qu'elle est en danger, d'une manière ou d'une autre,
06:48lorsque, effectivement, les portes de la maison se referment le soir.
06:51Bon, ce que... Franchement, Fabrice.
07:01Je peux vous dire, là, il m'a hérissé les poils.
07:03Là, je peux te dire, là, je peux te dire...
07:05On a repassé le bac philo, là.
07:07Ah, là, je suis comme ça, là.
07:09Ah, je suis en tout touffe, là.
07:11Ah, là, t'as touffe-métouffe.
07:13Jean-Michel, est-ce que vous avez un truc à dire ?
07:15J'ai pas tout compris, mais j'étais d'accord sur tout ce que je comprenais, en tout cas.
07:18C'est ça, super intéressant.
07:20Moi, j'étais pas d'accord avec lui, il m'a convaincu.
07:22Le déhumblement sur les dangers de la généralisation.
07:26Et donc, j'ai trouvé ça hyper pertinent.
07:28Qu'est-ce que t'as pensé de ton pote ?
07:29Fabrice, c'est mon ami, moi.
07:33Non, mais je suis d'accord avec ce qu'il dit.
07:35Ses analyses sont très pertinentes et je suis le premier à le reconnaître.
07:37Géraldine, tiens, j'ai vraiment l'avis de Géraldine sur cette tribune.
07:40Je suis vraiment d'accord avec ce que vous avez dit.
07:42Et puis, de toute façon, ces tribunes, ces pétitions systématiques,
07:45jour après jour, après des attentats, contre la guerre,
07:49contre chaque drame, en fait.
07:51Et puis, l'essentialisation des hommes.
07:53Enfin, franchement, on va pas s'en sortir comme ça, en fait.
07:56Et de toute façon, on voit que plus on essaie d'essentialiser les hommes
07:58et de séparer les hommes et les femmes,
08:00moins on s'en sort, en fait.
08:01Et ça marche.
08:02Donc, moins ça marche.
08:03Les femmes ne sont pas les petites natures.
08:04Elles ont besoin d'être défendues par les hommes.
08:06Elles se défendent souvent très bien toutes seules.
08:08Non, mais quand même.
08:09C'est-à-dire que je pense qu'il importe quand même,
08:11sans nier l'égalité, la nécessaire égale dignité,
08:15il importe effectivement, et c'est vrai dans les deux sens,
08:18de se dire que cette complémentarité qui existe
08:20entre l'homme et la femme,
08:21elle doit quand même trouver à se sublimer
08:23dans ce lieu qui est le lieu conjugal, en fait.
08:25Et que ce qui se passe dans ce procès,
08:27et quand même, il faut que ça nous touche
08:29en se disant effectivement que c'est quand même l'horreur.
08:31L'horreur absolue.
08:32Et être capable de nommer ce mal.
08:34Ne pas entrer dans une banalisation du mal.