Elisabeth Lévy : "Il faut réviser notre conception de l’État de droit"

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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04— Bien, nous sommes avec Elisabeth Lévy. Elisabeth, bonjour.
00:07— Bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.
00:09— Vous revenez sur, et je suis très content que vous le fassiez,
00:12vous revenez sur ce chauffeur VTC tué, abattu par un tueur à gage de 14 ans.
00:19On en a parlé, on en a reparlé, mais je souhaite qu'on en reparle encore.
00:23La victime s'appelait Nesim. Il avait 36 ans.
00:27— Voilà, alors ça se passe à Marseille, hein, bien sûr.
00:29Bien sûr, c'est ce que je tentais de dire. Donc Nesim Ramdam avait 36 ans.
00:33Alors c'était un bon père, un bon mari, un bon citoyen, un bon français.
00:37Le genre, chance pour la France, si vous me permettez.
00:41Il était connu dans le foot provençal, comme joueur et comme éducateur.
00:45Et puis c'était pas le style à temps de la main, Nesim Ramdam.
00:48Il faisait le chauffeur VTC, en plus de sa boîte de bâtiments de travaux publics.
00:54Il avait quitté Marseille pour éloigner ses gamins de la délinquance.
00:57Il avait dû rester dans un village.
01:00Alors voilà, ça c'était Nesim, et il fallait parler de lui.
01:03Le tueur, lui, donc, à 14 ans, il a reçu 50 000 euros pour exécuter un membre des Blacks,
01:08une des mafias qui contrôlent le trafic de drogue à Marseille.
01:13Alors tout part d'une cellule de la prison d'Aix-Luine,
01:15qui est occupée par un membre de la DZ Mafia.
01:17La DZ Mafia, ce sont les Algériens.
01:20Ce détenu paye deux jeunes, 2000 euros, pour incendier le logement d'un des Blacks.
01:26– Et les Blacks, ce sont les Comoriens. – Oui, les Comoriens, absolument.
01:29Ceux qui s'occupaient aussi des parkings, d'ailleurs.
01:32Alors ça tourne mal, cette première affaire.
01:34Donc le détenu paye deux personnes pour aller, disons, brûler un logement d'un Black.
01:38Ça tourne mal.
01:39L'un des deux, donc, qui a été payé 2000 euros, les deux premiers jeunes,
01:43est sauvagement tué, brûlé de tas de coups de couteau, c'est affreux.
01:47Alors, le détenu ou la DZ, je ne sais pas, je n'y étais pas,
01:50recrute donc le deuxième jeune de 14 ans pour venger ce premier.
01:55C'est celui dont on parle maintenant.
01:57Et vendredi, ce jeune commande, on n'a aucun prénom,
01:59ce jeune commande un VTC pour exécuter son contrat.
02:03C'est Nesim Ramdane qui le prend, malheureusement, c'est ça peut-être le destin.
02:08Sur le chemin, le petit tueur voit la personne qu'il doit tuer,
02:12il somme le chauffeur de s'arrêter et le chauffeur refuse, sans doute par conscience.
02:19Il est abattu d'une balle dans la tête et pour finir cet imbroglio,
02:23le tueur, le jeune, est dénoncé par son commanditaire.
02:27Donc, on attend l'enquête.
02:29– On n'arrête pas tous les matins un tueur à gage de 14 ans, Elisabeth.
02:33– Vous avez raison, il faut donc être prudent dans les généralisations,
02:36mais pourtant, en même temps, c'est une parabole
02:39de ce que Laurent Berton appelait la France orange mécanique.
02:42Le procureur, d'ailleurs, dans cette affaire, constate un ultra rajeunissement
02:46des criminels qui s'accompagnent, puisqu'ils sont jeunes,
02:49ils n'ont rien dans le citron, si je puis dire,
02:52et donc ils sont, dit-il, lui-même, c'est le procureur, d'un amateurisme effrayant.
02:56Et ce phénomène des shooters, ça devient vraiment un phénomène,
02:59puisqu'il y a eu aussi une enquête, il y a eu votre invité tout à l'heure,
03:02il y a eu une autre enquête qui paraît aujourd'hui chez Plamarion.
03:05Alors, ce sont, je dirais, les enfants soldats du narcotrafic,
03:09ils ont entre 16 et 20 ans, ils sont déscolarisés, chômeurs,
03:12et recrutés, comme vous l'avez dit, sur les réseaux sociaux,
03:15sur Snapchat, en l'occurrence.
03:17Alors, ça pose beaucoup de questions, mais j'en retiendrai deux.
03:20L'une, individuelle, comment est-ce qu'on devient un tueur à 14 ans ?
03:23Alors, bon, je ne suis pas psychiatre, ni psychologue,
03:26mais je dirais que, d'après ce qu'on lit, c'est en n'étant pas élevé,
03:30en ne rencontrant jamais la moindre limite.
03:32Alors, qu'est-ce que vous développez ?
03:34Une sorte d'intolérance absolue à la frustration,
03:37c'est tout, tout de suite, une incapacité totale à l'empathie,
03:40c'est ce qu'on appelle des psychopathes, en langage courant.
03:44Alors, c'est pas sûr, moi je n'en sais rien,
03:46mais d'après ce que disent certains spécialistes,
03:48c'est pas sûr qu'on puisse les guérir, peut-être, faudrait-il dire, rééduquer,
03:51et on ne sait pas les sanctionner, parce que, pour nous,
03:5414 ans, c'est l'enfance, c'est l'innocence,
03:56ou les responsabilités, à tout le moins.
03:59Puis la deuxième question, ce sont des questions collectives,
04:01c'est l'industrialisation du narcotrafic,
04:03une réalité qui ressemble furieusement, et de plus en plus, aux séries,
04:07je ne sais pas si vous les connaissez,
04:08les séries Narcos, et on voit bien que les Etats,
04:13alors peut-être pas la France en première ligne,
04:15mais quand même, sont en train de perdre la guerre.
04:17Face aux mafias, il me semble quand même que ce phénomène
04:20est amplifié par une immigration qui n'est ni choisie, ni maîtrisée,
04:24qui permet aux trafiquants, particulièrement aux Algériens,
04:27vous savez, grâce à leur statut d'exception,
04:29de s'installer, de recruter des jeunes désoeuvrés,
04:32qui de toute façon ne peuvent pas s'intégrer, il me semble,
04:35qu'on a assez de délinquants bien de chez nous,
04:38il est inutile d'en importer,
04:39alors je ne sais pas ce qu'il faudrait faire,
04:41je n'ai pas de recette miracle,
04:42mais il me semble que soit nous acceptons de vivre
04:45avec ce niveau de violence,
04:46un cinquante narcomicides à Marseille l'an dernier,
04:49alors oui, on peut accepter de vivre avec,
04:51soit il faut sérieusement réviser notre conception de l'état de droit,
04:55parce qu'aujourd'hui, cet état de droit protège crépuleusement
04:59les droits des individus,
05:00un fustile délinquant ou terroriste,
05:01et bien il me semble qu'il faut donner au peuple,
05:03c'est-à-dire aux états, le droit de se défendre.
05:07– Mais alors là, c'est pas tellement drôle,
05:09je ne vois pas en quoi l'état de droit change les choses,
05:13si l'état de droit c'est la justice, non ?
05:15– L'état de droit c'est…
05:17– Si la justice est appliquée.
05:18– C'est la règle qui régiste vraiment notre société,
05:22c'est l'état…
05:23d'ailleurs Laurent Fabius a fait une très bonne nuance
05:26entre l'état du droit et l'état de droit,
05:28on ne touche pas, mais c'est excellent,
05:30donc on n'est pas d'accord là-dessus,
05:32mais moi je me suis frappé,
05:33c'est très intéressant votre chronique Elisabeth,
05:35sur le questionnement que vous posez,
05:37j'ai écouté Monsieur Pujol,
05:39j'étais en émission hier ici même,
05:41dans les vraies voix avec un policier
05:43qui disait, quelle est la solution ?
05:44Alors lui il disait, on est capable,
05:46on a tellement l'entraînement
05:48de repérer ces jeunes qui vont dévier,
05:50et qu'est-ce qu'on en fait ?
05:51On peut les voir, on les voit,
05:53mais nous n'avons pas les structures pour les…
05:55– Déjà on n'a pas les structures psychiatriques.
05:57– Exactement, vous avez absolument raison là-dessus.
05:59– Oui attendez, est-ce que je peux répondre ?
06:01Alors premièrement je suis désolé,
06:02nous ne pouvons pas soigner toute la folie du monde.
06:05– Bien sûr.
06:06– C'est comme ça.
06:07– Mais nous devons, pour protéger les citoyens.
06:09– Non mais nous ne pouvons pas,
06:11l'État ne peut pas remplacer autant de familles défaillantes,
06:14arrêtez de rêver, concrètement ça ne va pas marcher,
06:17vous ne pouvez pas faire cela,
06:19et c'est pour ça que je dis que ça n'est pas seulement
06:22une question migratoire, mais vous voyez bien
06:24qu'il y a quand même quelque chose à voir,
06:26que cette immigration massive,
06:27qui n'est absolument pas contrôlée,
06:29notamment à Marseille, moi je connais bien Marseille,
06:31j'y suis née par ailleurs,
06:32vous voyez bien que ça crée,
06:34ça donne des armées de réserves aux narcos.
06:38Je reviens sur l'État de droit, d'accord ?
06:40Non mais, oui vous pouvez soupirer,
06:42mais moi ça m'importe,
06:43ça importe à beaucoup de gens dans ce pays.
06:46Aujourd'hui, quand je vous dis,
06:47le droit est centré sur les droits individuels,
06:51pourquoi ?
06:52Parce que c'est un droit jurisprudentiel
06:53qui a beaucoup évolué par le biais
06:55des juridictions européennes
06:57et aussi de la juridiction du Conseil d'État,
07:00je vous donne un simple exemple, d'accord ?
07:02Il y a quelques années, il y a quelques mois,
07:05la CEDH a condamné la France
07:07pour avoir expulsé un terroriste,
07:09un type condamné.
07:10Je n'ai pas fini Françoise, merci.
07:13C'est toujours le même exemple,
07:14mais si ça ne vous plaît pas,
07:16vous allez quand même m'écouter,
07:17je n'ai pas terminé.
07:18Allez-y, allez-y.
07:19Il y en a plein des exemples comme ça,
07:21puisque nous voyons bien,
07:23il y en a 150 000,
07:25je vous parle du meurtrier de Philippine,
07:27qui prendrait un problème de 6 heures
07:29parce qu'un type n'a pas été fichu
07:31de prendre un téléphone
07:32pour demander, quand elle est arrivée,
07:34de laisser passer consulaire, etc.
07:36Il y a 150 recours possibles.
07:38– Le droit n'est pas en question sur Philippine.
07:40– Mais non, il n'y a pas l'état d'ordre.
07:42– C'est une question de défaillance de l'administration.
07:44– Pardon, il y a aussi une façon de l'appliquer.
07:47Non, je suis désolée,
07:49le droit c'est une interprétation,
07:51il y a aussi une façon de l'appliquer.
07:53Mais si vous n'aviez pas,
07:54si par exemple, dans notre droit,
07:55il n'y avait pas 190 journées de rétention,
07:58mais, comme ailleurs, 250,
08:00eh bien le meurtrier de Philippine serait encore en rétention.
08:03– Mais ça c'est le droit, c'est pas l'état de droit, Elisabeth.
08:05– Bon, écoutez, je pense que l'état de droit…
08:07– Je voudrais répondre…
08:08– Laissez Elisabeth terminer, laissez Elisabeth terminer.
08:10– Oui, d'accord, je sais que c'est pas correct pour vous,
08:13mais l'état de droit, d'accord,
08:16c'est une question d'interprétation des normes.
08:19Cette interprétation a sacrément évolué,
08:21aujourd'hui elle privilégie, d'accord,
08:23les droits des individus qui sont devenus
08:25une sorte de vaches chacrées,
08:27au point qu'ils doivent être respectés,
08:29et des individus qui transgressent, eux, la loi.
08:32– Écoutez, Elisabeth, est-ce que je peux répondre ?
08:34C'est la personnalisation des peines,
08:35c'est la base même de la justice française.
08:37Donc, à moins que vous vouliez changer,
08:39vous n'allez pas non plus m'expliquer que tous les jours,
08:41on a 200 narcotrafiquants de 14 ans
08:44qui vont buter des gens dans les cités.
08:46Il ne faut pas non plus exagérer.
08:47Je ne suis pas d'accord pour que vous preniez
08:49des exemples qui frappent l'opinion,
08:51pour remettre en question et partir en croisade,
08:54construire entre ce qui ne doit pas être remis
08:56et qui garantit l'égalité de nos droits à chacun.
08:59– Bien le débat, ce débat n'est pas prêt
09:01d'être refermé, je vous le dis tout de suite.
09:03– Les français s'en foutent, non, les français s'en foutent pas du tout.
09:05– Les plateaux, ça les intéresse, les germanopratins.
09:09– Mais arrêtez, arrêtez de vous frotter pour des imbéciles.
09:12– Allez, on y va.

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