Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
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00:0013h-14h, l'Europe 1 13h. Avec Céline Giraud sur Europe 1 et vos deux chroniqueurs du jour.
00:05Céline, l'écrivain et philosophe Nathan Devers et le journaliste politique au Journal du Dimanche, Jules Therès.
00:11Et jusqu'à 14h, tiens on va parler, pour commencer, de Marine Le Pen.
00:14C'est un moment décisif au procès des assistants parlementaires européens du Rassemblement National.
00:19Aujourd'hui, avec les réquisitions du procureur de la République,
00:23après un mois et demi d'audience, la chef de file du Rassemblement National sera donc fixée sur les peines réclamées contre elle.
00:29Elles sont parties, et 24 autres prévenus, la menace d'une peine d'inéligibilité plane au-dessus d'elle.
00:34Mais ce matin, en arrivant à l'audience, vous allez l'entendre, Marine Le Pen était plutôt sereine.
00:38Je suis dans le même état d'esprit que la semaine dernière, que la semaine d'avant.
00:42Voilà, c'est le déroulé normal d'un procès, avec aujourd'hui une accusation qui accuse.
00:48C'est pas non plus très original. Je pense que le parquet va essayer de défendre la cause qu'il a initiée depuis dix ans.
00:56Il faut bien justifier cette procédure qui est apparue plus que branlante.
01:03Est-ce que vous craignez d'être impossible de vous présenter par le tribunal ?
01:06Nous n'en sommes pas là.
01:07Nous n'en sommes pas là, Marine Le Pen qui paraissait plutôt sereine, Jules Torres.
01:12Mais la menace plane bien, illégible.
01:14C'est une très très grande menace parce qu'elle pourrait l'empêcher d'être candidate à la présidentielle de 2027.
01:20La vérité, c'est qu'en effet, c'est un procès qui finalement dure depuis dix ans.
01:26L'OLAF avait commencé ses enquêtes en 2014.
01:31Donc je pense que Marine Le Pen, elle en a un petit peu marre de ce procès-là et elle a hâte d'en terminer.
01:37Mais en effet, le risque c'est une peine d'inéligibilité.
01:40Alors c'est malheureusement un petit peu flou parce qu'il y a deux peines d'inéligibilité.
01:44Il y a exutoire et non exutoire.
01:46C'est une peine assortie d'une exécution provisoire ou non ?
01:49Exécutoire, oui.
01:51Exécution provisoire.
01:53Dans le premier cas, Marine Le Pen est condamnée à une peine d'inéligibilité.
01:58Elle peut faire appel, c'est suspensif, elle peut se présenter à une campagne présidentielle.
02:02Dans le cas où c'est assorti d'une exécution provisoire, elle ne peut pas se présenter à une campagne présidentielle.
02:10Mais par contre, elle conserve son mandat.
02:12C'est ça qui est intéressant.
02:13Et l'autre sujet qu'il y a derrière, c'est que s'il y a une exécution provisoire,
02:17elle conserve son mandat.
02:19Mais attention, s'il y a une nouvelle dissolution et des nouvelles législatives,
02:21elle ne pourra pas se représenter.
02:23Et donc c'est là où on peut relier finalement cette potentielle condamnation
02:27à la stratégie du Ration National qui nous dit, on va sans doute peut-être censurer le gouvernement.
02:32Mais si Marine Le Pen est condamnée à cette peine exécutée...
02:37C'est un billard à trois bandes.
02:39C'est un billard à trois bandes.
02:41Et donc à la fin, l'ERN n'aurait sans doute pas intérêt à censurer.
02:45Ce qu'il faut dire sur ce procès, c'est que Marine Le Pen a fait preuve d'une remarquable ténacité.
02:50C'est-à-dire qu'elle a été présente tous les jours pour quiconque a déjà été au tribunal.
02:55Moi, je n'ai jamais été accusé de rien.
02:58D'autres personnalités politiques, elle, n'auraient pas assisté à toutes les audiences.
03:01Mais c'est chronophage, laborieux.
03:05On doit se justifier sur tout.
03:07Elle est avocate, on le rappelle.
03:09En effet, elle a remis à cette occasion sa robe d'avocate
03:14puisque ça faisait 20 ans qu'elle n'avait pas plaidé.
03:18Bon là, elle n'a pas plaidé, mais en tout cas, elle s'est défendue, point par point.
03:22Le problème, c'est qu'à mon avis, le dossier est tellement complet,
03:26il est tellement accablant.
03:28La question, c'est de savoir...
03:30Pour vous, elle risque d'être condamnée ?
03:32Je ne suis pas juge, je ne suis pas magistrat,
03:34je suis observateur.
03:36Je pressens quand même qu'au vu du dossier qui est accablant,
03:39on parle de 7 millions d'euros,
03:41de plus d'une vingtaine de personnes qui sont dans ce dossier,
03:45en effet, ça paraît accablant.
03:47Le sujet, c'est est-ce que le tribunal va juger que c'est un système ?
03:52Un système dont Marine Le Pen était au courant.
03:54La vérité, c'est que pour l'instant, on n'a pas forcément les preuves de ça.
03:58Et c'est tout l'argument que Marine Le Pen oppose.
04:00C'est-à-dire que, est-ce que moi, j'étais DRH de ce système-là ?
04:04Elle ne nie pas les pratiques, simplement, elle nie le fait d'avoir été impliquée véritablement.
04:08Je ne suis pas DRH.
04:09Elle dit que l'idée qu'elle serait Manitou, la grande ordinatrice de tout ça,
04:14est une idée loufoque, ce sont ses mots.
04:16Est-ce qu'on peut la croire sur ce sujet-là ?
04:18Et là, elle parle d'une accusation branlante.
04:19Absolument.
04:20On voit bien que quand on est un chef,
04:22on ne voit pas toujours ce qu'il se passe en dessous.
04:24Elle, elle dénonce donc un procès politique,
04:26un procès politique qui pourrait l'empêcher d'être candidate à la présidentielle,
04:29et j'en termine,
04:30mais ce serait démocratiquement un vrai sujet.
04:32Est-ce qu'on peut dire à quelqu'un qui a fait 42% lors de la dernière élection présidentielle
04:38qu'elle ne peut pas se représenter à une élection ?
04:41Est-ce qu'on peut dire à quelqu'un qui est la chef d'un parti
04:45qui a 143 députés à l'Assemblée Nationale
04:48qu'elle ne pourrait pas se représenter,
04:49alors qu'elle a fait 15 millions d'électeurs à la dernière élection ?
04:52C'est très compliqué.
04:53Démocratiquement, ça donnera vraiment un vrai sujet.
04:55En tout cas, on aura une tendance aujourd'hui.
04:56Et Nathan Devers ?
04:57Il y a un autre sujet démocratique, je trouve, derrière cette affaire.
05:00Marine Le Pen a vraiment construit sa carrière politique
05:03en critiquant la corruption latente chez tous ses opposants,
05:09que ce soit à l'UMP, que ce soit aux partis socialistes,
05:12que ce soit chez les uns et les autres.
05:14Très souvent, dans ses meetings, elle disait
05:16la gauche du fric, la droite du fric, moi je suis la candidate du peuple.
05:19Très souvent, elle a eu beau jeu de dire que les socialistes étaient très indulgents
05:25vis-à-vis des faits qui pouvaient exister ici ou là et qui étaient punis.
05:29Que la droite aussi, etc.
05:31Et c'est vrai que quand on regarde sur les 20 dernières années,
05:33toutes les personnalités politiques qui ont été mises en cause dans des affaires,
05:36documentées, avant même qu'il y ait un procès,
05:38ont dégringolé dans les sondages.
05:40On peut rappeler l'affaire Cahuzac,
05:42on peut rappeler, moi j'ai une pensée pour François Fillon,
05:44il doit être énervé aujourd'hui de se dire que...
05:46Pour trois costumes.
05:47Et Nicolas Sarkozy.
05:48Et Nicolas Sarkozy, dont les affaires, le système Big Malion, etc.
05:51Tout ça n'est pas très éloigné dans la gravité.
05:54Jacques Chirac, c'était une autre époque à la limite.
05:56Mais depuis ces 25 dernières années,
05:58et Marine Le Pen, comme vous l'avez dit,
06:00ça fait 10 ans qu'il y a cette affaire
06:02qui est en train de gonfler progressivement,
06:04de se documenter, de s'étayer,
06:06donc n'allons pas plus vite que la justice,
06:08peut-être qu'elle sera mise hors de cause, je n'en sais rien, je ne suis pas juge.
06:10Mais en tout cas, ce qui est certain,
06:12c'est qu'on voit bien que le Rassemblement National
06:14n'est absolument pas dans cette pureté
06:16qu'il avait beau jeu d'incarner depuis 25 ans.
06:18Et elle ne descend pas dans les sondages.
06:20Et alors ça, je trouve ça mystérieux.
06:22Pourquoi l'électorat de François Fillon
06:24a-t-il estimé, quand il y a eu des accusations,
06:27initialement qui venaient de la presse,
06:29que ce n'était pas encore étayé, qu'il n'y avait pas encore la justice, etc.
06:31Tout de suite qu'il fallait qu'il descende dans les sondages.
06:33Pareil pour l'électorat socialiste.
06:35Et pourquoi l'électorat de Marine Le Pen
06:37continue de l'applaudir
06:39alors que, manifestement,
06:41il y a un énorme sujet derrière.