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Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.

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00:0013h-14h, Europe 1-13h, à 13h34 sur Europe 1, Europe 1-13h, la suite, vous écoutez Céline Giraud et avec vous Céline aujourd'hui,
00:07le journaliste politique au Journal du Dimanche, julteresse et décrivain et philosophe Nathan Devers.
00:11Et nos auditeurs toujours plus nombreux à nous écouter entre 13h et 14h, alors en parlons maintenant du Rassemblement National.
00:18Avant sa rencontre avec Michel Barnier lundi prochain, Marine Le Pen, la présidente du groupe RN à l'Assemblée Nationale,
00:24a donc laissé planer la menace de la motion de censure, c'était sur RTL ce matin, écoutez.
00:29Ce qui est sûr, c'est que nous n'accepterons pas que le pouvoir d'achat des Français soit encore amputé dans la situation qu'ils connaissent aujourd'hui.
00:36Donc ça, c'est une ligne rouge. Et si, effectivement, cette ligne rouge est dépassée, et bien nous voterons la censure.
00:43Il n'y a aucune difficulté là-dessus, je le dis de la manière la plus claire qui soit.
00:47Voilà, on a la sensation, julteresse, que Marine Le Pen franchit encore une fois un nouveau cap avec cette menace.
00:52Oui, une censure, mais pourquoi ? Pour qu'on ait quoi à Noël ? Pour qu'on ait pas de budget ? Pour qu'on ait pas de gouvernement ?
00:58Donc, moi je veux bien que le RN maintienne la pression, fixe de nouvelles lignes rouges, pour continuer à exister,
01:06parce qu'évidemment, Marine Le Pen est la faiseur de rois aujourd'hui dans cette Assemblée Nationale,
01:10elle a un pouvoir de vie ou de mort, on l'a assez répété.
01:12Et disons que le gouvernement est sous surveillance, quoi, depuis.
01:14Le gouvernement est sous surveillance démocratique, comme l'avait rappelé Jordan Bardella,
01:18mais aujourd'hui, oui, ok, on censure, d'accord, mais le problème c'est que le RN, il veut quoi ?
01:24Il veut un gouvernement du Nouveau Front Populaire après Noël ? Il veut un gouvernement Barnier 2 qui ne changerait rien ?
01:30A quoi joue Marine Le Pen, en fait ?
01:33Elle maintient la pression, elle menace le gouvernement de censure, elle veut le traiter, et surtout, elle veut des conditions,
01:39c'est-à-dire que lundi, Marine Le Pen, elle va aller à Matignon sur l'invitation de Michel Barnier, avec plusieurs revendications.
01:47Bon, sur les retraites, a priori c'est bon, Michel Barnier va reculer, ça va coûter 4 milliards.
01:52Sur la proportionnelle, on sait que Marine Le Pen, elle veut une proportionnelle avec une prime majoritaire.
01:58Eh bien, elle pourrait dealer avec Michel Barnier, de faire passer cette proportionnelle sur l'année 2025.
02:05Mais Michel Barnier a déjà lâché 7 milliards sur le budget, ça va coûter combien ?
02:11Le problème, c'est qu'il n'a pas le choix, ça va coûter beaucoup d'argent.
02:13Marine Le Pen, elle va venir avec une autre revendication, c'est celle sur l'électricité.
02:17Pour Michel Barnier, en tout cas, ils avaient établi sur 6 milliards d'économies en augmentant la taxe sur l'électricité.
02:23Donc, le problème, c'est que Michel Barnier, il n'a pas le choix.
02:25Soit il écoute Marine Le Pen, et il est quasiment aux ordres de Marine Le Pen, soit il est censuré.
02:31Le seul sujet, c'est qu'il faut mettre en balance avec quelle perspective pour le pays.
02:36Il ne peut pas y avoir d'élection législative avant les 6 prochains mois, ce qui ne peut dissoudre qu'une fois par an.
02:42Aujourd'hui, on serait contraint, si Marine Le Pen censurait Michel Barnier et son gouvernement,
02:48on aurait soit un nouveau gouvernement de centre-gauche pour essayer,
02:51soit un nouveau gouvernement Michel Barnier avec quelqu'un de centre-droite du même attelage.
02:56Donc, ça n'a aucun sens.
02:57Nathan Devers, soit la posture et cette menace de mousseau de censure réitérée par Marine Le Pen.
03:03C'est intéressant de voir qu'en effet, Marine Le Pen a rajouté des lignes rouges.
03:07Initialement, sa ligne rouge, c'était d'avoir dans le gouvernement Barnier,
03:12personne qui avait été trop hostile au Rassemblement National.
03:17C'est d'ailleurs pour ça que Bertrand n'est pas devenu Premier ministre.
03:20Qu'il n'avait pas dit du mal en tout cas, qu'il n'avait pas sali l'image du parti.
03:23Il n'avait pas utilisé l'argument trop du Front Républicain, de dire que le RN était un parti anti-républicain,
03:28de rappeler l'histoire de ce parti, le Front National.
03:30Donc, pour ce point-là, pour le coup, ils ont adoubé Michel Barnier.
03:33Mais là aujourd'hui, ils considèrent que Michel Barnier ne tient pas compte de leurs revendications.
03:37Voilà. La première ligne rouge, elle était déjà contestable,
03:40juste après un Front Républicain qui avait été énorme et qui avait été massif.
03:43Et là, la deuxième, en effet, elle en rajoute une.
03:45On peut d'ailleurs remarquer que c'est une ligne rouge avec beaucoup de démagogie.
03:49Parce que là, Michel Barnier, objectivement, a fait, je ne dis pas ça pour le défendre, mais c'est factuel,
03:54a fait un budget dans l'urgence, dans une situation où dans les années précédentes,
03:58le dernier gouvernement et les gouvernements successifs
04:01avaient fait n'importe quoi sur la question du déficit public et sur la dette.
04:05Donc, une situation de crise, une situation d'urgence.
04:08Et évidemment que dans cette situation, le pouvoir d'achat de certains est en fragilité.
04:13J'aimerais juste faire remarquer une chose.
04:15C'est que les responsables de la situation, c'est aussi le Nouveau Front Populaire.
04:19Comme le disait Jules Torres, aujourd'hui, le RN est faiseur de roi.
04:23C'est lui qui peut décider du tempo qu'il donne à la vie politique.
04:27C'est lui qui décide des lignes rouges qui vont orienter la vie gouvernementale.
04:30Si le NFP n'avait pas refusé par principe, si vous voulez, de laisser exister ce gouvernement,
04:36il aurait pu aussi s'imposer, imposer ses thèmes, imposer ses desiderata,
04:40imposer ses lignes rouges sur la feuille de route du gouvernement.
04:43Et donc, aujourd'hui, on va avoir un gouvernement qui va devoir de pencher de plus en plus
04:46vers la ligne du RN. Ils n'ont pas le choix.
04:48Ils sont obligés qu'il ne va pas écouter le Nouveau Front Populaire.
04:51Donc, ça crée une situation de déséquilibre.
04:53C'est pour ça que les gens en politique, c'est comme la phrase de Peggy sur Kant,
04:56les gens qui veulent avoir les mains pures, ils ont peut-être les mains pures, mais ils n'ont pas de mains.
04:59Alors, cette motion de censure, est-ce qu'elle menace la stabilité du pays ?
05:03C'est en tout cas le sentiment de Christian Estrosi.
05:05Le maire horizon de Nice, il était l'invité de Public Sénat ce matin.
05:08Ce serait criminel de faire tomber le gouvernement de Michel Barnier
05:13avant qu'un budget ne soit voté.
05:15C'est-à-dire que nous passerions d'une crise politique à une crise économique,
05:21à une crise sociale, qui aurait pour conséquence que nous allions vers la banqueroute
05:27et qu'il se pourrait qu'il y ait même des entreprises ou des collectivités
05:31qui ne puissent plus payer demain, voire l'Etat, leurs fonctionnaires ou leurs salariés.
05:36Ce serait avoir un comportement de faux soyeur
05:40et conduire tout droit notre pays vers le chaos.
05:42Jules Torres, le RN, faux soyeur de...
05:44Heureusement, la France bénéficie de mécanismes institutionnels
05:48qui lui permettent de ne pas avoir une situation comme ça peut être le cas aux Etats-Unis,
05:52avec le fameux shutdown dont on a beaucoup parlé.
05:54Le sujet aujourd'hui pour le RN, c'est que s'ils veulent vraiment accéder au pouvoir,
05:59que leur manque-t-il ? Quel électorat leur manque-t-il ?
06:01Il leur manque la droite modérée.
06:03La droite modérée aujourd'hui, c'est l'électorat qui veut le moins une censure,
06:07qui veut le moins un gouvernement qui ne soit plus là...
06:10Donc ils sont dans une impasse !
06:11Je ne sais pas s'ils sont dans une impasse, mais en tout cas il y a un choix à faire.
06:13Le choix aujourd'hui, c'est est-ce que les retraités qui sont à peine 30%
06:17à vouloir une censure et à vouloir le chaos et le désordre,
06:20est-ce qu'on va les contenter ?
06:22Est-ce qu'on va contenter aujourd'hui les CSP+,
06:25qui ne votent pas pour le RN, en tout cas massivement autant qu'ils l'aimeraient ?
06:29Ils ne souhaitent pas du tout que la France soit dans un désordre ou dans un chaos.
06:32Donc que doit faire le RN ?
06:34Est-ce qu'il doit contenter son électorat qui se plaint de plus en plus de ce gouvernement,
06:39des orientations budgétaires de ce gouvernement ?
06:41Ou est-ce qu'ils sont sur une autre ligne, une ligne sur le long terme, sur 2027,
06:46de cet électorat que nous n'avons pas, que le RN n'a pas ?
06:51Est-ce qu'on doit les contenter avec ce budget ?
06:53C'est toute la question que Marine Le Pen va devoir trancher.
06:55C'est exactement ça.
06:58Ils sont en train de montrer,
07:02et d'ailleurs c'est un point commun qu'ils ont avec la France Insoumise,
07:05qu'ils refusent de considérer le fait que nous sommes dans une situation de fragilité totale.
07:10Et qu'en l'occurrence, ce n'est absolument pas de la faute de Michel Barnier.
07:14Il assume un héritage qui n'est pas le sien parce que ce n'est pas son courant politique.
07:21Il a cessé de montrer qu'il essayait de faire oeuvre de bonne volonté,
07:24de ne pas être sectaire, d'écouter les idées qui venaient de droite, de gauche,
07:28du Rassemblement National, de partout.
07:30Ensuite, si vous voulez, faire tomber le gouvernement dans ce moment-là,
07:33c'est un, l'instabilité politique.
07:35Deux, c'est une situation où on peut se retrouver avec un successeur de Michel Barnier
07:40qu'on ne sait pas à quoi ça peut ressembler, dans quelle direction ça peut aller.
07:44Donc évidemment que ça pourrait précipiter le pays vers une direction dangereuse.
07:48Ensuite, je me trompe peut-être, mais je pense que Marine Le Pen n'est pas « sérieuse »
07:52quand elle dit ça, qu'elle dit ça pour faire peur.
07:54Je l'imagine mal prendre la responsabilité de cette censure et de ce qui pourrait s'en suivre.
07:59Mais je me trompe peut-être.
08:00Et alors en même moment, ou une heure après,
08:02LFI, dans le cadre de sa niche parlementaire, a passé l'étape de la Commission.
08:07Cette proposition de loi qui visait à abroger la réforme des retraites
08:12a été votée par la Commission des Affaires Sociales à 35 voix contre 16.
08:16Effectivement, elle va devoir maintenant passer par l'Assemblée le 28 novembre.
08:20Est-ce que c'est une première victoire pour LFI ?
08:23Là encore, c'est le Ration National qui va décider ça.
08:26Sans ces voix, cette abrogation ne passera pas.
08:30Le Ration National, le 28 octobre, l'avait proposée.
08:33La gauche n'avait pas voulu le voter parce qu'elle émanait du Ration National.
08:36Est-ce que le RN va être aussi sectaire que le Nouveau Populaire ?
08:40Je ne suis pas sûr.
08:41Il pourrait voter cette abrogation.
08:42Après, on ne va pas rentrer trop dans le détail parce que c'est très technique,
08:46mais est-ce qu'on va sur la réforme Touraine ?
08:48Est-ce qu'on met un certain nombre d'annuités ?
08:52L'idée, c'est de passer de 64 à 62 ans, si on veut simplifier.
08:55De revenir à l'avant-réforme des retraites bornes, en effet.
08:59Mais aujourd'hui, combien ça nous coûterait tout ça ?
09:0217 milliards d'euros.
09:03Est-ce qu'on peut se le permettre alors qu'on a un budget où on doit faire des économies de partout ?
09:07On est en train de regarder dans les comités téodules, dans les centrales d'achat de l'État.
09:11Est-ce qu'on peut se permettre aujourd'hui de se passer 17 milliards d'euros ?
09:15En revanche, il y a l'autre question, c'est que 71% des Français sont favorables.
09:19L'électorat du RN est à 90% favorable à cette abrogation.
09:26C'est un vrai sujet aujourd'hui pour le RN.
09:28Stratégiquement, c'est important pour le RN.
09:30Mais en revanche, ça va être très compliqué s'ils ne votent pas cette proposition du Nouveau Populaire.
09:34Parce que le Nouveau Populaire, on va leur donner des arguments.
09:36Vous voyez, le RN ne défend pas vos intérêts.
09:40Ils ne reviennent pas sur cette réforme des retraites.
09:42Donc encore une fois, c'est des arbitrages à mener.
09:44Et ça va être très compliqué pour le RN.
09:46En deux mots ?
09:46En effet, ça coûterait sans doute extrêmement cher.
09:48Et ce n'est pas forcément le meilleur moment dans la situation.
09:51Oui, sans doute, au sens de sans aucun doute.
09:53Mais ce qu'il faut quand même rappeler,
09:55c'est que cette réforme des retraites a créé, je pense, une blessure profonde dans la démocratie française.
10:00Pour deux raisons.
10:02Pas seulement parce que la réforme était impopulaire.
10:04D'abord, elle était massivement rejetée par les Français.
10:06Mais pour une deuxième raison.
10:07C'est que c'est ce qui a inauguré le quinquennat,
10:09le second quinquennat d'Emmanuel Macron.
10:11Juste après une situation où il avait été réélu,
10:13lui aussi, dans un cas de front républicain,
10:15où il n'y avait pas une adhésion face à son projet,
10:17c'était essentiellement un rejet de Marine Le Pen
10:19et des conjonctures, la guerre en Ukraine, le Covid, on s'en souvient.
10:21La première décision politique,
10:23initiative politique d'ampleur
10:25qu'il prend après sa réélection,
10:27c'est précisément une réforme qui était impopulaire,
10:29qui était antisociale,
10:31et qui faisait baisser, entre guillemets, des droits, des perspectives de vie.
10:33Et qui était mal faite.
10:35Toutes ces questions font que
10:37les partis politiques, et pour le coup,
10:39ça m'arrive très rarement d'être d'accord avec ce genre de parti,
10:41je pense qu'ils ont raison de remettre
10:43cette question sur la table,
10:45parce que ça a été une grande blessure.
10:47Et ce sera examiné en séance publique le 28 novembre.
10:49On reste ensemble, dans quelques instants,
10:51on va parler de l'Ukraine.
10:53Emmanuel Macron appelait Vladimir Poutine à la raison.
10:55On l'écoutera, et puis on écoutera aussi Jean-Noël Barreau,
10:57invité ce matin,
10:59de Sonia Mabrouk sur Europe 1.
11:01Il est 13h45, vous écoutez Céline Giraud sur Europe 1.

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