• il y a 2 mois
Avec le Père Guillaume Bruté de Rémur, prêtre français qui vit depuis 25 ans au Liban, Responsable d’une mission de formation pour les prêtres

Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry
______________________________________

Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/
______________________________________

Nous suivre sur les réseaux sociaux

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr

##C_EST_A_LA_UNE-2024-10-03##

Category

🗞
News
Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04C'est aux 11 minutes d'onde la nuit, nouvelle frappe israélienne dans le centre de Beyrouth sur un centre de secours du Hezbollah si mort.
00:11Nous sommes dans les quartiers sud de Beyrouth avec le père Guillaume Bruté de Rémur, prêtre français qui vit depuis 25 ans au Liban.
00:19Bonjour Guillaume Bruté de Rémur, bonjour.
00:24Bonjour, bonjour monsieur Bourdin, bonjour.
00:26Merci d'être avec nous. Alors je précise, parce que la précision est importante, que vous vivez au sud de Beyrouth dans un quartier chrétien près d'un quartier chiite, c'est bien cela ?
00:36Exactement, je vis sur la commune de Chiar, dont vous avez peut-être vu le nom passer dans les zones bombardées par Israël, je veux dire.
00:45Parce qu'en fait c'est un quartier qui est divisé en deux, il y a une partie chrétienne et une partie musulmane,
00:50et moi je suis dans la partie chrétienne de cette commune périphérique de Beyrouth, au sud de Beyrouth.
00:55Voilà, au sud de Beyrouth, le sud de Beyrouth particulièrement ciblé par l'armée israélienne.
01:01Exactement, parce qu'en fait c'est la zone où sont la plupart des chiites qui vivent dans la région de Beyrouth,
01:07et donc c'est là où est ancré extrêmement bien le Hezbollah, et c'est la partie de Beyrouth qu'Israël bombarde pratiquement tous les jours.
01:16Quelle est la situation dans votre quartier ? Beaucoup de réfugiés syriens, alors expliquez-nous pourquoi des réfugiés syriens dans ces quartiers sud de Beyrouth ?
01:27Alors en fait il y a des réfugiés chiites qui sont des réfugiés de la zone musulmane qui échappent des bombardements
01:38et qui viennent se réfugier dans les zones les moins bombardées, enfin qui ne sont pas bombardées comme la zone chrétienne.
01:44Il y a aussi des réfugiés syriens mais ça c'est lié à la guerre de la Syrie.
01:48Donc vous savez qu'au Liban on a reçu pratiquement 2 millions de réfugiés syriens dans les années qui ont suivi la guerre civile en Syrie.
01:57Aujourd'hui une grande partie de ces réfugiés tentent de retourner et retournent dans leur pays justement à cause de la situation de guerre au Liban.
02:06Ce qui se passe c'est qu'effectivement eux ils ont été beaucoup dans la zone de la Béka qui actuellement est une zone extrêmement bombardée par Israël.
02:14Donc ils ont tendance à se réfugier eux aussi dans les zones chrétiennes.
02:19Et dans les zones chrétiennes oui.
02:21En particulier exactement, parce que ce sont celles qui ne sont pas visées par Israël.
02:25C'est à dire qu'Israël opère de façon très chirurgicale actuellement au Liban, en tout cas dans la zone de Beyrouth jusqu'à présent,
02:33en visant des cibles qu'il considère dangereuses liées au Hezbollah, des dépôts d'armes, des immeubles dans lesquels résideraient des hauts responsables du Hezbollah.
02:43Oui et tout le monde se réfugie évidemment dans les quartiers chrétiens.
02:46Alors vous témoignez, vous dites je viens de rentrer à Beyrouth, vous venez de rentrer à Beyrouth, Guillaume Bruté de Rémus.
02:53Effectivement, j'ai passé le mois d'août en France, au mois de septembre j'ai été en Italie pour des sessions de formation et des retraites.
02:59Et je suis rentré à Beyrouth depuis 2 ou 3 jours.
03:02Vous dites ça devient vraiment difficile à vivre.
03:07Les réfugiés dans notre quartier ont tenté de forcer des bureaux pour vivre dedans.
03:12On veut faire attention à ce que nos locaux ne soient pas visés.
03:16Il y a des soldats partout.
03:18Est-ce qu'il y a des tensions interconfessionnelles ?
03:22Alors en fait des tensions interconfessionnelles il n'y en a pas énormément.
03:26Il y a une espèce de méfiance qui s'installe.
03:30Parce qu'effectivement les écoles publiques sont obligées d'accueillir les déplacés.
03:35C'est une loi au Liban.
03:37Donc quand il y a des zones de guerre, les déplacés peuvent se réfugier dans les endroits publics.
03:41Donc nous avons par exemple plusieurs écoles dans le quartier qui sont actuellement remplies par des familles chiites
03:48qui se sont échappées de la zone bombardée.
03:51Effectivement, il y a toujours cette espèce de tension parce qu'on ne sait pas ce qui peut se passer.
03:57Alors nous actuellement il n'y a pas eu, dans notre quartier exactement,
04:01il n'y a pas eu de choses assez violentes.
04:03Mais dans le centre-ville de Beyrouth, j'ai su hier qu'il y a eu des immeubles,
04:08surtout des immeubles de bureaux dans lesquels il n'y a personne pendant certaines journées,
04:15où il y a des déplacés de la zone chiite qui ont tenté de rentrer dans les bureaux.
04:20Mais il faut s'y comprendre que ces gens-là se sont retrouvés du jour au lendemain sans rien
04:24et sont souvent dans la rue sans sanitaire.
04:27Donc en fait ils cherchaient aussi à se laver.
04:31Et ça a été extrêmement compliqué.
04:33Après, aujourd'hui, on n'a pas des conflits confessionnaux de façon très très aiguë,
04:39mais on sent qu'il y a quand même une tension, ça c'est clair.
04:42Oui. Vous dites encore, on se demande si on ne va pas à n'importe quel moment
04:46prendre une bombe d'Israël sur la tête.
04:48Aller à l'aéroport est très dangereux car la route passe par l'ancien QG de Nasrallah.
04:54Je suis arrivé dans un climat apocalyptique, dites-vous.
04:57Le quartier chiite a exulté au moment de l'attaque de l'Iran à Tel Aviv.
05:01Ils ont tiré dans les airs pour manifester leur joie.
05:03Il y a ensuite eu un gros bombardement en pleine nuit juste à côté de chez nous.
05:07On veut ouvrir la fenêtre pour respirer, mais on entend directement les bombardements.
05:11Le bruit des drones aussi qui est permanent.
05:14Exactement, toute la journée, pratiquement d'hier, on a comme un bruit,
05:18comme une moto qui tourne autour de votre maison,
05:21mais au lieu qu'elle soit dans la rue, elle est dans le ciel en fait.
05:24Donc on a cette espèce de bruit de fond auquel on s'habitue.
05:28Quand il s'en va, on se rend compte qu'il n'est plus là.
05:31Là, je suis à la fenêtre de mon bureau, duquel on ne les voit pas,
05:37mais derrière les immeubles de notre quartier, il y a les immeubles chiites.
05:40Il y a toute une fumée grise des bombardements de la nuit.
05:43Hier soir à 11h, il y a eu un gros, gros bombardement.
05:46La maison même a légèrement tremblé, mais bon,
05:49c'est des choses auxquelles malheureusement on s'habitue,
05:51mais c'est vrai que ça crée un état d'anxiété continu en fait.
05:54Oui, j'imagine. Vous regardez les informations en permanence,
05:58vous vous abonnez à tous les médias et vous échangez beaucoup.
06:05Allô ?
06:06Oui, je disais, vous regardez les infos en permanence,
06:10vous vous informez en permanence pour savoir un peu ce qui se passe ici ou là,
06:14vous vous abonnez à tous les médias, c'est ce que vous dites,
06:17on échange des infos entre groupes.
06:23Exactement. En fait, ça c'est très, très habituel au Liban.
06:26En fait, c'est un pays qui a été quand même polytraumatisé par des guerres
06:29ces dernières décennies, et donc il y a cette espèce de réflexe,
06:32dès qu'il y a un conflit, il y a une espèce de solidarité dans l'information.
06:38Donc, on est toujours à l'écoute de ce qui se passe,
06:40parce qu'en fait, les situations de guerre,
06:43nous, on imagine toujours qu'il y a des bombardements partout,
06:46parce qu'on voit dans les films, mais en fait, c'est des fronts, la guerre,
06:49il y a des zones. Et donc, en fait, il faut savoir si le front se déplace
06:53vers nous ou pas. Donc, en fait, tant que ça reste du côté qui n'est pas le nôtre,
06:57même si c'est proche, on est rassuré.
07:00Dès que le front se déplace dans notre direction,
07:03là, il faut commencer à prendre des décisions, fuir la zone, se protéger.
07:09Guillaume Bruté de Rémur, vous avez pensé à partir ou pas ?
07:13Alors, pour le moment, nous, on ne pense pas partir, en tout cas pour le moment.
07:17C'est sûr que c'est une solution qui est envisagée,
07:19dans la mesure où on ne sait pas ce qui peut se passer.
07:22Il pourrait y avoir, surtout après l'attaque qu'il y a eu de l'Iran vis-à-vis d'Israël hier,
07:27on ne sait pas ce qu'Israël va faire.
07:29On ne sait pas quelle sera la réaction à la réaction d'eux,
07:32parce qu'en fait, on est dans une espèce de réaction en chaîne et de surenchère continue.
07:38On a eu l'impression qu'Israël a trouvé une occasion pour décapiter le Hezbollah
07:44avec les conflits qui se sont passés cet été.
07:47On ne pensait pas qu'on allait en arriver là.
07:51Aujourd'hui, on est dans une espèce de surenchère.
07:54Comme je vous disais, aujourd'hui, les quartiers chiites sont bombardés.
07:58Mais malgré tout, dès qu'on leur annonce que l'Iran a riposté,
08:02c'est une exultation de joie dans tout le quartier, des tirs en l'air.
08:05Donc c'est un peu schizophrénique.
08:08Même il y a eu une déclaration de l'Iran qui dit
08:11on devait répondre, donc on a répondu, mais nous on veut la paix.
08:14Dans quelle mesure on peut considérer qu'une guerre en acte avec des gens qui se tapent dessus
08:19est le signe d'une vraie volonté de paix ? On ne sait pas.
08:22Et c'est ça le vrai problème.
08:23– Bien, merci Guillaume Bruté de Rémur.
08:25Prêtre, vous êtes prêtre, vous êtes là-bas et vous vivez au Liban depuis 25 ans.
08:30Il est 7h20, vous êtes sur Sud Radio.
08:33Pour ce témoignage, le rappel des titres de l'actualité, Laurie Leclerc.

Recommandations