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Chères lectrices, chers lecteurs,

Voici la captation de la rencontre de Makis Malafékas, enregistrée le jeudi 17 octobre 2024, autour de son nouvel polar paru aux éditions Asphalte, Un autre été grec.

Vous souhaitant de belles lectures,

L'écume

La Quatrième :

L’écrivain Mikhalis Krokos revient à Athènes, en plein été caniculaire, pour faire publier son nouveau roman. Plongé dans une mauvaise passe, il accepte une proposition en or : aller passer quelques jours sur l’île d’Ikaria, dans la superbe villa d’un ami, surplombant la célèbre plage de Messakti. Il y trouve une paire de jumelles sophistiquée, qui lui permet d’observer de loin toutes les tribus de l’été grec : surfeurs, hippies, influenceurs, habitués du beach-bar, beautés fatales… jusqu’au moment où il assiste, impuissant, à un drame. À la recherche d’une explication, Krokos découvrira bientôt que sa présence à Ikaria ne doit rien au hasard.

Dans Un autre été grec, Makis Malafékas livre un polar fiévreux entre Fenêtre sur cour de Hitchcock et Body Double de De Palma, dans un décor de plage paradisiaque.
Transcription
00:00Alors ça va ? Ça va, ça va bien.
00:06On va commencer dans quelques secondes.
00:10Tu donnes une minute de délai, vous donnez une minute de délai.
00:16Cette pluie là, c'était quoi ça ?
00:21Un temps dissuasif comme dit Matisse dans son langage plus châtié que celui du commandé
00:28marseillais.
00:29Dissuasif, oui.
00:30Comment t'as dit ? Dissuasif.
00:31Quoi ?
00:32Dissuasif.
00:33C'est pas correct ?
00:34Si, au contraire, c'est beaucoup plus correct que ce que j'aurais dit.
00:38Ce que t'aurais dit ?
00:39Tant de merde.
00:40Bon allez, on va commencer.
00:47Bonsoir, je m'appelle Matisse Malavikas et on est là pour présenter mon dernier
00:58bouquin en français qui était sorti en grec en 2020 et qui vient de sortir en français.
01:07Donc c'est le deuxième volet d'une série qui est probablement une trilogie, mais on
01:13verra.
01:14Avec le même héros, Michalis Krokos.
01:17Je le dirais comme ça aussi.
01:22Désolée.
01:23Qu'est-ce que je peux dire avant de passer la parole à Julie ? Je remercie l'écume
01:36des pages pour votre accueil merveilleux ici, surtout par un temps comme ça.
01:44Mes merveilleuses éditrices, Estelle Durand, Claire Duvivier, des éditions Asphalt qui
01:51ont vraiment fait confiance à ce projet dès le tout début, c'est-à-dire le premier
01:59bouquin tout simplement dans les règles de l'art qui est, je crois, épuisé en grand
02:05format, mais qui vient de ressortir en poche et qui est probablement disponible.
02:12Et donc là, on vient d'avoir aussi le deuxième qui est un autre été grec.
02:20Et je passe la parole à Julie Gacon qu'on entend tous les matins dans Culture Monde,
02:29dans les enjeux internationaux et d'autres émissions de France Culture et qui aujourd'hui
02:35va nous parler, enfin on va en parler tous les deux, tous les deux de cette série,
02:40de ce héros et de tout ça.
02:44Voilà, Julie Gacon.
02:46Mais pour bien vite vouloir rendre la parole, bonsoir.
02:49On retrouve donc après, donc si on s'inscrit dans le cadre d'une trilogie, même si elle
02:55n'est pas achevée, quoique, puisque le troisième tome est paru en Grèce cet été
03:00et donc on espère qu'il paraîtra aussi en français traduit toujours aussi bien
03:04Nicolas Pallier, puisque c'est quand même excellent comme traduction.
03:07Donc on a quitté Crocos dans le premier tome de cette trilogie, dans les règles de l'art.
03:12C'était en 2017 à Athènes.
03:15La documenta pour la première fois a été délocalisée de Kassel.
03:19C'était cette année où ça avait été organisé plusieurs années auparavant.
03:24Cette documenta allemande organisée par l'Allemagne cette année-là à Athènes,
03:29on trouvait en 2013-2014 que c'était une bonne idée de la délocaliser dans un pays
03:34qu'on avait par ailleurs asséché financièrement.
03:37Donc on avait organisé la documenta à Athènes.
03:39Crocos en 2017 est à la documenta.
03:42Il en écrit un roman qu'il envoie à son éditeur.
03:46Et dans le deuxième tome, Un autre été grec, Crocos attend la réponse de son éditeur.
03:51Il a envoyé quand même son manuscrit au mois de mars.
03:54Mais on est là pour inscrire Un autre été grec dans une période précise.
03:58On est donc l'année d'après la documenta.
04:02On est en 2018 et c'est Un autre été grec qui se profile pour faire référence.
04:07Ce titre fait explicitement référence au livre de Jacques Lacarrière,
04:10L'été grec qui se passait dans l'aridité des Cyclades.
04:14Là, on sera dans une autre île qui est beaucoup plus proche de la Turquie,
04:17qui est beaucoup moins aride, qui est Ikaria.
04:19On va en parler.
04:21Mais d'abord, ce Crocos, c'est le personnage principal.
04:24C'est un type, quoi, assez imbuvable.
04:28C'est un excellent écrivain.
04:30Imbuvable, je dis ça parce qu'il y a une forme dans l'écriture de distance
04:34avec un personnage qui a toujours ses rébanes,
04:36qui est dans une certaine économie de gestes.
04:39Et on reconnaît parfois le maquisme à la fécasse.
04:43L'écrivain, c'est un alter ego, ce Crocos.
04:45C'est écrivain de vos romans.
04:48Oui, c'est un alter ego assez avoué.
04:51C'est pas un problème.
04:53C'est un écrivain.
04:55Donc, c'est la forme du polar.
04:57Mais en même temps, ça ne peut pas être un polar pur
05:00car le héros, tout simplement, n'est ni flic ni privé.
05:04C'est quand même la moindre des choses dans un polar.
05:08Donc, c'est un écrivain qui essaye d'écrire un roman à chaque fois
05:13ou de le faire publier.
05:15Une des conditions un peu méta de cette série,
05:20c'est qu'il essaye d'écrire le bouquin d'avant.
05:22C'est-à-dire le bouquin que Malafécas a écrit.
05:25Lui, il essaye de l'écrire dans le bouquin d'après
05:28ou de le faire publier s'il l'a déjà écrit.
05:31Quand je dis imbuvable, je plaisante.
05:33Tout va bien.
05:35Mais au départ, on se dit qui est ce bonhomme ?
05:38Si on ne le connaît pas très bien, on arrive,
05:41on est avec Crocos, je lis un petit extrait.
05:44On est à Athènes au départ, il fait quoi ?
05:46Il fait 37 degrés.
05:48Crocos, il est en bermuda beige.
05:50La chaleur de Gueux à Athènes.
05:52J'étais au milieu de la foule, je continuais de marcher.
05:55Plaquats, le quartier des touristes.
05:57Gaufres et smoothies en plein soleil.
05:59Restos de kebabs trop chers.
06:00Femmes hystériques aux visages roses et boutonneux.
06:02Prises en étau entre les ataprèves,
06:04les boutiques à Fustanel et les cafés grecs cuits
06:07à même la Bresse de mes deux.
06:09Des kilomètres de chair nue, de cul moulé,
06:11de décolleté et moi qui marchais avec des œillères.
06:17Je suis passée devant le ciné Paris
06:18sans même regarder ce qu'il y avait à l'affiche.
06:20Sandra Bullock, un truc comme ça.
06:22Je me suis posée un peu plus bas,
06:23à la première terrasse avec une table libre
06:25et j'ai commandé une bière Mamos en bouteille,
06:27puis une deuxième, puis une troisième.
06:29À présent, je transpirais de la Mamos
06:31et ça n'allait toujours pas mieux.
06:33C'est l'écrivain qui attend la réponse de son éditeur.
06:36Je pense franchement que c'est une description assez calme
06:40et juste de ce que c'est que l'été grec en réalité,
06:47de ce que c'est devenu l'été grec.
06:49Après, il y a la condition de ce mec qui est particulière.
06:52Mais là, pour être sérieux,
06:57il y a la volonté de déconstruire le concept été grec.
07:03Il va falloir le faire à un moment.
07:06Quand on sera à Icaria peut-être ?
07:08On reste un peu à Athènes encore ?
07:10Oui, mais l'été grec commence là-bas,
07:12c'est-à-dire Athènes.
07:16Il y a l'Acropole, c'est le berceau de l'assiliation.
07:19Tout ça avec beaucoup de guillemets.
07:24On est dans le culte de j'adore la Grèce.
07:28J'adore les Grecs.
07:30C'est très français.
07:32C'est très français, mais c'est aussi international.
07:37Cette façon-là de le dire, oui, c'est très français.
07:46Qu'est-ce qu'il fait ?
07:47Jusqu'où Crocos est un alter-ego ?
07:49Crocos, ce personnage, c'est un écrivain.
07:51Il attend une réponse de son éditeur.
07:53Il lui a envoyé un manuscrit quelques mois plus tôt.
07:56Il aimerait bien que son éditeur l'appelle.
07:58Pas de nouvelles.
08:00Il va boire des bières, des cafés,
08:02beaucoup de café frappé, bien sûr, en terrasse.
08:05Mais il a écrit précédemment un livre sur John Coltrane.
08:09Vous, Makis Malafikas, avez écrit un livre sur Miles Davis,
08:12qui a été un grand succès en Grèce,
08:14qui a été un succès en Grèce.
08:16Le grand succès en Grèce, c'est un tout petit marché.
08:19Mais c'est vrai qu'il a fait quatre éditions.
08:21C'est un livre sur Miles Davis en grec, en Grèce.
08:24Mais à ce moment-là, quand la documenta de Kassel
08:27a commencé à Athènes,
08:29et que la crème de la crème de l'art contemporain
08:32débarquait à Athènes,
08:33ça a créé une contradiction flagrante
08:35avec le paysage social complètement détruit
08:38à cause de la crise qu'on connaît,
08:40de la dette publique, des mémorandums et tout ça.
08:44Donc c'était très fertile de créer un personnage
08:47sur la base de l'alter ego pour raconter tout ça.
08:52Parce que la prose du moment en Grèce
08:54n'était pas du tout satisfaisante.
08:56Tout ce que je voyais ne racontait pas en réalité
08:59ce qui se passait.
09:01On était dans le cliché, dans le lyrisme assez typique grec,
09:07le symbolisme, tout ça.
09:09Je me suis dit, tiens, quel est le genre
09:11qui pourrait rendre à l'époque
09:13la fiction qu'elle mérite ?
09:19Et je me suis dit, tiens, c'est un contexte de crise,
09:22crise économique, crise sociale.
09:26Et on a le précédent de la crise,
09:28de plein de crises, de crash boursier de 1929,
09:32la crise des crises,
09:35qui a fait naître tout de suite après, aux Etats-Unis,
09:38un style qui s'appelle le hard-boiled,
09:41donc le dur à cuire,
09:43et qui a très bien raconté dans les années 30 déjà,
09:46et les années 40,
09:48une situation où on avait une société...
09:56où on pouvait raconter une histoire
09:58tirée par les cheveux
10:00et qu'elle soit quand même compréhensible.
10:03Parce que les gens savent qu'on est en crise.
10:06Donc un mec qui a un doctorat en physique
10:13peut être conducteur de taxi.
10:15On n'a pas besoin d'expliquer pourquoi.
10:17On comprend pourquoi.
10:18Parce qu'on vit dans la même société,
10:20donc on sait ce qui se passe.
10:22Je me suis dit, tiens, il faut faire ça.
10:24Il faut maintenant éviter les métaphores,
10:26les adjectifs, on s'en fout.
10:28Il faut savoir juste raconter ce qui se passe
10:30autour de soi, juste dire ce qui se passe.
10:32Mais d'ailleurs, ça a été la raison du succès
10:34de votre premier livre, Dans les règles de l'art,
10:36et qui fait que plein de gens vous ont dit,
10:38bon, ce regard-là que Krokos, le narrateur,
10:41a sur la société, le personnage a sur la société,
10:44nous intéresse, on a envie d'aller plus loin.
10:47D'où le deuxième tome.
10:48Et Krokos, là, est dans un Athènes un peu différent,
10:52en 2018, un an après la documenta encore une fois.
10:56Quel alter-ego est-il ?
10:58Parce que vous n'avez pas tellement répondu à cette question.
11:00C'est vrai.
11:01C'est quoi un alter-ego en littérature ?
11:03Comment ?
11:04Je ne sais pas trop.
11:05Ce n'est pas mon sujet de suivre vraiment à la lettre
11:09ce qu'il faut faire pour établir tel ou tel caractère
11:12ou les alter-egos.
11:13Mais là, ce que j'ai fait, c'est qu'il fallait qu'il soit
11:17un petit peu différent quand même.
11:18C'est-à-dire un petit peu commun, mais quand même différent.
11:20Donc lui, il a écrit un livre sur John Coltrane, par exemple,
11:23et moi sur Miles Davis.
11:24Donc ça, c'est différent.
11:25Il soutient une équipe de foot, moi l'autre.
11:27C'est lui un supporter de Palatine à Écosse,
11:30moi d'Olympiakos, pardon pour ça.
11:32Oui, c'est l'équipe des armateurs.
11:36Voilà, c'est comme ça.
11:38Donc, c'est des rivaux à Ternay, c'est un peu Lyon-Saint-Etienne.
11:44Et donc, un peu différent sur les détails,
11:47mais qui comptent quand même.
11:49Et puis, il est un peu plus âgé que moi, il est plus dur,
11:53il est un peu plus cynique, un peu moins petit bourgeois peut-être.
11:57Voilà.
11:58Alors, il faut expliquer ce qui lui arrive à ce Krokos
12:01dans ce deuxième tome de votre trilogie, Un autre été grec.
12:05Il est donc en attente à Athènes par la canicule d'une réponse de son éditeur.
12:10Il va se balader dans les cafés.
12:12Il rencontre par hasard un de ses amis qui s'appelle Karatsakos.
12:17Karatsakos, c'est un type qui travaille pour un magazine qui s'appelle City Life.
12:22Je ne sais pas si ce magazine existe vraiment.
12:23Alors, il n'existe pas vraiment,
12:24mais c'est clairement une référence à des hebdomadaires Free Press
12:28qui existent à Athènes à deux.
12:29C'est-à-dire, il y a le Lifeo et le Athènes Voice.
12:34Donc, City Life, c'est un contenu des deux.
12:38C'est le concept Free Press, City Guide.
12:45Quel est le hype du moment ?
12:47C'est ça, un peu à rock, mais gratuit.
12:51Donc, un de ces journalistes qui pense savoir quel est le hype du moment
12:55et qui rencontre Krokos par hasard en terrasse,
12:58qui s'assoit à côté de lui comme ça se fait très spontanément,
13:00qui dit qu'est-ce que tu fais en ce moment ?
13:02Je ne sais pas, j'attends une réponse de mon éditeur,
13:04puis mes vacances tombent à l'eau.
13:05Puisqu'il devait partir avec certains de ses amis,
13:08le voyage est annulé puisque l'un d'entre eux va finalement se marier en Espagne.
13:12Ce n'est pas prévu.
13:13Et donc, l'autre, il a l'air tout d'un coup d'être intéressé par la situation de Krokos
13:19et se dit, voilà un de mes amis, un ami intelligent et sur qui je peux compter,
13:26qui est un peu en ce moment inactif.
13:29Il s'absente un peu, il passe un coup de fil.
13:31On ne sait pas trop ce qui se passe.
13:32Puis il revient et dit, j'ai une proposition à te faire.
13:34J'ai une maison à Ikaria, donc une île grecque qui est plus près de la Turquie.
13:40Elle est juste à côté de la Turquie.
13:42À côté de la Turquie, qui lui fait face.
13:44J'avais un couple d'Américains qui devaient venir passer trois semaines de vacances.
13:47Ils ne viennent plus.
13:48Vas-y et puis fais nous des articles pour le magazine sur les surfeurs de Messakti.
13:56Des histoires courtes, des nouvelles sur les surfeurs de Messakti.
14:02La maison est à toi.
14:03Voici les clés.
14:04Vas-y, prends le bateau et fais nous des histoires courtes sur les surfeurs de Messakti.
14:10Alors, voilà Krokos qui s'empare.
14:13Il rentre chez lui.
14:14Il prend un livre de Pynchon.
14:16Thomas Pynchon, on en parlera.
14:18Oui, c'est la couverture qu'il met.
14:20Parce qu'il met de façon active, comme ça, dans sa valise, des bouquins qu'il pense
14:25qu'ils sont en rapport avec le sujet surfeur.
14:28Un des livres de Pynchon a des surfeurs sur la couvre.
14:32Donc, il le met aussi.
14:33Mais ce n'est pas vrai.
14:34En réalité, Pynchon ne parle pas de surfeurs.
14:36Mais il y a un autre de William Finegan qui est vraiment, c'est la vie d'un surfeur.
14:41C'est la vie d'aventure d'un surfeur.
14:44Ça va vraiment lui être utile celui-là, par contre.
14:46Parce que lui, il ne connaît rien aux surfeurs.
14:48Absolument.
14:49Il ne veut rien savoir.
14:50Il ne s'en fout.
14:51Oui, totalement.
14:52Donc, le voilà dans le bateau.
14:55On sait qu'on en sait.
14:57Les bateaux qui vont à Ikaria, c'est surclimatisé.
15:00On sait comment vont les bateaux en général en Grèce.
15:03Je vois qu'il y a beaucoup de vos amis grecs ici qui savent que c'est surclimatisé.
15:09Ils passent une nuit horrible à essayer de dormir sur un siège.
15:12Et puis, il arrive, chapitre 6, à Ikaria.
15:15Tout le bateau a débarqué.
15:17Pas un seul passager n'allait à Samos, l'étape d'après, ni sur aucune autre île de la ligne.
15:22Ikaria pour tout le monde, un bon millier de personnes.
15:25Même les maîtres d'équipage sont descendus.
15:27La soute a déversé un patchwork de sacs de rando et de nattes de camping trouées,
15:31de veille Jeep décapotable imitation canisse, de profil chic à valisette d'Elsay
15:36et chemise slim fit bleue, d'octogénaire cool avec bâton de marche et polo kappa,
15:41de mobylette, de Vespa, de Yamaha XT récente, de XT vintage, de Kawasaki en tout genre,
15:46dont deux Ninja, ces énormes motos, une noire et une vert fluo.
15:50Pardon, mais depuis quand on descend à Ikaria en Ninja ?
15:52Les routes ont été refaites.
15:54Deux brakes défoncées et recouvertes de poussière.
15:5650 citadines, entrées de gamme et plutôt jeunes, dont la mienne.
16:00Des Ladas, des Quads, des SUV, des combis Volkswagen, old school à fleurs.
16:04Des couples qui se prennent en selfie, des couples qui s'embrouillent à peine arrivés,
16:07des bandes de potes avec guitare, chien et perroquet.
16:09Cinq étudiantes déjà en bikini, dont une qui se change en marchant.
16:13Ça sent le vécu, l'observé.
16:16Et toute cette masse avancée au ralenti vers Evdilos dans un concert de klaxon,
16:21de cris, d'embrassades et de « Non, j'hallucine, t'es revenu, gros, allez ! »
16:25Ça, c'est ce qu'on vous dit quand vous arrivez à Ikaria.
16:27C'est bien traduit.
16:28C'est super bien traduit par Nicolas Pallier.
16:31Nicolas Pallier, je dois lui rendre hommage parce qu'il a su vraiment rendre au texte
16:35toute l'oralité, l'art gothique que j'utilise en grec.
16:40Vraiment, il l'a fait.
16:42Il est un peu plus jeune que moi.
16:43Il habite à Athènes depuis dix ans.
16:45Il est venu me voir d'ailleurs un jour.
16:49Il m'a dit « J'ai lu vos livres, je veux les traduire en français absolument.
16:52Comment on fait ? »
16:53C'est comme ça que ça a commencé l'aventure francophone de cette série-là.
17:00Nicolas Pallier.
17:02Il n'est pas là, il est à Athènes en ce moment, mais il est là en quelque sorte.
17:06Il est là et il en faut du talent pour traduire un style qui est particulier dans le polar.
17:10Le polar, c'est un style, mais le pulp, c'est quelque chose de très particulier.
17:15Le pulp, j'en parle parfois, c'est un style d'écriture.
17:19Ce n'est pas un genre littéraire.
17:21Le polar, c'est le genre littéraire.
17:23Et puis là, on est entre néopolar et roman social peut-être.
17:29Mais sur tout ça, on n'a rien à faire parce que ces catégories-là ne veulent pas dire grand-chose pour moi.
17:35Mais c'est un roman.
17:37Mais le style d'écriture, c'est le pulp.
17:39C'est-à-dire que c'est volontairement cheap.
17:42Il est volontairement asséché.
17:46Et puis, déprivé de tout ce que je vous ai dit tout à l'heure, de lyrisme, de symbolisme,
17:55qui sont des vrais, pour moi, les vrais fléaux de la prose grecque, mais pas seulement grecque peut-être.
18:02Alors, qu'est-ce qu'on peut dire encore ?
18:04Quelques mots sur l'intrigue, évidemment, sans aller jusqu'au bout.
18:07Krokos va arriver dans cette maison prêtée par un ami.
18:11Il va apprendre que la femme de cet ami, qu'il trouve très, très, très, très belle.
18:16Il y a la photo de cet ami dans la maison de son ami.
18:21Et d'ailleurs, je ne sais pas, ça m'a fait penser au film Barton Fink.
18:25Dans Barton Fink, des frères Cohen, il y a une photo d'une femme sur une plage.
18:29Et Barton Fink est complètement subjugué par cette photo.
18:32Et en même temps, c'est quand même l'ambiance est très...
18:34Je vous en prie.
18:36Et l'ambiance est très... Comment s'appelle-t-il ?
18:38Comment s'appelle-t-il ? Brian de Palma.
18:40C'est-à-dire que c'est une rousse qui est au centre de son attention, de Krokos,
18:44à la fois sur cette photo et bientôt dans les jumelles qu'il va prendre sur une table
18:48pour regarder sur la plage.
18:50Et il va voir cette rousse monumentale, cette rousse magnifique dans ses jumelles.
18:55Et j'ai vu que sur la petite story que vous avez faite sur Instagram
18:58pour annoncer la rencontre de ce soir,
19:00vous aviez mis le générique de Body Double de Brian de Palma.
19:04Oui, alors là, il y a une double référence.
19:06Il y a Hitchcock.
19:08Il y a la référence à un vertigo et à une fenêtre sur cour.
19:14C'est ça ?
19:18Et en même temps, il y a de Palma, des années 80,
19:21qui est une étude sur Hitchcock,
19:23mais une étude très kitsch et très formaliste sur tout ça.
19:27Donc, en quelque sorte, là, j'essaye de faire un double commentaire,
19:32c'est-à-dire le commentaire du commentaire.
19:34Je regarde à travers de Palma et ce que de Palma a fait.
19:38Mais on n'est pas du tout obligé de savoir tout ça pour lire le livre,
19:42d'avoir toutes ces références.
19:44Là, je parle de ma démarche.
19:48Un double commentaire sur...
19:51Je ne sais pas.
19:52Ça peut être les années 50 en Grèce.
19:55C'est une régression.
19:56Donc, allez, Hitchcock en Grèce.
19:58Et est-ce que les années 80 pensent de ça, le kitsch ?
20:02C'est un jeu.
20:03C'est un jeu de...
20:04C'est un jeu sémantique, tout ça.
20:06Dans ma tête.
20:09Dans vos têtes et dans votre écriture,
20:12Krokos y regarde cette rousse flamboyante sur la plage
20:16et il va comprendre très vite qu'elle arrive dans l'eau
20:20avec une sorte de planche de surf, je crois.
20:22En bref, elle se noie.
20:23Voilà, elle se noie sous ses yeux.
20:26Krokos court à son secours et va comprendre très vite
20:29qu'il tombe dans un piège.
20:30Comment ?
20:31Il est témoin oculaire de la mort de cette jeune femme.
20:36Et on va comprendre petit à petit
20:38qu'il est pris lui-même dans un piège qui le dépasse.
20:41Et il va essayer de comprendre
20:42pourquoi il est le seul témoin oculaire de cette histoire.
20:45Ça va l'emmener dans un de ces panieries, évidemment.
20:49Historique d'Ikaria, pour ceux qui...
20:51Qu'est-ce que c'est un panierie ?
20:53Une fête populaire ?
20:54Le panierie, c'est une fête de village.
20:56Simplement, comme il y en a partout en Grèce.
20:58Mais à Ikaria, il y a la particularité.
21:01C'est une île très particulière.
21:03Ce n'est pas une île grecque quelconque.
21:06Bien sûr, il n'y a pas d'île grecque quelconque.
21:08Mais celle-là, vraiment pas.
21:13Voilà, c'est des vraies bacchanales.
21:16Les fêtes, c'est des vraies bacchanales.
21:18Il y en a même des Ikariotes ici.
21:20On nous en parlait tout à l'heure.
21:22Des vraies.
21:26Vous avez des racines aussi.
21:27J'ai des racines, mais ça tombait bien.
21:29Mais le mec qu'il rencontre au début,
21:31sa connaissance lui dit
21:33« Tu ne viens pas d'Ikaria, toi ?
21:35J'ai une maison là-bas. »
21:37Et donc voilà, je ne pourrais parler
21:39que de ce que je connais pas mal.
21:43Étant donné que j'ai une...
21:47J'avais une grand-mère
21:51Ikariote.
21:53Je me suis dit que Krokos,
21:55l'alter ego aussi,
21:57devrait en avoir une relation
21:59avec cette île.
22:01Mais lui, il ne y retourne pas souvent.
22:03Il n'a pas été sur cette île-là depuis 15 ans.
22:05Moi, j'y vais tous les ans.
22:07Et donc,
22:09en quelque sorte, je sais de quoi
22:11je parle dans ce livre.
22:13Je connais le topo,
22:15je connais les gens, un petit peu.
22:17J'y vais en touriste, il ne faut pas imaginer.
22:19Mais je parlais de cette histoire
22:21de cette île grecque, qu'on peut peut-être rappeler en quelques mots.
22:23C'est une île que les communistes
22:25de l'époque de la dictature des colonels,
22:27il y avait toute une opposition à la dictature
22:29à l'époque qui était à Ikaria,
22:31une forme d'autonomie presque.
22:33Non, ce n'est pas ça.
22:35Non, ce n'est pas exactement ça.
22:37C'est une île de déportation.
22:41C'est une île de déportation
22:43et de déportée, mais depuis les temps anciens,
22:45depuis les temps byzantines, même romaines apparemment.
22:47Or, ça a été...
22:49C'est redevenu un endroit de déportation
22:51pour les gens de gauche
22:53à partir des années 30.
22:55Et d'ailleurs, mon grand-père,
22:57qui n'était pas écariot,
22:59y est passé, donc il était là-bas déporté.
23:01Et peut-être que,
23:03voilà,
23:05la relation familiale commence
23:07avec cet événement-là, à cette île-là.
23:11Et ensuite,
23:13c'est vrai que c'était une île particulière
23:15parce que les gens du coin
23:17ont formé un rapport
23:19avec les déportés.
23:21À un moment, pendant la guerre civile grecque,
23:23c'est-à-dire le lendemain de la guerre
23:25mondiale,
23:27il y a eu une guerre civile en Grèce.
23:29Et il y a eu,
23:31à un moment, 20 ou 25 000 déportés
23:33sur Icaria,
23:35beaucoup plus que les habitants
23:37de l'île.
23:39Peut-être le triple de la population.
23:41Et la population a vraiment
23:43embrassé ces gens-là.
23:45Elle les a bien accueillis.
23:47Alors qu'il n'y avait rien.
23:49Et ça a créé une communauté.
23:51Et une identité, en quelque sorte.
23:53Une identité politique.
23:55Donc voilà,
23:57ça dure jusqu'à nos jours.
23:59Assez solidement.
24:01Comme on peut
24:03difficilement vous départir vous-même,
24:05Makis Malafikas,
24:07d'une conviction politique,
24:09très régulièrement exprimée,
24:11notamment sur vos réseaux,
24:13mais vous avez des convictions
24:15à défendre.
24:17Et donc, comme le temps passe très vite,
24:19et qu'on n'a pas beaucoup non plus pour parler de votre livre,
24:21je pense que c'est important aussi de situer
24:23votre livre dans un certain contexte.
24:25Et notamment quand Prococeta Athènes
24:27parle de son quartier.
24:29Lui, il vit dans la rue
24:31Asclipiu,
24:33que j'ai toujours du mal à prononcer,
24:35dans un quartier
24:37qui a énormément changé ces dernières années.
24:39Le quartier s'éteignait,
24:41écrit-il lui-même à cette époque.
24:43Comme le reste du centre-ville,
24:45rongé de l'intérieur, morceau par morceau,
24:47en commençant par la moelle.
24:49Et à l'heure où tout le monde partait,
24:51moi j'arrivais, je laissais Paris dans le passé,
24:53et je revenais définitivement au présent,
24:55retour à Athènes.
24:57Et vous-même, Makis, en tant qu'écrivain,
24:59vous avez choisi un moment de quitter Paris
25:01pour rentrer à Athènes, dans une ville
25:03qui a beaucoup changé, même si vous êtes
25:05entre plusieurs capitales.
25:07Cette ville a beaucoup changé,
25:09et vous l'avez vue changer.
25:11C'est à la dérive de ce phénomène
25:13de gentrification et de tout tourisme.
25:15C'est un quartier du centre
25:17qui ressemblait beaucoup,
25:19on pourrait dire, c'était un petit peu
25:21entre le quartier latin,
25:23ce qu'a pu être le quartier latin,
25:25pas maintenant,
25:27plus maintenant,
25:29et quelques autres quartiers
25:31qu'on peut imaginer.
25:33On l'a appelé quartier anarchiste,
25:35puis quartier contestataire,
25:37ça c'est selon le degré de paresse
25:39du reporter.
25:41Parce que c'est assez réducteur.
25:43C'est l'endroit, tout simplement,
25:45où il y a toutes les maisons d'édition,
25:47il y a plein de cinéma,
25:49il y a une vie culturelle particulière,
25:51et puis il y avait les facultés.
25:53Comme la Sorbonne, etc.
25:55C'était ce quartier-là d'Athènes.
25:57Et ça a créé
25:59une culture
26:01qui a duré quand même 30 ou 40 ans,
26:03et qui a fait
26:05que c'était vraiment d'abord
26:07un quartier où il se passait des choses.
26:09Très fertile politiquement.
26:11Maintenant, c'est fini tout ça.
26:13Il y a 14 bars par bloc d'immeuble,
26:15et c'est tout.
26:17Avec des sièges en velours
26:19et des petites lumières jolies.
26:21Toutes sortes.
26:23Avec, sans, toutes sortes.
26:25Même des bars thématiques.
26:27Même des bars thématiques de gauche.
26:29Ah oui.
26:31Beaucoup de musique
26:33dans les bars aussi, dans ces nouveaux bars.
26:35Voilà.
26:37Je crois que c'est déjà l'heure
26:39de laisser la parole aux personnes qui sont là.
26:41Mais est-ce que vous voulez ajouter quelque chose
26:43sur le livre en lui-même ?
26:45Vous avez fait faire des allers-retours.
26:47Vraiment, j'ai du mal
26:49à le faire parce que je n'ai pas forcément
26:51la distance nécessaire
26:53à mon propre travail.
26:55Mais je serais ravi si vous aviez
26:57des questions à poser.
26:59Qu'on en parle un petit peu,
27:01si vous voulez.
27:03Si on pense à autre chose,
27:05on pourra y revenir.
27:07Donc il y a
27:09une histoire, le décor
27:11qui est à la fois Athènes et Icaria.
27:13Cette histoire
27:15de rousse, mais
27:17aussi votre style
27:19de roman que vous avez, pour certains,
27:21lu déjà les deux de la trilogie.
27:23Parce que le troisième
27:25vient de paraître en grec.
27:27Le troisième est sorti à Athènes
27:29en juin.
27:31En août,
27:33il était déjà épuisé.
27:35Il y a un deuxième tirage.
27:37Apparemment, il marche très bien.
27:39Il s'appelle Deepfake,
27:41un titre en anglais.
27:43Il fait déjà son petit chemin.
27:45Il y aura
27:47une édition italienne
27:49bientôt.
27:51Sur le titre, d'ailleurs ?
27:53Je ne sais pas s'il y a des gens ici
27:55qui l'ont déjà lu en grec,
27:57parce qu'il n'est pas encore paru
27:59A mon avis,
28:01c'est la fin de la trilogie.
28:03Est-ce qu'on reverra
28:05ce héros
28:07après ?
28:09Une trilogie, c'est une trilogie.
28:11Une autre trilogie, après.
28:13Une quadralogie.
28:15Une deuxième trilogie.
28:17Ah oui, une deuxième trilogie.
28:19Ce qui fera
28:21six.
28:23C'est ça.
28:25En attendant
28:27que peut-être une main se lève
28:29pour une éventuelle question.
28:31Ah, il y a des questions.
28:33Bonsoir.
28:35Je voudrais demander
28:37à des personnes qui sont dans le grec,
28:39comment l'Égypte
28:41et l'autre côté du grec
28:43s'apparaissent.
28:45Parce que pour moi, un pays du grec,
28:47c'est un site nouvel.
28:49Je trouve que c'est
28:51très compliqué
28:53de penser à une autre image
28:55de la Grèche
28:57qui sort un peu de cette conscience
28:59collective du voyage.
29:01Et qui nous vient
29:03depuis
29:05le XIXe siècle,
29:07Robert Renan.
29:09Nerval.
29:11Nerval.
29:13Et donc,
29:15je ne sais pas si quelqu'un voudrait me dire
29:17qu'est-ce que c'est que
29:19un autre côté du grec.
29:21Un autre éthique.
29:23Pardon, je voulais dire autre chose.
29:25D'accord.
29:27Le titre initial.
29:29Non, parce que je voyais que monsieur voulait réagir
29:31et on disait juste au tout début que c'était une référence
29:33à Jacques Lacarrière et un éthique grec.
29:35Mais en effet, qui véhiculait déjà
29:37un très beau livre, qui véhiculait une certaine
29:39idée de la Grèce.
29:41Il faut savoir que le titre
29:43initialement,
29:45ce n'est pas un autre éthique grec.
29:47En grec, le livre s'appelle
29:49Le nom d'une plage à Icaria.
29:51La plage où se trouve le surfeur.
29:53C'est la plus grande plage d'Icaria.
29:55Et étant donné que
29:57le mot akti, c'est-à-dire
29:59mesakti, en grec, veut dire
30:01plage, un lecteur
30:03grec n'a même pas besoin d'être
30:05allé à Icaria pour savoir qu'on parle
30:07d'une plage. Or,
30:09un lecteur français
30:11ne veut pas savoir tout ça, donc le titre juste
30:13mesakti, ça aurait été
30:15troublant. Peut-être
30:17mesakti beach
30:19ou plage de mesakti, mais c'était
30:21un petit peu trop...
30:23On a réfléchi avec
30:25Estelle Durand,
30:27Claire Dubivier, puis
30:29le traducteur Nicolas Pallier.
30:31Au bout d'un moment, on est arrivé
30:33à cette idée-là de
30:35l'éthique grecque. Je pense que c'était Estelle
30:37qui pensait à ça.
30:39Pour moi,
30:41c'est un très beau titre
30:43parce qu'il y a une référence
30:45étrange à la carrière.
30:47La carrière, c'est un
30:49français instruit,
30:51a construit
30:53son idée de ce que c'est que la Grèce
30:55et les Grecs
30:57beaucoup grâce à ce livre.
30:59Il ne s'agit pas du tout de
31:01critiquer ce que la carrière a fait,
31:03mais ce que c'est devenu.
31:05C'est un cliché
31:07des Grecs.
31:09Les Cyclades, c'était vraiment les Cyclades.
31:11C'est un...
31:13Il y a des
31:15paysages
31:17arides, nus.
31:19Alors qu'Icaria, c'est une petite Corse.
31:21Icaria, c'est tout vert.
31:23Mais bien sûr,
31:25c'est un détail. C'est surtout
31:27de construire le mythe
31:29de la Grèce, de la destination éternelle,
31:31du peuple
31:33éternel, tout ça.
31:35Ce qui est très, très
31:37problématique.
31:39Je pense que
31:41pour moi, il va plus loin que la carrière.
31:43C'est pour ça que je demande...
31:45Oui, oui, tout à fait.
31:47C'est un départ, c'est un jeu.
31:49Parce qu'on ne peut pas tenir qu'on s'est
31:51le responsable de ça.
31:53Oui, non, c'est pas...
31:55Je veux dire que c'est aussi
31:57ce que c'est la Grèce, un peu,
31:59pour ne pas dire que des Français, parce que nous aussi,
32:01par exemple, au Paris, il y a beaucoup de Grecs
32:03qui voient derrière, je ne sais pas moi,
32:05un caldeau, un parapluie,
32:07sous la pluie, d'accord,
32:09moi, je vois pas qu'il y ait comme ça.
32:11Non, non.
32:13C'est pour ça que je veux dire,
32:15c'est quelque chose qui ne concerne pas que la Grèce,
32:17c'est ce qui se passe souvent
32:19avec les étrangers,
32:21parce que nous, nous avons
32:23une dystopie, c'est-à-dire les armées,
32:25donc le problème, c'est comment
32:27on peut passer ça,
32:29peut-être que c'est tout, quoi.
32:33Si l'évocateur de tout ça,
32:35c'est que ça...
32:37la transition a bien marché.
32:39Je l'espère, en tout cas.
32:43Et le livre, le roman en tant que tel,
32:45je trouve l'évoque pour un lecteur français,
32:47on ne se sent pas dans la Grèce
32:49qu'on a éventuellement parcouru
32:51si on a eu la chance de le faire ?
32:53Enfin, en tout cas, c'est une autre vision.
32:55C'est un constat un peu...
32:57C'est un peu dur, Valérie.
32:59C'est-à-dire que ce que je sous-entends,
33:01c'est que la Grèce que vous imaginez
33:03n'existe pas,
33:05n'existe plus. Arrêtez avec ça.
33:07Il faut arrêter.
33:09Déjà, à Ikaria, il n'y a plus une seule plage
33:11où on peut mettre les pieds, manifestement, l'été.
33:13Il y en a, mais il ne faut pas dire lesquelles.
33:15On ne va pas le dire ici.
33:17Pas là, non.
33:19Il y a monsieur...
33:21Je voulais dire que le livre,
33:23à mon sens, il est extrêmement réussi.
33:27Ça nous attire à lire,
33:29ça nous donne envie
33:31d'aller loin.
33:33Je voulais juste ajouter
33:35que tu parles de la...
33:37comment les Français regardent
33:39la Grèce, etc.
33:41Il ne faut pas oublier que Maxime Malafé,
33:43car tout ce qui est en grec,
33:45est en grec lui-même.
33:47Par contre, ici en France,
33:49il y a le regard extérieur
33:51qui peut avoir un regard critique sur la Grèce
33:53qui n'est pas critique d'un grec
33:55qui veut régler ses comptes,
33:57mais peut voir avec un regard extérieur.
33:59C'est pour ça que
34:01nos publics parisiens
34:03peuvent être
34:05très intéressés par ce regard.
34:07Ça donne quelque chose de nouveau.
34:11J'espère que ça reste un peu plus large
34:13que les grecs parisiens.
34:15Non, j'ai dit
34:17« nos publics parisiens », je n'ai pas dit
34:19« nos grecs parisiens ».
34:21Oui, il faut que ça dépasse
34:23la communauté grecque de Paris.
34:25Oui.
34:29Merci, merci Nico.
34:31Je n'ai pas quelque chose à dire
34:33là-dessus, mais merci.
34:35Vous êtes un contre-agent
34:37du tourisme de masse.
34:39Vous êtes un contre-agent du tourisme de masse,
34:41dit Madame.
34:43Non, parce que c'est tout-puissant.
34:45C'est un phénomène.
34:47Le tourisme de masse,
34:49tout ce qui est de masse d'ailleurs,
34:51est un phénomène tout-puissant.
34:53Je participe à ça en faisant...
34:55Si mes livres sont réussis,
34:57ça suffit pour ajouter
34:59de la valeur
35:01dans la machine.
35:03Ah, il se passe des trucs en Grèce.
35:05Il y a même
35:07une écriture contemporaine en Grèce,
35:09donc on peut y aller.
35:11C'est tout-puissant.
35:13C'est un discours permanent
35:15qui est capable
35:17d'intégrer
35:19et d'assimiler.
35:21Voilà.
35:23Mais ça ne va pas empêcher d'écrire des livres pour autant.
35:35Est-ce que vous avez d'autres questions
35:37à poser à Mathis ?
35:39Ou est-ce qu'on va
35:41tous partager un petit verre ?
35:43Pardon, il ne faut pas tomber.
35:45Et la signature
35:47de vos romans,
35:49ce n'est pas au fond, c'est au milieu.
35:51C'est tout ce dont je me rappelle,
35:53et je n'ai pas compris ce que ça voulait dire.
35:55En tout cas, il y aura une séance de signature
35:57et une séance de blanc sec, j'apprends.
35:59Allons-y.
36:01Allons-y, oui.
36:03Merci beaucoup.
36:05Merci.
36:07Merci beaucoup.
36:13C'est passé.

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