L'actu de la semaine vue par Philippe de Villiers. Rendez-vous animé par Eliot Deval. Un regard singulier sur les enjeux politiques, économique, sociétaux du pays.
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00:00 Il est 21h sur CNews, ravi de vous retrouver pour la semaine de Philippe Devilliers.
00:05 Cher Philippe, bonsoir.
00:06 Bonsoir.
00:07 Un plaisir de vous avoir sur ce plateau.
00:08 On est ensemble pour une heure avec Geoffroy Lejeune et vous allez nous apporter votre
00:13 expérience, votre analyse sur des faits qui ont marqué les Français cette semaine et
00:18 à travers nos thématiques, vous allez éclairer l'instant, mettre en perspective.
00:22 Regardez derrière avec des archives, et je le dis aux téléspectateurs, fascinantes,
00:27 de vos débats avec des responsables politiques pour mieux anticiper ce qui va se passer
00:31 demain.
00:32 Vraiment, je suis très heureux de vous avoir sur ce plateau et ce que je vous propose,
00:37 c'est qu'on commence tout de suite par notre première thématique.
00:39 Au combien sérieuse, avec des images extrêmement choquantes.
00:42 Ça s'est passé cette semaine à Bordeaux.
00:44 Une grand-mère de 73 ans et sa petite-fille de 7 ans sont violentés par un homme qui s'engouffre
00:50 dans la porte de leur domicile.
00:52 Les images, vous les voyez, sont captées par le visiophone de l'immeuble dans un quartier
00:56 dit calme de la ville.
00:57 Alors cet homme a été rapidement interpellé, puis sa garde à vue levée.
01:01 L'auteur présumé de cet acte sauvage nécessite des soins psychiatriques.
01:04 Il s'en est suivi une vague de réactions politiques, mais très rapidement, très rapidement
01:08 à gauche, ainsi que dans la majorité, le chiffon rouge est agité, halte à la récupération.
01:15 Alors on va écouter quelques réactions politiques, et je vous demande votre avis juste après,
01:18 Philippe de Villiers.
01:19 Je n'entends pas commenter des réactions qui, non seulement sont indécentes, mais
01:29 sont indignes.
01:30 Je pense à des réactions de récupération politique.
01:33 Si les politiques ne sont pas là pour répondre à un fait de société qui atteint très
01:38 directement des centaines de milliers, voire des millions de nos compatriotes, alors nous
01:43 ne servons à rien.
01:44 Or je n'entends pas servir à rien, j'entends servir à quelque chose, et donc notre rôle,
01:49 c'est d'apporter des solutions pour que des cas comme ça soient le plus rare possible.
01:54 Ce type de vol d'agression, il y en a, hélas d'ailleurs, dans notre pays.
01:58 Je ne sais pas s'il faut l'inclure dans un phénomène plus général.
02:01 Ce qui est certain, c'est que ça illustre le besoin de sécurité pour les Français.
02:05 Il faut que des réponses soient apportées.
02:08 Cette situation, on a vu aujourd'hui les images, c'est ce qui choque, mais des agressions
02:13 comme cela, il y en a presque un millier par jour dans notre pays.
02:17 Philippe de Villiers, à travers ce nouveau fait d'une extrême violence, est-ce qu'on
02:21 peut encore s'indigner ?
02:22 Non.
02:23 Sauf à passer par un voyeuriste, puisqu'il s'agit d'un fait divers.
02:32 Quelqu'un qui s'attarde sur un fait divers, c'est un voyeuriste.
02:36 Sauf à se réclamer de la fachosphère.
02:40 Parce que décrire la scène que les Français ont vue par milliers, c'est conclure à l'idée
02:50 qu'il n'y a pas de sécurité, qu'il n'y a pas de justice en France.
02:53 Donc c'est interdit.
02:55 Pourquoi je dis ça ? Parce que j'ai écouté Mme Borne.
02:58 Elle a le pompon.
03:00 Mme Borne a expliqué, en gros, ceux qui voient ce qu'ils ont vu doivent penser qu'ils n'ont
03:08 rien vu.
03:09 Elle a dit "attendons d'avoir l'enquête".
03:14 Donc moi je n'ai pas besoin d'avoir l'enquête, je regarde la vidéo.
03:17 En voyant la vidéo, je vois bien ce qui se passe, ce qui s'est passé, la violence inouïe
03:22 dont vous avez parlé.
03:23 Donc en fait nous sommes dans une situation où les millions de Français qui voient ce
03:29 qu'ils voient tous les jours n'ont pas le droit de le voir.
03:33 C'est une situation dans laquelle évidemment ces Français sont d'autant plus agacés par
03:41 le comportement de la classe politique qu'ils sentent bien qu'elle veut leur cacher qu'elle
03:47 ne fait rien.
03:48 Et en fait, je vais vous dire, en vous écoutant et en regardant ces images, je me disais d'abord
03:58 que les Français ont compris depuis longtemps qu'on est un paradis perdu, la France, en
04:05 voie d'ensauvagement.
04:06 Ensuite ils ont compris que la classe politique avait inventé, vous savez, des projets, il
04:15 avait inventé une émission qui s'appelait "Le flagrant délire".
04:20 Et Mme Borne vient d'inventer le flagrant déni.
04:24 On est dans le déni, on ne veut pas voir.
04:27 Et qu'est-ce qu'on ne veut pas voir ? Que l'État a failli.
04:30 Et pourquoi l'État a failli ? Parce que sa première mission, je dirais sa seule mission,
04:36 sa mission fondatrice depuis les premiers Capétiens, c'est de protéger les Français.
04:40 Et il ne les protège plus pourquoi ? Parce que l'idéologie qui le pénètre, qui pénètre
04:47 ses responsables, c'est l'idéologie que j'ai connue quand j'étais en première
04:52 ligne de droit en 1968, c'est l'idéologie de la défense sociale nouvelle, c'est-à-dire
04:58 que la peine classique, la peine pénale qui avait vocation de neutraliser, de dissuader,
05:07 de réparer et de réinsérer, elle n'a plus provocation depuis Robert Bazinter, ça, les
05:14 années 70, elle n'a plus provocation que de réinsérer.
05:18 Ça s'appelle la défense sociale nouvelle.
05:21 C'est une idéologie qui est celle de la justice d'aujourd'hui, de l'École nationale
05:26 de la magistrature et du syndicat national de la magistrature.
05:29 On va y venir évidemment pendant cette émission.
05:31 Ce que je vous propose c'est qu'on regarde le profil du suspect qui a tiré vers l'extérieur
05:37 cette septuaginaire et sa fille, 29 ans, français, né à Bordeaux, sans domicile
05:42 fixe, 15 condamnations dans son casier judiciaire, délit routier, infraction à la législation
05:46 sur les stupéfiants.
05:48 Ce que je vous propose c'est qu'on fasse un premier bond dans l'histoire.
05:51 On va revenir à la campagne présidentielle de 2007 où vous lancez l'alerte, mais que
05:56 vous lanciez déjà auparavant, sur la question de sécurité et de justice.
06:00 C'est un sujet qui est au journal de France 3.
06:04 Écoutez attentivement parce que le commentaire de la journaliste est absolument fascinant.
06:08 C'est-à-dire qu'il y a un climat politique et médiatique qui parlait déjà de récupération
06:14 puisque vous parlez d'un fait absolument ignoble qui est arrivé à une femme et vous
06:18 dites "sans justice, pas de sécurité".
06:21 Regardez cette séquence, on est en 2007.
06:23 A Nantes, Philippe Devilliers est un peu chez lui.
06:29 Pourtant, ils sont à peine 900 dans la salle.
06:32 Après plus d'un mois de campagne, le candidat du MPF ne décolle pas dans les sondages,
06:36 1% estimé.
06:38 Alors Philippe Devilliers n'hésite plus et l'actualité lui offre un prétexte en
06:42 or.
06:43 Sans complexe, il ressort le discours sécuritaire devenu presque tabou depuis 2002.
06:48 Je demande en tant que candidat à l'élection présidentielle à tous les Français de considérer
06:56 cette question de la sécurité, cette question aussi de la justice.
07:00 Moi je souhaite que perpétuité soit perpétuité, qu'il y ait des peines planchées, des peines
07:06 incertaines et que les assassins de la jeune Sophie Graveau soient condamnés à perpétuité.
07:14 Sans justice, pas de sécurité, Philippe Devilliers.
07:19 Alors en fait, sur la quoi je fais allusion, oui sans justice, il n'y a pas de sécurité.
07:26 Sur la quoi je fais allusion, c'est l'effectivité des peines.
07:29 C'est ça le problème de fond.
07:31 Et donc en fait, je vais dire autrement ce que j'ai dit tout à l'heure, c'est que depuis
07:38 les années 68, le laxisme, pas 68 arts, la gauche judiciaire a posé l'idée d'une justice
07:46 idéologique et d'une justice laxiste.
07:50 Il y a une nouvelle doctrine pénale qui fait que le but par exemple de quelqu'un comme
07:55 Dupont-Moretti, ce n'est pas de sanctionner, c'est de libérer.
08:00 Regardez, pendant le Covid, on a libéré 60 000 délinquants et criminels, 6 000 pardon,
08:07 6 000, c'est déjà pas mal.
08:09 Et donc en fait, le syndicat national de la magistrature juge non pas au nom de la justice,
08:19 dans la sérénité, le silence et la tranquillité du juge qui juge au nom du peuple français.
08:25 Il juge au nom d'une idéologie, d'un vecteur idéologique, au nom d'une urgence qui n'a
08:33 rien à voir avec la justice, qui est un règlement de compte.
08:37 Et quand moi, je me souviens, un jour j'ai parlé avec Giscard en 1974, j'étais sous-préfet,
08:46 avant d'être sous-président nommé.
08:47 Giscard venait d'être élu et il me dit "oui, le syndicat de la magistrature".
08:55 Et je dis "ben pourquoi, comment vous pouvez accepter qu'il y ait des syndicats dans l'ordre
09:00 régalien ? Parce que l'ordre régalien, ça veut dire "j'appartiens à l'État, je défends
09:05 l'État, comment voulez-vous faire grève contre l'État quand vous êtes l'État ?"
09:08 Il me dit "ouais, c'est la société des crispés".
09:11 Et en fait, à ce moment-là, je lui dis "vous avez vu la déclaration du juge Baudot ? Le
09:17 juge Baudot, c'est une personnalité éminente qui dit "il faut que le cambrioleur se révolte
09:23 contre celui qui l'a cambriolé et que le plaideur se révolte contre la justice".
09:28 Et je me souviens de quelque chose qui m'avait marqué deux ans avant, c'est l'affaire de
09:32 Bruel en Artois.
09:33 Bon, vous êtes trop jeunes pour avoir connu ça.
09:35 Il y avait la gauche prolétarienne qui soutenait un juge, qui s'appelait le juge Pascal, qui
09:41 avait mis en taule un notaire et en expliquant "oui, c'est un notaire, donc c'est forcément
09:48 lui qui a tué la petite jeune fille".
09:49 Sauf qu'au bout de quelques années, le notaire a été libéré, il y a eu un non-lieu parce
09:53 qu'on a trouvé quelqu'un d'autre qui avait tué cette jeune fille.
09:57 En d'autres termes, on vit l'inversion de la fable de La Fontaine.
10:04 Les animaux malades de la peste.
10:06 Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements du court vous rendront blanc
10:10 ou noir.
10:11 Regardez ce qui est arrivé à Sarko.
10:13 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, la justice n'est plus sereine.
10:18 Vous trouvez que c'est injuste ce qui est arrivé à Nicolas Sarkozy ?
10:20 Bon, écoutez, tout le monde le voit.
10:22 Tout le monde, c'est pour ça que je vous pose la question.
10:24 Moi, je peux dire que oui, c'est évident.
10:28 On l'accuse d'un délit qui n'existe pas, un délit qui aurait été pensé, un délit
10:32 putatif.
10:33 Non, c'est pas sérieux.
10:34 Non, mais on voit bien ce qui se passe aujourd'hui.
10:36 Les juges veulent se faire les puissants.
10:38 Mais ça, c'est très dangereux, ça.
10:40 C'est plus la justice.
10:42 Et donc, en même temps, et surtout, pendant ce temps-là, ils relâchent les coupables.
10:48 Ils les relâchent au nom du fait qu'il n'y a pas assez de places de prison.
10:50 Il n'y a qu'à construire des prisons.
10:51 Il l'avait dit Macron.
10:52 Il n'y a qu'à les construire, les places de prison.
10:55 Et surtout, ils les relâchent au nom de la nécessaire réinsertion.
10:59 Mais ils oublient ce que je disais tout à l'heure, les attributs de ce qu'est la peine
11:06 pénale dans l'histoire du droit pénal, la neutralisation, la réparation et la dissuasion.
11:13 Et c'est pour ça que quand on a fait sauter de l'échelle des peines, pas d'un tiers,
11:19 la peine de mort, en fait, on a aboli la peine de mort pour les criminels, mais on l'a
11:25 maintenue et même fait grandir pour les innocents.
11:28 Moi, je reviens juste sur l'affaire de Bordeaux.
11:33 Il y a une question que j'ai envie de vous poser.
11:34 Vous savez, on a souvent l'habitude de commenter la question du lien entre la délinquance
11:38 et l'immigration.
11:39 Et c'est d'ailleurs un des marqueurs du clivage droite-gauche.
11:42 Et là, la gauche politique et médiatique dans l'affaire de Bordeaux a sauté sur le
11:47 fait que l'agresseur soit français en disant "Ah, regardez la droite, vous avez bien tort
11:52 de faire le lien entre délinquance et immigration parce que c'est un français.
11:54 Donc, ça veut bien dire que ça n'a rien à voir".
11:56 Moi, j'ai deux questions à vous poser.
11:58 Premièrement, qu'est-ce que ça dit de l'état du débat, de ce réflexe de gauche qui a été
12:01 quasi unanime, en tout cas, on l'a beaucoup entendu, premièrement.
12:04 Et deuxièmement, de fait, ils n'ont pas complètement tort.
12:06 Il est français.
12:07 Donc, qu'est-ce qu'on fait avec ce type de délinquant ?
12:09 Alors, d'abord, c'est un récidiviste condamné qu'un soit.
12:16 Condamné qu'un soit.
12:17 Il aurait dû être en prison.
12:18 Donc, qu'est-ce qu'il fait en liberté ? Donc, qu'on soit à la gauche ou à la droite,
12:23 si on a envie de protéger les gens, la grand-mère et sa petite-fille, on se dit qu'ils n'avaient
12:31 rien à faire dans la rue.
12:32 De vrai, quand on est multirécidiviste, c'est la tôle à vie.
12:38 Ça, c'est la première chose.
12:41 La deuxième chose, pour répondre à votre question, alors, on voit sur les images que
12:47 je ne vais pas prendre de risque, c'était un corrézien de souche.
12:53 Très bien.
12:54 Tout le monde l'a vu.
12:56 Alors, on dit, ah, pas de lien avec l'immigration.
13:00 Et moi, j'en fais un si.
13:01 Je vais vous dire celui que je fais.
13:03 C'est que quand vous laissez les multirécidivistes en liberté, quand vous ne prévoyez pas de
13:16 mettre hors d'état de nuire des gens qui sont dérangés sur le plan mental et quand
13:24 vous prétendez intégrer sans assimiler, vous avez cette situation.
13:28 C'est-à-dire qu'en fait, pour le moins, on peut dire que cet homme n'est pas assimilé.
13:33 Alors, il y a un lien entre l'immigration et la sécurité qui passe par l'assimilation.
13:37 C'est-à-dire qu'être français, c'est une chose.
13:41 Être français de papier, être français de préfecture, c'est une chose.
13:44 Mais être français de cœur, d'âme et de mœurs par l'art de vivre, c'est autre
13:48 chose.
13:49 Et ça s'appelait l'assimilation.
13:50 Qu'est-ce que c'est l'assimilation ? L'assimilation, assimiler quelqu'un, c'est
13:57 rendre l'autre pareil à soi.
14:01 C'est rendre l'autre un autre soi.
14:04 C'est-à-dire donner envie de lui ressembler.
14:08 Alors effectivement, aujourd'hui, la France, les Français ne donnent pas envie de leur
14:14 ressembler parce qu'ils ont perdu le goût de leur propre racine.
14:18 Ce zombie errant qui n'avait rien à faire dans la rue, c'est un français de papier
14:26 à qui on n'a jamais expliqué ce qu'était la France.
14:29 Et le crime, c'est le crime des hommes politiques.
14:33 J'ai une question, pardon Eliott, je suis désolé.
14:35 En fait, vous tenez le même discours aujourd'hui qu'en 2007.
14:39 On a vu l'archive, c'est assez flagrant.
14:41 Vous utilisez les mêmes mots, vous avez le même diagnostic.
14:43 La vérité, c'est qu'en fait, vous le dites depuis 40 ans.
14:45 Et comme dirait le général de Gaulle, vous le dites depuis 1000 ans.
14:48 J'ai une question par rapport à ce qu'on a vu en 2007.
14:50 Est-ce que vous avez vu la situation changer entre 2007 et 2023 ? Et si oui, comment vous
14:54 avez vu la situation changer ?
14:55 Alors en fait, elle s'est prolongée.
14:57 L'impuissance publique s'est prolongée, elle s'est confirmée, elle s'est amplifiée.
15:06 Et depuis 2007, je réfléchis avant de vous répondre, je dirais ceci, on a perdu définitivement
15:17 les deux souverainetés.
15:18 La souveraineté externe, la France n'est plus souveraine, c'est un pays soumis.
15:23 A des forces et des hégémonies extérieures.
15:27 Et on a perdu la souveraineté interne, la souveraineté régalienne, qui repose sur
15:34 l'ordre, la justice et la sécurité.
15:37 Et c'est la raison pour laquelle, déjà à l'époque, je pensais, mais là maintenant
15:43 je vais vous le dire, parce que moi je suis là en tant que l'OMLIM, je ne suis pas
15:46 étiqueté, je ne viens pas soutenir un colonial, etc.
15:49 En tant que sage ?
15:50 Oui, si l'on peut dire, oui.
15:53 Oui, une forme de sagesse prémonitoire.
15:56 Quelqu'un qui avertit sur son lavantin, la main en visière et qui dit "attention,
16:01 voilà ce qui va nous arriver".
16:02 Et donc, et en fait, je vais dire un truc qui va faire hurler mais ça ne fait rien,
16:08 il faut supprimer le syndicat de la magistrature.
16:10 Ah on y revient.
16:11 Parce que vous avez été d'ailleurs sur le fameux mur des cons.
16:15 Oui.
16:16 On a retrouvé l'image, ce syndicat de la magistrature qui, vous le savez peut-être,
16:19 depuis 2005 par exemple, et là on revient sur la question de la justice politisée,
16:23 vous êtes donc sur le mur des cons, épinglé sur ce mur, une justice qui est parfois, on
16:28 dit, elle est politisée, d'autres parlent de gouvernement des juges, depuis 2005 ce
16:34 syndicat de la magistrature par exemple propose le guide du manifestant arrêté et il le
16:39 met à jour à chaque fois qu'il y a une nouvelle mesure.
16:41 On a pu voir cette semaine également, et c'est pour ça qu'on revient sur ce sujet,
16:45 qu'il y ait une contre-circulaire aux demandes du ministre de la justice, dire fermeté lors
16:50 des manifestations, lorsqu'il y a des gens qui s'en prennent aux forces de l'ordre.
16:55 Quel regard vous portez sur ce syndicat ? Vous vous dites stop au syndicat de la magistrature,
16:59 au syndicat de magistrats ?
17:00 J'ai connu des élèves de l'école nationale de la magistrature à Bordeaux.
17:09 Ils m'ont tous dit, depuis des années, c'est une école où on apprend la justice renversée.
17:18 C'est-à-dire le principe rousseauiste, pas l'autre.
17:25 Jean-Jacques, quand il dit "l'homme naît innocent, c'est la société qui le déprave".
17:33 On vide ce principe rousseauiste révolutionnaire qui date des Lumières.
17:39 C'est la société qui déprave l'homme.
17:42 Donc, en fait, l'homme dépravé rend justice à la société.
17:46 Et donc, on se promène culpabilisés tous en disant "mais quand même, c'est quand
17:52 même de notre faute".
17:53 En fait, c'est ça qui traîne dans la société.
17:55 Et le syndicat de la magistrature, quand il est né en 68, il a ramassé tout ça, il
18:02 en a fait une idéologie et son principe n'est pas, contrairement à celui des juges qui
18:09 sont évidemment majoritaires et majoritairement neutres, son principe c'est de régler ses
18:15 comptes.
18:16 C'est de régler ses comptes pour faire avancer la révolution.
18:19 Alors, on ne sait plus de quelle révolution aujourd'hui, mais en tout cas, on sait qu'ils
18:25 sont du côté des islamistes, ils sont du côté des wokistes, ils sont du côté de
18:29 tous ceux qui veulent déconstruire la société.
18:32 Et donc, ça pose un problème énorme.
18:36 Je vais aller loin.
18:37 C'est le problème de l'état de droit.
18:38 Il y a cinq cours suprêmes aujourd'hui, donc vous ne pouvez pas vous en tirer avec
18:43 cinq cours suprêmes, vous ne pouvez rien voter.
18:45 Le pouvoir juridictionnel a pris le pouvoir.
18:49 Un jour, j'ai eu une conversation avec François Mitterrand là-dessus, sur les juges, et il
18:56 m'a dit ce qu'il a répété d'ailleurs après en public.
18:58 Il m'a dit "vous qui connaissez bien la monarchie capétienne".
19:02 Parce que je lui parlais du fouet de Louis XIV qui a été entré un jour au Parlement
19:07 en disant "maintenant, ça suffit, parce que le Parlement, après la fronde et pendant
19:12 la fronde, voulait en finir avec la monarchie française".
19:14 Et donc, je lui raconte cette histoire, il me dit "vous savez, les juges ont eu la peau
19:20 de l'ancien régime, ils auront la peau du nouveau".
19:22 Il voyait juste.
19:24 Et vous partagiez sa position à ce moment-là ?
19:27 Je partageais sa position et en fait, je lui ai répondu par une phrase du général de Gaulle.
19:31 De Gaulle disait "quand Jean Foyer est venu à l'Elysée, c'est Jean Foyer qui m'a raconté
19:41 cette histoire".
19:42 C'était un ami, un voisin, un homme extraordinaire qui jouait de l'or, qui était garde des
19:46 sceaux, etc.
19:47 Et très cultivé, il parlait latin couramment.
19:50 Et un jour, il me dit "je me suis trouvé face à de Gaulle pour lui faire signer la
19:54 ratification de la Convention européenne des droits de l'homme".
19:57 Et de Gaulle a dit "pas question".
19:59 Et il a ajouté "Foyer, il faut que vous compreniez, il y a d'abord la France, ensuite le droit
20:10 et enfin les juges".
20:12 Et ça voulait dire "je signerai pas".
20:17 Et donc, un pays dans lequel l'autorité judiciaire, qui n'est qu'une autorité, prend le pas
20:23 sur le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, c'est un pays dans lequel c'est le pouvoir
20:31 juridictionnel qui a pris le pouvoir.
20:33 Et Robert Lecour, le grand juge européen, a eu le culot dans ses mémoires de dire "oui,
20:42 le droit est porteur de charges dynamiques à effet différé".
20:47 Quand vous avez un pouvoir faible, comme par exemple la commission de Bruxelles, un pouvoir
20:51 de fonctionnaire, de banquier, de prétorien, c'est les juges qui gagnent.
20:54 Dès qu'un pouvoir est faible dans l'histoire, je dis ça parce que moi je suis là pour
21:00 éclairer l'instant, comme vous l'avez très bien dit, et pour éclairer l'instant, je
21:04 dis "les juges doivent rester à leur place".
21:06 Dès que vous êtes faibles, les juges prennent le pouvoir et dès qu'ils prennent le pouvoir,
21:11 ils imposent une idéologie qui n'est pas celle du peuple.
21:14 Vous avez porté plainte contre le syndicat de la magistrature pour le mur des cons ou
21:17 pas ? Oui.
21:18 Et vous avez gagné du coup ? Vous avez fait partie de ceux qui ont fait condamner sa présidente
21:21 ? Absolument.
21:22 Je ne sais plus si c'était l'être Gollnadel qui nous défendait, qui était un peu désespéré
21:26 parce que ça a traîné pendant des années et des années.
21:29 Alors moi j'étais au milieu avec une petite épingle sur le front.
21:32 On l'a vu la photo ? Ah oui, vous l'avez vue.
21:34 Bien sûr, regardez.
21:35 Et quand vous découvrez que vous êtes sur ce mur, vous dites quoi ? En 30 secondes avant
21:41 la publicité parce qu'après il faut parler de l'Europe.
21:42 Et c'est un enjeu majeur.
21:44 Je me suis dit, j'ai pensé à la phrase de Charette, un officier de marine ne se décourage
21:53 jamais d'être une cible.
21:54 La publicité.
21:55 On revient dans un instant.
21:57 Chronique d'une déchéance annoncée concernant l'Europe.
22:00 On se posera cette question et je le redis aux téléspectateurs.
22:03 Là on va découvrir des échanges saisissants.
22:06 Vous êtes face à Jacques Lang, Alain Juppé.
22:07 On verra un échange également, un moment de tension sur un plateau de télévision avec
22:11 Conbandit et on va essayer de comprendre ce qui s'est passé, pourquoi cette Europe,
22:17 selon vous peut-être ou non, marche à l'envers aujourd'hui.
22:20 La publicité, à tout de suite.
22:21 La deuxième partie de la semaine de Philippe Devilliers, toujours avec Philippe Devilliers,
22:29 bien sûr avec Geoffroy Lejeune.
22:31 On va parler de l'Europe à présent.
22:32 Chronique d'une déchéance annoncée et je vais vous proposer pour commencer une image
22:37 puisque Giorgia Meloni était à l'Elysée et a rencontré cette semaine Emmanuel Macron.
22:43 Certains parlent de tentative de réconciliation en Macronie après les attaques contre la
22:48 chef italienne sur la question migratoire.
22:51 Quand on voit cette image Philippe Devilliers et qu'on a pu décoder toutes ces tensions
22:58 qu'il y a pu avoir entre la France et l'Italie, quel regard vous portez sur ces relations
23:02 entre les Français et les Italiens ?
23:04 En fait, Meloni et Macron ne peuvent pas s'entendre.
23:12 Elle vient de faire voter une loi sur la GPA, contre la GPA et elle se préoccupe du problème
23:17 de l'immigration alors qu'Emmanuel Macron est pour la GPA, pour l'Etat nazi, pour la
23:23 destruction de la famille et pour une immigration incontrôlée.
23:27 C'est même son souhait.
23:29 Je reprends la phrase de Mathieu Bocotte.
23:31 Il veut faire de la France le laboratoire planétaire du paradis diversitaire.
23:36 Donc, ils ne peuvent pas s'entendre.
23:37 Mais moi, ce qui me frappe, c'est qu'en fait, la France qui prétend instaurer une
23:41 souveraineté européenne, on va peut-être en parler, elle se fâche avec tout le monde
23:46 en fait.
23:47 Regardez, il s'est fâché au Bourget avec Scholz sur le bouclier antimissile.
23:52 Ce n'est pas rien, la fâcherie allemande.
23:55 Bon, il se fâche avec Orban à cause de l'État de droit.
23:59 Il se fâche avec les Polonais qui ne veulent pas que leurs juges dépendent des juges de
24:02 Bruxelles.
24:03 Les Anglais sont partis.
24:06 Il nous reste la Méditerranée, le Club Med.
24:09 Bientôt, il va se fâcher avec les Espagnols qui vont voter à droite.
24:13 Donc, en fait, plus il parle de souveraineté européenne, plus le souverain est nu.
24:19 Avançons justement et regardons une image pour parler de l'Europe, un moment historique.
24:24 Alors, c'était précisément il y a 12 280 jours.
24:28 J'ai regardé sur Internet le 9 novembre 1989.
24:33 Voyons cette photo.
24:34 C'est bien sûr la chute du mur de Berlin.
24:37 Lorsque le mur tombe, vous êtes où, Philippe de Villiers ?
24:40 Qu'est-ce que vous vous dites ?
24:41 Qu'est-ce qui se passe dans l'univers politique ?
24:43 Je me souviens très bien de cette soirée.
24:47 Le 9 novembre 1989, nous étions chez l'IP.
24:52 Restaurant Brasserie historique française parisienne.
24:55 Charles Basquois, Jacques Chirac, Charles Millon et Jean-François Degnaud.
25:01 Jean-François Degnaud, l'artisan, un des artisans du traité de Rome.
25:05 Un académicien brillantissime.
25:08 Et là, Degnaud nous dit, il y a eu deux phrases clés que j'ai retenues cette nuit-là.
25:14 Degnaud nous dit, il va falloir tout revoir.
25:16 On ne peut pas continuer avec le futur traité de Maastricht.
25:20 Parce qu'il faut faire la grande Europe.
25:22 Il faut faire l'Europe du général de Gaulle et de l'Atlantique à l'oral.
25:24 Il faut réunifier le continent.
25:27 L'occasion est historique.
25:29 Et Millon se tourne vers moi, il me prend le bras, il me dit,
25:34 "Philippe, tu te rends compte de ce qui nous arrive ? Tu te rends compte ?
25:38 Moi, je pensais que nos arrières, petits enfants peut-être,
25:42 pourraient voir ça un jour, la chute du mur, la fin du communisme.
25:46 On va pouvoir faire un autre procès de Nuremberg.
25:49 Et c'est nous, on est là, on est vivants.
25:52 Voilà. Et le lotard dit, demain, on part sur le mur,
25:56 en avion, pour aller voir Ostropovitch.
25:59 Et donc, en fait, on aperçut, tous autour de la table,
26:03 chez Raak-Pasqua, on percevait, on percevait tous que
26:06 c'était un événement majeur, comme il en arrive une fois par siècle.
26:11 Et à partir de cet instant, dans les jours qui ont suivi,
26:15 j'ai humé dans l'atmosphère un vent de folie
26:21 qui nous éloignait de toute forme de bon sens.
26:25 Je voyais qu'on était en train de commettre deux erreurs historiques.
26:29 La première erreur historique, c'est d'avoir construit l'Europe de Maastricht,
26:37 l'Europe de l'OMC, l'Europe de Schengen,
26:39 puisque c'était trois traités en même temps.
26:41 L'OMC, c'est l'Organisation commerciale du monde, c'est-à-dire la mondialisation.
26:46 Ces trois traités, en fait, renfermaient l'idée d'une Europe,
26:51 je pèse mes mots, post-politique, post-démocratique,
26:56 avec une architecture post-politique, avec des fonctionnaires,
27:01 sans les États et avec un fédérateur extérieur qui était l'Amérique,
27:07 et sans aucune logique interne de puissance propre,
27:11 avec simplement l'idée de dépasser les identités des peuples.
27:15 Ça, c'est la première erreur.
27:16 Et la deuxième erreur, c'est la mondialisation eurose,
27:19 c'est-à-dire, on nous dit l'ouverture.
27:24 Je me souviens à Bayrou, etc. L'ouverture.
27:26 L'idéologie de l'ouverture.
27:28 Il ne faut plus de frontières, il faut des ponts.
27:31 L'ouverture, ça veut dire, c'est la fin des guerres, la fin définitive.
27:36 On pensait que le communisme allait durer 1000 ans,
27:38 Hitler pensait que le Reich allait durer 1000 ans,
27:41 on pense toujours que ça va durer 1000 ans.
27:42 Et là, on a pensé que la démocratie libérale allait durer 1000 ans,
27:45 et comme a dit très bien Weydrin,
27:47 ils ont cru que la démocratie libérale allait avaler,
27:52 allait dissoudre les identités récalcitrantes comme de simples calculs rénaux.
27:58 Et donc, en fait, on nous a dit, il n'y a plus de guerre,
28:00 il n'y a plus d'histoire, Fukuyama, il n'y a plus d'histoire,
28:03 c'est la démocratie libérale qui va s'étendre à tout le monde.
28:06 Il n'y a plus d'idées, il n'y a plus de religion.
28:09 Et donc, les barrières vont sauter,
28:13 l'échange va remplacer, va faire taire les tensions du monde,
28:21 les pulsions humaines, le marché planétaire de masse.
28:25 On va avoir non plus des citoyens qui sont toujours dangereux,
28:29 mais des consommateurs.
28:31 Et en fait, le temps des frontières est fini.
28:34 On fait des billets avec l'euro, sur les billets,
28:37 on met des ponts qui vont nulle part.
28:38 Voilà, et c'est ça en fait.
28:40 Et qu'est-ce qu'on constate aujourd'hui ?
28:43 30 ans après, c'est pour ça que j'en parle avec vous,
28:47 30 ans après, on a une Europe sans corps,
28:52 pas de territoire sur le plan physique.
28:55 Le conseil de Lacken un jour a dit
28:58 "la seule frontière de l'Europe, c'est les droits de l'homme et la démocratie".
29:01 Ou on va comme ça.
29:03 Donc, c'est une espèce de super état administratif, mais sans corps.
29:08 Une Europe sans tête, ou plutôt la tête est à Washington,
29:12 puisque Washington nous entraîne dans ses guerres.
29:15 Ça continue, et ça va continuer.
29:17 On est un peuple soumis.
29:20 Mon frère, chef d'état-major des armées, dirait
29:24 "qu'est-ce qu'un peuple qui a une armée,
29:26 mais qui obéit à une autre armée, lorsqu'il s'agit de faire la guerre ?"
29:32 Donc, on est dans cette situation, on n'a pas de tête.
29:34 Donc, une Europe sans corps, une Europe sans tête,
29:36 et une Europe sans âme, livrée au hookisme, à l'islamisme et au transhumanisme.
29:41 Et donc, en fait, là, avec ce qui est en train de se passer,
29:47 la guerre d'Ukraine, je vais vous dire ce qui va se passer.
29:54 D'abord, l'Europe va devenir l'appendice démographique du Sud global,
30:04 c'est-à-dire la colonie diversitaire de ses anciennes colonies,
30:09 sur le plan démographique.
30:12 Le Sud global, c'est-à-dire la colonie...
30:15 L'isme de l'Eurasie va devenir la corne de l'Afrique.
30:20 Deuxièmement, cette Europe qui a pris l'habitude d'aller écrire son avenir
30:26 sur le continent américain, elle va bientôt prendre l'habitude,
30:29 c'est commencé, à aller écrire son avenir sur le continent asiatique,
30:37 sous le regard ahuri des BRICS, dont le PIB est aujourd'hui supérieur,
30:43 selon les derniers chiffres, au G7.
30:47 Le monde a basculé, les Européens ne se sont pas encore aperçus.
30:50 Et surtout, le plus important, c'est que l'Europe est en train de perdre
30:55 sa civilisation, au sens du mot de Paul Valéry qui disait
30:58 "J'appelle Européenne toute terre qui a été successivement romanisée,
31:02 christianisée, soumise à l'esprit et à la discipline des Grecs".
31:05 - Geoffroy Lejeune.
31:06 - Il y a une chose qui me frappe politiquement sur le sujet européen,
31:10 c'est que vous, vous êtes plutôt quelqu'un qui vient de la droite classique,
31:13 à l'origine, vous avez même été membre d'un parti plutôt centriste au début,
31:17 et votre rupture avec ce camp politique, c'est la question justement européenne,
31:20 parmi d'autres, mais essentiellement la question européenne.
31:22 Il y a Maastricht, où vous êtes parmi ce que vous appelez
31:24 les conscrits de Maastricht, avec Chevènement, avec Séguin et Pasqua,
31:28 et ça c'est votre défaite politique, mais en fait quand on regarde
31:31 la suite de votre parcours politique, vous n'avez quasiment que des victoires.
31:34 Vous faites une liste avec Pasqua pour défier celle de Nicolas Sarkozy
31:37 aux élections européennes et vous le battez,
31:39 vous gagnez avec d'autres le référendum de 2005,
31:43 quand on regarde si vous voulez les élections présidentielles
31:45 depuis plusieurs années, vous additionnez les forces anti-européennes,
31:48 elles sont supérieures en nombre aux forces européennes,
31:50 et à la fin, c'est Sarkozy qui a été élu président alors que vous l'aviez battu,
31:54 Emmanuel Macron qui parle de souveraineté européenne, qui est au pouvoir
31:56 et qui n'a pas été délogé pour son deuxième mandat.
31:59 Comment vous expliquez cette défaite politique permanente des souverainistes
32:02 et des gens qui sont contre cette Europe sans corps et sans âme ?
32:05 Tout simplement parce que les citoyens français n'ont pas encore compris,
32:11 parce qu'ils ne l'ont pas touché du doigt,
32:14 que 80% de ce qui concerne notre destin, nos lois, nos règlements, etc.
32:20 ce n'est plus chez nous, c'est à Bruxelles.
32:24 Et quand par exemple on entend les hommes politiques qui disent
32:28 "il faut que le Parlement retrouve des pouvoirs", ça me fait rire,
32:31 parce qu'en dehors de la retraite d'enseignants combattants
32:34 et de canonneries scolaires, il n'y a plus de pouvoir,
32:35 on ne fait que transposer des directives.
32:38 Sauf quand on nous dit, quand l'Europe nous dit "maintenant il faut payer".
32:41 Vu qu'on ne veut pas choisir entre l'État-providence et une France sans frontières,
32:46 il faut payer, il faut payer la différence parce qu'il faut payer l'immigration.
32:50 Mais on va prendre l'exemple de 2007, c'est extraordinaire,
32:57 Sarkozy et Hollande sont pour le "oui", c'est le "non" qui l'emporte,
33:01 donc normalement c'est les candidats du "non" qui gagnent la présidentielle.
33:04 Eh bien non, parce qu'en fait les gens déconnectent encore aujourd'hui.
33:10 Par exemple on dit "oui, il faut résoudre le problème de l'immigration",
33:13 et les gens ne voient pas que le problème de l'immigration ne nous concerne plus,
33:16 c'est plus nous qu'avant. Si, les LR viennent de voir ça.
33:20 C'est-à-dire qu'en fait vous avez des lois françaises qui sont inférieures aux lois européennes.
33:26 Et nos cours suprêmes obéissent aux cours suprêmes européennes.
33:30 Donc en fait notre droit est dicté par une force extérieure, une puissance extérieure.
33:35 Donc en fait si on veut rétablir nos frontières,
33:38 en finir avec les abus du droit d'asile etc., il faut avoir le pouvoir.
33:44 En d'autres termes, moi j'ai compris grâce à Séguin, Pascouane, Arif France-Garaud,
33:51 à l'époque il y avait aussi Jean-Marie Le Pen et Jean-Pierre Chévenement,
33:55 nous nous avons compris que lorsque le pouvoir n'a plus le pouvoir, il ne peut rien pour vous.
34:03 Messieurs.
34:04 Et donc le programme c'est le rapatriement du pouvoir.
34:10 Le temps défile.
34:11 On a deux séquences, vous plaisantez c'est passionnant.
34:14 On a deux séquences, on va devoir en choisir une.
34:16 Soit c'est sur Maastricht, vous êtes à face à Jacques Lang et Alain Juppé.
34:20 Soit, donc là on est en 92, soit c'est 13 ans plus tard, 2005, encore une fois débat télévisé.
34:28 Et là c'est extrêmement violent entre Daniel Comendit et vous.
34:31 Mais sur les deux cas en fait vous êtes le porte-parole,
34:33 vous lancez l'alerte en disant attention ce qui se passe en Europe ça va être dangereux.
34:38 L'idée que vous en faites, elle ne correspond pas à la réalité.
34:41 Dans 30 ans il va se passer quelque chose de grave.
34:44 Vous choisissez Maastricht ou 2005 ?
34:46 Maastricht.
34:46 Maastricht ?
34:48 Regardons, c'est 7 sur 7 l'émission.
34:50 Un Libyen qui entre en Sicile le 2 janvier 1993, c'est comme s'il était en France.
35:01 Mais avant Maastricht, Philippe de Villiers...
35:03 C'est-à-dire entre deux dernières, nos frontières...
35:04 Avant Maastricht il n'a pas de visa, après Maastricht il lui faut un visa.
35:07 Il faut dire la vérité.
35:08 C'est-à-dire qu'à partir du 2 janvier 1993...
35:12 Il ne se passera rien parce que le 2 janvier 1993 Maastricht ne sera pas appliquée.
35:15 D'accord, alors vous êtes en train de nous dire que Maastricht ne s'appliquera pas.
35:18 Plus tard, plus tard, mais pas du tout.
35:21 Il ne faut pas tout mélanger.
35:23 C'est vraiment, d'abord il faut avancer l'histoire.
35:25 Je dis que c'est l'amalgame.
35:27 Et ensuite c'est ce qu'on appelle de l'amalgame.
35:30 C'est malhonnête intellectuellement, c'est malhonnête moralement que de mélanger tout.
35:34 Et de tromper, vous cherchez à tromper et à faire peur.
35:37 Mais non parce que vous manipulez les textes, vous trompez, vous dites des choses qui sont fausses.
35:41 Ce n'est pas acceptable que sur une affaire aussi grave, vous puissiez jouer avec les textes.
35:45 Ne vous énervez, M. Lang, ne vous énervez.
35:47 Calmez-vous dans le sens d'une utilisation rigoureuse des textes et des articles.
35:52 Philippe de Villiers, à la parole.
35:54 Tout à l'heure lorsque vous avez parlé de la charte sociale, M. Lang, vous ne me manquez pas d'air quand même.
35:59 Avec 3 millions de chômeurs, une insécurité en France comme on n'a jamais connue,
36:06 le problème des prélèvements fiscaux, et là je pense qu'Alain Juppé sera plutôt de mon côté,
36:11 qui sont parmi les plus élevés d'or.
36:12 Vous êtes très sollicité ce soir Alain Juppé.
36:14 Ah oui, il est entre les deux.
36:16 Non, non, je suis sur ma ligne à moi.
36:18 Sa position n'est pas facile.
36:19 Sur Maastricht, je crois que la position est claire, sur la ligne intérieure aussi.
36:22 Et vous êtes en train de nous dire, avec Maastricht, qu'on va à nouveau raser gratis.
36:27 Un Libyen qui entre en Sicile en 93, c'est comme s'il était en France.
36:31 92, c'est un retour vers le futur cette séquence.
36:34 Et Jacques Langue vous interpelle, vous mentez, vous agitez les peurs.
36:39 Vous lui répondez quoi 30 ans plus tard ?
36:41 Je lui réponds ce qui est en train de se passer.
36:44 On a été chercher la Turquie, on a payé 6 milliards pour qu'elle garde notre frontière il y a quelques années.
36:50 Et maintenant on va regarder, c'est dans l'immédiate actualité,
36:54 on négocie avec la Libye, avec la Tunisie, on leur dit,
36:57 on va vous donner de l'argent pour que vous puissiez faire le travail que nous on ne peut plus faire.
37:02 En d'autres termes, voilà Schengen.
37:05 CQFD.
37:07 Et ce que je veux dire, il y a un souvenir qui me revient en voyant ces images, c'est extraordinaire,
37:11 parce que dans "La tentation de Venise", que Alain Juppé a publié quelques années après,
37:16 il raconte ce débat et il dit, on s'était vu pendant une journée, Jacques Langue et moi,
37:25 pour aiguiser nos arguments et se préparer ensemble pour faire un vrai duo.
37:32 Donc les Français qui nous regardent, il faut qu'ils sachent une fois pour toutes
37:37 que Séguin avait raison quand il disait, ce sont deux détaillants qui vont se fournir au même grossiste.
37:45 Là on avait les deux détaillants, talenteux chacun d'ailleurs, Alain Juppé, Jacques Langue,
37:51 ils étaient concertés et en fait ils étaient trois contre moi, parce qu'il y avait Anne Sinclair.
37:56 Et Anne Sinclair me dit, mais si le oui l'emporte, Philippe de Hullier,
38:00 est-ce que vous démissionnerez du Conseil général de la Vendée ?
38:03 Et à ce moment-là je réplique, et si le oui, et si le non l'emporte,
38:07 est-ce que vous démissionnerez de TF1 ?
38:10 Donc en fait, c'était l'époque où Delors disait, il faudra que ces gens-là,
38:19 en parlant de Pascua, Séguin, etc., le non, il faudra que ces gens-là quittent la politique.
38:25 Et ils sont restés.
38:27 Et Alain Mink disait, il ajoutait, car ils sortent du cercle de la raison.
38:33 Quand vous voyez cette séquence, Geoffroy Lejeune, qu'est-ce que vous vous dites aujourd'hui ?
38:39 C'est la personnification de ce que certains ont appelé l'UMP, c'est quand même assez...
38:43 à l'époque de l'UMP, c'est incroyable.
38:46 Mais on sent qu'Alain Juppé est mal à l'aise.
38:49 Puisqu'au fond il est entre les... bah si d'ailleurs, il lui dit...
38:53 Mais sa ligne n'est pas très claire.
38:55 Eliott, vous savez ce que je pense en écoutant à l'instant l'expression de l'UMPS ?
39:01 Macron, c'est à la fois Juppé et Lang, en fait.
39:07 Il a réussi, c'est la première fois, ce que d'ailleurs voulait Bayrou,
39:12 c'est-à-dire qu'il y a un homme qui incarne la gauche et la droite du oui.
39:17 La gauche et la droite Maastrichtienne, la gauche et la droite de la mondialisation heureuse,
39:21 la gauche et la droite de Schengen.
39:23 Lui, il veut en finir avec la France, c'est son propos,
39:28 il fait partie des élites mondialisées, Young Global Leader.
39:32 Et en fait, Lang et Juppé se disaient en aparté,
39:37 un jour peut-être il y aura quelqu'un qui va personnifier, qui va unifier ce qu'on pense.
39:42 C'était leur rêve, c'était le rêve des élites, il a été accompli.
39:44 Moi, la chose que je me dis vraiment quand je vois l'image,
39:46 et j'ai beaucoup d'estime et d'amitié pour Philippe de Villiers,
39:49 mais vraiment ça me fait de la peine, c'est de me dire que, vous regardez cette image,
39:52 vous vous dites que Jack Lang, quelques temps avant, il est ministre de la culture, flamboyant.
39:57 Alain Juppé, trois ans après, il est Premier ministre.
39:59 Ensuite, jusqu'à il y a très peu de temps, jusqu'à il y a quelques mois,
40:02 Jack Lang était patron de l'Institut du Monde Arabe, après avoir été toute sa vie.
40:06 Il a renouvelé.
40:07 Et il est renouvelé, après avoir été toute sa vie très bien occupé par la République.
40:11 Alain Juppé est membre du Conseil constitutionnel,
40:13 après avoir été maire de Bordeaux, candidat à la primaire de la droite,
40:16 tout allait bien pour lui.
40:17 Alain Juppé d'ailleurs a chuté à un moment donné,
40:19 il est revenu en politique, il est redevenu ministre,
40:21 ministre d'État, candidat quasiment porté par les sondages, etc.
40:24 Et je vois Philippe de Villiers en face, qui fondamentalement avait raison ce jour-là,
40:27 de dire ce qu'il disait, et je me dis que vous, vous avez en fait tout perdu,
40:31 vous avez été abandonné, on vous a beaucoup craché dessus aussi,
40:33 et que ce qui a fait que vous avez survécu médiatiquement,
40:36 c'est votre petit travail d'artisan, d'écrivain et d'inventeur du cul du fou,
40:41 et que finalement vous n'avez pas eu les mêmes largesses qu'eux.
40:44 Et je reconnais que, en fait c'est pour ça que je vous dis,
40:46 vous êtes vraiment un perdant, et ils ont vraiment tout gagné ce jour-là,
40:49 avec ce référendum, c'est ça qui est dingue.
40:51 – Oui, alors je vais vous répondre, on n'est pas sage,
40:55 moi j'ai 74 ans, tous les jours je me dis, bon, merci mon Dieu,
41:00 encore six journées, pourquoi je dis ça ?
41:03 Parce que ce qui compte c'est la France.
41:05 Donc moi je suis entré en politique par effraction,
41:11 on m'a demandé de devenir président du conseil général,
41:13 Jacques Chirac m'a appelé pour être secrétaire d'État à la Culture,
41:16 je n'étais pas du tout en politique, mais du premier jour où je suis arrivé,
41:21 rue de Valois, je me suis dit, la France, la France, la France,
41:25 c'est mon obsession, une obsession familiale depuis Hastings,
41:30 que j'ai arrêtée de mon père, dans ma famille on travaillait pour la France,
41:35 normalement on meurt au champ d'honneur,
41:37 donc vous êtes en train de dire, vous êtes mort au champ d'honneur, pas mal,
41:40 ça vaut mieux que les décorations.
41:42 – J'ai une autre question aussi, vous avez parlé tout à l'heure
41:44 de l'isolement de la France au sein de l'Union Européenne,
41:46 je sais que vous connaissez bien l'Espagne par exemple,
41:49 vous y avez implanté le Puy du Fou à Tolède,
41:52 je sais que vous connaissez, vous avez rencontré Viktor Orban,
41:55 que vous connaissez certains dirigeants des droites européennes,
41:59 est-ce que vous croyez vraiment, et si oui comment,
42:02 au fait qu'une réforme de l'Europe viendra des autres pays,
42:05 est-ce que par exemple les prochaines élections européennes
42:07 peuvent être une étape pour ça, avec une autre majorité etc. ?
42:09 Qui vous voyez se révéler comme leader d'un projet alternatif européen ?
42:12 Est-ce que vous avez de l'espoir là-dedans,
42:14 ou est-ce que vous pensez que ça restera comme aujourd'hui ?
42:18 Je pense que tout est par terre là, potentiellement avec la fin de la guerre
42:23 qui arrivera un jour entre l'Ukraine et la Russie, il faudra tout reconstruire.
42:27 On sera exactement dans la situation, on était chez l'IP le 9 novembre 1989,
42:32 c'est-à-dire qu'en fait, parce que la Russie elle est en Europe,
42:37 Dostoevsky parlait français etc.
42:39 Donc on aura beau aller chercher les clés en Chine, en Inde ou aux Etats-Unis,
42:46 c'est-à-dire qu'en fait la France s'accroche à une Europe allemande
42:50 qui n'est plus le chouchou de l'Amérique,
42:52 et l'Europe allemande s'accroche elle-même,
42:58 ça rime à un empire qui se décompose, l'empire américain.
43:03 Et on va assister au piège de Thucydide, vous savez le piège de Thucydide,
43:07 c'est une nation déclinante, l'Amérique, qui voit une nation montante, la Chine,
43:12 et qui organise le conflit.
43:14 Nous on va être impuissants, on va être spectateurs.
43:18 Et donc il n'y a qu'une solution, c'est de retrouver l'idée du continent européen,
43:23 malgré tout.
43:24 Et pour retrouver l'idée du continent européen, il faut faire une Europe des nations.
43:27 Il ne faut pas se débarrasser des identités des peuples.
43:30 Il nous reste une minute.
43:32 Vous imaginez, on avait tellement de thèmes à traiter encore.
43:35 Donc ce que je vous propose c'est vraiment de réagir,
43:37 parce que c'est la semaine de Philippe de Millier,
43:39 et que vous êtes allé dans ce fameux musée national de l'histoire de l'immigration,
43:43 je vais vous montrer cette image qui a été beaucoup commentée,
43:45 enfin beaucoup, chez nous oui, dans les médias mainstream, pas trop.
43:49 C'est fou tous ces étrangers qui ont fait l'histoire de France en parlant de Louis XIV.
43:54 Philippe de Villiers, vous êtes en train de travailler sur un ouvrage sur le roi Soleil.
44:00 C'était un migrant Louis XIV ?
44:08 Oui, donc il était marié avec une Espagnole, il avait une grand-mère autrichienne.
44:14 Donc c'est une sorte de migrant un peu particulier.
44:17 Vous savez, Finkielkraut m'a dit, quand il a sorti "La défaite de la pensée",
44:23 les cancres d'aujourd'hui seront les profs de demain.
44:26 Donc les profs, là ils sont au musée.
44:29 En fait, il s'est marié dans la même famille.
44:34 C'était la même famille, la Haas-Bourde, ça c'était la même famille.
44:37 C'était la chrétienté.
44:38 Donc en fait, quelqu'un qui migre dans la chrétienté, ça s'appelle un pèlerin.
44:43 Ça ne s'appelle pas un migrant.
44:45 Quelqu'un qui migre dans une famille, ça s'appelle un cousin.
44:48 Donc en fait, il était cousin, il était neveu, il était oncle,
44:52 mais à aucun moment il n'a été migrant.
44:55 Et puis, je vais vous dire, moi ça m'a réjoui.
44:58 Parce que je me suis dit, des migrants comme ça, j'en veux des millions.
45:01 Et plus que ça, je me suis dit, en fait, ils vont rater leur cible.
45:07 Parce qu'il va y avoir plein de petits migrants qui vont voir cette affiche,
45:11 qui vont prendre en sympathie le migrant, qui vont à la Versailles,
45:15 et qui vont devant les jardins de Versailles, et ce chef-d'œuvre de l'art classique,
45:19 vont se dire, mais il faut qu'on aille voir Racine, Corneille,
45:22 qu'on aille retrouver tous ces gens-là.
45:24 Et en fait, ils sont peut-être en train de fabriquer les petits français,
45:28 et donc ils se sont complètement plantés.
45:31 Ça s'appelle à l'armée un mouvement ataxique.
45:34 Et en fait, ce que je veux dire, c'est que la France, en fait,
45:37 est un pays d'immigration depuis le XXe siècle.
45:40 Avant, c'était un pays d'émigration, en dehors des reines et des artistes.
45:45 C'était un pays d'émigration, de surpression démographique.
45:48 Et depuis le XXe siècle, il y a une immigration de travail,
45:53 et puis maintenant, une immigration d'établissement.
45:56 L'immigration de travail, c'était l'Europe,
45:59 c'était les pays de la chrétienté, de l'ancienne chrétienté.
46:02 Et l'immigration, aujourd'hui, d'établissement, elle vient d'Afrique,
46:05 et c'est là que est tout le problème.
46:08 – Philippe Devilliers, un grand merci pour cet éclairage sur l'actualité,
46:12 et puis ce retour sur ces archives qu'on a pu découvrir.
46:16 Merci beaucoup à vous Geoffroy Lejeune,
46:19 vous pouvez revoir évidemment cette émission sur cnews.fr.
46:22 Et puis on reviendra longuement sur toutes ces thématiques,
46:24 la question migratoire, on y reviendra.
46:26 L'école de Papin Diaï, on parlera la prochaine fois de l'école de Papin Diaï.
46:29 L'info se poursuit sur CNews, merci à tous.