Député de la 1re circonscription de la Somme (groupe Écologiste et Social), François Ruffin sort un nouveau documentaire, "Au boulot !", ce mercredi 6 novembre en salle.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 07 novembre 2024.
Regardez L'invité de RTL avec Thomas Sotto du 07 novembre 2024.
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Et tout de suite, l'invité de RTL Matin, Thomas, vous recevez aujourd'hui le député
00:08ex-insoumis François Ruffin, réalisateur également d'ailleurs, son film Au Boulot
00:13est sorti hier.
00:14Bonjour et bienvenue sur RTL François Ruffin.
00:15Bonjour.
00:16Alors un showman, un homme qui parle fort, qui n'a pas peur de choquer, de bousculer
00:19les conformistes, quitte à flirter avec la caricature, va donc redevenir président
00:23des Etats-Unis.
00:24Après l'élection de Donald Trump, est-ce que vous vous dites que tout est possible
00:27pour vous en France ?
00:28Non, je pense que ce n'est pas le sujet.
00:29En revanche, j'observe ce qui se passe aux Etats-Unis et je me dis que quand la gauche
00:34abandonne les travailleurs, il ne faut pas s'étonner que les travailleurs abandonnent
00:37la gauche.
00:38La question économique a été la grande oubliée du Parti Démocrate pendant qu'à l'inverse,
00:45Trump l'a habité il y a quatre ans.
00:47Joe Biden avait fait du protectionnisme économique, de la justice fiscale, ses mantras, ses points
00:53forts.
00:54Là, Kamala Harris n'en a rien fait.
00:55Quand on abandonne ça, il ne faut pas s'étonner qu'on soit abandonné par les salariés et
01:00par les travailleurs.
01:01Trump, c'est la victoire d'une forme de radicalité, est-ce que la gauche française
01:04doit être plus radicale ? Est-ce qu'elle est devenue trop soft, trop molle, trop tiède
01:07?
01:08Non, il faut qu'on soit très clair sur un certain nombre de ruptures qui sont à opérer.
01:12Il nous faut moins de mondialisation, plus de protection.
01:15Il nous faut moins de concurrence, plus de coopération.
01:18Il faut être très clair sur un certain nombre de ruptures opérées.
01:20Maintenant, je pense qu'en France, les gens sont en recherche de stabilité.
01:24Ils sont en recherche de protection, d'être rassurés.
01:27Ils sont surtout paumés parce qu'ils ne comprennent plus rien de ce que vous racontez les uns
01:29les autres, non ?
01:30En tout cas, pour ma part, vous savez, je vais vous raconter des choses claires.
01:34Quand j'entends la chronique, je vais faire un droit de réponse.
01:37Je trouve formidable de faire une chronique comme ça sur Michelin et de ne pas placer
01:42le mot « dividende ».
01:43C'est quand même extraordinaire.
01:44Un triplement des dividendes en trois ans et on ne dit rien de ces sommes gigantesques
01:51qui sont avalées par les actionnaires.
01:53C'est le sujet.
01:54Si, c'est le sujet.
01:55Mais bien sûr que c'est le sujet.
01:56Quand, y compris Christine Lagarde, la présidente de la Banque Centrale Européenne, qu'est-ce
02:00qu'elle vient dire ces 15 derniers jours ?
02:02Elle vient dire que ça fait 40 ans maintenant que le capital l'emporte sur le travail.
02:08Et vous, ce que vous proposez dans votre chronique, c'est de dire qu'il faut encore plus donner
02:13au capital.
02:14Ce n'est pas le procès de Martial.
02:15Il se trouve qu'il a la parole tous les matins et qu'il est là à côté de moi.
02:20Mais je ne peux pas ne pas réagir.
02:22Qu'est-ce qu'il faut faire ? Au-delà des mots, qu'est-ce qu'il faut faire ?
02:24Sur Michelin, sur Auchan, sur ses plans sociaux ?
02:26D'abord, le gouvernement doit dire avec beaucoup plus de force, ça suffit.
02:29Il faut remontrer la puissance publique.
02:33Vous savez, dans le cœur de la crise Covid, on a vu un état puissant.
02:36On a vu un état puissant sur les citoyens qui disaient du jour au lendemain, vous ne
02:40sortez plus de chez vous, vous devez remplir un papier, ainsi de suite.
02:42Et là, on a un état qui va nous jouer la comédie de l'impuissance.
02:46Parce que moi, c'est la comédie Adèle Arthé que je vois, c'est la comédie de l'impuissance.
02:49Par exemple, il y a une possibilité.
02:51Je vais vous le dire très concrètement, M. Soto, et y compris Emmanuel Macron, quand
02:58il était sur le parking de Whirlpool en 2017, avait sorti cette carte-là.
03:03Il y a la possibilité pour l'État de dire non, je refuse l'homolégation des plans
03:08sociaux.
03:09Il y a cette carte qu'il est possible aujourd'hui de mettre sur la table.
03:11Sur le groupe Auchan, par exemple, dont on accepte que la famille Mulliez, elle se constitue
03:15une forme de galaxie, mais qui n'a pas de connexion entre Boulanger, Gemmaud, Leroy
03:19Merlin et Auchan.
03:20Demander, exiger qu'il y ait des reclassements à l'intérieur du groupe et qu'on ne dise
03:25pas que les gens vivent… Vous voyez à qui on fait ça ? On fait ça à des gens qui
03:32se lèvent tôt, qui vont au boulot, qui, à la sortie, ont mal au dos, et on accepte
03:36qu'ils soient traités de cette manière-là ? Que d'un seul coup, on leur dise vos 40
03:40années, vos 10 années, vos 20 années de travail, on s'assied-t-il ?
03:43– C'est plein de bonnes intentions, et il y a sans doute beaucoup de gens qui partagent
03:47votre indignation et qui pensent notamment à ces salariés qui vont perdre leur job.
03:50Sauf que vous citiez Whirlpool, il y a eu Amiens, Goodyear à l'époque, vous vous
03:54souvenez, il y a des années.
03:55Les exemples comme ça, on en a des dizaines et des dizaines.
03:57À chaque fois, oui, les gouvernements, quels qu'ils soient, font les gros yeux, et il
04:00ne se passe rien.
04:01– Je suis désolé, à chaque fois, les gouvernements font le choix de l'impuissance.
04:04Là, j'ai l'impression d'assister à un bingo, vous savez, vous devez cocher les
04:07cases.
04:08Là, revitalisation, plan de reclassement, il y aura de la formation.
04:12C'est un bingo que moi j'entends dans ma région depuis 25 ans.
04:15Vous avez cité Goodyear, je peux vous rajouter Continental, je peux vous rajouter Bridgestone,
04:19rien que dans le pneumatique.
04:21Ça veut dire deux choses, ça veut dire, je le redis, il doit y avoir une marque de
04:23la puissance publique.
04:24Mais il faut se demander si on veut encore de l'industrie dans nos pays.
04:27Si on veut de l'industrie dans nos pays, on ne s'en sortira pas sans du protectionnisme.
04:32– Hier matin, Maude Bréjon, la porte-parole du gouvernement qui était assise à votre
04:34place, disait, on n'est pas content, mais non, on ne va pas demander le remboursement
04:38des aides.
04:39– Les aides, c'est un point, mais ce n'est pas le point essentiel du dossier.
04:44– C'est un point qui pèse en milliards quand même.
04:46D'abord, je ne comprends pas qu'on ait donné du crédit impôt compétitivité emploi
04:50à la grande distribution, parce que ce n'est pas une concurrence à l'international,
04:54ça se joue sur le plan national, ça n'a aucun sens.
04:56Donc là, on a donné, et Bruno Le Maire, j'ai assez dit qu'il avait creusé le
05:00déficit budgétaire à la pelleteuse, pour rien, ce n'est même pas de l'investissement
05:04pour l'avenir, des centaines de milliards d'euros.
05:06Donc ça, c'est un désastre et on va en payer le prix.
05:09Mais là, je vous dis, il y a une question aussi de régulation des échanges commerciaux.
05:13Est-ce qu'on considère que ça doit être le libre-échange avec la Chine ?
05:16Et on avait Agnès Pannier-Runacher sur Bridgestone, c'est Michelin de l'époque, qui venait
05:20dire qu'on a eu une invasion de pneus asiatiques comme si c'était des sauterelles qui arrivaient
05:24et comme si c'était un phénomène naturel.
05:26Ce n'est pas un phénomène naturel, c'est un choix de nos dirigeants, c'est un choix
05:29de nos dirigeants politiques d'être complices de ça, d'être complices de laisser faire
05:34un libre-échange.
05:35– Le gouvernement est complice des licenciements.
05:36– Oui, il est complice de mettre en place depuis 40 ans et de laisser faire au niveau
05:41européen, au niveau mondial, un système qui écrase le travail et qui favorise le
05:45capital.
05:46Qu'est-ce que c'est ? C'est une pression qui est mise en annonce sur les salariés.
05:50Chez moi, c'est Dunlop devenu Goodyear, à qui on dit mais regardez les pneus en Estonie,
05:54ils coûtent beaucoup moins cher.
05:55– Pardon François Ruffin, mais vous êtes trumpiste d'un point de vue économique,
05:57vous voulez fermer les frontières, mettre des droits de douane.
05:59– Alors, je ne veux pas fermer les frontières, je réclame de la régulation, je réclame
06:02de la protection.
06:03Il est évident que…
06:04– Vous êtes protectionniste ?
06:05– Oui, je suis protectionniste.
06:06Je suis protectionniste.
06:07– Là-dessus, il a raison.
06:08– C'est le côté d'importation.
06:09Mais déjà, Joe Biden l'avait dit, c'est quelque chose que les Etats-Unis pratiquent,
06:13à la limite, quel que soit le camp.
06:15C'est quelque chose que la Chine pratique et par contre, l'Europe, c'est venez chez
06:19nous, vous êtes les bienvenus et c'est à bras ouverts.
06:21– Quand on voit la situation de l'emploi avec des plans sociaux qui semblent être
06:24amenés à se multiplier, est-ce que c'est le bon moment pour réduire les allègements
06:28de charges des entreprises comme le propose le budget ? Vous êtes aussi député.
06:31– Ce n'est pas là-dessus que ça se joue, d'accord ? Si vous voulez un retour dans
06:36l'industrie.
06:37Parce qu'en plus, on a eu un frémissement sur l'industrie, on a eu presque une prise
06:40de conscience, y compris de nos dirigeants politiques, on avait Emmanuel Macron dans
06:44le cœur de la crise Covid qui disait, délégué à d'autres, notre protection, notre santé,
06:49notre alimentation est une folie.
06:50Voilà, il avait bien identifié la folie du libre-échange.
06:53Si on veut retrouver de l'industrie, déjà la maintenir dans nos pays, il est évidemment
06:58évident qu'il faut une régulation de ça.
07:00– François Ruffin, on vous entend à l'Assemblée, on vous voit aussi au cinéma depuis hier,
07:03grâce au film « Au boulot » qui est donc sorti mercredi, c'est un ovni.
07:06Alors, n'y fait pas dans la demi-mesure, puisqu'on y suit la chroniqueuse régulière
07:09de CNews, Sarah Salmane, qui passe sa vie à pourfondre la cistana et à traiter les
07:14chômeurs de Feignaz, faire plein de petits boulots pays-aux-smic, vous l'avez emmenée
07:16sur le terrain.
07:17En fait, vous avez ressuscité l'émission de divertissement de TF1, « Vie ma vie »,
07:20qui existait il y a environ 25 ans.
07:22On passe un bon moment, on est sincèrement touchés par ces vrais gens qu'on voit et
07:27que vous avez filmés dans ce film.
07:28Mais est-ce que ce n'est pas un peu trop caricatural pour être utile ?
07:31– Vous savez, pour moi, c'est la situation qui est caricaturale.
07:34– Sarah Salmane, elle est paressante, ce caricatural.
07:36– Quand les dirigeants de Auchan font plus de 40% sur leur patrimoine en deux ans et
07:42que dans le même temps, ils licencient des gens, c'est la situation qui est caricaturale.
07:46Vous voyez ? Et donc, là, ce que je veux bien poser comme principe simple, un principe
07:50de décence et de bon sens, les Français, tous les habitants de notre pays, doivent
07:54pouvoir vivre de leur travail, bien en vivre, non pas en survivre, et bien le vivre.
07:58Vous savez, la Déclaration des droits de l'homme de 1789, elle posait ce principe
08:03simple.
08:04Les distinctions sociales ne peuvent reposer que sur notre utilité commune.
08:07Comment ça se fait qu'on va avoir dans notre pays des auxiliaires de vie, qu'on
08:10va avoir des caristes, qu'on va avoir des intentionnaires, qu'on va avoir des caissières ?
08:13– Et on voit des gens extrêmement touchants, extrêmement émouvants et que sans doute,
08:18y compris nous-mêmes, journalistes, on ne regarde pas assez, ça c'est vrai.
08:20– Et bien, comment ça se fait qu'on accepte que dans notre pays, alors qu'on l'a dit,
08:25notre pays repose sur ça ? Le président de la République, il disait, il faudra se rappeler
08:28que notre pays tout entier repose aujourd'hui sur ces femmes et ces hommes que nos économies
08:32reconnaissent et rémunèrent si mal.
08:33Depuis la crise Covid, on n'a pas mieux rémunéré, on n'a pas mieux reconnu.
08:37Au contraire, il y a eu l'inflation qui est venue grever les petits salaires et il
08:41y a eu même la retraite à 64 ans qui pèse bien sûr, d'autant plus sur les métiers
08:44physiques et populaires.
08:45– Même si tous ceux qui ne se rendent pas compte de ce qu'est la vie au SMIC ne ressemblent
08:48pas forcément à Sarah Salmane et c'est heureux ! Merci beaucoup d'être venu nous
08:52voir.
08:53Je rappelle que votre film « Au boulot » corréalisé par Gilles Perret est en salle
08:56depuis hier.
08:57– Je salue le chroniqueur, j'exerce mon droit de réponse, vous étiez avec moi et
09:03voilà.
09:04– Vous avez raison, mais on ne dit pas le contraire.
09:06– La démocratie c'est du conflit, c'est du conflit organisé, verbalisé, institutionnalisé
09:11mais ça n'est pas la négation des accords.