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Tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, Pascale de la Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont au programme.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend

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Transcription
00:00À propos de rapport de force messieurs, bien sûr, vous n'avez pas pu échapper à ces images, ces invectives, cette violence, pardon,
00:07mais cette violence qu'on a vu à l'Assemblée Nationale la nuit dernière, pardon, on en vient aux mains,
00:12je parle même pas des menaces de M. Bompard sur la vice-présidente de l'Assemblée Nationale, pardon,
00:17mais vu la situation de la France aujourd'hui, d'abord je voudrais peut-être, si vous le permettez Nathan,
00:21écouter ce que dit Georges Fenech, qui connaît par cœur l'Assemblée Nationale, pour y avoir lui aussi passé un peu de temps.
00:28Georges Fenech, vous avez vu hier soir...
00:30J'ai vu ces images, bien sûr.
00:32Bon, alors, on en est où là ?
00:33J'ai vu ces images qui donnent effectivement une image, ce qu'elle veut dire, absolument déplorable au niveau des Français,
00:40mais vous savez, les affrontements, les querelles, quelques fois même des affrontements physiques dans l'hémicycle
00:48ont émaillé toute l'histoire de la Ve République.
00:51Moi j'en ai assisté à un, je m'en souviens très bien, c'était en 2006,
00:55lorsqu'il y a eu un affrontement verbal très violent entre François Hollande, qui était député,
01:01et Dominique de Villepin, qui était Premier ministre, c'était à l'occasion du CPU, etc.
01:04Ça doit être une sacrée joute verbale !
01:05La lâcheté, de Villepin a traité de lâches François Hollande, tous les socialistes se sont enlevés,
01:10ils sont descendus à travers les travées de l'hémicycle pour aller affronter physiquement le Premier ministre,
01:16et ce sont les huissiers qui se sont interposés par leur corps pour empêcher un affrontement.
01:20Mais c'est incroyable !
01:22Alors dans l'histoire, il y a eu quand même cet exemple unique d'un duel à l'épée,
01:27avec Gaston Deferre et le député Ribert,
01:30qui ont réglé leur compte de l'hémicycle à Neuilly sur un champ avec l'épée, et le premier s'enversait !
01:38Et c'est Gaston Deferre qui avait gagné ce duel au premier s'enversait.
01:42Donc on peut citer d'autres exemples, je me souviens de Christine Boutin aussi,
01:45qui est descendue pour affronter Jospin, et qui l'avait traité de député marginal à l'occasion du débat sur le PAC,
01:51et les huissiers ont arrêté aussi Mme Boutin, et j'ai toujours connu ça.
01:57Mais ce qu'on a vu hier, c'était d'une particulière violence.
02:01Et Nicolas Turcot, le député Modem qui s'en est pris physiquement au socialiste Michael Blou,
02:08s'est expliqué ce matin sur BFM TV.
02:10Depuis deux jours en fait, il y a une liste de députés qui ont déposé des amendements,
02:14et donc je fais partie, et cette liste a été largement diffusée par les réseaux de la France Insoumise,
02:19y compris envoyée à mes proches.
02:21Et donc j'assume en responsabilité mes décisions politiques, c'est une chose,
02:26qu'on mette la pression sur les proches, en est une autre.
02:28Évidemment que je le regrette, je présenterai mes excuses à Mathieu Boulou,
02:32c'est impeccable, comme on peut dire, mais parce qu'à la base, il y a des choses qui sont inacceptables.
02:36À la base, il y a des choses qui sont inacceptables. Est-ce que c'est suffisant, Nathan Devers ?
02:41Les agissements de ce député sont inacceptables, c'est indiscutable, il le reconnaît lui-même d'ailleurs.
02:46L'histoire du parlementarisme français, en effet, a toujours été émaillée d'affrontements violents.
02:51Quand on regarde les annales, les actes de la Troisième République, de l'Assemblée Nationale,
02:55voilà exactement, et ça passait par des violences, ça passait par des vulgarités, ça passait par des insultes,
03:00ça a toujours été un lieu violent, et c'est plutôt sain, une démocratie, c'est un lieu d'affrontement d'idées.
03:04Il me semble qu'il y a cependant quelque chose de nouveau,
03:07dans ce qui se joue à l'Assemblée Nationale depuis quelques années.
03:10On a des députés qui viennent à l'Assemblée,
03:13dans le but de pouvoir générer une petite vidéo, ce qu'on appelle en anglais un short,
03:17une vidéo courte de 45 secondes, qui va faire un maximum de buzz sur les réseaux sociaux.
03:22Les réseaux sociaux, inutile de dire, surtout pour certains, que c'est une sorte de grande poubelle de la démocratie,
03:27et donc on fait des interventions poubelles à l'Assemblée Nationale, ce qu'on appelle en anglais du troll,
03:31on vient, si vous voulez, presque vraiment gâcher, poubellifier ce lieu de la démocratie, cet agora formidable,
03:37de telle sorte qu'on puisse faire du buzz, se comporter comme un influenceur qui fait des petits clashs dans une émission de téléréalité.
03:44Cette attitude est insupportable, et je pense qu'elle pourrit fondamentalement le débat,
03:49parce que quand vous débattez, par exemple là, Georges et moi, nous débattons,
03:52je prends plaisir à discuter avec Georges, que j'estime beaucoup,
03:55et pour qui j'ai de l'amitié, on peut avoir des désaccords, bien sûr,
04:00et si, je ne suis pas très actif sur les réseaux, mais si je devais publier la vidéo sur les réseaux,
04:05je publierais ce que je dis, et ce que répond Georges.
04:07Or, quand vous regardez l'attitude des députés en question, non seulement à l'Assemblée, mais aussi sur les plateaux télé,
04:12quand ils repostent sur leurs réseaux sociaux, leurs interventions médiatiques,
04:16ils font quelque chose que je trouve particulièrement abject et sournois,
04:19ils prennent leur prise de parole, avec le montage, ils coupent ce qu'a dit l'interlocuteur,
04:24ils vont de préférence d'ailleurs mettre une petite vidéo où on voit physiquement l'interlocuteur qui fait les gros yeux,
04:30ou qui se mord les lèvres, qui a l'air de perdre le débat,
04:32et le titre c'est, j'explose tel ou tel député dans un débat, je le détruis, je le mets KO.
04:38Donc on a un imaginaire belliciste du sport de combat, de la boxe,
04:42qui relie la possibilité de la rancant de l'altérité, et de la manipulation, et de la destruction de la réalité,
04:48la destruction de la condition de la démocratie qui est l'espace commun.
04:51L'espace commun, si on peut avoir tous les désaccords du monde, mais je tolère qu'autres y parlent,
04:54et je fais en sorte que sa parole existe autant que la mienne. C'est ça qui disparaît.
04:59J'ai toujours envie de vous dire un mot, cette assemblée-là n'est plus celle que j'ai connue.
05:02Parce qu'on a assisté hier à une scène particulièrement violente,
05:06mais c'est permanent, les menaces dans l'hémicycle, les injures, les drapeaux,
05:12c'est en permanent cette forme de bordélisation, pardonnez-moi le terme,
05:18qui est recherchée et voulue notamment par LFI.
05:21Et ça, moi je ne l'ai jamais vu, jamais connu de cette façon-là.
05:24Donc on voit bien qu'on a effectivement aujourd'hui une représentation nationale
05:29qui ne respecte plus le débat démocratique tel qu'on le souhaite,
05:33même s'il peut être virulent par moments, il doit rester dans des limites acceptables par tous.
05:38Oui, et voilà, on ne sait même pas où on va aller, motion de censure ou pas,
05:41motion de censure la semaine prochaine.
05:45Évidemment, nous sommes dans une situation qui est un peu compliquée.
05:47Je voudrais aussi qu'on revienne dans un tout petit instant, si vous le permettez,
05:49il est 20h42 sur Europe 1, sur l'interdiction de la conférence de Rima Hassan à Sciences Po Paris,
05:56qui a été justifiée selon le Conseil d'État.
05:58Il a fallu quand même aller jusqu'au Conseil d'État.

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