Meurtre de Philippine par un OQTF : «On ne peut pas légiférer sous le coup de l’émotion » annonce le garde des sceaux, Didier Migaud

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Tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, Pascale de la Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont au programme.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend

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Transcription
00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatorre Dupin, Jules Torres c'est avec nos journalistes
00:06politiques au JDD.
00:07Bonsoir Jules.
00:08Bonsoir Pascal, bonsoir à tous.
00:09Jean-Christophe Gallien, politologue et communiquant également dans ce studio, merci d'être
00:13là quand même, je voulais qu'on revienne et qu'on s'arrête un instant sur les obsèques
00:17de Philippines.
00:18Près de 3000 personnes réunies pour rendre un dernier hommage à cette jeune fille de
00:2219 ans qui était en troisième année à Paris-Dauphine et qui a été tuée dans des
00:28circonstances épouvantables la semaine dernière.
00:31Évidemment beaucoup d'émotions, beaucoup de recueillement et beaucoup de questions
00:35autour de ce meurtre épouvantable par cet homme, ce Marocain de 22 ans qui était sous
00:41OQTF et qui avait été relâché, relâché hein, parce que vous l'attendez ?
00:46C'est le mot.
00:47Non mais c'est ça, relâché par la justice, dans la nature, sachez qu'il avait déjà
00:51violé cet homme, il était déjà connu des services de police, on est d'accord ?
00:54Violé, condamné.
00:55Jules Torres, et la police dit, ohlala, avant de le renvoyer chez lui au Maroc, ça va prendre
00:59trop de temps, on le relâche.
01:00Alors écoutez, moi je suis mère, j'ai une gamine qui a presque cet âge-là, je pense
01:09qu'on est comme beaucoup, on s'identifie à cette famille, c'est horrible, comment
01:14la justice peut décider de relâcher un type dangereux dans la nature qui quelques jours
01:22après tue, viole et tue ? Pardon, mais comment se fait-il que la justice française permet
01:28de ça Jules Torres ?
01:29Le pire dans cette affaire, c'est qu'à priori, la justice a fait ce qu'elle devait faire,
01:35c'est qu'à priori, il n'y a pas eu tant de dysfonctionnement, donc c'est pour ça
01:37qu'on parlerait plutôt de faille, c'est-à-dire qu'il a été condamné en 2019 après le
01:43viol d'une jeune femme à 7 ans de prison, il a bénéficié de l'abaissement de la majorité
01:50pénale, donc au lieu d'encourager 15 ans, il a encouragé 7 ans, il est sorti au bout
01:55de 5 ans, ce qui arrive assez souvent, d'ailleurs, moi je trouve que même 5 ans sur 7, c'est
02:02beaucoup par rapport à ce que fait aujourd'hui la justice.
02:04Et Jean-Christophe Gagnin, question, comment ça se fait qu'en France, vous êtes jugé,
02:08on vous condamne à 7 ans, 10 ans, 15 ans, et à chaque fois vous en faites la moitié
02:12?
02:13126% de surpopulation carcérale.
02:14Non mais d'accord, mais enfin, ça ne sert à rien dans ces cas-là Jean-Christophe Gagnin.
02:18On est en partie dans l'exécution de la peine et c'est vrai qu'aujourd'hui, on sait
02:21que quand on arrive à 7 ans, on est à 3 ans et demi, je suis assez d'accord, 5 ans, c'est
02:24déjà beaucoup.
02:25Par rapport à ce qu'est la norme, c'est beaucoup, c'est vrai que ce n'est pas audible, mais
02:30c'est comme ça.
02:31Moi je le dénonce, Pascal, mais honnêtement, quand on dit 5 ans sur 7, moi je m'attendais
02:37à ce qu'il ait plutôt fait 3, 4, maximum 5, mais 5 ans sur 7, aujourd'hui, par rapport
02:43à l'état de notre justice, c'est vraiment beaucoup, mais moi, ce qui m'étonne le plus
02:48c'est la décision, évidemment, de la justice des libertés, dont on a beaucoup parlé, c'est-à-dire
02:52qu'il est en centre de rétorsion administrative à Metz, il passe 15 jours, 30 jours, et puis
03:01à la troisième demande de prolongation, d'ailleurs le parquet n'est pas présent, celui qui est
03:05censé protéger l'intérêt des Français, le parquet n'est pas présent pour plaider
03:11sa cause, si je puis dire, et la justice des libertés, tout en disant qu'il représente
03:15toujours un risque pour la population française, il n'a pas l'air complètement normal, il
03:21n'a pas eu d'appel depuis 5 ans, et bien, elle le libère, et c'est ça, la vraie incompréhension,
03:27et le problème c'est qu'elle fait ça en toute légalité.
03:29Non mais c'est quand même incroyable, et puis parce qu'il y avait, pardon, excusez-moi,
03:31après je vous laisse, parce qu'il y avait un délai entre le moment où il était relâché
03:36et où le QTF était applicable.
03:37Alors ça c'est deux grands problèmes qui se culbutent, il y a un problème pénal et
03:41un problème administratif, et notre système à nous, il est relativement obsolète par
03:44rapport à ça, de deux manières, d'abord à l'interne, je suis assez d'accord, il
03:48faut redire qu'évidemment la justice est libre, et heureusement qu'elle rend la justice
03:53pour nous d'ailleurs, c'est pour ça que ce n'est pas comme la police, il y a un ministre
03:55de l'Intérieur qui dirige la police, mais le garde des Sceaux, il ne peut pas diriger
03:59les juges, il ne peut pas leur dire ce qu'ils doivent faire, par contre, ce qui est clair
04:02c'est qu'aujourd'hui il faut trouver quelque chose entre ce qui est finalement la liberté,
04:06cette liberté de jugement, et leur responsabilité, et aujourd'hui le travail qui a toujours été
04:09fait, il faut se rappeler qu'il y a quand même, c'est le 32ème garde des Sceaux depuis
04:131958, et chaque garde des Sceaux a voulu travailler sur cette question, il n'y est
04:15pas arrivé, ce qui est important aujourd'hui, c'est de dire comment on peut concilier quelque
04:20chose qui n'est pas une obligation de résultat chez le juge, mais une obligation de moyen,
04:23dans cette obligation de moyen, qu'est-ce qu'on fait, on interprète une situation,
04:28un individu et le droit, à chaque fois c'est l'interprétation, c'est la libre interprétation,
04:33par contre elle n'est jamais évaluée, si vous voulez, ça c'est le niveau après lequel
04:37on court en permanence, vous voyez ce qui s'est passé au Mexique récemment, ils ont basculé
04:40dans un système très différent, ils vont élire les juges parce qu'ils ont peur des
04:44narcotrafiquants, mais en même temps c'est pour les servir, ainsi de suite, on ne va
04:47pas tomber là-dedans, parce que si on élisait les juges en France, ça ne servirait pas
04:49à grand-chose, maintenant, ça veut dire malgré tout qu'il y a un débat sur l'évaluation
04:53partout dans le monde de ce que fait un juge, de la décision de justice, il faudrait presque
04:56s'il voulait, vous savez dans le foot il y a une vare, quand il y a une décision d'arbitre,
05:00il faudrait presque une vare de la justice au moment où il prend une décision, ça
05:02veut dire quoi ? Ça veut dire qu'on aurait presque un deuxième examen, c'est ce que
05:06devrait faire le parquet, c'est ce que devrait faire quelqu'un qui nous représente face
05:09à un autre juge qui nous représente aussi, et on a besoin, à l'intérieur de ce pays,
05:14de ça aujourd'hui, parce que c'est protéger les juges, et je finis par dire un seul point,
05:18pourquoi aussi on arrive à ça ? C'est qu'en France, on juge pour 100 000 habitants, dans
05:23la moyenne en Europe, on est à 17, ce qui veut dire que malgré tout, l'enjeu c'est
05:29aussi à mon avis de rapprocher la justice, 4 millions de décisions chaque année, 4
05:33millions de la réalité de ce que vit le pays, et tant qu'on sera en écart, c'est
05:37quand même très important, c'est quand même très important pour que le parquet
05:40notamment puisse venir faire son travail.
05:42On va continuer d'en parler, mais quand même, j'ai une question à poser à Pierre-Marie
05:45Sèvres, président de l'Institut de la Justice, c'est un groupe de réflexion sur la question
05:48des justices, il est très bon, merci pour lui, il va répondre à nos questions dans
05:56quelques instants, notamment cette question, pardon, mais le juge de la liberté et de
06:01la détention a remis cet homme en liberté malgré un risque de réitération de faits
06:06délictueux, malgré un risque, non mais d'accord qu'il ait le droit, mais je ne sais pas, enfin
06:11il y a un problème quand même, on va lui poser la question, c'est tout de suite sur
06:13Europe 1.
06:14Il n'y a aucune évaluation.

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