Affaire Léa : libération anticipé de son meurtrier, colère de la famille
Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
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00:00Avec Céline Giraud sur Europe 1 et à 13h22 Céline, c'est le moment d'accueillir vos deux chroniqueurs du jour,
00:08l'avocat Gilles-William Gonnadel et le directeur adjoint de la rédaction du journal du dimanche, Raphaël Stanville.
00:14Bonjour les amis, bienvenue à vous.
00:15Ravie de vous retrouver en ce vendredi et on va commencer par cette remise de peine douloureuse.
00:20Six ans après la découverte du corps de Léa, deux ans et demi, poignardée à vingt deux reprises,
00:26son meurtrier, aujourd'hui âgé de vingt ans, bénéficie d'une libération anticipée sous condition,
00:32il aurait fait six ans de prison au lieu de huit, une décision qui ne passe pas auprès de la famille Maximilien Carlier.
00:38Effondré et écœuré par la justice française, les mots forts d'Alain Marmignon, le grand-père de Léa.
00:44En 2018, le corps de cette fiette avait été retrouvé près d'un ruisseau.
00:48L'auteur du crime, quatorze ans à l'époque, a été condamné à huit ans de prison,
00:52mais six ans et quatre mois plus tard, il est libre.
00:55Une peine trop courte, peste Alain Marmignon.
00:58Aujourd'hui âgé de vingt ans, le meurtrier va faire l'objet d'un suivi socio-judiciaire,
01:02interdiction d'entrer en contact ou de paraître au domicile de la famille de Léa.
01:07Malgré cela, ma fille se barricade, raconte le grand-père.
01:10Elle a acheté une caméra de surveillance car il connaît les lieux, selon lui.
01:14Lors du drame, il était placé chez les Marmignons comme famille d'accueil.
01:18Tuer un enfant, six ans de prison, ce n'est pas normal, conclut-il.
01:22J'ai ramassé ma petite fille nue, ensanglantée dans la rivière.
01:25Cette image me hante encore, et cette libération anticipée ravive nos douleurs.
01:30Voilà, cette libération anticipée qui ravive la douleur de la famille.
01:33Gilles-William Golnadel, encore une remise de peine qui interpelle.
01:37Oui, qui révolte, qui afflige.
01:40En plus 2018, c'est hier, c'est très récent 2018 forcément.
01:47Donc un crime abominable, atroce, c'est une petite fille.
01:52Un enfant de 14 ans, le meurtrier à l'époque.
01:55Oui, mais une peine déjà courte, très courte.
02:02Et comme si ça ne suffisait pas à leur malheur, on les courte encore la peine courte.
02:07Donc c'est un sentiment de révolte, d'impuissance,
02:12mais que je partage complètement avec la famille, voilà, la réalité elle est là.
02:16Mais malheureusement, c'est la règle.
02:21Et c'est un adolescent déficient mental, avec des problèmes psychologiques, un profil sensible.
02:26Bien sûr, incontrôlable sans doute, parce que le suivi socio-judiciaire est rien.
02:31C'est la même, c'est rien.
02:35Donc sa vérité, il est dans la nature.
02:37Le type, il est dans la nature, et on sait qu'il est incontrôlable, voilà.
02:41Raphaël Stainville.
02:42On ne peut être que choqué et interpellé une nouvelle fois par ce genre de remise de peine.
02:48Mais c'est vrai que l'immense difficulté, c'est que d'un côté, on a une peine écourtée,
02:55ça a été dit par Gilles William, et de l'autre côté, une famille qui, elle, subit la perpétuité,
03:00et qui sera toujours dans la douleur.
03:02Et dans la peur, parce qu'on l'entend dans l'reportage de Maximilien Carlier, elle se barricade.
03:06La mère de Léa se barricade, et son compagnon a installé des caméras de surveillance
03:10pour prévenir l'éventuel retour du meurtrier de Léa.
03:15Mais il y a une question quand même qui est sous-jacente,
03:18c'est que fait-on de ces adolescents meurtriers,
03:22avec leurs profils souvent particuliers ?
03:26Là, on notait un certain nombre de problèmes et de difficultés mentales.
03:30Qu'est-ce qu'on fait de ces gamins ?
03:32La solution n'est probablement pas qu'ils restent ad vitam aeternam en prison,
03:37et pourtant, il faut aussi pouvoir prévenir.
03:41C'est un risque de récidive qui est forcément notable, qui a dû être souligné.
03:47Libération anticipée sous conditions, qu'est-ce que ça veut dire concrètement, Gilles William Goldadel ?
03:51Alors, sous conditions, j'imagine qu'il doit aller voir un psychiatre tous les mois,
03:59ou tous les quinze jours, voilà, c'est ça les conditions.
04:03Bien sûr, si jamais elles ne sont pas respectées, alors à ce moment-là, retour à la casse-prison.
04:10Est-ce que ce n'est pas le genre de faits divers qui alimentent finalement le sentiment des Français
04:14qu'on est plus du côté des coupables que des victimes ?
04:17Mais il y a... c'est pas un sentiment.
04:21Il y a une idéologie assez là, je ne veux pas caricaturer toute la...
04:28ça ne serait pas juste de ma part, toute la magistrature,
04:31mais il y a une idéologie assez largement partagée
04:36par toute une génération de magistrats, mais aussi quelques fois de journalistes,
04:42la réalité c'est que ça ne se partage pas,
04:45qui a une tendance à davantage être dans la plainte par rapport aux délinquants
04:54au moins consciemment vécus comme une victime que pour les vraies victimes.
05:00Ils le savent peut-être même pas eux-mêmes.
05:03Je ne dis pas forcément que ce sont des gens encartés à un syndicat de la magistrature
05:09ou à un parti d'extrême-gauche.
05:11Ça a diffusé.
05:13C'est vrai que la concomitance des faits divers qui s'enchaînent interpelle aussi et inquiète.
05:18Oui bien sûr, mais ça a tellement diffusé,
05:21c'est-à-dire qu'aujourd'hui l'état de notre droit fait qu'un juge
05:25ne serait-il pas idéologisé membre du syndicat de la magistrature
05:30prendrait probablement un certain nombre de décisions
05:33qui nous paraissent encore choquantes aujourd'hui
05:36justement au regard de l'accumulation de faits divers et de dysfonctionnements
05:41en tout cas de ce qui nous apparaît comme des dysfonctionnements de la justice
05:43alors même que la justice telle qu'elle s'est construite ces dernières années
05:47permet et concourt à ce que ces criminels sortent plus tôt
05:52et laissant finalement les familles démunies face à ce sentiment d'injustice.
06:00Et puis ce mythe, j'entendais encore la visiteuse des prisons
06:05qui est également extrêmement marquée à gauche
06:09ce mythe de la prévention qui est infiniment meilleur que la prison
06:14je ne dis pas que la prison soit formidable
06:17surtout lorsque les prisons sont surpeuplées
06:20c'est à la faute de les avoir construites en nombre
06:22mais malheureusement c'est la prophylaxie
06:25quand la personne est en prison, elle ne peut pas nuire à l'extérieur
06:30c'est une certitude