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Dans son édito du 30/10/2024, Mathieu Bock-Côté revient sur [thématique de l'édito]

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00:00Alors, point de départ, 2016. Petit détour. 2016, je vous parle de Donald Trump, qui est
00:07candidat à la présidence des États-Unis, et Hillary Clinton. Le 9 septembre 2016, Mme
00:13Clinton se prépare, dans son esprit, la présidence lui revient de droit. La présidence lui revient.
00:18On est devant une forme d'élite oligarchique qui considère que le pouvoir lui revient.
00:22Elle préférerait qu'on lui donne que d'avoir à le gagner par les élections, mais globalement,
00:26elle se dit « je gagnerai ». Mais vient le temps de qualifier ses adversaires, et
00:31plus encore, ceux qui votent pour ses adversaires. Alors, comment qualifient-elle à ce moment
00:36les électeurs de Donald Trump, les électeurs à venir de Donald Trump, dis-je ? La formule
00:42est la suivante, « a basket of deplorables ». En gros, une association de ploucs, les
00:48déplorables. La formule est rentrée, d'ailleurs, dans le vocabulaire politique aujourd'hui,
00:52les déplorables. Donc, des ploucs, des bouseux, des gueux, des édentés, des édentés qui
00:58sentent mauvais même à l'écran. Vraiment, la lie de la société qui allait voter pour
01:02Donald Trump. Évidemment, cette déclaration se retourne, à ce moment, contre Mme Clinton.
01:08Ça se retourne à un point tel qu'elle perdra les élections pour une deuxième fois. Première
01:12fois contre Obama dans la primaire démocrate, deuxième fois en 2016, et depuis, elle s'enfonce
01:17dans son aigreur. Elle s'enfonce dans son aigreur, persuadée d'avoir raté son destin.
01:22Heureux sont les Américains qui constatent qu'elle l'a raté, probablement. Et que dit-elle,
01:27cela dit, elle poursuit dans sa politique du mépris. Vous allez voir, il y a un lien
01:30entre ça et ce qui s'est passé hier. Il y a eu un grand meeting, vous le savez, un
01:34grand rassemblement de Donald Trump il y a quelques jours à New York, au cœur des terres
01:39démocrates. Et Mme Clinton, comment qualifie-t-elle ce meeting ? Elle le présente comme un rassemblement
01:46nazi, avec la subtilité remarquable des démocrates. Donc, les partisans de Trump
01:51à New York rassemblés sont des nazis. Ça, c'est le point de départ dont on peut comprendre
01:56que du jour 1 jusqu'à ses derniers jours politiques, elle se sera définie par une
02:01culture de l'injure. Que se passe-t-il ensuite, lors de ce meeting, qui est une réussite
02:06formelle des Trumpistes à New York ? Il y a plusieurs invités, et l'un d'entre eux,
02:12qui est un humoriste, dit par ailleurs une vraie saloperie. Il présente ça comme une
02:15blague, mais ça tourne très mal. Il qualifie Porto Rico, qui est une île américaine,
02:20d'île au déchet. Il dit que globalement, il y a une île avec plein de déchets qui
02:23traînent dans l'océan, et c'est Porto Rico. Ce qui n'est quand même pas l'idée
02:26la plus lumineuse qui soit d'insulter toute une communauté. C'est non seulement idiot,
02:30mais c'est politiquement imbécile de sa part. Au point même où, c'est important
02:35de le dire, la campagne de Trump va se dissocier immédiatement des propos de cet humoriste
02:41quelque peu bizarres et insultants. Alors, que se passe-t-il ensuite ? Mme Harris décide
02:48de faire un grand meeting, c'était hier, là où il y a eu l'insurrection du Capitole
02:54en 2021. Elle se donne de grands moyens pour ce grand meeting. Elle veut enfin avoir l'air
02:59présidentiel. Y parviendra-t-elle ? Elle veut enfin avoir l'air d'autre chose que
03:03du pantin, en quelque sorte, de l'État administratif, qui trouve en elle la comédienne à son service
03:09pour le moment. Et elle fait un discours qui, en fait, je vous dirais, pour l'immense
03:14majorité des journalistes, ils savaient déjà que c'était un grand discours avant
03:17même de l'entendre. On appelle ça un journaliste de gauche pléonasme. Mais, que se passe-t-il
03:22pendant son discours ? Eh bien, Joe Biden, à la Maison-Blanche, fait une intervention
03:27et lui veut répondre à Donald Trump et son propos. Ah oui, entre-temps, je précise,
03:32Mme Harris avait traité Trump de fasciste. Ah oui, comme ça, par hasard. Alors, quoi
03:36qu'il en soit, M. Biden était-il conscient de ce qu'il disait ? C'est une bonne question.
03:40Est-il conscient de ce qu'il fait depuis quatre ans ? C'est une autre bonne question.
03:43Mais, quoi qu'il en soit, il est là et il veut répondre à l'humoriste imbécile
03:48qui a traité Porto Rico d'île aux déchets. Donc, que dit-il ? Non, en fait, il n'y
03:52a qu'une seule île de déchets. Il n'y a qu'une collection de déchets, en quelque
03:55sorte. Ce sont les partisans de Donald Trump. Ce sont des ordures. Alors là, il va faire
04:01semblant, pour ceux qui vont le défendre, vont dire non, c'est un lapsus. Ce n'est
04:04pas ce qu'il voulait dire, dans le fond. Ce n'est vraiment pas ce qu'il voulait dire.
04:06Ça, c'est l'avantage d'être de gauche. Même quand vous dites une grosse horreur,
04:09vous avez toujours une armée de journalistes pour contextualiser votre propos et expliquer
04:12que ce que vous avez dit, vous ne l'avez pas dit. Alors, que se passe-t-il ? Il les
04:16qualifie d'ordures. Donc, globalement, peu importe qui gagnera la présidentielle dans
04:20une semaine, un Américain sur deux, globalement, va voter pour Trump. Eh bien, qu'est-ce qu'on
04:24comprend ? La moitié du peuple américain, pour Joe Biden, est composée d'ordures.
04:28La moitié de la population est composée d'ordures. On peut dire que Joe Biden, qui
04:33est encore président en fonction, en exercice, répète la gaffe d'Hillary Clinton en 2016
04:38et son basket of deplorables. On ne peut pas s'empêcher, je crois, on ne peut s'empêcher
04:42d'y voir le travers propre à la gauche. C'est-à-dire, d'un côté, les gens moralement
04:47nobles qui se rallient à elle, et de l'autre côté, le bois mort de l'humanité qu'il
04:51faut balayer le plus rapidement possible. Ce réflexe n'est pas nouveau.

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