Avec le Colonel Peer de Jong, vice-président de l'institut Themiis, spécialiste de géopolitique et ancien colonel des troupes marines
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NewsTranscription
00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — Colonel Pierre de Jong, bonjour. — Bonjour.
00:07— Merci d'être avec nous, colonel. Je rappelle... Rappelez-nous le titre de votre dernier livre qui vient de sortir.
00:13— C'est « Poutine, l'ordre four », « Le retour des boyards ». — « Le retour des boyards ». Bon.
00:19Colonel Pierre de Jong, vous êtes vice-président de l'Institut Temis, spécialiste de géopolitique, ancien colonel des troupes marines.
00:26Parlons de la Corée du Nord, la Corée du Nord qui devient cobelligérante dans la guerre entre l'Ukraine et la Russie.
00:32On voit envoyer... On parle de 8 000 soldats dans la région de Koursk. Des soldats qui n'en doutons pas, colonel de Jong,
00:42iront combattre sur le sol ukrainien. — Alors on n'en est pas là. C'est pour ça que le mot « cobelligérance », qui est juste,
00:50bien évidemment, c'est un peu rapide. Pourquoi ? Parce que tant que les Coréens restent sur le territoire russe, on peut pas les considérer
00:58comme cobelligérants. Ils sont des conseillers. C'est comme ça qu'ils vont être vus par les Russes et la communauté internationale.
01:04Par contre, dès lors qu'ils passent la frontière et qu'ils vont effectivement en Ukraine, à ce moment-là, ils seront cobelligérants.
01:10Pour l'instant, on va dire qu'ils rentrent dans le cadre d'une assistance. Rappelons-nous, on va dire les Nord-Coréens et les Russes
01:16ont signé un traité de partenariat en juin et ça a été ratifié en octobre. Et une des clauses de ce traité veut que l'un ou l'autre
01:24porte assistance à l'un ou l'autre dès lors qu'il y a un problème. — Oui. Donc ils vont se poster à Koursk, à la frontière entre l'Ukraine et la Russie,
01:36autour de Koursk, pour essayer là... Pas pour essayer. Pour affronter les soldats ukrainiens qui sont en Russie.
01:44— Alors d'abord, c'est pas impensable. Pour l'instant, on sait pas très bien. On pense qu'autour de Koursk, il y a peut-être en gros 3 000 Nord-Coréens.
01:49C'est vrai que c'est pas impensable. Dès lors qu'il y a la région de Koursk, c'est une zone de combat. Évidemment, les Nord-Coréens vont tomber sur les Ukrainiens
01:57qui sont aguerris. Donc c'est pour ça que je pense qu'il y a un vrai sujet. Parce que comment c'est le Nord-Coréen qui connaisse pas le pays,
02:03qui parle pas la langue, qui sont pas intégrés à la mécanique de commandement des Russes, ils n'ont aucune expérience, ils sont pas du tout aguerris.
02:09Et comment vont-ils faire dans un combat contre les Ukrainiens qui, eux, sont très aguerris et très motivés ?
02:13— Oui. Bien. La Corée du Nord qui, par ailleurs, dit-on – mais ce sont les États-Unis qui le disent – a envoyé 1 000 missiles à la Russie.
02:24— Alors c'est un fait. Les missiles, c'est le KN-23. C'est un missile qui fait en gros 500 km de portée. C'est un missile tactique quelque part.
02:31Donc c'est un missile qui peut bien sûr porter l'armement nucléaire. Mais c'est un missile tactique. C'est un missile qui a été utilisé
02:37depuis l'été 2024 par les Russes en grand nombre. Et d'ailleurs, une grande partie de ces missiles a été accompagnée par des conseillers nord-coréens
02:46qui sont d'ores et déjà positionnés en Russie. — La Corée du Nord qui a tiré un missile balistique à longue portée vers la mer du Japon.
02:53Premier essai d'armes de Pyongyang depuis que Séoul a révélé que la Corée du Nord avait envoyé ou s'apprêtait à envoyer des milliers de soldats en Russie.
03:02— Alors ça, c'est un vrai sujet. C'est vrai qu'est-ce qu'il faut lier les deux informations. J'en suis pas sûr parce que lancer un missile stratégique
03:08comme celui-là, ça implique des préparations qui prennent plusieurs semaines voire plusieurs mois. Donc je pense pas qu'il faille les lier.
03:14Ceci étant dit, le message qui a été envoyé par Kim Jong-un, qui est le président de la Corée du Nord, est très fort. Pourquoi ?
03:21Parce que jusqu'à présent, on parle de nucléaire. On parle plus de conventionnel. Et là, il faut savoir que les Nord-Coréens ont l'armement nucléaire
03:28depuis longtemps. On pense qu'ils ont une trentaine de bombes. Mais par contre, ils peuvent les projeter avec des avions, avec des bombardiers.
03:34On voit qu'aujourd'hui, ils procèdent à des essais très régulièrement depuis plusieurs années, à des essais très régulièrement. Et cet essai est très important.
03:40Pourquoi ? Parce qu'en fait, ils ont utilisé probablement la fusée qui s'appelle Wansong-18, qui est une énorme fusée qui fait 50 tonnes.
03:48Et l'idée, c'est de projeter cette fusée sur une fusée intercontinentale. Donc c'est un missile intercontinental qui pourrait frapper les États-Unis.
03:56Et donc là, on est vraiment dans une phase d'essai qui est extrêmement inquiétante. Pourquoi ? Parce que ce missile qui a été expérimenté hier ou avant-hier,
04:03il est monté à 7 000 m. Et vous savez que c'est un missile balistique. Et plus le missile va haut, plus il retombe vite sous sa cible.
04:09— Oui, oui, oui, oui. C'est-à-dire que jusqu'à maintenant... En fait, c'est la Corée du Nord qui teste ses capacités à frapper les États-Unis.
04:18— Exactement. Et c'est ça, le message qui a été envoyé aux États-Unis. C'est qu'on voit bien qu'aujourd'hui, cette guerre en Ukraine
04:24provoque une réflexion géostratégique extrêmement importante qui dépasse largement le cadre de l'Ukraine. Là, on vient de changer de niveau.
04:30On est passés sur un niveau stratégique mondial dans les rapports de force extrêmement importants entre, je dirais, la Russie...
04:39Enfin le groupe Chine-Russie-Iran et Corée du Nord qui matérialise une espèce de volonté de confrontation avec l'Ouest, avec l'OTAN et bien sûr avec les États-Unis.
04:49— Bien. Merci beaucoup, colonel De Jong. Merci pour toutes ces précisions.