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00:00C'est en 47, Quentin Perez de Tudela avec nous, donc en studio, la présidente des Buralistes du Gard.
00:11Oui, bonjour Gisèle Mazoyer.
00:12Bonjour.
00:13Merci.
00:14Merci de me recevoir.
00:15Et c'est nous qui vous remercions.
00:16Après cette mobilisation hier dans le Gard, une cinquantaine de Buralistes s'est rassemblée
00:21près du rond-point de la Cernam, notamment pour dire non aux cigarettes de contrebande.
00:26Alors une question toute simple pour commencer, qu'est-ce qu'on sous-entend, Mme Mazoyer,
00:31quand on parle de cigarettes de contrebande ?
00:32Alors c'est plusieurs produits.
00:34Vous avez la cigarette de contrebande, c'est-à-dire qui vient des autres pays, des pays de l'Est,
00:39l'Espagne.
00:40Pour nous c'est particulièrement l'Espagne.
00:42Et ensuite vous avez la contrefaçon.
00:44Il faut savoir qu'en France on a des usines, maintenant clandestines, chose qu'on n'avait
00:48pas avant.
00:49Et ça vient aussi de l'étranger et ces cigarettes-là, malheureusement, même on sait que le tabac
00:53est nocif pour la santé, mais là on est un cran au-dessus.
00:56Il y a des usines clandestines de tabac ?
00:57Il y en a eu, ils en ont démantelé une dans la Drôme il n'y a pas très très longtemps.
01:00Mais il y en a eu plusieurs.
01:02Il y en a eu une au sud-ouest aussi, vers Toulouse je crois.
01:06Et évidemment, comme vous le dites, elles ne respectent pas les mêmes normes sanitaires
01:10que celles que l'on vend dans les bureaux de tabac.
01:12Les analyses ont prouvé qu'il n'y avait pas que du tabac.
01:15Donc après, malheureusement, le tabac est un nocif.
01:18Oui, mais ce qu'on veut aussi, on pense que la population n'est pas assez sensibilisée
01:23à tout ce qui se passe autour de ce produit.
01:26Parce que ce produit, oui, il est dangereux, il est nocif, mais chez nous il est encadré.
01:31Donc c'est quand même autre chose.
01:33Et je pense qu'on doit sensibiliser les gens par rapport à ça aussi.
01:36Alors justement, d'après vous, combien de cigarettes aujourd'hui en France sont issues
01:40de ce trafic ?
01:42Alors aujourd'hui, on estime un paquet sur quatre, presque 40%.
01:45Un paquet sur quatre ?
01:46Oui.
01:47Il y a deux ans en arrière, on était sur un paquet sur trois.
01:50On a sauté une barre depuis l'augmentation de 2024.
01:53Au 1er janvier 2024, on a pris un euro.
01:55Et l'Espagne est restée à 6 euros, pour ne pas nommer l'Espagne, mais c'est le pays
02:00le plus proche de chez nous.
02:01Et donc on est passé un paquet sur quatre, presque 40%.
02:05Et on estime que si ça continue, on pourrait d'ici la fin de l'année être à 50%.
02:10Donc la moitié du marché va partir dans des réseaux, pour ne pas nommer, mais parfois
02:15des réseaux mafieux aussi, parce que malheureusement on sait très bien que le tabac alimente d'autres
02:19réseaux.
02:20Donc ça veut dire que cinq cigarettes fumées sur dix en France, seraient issues du trafic
02:25de cigarettes ?
02:26Pourrait être issues d'ici la fin de l'année, si on continue.
02:28Essentiellement à cause de la hausse des prix ?
02:29Essentiellement oui.
02:30Parce que les clients, de toute façon il y a le pouvoir d'achat, et on peut très bien
02:34comprendre qu'un fumeur préfère acheter un paquet à 6 euros, même si parfois il ne
02:38sait pas trop ce qu'il y a dedans, qu'un paquet à 13 euros chez nous.
02:41Parce qu'il faut savoir que nous c'est entre 11,70 et 13 euros le paquet.
02:45Et si on continue comme ça, on va arriver à 15.
02:48Donc si je reformule ce que vous nous dites, aujourd'hui la contrebande tue les bureaux
02:52de tabac dans le Gard et en Lauserne ?
02:54Oui, et dans le Gard, en Lauserne, et nationalement en France aussi.
02:587h50, vous écoutez ici Gard Lauserne, notre invité Gislaine Mazoyer, présidente des Buralistes
03:03du Gard.
03:04Oui, Gislaine Mazoyer.
03:05Alors l'État ne reste pas inactif contre ces trafics-là, il y a une vingtaine d'épiceries
03:10qui a été contrôlées le mois dernier à Nîmes, à l'essai Bagnole sur 16, et la police
03:15a mis la main sur plus de 1500 paquets de cigarettes.
03:18Ce n'est pas rien quand même ?
03:19Non, ce n'est pas rien.
03:20On remercie d'ailleurs le préfet, les forces de l'ordre pour ce travail qui est fait,
03:23les douanes aussi.
03:24Nous ce qu'on souhaite, c'est qu'on aille un peu plus loin, c'est-à-dire que plutôt
03:27que de fermer ces commerces sur une durée d'un mois, à partir du moment où ils sont
03:30dans l'illégalité, je pense qu'on pourrait les fermer définitivement.
03:33On les ferme pour un mois, voire trois mois suivant la quantité de tabac qui est trouvée
03:38chez eux.
03:39Parce que derrière tout ça, ces commerces-là font d'autres trafics, que ce soit de la
03:44drogue, que ce soit d'autres produits, donc on est en train de favoriser un marché de
03:49blanchiment d'argent, et bon, peut-être malheureusement d'autres choses.
03:53Alors on parle de 1500 paquets saisis par la police à Alès, Bagnole sur 16 et Nîmes,
03:58ça représente quoi par exemple 1500 paquets dans un stock d'un buraliste ?
04:021500 paquets, ça fait pour certains, il y a une cartouche, il y a 10 paquets dans une
04:07cartouche, donc il y a des buralistes aujourd'hui qui reçoivent 40 cartouches de cigarettes,
04:12c'est pas plus, il ne faut pas croire que certains bureaux de tabac ont des stocks
04:16énormes.
04:17Donc c'est de la concurrence directe ?
04:18Complètement, oui, complètement.
04:19Alors les buralistes sont pris en étau, Gisèle Mazoyer, d'un côté donc par cette hausse
04:23des prix qui pousse, on l'a bien compris, de plus en plus de Français vers le trafic
04:26de cigarettes, et puis vous l'esquissiez aussi, prise en étau par l'achat de cigarettes
04:33à l'étranger.
04:34Oui.
04:35Et notamment en Espagne.
04:36Voilà, c'est un peu le système des brouilles.
04:37Il y a ceux qui vendent à des épiceries de nuit, commercent illicite, et puis vous avez
04:39aussi les clients qui nous le disent, après on ne peut pas leur en vouloir, c'est le pouvoir
04:43d'achat qui fait ça.
04:44Ils vous disent clairement, nous on va en Espagne parce que vous êtes trop chers.
04:46Ils nous disent, nous chaque week-end on a un pote qui va en Espagne, il ramène pour
04:49tout le monde, et puis après, ben voilà, ils s'arrangent entre eux.
04:52C'est devenu un business, et on visite le Pertus assez régulièrement d'ailleurs.
04:57Et l'État, quand vous lui en parlez de cette concurrence déloyale, il vous dit quoi ?
05:02Alors l'État reconnaît que oui, il y a une concurrence déloyale, mais continue à vouloir
05:07augmenter les prix des paquets de cigarettes, parce que l'État lui dit qu'il joue sur
05:12une politique de santé publique.
05:13Mais là, on est complètement défavorisés, nous.
05:16On est d'accord pour que les clients ne fument pas, on sait que le tabac est nocif, mais
05:21il faudrait qu'à ce moment-là, on soit tous sur le même niveau.
05:23Si le paquet est à 13 euros de partout, demain, les gens pourront prendre leur disposition
05:28et dire oui, ben j'arrête de fumer parce que c'est trop cher.
05:30Oui, il vous dit, l'État, c'est pour des questions de santé publique, mais vous, très
05:33honnêtement, dans vos bureaux de tabac, est-ce que vous voyez que la consommation baisse ?
05:36Non, pas du tout.
05:37On a des paquets de couleurs de partout dans nos poubelles, donc ça veut bien dire ce
05:40que ça veut dire.
05:41Chez nous, ils ne sont plus en couleurs, ils sont neutres.
05:42On a même des clients qui nous disent « je veux le paquet qui est jaune », et nous, on
05:46leur dit mais des paquets jaunes, ça fait depuis… nous sommes aujourd'hui en 2024,
05:51ça doit faire 10 ans qu'on n'a plus de paquets jaunes chez nous, ou rouges, peu importe
05:55la couleur.
05:56Donc ça veut dire qu'il y a des clients qui ne venaient plus chez nous.
05:58Et dans la période du Covid, en 2020, on a eu 1,6 million de clients de plus qui sont
06:02venus chez nous, parce que les frontières étaient fermées.
06:05Donc ce ne sont pas des gens qui se sont remis à fumer du jour au lendemain, c'est tout
06:08simplement nos clients qu'on avait perdus, frontières fermées, reviennent chez nous.
06:11Et qu'est-ce qu'il doit faire alors l'État ?
06:13L'État devrait déjà arrêter d'augmenter les prix, c'est-à-dire un moratoire sur
06:16les prix, en attendant que les autres pays s'ajustent un petit peu sur la France.
06:21Oui, qu'il y ait des prix, une harmonisation des prix.
06:23Une harmonisation des prix, alors on n'y croit plus, parce que ça fait tellement d'années
06:25qu'on le demande, qu'on n'y croit plus.
06:28Alors l'Espagne a augmenté dernièrement, mais si un paquet était à 5 euros, il est
06:31à 6, et nous on est à 13 maintenant.
06:33Oui, donc il y a encore beaucoup de retard à bouger.
06:36C'est ça, exactement.
06:37Je vous remercie beaucoup, en tout cas Gislaine Mazoyer, d'avoir été avec nous ce matin
06:39sur ICI Gare Lozère.
06:41Gislaine Mazoyer, présidente des Buralistes du Gare, merci encore.