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Éric de Riedmatten reçoit un invité dans #LHebdoDeLEco pour approfondir un sujet économique…

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Transcription
00:00Avec tous les événements récents qui ont touché la France, les élections, la dissolution des Jeux olympiques, la crise financière,
00:07est-ce que la France est encore le beau pays dont on rêve ?
00:10Une étude signée par les Suisses fait le point sur ce sujet.
00:14On en parle avec Philippe Rumeau, vous dirigez depuis dix ans le cabinet de conseil Suisse Hospitalité Globale,
00:19spécialisé dans le tourisme et cette étude, vous l'avez réalisée.
00:23Alors la question, est-ce que les touristes sont toujours à l'aise quand ils viennent en France aujourd'hui ?
00:28Parce qu'en plus il y a la question de la sécurité.
00:30On considère que ce qu'on appelle nous l'incertitude plutôt que l'insécurité, c'est une notion qui est plus vaste.
00:38Incertitude politique, incertitude fiscale, incertitude du bon fonctionnement des transports publics,
00:44incertitude dans un tout tas de domaines, l'incertitude est le principal ennemi du tourisme.
00:50Et ça ne les empêche pas de venir.
00:51Alors il y a quand même un point qui est important, c'est est-ce que les touristes sont à l'aise en France ?
00:56Est-ce qu'ils dépensent suffisamment ?
00:57J'entendais la précédente ministre en charge du tourisme qui disait on a pratiquement 100 millions de touristes,
01:02mais ils dépensent moins qu'en Espagne, moins qu'aux Etats-Unis.
01:05Qui sont les principaux pays fournisseurs de clients en France de touristes ?
01:11L'Allemagne, la Hollande, le Benelux, le Royaume-Uni.
01:17Tous ces pays-là sont des pays limitrophes.
01:19Donc venir en France, ce sont des touristes qui n'échappent pas.
01:27Ils n'échappent pas complètement à leur réalité quotidienne d'une part.
01:30Et dans ces pays-là, il y a une proportion importante de touristes à petit budget.
01:37D'ailleurs, pour le prouver, qui sont les trois premiers pays fournisseurs de clients dans les campings français ?
01:44Le Royaume-Uni, la Hollande et la Belgique.
01:48Donc il ne faut pas s'étonner que le tourisme de masse en France est un tourisme qui est important en nombre,
01:54mais qui n'est pas un tourisme qui dépense beaucoup, pour les raisons que je viens de vous expliquer.
01:59Les JO, dans votre étude, vous dites que ça n'a pas été si bon que cela pour les caisses de l'Etat.
02:05Alors, ça a été bon et ça a été moins bon.
02:07Ça a été bon pour les hôtels de chaîne, à commencer par le groupe Accor,
02:11qui étant sponsor de la manifestation, de l'événement,
02:16et qui a mis des dizaines de millions d'euros sur la table, a été servi en premier par les organisateurs.
02:20C'est logique.
02:21En revanche, les hôteliers indépendants, et là, on a une étude qui nous a été fournie par le Cercle des hôteliers indépendants,
02:28une association qui regroupe plus de 2000 hôtels, presque 100 000 chambres d'hôtels,
02:33nous dit que là, la contre-performance est significative.
02:37Et pourquoi ? Parce qu'il faut aussi reconnaître, il faut être juste,
02:41certains hôteliers ont un petit peu perdu la boule lorsqu'il s'agit de fixer les prix des chambres pour les JO.
02:47On leur a dit pendant des années que Paris allait être submergé de touristes
02:51et qu'ils allaient pouvoir multiplier leurs prix par 3, par 4, par 5.
02:54Et en fait, la réalité, c'est que les arbres ne montent pas jusqu'au ciel.
02:57On l'a vu aussi avec Airbnb.
02:59Et c'est vrai qu'il y a un paradoxe.
03:00On pensait que les JO allaient apporter beaucoup d'argent de TVA, notamment à la France.
03:05Et finalement, ça n'a pas été le cas.
03:06Nos recettes sont inférieures.
03:07Est-ce qu'on pensait une année de JO ?
03:09C'est quand même incroyable.
03:10Oui, et la moralité, c'est qu'il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre.
03:16Et la deuxième moralité, la deuxième morale de cette histoire,
03:18c'est qu'on n'a absolument rien appris d'un scénario qui était identique.
03:22On aurait pu faire le copier-coller, c'était les JO de Londres.
03:25Parce que le même phénomène s'est produit à Londres.
03:27Alors, on va parler d'une ville limitrope de la France qui est Genève.
03:32Alors là, vous dites dans votre étude que c'est un exemple pour la France
03:36parce qu'il y a beaucoup d'investissements qui sont faits grâce aux impôts qui sont bas.
03:40Vous pouvez préciser ?
03:42Si vous voulez, il y a une théorie, mais qui n'est plus une théorie,
03:46qui est un cas pratique, qui se confirme tous les jours,
03:50c'est que plus la fiscalité est attractive
03:53et plus vous favorisez le pouvoir d'achat, les salaires et les investissements.
03:56À Genève, qui est le canton le plus fiscalisé de Suisse en matière d'impôts sur les bénéfices.
04:03Mais ce taux n'est que de 14,7 %.
04:06Pourquoi vous dites le plus fiscalisé ?
04:08Parce que la fiscalité en Suisse dépend des entreprises, dépend des cantons.
04:12Donc Genève, 14,7, mais à Zug, c'est 8.
04:15Ah oui, c'est ça, oui.
04:16Alors, le mécanisme est le suivant.
04:20Moins vous taxez et plus vous attirez les entreprises.
04:23Et il vaut mieux 10 entreprises qui payent 14,7 % d'impôts sur leurs bénéfices
04:31que 5 qui en payent 30.
04:32Oui, bien sûr, le particulier, on sait quelque chose.
04:34Donc, on est dans un cercle vertueux.
04:35Et pour cette raison, j'ajoute, la France est le cinquième pays qui investit le plus en Suisse.
04:44Et la Suisse, qui se sait moins, est le cinquième plus gros investisseur en France.
04:48Ah oui, il faut dire aussi que les salaires sont intéressants en Suisse.
04:51Pour ceux qui sont frontaliers, ils vont travailler à Genève, c'est quand même très nef, comme on dit.
04:55Mais du coup, dernière question.
04:57L'attractivité de la France que voulait Emmanuel Macron,
05:00est-ce qu'elle va être remise en cause par la hausse des impôts ?
05:03À terme, ce modèle-là n'est plus soutenable pour l'économie française.
05:08Et d'ailleurs, on voit que l'économie française, la France,
05:11est en train de perdre progressivement au fil du temps
05:14des places dans le classement mondial des plus grandes économies.
05:17Donc, il y a un moment donné, il va falloir se réveiller.
05:19Philippe Rubaud, merci beaucoup d'être venu en France, spécialement de Genève,
05:23pour nous parler de votre étude de Swiss Hospitality Global.
05:27Restez avec nous sur CNews.
05:29Merci à vous.
05:33Sous-titrage Société Radio-Canada

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