• il y a 2 mois

Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3

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00:0013h14, Europe 1 13h. Avec Céline Giraud sur Europe 1 13h19, c'est l'heure d'accueillir vos deux
00:05chroniqueurs du jour. Céline porte des cryptes à l'actualité, la journaliste et essayiste Laetitia
00:09Stross Bonnard et l'écrivain essayiste Paul Melun. Bonjour les amis, bienvenue à bord. C'est mon
00:15tandem du mardi, Paul et Laetitia. Je suis ravie de vous retrouver. Nous aussi. Et on va évidemment
00:19revenir sur l'actualité. J'avais envie de commencer avec cette annonce. Vous le savez,
00:23le projet de loi de finances présenté par le gouvernement a prévoyé des baisses de dotations
00:27parfois conséquentes pour de nombreux ministères, sauf pour l'Elysée, l'Assemblée nationale et le
00:32Sénat. Et puis voilà, nouvelle donne ce matin. Écoutez Maude Bréjon, porte-parole du gouvernement
00:36à l'issue du Conseil des ministres. L'Elysée, l'Assemblée et le Sénat ont renoncé à ces
00:41augmentations dans un cadre d'efforts global sur les dépenses. Aujourd'hui, on demande beaucoup
00:47d'efforts, on le sait, aux concitoyens, notamment les plus aisés. On en demandera aux entreprises.
00:52L'ensemble des ministères se seront mis à contribution et c'est vraiment le premier levier
00:57d'efforts dans ce budget et dans ce contexte. Il m'apparaît normal à titre personnel que chacun
01:04puisse prendre sa part. Il ne s'agit pas, je le dis, d'incriminer le fonctionnement de telle ou
01:09telle institution. C'est une décision qui sera bien accueillie par nos concitoyens. Voilà,
01:16Maude Bréjon, porte-parole du gouvernement. Laetitia, je trouve ce bonheur. Je vous vois
01:19hausser les sourcils. C'est pour donner l'exemple. C'est tellement bizarre qu'il
01:24faille attendre qu'il y ait quelques remous pour revenir sur ce genre de décision. C'est
01:31incompréhensible. Ils auraient dû, dès le départ, traiter l'Elysée et les Assemblées comme les
01:39autres ministères et même peut-être montrer l'exemple en imaginant des baisses de dépenses
01:44ciblées. Pourquoi pas ? On peut même imaginer que des ministres renoncent à une partie de leur
01:49salaire. Ça s'est fait, ça s'est vu dans d'autres pays. D'autant qu'on demande aux Français de
01:55réduire leur train de vie ou alors pour certains, visiblement, de faire des coupes sévères dans
01:59leur budget. Bien sûr. Et puis, le problème, c'est que comme toujours, ce sentiment d'exception
02:05alimente certains fantasmes. Parce que maintenant, on voit fleurir sur Internet, sur les réseaux
02:13sociaux, diverses théories sur les salaires, sur les retraites des personnalités politiques qui
02:19sont souvent fausses. On s'imagine que ces gens ont des retraites faramineuses, qu'ils ne paient
02:24pas d'impôts. Enfin, on entend toutes sortes de choses. Ils ont des avantages, effectivement,
02:28en nature. Mais souvent, on les exagère. Et puis, on ne prend pas en compte aussi le travail souvent
02:34très important qu'ils fournissent, en tout cas la majorité d'entre eux. Et malheureusement,
02:38ce traitement d'exception, d'une certaine façon qu'on vient de voir encore aujourd'hui, ne va pas
02:45aider à réduire la méfiance. Les gens se méfient de plus en plus. Alors, des chiffres concrètement,
02:52c'était plus 3 millions dans ce budget pour l'Elysée, plus 6 millions pour le Sénat et plus 10
02:58millions pour l'Assemblée nationale. C'est des sommes, c'est important de le rappeler. Le problème,
03:03si vous voulez, c'est que quand on donne ces chiffres, il y a deux façons de les lire. Si
03:06on les lit comme ça, de façon un peu brute, on se dit que 3 millions d'euros, c'est énorme. C'est
03:10vrai que pour le commun des mortels, c'est beaucoup. 3 millions d'euros, c'est même
03:12considérable. Mais, à l'échelle du budget de l'État, c'est de l'ordre du symbole. Et
03:17effectivement, bon, moi, j'avais...
03:18Mais ça, plus ça, plus ça, mis de bout à bout, voilà, on fait des économies de bout de ficelle,
03:21sur plein de ministères aussi.
03:23Oui, tout à fait. Non, mais ce qui était illogique, c'était qu'il y a un traitement différent entre
03:27le palais de l'Elysée, par exemple, et je ne sais quel ministère. Donc, ça, c'était logique. Je sais
03:32que dans le budget initial, dans ce qui était prévu pour l'Elysée, il y avait une partie qui
03:36devait être compensée par des recettes de la boutique de l'Elysée. Il y a une boutique aussi
03:39à l'Assemblée nationale dans laquelle vous pouvez acheter, je ne sais quoi, des mugs, des stylos,
03:42des chaussettes, toutes sortes de choses. Je sais que Laetitia Raffole, des chaussettes de l'Assemblée
03:47nationale, par exemple.
03:47C'est pour mon mari.
03:49Non, mais bon, il n'y a pas de mal. Pour être plus sérieux, ça devait aussi dégager des recettes.
03:54Bon, moi, je pense que c'était effectivement une position difficilement tenable. On entend les
03:59ministres, notamment à Bercy, nous dire qu'il faut se serrer la ceinture, qu'il faut sans
04:03prononcer jamais le mot rigueur ou austérité. Mais enfin, il y a quand même un peu de ça.
04:06Ça paraissait complètement à contre-courant que le Palais Bourbon ou le Palais de l'Elysée
04:12puissent être dotés de moyens supplémentaires dont actes. Ils ont réagi. Mais il est vrai qu'on est
04:17quand même dans un climat de défiance politique qui est terrible, d'inquiétude, de fake news,
04:22il faut bien le dire. Quand on entend, des fois, c'est vrai que j'ai vu sur les réseaux sociaux
04:25des trucs qui racontaient que les ministres gagnaient 30 000 euros par mois, avaient des
04:28voitures avec chauffage jusqu'à la fin de leur jour. Tout ça est faux. Ils sont payés, les
04:32ministres, à peu près comme dans la plupart des pays de l'OCDE ou dans les pays de l'Union
04:35Européenne, parfois même un peu moins. Ils ont des avantages pendant leur ministère,
04:38mais pas après. Donc, il ne faut pas non plus exagérer sur cette gabegie-là. J'entends qu'il y a
04:42des économies à faire. C'est le timing qui interpelle. C'est toujours pareil. Il y a des
04:45économies conséquentes aux Français. Il y a un soir, il y avait un dîner fastueux, effectivement,
04:49avec le roi de Belgique. Voilà, c'est des dîners d'État. Mais ça fait partie du...
04:55Vous savez, on ne reprochait pas les dîners d'État au général de Gaulle quand il en faisait,
04:59parce que la France, elle est mieux et que le pays, elle est bien. Si le pays va bien,
05:02on ne va pas reprocher d'aller retrouver des têtes couronnées avec du bon vin.
05:04Quand même, à l'époque du général de Gaulle... Le général, il payait l'électricité à l'Élysée.
05:08Absolument. Et ses invités personnels. Il y avait aussi une apparence de frugalité de la part de
05:15de Gaulle et de sa femme. On sentait bien que chez eux, il y avait tout le service de l'État,
05:21mais au sens vraiment le plus profond. C'est vrai qu'on a vu entre-temps passer un certain
05:27nombre de générations de politiques qui n'avaient pas ce respect-là. Et puis,
05:33il y a eu diverses affaires. Il y a eu l'affaire Cahuzac, il y a eu les histoires de Léomar,
05:38du M. de Rugy. Et bien sûr, c'est peut-être dérisoire quand on compare au budget de l'État,
05:45mais ça n'est pas dérisoire comme comportement. Ça a une signification morale et c'est important,
05:53je pense, que ces gens donnent l'exemple. Evidemment. Oui, Paul ?
05:57Non, mais pour prolonger ce qui a été dit, moi je crois vraiment beaucoup à la pratique gaullienne
06:01du pouvoir. C'est-à-dire, austérité et frugalité en ce qui concerne le train de vie du président.
06:06Effectivement, Mme de Gaulle, ça a été relaté dans toutes sortes de livres, qui faisait sa
06:10vaisselle le soir et qui disait à ses invités « Vous essuyez ! ». Aujourd'hui, ça paraît
06:14complètement fou. Michel Barnier incarne-t-il plus l'austérité qu'Emmanuel Macron ?
06:19Je vais être franc avec vous, j'aime bien la pratique du pouvoir de Michel Barnier, pour ce que j'en ai vu.
06:23Après, il a été au Quai d'Orsay, il a été ministre de la Pêche et de l'Agriculture, il a une longue carrière,
06:27on a vu comment il pratiquait le pouvoir. On imagine assez mal M. Barnier surprofiter des avantages de l'État.
06:34Je pense qu'il porte en lui une certaine forme de rigueur personnelle, qui est tout à fait bénéfique
06:39et qui s'apparente davantage à la pratique gaullienne du pouvoir. Donc ça, c'est très positif.
06:45Et effectivement, comme on disait, c'est de l'ordre du symbole, mais ça a toute son importance dans l'adhésion
06:51que peuvent avoir les Français pour leurs représentants. Donc il fait sa vocation à être ça, la pratique de la vie politique.
06:56D'accord ou pas d'accord sur l'incarnation de Michel Barnier ?
06:58Oui, assez d'accord. Tout à fait, il a quelque chose d'apaisant finalement, après aussi beaucoup de changements
07:07et puis un précédent Premier ministre, beaucoup plus jeune, qui parlait très vite, qui était assez nerveux.
07:12Là, on a l'impression de retrouver une sorte de grand-père bienveillant, carcasseur, qui veille sur nous.
07:20On n'est peut-être pas jusque là !
07:22Il ne faut pas trop qu'il nous en raconte des histoires non plus.
07:24Oui, voilà, c'est ça, une histoire, pas des histoires.
07:27On reste ensemble évidemment avec Laëtitia Stross-Bonheur, avec Paul Mellin.
07:31On va continuer à parler de ce budget qui cristallise la tension, mais aussi ça se tend.
07:35Les tensions sont fortes, notamment dans cette fameuse coalition.
07:38Que reste-t-il de cette coalition ? On en parle là tout de suite.
07:40Et vous pouvez réagir au 0 à 80 en juin 39, 21, 13h-14h, c'est Zalim Djerouz sur Europe 1.
07:59Et si on parlait un peu de budget, un peu d'argent, un peu de ce qui nous attend ?
08:02On va avoir une semaine rock'n'roll dès demain.
08:04Ce projet de loi de finances va donc être examiné en commission,
08:08dans une ambiance de tensions particulièrement fortes,
08:11notamment au sein même de la coalition, qui est très divisée.
08:16Alors question, Paul Mellin, est-ce que ce budget va passer le cut ?
08:20Ça va être délicat, on le savait depuis le début.
08:23De toute façon, vraisemblablement, je ne vous apprends rien en vous le disant,
08:26mais ça va passer par 49, 3. Je ne vois pas comment ça peut passer autrement.
08:30Et ensuite, il y a une chose qui m'inquiète sur ce budget,
08:33et d'ailleurs ça fait lien avec ce qu'on disait juste avant sur le train de vie de l'Elysée ou du Palais-Bourbon.
08:37C'est tout ce dont on nous a parlé avec ces augmentations d'électricité, de gaz.
08:42Moi je pense qu'il faut faire très attention.
08:44Augmentation d'impôts ou de taxes, si c'est à destination des plus riches ou de grandes entreprises,
08:50comme ça avait été esquissé avec cette histoire, vous savez, des ménages qui gagnent plus de 500 000 euros par an,
08:54ou des entreprises très très riches.
08:5665 000 foyers seulement.
08:58Oui, ça touche peu de monde, mais ça peut rapporter peut-être un peu d'argent.
09:013 milliards, à priori, autour de 3 milliards.
09:04On est déjà plus que 3 millions de l'Elysée.
09:06Effectivement, si ça touche comme ça, de façon sporadique, certaines catégories de Français, pourquoi pas ?
09:12En revanche, tout ce qui s'apparenterait à une augmentation d'impôts en population générale,
09:16chez les classes moyennes notamment, où évidemment les Français ne plus les favorisent...
09:19On a parlé des crédits d'impôts au service à la personne, qui risquent d'être rabotés, c'est du quotidien.
09:23Bien sûr, donc toutes ces choses-là, si vous voulez, il faut être extrêmement vigilant.
09:26Je rappelle toujours, quand j'ai face à moi des macronistes ou des membres du gouvernement, de dire
09:31vous savez, c'est comme ça que ça a commencé avec les gilets jaunes, sur la taxe.
09:35Donc, il faut être très prudent sur tout ce qui peut avoir une incidence sur la vie des Français.
09:40Et quand j'entendais, c'était Mme Pannier-Unaché, parler de l'augmentation du gaz,
09:44je dis, mais ces gens-là ne sont pas raisonnables.
09:46L'électricité, c'est pareil.
09:48Bon, pour vous, c'est quoi ? C'est une bombe à retardement ?
09:50Moi, je pense que si on n'y prend pas garde, ça peut très mal se passer,
09:53et que ça peut très mal, comment dirais-je, que la réaction en France peut être très mauvaise
09:58et qu'un certain nombre de nos compatriotes ne seront pas contents de ce budget.
10:01Donc, il faut être prudent, oui, à faire des économies.
10:04Des économies sur le fonctionnement de l'État, pourquoi pas.
10:06Il y a un certain nombre de travaux, là, je vais peut-être faire plaisir à Laëtitia,
10:08notamment sur les sujets de la bureaucratie, de l'administration,
10:11où il y a peut-être des économies à faire, suivez mon regard.
10:13Mais après, il y a quand même des choses qu'il faut sanctuariser,
10:17nos services publics, pas de suppression d'emplois dans un certain nombre de services publics,
10:21c'est très important, je pense à la police, aux pompiers, etc., à l'hôpital.
10:24Pas aux collectivités territoriales qui sont visées.
10:26Les collectivités territoriales, moi, je pense qu'on pourrait faire des économies sur les collectivités territoriales,
10:29il y en a qui hurlent quand je dis ça.
10:30Pas toutes les collectivités, les petites communes, une commune de 1000 habitants,
10:33les pauvres, ils n'ont pas beaucoup de sous.
10:35Par contre, certains conseils départementaux régionaux,
10:37ou certaines métropoles, il y aurait vraiment des économies à faire.
10:39Laëtitia, je trouve honneur.
10:40Est-ce que ce budget va passer le cut, ou pas, selon vous ?
10:43Oui, on se dirige aussi vers un festival de 49.3,
10:47j'ai quelques désaccords avec ce que vous avez dit, Paul Melun,
10:51d'abord sur les impôts dits exceptionnels sur les plus riches.
10:56Déjà, ce sont des montants assez faibles,
10:59et on ne peut pas faire tous les ans la même chose.
11:02En fait, on est en train de bouger les trous.
11:04On peut dire que c'est temporaire, c'est ce qui est annoncé.
11:06C'est temporaire, mais ça veut dire, en plus que l'année prochaine,
11:09le problème se reposera de la même façon.
11:12Sauf si on a une croissance exceptionnelle,
11:15ce qui n'est pas à ce jour le cas, et ce qui n'est pas prévu non plus.
11:20Mais il faut se méfier déjà de cette idée qu'un impôt serait exceptionnel.
11:24Et ensuite, je ne pense pas que ce soit indolore.
11:27On se dit toujours, si on taxe les grandes entreprises et les riches,
11:30bon, ils ne se rendent quasiment pas compte,
11:33c'est pas grand-chose, ça permet de passer l'hiver, d'une certaine façon.
11:39Mais il y a une incidence sur les entreprises.
11:42Il y a une incidence sur le consommateur indirectement,
11:46parce qu'une entreprise va changer la structure de ses coûts,
11:50elle va peut-être augmenter ses prix,
11:52donc il peut y avoir une incidence sur le consommateur.
11:54C'est ce qu'on appelle le coin fiscal.
11:56C'est sûr des super-profits.
11:58Mais attention à la notion super-profits,
12:01qui est un peu floue, mais là j'en reste à cette idée d'absence d'incidence.
12:06Ça, c'est pas sûr.
12:08Ensuite, sur les gens très riches,
12:09oui, peut-être qu'il n'y a pas d'incidence directe,
12:11mais ces gens vont peut-être moins consommer aussi.
12:13Et quand vous consommez moins, vous faites moins tourner l'économie.
12:16On s'en allait pour certains.
12:17Moi, je ne crois pas à cette distinction entre la classe moyenne,
12:20les humbles français, qu'il faut à tout prix protéger,
12:25et puis les autres, les riches, les entreprises,
12:27qu'on peut matraquer parce que ça n'a pas d'incidence.
12:29Elle existe de fait, sinon on n'aurait pas fait un impôt sur le revenu progressif.
12:32Mais justement, il y a une incidence.
12:34Et c'est déjà une bonne chose d'avoir un impôt progressif, si vous voulez.
12:38Mais je pense que si vous en rajoutez,
12:41il y a un seuil à partir duquel,
12:43ce seuil n'est pas mathématique, on découvre,
12:45un seuil à partir duquel les grandes entreprises
12:48ou les foyers les plus aisés sont découragés d'investir,
12:52de travailler, de rester en France, de consommer.
12:55Et moi, je m'inquiète vraiment de cette perspective.
13:00Cette perspective qui est tendue, qui est complexe,
13:02qui est un peu anxiogène aussi pour tous les Français,
13:05et qui est attisée aussi par le jeu de Gérald Darmanin, de Gabriel Attal,
13:10qui jette de l'huile sur le feu en permanence,
13:12un peu poil à gratter,
13:14mais est-ce que ça ne sème pas encore un peu plus le chaos ?
13:17Mais parce que le sujet des impôts
13:19est tellement épineux,
13:22et crée tellement de conflictualité dans la société,
13:25que de fins lignées de la politique comme Gérald Darmanin
13:28se disent que s'ils veulent déstabiliser le gouvernement Barnier,
13:31ils ne s'y prennent pas autrement que de dire
13:33« Attention, il va augmenter vos impôts Mesdames, Messieurs, etc. »
13:35Ça fait un peu caprice d'enfant gâté qui n'a pas été bien servi à la récré.
13:38En tout cas, je ne suis pas sûr que M. Darmanin dirait ça
13:41s'il avait été nommé au quai d'Orsay.
13:43Toujours est-il qu'il serait peut-être tenu à la solidarité gouvernementale.
13:47En même temps, il défend la politique qu'il a menée
13:49quand il était au sein du gouvernement des gouvernements précédents.
13:53Les macronistes ont toujours défendu les baisses d'impôts.
13:56Ils continuent à le faire.
13:57Oui, mais à circonstances exceptionnelles, on peut imaginer que...
13:59Gabriel Attal qui dit par exemple que le projet de loi immigration
14:02ce n'est pas une priorité alors qu'il n'a pas voté les amendements.
14:05Dans l'idée de cristalliser la tension et de créer des tensions.
14:12C'est un secret pour personne, je ne trahis pas de secret
14:15en disant qu'il y a dans cette non-majorité, dans cette coalition
14:18comme vous avez très bien dit tout à l'heure,
14:20des lignes de fracture qui sont importantes,
14:23que tout le monde dans ce paysage-là ne s'entend pas très bien,
14:26que sur le fond il y a des différends idéologiques
14:29et d'ailleurs ça existe dans toute famille politique.
14:32Je ne veux pas ici rappeler la grande époque du duolandisme
14:35où il y avait les frondeurs, ceux qui étaient des légitimistes
14:38au président Hollande, etc.
14:40On est quand même là au bout de 7 ans de pouvoir, il y a de l'usure.
14:42C'est compliqué de tenir les troupes au sein de l'ex-majorité présidentielle
14:46et également maintenant avec ce nouvel acteur que sont les républicains.
14:49Donc c'est très difficile.
14:51Un sujet comme le budget, ce n'est pas un petit sujet,
14:53qui cristallise énormément et qui dit énormément
14:56de ce qu'est la politique que vous souhaitez choisir.
14:58Et c'est des débats qu'on a et nos désaccords avec Laetitia le montrent.
15:01C'est-à-dire que c'est des débats très structurants pour un pays.
15:04Plus ou moins d'impôts, plus ou moins de redistribution des richesses,
15:07comment faire la croissance, on en parle peu de la croissance en ce moment,
15:10mais comment faire des gains de productivité,
15:12comment reproduire en France, comment refaire de l'industrie française.
15:15Là on touche à tous les champs de la politique.
15:17C'est d'autant plus compliqué que nous n'avons pas à faire
15:20une vraie coalition qui se serait mise d'accord après les élections
15:26pour faire un programme ensemble.
15:28C'est un patchwork en fait.
15:30Une coalition à l'allemande par exemple, ce sont des partis différents
15:33qui se mettent ensemble, qui écrivent un contrat de coalition
15:36et donc il y a un programme.
15:38Là ce sont des gens, voilà, pambaniens si vous voulez,
15:40qu'on a mis ensemble et qui doivent faire des choses
15:43qui ne s'entendent pas, qui n'ont pas forcément les mêmes points de vue,
15:46qui défendent même des choses contradictoires.
15:48D'un ministère à l'autre, d'un ministre à l'autre,
15:50on a des idées différentes.
15:52Et donc comment vous voulez qu'ils pensent
15:55la dépense publique et la fiscalité française
15:59dans l'époque dans laquelle nous sommes,
16:01qui exige de faire beaucoup d'efforts ?
16:04L'époque qui est à la posture, à la communication.
16:08Écoutez, Sébastien Lecornu, le ministre des armées et des anciens combattants,
16:11il était l'invité hier de cet avou et pour lui,
16:13un ministre doit faire preuve de retenue
16:15lorsqu'il est au gouvernement de l'action avant la communication.
16:18Je pense qu'à l'heure où il y a beaucoup de médias,
16:21de réseaux sociaux, de capacités au fond à communiquer,
16:24je pense que les femmes et les hommes politiques
16:26doivent renouer avec une forme de sobriété.
16:28Je pense qu'un peu de retenue,
16:29notamment lorsqu'on est au gouvernement,
16:31ne peut pas faire de mal.
16:32Que l'action doit précéder la communication
16:34et pas l'inverse.
16:35Et je pense qu'on désespère beaucoup nos concitoyens
16:37à être dans un bavardage incessant.
16:39Et inversement, il ne faut pas avoir peur de communiquer
16:41lorsqu'on a des choses à vendre, des choses à valoriser.
16:43Des débats, des débats d'idées, des convictions.
16:45Parce que c'est le sens même d'une démocratie que de le faire.
16:48Quelques mots de la retenue.
16:50C'est pour ça qu'il va à cet avou pour le dire.
16:52Il va dans un média pour dire
16:54arrêtons de communiquer.
16:56Sa source d'inspiration, c'est Bernard Cazeneuve.
16:58Il ne s'en cache pas.
16:59Là, je trouve qu'on est un petit peu...
17:01C'est une situation tellement paradoxale
17:03qu'elle se passe de commentaire.
17:04Ne soyons pas trop durs.
17:05Il ne fait pas parcours que ceux
17:06qui ont été dans l'inflation communicationnelle.
17:08C'est sûr.
17:09Il a commencé sa vie politique.
17:10C'est un homme qui est sérieux.
17:12Il a une pratique du pouvoir assez distante des médias.
17:14Si vous dites que mon point fort, c'est d'être dans l'action
17:17et c'est ça que j'attends d'un responsable politique
17:19et c'est ça que je m'impose à moi-même.
17:21Vous commencez par le faire avant de le dire.
17:23Mais sur le fond, je pense qu'il a quand même raison.
17:25En écho aussi à ce qu'on disait tout à l'heure
17:26sur la pratique du pouvoir de Michel Barnier.
17:28A mon avis, le temps est au retour
17:30des hommes et des femmes politiques
17:32qui savent prendre du recul
17:34et ne pas être dans l'hypercommunication de tout le temps.
17:36Et là, il y a une rupture dans la façon d'exercer le pouvoir
17:39par rapport à Gabriel Attal
17:41qui avait certes beaucoup de talent
17:42mais qui était quand même systématiquement dans la communication
17:46réseaux sociaux, médias,
17:48les bruits de couloirs par les communicants, etc.
17:51C'était quand même la pratique du pouvoir à Gabriel Attal.
17:53Là, aujourd'hui, ça fait du bien d'avoir un peu autre chose.
17:55Et c'est lié aussi à l'âge.
17:57C'est une génération politique différente.
17:59Ça fait beaucoup réagir d'ailleurs.
18:01On a un auditeur, Alain,
18:03qui nous appelle au 01-80-30-21.
18:05On va l'entendre dans quelques instants.
18:07Vous restez bien avec nous.
18:08On va continuer à parler de cette coalition qui se fracture.
18:10Et on parlera aussi du projet de loi d'immigration dans quelques instants.
18:12Et vous aussi, vous pouvez réagir au 01-80-30-21.
18:16Europe 1, il est 13h42.
18:18Europe 1, 13h.
18:2013h, 14h.
18:22Europe 1, 13h.
18:2313h46, Europe 1.
18:25Europe 1, 13h.
18:26Dernière partie avec vous, Céline Giraud.
18:27Et aujourd'hui, l'écrivain essayiste Paul Mulin
18:29et la journaliste essayiste Laetitia Strasbonna.
18:32Et notre auditeur, Alain,
18:33qui nous appelle au 01-80-30-21.
18:35Bonjour Alain.
18:36Bonjour.
18:37Merci beaucoup de nous appeler, Europe 1, 13h.
18:39Vous souhaitiez réagir, on en parlait il y a quelques minutes,
18:41des divisions, des tensions,
18:43avant l'examen du budget à l'Assemblée.
18:45Oui, c'est-à-dire que le pays est quand même dans une situation
18:50où on a besoin de mesures fortes.
18:53Comme l'a dit, je crois que c'est Douard Philippe,
18:56il faut mettre de l'ordre dans les comptes et mettre de l'ordre dans la rue.
18:59Et donc, on parle d'économies de 60 milliards
19:03qu'on n'arrivera sans doute pas à faire,
19:05qui ne sont pas des vraies économies
19:06parce que c'est une réduction par rapport à une dérive
19:10qui serait déjà en augmentation.
19:13Dans une entreprise, quand vous avez des problèmes,
19:16le chiffre d'affaires est difficile, vous bloquez les dépenses.
19:18C'est-à-dire que vous dites, j'ai dépensé tant en 2023, en 2024,
19:22je fais la même chose en 2025.
19:24Mais ça, ça implique un consensus politique
19:26et les événements récents montrent que la France n'est pas un pays
19:31de consensus, de coalition,
19:33que ce soit des coalitions sur un programme
19:35comme en Allemagne ou dans d'autres pays,
19:37ou une coalition de circonstances.
19:39Pourquoi la France n'arrive pas à s'unir,
19:40y compris quand la dette est abyssale,
19:42et que la situation est urgente ?
19:44C'est peut-être par un manque total de pédagogie.
19:46Regardons comment l'économie est enseignée déjà dans les lycées,
19:50ça commence là.
19:51Donc le sentiment, quelque part,
19:54que l'argent d'État en particulier est gratuit,
19:59qu'il peut être distribué, etc.
20:03Et même dans l'histoire, on a souvent vu qu'il a fallu
20:05des véritables électrochocs pour qu'on redresse la base.
20:07Je pense à De Gaulle 58.
20:09S'il n'y avait pas eu l'affaire Algérien,
20:11on n'aurait pas eu le nouveau franc,
20:13le plan Rue Espinet, etc.
20:15Donc je suis assez pessimiste dans la situation actuelle
20:19parce que le personnel politique d'aujourd'hui
20:22se distingue plutôt par des chamailleries
20:26sur des petites choses,
20:29que par une vraie vision.
20:31Parce qu'une vision, on n'arrive pas à l'exprimer,
20:33ni à la faire partager.
20:34Vous pensez qu'ils n'ont pas pris la mesure
20:36de la gravité de la situation ?
20:38Si, mais leur agenda personnel
20:41passe avant la gravité de la situation générale.
20:44C'est clair.
20:45Merci Alain, effectivement, qui nous écoute dans les événements
20:47et qu'on remercie Europe 1 13h.
20:49Vous le savez, jusqu'à 14h, chaque jour,
20:50vous pouvez nous appeler pour réagir.
20:52C'est évidemment du concret.

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