Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui 21/10/2024, il revient sur François Truffaut, décédé il y a 40 ans.
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00:00Julien Pichenay va être avec nous, l'homme des podcasts, notamment qui avait fait Alain Delon et Brigitte Bardot.
00:07On a ressorti quelque chose ce matin en rapport justement avec François Truffaut, je vous dirai tout à l'heure de quoi il s'agit.
00:11Et Delon n'a jamais joué dans un... Alors que Belmondo a joué dans la Sirene du Mississipi, qui n'est pas mon préféré.
00:18Il est beau, mais c'est un Belmondo à contre-emploi.
00:20Exactement, tu es belle Héléna, si belle te regarder, tu es une souffrance, une joie, une souffrance.
00:27Hier vous me disiez que c'était une joie, c'est une joie et une souffrance.
00:31Wow, j'ai mal à la tête.
00:33Il est 12h29 à Toulouse.
00:35Et si vous aussi vous voulez parler de François Truffaut avec Pascal Praud et Julien Pichenay sur Europe 1, vous composez le 01-80-20-39-21.
00:4213h, Pascal Praud sur Europe 1.
00:48Nous voici arrivés au milieu de l'aventure.
00:50Avant de commencer un tournage, je désire surtout faire un film qui sera beau.
00:53Dès que les premiers ennuis surgissent, je dois réduire mon ambition et je me prends à espérer simplement qu'on arrivera à terminer le film.
00:58Vers le milieu du tournage, je fais un examen de conscience et je me dis, tu aurais pu travailler mieux, tu aurais pu donner davantage.
01:04A présent, il te reste la seconde moitié pour te rattraper.
01:06Et à partir de ce moment, je m'efforce de rendre plus vivant tout ce qui sera montré sur l'écran.
01:13La nuit américaine, bonjour Julien Pichenay.
01:16Bonjour Pascal.
01:17La musique de Georges Delerue et surtout le timbre de voix de François Truffaut.
01:23Je trouve qu'il a une voix, un rythme de voix extraordinaire.
01:27Je pense qu'il le savait parce que souvent, il s'est lui-même désigné voix off de ses films,
01:34mais notamment dans La Voix Américaine, mais aussi dans L'Enfant Sauvage par exemple.
01:37C'est vrai qu'il avait une très belle voix, ce qui est assez étonnant parce que c'est une voix finalement assez monotone,
01:41assez monocorde, mais elle a quelque chose de très chaleureuse, de très rassurante.
01:46Il y a beaucoup de tendresse dans cette voix de François Truffaut.
01:49Nous parlons de François Truffaut parce qu'il est mort il y a 40 ans jour pour jour.
01:52Quelle place a-t-il dans le cinéma français selon vous ?
01:55Elle est immense et essentielle.
01:57C'est une place qu'il partage avec, pour un point de vue, celui que je vais vous donner avec Godard, Chabrol et les autres de La Nouvelle Vague.
02:04C'est qu'il a été l'un des premiers, je ne dis pas en France, mais au monde, à prendre véritablement le cinéma au sérieux
02:10à la fin des années 50, à travers ses critiques, à travers ses dires, à travers sa cinéphilie.
02:15Et l'amour du cinéma à cette époque n'était pas si évident.
02:18Parce qu'il n'était pas évident de dire qu'un film pouvait être l'équivalent d'un grand tableau,
02:22d'une grande œuvre de la littérature.
02:24Quand on disait ça à l'époque dans les émissions de radio dans les années 50,
02:27on provoquait des colibés, des sifflets.
02:30Comment ose-t-il dire qu'un film d'Hitchcock, c'est moyen Hitchcock disait-on à l'époque,
02:35peut être l'équivalent d'un tableau d'Utissien par exemple ?
02:38Et oui, eux ils osaient le dire, ils l'écrivaient, ils l'écrivaient très très bien.
02:41C'est à partir d'eux, à partir de ce moment-là qu'on a vraiment pris le cinéma au sérieux.
02:46Évidemment ça a tout changé.
02:47Je citais Hitchcock, ça a été le grand défenseur d'Hitchcock à une époque
02:51où en France on ne considère pas que c'était un cinéaste important Hitchcock.
02:54Aujourd'hui on a changé d'avis.
02:55Et si on veut définir son cinéma ?
02:57Un cinéma qui est sans doute emprunt des années difficiles qu'il a vécues enfant.
03:04C'est un véritable roman, l'enfance de François Truffaut.
03:08Je vous invite, si ça vous intéresse, à lire les biographies qui ont été faites sur l'enfance de François Truffaut
03:13et notamment celle écrite par Antoine Debecq.
03:15C'est Charles Dickens, c'est terrible.
03:18Dans le Paris populaire du Sud Pigalle avec une maman qui lui a caché
03:22que son papa n'était pas son vrai père.
03:24Il a été élevé un petit peu par sa grand-mère.
03:26C'est l'enfance des 400 coups d'ailleurs, qu'il raconte dans son premier film.
03:29Il dormait dans le couloir, ce que Jean-Pierre Léo fait aussi dans les 400 coups,
03:33dans un tout petit appartement.
03:35Il n'était pas très bon à l'école du coup, parce qu'il avait du mal à s'intéresser à ses cours.
03:39Et puis voilà, il a flirté avec la délinquance assez jeune, François Truffaut.
03:43Les tensions, le redressement, etc.
03:45C'est aussi le cinéma des sentiments, parce qu'on parle beaucoup d'amour.
03:49Beaucoup de sentiments vifs, beaucoup de rapports amoureux quand même.
03:53Il n'est question que d'amour dans les films de Truffaut.
03:56Et de sentiments dans les relations homme-femme,
03:59mais aussi l'amour du cinéma qui revient régulièrement dans ses films.
04:04Dans La nuit américaine notamment, les amours déçus aussi,
04:08parce que sinon ça va rarement très bien dans les films de Truffaut.
04:11Vous avez cité La mariée était en noir, un amour perdu qu'on veut venger également.
04:15Donc effectivement ce sont des histoires d'amour.
04:17La chambre verte est aussi un film d'amour très étrange,
04:20parce que c'est l'amour d'un être disparu,
04:22mais l'amour est effectivement peut-être la pierre angulaire de tous les films de François Truffaut.
04:28Et puis il y a Paris qui le filme,
04:31et c'est presque un documentaire, plus encore que chez Sautet ou que chez Chabrol.
04:36C'est un documentaire du monde d'avant,
04:38parce que La nouvelle vague met ses caméras en dehors des studios.
04:43C'est une révolution technique très importante.
04:46Donc on voit Paris, et j'ai revu des Truffaut ces derniers jours,
04:50et c'est un charme fou parce que vous voyez Paris tel que vous ne le voyez plus aujourd'hui.
04:55Il n'y a pas de cyclistes, il n'y a pas de plots,
04:57il y a des autobus à plateforme,
05:00il y a des voitures que...
05:03Tout ça est très charmant.
05:06Vous voyez des voitures qui évidemment n'existent plus...
05:09Oui, et puis c'est l'époque où on pouvait filmer un petit peu à la sauvette
05:12sans avoir à demander des autorisations à tout le monde.
05:14Aujourd'hui, prenez votre caméra, allez filmer sur les grands boulevards à Paris,
05:17vous allez avoir des problèmes, parce qu'il y a des gens qui vont dire
05:19« Mon droit à l'image ! »
05:20A l'époque ce n'était pas du tout ça,
05:21donc on pouvait vraiment filmer les rues telles quelles.
05:25On évoquait les 400 coups, on voit le Paris de 58-59
05:29comme rarement, comme jamais même on l'a vu dans les autres films de cette époque.
05:33Oui, et en plus c'est avant qu'il soit entre guillemets « blanchi » ce Paris,
05:37parce que Malraux a fait que tous ces grands édifices ont été ravalés
05:44alors que Paris était noir.
05:45Très sale.
05:46Très sale, les murs étaient très sombres,
05:48et puis après les murs ont retrouvé leur couleur sans doute d'origine.
05:53Quels sont les films de Truffaut que vous préférez, Julien Pichenay ?
05:56Eh bien « La mariée était en noir ».
05:58C'est curieux parce qu'on a ce point commun, Pascal,
06:00il n'aimait pas du tout Truffaut ce film.
06:02Je ne sais pas pourquoi, il estimait qu'il l'avait raté.
06:04Peut-être qu'il a voulu rendre hommage un petit peu à Hitchcock à travers ce film.
06:08Hitchcock qui était son maître et qu'il a rencontré à travers une série d'entretiens
06:10qui restait mythique.
06:12Il estimait que ce film était raté, alors qu'effectivement
06:14c'est un film de plaisir total.
06:17C'est une histoire assez dure,
06:19mais déjà parce qu'il y a une série de prestations d'immenses comédiens,
06:22et puis c'est une vengeance implacable,
06:24comme ça on sait ce qui va se dérouler,
06:26mais on regarde à chaque fois comment Jeanne Moreau va faire
06:28pour venger ceux qui ont tué son mari le jour de son mariage.
06:32Elle sort de l'église, son mari prend une balle perdue,
06:35il n'était pas visé spécifiquement,
06:37mais voilà, elle va retrouver ses hommes qui ont tiré.
06:41Daniel Hivernel, Jean-Claude Brialy,
06:43Michel Bouquet,
06:45Michael Lonsdal
06:47et Charles Denner, elle va en tuer 5.
06:49Et il y a Boulanger aussi.
06:51Ah, j'ai dit Hivernel, c'est Boulanger,
06:53c'est Boulanger effectivement.
06:55Et Jeanne Moreau.
06:57Et les 400 coups, bien sûr, toute la série des douanelles est remarquable.
07:01Et si vous voulez, j'ai retrouvé dans les archives,
07:03parce qu'on l'a mis en podcast ce matin,
07:05une émission d'Europe 1
07:07qui avait été réalisée quelques heures après
07:09la mort de François Truffaut, qui avait surpris tout le monde
07:11à l'époque, le 21 octobre 1984,
07:13parce qu'il avait 52 ans, on savait qu'il était malade,
07:15mais vaguement, on n'en savait pas plus.
07:17Et Jean-Pierre Elkabache avait fait
07:19une émission hommage le lendemain,
07:21il avait réussi à avoir Jean-Pierre Léo au téléphone,
07:23ce qui n'est pas une mince affaire, parce que Léo, il n'a fait que 3-4 apparitions
07:25dans les médias, il était très dur à voir.
07:27Et on a ce son, Jean-Pierre Léo est à Rome,
07:29il est en train de tourner,
07:31il est très très ému, comme on peut s'en douter.
07:33J'ai perdu ce que j'avais de plus précieux au monde,
07:35c'est-à-dire un ami,
07:37et pas n'importe quel ami,
07:39un ami qui était le plus grand cinéaste français,
07:41en cas de coup dur,
07:43il était toujours là,
07:45donc j'ai perdu ce que j'avais de plus précieux au monde.
07:47Il avait
07:49la puissance que l'on sait dans le cinéma français,
07:51c'est toute une partie
07:53extrêmement profonde
07:55de moi qui
07:57meurt,
07:59et dont je ne me rends pas bien compte
08:01encore, puisque
08:03je suis sous le coup de la nouvelle.
08:05Moi, personne ne me
08:07le regrettera jamais, voilà.
08:09Et je pense qu'à l'époque,
08:11Jean-Pierre devait animer Découverte
08:13sûrement en 1984,
08:15sur Europe 1,
08:17et Jean-Pierre Léo qui va mal malheureusement,
08:19qui est toujours de ce monde,
08:21qui vit dans le cinquième arrondissement avec
08:23son épouse, et qui est un
08:25acteur tout à fait étonnant,
08:27comme Truffaut était aussi un acteur
08:29étonnant. Il y a parfois
08:31quelque chose du jeu
08:33qui n'est pas classique, dans La Chambre Verte,
08:35dans L'Enfant Sauvage, parce que Truffaut était
08:37acteur aussi.