• il y a 2 mois
Un meurtrier sous mon toit S01 #documentaire #crime # TV #Histoirevraie
Episode 1 Robbie a changé
Ronald et Candace ont toujours su que le fils était différent, mais ils n'étaient pas prêts à ce que Robbie commette un tel acte de violence.

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Transcription
00:00Quand vous m'avez contacté, je ne voulais pas faire cette interview, et j'en ai toujours
00:15aucune envie.
00:16Je suis prête, on peut y aller.
00:28Ron m'a appelé.
00:31Il pleurait au téléphone.
00:36Il m'a demandé si j'étais au courant.
00:44Il m'a dit « c'est vrai, c'est bien Robbie ».
00:48Alors, j'ai hurlé.
00:53J'ai poussé un hurlement, et puis…
00:57Monsieur Levenoit !
01:27Comment comprendre qu'il ait pu faire ça ? C'est impossible, on ne peut pas le justifier.
01:51Il n'y a qu'une personne qui sait pourquoi il a fait ça.
01:57Et c'est Robbie.
02:28Robbie était très éveillé, très intelligent, très créatif.
02:33Tout était magique pour lui.
02:36Il aimait découvrir de nouvelles choses.
02:40Même avec un ballon de baudruche, il trouvait toujours quelque chose d'intéressant à faire.
02:46Comme y attacher une petite voiture ou un soldat, et faire comme s'ils étaient parachutés d'un avion, ce genre de choses.
02:58Mais, très tôt, on a su qu'il n'était pas comme les autres enfants.
03:17Il faisait des crises de colère.
03:27C'est très difficile de décrire les caprices d'un enfant.
03:48Un déclic se faisait dans sa tête.
03:54Alors, tout à coup, il se mettait à proférer des insultes, à nous dire qu'on était bon à rien, tout ce qu'il pouvait trouver pour nous blesser.
04:08Et puis un jour, il est allé encore plus loin.
04:16Il a commencé à jeter des objets, à se taper la tête contre le mur.
04:22Il nous attrapait pour essayer de nous mordre, de nous faire mal.
04:26On a fait, je pense, comme tous les parents.
04:30On a essayé de le gonder, de lui dire d'arrêter ses caprices, mais enfin, ça servait à rien d'essayer de le raisonner.
04:36Alors, on le laissait tranquille jusqu'à ce qu'il se calme.
04:40Après ça, il revenait en disant « bonjour maman, bonjour papa », tout gentil et tout mignon.
04:55Alors, on mettait l'incident de côté.
04:58On essayait de ne plus y penser, comme si ça ne s'était jamais produit, parce qu'on n'avait pas le choix.
05:06Mais ça a été très souvent très difficile.
05:11C'est toute la maison qui marchait sur des œufs, en permanence.
05:20Juste avant Noël, il a été renvoyé de la maternelle.
05:30Ils m'ont appelé pour que je vienne le chercher plus tôt.
05:34Et c'est là qu'ils m'ont expliqué ce qui s'était passé.
05:40Il avait tapé, donné des coups de pied et jeté une chaise à un camarade.
05:45C'est quand il a fait ça qu'ils ont considéré qu'il avait dépassé les limites et qu'il ne pouvait plus le rejoindre.
05:52C'est à ce moment-là qu'il s'est rendu compte qu'il n'avait pas le choix.
05:56Il s'est rendu compte qu'il n'avait pas le choix.
05:59Il s'est rendu compte qu'il n'avait pas le choix.
06:02Il s'est rendu compte qu'il n'avait pas le choix.
06:05C'est quand il a fait ça qu'ils ont considéré qu'il avait dépassé les limites et qu'il ne pouvait plus le reprendre.
06:15Ils avaient d'autres gamins difficiles, mais Robbie était vraiment un cas très, très extrême.
06:22Son comportement devenait vraiment trop physique, trop violent et trop dangereux.
06:30Robbie avait une volonté de faire, il n'abandonnait jamais.
06:37Alors quand vous êtes face à un enfant qui est beaucoup, beaucoup plus têtu que vous, comment faire ?
07:01J'ai essayé de trouver une solution, puisque de toute évidence, j'étais complètement dépassé.
07:13Et là, ils l'ont hospitalisé.
07:18Et là-bas...
07:28On arrête, je ne peux pas.
07:34Je ne peux pas.
07:36Je ne peux pas.
07:38Je ne peux pas.
07:42Je ne peux pas.
07:44Je ne peux pas.
07:47Vous croyez que j'ai envie de parler du fait que mon petit garçon a fini en HP parce qu'il ne savait plus s'arrêter ?
07:52Je ne veux pas en parler, je ne veux pas y penser.
07:55Je ne veux plus revenir là-dessus.
07:57Vous comprenez ? Je n'en peux plus.
08:12Quand il a été interné, on l'était comme anesthésie.
08:18On avait l'impression d'échouer en tant que parents.
08:24C'est terrifiant de confier son enfant à un étranger en lui demandant s'il peut le réparer.
08:36Parce que c'était la sensation qu'on avait, que c'était comme un jouet cassé qu'il fallait réparer.
08:44Comment expliquer à un enfant de 4 ans qu'on ne l'abandonne pas, que ces gens sont là pour le guérir, qu'ils vont l'aider ?
08:57Je ne sais plus combien de temps il a été interné la première fois, mais quand il est rentré, il était comme une page blanche.
09:10Il n'avait plus de crise de colère, certes, mais il n'était plus joyeux comme avant.
09:18Il n'avait plus d'émotions.
09:39Au fil des années, il est forcément devenu plus grand, plus fort, et sa présence physique est devenue beaucoup plus intimidante.
10:09Je me disais toujours, non, il ne va rien me faire. Il ne va rien me faire.
10:40En grandissant, Robbie est redevenu un peu plus turbulent. Je pense qu'il se disait que si je disparaissais de sa vie, sa mère reviendrait.
10:52Ses parents pourraient se remettre ensemble et sa famille serait de nouveau réunie.
10:57C'est à partir de là que son hostilité vis-à-vis de moi est vraiment montée d'un cran.
11:27Un jour, j'étais dehors. Je tondais la pelouse et j'ai demandé à ce que quelqu'un me serve à boire.
11:52Robbie est venu m'apporter un soda. J'en ai bu une gorgée et je me suis dit, ouh là, ce soda a un drôle de goût. Il doit être périmé. Je comprends même pas comment il peut avoir ce goût-là.
12:09J'en ai bu encore un peu parce que j'avais particulièrement soif. Mais je me suis dit que je ne le finirais pas. J'en ai encore bu quelques gorgées, mais il avait décidément un goût très désagréable.
12:30Dans la soirée, j'ai été vraiment malade. Une ou deux heures plus tard, j'ai commencé à vomir. Et j'ai fini par découvrir qu'il avait versé des produits chimiques dans le soda.
12:48Il avait versé du pesticide dedans.
13:00Quand il a vu que je n'aurais pas besoin d'être hospitalisée, il nous a tout avoué. Il trouvait ça marrant.
13:13Quand j'ai appris qu'il avait essayé de m'empoisonner, j'ai eu beaucoup de mal à maîtriser mes émotions. Je commençais vraiment à avoir peur de lui.
13:44Il voulait se débarrasser de moi.
13:51Mais d'un autre côté, je me disais, il ne va rien me faire. Il ne va rien me faire. On le connaît. On sait qui il est. Ce n'est pas un monstre.
14:21La fois suivante où Robbie et moi, on a eu une grosse altercation, c'est celle qui a provoqué son départ définitif de la maison.
14:50Sa soeur aînée travaillait dans un restaurant et il lui piquait souvent son argent.
15:05Je voulais regarder dans son sac à dos pour voir s'il avait volé de l'argent à sa soeur.
15:20Et on s'est disputé violemment.
15:35J'ai essayé de lui prendre son sac à dos. Chacun tirait de son côté.
15:50Et je l'ai coupé au visage avec mon alliance.
16:20Je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas d'argent dans son sac à dos.
16:45Au collège, il a dit à quelques copains mais aussi aux conseillers d'éducation que je l'avais frappé, que j'avais été violente avec lui et que c'était comme ça qu'il avait été blessé au visage.
17:10Il a essayé de se servir de cet incident pour faire croire à tout le monde que j'avais un problème, que j'étais souvent violente avec lui et en gros que je le battais.
17:35Et puis il a dit à ses copains qu'il était tellement en colère contre moi que le lendemain, la seule manière dont je quitterais la maison, ce serait les pieds devant.
17:48Et il leur a dit qu'il comptait me poignarder dans mon sommeil la nuit suivante.
18:04Je ne savais pas comment réagir. Que faire quand vous avez un enfant comme ça ? J'étais totalement perdue.
18:34Quand un enfant normal dit je te déteste à ses parents, ils ne le pensent pas vraiment mais quand Robbie le disait, on avait toujours un doute et ce doute faisait peur. On se demandait s'il était sérieux ou pas.
18:59Je suis convaincue qu'il était tout à fait sérieux parce qu'un peu plus tard, on a découvert qu'il avait gravé quelque chose dans le bois de sa commode.
19:12Tu l'as. On a aussi retrouvé toute une collection de canifs dans ses tiroirs. Il était tout à fait sérieux. C'était pas des paroles en l'air. Il aurait fini par le faire, cette nuit-là ou une autre.
19:38On a appelé son psychiatre qui nous a dit de prévenir la police pour qu'ils viennent le chercher. On ne pouvait pas le laisser aller et venir dans la maison dans cet état. Alors ils sont venus. Ils sont venus le chercher.
20:08À l'exception de quelques visites d'une nuit ou d'un week-end. Il n'a plus jamais habité là.
20:38Il avait besoin de se retrouver dans un environnement très structuré. Mais moi, j'étais terriblement mal. Il manquait une pièce importante de ma famille.
20:59Les médecins nous disaient que c'était peut-être ceci ou alors cela. Un trouble anxieux lié à la séparation. Un stress post-traumatique. Des troubles du déficit de l'attention. Bref, tout et n'importe quoi. Personne ne savait nous dire ce qui n'allait pas.
21:15Ils testaient différents traitements, diverses techniques. Bon, ça ne marche pas, on essaie autre chose. Ça n'a rien changé non plus, on essaie encore autre chose.
21:25Ces dessins nous montraient moi, la famille, morts, poignardés ou avec une corde autour du cou.
21:52Le temps nous manquait.
22:00Quand Robbie a été interné en hôpital psychiatrique, j'essayais de me rappeler que ça ne venait pas de moi.
22:29Je me répétais ça en boucle. Ce n'est pas moi, ce n'est pas moi, ce n'est pas moi.
22:44Il avait de nombreux objectifs dans sa thérapie et l'un d'entre eux c'était de tenter d'arranger la situation avec moi et en gros de demander pardon pour ses actions. On ne peut pas dire ou faire ce genre de choses sans demander pardon à la personne visée. Il faut assumer ses responsabilités et présenter ses excuses.
23:10Il disait les mots mais on sentait bien qu'il n'était pas sincère.
23:22C'était n'importe quoi. Il ne faisait même pas semblant d'y croire. Il n'essayait même pas de faire semblant de m'apprécier pour pouvoir rentrer à la maison, d'admettre qu'il avait eu tort. On pensait qu'il finirait par y venir.
23:38Six mois sont passés, un an, puis deux, puis trois, puis quatre, on n'en revenait pas. Il ne changeait toujours pas de cap.
23:54Plus cette période où les patients refusent de s'excuser dure, et plus les choses empirent. Et c'est exactement ce qui s'est passé.
24:05Il a recommencé à être violent, verbalement. On était retournés à la case départ. Je ne sais pas pourquoi, mais c'était très facile pour lui de s'enfoncer toujours plus profondément.
24:22Plus il descendait dans les abîmes, et plus c'était difficile pour qui que ce soit, quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, de le ramener à la surface.
24:52Dans un foyer, les pensionnaires n'ont pas beaucoup d'affaires personnelles. La seule chose à laquelle ils pouvaient avoir facilement accès, de façon régulière, c'était du papier et un stylo.
25:05Alors il dessinait beaucoup, sans arrêt. Il adorait dessiner, et d'ailleurs il était très doué.
25:22On lui demandait de dessiner ses émotions.
25:53C'était toujours des dessins de toute la famille, allongés, des couteaux plantés dans le corps, ou avec des cordes autour du cou.
26:15Il y en avait de moi, d'autres de toute la famille, ou encore de son père et moi. Il avait tellement de noirceur en lui, et ses dessins, c'était la seule manière qu'il avait d'exprimer ce qu'il ressentait.
26:45On ne le reconnaissait plus.
27:12Il nous en a toujours voulu, à moi en particulier, de ne pas avoir pu rentrer chez lui. Tu ne veux pas que je rentre à la maison, ça t'est égal que je sois enfermée ici, t'es mieux sans moi de toute façon.
27:42Je ne dirais pas que c'est à cause de Robbie que notre mariage n'a pas tenu, mais Ron et moi, on a fini par divorcer, pour qu'il puisse rentrer à la maison.
28:09C'était un peu notre dernière carte. Peut-être que Robbie pourrait rentrer si je n'étais plus là.
28:19Il fallait qu'il rentre chez lui, pour que son père lui apprenne à être un homme, à vivre sa vie.
28:41Ça faisait 5 ans qu'il était interné. Il avait 17 ans. Il fallait vraiment qu'il rentre chez lui.
28:54Robbie n'est pas revenu vivre avec moi tant que je n'étais pas divorcé et que je n'avais pas ma propre maison. C'est là qu'il a quitté le foyer.
29:11Je ne m'attendais pas à des miracles. Tadam, Robbie revient et lui et moi, on va être comme les doigts de la main et vivre une vie merveilleuse.
29:22Je savais que ça ne serait pas facile, mais j'espérais qu'on puisse quand même avancer.
29:31Il avait des règles très strictes sur ce qu'il devait faire, sur sa façon de se comporter. J'attendais de lui qu'il fasse des efforts, qu'il travaille à l'école, qu'il ne prenne ni alcool ni drogue.
29:50Il avait un couvre-feu, enfin, des choses tout à fait normales et banales. Et il se débrouillait plutôt bien. Quand Robbie le décidait, il pouvait tout faire. Il n'était pas bête, loin de là.
30:05Je pensais qu'il deviendrait comme ces gens qui, après avoir eu énormément de problèmes personnels, sont capables de communiquer et d'aider les jeunes en difficulté.
30:18Une de ces personnes qui peut discuter avec ces jeunes et leur dire, tu sais, je sais ce que tu vis.
30:24Je pensais qu'il pourrait utiliser la souffrance qu'il avait connue dans sa vie pour aider les autres.
30:39Quelques mois plus tard, il s'est trouvé du travail et il a rencontré une fille.
30:43C'était tout ce que j'espérais pour lui. Ainsi, ni qu'il se rendait compte que toute cette négativité, ça ne marchait pas et qu'il était temps d'essayer autre chose. Un boulot et une copine, habituellement, c'est très positif. Ce sont des étapes dans la construction d'un avenir.
30:59Je ne pensais pas forcément qu'il était sorti de l'auberge, mais c'était bon signe. C'était positif. Ça montrait que les choses commençaient peut-être à s'arranger.
31:30Le 9-1-1, quel est l'urgence?
31:34Bonjour, 9-1-1.
31:379-1-1, quel est l'urgence?
31:419-1-1, quel est l'urgence?
31:449-1-1, quel est l'urgence?
31:479-1-1, quel est l'urgence?
31:509-1-1, quel est l'urgence?
31:539-1-1, quel est l'urgence?
31:569-1-1, quel est l'urgence?
31:599-1-1, quel est l'urgence?
32:02Il y a quelqu'un avec une arme qui tire sur les gens à Bonne Mare, à l'est de l'autoroute.
32:06J'ai entendu 12 coups de feu. Pop, pop, pop, pop, pop. Et des gens qui couraient et criaient. Je ne savais pas ce qui se passait.
32:16On se cachait dans un sac de vêtements et c'est là que j'ai appelé 9-1-1.
32:20Bonjour, 9-1-1.
32:22Bonjour, je suis à Bonne Mare.
32:24Oui, nous sommes en route, madame. Est-ce que vous avez vu la personne qui a fait le tir?
32:28Non, je suis très effrayée.
32:31Ok, nous sommes en route, madame.
32:36Sa grande sœur m'a appelée en me demandant si j'étais au courant de ce qui se passait.
32:41J'ai répondu que non.
32:44Elle m'a expliqué et elle m'a dit « Tu crois que c'est Robbie? »
32:47J'ai répondu « Pourquoi ce serait lui? »
32:58Je ne me rappelle même plus quelle heure il était.
33:03Ma fille m'a appelé en me disant qu'il y avait une fusillade en cours au centre commercial de Westroads et qu'elle avait peur.
33:17Elle n'avait que quelques détails qu'elle avait entendus aux infos.
33:21J'étais juste à côté, alors j'ai accosté un policier, je lui ai dit « Excusez-moi, je suis un peu paranoïaque ».
33:33C'était juste à côté, alors j'ai accosté un policier, je l'ai dit, excusez-moi, je
33:46suis un peu paranoïaque, mais mon fils, j'ai peur que, je me souviens que je voulais
33:56juste que ce flic me dise, rentrez chez vous, vous dites n'importe quoi, il m'a demandé
34:03mes papiers, s'est éloigné, et il n'est pas revenu, alors mon téléphone a sonné.
34:13C'était ma fille aînée et je l'entendais me hurler dessus dans le combiné.
34:27Les policiers n'étaient toujours pas venus me dire ce qui se passait.
34:38C'est là que j'ai appris la vérité, sur place.
34:45Ensuite, Ron m'a appelé, il pleurait au téléphone, il m'a demandé si j'étais au courant, il
35:03m'a dit c'est vrai, c'est bien Ruby, alors j'ai hurlé, j'ai poussé un hurlement et
35:12puis je me suis évanouie.
35:14Aucune parole, aucune excuse ne pourra jamais réparer ce qu'il a fait.
35:42Jamais.
36:13Même quand on a eu la confirmation que c'était bien lui, je ne faisais que secouer la tête,
36:22j'étais pétrifiée, je n'arrivais pas à croire qu'il ait pu faire ça.
36:27Je ne comprends pas son geste, je ne comprends toujours pas.
36:39Je ne comprends pas son geste, je ne comprends pas son geste.
37:03Je ne comprends pas son geste, je ne comprends pas son geste.
37:31Comment comprendre qu'il ait pu faire ça ? C'est impossible, on ne peut pas le justifier.
37:37Il n'y a qu'une seule personne qui sait pourquoi il a fait ça, et c'est Robby.
37:50Je n'en sais rien, je ne sais toujours pas pourquoi.
37:54Pourquoi d'après vous a-t-il choisi de s'en prendre à des inconnus ?
37:57Je n'en sais vraiment rien, aucune idée, rien du tout, et pourtant j'ai eu le temps d'y réfléchir.
38:09Avec le recul, vous pensiez votre fils capable d'une telle violence ?
38:13Non, Robby n'aurait jamais...
38:16Vous parlez de violence, je ne dis pas qu'il ne se serait pas battu ou ce genre de choses, mais il y a...
38:24C'était bien trop extrême pour que je puisse ne serait-ce qu'envisager qu'il fasse une chose pareille.
38:31C'était impossible, c'était tellement impensable, c'était du domaine de la fiction.
38:39Mon cerveau n'aurait jamais pu concevoir une histoire pareille.
38:54Ça m'arrive très souvent, je culpabilise de m'être disputée avec lui au sujet de ce sac à dos,
39:03parce que si les choses n'étaient pas allées aussi loin, il n'aurait pas quitté la maison.
39:11Il n'aurait pas quitté la maison.
39:20Et si au lieu de m'emporter comme ça, j'avais simplement donné moi-même les 10 dollars qui manquaient à sa soeur ?
39:31On ne sait jamais si on a fait le bon choix ou pas.
39:34Même avec du recul, on n'a pas la réponse à cette question.
39:39On ne sait pas à quoi aurait ressemblé sa vie s'il n'avait pas été interné.
39:44On n'a pas de baguette magique pour revenir en arrière et tout reprendre à zéro.
39:53Après tout ça, j'allais tout le temps sur Internet.
39:57Je lisais les centaines et les centaines de commentaires que les gens écrivaient.
40:02Pourquoi personne n'est intervenu avant ? Pourquoi personne n'est intervenu avant ?
40:09Tous les gens concernés ont fait tout ce qu'ils pouvaient.
40:15J'ai fait tout ce que j'ai pu, mais ça n'a pas suffi.
40:22Après la fusillade, je me suis terrée pendant un bon moment.
40:43C'est difficile, encore aujourd'hui, de sortir manger au restaurant et d'entendre des gens parler à la table d'à côté.
40:54Ou d'aller à l'église et de voir qu'ils organisent une veillée à la date anniversaire.
41:02Ou encore de revoir les images à la télévision.
41:11Et puis arrive la date de son anniversaire.
41:15Puis l'anniversaire de la fusillade.
41:19Et ça ne s'arrête jamais vraiment.
41:25Vous vouliez faire une déclaration qui est très importante pour vous.
41:29Vous pouvez me la lire ?
41:32La première chose que j'aimerais dire,
41:35c'est que je ne souhaite en aucun cas minimiser la douleur et la tristesse des familles des victimes
41:40et de tous ceux qui ont été affectés par ce qui s'est passé.
41:44Je précise aussi que je ne cherche en aucun cas à excuser le geste de mon fils.
41:49Il n'y a rien que je puisse dire ou faire qui permettrait d'apaiser la douleur de tant de personnes.
41:55On ne peut malheureusement pas revenir en arrière et changer le cours des choses.
41:59C'est facile avec le recul de se dire qu'on aurait dû essayer toutes ces choses qu'on nous a suggérées après coup,
42:04tout ceux qui étaient concernés ont fait ce qu'ils pensaient être le mieux sur le moment.
42:09Au bout du compte, le seul responsable de ces actes, c'est lui.
42:14Ces actes qui chaque jour continuent d'affecter toute ma famille.
42:17Je ne voulais pas du tout faire cette émission et je n'ai accepté qu'après de longues discussions avec mes enfants et mes proches.
42:23Si ça peut apporter quelque chose, ne serait-ce qu'à une personne, alors ça en valait la peine.
42:31C'est très dur d'être liée d'aussi près à une tragédie pareille sans être capable de la comprendre.
42:38Je crois que j'ai appris à arrêter de me torturer, de me demander ce que j'aurais pu faire autrement.
42:46Je n'aurais vraiment rien pu faire pour éviter la fusillade.
42:52Je ne sais pas si je peux trouver le mot de la fin. J'en ai des milliers.
43:02Par-dessus tout, j'aime ma famille, j'aime mes enfants, j'aime Robbie. Il nous manque.
43:28Quand je dis que je suis navrée, je suis encore loin de tout ce que je ressens vis-à-vis des familles, des victimes et tous ceux qui ont été affectés.
43:44Je n'ai pas le mot de la fin.
43:57Sous-titrage Société Radio-Canada

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