• il y a 3 mois
Jeudi 26 septembre 2024, SMART IMPACT reçoit Patrick Bariol (Directeur général, LEKO) , Nicolas Rouffet (Directeur industriel, Duralex) et Alexandre Rambaud (Conférencier, AgroParisTech)

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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est un Smart Impact spécial Salon Pro Durable que je vous propose aujourd'hui.
00:14Partenariat, le salon se tient les 5 et 6 octobre au Palais des Congrès à Paris. Mon invité, c'est Nicolas Rouffet, le directeur industriel de Duralex.
00:23L'entreprise, placée en redressement judiciaire, a été reprise par ses 226 salariés. C'est sous une forme évidemment de société coopérative qu'ils font faire renaître ce verrier presque octogénaire.
00:36Dans notre débat, on parlera des enjeux de la CSRD. Vous commencez à la connaître, cette directive européenne sur le reporting extra-financier.
00:44800 pages qui peuvent ressembler à un casse-tête mais qui peuvent aussi se transformer en opportunité.
00:50Et puis dans Smart Ideas, notre rubrique qui est consacrée aux startups éco-responsables, vous découvrez l'éco. C'est un éco-organisme qui veut moderniser la filière des emballages ménagers.
01:00Voilà pour les titres. On a 30 minutes pour les développer. Smart Impact spécial Pro Durable.
01:12L'invité de Smart Impact, c'est Nicolas Rouffet. Bonjour.
01:15Bonjour Thomas.
01:16Bienvenue. Vous êtes le directeur industriel de Duralex, entreprise placée en redressement judiciaire en avril dernier, reprise par ses 226 salariés.
01:2424 avril 2024 pour être précis, il y a cinq mois. Si on remonte un peu le temps, vous étiez dans quel essai d'esprit ce jour-là ?
01:32Abattu ou déjà dans la perspective ?
01:34Non, abattu. Un petit peu un coup de massue. On savait qu'effectivement les résultats n'étaient pas forcément là. L'année 2023 avait été particulièrement difficile.
01:42On n'était pas dans une grande forme. Les chiffres étaient bons mais n'étaient pas suffisants, n'étaient pas suffisamment profitables.
01:51Mais ça a quand même été un coup de massue. Après, il a fallu s'organiser, se dire qu'est-ce que ça veut dire être en redressement judiciaire ?
02:02Comment est-ce que tout va s'organiser ? Parce que là, vous avez un mandataire judiciaire, vous avez toute une équipe qui vient avec vous, qui vient travailler avec vous.
02:11C'est une nouvelle façon de travailler. Donc on s'est mis dedans.
02:14Et à quel moment vous vous dites on va reprendre l'entreprise ?
02:17C'est arrivé quelques semaines après, au courant du mois de mai, puisqu'en fait, finalement, l'objectif de cette mise en redressement judiciaire, c'était de reprendre l'entreprise.
02:28Ils ne voulaient pas liquider l'entreprise, liquider Duralex, un fleuron de l'industrie française.
02:33C'est que cette usine soit reprise, cette marque, cette usine soit reprise.
02:36Donc il y a des dossiers qui sont arrivés, il y a des repreneurs qui sont arrivés extérieurs, qui ont analysé, qui nous ont posé des questions, qui sont venus visiter.
02:43Et quand on a vu la plupart des dossiers où il y allait y avoir de la casse sociale, il y allait y avoir moins 50, moins 100 personnes.
02:51Déjà, on se dit mince, non, c'est pas possible. Déjà, nous, à 226, on est juste. Pour Duralex, ça va être très compliqué.
02:58Et en plus de ça, voilà, d'avoir des gens qui disent mais pourquoi dans ces services-là, ces gens-là sont payés ce prix-là ?
03:05Ce sont que des petites mains, ils devraient être au SMIC.
03:07Et en fait, il y avait des attitudes, des choses. Ils se disaient mais en fait, ça va être encore un fonds, ou encore des actionnaires qui vont prendre pour dégraisser la bête.
03:17Et on profitait de rien. Et donc là, on s'est dit non, c'est pas possible. Il faut qu'on fasse quelque chose.
03:21On a commencé, voilà, et il y a des syndicats qui étaient avec nous et qui ont dit non, mais oui, qu'est-ce qu'on peut faire ?
03:27Et on s'est dit Modèle Scope.
03:29Donc le Modèle Scope, on rappelle en quelques mots comment ça marche.
03:32C'est une coopérative, c'est-à-dire que tous les salariés sont en quelque sorte actionnaires, propriétaires de l'entreprise.
03:39Aujourd'hui, c'est pas 100% des salariés.
03:42On a fait une réunion avec tous les salariés, on a présenté le modèle.
03:47On s'est fait aider par des gens spécialisés dans les scopes.
03:50On a fait des réunions d'informations.
03:53Et aujourd'hui, sur 226 salariés, il y a 138 salariés qui sont actionnaires.
04:00Il y a une partie qui sont contre, une partie qui se pose des questions, qui hésite et qui vont venir dans le temps quand les chiffres vont arriver, je pense.
04:08Mais voilà. Donc en fait, oui, il y a aujourd'hui 138 salariés qui sont actionnaires.
04:12Ils pourront arriver en cours de route.
04:13Bien sûr. On va rouvrir le capital et on va, on peut, voilà.
04:18Alors il faut peut-être expliquer un peu comment ça fonctionne.
04:21C'est impossible de faire des plus-values en revendant ses parts ? C'est ça aussi l'un des principes de la Scope ?
04:27Ce n'est pas de l'actionnariat comme on peut, voilà, qu'on fait avec un PEA, par exemple.
04:31Non, non, non. Bien sûr, on a une part. Cette part, voilà, on a des droits de vote pendant les assemblées générales.
04:39C'est-à-dire que chacun des salariés actionnaires, qu'ils soient ouvriers dans tel ou tel service ou qu'ils soient directeurs ou qu'ils soient, on a tous le même droit de vote.
04:48Oui, c'est ça. Une voix.
04:49C'est-à-dire que moi, je ne suis directeur, je n'ai pas quatre voix de plus que quelqu'un d'autre. J'ai une voix.
04:54Ça, c'est quand même très important et c'est très intéressant dans ce modèle-là.
04:57Et alors, vous avez participé dans le cadre de ce salon Pro Durable à une table ronde où on va beaucoup parler de bien-être des salariés.
05:06Ça devient quoi ? Ça devient en quelque sorte la ligne directrice du RALEX. Je ne dis pas que ça ne l'était pas avant.
05:12Mais le fait d'être organisé en Scope, est-ce que ça a forcément un impact sur cet objectif ?
05:19Alors, effectivement, aujourd'hui, on est déjà convaincu, avant d'être en Scope, convaincu que le bien-être des salariés, c'est un pilier de la réussite des entreprises, des organisations.
05:30Pour avoir des performances durables, pour atteindre des performances durables, il faut valoriser l'humain.
05:38Et je pense qu'effectivement, le modèle Scope accentue cette valorisation.
05:43Puisque même si d'ores et déjà, on demandait l'avis de chacun, même si déjà, on travaillait avec chacun, là, les gens vont se sentir encore plus impliqués.
05:51Et ça va forcément, inévitablement, selon nous, augmenter la performance de l'entreprise.
05:59Mais est-ce que ça veut dire que le management va être différent ?
06:03Alors, non. Aujourd'hui, on reste sur l'organisation telle qu'elle était avant.
06:09C'est-à-dire qu'il y a des services, des chefs de services, des directeurs, voilà.
06:13On reste sur la même organisation qu'avant.
06:15On a toujours, même avant le redressement judiciaire, prôné un management bienveillant.
06:23Enfin, bienveillant, on va dire, un équilibre parfait entre la bienveillance et l'exigence.
06:28Là, on fait quand même un petit peu d'exigence pour avancer, mais c'est cet équilibre-là.
06:32Aujourd'hui, ça, ça ne va pas changer.
06:34Néanmoins, comme il va y avoir des assemblées générales, comme il va y avoir...
06:38Toutes les grandes décisions seront soumises à vote.
06:41Par exemple, on va acheter, j'en parlais tout à l'heure avec des personnes, sur...
06:45Tiens, ça serait peut-être bien que vous vous diversifiez sur tel ou tel produit.
06:48Donc, ça va nécessiter des investissements.
06:49Et ces investissements-là, ça ne va pas être juste le directeur général et moi qui vont dire...
06:54On va investir, on va dépenser un million d'euros.
06:56Non, ça va être soumis à des votes.
06:58Donc, effectivement, les gens vont être plus impliqués.
07:00Et le management, du coup, effectivement, je pense que ça va découler vers peut-être plus d'écoute encore des salariés.
07:08Les dettes, elles ont été apurées par le redressement judiciaire.
07:12En revanche, il y a des prêts bancaires.
07:13Ça vous met une sorte de pression, ça ?
07:15Oui. Alors, dans ce que l'on a construit avec les banques, et on s'est fait aider aussi de la région, de la métropole,
07:22nous ne sommes endettés qu'à hauteur de 4 millions d'euros.
07:24Là où les dossiers concurrents étaient à presque 15 millions d'euros.
07:27Donc, on endette la société que d'eux.
07:29C'est quand même beaucoup, 4 millions.
07:31Mais pour une entreprise qui fait en moyenne entre 30 et 35 millions d'euros, c'est raisonnable.
07:37Mais effectivement, ça met une pression, puisqu'aujourd'hui, il faut qu'on réussisse.
07:43Oui, mais alors, qu'est-ce qui se passe si les prix de l'énergie se remettent à flamber ?
07:47Parce que ce n'est pas la seule, mais c'est l'une des raisons des difficultés...
07:51Oui, en 2022. En 2021, quand les prix de l'énergie ont flambé, c'était très compliqué.
07:56Aujourd'hui...
07:57Qu'est-ce qui se passe ici ?
07:59Alors, aujourd'hui, nous, voilà, si on repart, en fait, nous, on est déjà en train de travailler,
08:03on a déjà commencé à travailler avant la présentation du dossier au tribunal,
08:06mais aujourd'hui, nous sommes déjà en train de négocier les contrats 2025,
08:12pour le gaz et pour l'électricité, sachant qu'on consomme, nous, plus de gaz que d'électricité,
08:16mais pour ces deux énergies-là, et, en fait, l'idée du contrat, c'est de fixer un prix.
08:21C'est-à-dire qu'on va payer, je ne sais pas, par exemple, le mégawatt-heure de gaz, 40 euros,
08:26s'il y a une flambée derrière, nous, on paiera toujours 40 euros.
08:29Par contre, s'il diminue, malheureusement, on paiera quand même 40 euros.
08:31C'est le principe.
08:32Mais, non, aujourd'hui, c'est de signer des contrats qui nous garantissent un prix de l'énergie.
08:38Est-ce que, dans les raisons pour lesquelles Duradex a été en difficulté,
08:41il y a eu aussi un peu de, comment je peux dire ça, d'endormissement,
08:44ou d'un manque d'innovation, de création, de créativité ?
08:48Oui, je pense que oui, parce que, là, avec tout ce qui se passe depuis le 1er août,
08:53et encore plus depuis la rentrée, avec l'opération qu'on a lancée à 11 enfants de la cantine,
08:56en collaboration avec le Slip français, on a beaucoup de retours.
08:59On a beaucoup de messages de soutien, on a beaucoup de messages de gens.
09:03On a eu, là, pour ce week-end, il y avait, pour les journées de patrimoine,
09:10en fait, il y avait une grande exposition Duradex aux Galeries Lafayette d'Orléans.
09:14Et beaucoup de gens sont venus, ont discuté, ont échangé.
09:16Et oui, ils ont dit qu'il y avait eu un endormissement.
09:19Alors, il y a eu des nouveautés, des nouvelles couleurs, quelques formes, quelque chose comme ça.
09:23Mais, derrière, la communication n'était pas assez forte.
09:25Et, en fait, les Français, notamment les Français, avaient peut-être l'impression que,
09:29oui, Duradex s'est endormi et Duradex s'est resté le ver de cantine.
09:32Et, en fait, c'est bien plus que ça.
09:34Et donc, ça va passer par des innovations, des nouveaux produits, mais aussi des partenariats.
09:38Vous avez cité celui avec le slip français « Allons enfants de la cantine ».
09:42Il y en a aussi un avec La Poste, c'est ça ?
09:44C'est ça. Pour la fin de l'année, pour Noël, donc à partir du 15 novembre jusqu'au début de l'année prochaine,
09:49voilà, un partenariat avec La Poste où, pareil, on va faire un coffret de 6 verres.
09:55On part sur des mugs, sur des mugs colorés.
09:58Et ça sera disponible dans chaque point de vente de La Poste.
10:01Et l'ambassadeur de cette collaboration sera Stéphane Bern.
10:06Et Stéphane Bern, d'ailleurs.
10:08Pourquoi ? Parce que c'est du patrimoine d'une certaine façon ? Duradex, c'est notre patrimoine ?
10:11C'est du patrimoine, c'est un fleuron de l'industrie française depuis 1945, bientôt 80 ans.
10:16Et oui, c'est du patrimoine, puisque ce qu'on disait, c'est qu'on a tous en tête,
10:23dans les années 70-90, c'était « t'as quel âge ? ».
10:27On regardait dans le fond du verre.
10:29Et ça, ça fait partie des souvenirs de chacun.
10:31Et ça, c'est du patrimoine.
10:33Après, nous, charge à nous aussi de communiquer sur « Duradex n'est pas que le verre de cantine ».
10:38On a 380 modèles.
10:40On a des super verres à cocktail, à whisky.
10:43On a des mugs, on a tout un tas de choses.
10:46Il faut montrer finalement cette variété, cette diversité des produits Duradex.
10:51Merci beaucoup Nicolas Ruffet.
10:53Bon vent à cette nouvelle aventure coopérative de Duradex et Bon Salon Produrable.
10:59Évidemment, on passe à notre débat.
11:01Quand la CSRD s'impose, on pourrait presque parler de révolution intellectuelle.
11:13Le débat de Smart Impact en partenariat avec le Salon Produrable.
11:17On parle de la Directive européenne sur le reporting extra-financier, la CSRD, avec Alexandre Rambon.
11:23Bonjour.
11:24Bonjour.
11:25Vous êtes enseignant-chercheur chez Agro-Paris Tech Syrède et Sébastien Mandron.
11:30Bonjour et bienvenue.
11:31Vous êtes le directeur RSE de Worldline.
11:34Vous êtes également administrateur au Collège des directeurs du développement durable, le C3D.
11:38Cette directive européenne, on commence à en parler très régulièrement dans Smart Impact.
11:42Je vais rappeler le calendrier de sa mise en place depuis le 1er janvier pour les entreprises qui remplissent 2 des critères suivants.
11:51Plus de 500 salariés, plus de 50 millions de chiffre d'affaires, plus de 25 millions de total de bilan.
11:56Et puis, à partir du 1er janvier 2025, on passera à 250 salariés.
12:01Toujours 50 millions de chiffre d'affaires, 25 millions de total du bilan.
12:04Et 1er janvier 2026, les PME cotées en bourse.
12:07Alexandre Rambon, je commence avec vous.
12:10C'est à la fois une contrainte, mais pas que.
12:13Est-ce qu'on peut dire ça ?
12:14Oui, tout à fait.
12:16Évidemment, contrainte parce qu'il y a une réglementation.
12:20Par contre, derrière ces CRD, il y a une vraie ambition de repositionner les modèles d'affaires et de donner un cadre.
12:30On commence à rentrer sur de la vraie comptabilité.
12:33Et la comptabilité, c'est là pour accompagner le pilotage des organisations, l'analyse des performances.
12:39Et donc, arriver à cadrer véritablement quel est le type de raisonnement pour le modèle d'affaires du futur.
12:46Donc, c'est vraiment une initiative ambitieuse d'accompagnement de la transformation profonde des entreprises.
12:52C'est pour ça qu'on parle d'ailleurs de normes de management pour ces CRD.
12:56D'où l'importance d'anticiper.
12:58Parce que là, ça peut devenir une galère si les entreprises n'anticipent pas.
13:02Un mot de Worldline.
13:04C'est un fournisseur de solutions de paiement, émetteur de cartes de crédit.
13:07Est-ce qu'elle est déjà concernée par la CRD ?
13:10À partir de quand vous allez vous y mettre ?
13:12Worldline, c'est un acteur du paiement en Europe.
13:16Donc, on gère une grande partie des transactions de paiement.
13:18Donc, carte bleue.
13:19Quand vous mettez votre carte bleue dans un terminal de paiement ou un distributeur.
13:22Donc, nous, on est une ancienne société du CAC 40.
13:25On est au SBF 120.
13:26Donc, ça fait une dizaine d'années qu'on publie des éléments.
13:30Donc, on a la chance d'être dans la vague 1.
13:32D'accord.
13:33Vous dites que c'est presque une révolution intellectuelle.
13:35Ou que la première barrière est intellectuelle.
13:37Pourquoi ?
13:38Alors, en fait, il y a une vraie complexité à interpréter les textes et à les travailler.
13:45Voilà.
13:46Et en fait, c'est une vraie matière.
13:49C'est une vraie nouvelle matière, en fait.
13:51Et la difficulté, c'est qu'il faut être dans une entreprise qui a déjà cette culture,
13:55qui a déjà cette compétence, pour être capable de tirer la substance et pouvoir se projeter.
14:00Donc, la vraie première barrière à l'entrée, c'est vraiment une barrière de compétence.
14:04Voilà.
14:05Et je dirais, si vous devez faire de la comptabilité, il faut que vous soyez comptable.
14:08Sinon, ça ne marche pas.
14:09Et voilà.
14:10Et c'est ça, je dirais, aujourd'hui, la première difficulté pour les entreprises.
14:12C'est pour ça qu'aujourd'hui, tous ceux qui sont dans la vague 1, ils sont dans le mouvement.
14:15Ils ont mobilisé leur capacité intellectuelle.
14:17Le CAC 40, le SBF 120 avaient des équipes.
14:20Ceux qui vont arriver derrière vont être dans une logique de reprendre.
14:23Mais aujourd'hui, on est beaucoup en montant de compétence sur ces équipes.
14:26En interne ou avec des sociétés extérieures aussi ?
14:30Ou, mais principalement en interne.
14:32En fait, aujourd'hui, ceux qui sont plongés les premiers, en fait, dans ces sujets-là,
14:38c'est les grands corporates.
14:39Ils ont commencé en avril, mai de l'année dernière, avant la publication de la norme.
14:43Donc, nous, on a commencé à travailler dès mai l'année dernière.
14:46Et on a, en fait, travaillé notre matrice avant que les textes soient validés.
14:51Et en fait, ce qu'on s'aperçoit, c'est que c'est un projet à 18 mois.
14:54D'accord ?
14:55Donc, les gens qui disent, moi, je suis dans la vague 2, j'ai le temps, je m'y mettrai l'année prochaine.
15:00Nous, on a expérimenté le fait que c'est un projet à 18 mois.
15:03Donc, le conseil que vous leur donnez, c'est allez-y tout de suite.
15:05Moi, je pense qu'il faut y aller tout de suite, voilà.
15:08Et d'habitude, on ne se faisait jamais aider.
15:10Et là, en fait, compte tenu de la masse, on se fait aider sur de la prestation spécifique,
15:16voilà, pour être honnête.
15:18Alexandre Rambaud, il y a la question des données nécessaires pour répondre correctement à la CSRD.
15:25Et là, peut-être qu'effectivement, de temps en temps, il faut se faire aider.
15:28Est-ce qu'elles sont forcément accessibles, facilement accessibles dans les entreprises ?
15:31Est-ce qu'il faut aller les picorer à droite à gauche ? Vous voyez ce que je veux dire ?
15:34Ah, tout à fait.
15:35Donc, ça, évidemment, c'est le sujet.
15:37Et cette question, bon, on est au début.
15:40On est au début, même au début du commencement.
15:43On est effectivement à la première vague.
15:45La deuxième vague va arriver.
15:46Et il y a beaucoup de choses encore à créer et à faire.
15:49C'est-à-dire qu'il y a un certain nombre de données qui sont déjà présentes.
15:52Les entreprises qui peuvent les créer, effectivement, en commençant à être accompagnées.
15:57Et puis, il y a des données où il va falloir que l'Union européenne se positionne aussi.
16:01Par exemple, on a un exemple très rapide sur les questions de l'eau.
16:05La CSRD est connectée directement à la Directive 4 sur l'eau,
16:10qui oblige à tenir compte du bon état écologique des masses d'eau.
16:13Et ça, c'est difficile à faire seul.
16:16En fait, il va falloir aussi avoir des interactions avec les agences régionales de l'eau, par exemple.
16:21Et ça va être la même chose pour un certain nombre de sujets.
16:24C'était l'Autorité des marchés financiers qui avait demandé, d'ailleurs, à l'Agence européenne de l'environnement,
16:30s'il ne pouvait pas y avoir une tentative de regrouper les sujets
16:34et d'aider d'une façon ou d'une autre les entreprises.
16:37Et dans le cadre de la chaire quantalité écologique que je co-dirige,
16:40on a ces projets, ces programmes, pour lancer, si ce n'est des plateformes,
16:46en tout cas des débuts de réflexion sur comment on fait le lien entre la science,
16:49qui est très mobilisée par la CSRD,
16:51et les données qui vont être nécessaires aux entreprises pour CSRD.
16:55Ces règles, elles introduisent cette idée de double matérialité. De quoi on parle précisément ?
17:00Oui, alors ça, c'est la grande révolution.
17:02Vraiment, c'est la posture fondamentale de l'Union européenne.
17:06Donc, la matérialité en comptabilité, c'est ce qui est important à prendre en compte.
17:10Ça vient du droit, la matérialité de l'information.
17:14Et donc, double, pourquoi ?
17:16Parce qu'on a d'un côté la matérialité dite simple, qui est de dire
17:20l'information environnementale et sociale est importante uniquement
17:24si elle montre les impacts sur le financier.
17:27Donc, les impacts de l'environnement sur le financier, positif ou négatif.
17:32Donc, ça s'appelle risque-opportunité.
17:34Maintenant, on a la matérialité à impact, qui est de dire que l'information est importante
17:39parce qu'elle montre les impacts de l'entreprise sur l'environnement.
17:43Et la double matérialité, c'est prendre les deux.
17:45Ce n'est pas l'intersection, c'est vraiment les deux côte à côte.
17:49Et donc, la révolution de la double matérialité, c'est de dire
17:52on va aussi communiquer sur les impacts de l'entreprise sur l'environnement.
17:55Et ça change tout.
17:57Ça change tout, Sébastien Mandon, parce que c'est aussi un outil de comparaison.
18:01C'est-à-dire que tout le monde va être soumis aux mêmes règles.
18:05Et donc, si vous voulez vous comparer à un concurrent européen,
18:10vous pourrez dire si vous êtes mieux disant ou pas.
18:13En fait, ce qui est étonnant, c'est que le texte, je vous le dis, c'est un projet de 18 mois.
18:17On a beaucoup évolué, nous, en termes de pensée.
18:20C'est-à-dire que si vous posiez la question au monde du C3D en janvier et février,
18:25vous auriez répondu en gros que 75% des gens répondent qu'ils vont changer d'outil pour les KPI.
18:29Donc, on a vu dès le début le sujet des KPI.
18:32Et en fait, là, on a basculé depuis sur les problématiques du plan de transition.
18:37Parce qu'on voyait bien l'histoire des KPI, on les comparait.
18:39Ça fait des années qu'on en a, ça fait 10 ans qu'on en a, des KPI.
18:42Et en fait, là où la comparaison va plutôt avoir lieu, ce qu'on voit plus, c'est sur le plan de transition.
18:46Sur lequel, là, en fait, on va vous demander globalement d'avoir une trajectoire
18:50qui contribue à la neutralité du carbone, mais surtout de mettre combien fait-ce que vous dépensez dessus.
18:56– Oui, quel moyen vous mettez pour progresser.
18:58– Combien d'euros vous mettez.
19:00Et là, ça crée en fait une grosse divergence.
19:03C'est-à-dire que jusqu'à présent, vous disiez, je vais réduire les tonnes de CO2 5%, 10%.
19:07C'était bien, mais ce n'était pas comparable.
19:10Quand vous êtes dans un secteur, dans le secteur de l'automobile,
19:12vous dites, moi, voilà mon plan de transition, il pèse 100 millions d'euros.
19:16D'accord ?
19:17Ben, votre voisin, il a mis 200.
19:19Quand l'investisseur, il va rapporter ça au chiffre d'affaires,
19:23il va dire, attendez, il y a un écart.
19:25C'est quoi l'explication ?
19:26Est-ce que ça veut dire que vous, vous êtes fait plaisir,
19:28vous faites des voitures en bois, si on caricature,
19:30ou bien est-ce que vous, vous avez optimisé votre marge,
19:32et donc vous êtes une société à risque ?
19:35Et vous voyez que là, à partir du moment où on rentre dans de l'euro,
19:38on ne parle plus uniquement avec les investisseurs ISR,
19:41on parle avec le gérant qui va dire,
19:43est-ce que cette entreprise, fondamentalement,
19:45elle gère ses risques extra-financiers ?
19:48Parce que depuis 18 mois encore,
19:50on sait c'est quoi un risque extra-financier.
19:52Les incendies, on sait ce que ça veut dire.
19:54La pluie abondante qui empêche la production de carcasses d'autonomie,
19:57on voit ce que ça veut dire.
19:58Donc, on voit bien, en fait, le gérant commence à identifier
20:00que l'entreprise peut avoir son business model
20:02qui est atteint ici par le réchauffement climatique,
20:05mais l'autre contrainte, ce sera l'atteinte des limites planétaires.
20:08On a vu que l'ami Poutine, quand il ferme le gaz, on a des soucis.
20:11Si l'ami chinois, il décide, lui, d'arrêter les terres rares,
20:14on aura aussi d'autres problèmes.
20:16Et donc, c'est pour ça qu'au début, on nous a dit,
20:18c'est un outil de reporting, on va faire de la transparence.
20:21Mais là, quand on descend le sujet,
20:23on s'aperçoit qu'il va falloir qu'on publie ces éléments
20:25qui vont être comparables pour les gérants.
20:27Et donc, c'est un levier de transformation de notre économie
20:30qui est potentiellement très efficace.
20:33Ça va dépendre aussi des investisseurs ?
20:35Est-ce qu'ils l'ont déjà mis à leur agenda ?
20:37Est-ce qu'ils anticipent, justement, par rapport à ce que vous nous décriviez,
20:41c'est-à-dire vers quelle entreprise je flèche mes investissements ?
20:45Oui, alors, en fait, ce qui se passe,
20:47c'est que je veux vraiment dans le sens qui a été dit,
20:49c'est-à-dire que CRD, c'est la question des plans de transition
20:52et des budgets associés.
20:53On est bien au-delà des questions de simples métriques.
20:56Et effectivement, l'enjeu, c'est de pouvoir flécher et tracer de l'argent.
21:01Depuis les investisseurs jusqu'à, véritablement, ce qu'on fait avec l'argent.
21:05L'enjeu de ces CRD, c'est de connecter avec le plan d'action européen
21:09pour la finance durable et le Green Deal derrière.
21:11Et donc, il y a une certaine cohérence au niveau européen
21:14sur la restructuration de la finance durable et la comptabilité durable.
21:17Donc, que tous les investisseurs soient en ordre de bataille à l'heure actuelle,
21:20bon, pas vraiment, on ne peut pas dire ça complètement.
21:22Mais par contre, avec les incitations, que ce soit la taxonomie,
21:26avec SFDR, d'autres textes réglementaires, plus CRD,
21:30on a un corpus cohérent qui va de toute façon, inévitablement,
21:33pousser le secteur financier à réfléchir autrement.
21:36Ça, c'est absolument inévitable.
21:38Et des acteurs commencent à s'y mettre.
21:40Et les premiers qui vont s'y mettre vont avoir un gain réel.
21:43Mais est-ce que ça va aussi permettre à certains investisseurs
21:46qui étaient hésitants face au poker menteur, face au greenwashing, etc.
21:52à y aller ? Vous voyez ce que je veux dire ?
21:54Parce que là, ils auront des métriques.
21:55Ils auront des données comparables.
21:57Ils auront quelque chose de vraiment fondamental
22:01qui est justement la traçabilité de l'argent
22:03par rapport à ce qui est fait avec l'argent,
22:04c'est-à-dire le rôle historique d'ailleurs de la comptabilité.
22:06Et ça, on le voit, je parle de la chaire, dans les échos qu'on peut avoir,
22:12justement, d'acteurs qui cherchent à se dire
22:15voilà, si je mets un euro quelque part, cet euro doit être efficace.
22:18Pour l'instant, il y avait une tendance à mettre un euro
22:20sur les valorisations SG en se disant
22:22bon, ça fait un peu de SG, on récupère du rendement
22:26mais bon, on ne cherche pas trop à savoir.
22:28Là, on va pouvoir rentrer, et les pouvoirs publics vont le suivre aussi d'ailleurs,
22:31dans quelque chose de beaucoup plus profond
22:33qui est, on veut savoir ce qu'on fait avec l'argent.
22:35Merci beaucoup. Merci à tous les deux.
22:37Et bon salon produrable et bon courage
22:40pour intégrer la CSRD dans vos entreprises respectives.
22:46On passe à notre rubrique start-up,
22:48le recyclage des emballages ménagers au programme.
22:57Smart Ideas, en partenariat avec Produrable
23:01et avec Patrick Bariole, bonjour.
23:03Bonjour.
23:04Heureux de vous accueillir, directeur général de l'éco.
23:06C'est un éco-organisme.
23:08On peut peut-être commencer par faire un peu de pédagogie.
23:10On parle de quoi ? C'est quoi un éco-organisme ?
23:12Alors, un éco-organisme, c'est une société
23:14agréée par l'État, sans but lucratif
23:17et qui a pour mission d'accompagner les entreprises
23:20depuis l'éco-conception de leurs produits jusqu'à leur fin de vie.
23:23Il y a différentes étapes et donc le rôle de l'éco-organisme,
23:25c'est de travailler en étroite collaboration avec eux.
23:28Filière par filière ?
23:30Filière par filière.
23:31Il y a plus de 20 éco-organismes en France.
23:34Il y a des filières type le textile,
23:37les équipements électriques et électroniques,
23:40le bâtiment.
23:42En ce qui concerne l'éco, nous, on s'occupe des emballages.
23:45Les emballages, ça touche tous les secteurs d'activité
23:47puisque, évidemment, tous les produits sont emballés.
23:50On est agréé sur la filière des emballages ménagers
23:52et des papiers graphiques.
23:53Est-ce que c'est une filière de recyclage qui doit être modernisée ?
23:59C'est quoi votre défi aujourd'hui ?
24:01Le défi, c'est de mieux recycler.
24:04On est en atteint de l'ordre de 70 %
24:07de taux de recyclage, tout matériau confondu,
24:10et ce n'est pas assez.
24:12Les directives européennes nous poussent à aller à 90, voire 100 %.
24:17Et au quotidien, on sait tous que nos poubelles débordent d'emballages
24:22et donc, il faut mieux recycler.
24:24Et puis, il y a d'autres façons aussi.
24:25L'important, c'est aussi de réduire les emballages
24:28et ça fait partie de notre mission également,
24:30de travailler à réduire les emballages.
24:31Mais donc, ça passe par quoi ?
24:33Comment passer de 70 à 90 ou 95 % ?
24:36C'est de l'information, de la sensibilisation
24:40ou vraiment des process à retravailler ?
24:43C'est un peu les deux.
24:44Les usines savent très bien recycler,
24:46mais le vrai problème, c'est la collecte et c'est le tri.
24:49Donc, notre mission, c'est également d'informer
24:52et de former le consommateur au geste de tri.
24:55Alors, il se trouve que ça s'est simplifié récemment.
24:57Ça a été très compliqué pendant des années en France.
24:59Mais aujourd'hui, c'est simple.
25:00Tous les emballages vont dans le bac jaune
25:02et les emballages en verre vont dans le bac de verre.
25:05Donc, c'est très simple.
25:06Mais même si c'est très simple,
25:07je pense qu'en France, on n'a pas éduqué tous les petits enfants à l'école
25:12à faire ce geste simple.
25:13Mais ça veut dire que vous avez un travail,
25:16vous faites déjà, mais vous avez un travail à faire
25:18avec les collectivités, notamment ?
25:19Alors, également avec les collectivités.
25:21Les collectivités ont en France la gestion du bac jaune.
25:25Et donc, les éco-organismes collectent auprès des producteurs,
25:28donc des metteurs en marché.
25:29Toutes les marques qu'on consomme au quotidien
25:32doivent payer ce qu'on appelle une éco-contribution aux éco-organismes.
25:35Les éco-organismes reversent ces sommes-là aux collectivités locales
25:38pour financer grosso modo 80% des coûts liés au bac jaune.
25:42Donc, le salaire du chauffeur, l'usine de recyclage.
25:46Et 20% c'est collecté au travers de l'impôt.
25:48On est dans le cadre de la responsabilité élargie du producteur.
25:51C'est-à-dire, qui finance l'éco ?
25:53Les entreprises de la filière, c'est ça ?
25:55Alors, au final, c'est le consommateur.
25:57Soit par l'impôt directement auprès des collectivités,
25:59soit quand il achète un produit.
26:01Il y a, on va dire, un centime, pour faire simple,
26:04pour chaque emballage mis sur le marché
26:07qui vient chez l'éco-organisme
26:09et que le consommateur paye dans son prix.
26:11Et donc, cette responsabilité élargie du producteur,
26:14ça permet quoi, pour bien comprendre ?
26:16C'est-à-dire que, filière par filière,
26:18on a cette logique de circularité
26:20qui est en train de s'imposer,
26:22plus ou moins en fonction des filières.
26:24C'est ça. Alors, on n'aime pas forcément cette expression,
26:26mais c'est la notion du pollueur-payeur.
26:28Celui qui met un produit sur le marché,
26:30que ce soit un produit ou son emballage,
26:32doit être responsable jusqu'à la fin de vie.
26:34Et il y a des étapes.
26:36Le but, c'est de passer d'une économie linéaire,
26:40j'achète, je consomme, je jette,
26:42à une économie beaucoup plus circulaire,
26:44en créant des boucles.
26:46Alors, soit en recyclant,
26:48il y a des matériaux qui se recyclent très bien,
26:50soit en réduisant et, en particulier,
26:52en s'adressant au vrai emploi.
26:54On connaissait ça il y a des années.
26:56Et c'est une façon de réduire
26:58les quantités d'emballages mis sur le marché.
27:00Mais c'est une forme de révolution culturelle,
27:02dans certains secteurs ?
27:04Oui, alors, c'est une révolution culturelle
27:06et c'est un retour, dans certains cas.
27:08La réglementation en 2020,
27:10à imposer à toutes les entreprises,
27:12d'ici 2027,
27:14à avoir 10% d'emballages réemployables.
27:16Ça peut paraître beaucoup et pas beaucoup.
27:18C'est-à-dire qu'on peut très bien,
27:20pour le secteur des boissons,
27:22on peut réutiliser,
27:24plutôt que de jeter sa bouteille de vin
27:26dans le bac de verre, on peut peut-être la ramener.
27:28Pour les boissons, c'est peut-être plus simple.
27:3010% c'est peut-être pas suffisant pour les boissons.
27:32Par contre, l'emballage de votre ordinateur
27:34ou de votre grille-pain, pour qu'il soit réemployable,
27:36c'est pas évident.
27:38Il y a sans doute la...
27:40La réglementation devrait évoluer, peut-être,
27:42avec des objectifs un peu différenciés par secteur d'activité.
27:44Mais en tout cas, c'est important que
27:46tous les producteurs
27:48s'engagent et réfléchissent au réemploi
27:50pour les emballages.
27:52Merci beaucoup, Patrick Bariol.
27:54Bon vent à l'éco.
27:56Bon salon Produra, puisque vous allez participer
27:58à plusieurs tables rondes.
28:00On se retrouve bientôt. C'est déjà votre deuxième passage
28:02dans cette émission. On espère vous retrouver
28:04pour refaire un bilan sur Be Smart for Change.
28:06Merci à toutes et à tous
28:08de votre fidélité. Je vous dis à demain.
28:10Salut.

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