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Ancienne fleuriste, elle se bat pour faire reconnaître pleinement le lien entre le décès de sa fille et l'exposition aux pesticides durant la grossesse. Le fond d'indemnisation des victimes de pesticides lui a proposé 25.000 euros, une somme qu'elle juge "inacceptable". Laure Marivain est l'invitée de RTL Soir.
Regardez L'invité de Yves Calvi avec Yves Calvi du 09 octobre 2024.

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Transcription
00:00RTL Soir. Yves Calvi et Agnès Bonfillon.
00:04Bonsoir Laure-Marie Vain. Bonsoir.
00:06Vous êtes la maman d'Amy, décédée d'un cancer à l'âge de 11 ans, c'était en 2022,
00:10et vous avez promis à votre fille de vous battre afin que la justice reconnaisse
00:14que sa leucémie était bien liée au pesticide, ce auquel vous avez été exposée pendant votre grossesse.
00:19Vous étiez fleuriste, vous avez découvert dès la naissance d'Amy que quelque chose n'allait pas.
00:23Le fonds d'indemnisation des victimes de pesticides vous a proposé 25 000 euros d'indemnisation,
00:28somme que vous jugez inacceptable. Pourquoi, Laure-Marie Vain ?
00:32En ce montant, elle est totalement inacceptable, dans le sens où on nie les souffrances, les séquelles,
00:39les traumatismes d'Amy, mais on nie aussi le combat que toute la famille a mené en fait.
00:46Vous étiez, il y a quelques minutes, je le précise, devant la cour d'appel de Rennes.
00:50Qu'avez-vous expliqué, qu'avez-vous dit à cette cour ?
00:54J'ai exprimé, justement, les souffrances d'Amy.
00:58J'ai aussi exprimé le fait que, justement, on a un président qui s'était engagé.
01:05Donc, vous attendez plusieurs choses. D'abord, une première, je dirais,
01:09acceptation, prise de parole du président de la République française,
01:13reconnaissant ces dangers liés aux pesticides sur les fleurs, nous sommes bien d'accord ?
01:18Oui, tout à fait. Je pense que, là, notre président de la République,
01:22même le ministère de l'Agriculture sont en mesure, aujourd'hui, de prendre la parole sur ce sujet.
01:29Parce qu'au bout de ce drame, moi, c'est la vie de ma fille et c'est la famille qui est détruite, en fait.
01:34Nous, il manque un bout, aujourd'hui, à notre puzzle, en fait.
01:37Votre avocat, maître Laforgue, affirme qu'il est absolument impossible d'envisager une action
01:41contre tel ou tel fabricant de pesticides, que ce serait voué à l'échec.
01:45Il vous a expliqué pourquoi ?
01:47Oui, ça serait compliqué de chercher à identifier, quelque part, quelqu'un en particulier,
01:54une société en particulier, un pesticide en particulier.
01:57Parce que, dans un bouquet, on peut se retrouver avec 43 substances différentes.
02:01Un fleuriste, dans sa journée, va toucher une multitude de fleurs différentes.
02:05Quand j'étais grossiste en fleurs, c'était le cas.
02:07Ça arrivait de partout, du monde entier.
02:10Donc, en fait, les conditions de production des uns et des autres,
02:14avec les produits utilisés, avec des pesticides autorisés pour certains, interdits pour d'autres,
02:19c'est impossible de déterminer et de pointer du doigt exactement une substance particulière,
02:25avec une société particulière.
02:27Ce que vous nous expliquez, Laure Marivin, est extrêmement impressionnant
02:31et je pense que beaucoup d'auditeurs d'RTL le découvrent.
02:34Mais vous êtes en train de nous dire, je le dis avec mes mots à moi, que les fleurs sont dangereuses.
02:39Les fleurs sont dangereuses.
02:40Je pense qu'on pourrait les produire différemment, les cultiver différemment
02:45et qu'on pourrait aussi préserver la santé des gens qui les manipulent.
02:49Que ce soit les fleuristes, mais aussi les grossistes, l'ensemble de la profession, en fait.
02:54Mais tous nos fleuristes qui nous écoutent ce soir,
02:56vous estimez qu'ils sont en danger dans leur métier, dans leur boutique ?
03:00Je pense qu'il faut qu'ils aient connaissance des risques.
03:02Parce que je ne pense pas, à l'heure actuelle, que les fleuristes puissent imaginer
03:08qu'à pratiquer tous les jours, 6 jours sur 7, leur profession,
03:13qu'à la fin du mois, est-ce qu'ils auront potentiellement un cancer ?
03:17Non, je ne pense pas qu'ils l'imaginent du tout, en fait.
03:19Ou une autre maladie quelconque ?
03:21Ils n'y pensent pas.
03:22Les fleurs sont belles, les pesticides sont invisibles.
03:26Donc, si moi, je n'ai pas pu faire le lien,
03:29quel professionnel, aujourd'hui, arrive à regarder la fleur et se dire
03:35« Oh, est-ce que je vais attraper un cancer avec ? »
03:39Non, non.
03:40Un professeur de Liège affirme que vous, fleuriste, êtes plus exposée que les agriculteurs.
03:45On vous a déjà donné cette notion ?
03:47Oui, avec le professeur Schiffer, oui, effectivement.
03:51Oui, parce que du coup, autant un agriculteur va pulvériser ses produits,
03:57il va le faire une fois ou deux fois dans sa semaine,
04:00et après, il va passer à autre chose.
04:02Mais les fleuristes, en fait, c'est tous les jours qu'elles vont répéter les mêmes actions,
04:07faire la même chose.
04:08Et c'est vraiment cette chronicité autour des végétaux
04:12qui peuvent entraîner, en fait, derrière des pathologies.
04:16Mais ce sont des produits que vous diffusez sur les fleurs
04:19pour qu'elles tiennent plus longtemps ?
04:21Excusez-moi, on ne connaît pas votre profession.
04:23Et qui vous permettent de les garder dans un état de fraîcheur plus durable ?
04:26Non, pas du tout.
04:28Ce sont des produits qui, lors de la production, de la conception, justement, des fleurs,
04:34sont appliqués pour faire en sorte que les fleurs n'aient pas de tâches sur les pétales,
04:39qu'elles n'aient pas de parasites quelconques visibles.
04:42Tout ça, en fait.
04:44Dans la profession, on ne parle pas de ces dangers entre fleuristes ?
04:47Non.
04:48Pour le coup, moi, je n'en ai jamais parlé avec des collègues.
04:52Non, non, ce n'est pas quelque chose qu'on évoque jamais.
04:5585% des fleurs vendues en France proviennent de l'étranger
04:58et ne sont pas cultivées avec les mêmes normes qu'en Europe.
05:01Là aussi, c'est un tabou, on n'en parle pas ?
05:03Non, on n'en parle pas.
05:05Parce que c'est vrai qu'on sait pertinemment que, quelque part,
05:09le marché français ne suffit pas à lui seul pour fournir le pays.
05:14Donc, forcément, on va chercher des produits ailleurs.
05:17Vous nous expliquez depuis le début de cette interview que la beauté est dangereuse, en fait.
05:21C'est-à-dire que nous, qui offrons des fleurs par amour,
05:25parce qu'on est sensibles à la beauté,
05:27on est confrontés à quelque chose de magnifique,
05:29mais qui est en fait un danger potentiel.
05:32Je pense que derrière la fleur se cache vraiment un monde invisible
05:38et que beaucoup ne soupçonnent pas.
05:40On a de vraies garanties pour les fleurs françaises ?
05:42Quant à leur manque de dangerosité, si c'est le cas ?
05:46De vraies garanties, pour le coup, il y a des labels qui se mettent en place.
05:53J'ose espérer que la production est plus propre,
05:58on va dire plus clean, que ce qui peut se passer à l'étranger.
06:02Normalement, les règles censées être respectées en France
06:06sont quand même plus dures par rapport à d'autres pays.
06:11Mais je pense qu'il faut vraiment continuer à aller dans le sens,
06:15à faire en sorte que cette production française soit la plus neutre possible.
06:21Une toute dernière question, comment vous portez-vous ?
06:24Je parle de votre santé physique.
06:29Pas de réponse.
06:32Merci beaucoup, Laure-Marie Weimer.
06:34Maman d'Amy, je le rappelle, décédée en 2022 d'un cancer lié au pesticide.
06:38Merci d'avoir pris la parole ce soir sur RTL.
06:41Il est 18h26.
06:43Dans un instant, notre journal de 18h30.
06:45Une immersion dans un centre d'accueil pour les femmes sans domicile fixe.
06:48Elles sont 120 000 en France et les places sont de plus en plus compliquées à trouver.
06:52Et puis à 18h45, nous parlerons de La Poste.
06:54Beaucoup s'inquiètent pour son avenir,
06:56alors que le gouvernement cherche à faire des dizaines de milliards d'économies.
06:59Notre confrère Laurent Mauduit de Mediapart a mené une grande enquête
07:03et il sera avec nous. A tout de suite.

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