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Retrouvez la chronique de Elisabeth Lévy tous les mardis et jeudis à 8h10

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Transcription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04— Oui, Elisabeth Lévy, ça commence. Je peux vous dire que pendant la pub, vous n'étiez pas là, parce que vous écoutez la pub, vous.
00:12Mais moi, je les écoute toutes les deux. Je sais ce qu'elles se disent. Bon.
00:18Une maison des mondes africains va s'installer dans l'hôtel de la monnaie à Paris. Qu'est-ce que c'est que ça ?
00:23— Alors c'est le grand projet culturel du président. Et d'ailleurs, il était ensablé avant les européennes et la législative,
00:30parce que le ministère de la Culture rechignait à participer. Ils ont besoin du ministère de la Culture, financièrement et administrativement.
00:38Eh bien il a été sauvé par la dissolution, parce que la menace du RN est pour libérer l'ambiance raciste et xénophobe de la campagne.
00:47On fait changer d'avis Rachida Dati. Ce projet de maison des mondes africains devenait urgent. Elle a donc validé la création,
00:54la nomination de la journaliste et productrice Elisabeth Gomis à sa tête. Et voilà, c'est parti. Donc c'est un beau projet antiraciste, antifasciste, anticolonial.
01:04Il coche donc toutes les cases. Alors Emmanuel Macron, malheureusement, n'a pas les moyens de se payer sa pyramide du Louvre et de nous édifier un beau musée.
01:12Donc le MMA, qui s'appelle Mansa dans leur jargon, s'installera dans une aile de l'hôtel de la Monnaie. Alors la Monnaie, je ne sais pas pour les noms parisiens...
01:21— C'est une aile quand même. — Oui, c'est une aile quand même. Mais excusez-moi. Excusez-JP. Donc la Monnaie, c'est la plus vieille institution française en activité.
01:28Elle frappe Monnaie depuis 864. C'est probablement la plus vieille entreprise du monde. Et elle est dans le bâtiment actuel qu'est Conti, à côté de l'Académie française,
01:40depuis 1775, sous Louis XV. Elle a mené ces dernières années. Il y a eu des grands travaux. On a aussi fait un musée de la Monnaie à l'intérieur, parce qu'on frappe toujours des médailles.
01:51C'est là qu'ont été faites les médailles des Jeux olympiques. Elle devra bien sûr faire d'autres travaux avec en prime... On nous annonce quoi ?
01:58Un geste architectural sur la façade. Oui, oui, un geste architectural, ma chère Françoise. Donc on craint le pire, évidemment, sur cette belle façade.
02:07Oh là là, moi, ça me fait peur quand on me parle de ça. Alors, l'objectif, quand même, il faut venir, c'est plus sérieux. C'est un projet, je vous le donne en mille,
02:15qui est porté dans un esprit de réparation coloniale. Une institution ouverte au carrefour de plusieurs disciplines. La Maison des mondes africains va, je cite bien sûr,
02:24« décloisonner, faire de la culture pour tous, parler de colonial et de décolonial dans un lieu hybride ».
02:30— Oui, c'est un jargon qu'affectionnent les technos de la culture, ça. — Ah bah oui, oui. Vous avez raison. Et ça signifie quoi, Jean-Jacques ?
02:37Je suppose que vous, vous avez compris ce qu'il y a derrière. Eh bah c'est qu'on va encore se battre la coulpe, parce qu'on va encore parler de décolonial.
02:44Nous, disons, eh bien le décolonial, le discours décolonial est aujourd'hui partout. Il est au musée de l'immigration. Vous savez, ce musée qui a fait campagne
02:51avec Louis XIV comme représentant, comme symbole des étrangers qui ont fait la France. Oui, on ne rigole pas. Donc ce discours décolonial est aussi
02:59dans les universités. — Mais non, mais il y a des étrangers qui ont fait la France, quand même. — Oui. Mais excusez-moi, à ma connaissance, Louis XIV n'en fait pas partie.
03:05Mais bon... Mais c'est pas grave, hein, Clovis aussi. Allons-y. Bien sûr. Non mais bon. Écoutez, on se moque de moi. Donc ce discours, il est partout.
03:17Il est dans les universités, dans les médias. Et même, rappelez-vous, le président en Algérie, la colonisation, crime contre l'humanité.
03:24Donc il est même au plus haut niveau de l'État. Mais vous avez déjà vu un État arabe se repentir pour l'esclavage, vous ? Franchement, ça a déjà arrivé.
03:32Bah écoutez, tout le monde... — Il y en a un jour. — Ah oui, c'est ça. Rêve la nuit, ma chère Françoise. Donc on dit... Vous vous rappelez qu'en 1873,
03:40les monarchistes ont fait édifier le Sacré-Cœur à Paris. Pourquoi ? Eh bien il s'agissait d'expier les crimes de la Commune et de la Révolution.
03:50Vous connaissez cet épisode. Eh bien nous, nous ne cessons d'édifier des sanctuaires pour accomplir notre devoir pénitentiel. Résultat, des gamins nés en France
04:01se prennent pour des colonisés, des indigènes, ce qui est quand même... Franchement, on devrait quand même leur expliquer l'histoire, parce que moi,
04:08à mon avis, en accueillant sur notre sol et dans notre nation, pas que sur notre sol, des millions de personnes venues des ex-coloniers,
04:15eh bien moi, je crois que nous avons soldé les comptes. Et de toute façon, on ne réécrit pas l'histoire. Et puis d'ailleurs, on peut toujours se repentir.
04:22Ça ne suffira jamais, parce que pour être pardonné, la France devrait s'effacer. La vieille France, c'est ça, le symbole de l'hôtel de la monnaie
04:29qui doit accueillir cette maison des mondes africains dont on a faim, qui servait... Bon, d'accord. Donc pour parler de décolonial, non mais vraiment,
04:38c'est un symbole terrible. La France doit se faire toute petite pour ne pas froisser les nouveaux arrivants avec sa culture généochrétienne et ses mâles blancs.
04:46Alors évidemment, tout ça convient parfaitement à cette partie des élites françaises qui ont fait de l'autoflagellation une gloire et de la haine de soi une vertu.
04:54Alors moi, j'ai un conseil pour le Président. Il faut frapper les imaginations, frapper un grand coup. Eh bien, pour montrer à quel point nous sommes repentants,
05:03eh bien elles pourraient transformer Notre-Dame en mosquée. De toute manière, on pourra quand même faire payer l'entrée.
05:07— Oui, ça, j'y crois pas. — Ça a déjà été fait. Vous savez, en Andalousie, c'était une vanne.
05:12— C'était une vanne. — Je crois que ça n'arrivera jamais, quand même. — Non. Mais c'est arrivé à Sainte-Sophie, quand même.
05:17— Oui, oui. Enfin, c'est pas pareil. — C'est vrai qu'ils sont sur la ligne de... C'est sur la ligne de... — De l'Asie centrale, entre l'Europe et l'Asie centrale.
05:25— Mais... Mais... Non mais écoutez, cette histoire de monnaie, c'est quand même... — Moi, je voudrais... Moi, j'entends ce que dit Elisabeth.
05:32Je suis absolument pas choquée. Et tant pis, je vais passer pour la WOC de service. Moi, je...
05:37— Mais je croyais qu'il y avait un musée des arts d'Africains, déjà. — Déjà, mais je pense que c'est très important.
05:41Mais moi, je ne suis pas du tout... — C'est pas de l'art, là. — Est-ce que je peux... Vraiment, on parle de la culture.
05:47C'est très important. L'Afrique, c'est très important. Les Afriques, c'est-à-dire l'Afrique noire, mais également l'Afrique du Nord.
05:53Moi, je trouve ça passionnant qu'on puisse... C'est pas parce qu'on revisite l'histoire qu'on la commente qu'on fait forcément repentance.
06:00Moi, je fais partie des gens qui pensent qu'Emmanuel Macron a eu raison de parler de crime contre l'humanité.
06:05Nous ne sommes pas d'accord sur cette question. Mais au-delà, si vous voulez, sans pousser à ce paroxysme-là,
06:10je trouve ça remarquable qu'on puisse accéder à cette hybridation entre ce qu'est la France, l'hôtel de la monnaie,
06:17avec toute la tradition française, et parler et mettre à ce niveau-là aussi la culture, les cultures africaines.
06:24Ça ne me choque absolument pas. Je vois absolument pas pourquoi vous, à chaque fois, vous me faites penser...
06:29— Vous m'avez pas écouté. — Si, si, j'ai tout écouté. Vous me faites penser... Vous savez ce que disait Montaigne...
06:33— Il s'agit pas d'art. — Vous savez ce que disait Montaigne de la Boétie. Donc imaginons que je suis Montaigne,
06:37et vous êtes la Boétie. Donc c'est un grand compliment, et pour vous, et pour moi.
06:40— Je pourrais pas être Montaigne, plus tard ? — Non, non, si, si. Mais la Boétie et Montaigne...
06:44Écoutez-moi. Montaigne, on lui disait pourquoi vous aimez la Boétie, pourquoi j'aime Elisabeth Dévy.
06:49Et donc, il répondait parce que dans le cheveu, il fait une perruque. Voilà.
06:52— Eh bien vous, vous... — C'est joli. C'est joli.
06:56— Vous, dans le cheveu, dans le cheveu qui part bien, vous me faites une perruque générale de l'art repos français.
07:03— Excusez-moi. S'il s'agissait de montrer de l'art, d'abord, je trouve ça un peu insultant de dire que l'art africain
07:10devrait être dans un musée africain. Au Louvre, on voit de la peinture italienne ou des œuvres égyptiennes, non ?
07:15Donc si s'agissait de montrer de l'art, d'accord, à la limite, on a déjà, qui est assez largement africain,
07:21le musée des arts premiers de Jacques Chirac. Il s'agit, je vous le répète, un projet porté dans un esprit de réparation postcoloniale.
07:31— Et alors ? — D'abord, il faut répondre au moins à ça. Dans votre réponse, vous m'avez parlé des cultures. C'est merveilleux.
07:38Eh bien alors, je crois que nous avons un déjà assez réparé. Le jour où, par exemple...
07:43Oui, ben vous vous trouvez pas. Moi, je trouve. Et je vais vous faire votre perruque.
07:47— Le jour où, par exemple, les Algériens s'excuseront eux aussi, par exemple, pour ne pas avoir respecté les accords déviants
07:57foutus dehors les pieds noirs. Nous avons accueilli, nous, des millions sur notre sol et leurs descendants dans notre nation.
08:03C'est pas rien. Est-ce que... Non, j'ai pas fini. — Oui. Enfin, c'est De Gaulle qui a...
08:07— Allez-y. Allez-y. — Non, mais je dis que cette passion morbide de la reportance et de la pénitence, cette façon...
08:15D'abord, on nous méprise dans le monde entier. En plus, François Jargon...
08:18— Je voudrais... Non, mais François, réponde. — Je veux juste un mot. Un mot que je veux vous poser quand même.
08:22Ce jargon, ce jargon, ce jargon... — Non, mais c'est sur le gibon.
08:25— Non, non, non, mais sur le jargon, je suis d'accord. Le jargon, le jargon, je suis d'accord avec notre perruque sur le jargon.
08:30— La police et Montaigne ne peuvent pas supporter le jargon. Moi, je vous le dis tout de suite.
08:34— Nous ne supportons pas le jargon. Nous ne supportons pas. Mais par contre, en revanche, je pense que nous avons absolument...
08:39Je pense que nous avons absolument le devoir de revisiter cette histoire. Je ne suis pas choqué par ce qui se passe.
08:45— Mais on a dit qu'on ne fait que ça. On ne fait que ça depuis des années. On gratte et on gratte et on gratte et ça saigne.
08:51— Excusez-moi. Excusez-moi. Il y a un pays qui a refusé par exemple de faire ça, que j'adore et que je connais très bien.
08:56C'est le Japon, qui ne parle jamais des exactions qu'il a commises.
08:59— Mais entre les deux, vous trouvez pas... — Et pourtant. Et pourtant. Et ils ne l'ont jamais fait.
09:04— Mais entre les deux, vous trouvez pas... Mais nous, on n'en parle tout le temps.
09:08— Attendez. Attendez. On arrête de parler.
09:11— C'est pas perruque. C'est perruche.
09:14— 8h21. Merci. Perruche.

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