Olivia Carlier L'invité de 7h75

  • il y a 4 jours

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00:008h15 en Lozère et dans le Gard Belle fin de semaine avec France Bleu, on va vous faire
00:04partager le quotidien ce matin d'une des quelques 10 millions d'aidants en France,
00:10ces invisibles Quentin qui accompagnent un proche en perte d'autonomie.
00:13Oui bonjour Olivia Carlier, en studio et je vous en remercie ce matin, c'est avec plaisir
00:20en tout cas, vous aidez effectivement votre maman de 79 ans et vous êtes en parallèle
00:24infirmière au CODES, le comité départemental d'éducation pour la santé, et vous êtes
00:30en charge justement de la question du maintien à domicile, donc ça fait beaucoup tout ça,
00:35alors dites-moi, comment faites-vous pour lier les deux, pour concilier les deux ?
00:39On fait au mieux, de toute façon on prend les choses les unes après les autres et on
00:49avance, c'est vrai que ça fait beaucoup, mais c'est un engagement, ça fait les grosses
00:59journées j'imagine ? Oui après il y a plein de gens qui le font en fait, c'est surtout ça
01:04d'ailleurs la difficulté, après c'est pas que ma mission au CODES, on est toute une équipe à
01:08travailler sur ce volet-là, avec le soutien du département aussi, qui en a fait une priorité
01:14de politique publique en fait, il y a une mission qui est importante, il y a beaucoup de gens qui
01:23sont invisibilisés dans le domaine des aidants, là quand vous parlez de cette dame qui soutient
01:28son mari depuis si longtemps, avoir une infirmière quand on a un mari qui est paraplégique c'est
01:32vraiment insuffisant, elle a certainement plus du tout de vie, donc voilà c'est très lourd,
01:39il y a beaucoup de gens dont on parle pas, on parle beaucoup plus des aidants dans le domaine
01:44des personnes âgées, dans le champ du vieillissement, mais beaucoup moins par exemple
01:48chez les enfants, il y a des aidants qui sont des enfants, il y a des étudiants qui soutiennent
01:54leurs parents qui sont malades, qui ont des pathologies chroniques. Et Sylveste le disait
01:58tout à l'heure, ça fait à peu près 10 millions de personnes en France, en ce qui vous concerne,
02:03je vais y arriver, ça fait quatre ans que vous menez cette vie, depuis qu'on a diagnostiqué à
02:08votre maman une forme d'Alzheimer, c'était après le Covid, vous avez décidé de la garder auprès
02:14de vous, qu'est ce qui a fait que vous avez pu le faire surtout ? Alors j'ai la chance, c'est mon
02:20métier moi quand même, donc j'ai une carte que d'autres n'ont pas, je connaissais quand même
02:25assez bien le maintien à domicile, j'ai été infirmière pendant 20 ans dans ce domaine là,
02:30donc je connaissais quand même un peu ce domaine là, et malgré tout moi j'ai été en échec puisque
02:36je l'ai placé ma mère pendant un temps. Pourquoi vous dites en échec ? Parce que quand on voue sa
02:43carrière au maintien à domicile, placer quelqu'un c'est très compliqué, de toute façon c'est une
02:46démarche qui est hyper difficile, quand on devient aidant, il faut faire le deuil de quelque chose
02:52aussi en fait, on perd la relation telle qu'elle était, ça vient perturber un petit peu tous les
02:59suivants. Pourquoi elle n'est plus comme avant dans votre cas ? Alors dans mon cas la maladie
03:04neurodégénérative, c'est une démence à corps de lévis, c'est pas tout à fait comme une alzheimer,
03:09c'est un peu différent, mais souvent, alors il y a beaucoup de situations différentes,
03:15mais en l'occurrence moi c'est plus complètement ma mère, j'ai dû faire le deuil finalement de
03:20ma mère en fait, c'est plus elle, je m'occupe d'une personne qui lui ressemble, mais c'est plus
03:26vraiment elle. C'est une relation mère-fille qui est un petit peu inversée, et en même temps qui
03:30n'est pas tout à fait pareil comme vous le dites. Vous disiez donc que vous êtes infirmière, que
03:36vous êtes spécialisée justement, vous connaissez bien en tout cas les questions du maintien à
03:40domicile, en quoi ça vous est utile au quotidien pour accompagner votre maman ? Parce que c'est un
03:44vrai parcours du combattant de se faire aider, il existe plein de choses, mais vous vous tapez à des
03:50portes, déjà vous trouvez le courage de venir raconter votre histoire, c'est hyper difficile
03:53de se livrer comme ça à des gens qu'on connaît pas, parce que vous voulez demander de l'aide. En
03:57général un aidant qui demande de l'aide il est déjà au bout du rouleau, donc il va demander de l'aide,
04:01il raconte son histoire, et on lui dit ah bah non ça c'est pas nous, c'est là, allez plutôt là. Et
04:05en fait c'est ça, ce parcours il est hyper lourd, parce que vous tapez à des portes, vous trouvez le
04:08courage de le faire, et finalement on vous annonce que vous n'êtes pas au bon endroit. C'est où que
04:13vous les avez trouvées toutes ces aides par exemple ? Alors il existe plein de choses, et on
04:19essaie effectivement, et notamment avec le département, de faire un parcours des aidants,
04:23parce qu'en fait c'est aussi ce qui rend la chose difficile, c'est qu'il y a plusieurs typologies
04:26d'aidants. Donc selon votre situation, ça va pas être le même type d'aide, donc c'est ça qui rend
04:32la chose un peu compliquée aussi. Donc l'idée ce serait de réussir à faire des parcours d'aidants
04:35pour que les gens puissent un peu se reposer sur un système qui roule. Actuellement c'est
04:41compliqué. Il existe des espaces de ressources, le CODES en a un qui se trouve sur le Pompidou
04:47à Nîmes. N'hésitez pas à appeler le CODES, ma collègue Murielle recevra l'appel, elle est habituée,
04:51elle est formée pour ça, elle sait écouter parce qu'il y a ça aussi, c'est d'avoir une oreille qui
04:55sait vous entendre. Elle va prendre un rendez-vous, on est reçu, on vous donne des pistes de recherche,
05:01on peut vous accompagner, on a une psychologue au CODES qui aide les aidants et qui peut les
05:05recevoir individuellement. Et puis après il existe plein d'autres ressources, il n'y a pas que le
05:10CODES bien sûr, il y a beaucoup d'acteurs. Le but c'est d'alléger un petit peu les tâches
05:13quotidiennes des aidants. Pour vous, comment vous avez organisé vos journées par exemple ? Et comment
05:19vous avez fait aussi avec votre employeur ? Parce que vous travaillez aussi à côté évidemment.
05:22J'ai arrêté de travailler pendant un an pour mettre en place des choses parce que finalement
05:26c'est quand même très lourd. Et puis le temps d'habituer la personne aussi, moi ma mère elle
05:30n'a pas accepté comme ça qu'on vienne l'aider d'un seul coup. C'est une intrusion dans votre vie
05:34quotidienne, c'est un peu... C'est particulier de devoir vivre avec des gens qui viennent chez
05:39vous tout le temps pour vous aider. Mon employeur, il se trouve que le CODES il travaille depuis pas
05:45très longtemps. Donc ils sont plutôt conciliants. Ils étaient très sensibilisés sur le sujet donc
05:49ils m'ont beaucoup accompagné. J'ai commencé par un temps partiel pour pouvoir mettre en place des
05:53choses et voir si ça fonctionnait. Et puis il y a une souplesse en fait, il faut être souple avec
05:57les gens qui sont des aidants puisque c'est une richesse en fait. Vous arrivez aussi à vous
06:01dégager un petit peu du temps pour vous, parce que vous êtes mère de famille en plus de tout ça.
06:05Vous vous coupez en trois mais se diviser en quatre là c'est...
06:09Alors je ne suis pas un exemple à suivre.
06:13Bon a priori vous avez des ados, les ados ça commence à être autonome.
06:19Ouais, c'est un autre type d'aide.
06:21J'ai peu de temps pour moi, mais c'est un choix en fait. Je ne m'en plains pas, je me sens alignée
06:32avec mes choix de vie. Après je pense que si on n'en souffre pas c'est un peu différent.
06:367h54, vous êtes aidant, vous avez en charge un proche, un parent. Comment vous vous en sortez ?
06:41Qui vous aide ? Vous, vos témoignages par téléphone jusqu'à 8h0466213637 ou en nous
06:46écrivant sur notre page Facebook. Je lis un commentaire d'ailleurs de Ludovic qui dit
06:50moi je m'occupe de ma maman et croyez-moi c'est pas évident de s'occuper de personnes âgées.
06:53Personne ne m'aide, pourtant j'ai des frères et puis à part la tutelle et la femme de ménage
06:56une fois par semaine le mercredi, c'est tout. On a un appel d'ailleurs.
07:00Effectivement, Véronique qui nous appelle de Corconne. Bonjour Véronique.
07:03Oui bonjour.
07:04Alors vous, vous êtes aidante, vous avez même été deux fois aidante puisque vous
07:09l'étiez pour votre papa je crois qui est décédé maintenant.
07:12Voilà, le 4 novembre.
07:13Oui, et vous vous occupez, vous accompagnez maintenant votre mari.
07:17Oui, mon conjoint. Mon papa a eu un accident en 2015, je l'ai accompagné pendant deux ans à
07:23l'hôpital et tout. Il est rentré à la maison, il a fait un studio, ça s'est super bien passé.
07:28J'ai été bien aidée par la PA, par tous les aides que j'ai eues autour de moi.
07:33L'inconvénient et l'avantage, mon papa il n'y avait qu'une jambe, il était en fauteuil roulant,
07:39mais très très débrouillard. Il prenait même son scooter pour aller sur la route,
07:43pour aller faire ses courses. Donc je m'en occupais mais je travaillais, je travaillais
07:47et j'allais lui faire un bisou le matin, le soir et tout. Et là le 7 février, mon conjoint a eu un
07:53AVC. Un homme de 61 ans, un pompier, très très actif et trop actif d'ailleurs, parce qu'il faisait
08:01plein de trucs. Et là maintenant il a fait un AVC hémorragique très grave. Il a été en réa pendant
08:07un mois et demi, il s'est réveillé et là au jour d'aujourd'hui, il est au gros du roi, il ne marche
08:13toujours pas. Et c'est vrai que ma peur c'est quand est-ce que je vais reprendre le boulot quoi.
08:18Si je comprends bien Véronique, votre mari est encore suivi par les médecins. Enfin,
08:23il est dans une structure spécialisée probablement. Le gros du roi, c'est très très bien le gros du roi.
08:27Et il est en réa. Mais alors il fait des progrès tous les jours, tout le temps, tout le temps,
08:33tout le temps. Mais au jour d'aujourd'hui, il ne sait pas encore se tenir seul debout. C'est une
08:38machine qui le lève pour aller au WC, pour aller au lit et tout. Et il va rentrer à la maison
08:43normalement. Il devrait, on a commencé à parler d'une sortie en décembre. Mais voilà, c'est vrai
08:50que moi je veux le prendre à la maison. Parce que c'est vrai que je veux qu'il continue à évoluer
08:55dans la structure du gros du roi qui est très bien. Je veux qu'il rentre parce que la route,
09:00financièrement, c'est affreux. Ça fait 120 km tous les jours. Parce que je vais le voir tous les
09:05jours, tous les jours. Et c'est vrai que c'est fatiguant. Je suis fatiguée. Et en plus, après
09:11que Eric a eu son AVC, 15 jours après, moi j'apprenais que j'avais un cancer. Mais mon cancer
09:18est réglé. J'ai eu 4 opérations. Tout va bien. Pour moi, de mon côté, tout va bien. Et c'est vrai
09:24que quand il va rentrer à la maison, je me demande quand est-ce que je vais reprendre.
09:27Tout va bien Véronique dans tout ça. C'est la question que j'ai envie de vous poser. Comment
09:31vous faites moralement ? Parce que vous dites que physiquement, ça va malgré le cancer que
09:37vous nous annoncez. C'est moralement là que c'est compliqué.
09:40Oui moralement c'est dur. Après j'ai beaucoup beaucoup d'amis comme Eric et moi. Nous sommes
09:45aimés beaucoup parce qu'on est des gens très cools, je pense. Et on est beaucoup aimés. J'ai
09:51beaucoup d'aide au niveau de mes collègues pompiers qui nous ont, par exemple, le terrain,
09:56ils nous aident pour tondre, tout ça. Si j'ai besoin d'aide, je fais allo, j'ai tout le temps
10:01quelqu'un qui va venir m'aider. Mais c'est vrai que moralement c'est dur quand même. J'ai beaucoup
10:06d'amis qui appellent. Et j'imagine que vous appréhendez, même si vous l'espérez, le retour
10:11de votre mari à la maison. Olivia Carlier qui est avec nous, comment on peut l'accompagner,
10:16Véronique, moralement ? Je pense que certainement, en gros, Durand elle va pouvoir voir l'assistante
10:22sociale qui devrait pouvoir l'accompagner sur le retour à domicile pour préparer son retour. Et je
10:27pense que le tout c'est de bien préparer, que le domicile soit adapté, que des aides soient déjà en
10:33place. En fait l'idée c'est de garder la relation, ce qui nourrit la relation. Et finalement il y a
10:38des choses qu'on peut déléguer, les soins d'hygiène, les repas, faire préparer les repas,
10:43il existe beaucoup de choses en fait pour garder ce qui fait que Véronique elle est unique, parce
10:49qu'elle a cette relation avec son mari et c'est ça qu'il faut réussir à nourrir et à préserver.
10:53Et on peut venir prendre des conseils aussi au CODES où vous travaillez. Je vous remercie
10:57beaucoup, en tout cas Olivia Carlier, d'avoir été avec nous ce matin sur France Bleu-Garloser,
11:01infirmière et donc aidante aussi par sa maman. Je remercie aussi beaucoup Véronique et toutes nos
11:06pensées pour vous et votre mari Véronique donc qui nous appelait de Corcone ce matin. Merci et
11:11belle fin de semaine à vous.

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