Zéro émission samedi 12 octobre 2024

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François Gemenne s'intéresse au covoiturage

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Transcription
00:00Et c'est l'heure de zéro émission, bonjour François Gemenne.
00:03Bonjour Benjamin.
00:04François, cette semaine, on parle d'une solution qui a l'air assez évidente finalement
00:07pour faire baisser nos émissions et qui pourrait ne pas l'être tant que ça, le covoiturage.
00:11Effectivement Benjamin, a priori, ça semble évident, la plupart des voitures sont conçues
00:16pour transporter 4 ou 5 passagers et pourtant Benjamin, le taux moyen d'occupation des
00:20voitures en France, c'est seulement 1,22 passagers par voiture.
00:24Par exemple, le matin en heure de pointe, d'après le dernier baromètre de l'autosolisme
00:29publié par Vinci Autoroute, le matin en heure de pointe, 86% des conducteurs sont
00:33tout seuls dans leur voiture et l'autosolisme, c'est-à-dire le fait d'être tout seul
00:38dans sa voiture, c'est un gros problème pour notre stratégie nationale bas carbone.
00:41Oui, pour les embouteillages aussi.
00:42Évidemment.
00:43Alors ici, on va se concentrer sur la question des émissions de gaz à effet de serre mais
00:46aussi pour les embouteillages bien sûr.
00:47D'un point de vue climatique, le transport routier en 2023, c'est 120 millions de tonnes
00:54de dioxyde de carbone, c'est-à-dire un tiers de nos émissions nationales de gaz à effet
00:59de serre.
01:00C'est tout simplement le premier poste d'émission.
01:02Et les trois quarts de ces émissions, c'est le transport des passagers et donc surtout
01:06la voiture individuelle qui représente à elle seule 80% des kilomètres parcourus sur
01:11les routes françaises.
01:12Notre objectif dans la stratégie nationale bas carbone, c'est de faire baisser ces émissions
01:16d'environ un quart, de 32 millions de tonnes d'ici 2030.
01:20Alors comment ? Grâce à la voiture électrique, grâce à la sobriété.
01:24Donc faire moins de trajets grâce aux transports publics et aussi bien sûr grâce au covoiturage.
01:30On y vient.
01:31Le covoiturage doit nous permettre de réduire les émissions de 3 millions de tonnes grâce
01:35à 3 millions de trajets covoiturés quotidiens qui sont prévus d'ici 2027.
01:39Le problème c'est qu'aujourd'hui en 2024, on n'est pas du tout sur la bonne trajectoire
01:44parce que seul un tiers de ces trajets prévus en covoiturage sont aujourd'hui réalisés.
01:48Ça me fait penser à Jean-Pierre Raffarin, la route est droite mais la pente est raide.
01:51Exactement.
01:52Il ne pouvait pas mieux dire.
01:54Et donc ça veut dire qu'il va falloir faire décoller le covoiturage et en particulier
01:58Benjamin, le covoiturage du quotidien.
02:00Sur les trajets entre 10 et 80 kilomètres, la voiture reste archi-dominante avec environ
02:0585% de parts de marché avec 50 millions de trajets quotidiens.
02:10Or il existe désormais plusieurs opérateurs de covoiturage qui développent des lignes
02:16de covoiturage pour faire de la voiture une sorte de nouveau transport collectif.
02:21Mais il est clair que sans action des pouvoirs publics, on ne va pas parvenir à faire décoller
02:25le covoiturage et donc il faut développer un choc d'offres pour contrer l'autosolisme.
02:29C'est l'objet d'une note de l'Alliance pour la décarbonation de la route qui vient
02:33tout juste d'être publiée.
02:34Il y a quoi dans cette note ?
02:35On y trouve plusieurs propositions très concrètes pour précisément faire décoller
02:39le covoiturage.
02:401.
02:41La nécessité d'une meilleure communication.
02:43Beaucoup de conducteurs ignorent encore largement les possibilités qui existent et notamment
02:48les lignes de covoiturage qui permettent de covoiturer un peu de la même manière que
02:53vous prendriez le bus.
02:54Concrètement, vous vous rendez à un arrêt de covoiturage, vous renseignez votre destination
02:58avec votre téléphone ou avec un bouton, cette destination est ensuite communiquée
03:02aux autres conducteurs et dans les minutes qui suivent, vous avez une voiture qui vient
03:05vous chercher pour vous emmener à destination.
03:07Et c'est très important parce qu'il faut bien le dire, souvent un frein au covoiturage,
03:12c'est qu'on craint de devoir dépendre des horaires des autres conducteurs et précisément
03:16les lignes de covoiturage permettent de lever ce frein, c'est-à-dire qu'un vrai travail
03:20avec les collectivités doit s'engager pour développer davantage ces lignes.
03:24Et puis il y a aussi une question financière, il faut des incitants financiers clairs, à
03:29la fois pour récompenser les conducteurs mais aussi pour réduire le coût perçu du
03:32trajet pour les passagers.
03:33Mais pourtant à la base, le covoiturage, ça permet déjà de faire des économies.
03:37C'est l'idée évidemment, les véhicules s'usent moins et surtout vous allez partager
03:40les coûts du carburant.
03:41Mais ça nécessite quand même des incitants parce que quand vous conduisez votre voiture,
03:46vous ne vous rendez pas compte du coût du trajet, même s'il est beaucoup plus cher.
03:49Tandis que lorsque vous êtes passager, là vous allez percevoir directement le coût
03:54du trajet puisque ce coût va vous être facturé.
03:56Donc en fait il faut convaincre les conducteurs de devenir passagers et pour ça il faut leur
04:01faire réaliser que ça leur coûte beaucoup moins cher.
04:02Et puis il y a toute la question des infrastructures.
04:04Très important aussi, par exemple il faut des voies réservées sur les grands axes,
04:09ça existe déjà à certains endroits, il faut le développer davantage.
04:12Il faut aussi des parcs d'échanges, notamment à proximité des gares, qui permettent de
04:15combiner différents moyens de transport.
04:17Vraiment Benjamin, le développement du covoiturage, ça n'est l'air de rien mais c'est vraiment
04:21essentiel parce que ça va permettre non seulement de réduire nos émissions de gaz à effet
04:25de serre, mais aussi de réduire les embouteillages et de réduire le coût des trajets.
04:30Et ça, c'est ce qu'on appelle des co-bénéfices, c'est-à-dire des bénéfices de la décarbonation
04:35mais qui sont tangibles et immédiats, qui sont directement pour nous et c'est capital.
04:39Et bien nous avons déjà voyagé à deux pour cette chronique François Gemmene, merci
04:44à vous.
04:45Merci à vous.
04:46Au revoir.

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