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00:00Et en marge du festival de la biographie ce week-end, des familles du Chemin Bas d'Avignon,
00:10Quentin expose donc leur création à Nîmes et c'est à la Galerie Courbet.
00:14Oui, elle raconte des scènes de vie dans ce quartier et le résultat est parfois préoccupant
00:19quand on sait que ce sont des enfants qui ont pu retranscrire ce qu'ils ont vu.
00:24Mais c'est vous qui allez nous en parler.
00:26Bonjour Véronique Pinguet-Michel.
00:27Bonjour.
00:28Merci d'être avec nous puisque c'est avec votre association que cette oeuvre a été
00:32réalisée.
00:33Vous êtes coordinatrice au petit atelier qui promeut les arts plastiques au Chemin Bas.
00:37Je vous remercie d'être avec nous.
00:39D'abord, à quoi ressemble-t-elle cette oeuvre qui est exposée à la Galerie Courbet ?
00:44Alors, notre support est le textile.
00:46Donc, nous partons au mois de septembre, nous savons que nous avons 3-4 mois devant nous
00:51pour créer une oeuvre collective dans un projet qui s'appelle « Arts et liens sociaux ».
00:57Donc, c'est l'utilisation de tissus, de découpage, de fils, de broderie.
01:02Et alors, chacun des participants, des enfants, des mères de famille aussi, ont représenté
01:07ces scènes, des scènes de la vie quotidienne dans ce quartier du Chemin Bas d'Avignon.
01:10J'invite les auditeurs à aller voir les photos sur l'appli « Ici » de cette oeuvre.
01:14Qu'est-ce qu'elle représente cette oeuvre ?
01:16Alors, le sujet, c'est notre vie d'aventurier puisque ça c'est le sujet du Festival de
01:21l'habitographie Souvenir d'Aventurier et on a pris ce point précis de notre aventure
01:26quotidienne au sein du narcotrafic qui plombe notre quartier, auquel on assiste, démuni.
01:31Mais tout de suite, les familles, les mamans notamment, nous ont dit qu'on ne veut pas
01:36donner une mauvaise image, on veut montrer qu'on vit dignement.
01:40Pour autant, il y a ce collégien dont vous nous parliez tout à l'heure qui a représenté
01:44cette scène qui s'était produite en février dernier, en 2023.
01:48Voilà, papa est mort, donc le petit garçon qui a vu le meurtre de son père sous ses
01:53yeux dans la voiture, il y a d'autres scènes de ce type, le schéma de la personne allongée
02:02par terre et qui est caillassée par un groupe de six au milieu des arbres, c'est très
02:06schématique.
02:07On leur a donné volontairement des gros feutres pour qu'ils fassent des dessins, type dessin
02:10de presse, très très schématique.
02:12Et alors, est-ce que c'est vous qui les avez incité à représenter ces scènes-là ou
02:16alors est-ce qu'ils l'ont fait d'eux-mêmes ?
02:18Alors, nous, on a posé le sujet.
02:21Qu'est-ce que vous connaissez du trafic de drogue dans le quartier ? Qu'est-ce que ça
02:24évoque pour vous ? À différents groupes et dans différentes circonstances, chacun
02:28réagit à sa façon, mais les dessins sont venus tout à fait spontanément, on a juste
02:33donné cette consigne du gros feutre sur papier blanc, voilà.
02:38Donc ces images-là sont enfouies en eux, c'est ce qu'ils ont retranscrit ?
02:45Oui, c'est-à-dire que c'est des choses auxquelles ils assistent malheureusement régulièrement.
02:49C'est de février dernier à cet été, il y a en permanence des incidents, comment appeler
02:56ça, je ne sais pas.
02:57Qu'est-ce que ça dit de l'état, l'état psychologique de ces enfants et de ces mères
03:03de famille qui vivent dans ce quartier ?
03:04Alors, bizarrement, ils sont très résistants puisque ça c'est la deuxième, ou plutôt
03:10même la première chose qu'on voit quand on voit l'œuvre.
03:13On voit quelque chose de joyeux, coloré.
03:15Oui, c'est très coloré.
03:16On voit, elle l'appelle la nappe, les mamans me disent c'est la nappe, parce qu'effectivement
03:20on a pris une nappe, une vieille nappe déchirée, couleur moutarde, mais elles en ont fait quelque
03:26chose de magnifique avec le couvert qui est dressé, les dentelles, les broderies.
03:31Il est 7h50, vous écoutez ici Garlosa, notre invitée Véronique Ping et Michel pour évoquer
03:36cette exposition Festival de la Biographie.
03:38Oui, donc cette œuvre, elles l'ont réalisée avec vous, ça fait combien de temps que vous
03:42intervenez vous au Chemin Bas d'Avignon ?
03:44Depuis 2011.
03:45Depuis 2011, donc ça fait plus d'une dizaine d'années maintenant.
03:49Est-ce que vous avez vu l'évolution, ce quartier changer ?
03:52Je dirais, il y a vraiment cette période-là, concomitant avec le Covid, cette période
03:59où, si j'ai bien compris, parce que je ne suis pas très férue politique, c'est la
04:06chasse au trafic de drogue, les plaques tournantes entre Marseille, Espagne et compagnie, si
04:10j'ai bien compris, les services de police ont tenté de déstructurer qui commande et
04:17voilà.
04:18Et du coup, ça fait comme un coup de pied dans la fourmilière, ça essaimait partout
04:23et c'est pour ça qu'il y a eu tous ces meurtres, puisque Nîmes est dans le virage,
04:27aussi bien à la ZUP, on se rappelle du petit Fayed, que chez nous, à Nice, parfois c'est
04:33des balles perdues, parfois c'est directement des personnes concernées, ça c'est les enquêtes
04:37qui font, mais on est tributaires de ça.
04:40– Des règlements de comptes entre trafiquants, des dealers que vous croisez au quotidien
04:45quand vous allez au chemin bas, comment ça se passe ?
04:47– Alors jamais avant 11h, le matin c'est pour nous, même voire 14h, par contre le
04:54soir, vous faites attention, nos visages des habitants, des travailleurs dans le quartier
05:00sont identifiés, on n'a jamais été embêtés, il n'y a aucun souci, on passe, on passe
05:07devant eux, on passe sur leur point de deal, ils n'embêtent pas du tout ni les enfants
05:11ni les familles.
05:12– C'est-à-dire que vous êtes accepté et identifié, ce qui n'est pas forcément
05:14toujours le cas pour les policiers eux-mêmes et les élus, comment vous expliquez cette
05:19différence-là qu'ils font ?
05:20– Eh bien, il y a une crainte des pouvoirs de police quand même, ils jouent au chat
05:25et à la souris en permanence, mais il y a aussi une espèce de revendication par rapport
05:29à tout ce qui est, on va dire l'État, tout ce qui est officiel, par exemple, ils ne viennent
05:35jamais embêter les gens dans les associations, par contre ils rentrent en permanence au
05:40centre social André Malraux qui est municipal, ils rentrent et d'ailleurs ils ont dû fermer
05:45au centre social à un moment donné, ils ont fait appel à leur droit de réserve.
05:50– Vous dites qu'il y a une haine envers l'État, mais vous êtes quelque part aidé
05:56par l'État à vous pour faire le travail que vous faites ?
05:58– Ah oui, nous au niveau de l'association, on est clairement, pas seulement aidé, c'est
06:03– Donc l'État est bien présent aussi dans ces quartiers à travers votre association ?
06:07– Oui, on n'est pas étatisé, je pense que tout le monde comprend le fonctionnement
06:14d'une association qui a des budgets et qui les emploie librement dans le respect des
06:19objectifs posés évidemment.
06:20– Une toute dernière question, est-ce que ces familles-là ont encore de l'espoir ?
06:24– Oui, complètement, sans aucun doute, comme l'a dit Naïma hier à votre journaliste
06:30Sylvie Duchesne que je remercie, on est heureux de vivre dans ce quartier, d'ailleurs
06:35les bouquets de fleurs expriment toute la joie de vivre des enfants qui semblent comme
06:39tous les enfants du monde.
06:40– Ces bouquets de fleurs qu'on peut voir sur cette œuvre que les familles ont réalisé
06:44avec vous, c'est « Familles du chemin bas » d'Avignon, œuvre exposée je le rappelle
06:49à la Galerie Courbet à Nîmes, c'est en marge du festival de la biographie ce week-end
06:53à Nîmes.
06:54Je vous remercie beaucoup d'avoir été avec nous Véronique Pinguet-Michel ce matin,
06:57coordonnatrice au sein du petit atelier-association qui promet les airs plastiques à Nîmes
07:02au chemin bas d'Avignon.
07:03– Et on en reparle dans votre journal de 8h, Quentin Pérez de Tudela, vous écoutez
07:06toujours ici Garlotzer.