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Anne Fulda reçoit Abel Quentin pour son livre «Cabane» dans #HDLivres

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Transcription
00:00Bienvenue à l'heure des livres Abel Quentin, on est très heureux de vous recevoir, vous vous êtes fait un nom en très peu de temps, avec deux livres précédents, l'un qui s'appelle Sœur, l'autre Le Voyeur des Tempes, et là vous venez de publier Cabane, l'un des livres les plus attendus de cette rentrée, c'est un livre choral, un livre pessimiste, éprenant, féroce et sombre.
00:25Alors dans vos précédents livres, vous aviez abordé dans Sœur le problème de la radicalisation islamiste, dans Le Voyant des Temples les dérives du moquisme,
00:35là vous attaquez un sujet beaucoup plus important, enfin en tout cas pas aussi très important, puisque vous décrivez l'inertie effarante de l'humanité face à une catastrophe annoncée, celle de l'effondrement de la population mondiale.
00:49Comment vous est venue cette idée, cette inspiration ?
00:53Alors il y a un thème qui est celui de l'effondrement, qui m'intéressait depuis quelques années, autour duquel je tournais, et puis la lecture du rapport Médoze,
01:03qui est source d'inspiration pour mon livre, qui est un rapport retentissant, qui est publié en 1972 par des chercheurs du MIT,
01:12qui alerte sur le fait que si on ne ralentit pas très rapidement la croissance économique et démographique, on risque de connaître, au cours du XXIème siècle, un effondrement des conditions matérielles de vie et de la démographie.
01:27Alors ce rapport Médoze se retrouve dans votre roman, il s'appelle le rapport V21, il a été rédigé par quatre chercheurs qui seront les personnages clés de votre roman, que l'on retrouve.
01:42Alors le rapport, vous le racontez dans votre roman, vous dites dans votre roman, il rencontre un franc succès quand il est publié,
01:50et puis peu à peu après, le comportement des uns et des autres va varier et va être assez révélateur de ce que peut être la nature humaine face à une catastrophe annoncée.
02:02Donc chaque personnage a une attitude différente en fait, c'est ça ?
02:08Oui, c'est-à-dire que les personnages, je les ai totalement inventés, j'ai pris toute ma liberté de romancier de créer ces personnages qui ne sont pas d'un seul tenant,
02:19ce ne sont pas des prototypes, mais c'est vrai que chacun va choisir un chemin différent et va vivre de façon très différente cette responsabilité écrasante,
02:29parce que c'est une responsabilité, on est pendant les 30 notes glorieuses, et ce qu'ils vont découvrir est en total décalage avec leur temps.
02:38Et donc il y a, pour schématiser, trois entités, la première c'est un couple qui sont les Américains Eugene et Mildred Dundee,
02:48qui eux vont décider de porter cette parole, de crier dans le désert d'ailleurs, en essayant d'alerter l'opinion pendant toute leur vie sur ce qu'ils ont trouvé.
03:02Et donc ils vont être de plus en plus amers aussi de ne pas être écoutés.
03:08Il y a un Français, il s'appelle Paul Kériot, c'est un personnage très différent, parce qu'il pense à sa carrière, il est peut-être plus égoïste, plus arrangeant,
03:18et il n'a pas envie d'être celui, d'être le porteur de mauvaise nouvelle, parce qu'il sait que le porteur de mauvaise nouvelle, on l'accueille à coups de pierre à la sortie du village,
03:26et donc il va décider de rejoindre même l'industrie pétrolière, et de laisser, il estime qu'il en a assez fait, et donc il laisse aux autres le soin de porter cette parole-là.
03:36Et puis il y a un quatrième personnage, qui est un Norvégien, qui est le personnage le plus mystérieux vers lequel converge le récit.
03:42On ne sait pas grand-chose de lui, il a disparu au milieu des années 80, et certaines personnes disent qu'il est devenu fou.
03:49Et aujourd'hui, un journaliste, un jeune journaliste qui s'appelle Rudi Merlin, qui travaille dans un magazine, va partir sur ses traces pour un reportage,
03:57et donc la deuxième partie du livre est une traque en réalité, une enquête.
04:02Alors on pourrait se demander si ce n'est pas un peu la version littéraire de Don't Look Up, Déni Cosmique,
04:07ce film qui montrait que face à la catastrophe annoncée d'une planète qui se décompose, tout le monde préférait mettre la tête dans le sable.
04:17Il y a un peu de ça, c'est-à-dire qu'on écoute les oiseaux de mauvaise augure, en général, on n'aime pas les entendre, les écouter.
04:24Oui, c'est le rôle ingrat des oiseaux de mauvaise augure, c'est un livre sur le déni,
04:29mais c'est aussi un livre qui parle d'un thème plus universel, qui est celui de ceux qui ont une responsabilité,
04:37un message à apporter de toute urgence et qui ne sont pas entendus.
04:42J'avais en tête, quand je l'écrivais, un très beau roman de Yannick Hennell, qui s'appelle Yann Karsky,
04:46qui parle d'un personnage réel, d'un résistant d'Europe centrale qui avait vu le ghetto de Varsovie
04:53et qui était allé à Washington pour essayer d'alerter les gens sur ce qui se passait.
04:57On ne le croyait pas, on lui fermait la porte au nez.
05:01Il y a cette urgence-là que certains de mes personnages essayent de transmettre.
05:06Le problème, c'est que personne n'a envie d'entendre ce message par déni, par haisse parfois, et puis aussi par dogmatisme.
05:17Parce que ce message, il heurte trop de dogmes, notamment le dogme de la croissance, qui serait forcément bénéfique.
05:25Personne n'a envie d'entendre autre chose que ça.
05:29Dernière question, après avoir traité de l'islam radical, du wokisme, est-ce que vous seriez devenu un écrivain lanceur d'alerte ?
05:37Je me méfie, je suis inquiet, mes livres sont inquiets, j'espère qu'ils sont drôles aussi, les deux ne sont pas incompatibles.
05:49En tout cas, c'est un livre dans lequel je transmets un peu de mon effroi aux lecteurs, parce qu'il me semble que c'est un sujet qui est existentiel pour notre société.
06:01En tout cas, c'est ta livre, ça s'appelle Cabane, c'est paru aux éditions de l'Observatoire.
06:06Un livre aux accents welbeckiens, écrit par un de vos confrères, non des moindres, Emmanuel Carrère.
06:11Merci beaucoup Abel Quentin.
06:14Merci Elfilda.

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