L'ancien ministre Philippe De Villiers raconte la création du Vendée Globe.
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00:00Alors je vais être très factuel, voilà comment ça s'est passé,
00:03de manière absolument incroyable.
00:05Je reçois un coup de téléphone du directeur général du Crédit Aéricole,
00:08qui s'appelle Michel Bon à l'époque, qui était un garçon brillant,
00:13qui me dit voilà, la caisse du Crédit Aéricole de la Vendée
00:17a décidé de sponsoriser le bateau d'un jeune Breton
00:22qui est champion du monde de la plongée, de la Comex,
00:29et on voudrait faire un film sur lui, et on vous a désigné.
00:35J'ai dit mais attendez, je ne suis pas cinéaste.
00:38Oui mais c'est le Puy du Fou, c'est l'esprit du Puy du Fou,
00:41Philippe Janteau, le garçon dont il est question,
00:44est tout à fait dans cet esprit-là, et il est en train de gagner
00:47la course du BOC Challenge organisée par les Américains.
00:50On en est à la dernière étape, il sera arrivé dans quelques heures
00:54à Rio de Janeiro, et donc vous partez, vous choisissez une équipe,
00:59de tournage, et vous partez à Rio.
01:03Je pars à Rio, j'arrive à Copacabana, et je fais la connaissance
01:07de ce Philippe Janteau, et je lui dis voilà, on va faire un film,
01:10on a choisi de faire un film sur vous,
01:13pour l'ultime étape du BOC Challenge que vous êtes en train de gagner.
01:17Et je lui dis voilà, j'ai une idée, la première image,
01:20on va la mettre, on va vous emmener au stade de Maracana.
01:23Voilà les images en direct.
01:24Et en fait, le stade de Maracana, c'est le stade de Pelé.
01:27Et pourquoi le stade de Maracana ?
01:29Je lui dis, tu vas t'asseoir en tailleur,
01:34et on va zoomer, et on va mettre comme sous-titre
01:39la phrase d'Alain Collat,
01:41« La mer, le plus grand stade du monde ».
01:45Et donc le plus grand stade du monde, c'est Maracana, après la mer, voilà.
01:49Et on va au Cris Corcovado, et puis on descend dans un bistrot,
01:54et là, sur une nappe blanche, il commence à crayonner,
01:58une nappe en papier, et il me dit, moi j'ai une idée,
02:01j'ai une idée avec des copains, avec Bernardin, etc.
02:04J'ai une idée, c'est le BOC Challenge, mais sans escale,
02:08et sans assistance.
02:10Et je lui dis, moi le marin d'eau douce, ça ne me parle pas,
02:13mais il dit, oui, personne ne veut faire cette course,
02:17parce que c'est une course à l'extrême,
02:20mais ça serait fantastique.
02:21Et je dis, écoute, quand est-ce que tu vas,
02:25après, qu'est-ce que tu feras après ta course,
02:27quand tu vas arriver à Newport, parce que c'était la dernière étape,
02:32Rio-Newport ?
02:33Il me dit, je ne sais pas, mais je dis, tu rentres en France,
02:35et tu viens au Sable d'Olonne, et moi j'organise cette avenue.
02:39Dans le grand chenal du Sable d'Olonne, on t'accueille,
02:42ça sera triomphal, tous les sablés seront là,
02:44et le soir, on fait la projection du film qu'on est en train de tourner.
02:48Le film est sorti, il s'appelle « Le Grand Sillon »,
02:51il est à l'INA, il n'a pas eu un succès fou,
02:54parce que je n'avais pas le bras assez long avec les diffuseurs,
02:59mais le film est sorti, et il a été diffusé pour la première fois
03:03au Sable d'Olonne, et je suis monté sur un podium,
03:06j'ai pris Philippe Janteau, et je lui ai dit,
03:07maintenant, tu t'installes en Vendée, tu ne pariras pas en Bretagne,
03:10et tu vas acheter un moulin à 13 vents,
03:13je me souviens de ces expressions, je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça,
03:15et il s'est installé à gros bras,
03:17et ensuite, il a créé son entreprise,
03:18et puis, il avait cette idée, le temps a passé,
03:24et au lendemain de mon élection comme président du conseil général de la Vendée,
03:275 ans après, septembre 1988, je l'appelle,
03:32je lui dis, dis-donc, on a un projet de course vendébergaine,
03:36mais ça ne me plaît pas trop, ton idée de course,
03:41il vient me voir, puis il me dit, voilà, je suis prêt,
03:45le Globe Challenge, ça s'appellera,
03:47je lui dis, mais tu as des moyens, tu me dis non, pour l'instant,
03:50alors fais le tour, il fait le tour,
03:52et 8 jours après, il revient me voir, il me dit, je n'ai pas trouvé de sponsor,
03:56et donc, à ce moment-là, je lui dis, le sponsor, c'est moi, le département,
04:00et c'est parti, et en fait, on devient co-organisateur,
04:03voilà, et puis, le temps a passé,
04:05ça a mal tourné, parce qu'il ne payait pas ses impôts,
04:09enfin, il a été condamné pour fraude fiscale,
04:13puis condamné de manière plus grave ensuite,
04:16il est parti, il a quitté la France,
04:18et le département n'avait pas le choix, après le dépôt de bilan du Vendée Globe,
04:22soit on rachetait le Vendée Globe au tribunal de commerce,
04:25soit le Vendée Globe partait à Newport ou à Plymouth,
04:29ou une entreprise française qui était prête à racheter le Vendée Globe,
04:32mais qui aurait fait partir le Vendée Globe d'une autre ville que les Sables d'Olonne,
04:35donc j'ai sauvé deux fois le Vendée Globe,
04:38j'en suis fier, et je suis en même temps reconnaissant à Philippe Chanteau,
04:43quels que soient les événements qui ont suivi,
04:45parce que moi, le marin d'eau douce,
04:49je ne savais pas qu'on pouvait faire une course sans escale, sans assistance,
04:54mais c'est moi qui ai dit, ça s'appellera le Vendée Globe,
04:57et le Vendée Globe, aujourd'hui, est devenu une course mythique dans le monde entier.