Un débat entre deux éditorialistes qui analysent l'actualité politique de la semaine dans #CaSeDispute
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00:00Bonsoir à tous. Très heureux de vous retrouver pour votre rendez-vous du vendredi soir.
00:05Le face-à-face, ça se dispute. Deux visions qui s'opposent, parfois qui se complètent.
00:10Deux visions pour décrypter l'actualité. Celle de Philippe Dibert, mon cher Philippe.
00:13Bonsoir.
00:14Bonsoir Olivier.
00:15Et comme chaque vendredi soir, en face de vous, Geoffroy Lejeune. Bonsoir mon cher Geoffroy.
00:19Alors bien évidemment, à la une de l'actualité ce soir, le réquisitoire choc, le réquisitoire outrancier.
00:26Je reprends les mots de Marine Le Pen qui s'exprimait il y a quelques minutes chez nos confrères de TF1
00:31dans le procès dit des assistants parlementaires du Front National.
00:35Alors le parti, vous le savez, est donc devenu RN.
00:38Il est donc soupçonné de détournement de fonds publics européens entre 2004 et 2016.
00:43Il aurait utilisé de l'argent de l'Europe pour payer des assistants parlementaires qui travaillaient pour le parti.
00:47Voilà pour la recontextualisation.
00:49Et le parquet n'a pas fait dans la demi-mesure concernant Marine Le Pen.
00:53Vous le savez, cinq ans d'inéligibilité avec une mise à exécution provisoire début 2025.
00:59Ça veut dire quoi ?
01:00Ça veut dire que la peine est applicable avant même que les voies de recours soient épuisées.
01:05La défense qui plaidera donc le 27 novembre.
01:08Je vous le disais, Marine Le Pen qui s'exprimait ce soir aux 20 heures de TF1.
01:11Avant d'entendre vos avis respectifs, on va l'écouter.
01:16Moi je suis arrivée à ce procès comme n'importe quelle citoyenne.
01:20Avec l'espoir de la justice.
01:23Avec le respect que j'ai à l'égard de cette institution.
01:27J'ai été présente à toutes les audiences.
01:30J'ai répondu à toutes les questions des heures durant.
01:33Et en réalité je me suis rendu compte que ça n'était pas la justiciable qui était jugée.
01:38Que c'était la cible politique qui était jugée.
01:42C'est ma mort politique qui est réclamée.
01:45Donc par définition ma survie politique évidemment va dépendre de la mise en œuvre de cette condamnation à la mort politique.
01:55Donc je viens dire aux Français aujourd'hui que l'idée que par une décision encore une fois irréparable,
02:04non susceptible d'appel, l'on puisse les priver de leur choix est une atteinte très violente à la démocratie.
02:15C'est ma mort politique qui est réclamée.
02:18Geoffroy Lejeune nous dit ce soir Marine Le Pen.
02:20Est-ce que vous y voyez dans ce réquisitoire choc une volonté de stopper l'ascension de Marine Le Pen ?
02:28C'est très difficile de dire le contraire.
02:31Pour moi il y a trois problèmes.
02:33Le premier c'est cette histoire de comment dire.
02:38Je vais essayer de les prendre dans l'ordre parce que c'est vraiment trois choses différentes.
02:41D'abord j'en veux énormément à l'Assemblée nationale élue en 2012 qui de 2012 à 2017 a siégé au palais Bourbon,
02:49qui a décidé en 2016 de voter une loi qui permet ça.
02:52La quasi unanimité.
02:54Avec l'abstention du RN qui ne s'est pas opposé à cette loi.
02:58Pourquoi ça me choque ?
03:00Parce que ce sont des gens, des élus de la nation,
03:03qui ont décidé sous le coup de l'émotion des affaires Cahuzac et Thévenoud,
03:07à cause des turpitudes de leurs congénères,
03:13de donner les clés du jeu politique à des juges au mépris de la séparation des pouvoirs.
03:21Ça n'existait pas avant, il faut que les gens comprennent.
03:23Marine Le Pen n'a pas enfreint une règle très ancienne qui existe depuis 200 ans.
03:27Non, justement j'y tiens.
03:29Depuis 2016, ce qui est en train de se passer,
03:31c'est-à-dire la possibilité que malgré les appels etc.
03:35elle soit inéligible et donc pas candidate en 2027,
03:37ça date de 2016, avant ce n'était pas possible.
03:39C'est-à-dire que l'inégibilité est automatique depuis 2016,
03:42elle existait largement avant, il y a eu plein de politiques dont Alain Juppé,
03:45ont été condamnées à de l'inégibilité.
03:47Encore une fois, le fait qu'elle ne puisse pas se présenter à une élection,
03:49malgré le fait que l'affaire ne soit pas finie d'être jugée parce qu'il y aura un appel, une cassation, etc.
03:53C'est autre chose ça.
03:54Ça c'est 2016.
03:55Non, c'est l'exécution provisoire.
03:57C'est de ce dont je parle.
03:58Ça date de la loi Sapin 2.
04:00L'exécution provisoire, ça c'est une réquisition du procureur,
04:03qu'il n'était pas obligé de faire.
04:05Oui, mais moi je parle en amont.
04:08Déjà, en fait, pardon c'est peut-être un peu long,
04:11les politiques ont décidé de donner les clés de leur destin à des magistrats.
04:17Et je pense que c'est un problème parce qu'il y a une séparation des pouvoirs.
04:19Moi je suis pour que les magistrats jugent les gens, y compris les politiques.
04:22Aucun problème avec ça.
04:23Juste par contre qu'ils ne puissent pas avoir cette incidence-là sur la politique.
04:26Pourquoi ? Parce que ça donne François Fillon, candidat à la présidentielle,
04:29d'ailleurs favori de la législation présidentielle,
04:30foudroyé en direct, quel que soit le fond de l'affaire,
04:33foudroyé en direct, privant ainsi...
04:35Mais il a pu se présenter.
04:37C'est un peu différent.
04:38C'est une question de timing.
04:39Les Français ont pu voter.
04:40C'est une question de timing.
04:41C'est surtout les costumes qui l'ont plombé plus que l'affaire judiciaire.
04:44Peut-être, mais sur le plan des principes, c'est quand même un problème.
04:46Donc moi c'est la première chose qui me révolte.
04:49Je me souviens très bien du contexte.
04:50Philippe doit s'en souvenir très bien aussi puisqu'il était à l'époque au pouvoir.
04:53Ou en tout cas, oui, au pouvoir.
04:54On peut dire ça comme ça.
04:55Souviens-toi de l'espèce d'élan d'hystérie collective.
04:59Cahuzac est tombé.
05:00Donc on va tous aller expliquer qu'en fait, on n'est plus...
05:02On ne lave plus blanc que blanc.
05:03Les gens allaient...
05:04François Fillon d'ailleurs, c'est l'ironie.
05:06François Fillon, Laurent Wauquiez, des gens pour qui moi j'ai beaucoup d'estime.
05:09Je me suis d'ailleurs disputé avec eux par la suite.
05:11Ils sont allés aux 20 heures, aux 20 heures, pour dire
05:14Voilà mon patrimoine, je n'ai jamais volé d'argent, etc.
05:16Enfin, une espèce de volonté de se déshabiller en public qui a été ultra gênante et très malsaine.
05:20Ensuite, création de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique.
05:22Aujourd'hui, vous pouvez savoir qu'un ministre a acheté une place de parking il y a 20 ans.
05:27Vous savez tout ça.
05:28Vous pouvez le consulter.
05:29C'est quand même très gênant.
05:31Bref.
05:32La deuxième chose, c'est ce que vous avez dit, la réquisition.
05:34C'est-à-dire cette phrase, cette tâche indélébile qui va colorer évidemment toute la lecture qu'on aura de ce procès
05:40de cette procureure qui dit
05:42Je n'ai aucun élément matériel contre vous, mais ça me ferait tellement mal de plaider la relaxe.
05:47Je ne peux pas demander une relaxe partielle, ça me ferait trop mal.
05:49Je m'en rapporte donc à la décision du tribunal.
05:51Alors, c'est concernant le contrat de Jean-François Calle, un ancien vice-président du RN.
05:56Ce n'est pas à propos de Marine Le Pen.
05:58C'est un élément minime, mais ça révèle tout de même quelque chose.
06:01C'est une faute.
06:02C'est une faute du procureur, mais ce n'est pas sur le fond du dossier de Marine Le Pen.
06:06Mais ça révèle tout de même quelque chose.
06:08Ça révèle une ambiance.
06:09Je ne pense pas, mais vas-y, je te laisse terminer avant de répondre.
06:12Et vous répondrez, Philippe Guilbert.
06:13Ça révèle une ambiance, ça révèle une volonté, ça accrédite tout ce que Marine Le Pen a dit ce soir.
06:19C'est-à-dire qu'il y a une volonté de la mettre hors d'état de nuire.
06:23Et ensuite, la dernière chose, je suis désolé, mais on a oublié de dire une chose dans cette séquence.
06:27La justice est rendue au nom du peuple français.
06:29Le peuple français, il vote, et c'est d'ailleurs là qu'il s'exprime le plus directement.
06:34Et il lui arrive de voter, pas dans son intégralité, pas dans sa majorité, mais pour Marine Le Pen.
06:38Donc, au nom du peuple français, on va priver le peuple français d'une des possibles expressions démocratiques.
06:43Donc, s'il vous plaît, il y a trop de principes qui sont bafoués, foulés au pied, etc.
06:46Je précise que je dirais exactement la même chose s'il s'agissait de Mélenchon, de Macron, qui ne peut pas se présenter,
06:52mais quand même de Darmanin, de tout le monde, en fait.
06:54C'est une question de principe.
06:56Donc, c'est une chose, finalement, pour vous résumer, vous me dites, si c'est juste, avant de vous donner la parole.
07:01C'est une chose d'exiger les remboursements.
07:04C'est une chose, effectivement, d'infliger des peines.
07:06Et c'en est une autre, de peser sur le choix des participants à la présidentielle.
07:09Et c'est au peuple de décider.
07:11Au fond, c'est un peu ça que vous soulignez ce soir, Geoffroy.
07:13Je suis 100% d'accord avec ce que vous avez dit.
07:15Philippe Guyvert, pour répondre à Geoffroy Lejeune.
07:17Je ne suis pas entièrement d'accord avec Geoffroy.
07:19Il y a un point d'accord. Je commence par le point d'accord.
07:21Dans les réquisitions du parquet, il y a cet élément qu'on appelle exécution provisoire,
07:28qui signifie, effectivement, exécution immédiate.
07:32C'est-à-dire que si les juges du tribunal décident de suivre le parquet sur cette exécution provisoire,
07:37en effet, Marine Le Pen, même si elle fait appel, même si ensuite elle se pourvoit en cassation,
07:43son inévitabilité s'appliquera tout de suite.
07:46Et ça l'empêchera de se présenter en 2027.
07:49Je suis d'accord sur ce point qu'il y a un problème sur cette exécution provisoire.
07:54Parce que la logique, et d'autres l'ont dit, même Mélenchon l'a dit, et pour une fois il a raison,
07:59la logique est quand même qu'on aille jusqu'au bout des recours
08:02avant de décider s'il y a ou pas inévitabilité.
08:06Parce qu'imaginer que Marine Le Pen, en appel ou en cassation,
08:09que les juges finissent par lui donner raison,
08:14ça veut dire que son inévitabilité, on ne pourrait même pas la remettre en cause
08:19parce qu'une bonne partie de l'inévitabilité aurait été appliquée.
08:22Donc là, il y a un vrai problème.
08:24C'est le noeud du fond du problème.
08:26C'est vraiment là-dessus et c'est là-dessus qu'on va attendre les juges du tribunal
08:30pour savoir s'ils mettent ou pas en œuvre cette exécution provisoire,
08:35où là j'estime qu'il y aurait en effet grosse matière à discussion.
08:39Sur là, je ne suis pas d'accord avec toi.
08:41Parce que lorsqu'en 2016, l'ensemble de l'Assemblée vote cette loi,
08:48elle ne remet pas son destin dans les mains des juges
08:51puisqu'elle déclare que l'inévitabilité est automatique.
08:53Donc ce n'est même pas une décision des juges.
08:56C'est-à-dire que si les juges considèrent qu'il y a culpabilité,
08:59l'inévitabilité est automatique.
09:02Auparavant, avant 2016, l'inévitabilité n'était pas automatique.
09:06Il y a eu des tas de politiques, de responsables politiques
09:10qui ont été condamnés en première instance à l'inévitabilité
09:13en appel à une absence d'inévitabilité.
09:16Donc ils ont simplement dit « Désormais, nous allons être irréprochables. »
09:22Et donc, nous ne serons plus condamnés,
09:24et comme ça, on pourra continuer à faire de la politique.
09:26Et ceux qui voteront, on dira « C'est terminé, votre carrière politique est terminée. »
09:32Il voulait même voter l'inéligibilité à vie.
09:37Oui, et d'ailleurs Marine Le Pen, si je peux me permettre,
09:40à propos d'Alain Juppé, bien avant en 2004,
09:43était elle-même sur cette position-là.
09:45Elle dit que oui, bon d'accord.
09:47Elle était elle-même sur cette position-là.
09:50Elle a donné aussi, Marine Le Pen, beaucoup de leçons de morale
09:53en estimant que le RN était, vous vous souvenez du slogan
09:56« Tête haute, main propre »,
09:58que tous les autres étaient des pourris et qu'ils magouillaient.
10:02Hélas, le parquet a l'air de considérer qu'elle aussi,
10:08elle l'a fait dans une certaine ampleur au Parlement européen.
10:11Ensuite, tu disais hystérie en 2016,
10:14mais il faut bien mesurer ce qu'a été l'affaire Cahuzac.
10:17Moi, je l'ai vécu de l'intérieur du pouvoir.
10:19Si ça justifiait de saccager nos institutions,
10:22alors c'était le cas.
10:23Ce n'était pas un saccage des institutions,
10:25c'était de dire qu'à un moment donné,
10:27on ne peut plus continuer avec des responsables politiques
10:29qui mentent effrontément devant la représentation nationale.
10:32Mais Cahuzac, avant la loi Sapin,
10:34il était condamné pareil.
10:35Aux Français, etc.
10:36Et qu'il fallait marquer qu'il y a un coup d'arrêt
10:39à des dérives de personnalités politiques qui sont gravissimes.
10:42Qui étaient déjà sanctionnées avant.
10:44Juppé a été condamné avant d'être Cahuzac.
10:46Oui, mais qui était à la responsabilité des juges.
10:48Là, on a décidé que l'inégalibilité serait automatique.
10:52Alors maintenant, on dit que ce n'est pas bien
10:54parce que Marine Le Pen, effectivement,
10:56est aujourd'hui, objectivement,
10:58la favori de l'élection présidentielle.
11:00Ça peut beaucoup changer,
11:01mais elle est aujourd'hui la favori de l'élection présidentielle.
11:04Et effectivement, d'imaginer une présidentielle sans elle,
11:08ça dénature la présidentielle.
11:10Et ce n'est pas à faire injure à Jordan Bardella
11:13de dire et de penser
11:15qu'il n'est, en tout cas aujourd'hui,
11:17pas tout à fait prêt pour une présidentielle.
11:20Au moins, c'est ce que je pense.
11:21On va s'intéresser, justement,
11:22à l'avenir du Rassemblement National et Jordan Bardella.
11:24Juste sur l'aspect juridique et judiciaire,
11:27la réquisition du parquet, pour le reste,
11:30en dehors de cette question essentielle
11:32de l'exécution provisoire,
11:34n'a rien d'une réquisition choc.
11:36Ils n'ont fait qu'appliquer la moitié
11:38du maximum qui est requis dans les articles concernés.
11:41Mais peut-être que les téléspectateurs se disent
11:43quand il s'agit de voyous, de délinquants,
11:44de la justice et sans de laxistes,
11:46ça n'a peut-être rien à voir.
11:47Mais pour le symbole, en tout cas,
11:48c'est choc comme réquisition.
11:50On ne peut pas passer son temps
11:51à dire au juge d'appliquer la loi.
11:53Et quand il l'applique,
11:54et en plus il ne l'applique pas là,
11:56de façon excessive.
11:58Puisque dans l'article concerné,
12:00c'est 10 ans d'inégibilité
12:02et 10 ans de prison potentielle.
12:04Donc là, ils mettent la moitié.
12:06Avec 2 ans de prison en bracelet électronique,
12:09qui est une mesure dure.
12:11Donc les réquisitions du parquet,
12:13hormis l'exécution provisoire,
12:15n'ont absolument rien de choc.
12:17J'ajoute un dernier point.
12:18Personne n'est surpris par ce qui se passe.
12:20Hormis, encore une fois,
12:21la question de l'exécution provisoire.
12:23Tout le monde sait ce qui s'est passé.
12:25Tout le monde sait ce qui s'est passé.
12:27Ce qui s'est passé pour le MoDem comme pour le RN,
12:29c'est qu'ils avaient des bons candidats
12:31à la présidentielle qui faisaient de très hauts scores
12:33et qu'auparavant, jusqu'en 2022,
12:37ils n'avaient quasiment pas de députés.
12:39C'est ça la réalité.
12:41Or en France, le financement politique
12:43est lié au nombre de députés que vous avez.
12:45Donc si vous avez une candidate à la présidentielle
12:47qui fait 18% et que vous avez 3 députés,
12:49vous n'avez pas de dotation publique.
12:51Et donc la réalité, c'est que des partis politiques,
12:53et pas seulement le RN,
12:55ont mis en place des systèmes
12:57pour financer leurs partis politiques.
12:59Le problème, c'est que le RN l'a fait plus longtemps,
13:01pendant 14 ou 15 ans,
13:03et l'a fait pour des montants
13:05qui sont beaucoup plus importants que les autres
13:07puisqu'il y en a pour 7 millions d'euros.
13:09Et donc Marine Le Pen, je trouve,
13:11je terminerai par ça,
13:13elle a pris un gros risque,
13:15mais elle saluait qu'elle prenait un risque.
13:17Sur l'aspect judiciaire, elle a répondu d'ailleurs
13:19ce soir au journal de TF1,
13:21pour sa défense, alors on ne le jugera pas,
13:23de toute façon, c'est un cours.
13:25Elle dit, on va le voir à l'antenne
13:27dans un instant, Geoffroy Lejeune,
13:29voilà ce qu'elle déclare ce soir,
13:31nous sommes innocents des faits qui nous sont reprochés,
13:33nous n'avons violé aucune des lois françaises
13:35et aucune des lois du Parlement européen.
13:37Voilà ce qu'elle dit ce soir, peut-être Geoffroy Lejeune.
13:39Effectivement, on a entendu Marine Le Pen
13:41et les membres du Rassemblement national
13:43ces dernières années jouer le jeu
13:45de l'irréprochabilité au fond.
13:47C'est ce qu'évoquait Philippe Guybert,
13:49peut-être votre réaction à ce sujet-là ?
13:51Moi, je préférais le monde d'avant en réalité,
13:53parce que Philippe vient de décrire assez bien
13:55comment les partis politiques, pas juste le RN,
13:57les partis politiques ont fonctionné pendant des années.
13:59Pendant des années,
14:01vous aviez,
14:03il faut que les gens comprennent, c'est important,
14:05quand vous n'étiez pas au gouvernement,
14:07parce qu'au gouvernement, vous avez des moyens,
14:09vous avez des collaborateurs, vous avez des véhicules de fonction,
14:11parfois même des logements de fonction,
14:13vous pouvez faire tourner un écosystème politique
14:15qui vous permet de travailler.
14:17Quand vous êtes un élu ou un ministre de premier plan,
14:19vous avez beaucoup de gens qui travaillent pour vous,
14:21parce que ça vous permet de faire mieux votre boulot.
14:23C'est quand vous n'avez pas de député à l'Assemblée nationale.
14:25Quand tu es au gouvernement, tu n'as pas ce problème-là.
14:27Et quand vous êtes...
14:29Opposition par l'opposition.
14:31Vous avez besoin de faire vivre,
14:33un minimum, un écosystème.
14:35Vous avez le parti politique qui est financé
14:37à hauteur des sièges,
14:39des voix que vous avez obtenues au législatif.
14:41C'est un système compliqué.
14:43Et quand vous avez un peu d'élus,
14:45ça vous permet, grâce au budget de l'Assemblée nationale
14:47ou du Parlement européen, de rémunérer des collaborateurs
14:49qui eux-mêmes vous permettent d'avoir des élus
14:51qui sont un peu plus au niveau, parce que travailler tout seul,
14:53ce n'est pas pareil qu'avoir trois personnes qui travaillent pour soi.
14:55Et donc, vous vous en servez.
14:57Le nombre important
14:59de députés
15:01pour le RN, ça date de 2022.
15:03Avant, ils avaient
15:0510 députés, 15 députés, 2 quand il y avait
15:07Marion Maréchal et Gilbert Collard. Enfin voilà, pas beaucoup.
15:09Quand ils ont commencé à avoir des députés
15:11européens, parce que le mode de scrutin leur était plus favorable,
15:13ils en avaient une quinzaine, je crois,
15:15ils ont organisé un système qui leur
15:17permettait de payer des gens à travailler
15:19pour le Parlement européen, mais aussi pour avoir des missions
15:21en France.
15:23C'est tout l'enjeu du procès.
15:25Je ne rentre pas dans le détail de chacun, je ne les connais pas
15:27et je ne sais pas comment ils ont travaillé. Ce que je dis juste,
15:29c'est qu'en gros, un député européen
15:31dit demander au parti
15:33qu'est-ce que je fais avec mon enveloppe parlementaire pour
15:35payer mes collaborateurs. Tu prends un collaborateur,
15:37t'en prends une autre ici.
15:39Et puis aussi, il y a une partie qui va être prise en charge par le
15:41parti, etc. Vous vous arrangez
15:43pour pouvoir payer les gens parce qu'ils travaillent pour vous.
15:45Moi, ça ne me choque pas. On n'aurait
15:47jamais dû, en fait. Même ce qui me choque,
15:49moi, c'est que la justice puisse...
15:51Attends, j'ai pas fini. Moi, ce qui me choque,
15:53c'est que ces gens sont élus par le peuple français.
15:55On est en démocratie. C'est le peuple français
15:57qui décide. À partir du moment où
15:59ils sont élus, les assemblées leur donnent un budget
16:01pour qu'ils organisent leur travail comme ils veulent.
16:03C'est ça que moi, je souhaiterais. C'est ça que
16:05je souhaiterais. Je souhaiterais que ça fonctionne
16:07comme ça. Et si tu décides
16:09de ne pas avoir de collaborateurs et donc de mal travailler,
16:11c'est ton problème parce que les Français
16:13t'ont fait confiance à toi pour décider
16:15comment tu vas aller travailler. Je sais
16:17que ça ne marche pas comme ça. À partir du moment
16:19où la justice
16:21met son nez dans la manière dont t'es organisé ce travail,
16:23qui tu as le droit d'embaucher,
16:25tu n'as pas le droit de faire travailler des gens localement
16:27alors que t'as été élu par les Français.
16:29Bon bref, à la fin,
16:31tout ce maquis de réglementation
16:33pour savoir ce que t'as le droit de faire ou pas le droit de faire
16:35est en train de tuer la politique. Je suis désolé.
16:37La vérité, c'est qu'en fait, c'était beaucoup plus sain
16:39quand il n'y avait pas toutes ces réglementations.
16:41Chauffard, le Parlement européen a un règlement
16:43qui s'applique à tous les députés européens,
16:45pas simplement aux Français. Mais qui passe, pour moi,
16:47après la démocratie, le vote des Français.
16:49Le problème de tout le monde, qui est connu avant que tu te présentes,
16:51qui est connu pendant que tu exerces ton mandat,
16:53le problème de ce qui est reproché au RN,
16:55c'est que le système de débrouille
16:57que tu décris,
16:59le RN serait, je mets du constitutionnel,
17:01je ne vais pas remplacer les juges,
17:03mais c'est ça le point de l'accusation.
17:05C'est qu'il y a eu des personnes
17:07qui ont été embauchées comme assistants parlementaires
17:09qui n'ont quasiment jamais mis les pieds au Parlement européen
17:11dans des proportions...
17:13Je parle de l'accusation, on verra ce que disent les juges.
17:15Mais encore une fois, moi, si j'étais député européen,
17:17je serais très heureux d'avoir un député
17:19dans la région dont je suis heureux.
17:21Ça ne marche pas comme ça.
17:23Ça a longtemps marché comme ça.
17:25Non, ça n'a pas longtemps marché comme ça.
17:27Au Parlement européen, ça a toujours été comme ça.
17:29J'ai beaucoup travaillé à une époque
17:31avec des personnes qui étaient députées européennes
17:33ou européennes, plus exactement,
17:35et leurs assistants parlementaires
17:37ne pouvaient pas passer beaucoup de temps à Paris.
17:39Et donc, tout le monde connaît cette règle-là.
17:41Donc Marine Le Pen,
17:43les trois quarts de l'organigramme de son parti
17:45se sont retrouvées assistants parlementaires
17:47avec, en plus, des temps de présence
17:49au Parlement européen qui étaient
17:51extrêmement réduits.
17:53Donc elle n'a pas simplement joué avec les règles
17:55comme beaucoup le font,
17:57elle a contourné les règles.
17:59Donc elle a pris, je le répète, un risque.
18:01Je ne suis pas juge, ce n'est pas moi qui vais conclure ça,
18:03mais si les réquisitions du parquet
18:05sont aussi dures,
18:07c'est parce qu'ils ont considéré que le dossier
18:09était accablant.
18:11On verra ce que disent les juges.
18:13C'est normal qu'un député
18:15au Parlement européen
18:17paye des gens qui sont ses assistants
18:19pour qu'ils travaillent principalement
18:21au Parlement européen,
18:23pas principalement aux partis politiques.
18:25Sinon, c'est un système détourné
18:27de financement des partis politiques.
18:29Et le Parlement européen, c'est vrai pour tous les partis
18:31et pour tous les pays,
18:33ce n'est pas son objectif.
18:35Je ne suis pas d'accord avec ça.
18:37Tu ne peux pas le décider tout seul.
18:39Tu ne peux pas être d'accord.
18:41Je suis contre ces règles, je pense qu'il faudrait les changer.
18:43J'en veux aux députés qui les ont votées.
18:45Je n'ai pas d'ambiguïté là-dessus.
18:47Pendant très longtemps,
18:49jusqu'à, je crois, aux élections européennes
18:51de 2014, les scrutins
18:53étaient régionaux.
18:55Je trouverais ça beaucoup plus sain
18:57par exemple qu'on dise que
18:59les députés européens ont le droit d'avoir des assistants parlementaires
19:01en région.
19:03Ce n'est pas le cas.
19:05En fait, ça aurait dû être le cas.
19:07Tu es élu d'Aquitaine.
19:09Je trouve ça plus sain d'avoir des gens qui te remontent
19:11les problèmes de l'Aquitaine que tu vas faire remonter au Parlement européen
19:13que d'être obligé de les fixer à Bruxelles.
19:15Ils n'étaient pas en région,
19:17les assistants parlementaires.
19:19Je trouve ces règles ubuesques.
19:21Et à la fin, quand bien même,
19:23on a compris qu'on n'était pas d'accord
19:25et je suis contre ces règles.
19:27Quand bien même, tout ça serait très grave.
19:29Un système détourné
19:31de financement des partis politiques.
19:33Qu'est-ce qui est plus grave
19:35entre ça et
19:37les 11, 12, 15 millions
19:39d'électeurs
19:41de leur choix pour l'élection présidentielle ?
19:43Qu'est-ce qui est le plus grave ? Sérieusement.
19:45Là, Geoffroy, tu es en contradiction
19:47avec ce que tu dis à longueur d'émission
19:49et moi aussi d'ailleurs.
19:51Qui consiste à dire que les juges sont là
19:53pour appliquer les lois.
19:55On le reproche.
19:57Je reproche la loi, pas le juge.
19:59Je reproche cette loi qui permet ça.
20:01On ne la découvre pas, la loi.
20:03J'étais contre en 2016 aussi, je te rassure.
20:05Mais Marine Le Pen, elle n'était pas contre.
20:07Si, ses députés ont voté contre.
20:09Ils se sont abstenus, ils n'ont pas voté contre.
20:11Et encore, ils se sont abstenus,
20:13à mon avis, pour des raisons
20:15de calcul, mais ils n'ont pas voté contre.
20:17C'est ça que je trouve un peu
20:19gros, si tu me permets.
20:21C'est de considérer
20:23que quand c'est les autres, l'inégibilité
20:25elle est méritée, mais que quand c'est soi
20:27qui détourne les règles
20:29et les contourne,
20:31ça devient scandaleux.
20:33Je suis d'accord que ça pose
20:35un problème démocratique, parce que ça tombe
20:37sur Marine Le Pen, qui est une
20:39candidate essentielle pour
20:41l'élection présidentielle, parce que
20:43elle est à la tête
20:45du premier parti de France.
20:47C'est un gros problème démocratique, on en est tous d'accord.
20:49Sinon, on n'en discuterait pas.
20:51Si c'était un petit parti politique,
20:53tout le monde s'en ficherait.
20:55Il nous reste 30 secondes avant la pause.
20:57Le problème, c'est qu'on ne peut pas changer les lois
20:59au moment où ça arrange de changer les lois.
21:01On passe notre temps à changer les lois.
21:03C'est le principe de la politique.
21:05C'est de changer les lois, les règlements, etc.
21:07Tout ça, ça change.
21:09J'espère que ça changera, première chose. Deuxième chose,
21:11pourquoi c'est indéfendable ?
21:13Que tu le défendes,
21:15c'est ton droit, mais moi je dis que c'est indéfendable
21:17parce que soit tu crois à la démocratie
21:19et tu te dis que le peuple français a toujours raison
21:21et que quand il vote...
21:23Mais la démocratie, c'est dans le cadre de la loi, Geoffroy.
21:25Ce n'est pas que chacun, comme il veut,
21:27quand il veut. C'est des règles à respecter.
21:29Je mets au-dessus
21:31la volonté du peuple français
21:33par rapport à la volonté des députés français.
21:35Le rôle des responsables politiques, c'est de respecter les lois.
21:37C'est la moindre des choses, quand même.
21:39Mais si vous déjugez, ils ont tué la monarchie,
21:41ils ont tué la république. Est-ce que vous êtes d'accord avec François Mitterrand ?
21:43Il parlait exactement de ça.
21:45Il parlait exactement de ça, Mitterrand.
21:47Il était le dernier conseiller des ministres devant le gouvernement Balladur
21:49et il parlait exactement de ce qui est en train d'arriver.
21:51Non, il parlait d'autre chose.
21:53Il parlait de ça.
21:55On peut pas considérer...
21:57On continue après la pause.
21:59Débat passionnant, restez avec nous.
22:01Surtout sur ces news, ça se dispute.
22:03On revient dans un instant.
22:07Et de retour sur le plateau de ça se dispute,
22:09bienvenue si vous nous rejoignez
22:11et vous faites bien, car cela débat fort
22:13ce soir entre Philippe Guybert et Geoffroy Lejeune.
22:15Et je vous propose, messieurs,
22:17de continuer sur le sujet du soir.
22:19Ce séisme politique,
22:21les réquisitions d'inéligibilité
22:23visant Marine Le Pen.
22:25Qui ce soir estime qu'on réclame
22:27sa mort politique.
22:29Elle s'exprimait chez nos confrères de TF1.
22:31C'est ma mort politique qui est réclamée.
22:33Voilà ce qu'elle a dit.
22:35Le parquet qui a aussi demandé,
22:37contre la triple candidate à la présidentielle,
22:395 ans d'emprisonnement, don de ferme
22:41et 300 000 euros d'amende.
22:43Peut-être cette réaction avant de s'interroger
22:45sur l'avenir du RN,
22:47avec peut-être un avenir
22:49qui va évoluer pour Jordan Bardella.
22:51Cette phrase de François Mitterrand.
22:53Je pense qu'elle est prophétique.
22:55Je peux même l'expliquer.
22:57François Mitterrand est pas mal
22:59quand il va dans ton sens.
23:01Finalement, ce président
23:03qui est tant critiqué parfois
23:05par notre ami Pascal Praud.
23:07Là, Mitterrand, c'est un génie.
23:09Il a tout vu.
23:11Il a tout compris.
23:13Je vais m'expliquer sur le cas Mitterrand.
23:15Déjà, c'est une preuve de mon absence
23:17de sectarisme.
23:19Premièrement, c'est une preuve
23:21de mon absence de sectarisme.
23:23Deuxièmement, ce président a été une catastrophe
23:25pour la France.
23:27Je tenais à le rappeler.
23:29Je ne l'ai pas connu,
23:31contrairement à toi.
23:33Je ne peux que l'interpréter.
23:35C'était un homme très cultivé.
23:37C'était un des derniers
23:39grands politiques.
23:41Il fait partie de la dernière génération.
23:43Quand il dit ça, je pense que je sais ce qu'il veut dire.
23:45C'est intéressant. Ils ont tué la monarchie.
23:47Ils tueront la République.
23:49Qu'est-ce qui s'est passé avec la monarchie ?
23:51La thèse en vogue à l'époque, et notamment dans l'esprit de Mitterrand,
23:53c'est que la monarchie tombe
23:55avec Louis XVI, qui se fait couper la tête.
23:57Elle commence à tomber bien avant.
23:59Louis XVI n'est que l'aboutissement
24:01d'un processus qui a commencé avant,
24:03notamment avec Louis XV.
24:05Louis XV est un roi
24:07faible,
24:09ce ne serait pas juste,
24:11qui est déjà un peu dans l'état de droit,
24:13tel qu'on le conçoit aujourd'hui.
24:15Il donne le pouvoir à ce qu'on appelle les parlements,
24:17des juges à la cour,
24:19qui, en fait,
24:21passent tout le temps
24:23de son règne
24:25à expliquer qu'il ne peut pas agir
24:27tel qu'il l'entend. Normalement, le roi,
24:29pouvoir de droit divin, devrait décider avec son sceptre
24:31de faire ceci ou cela, de déclencher des guerres.
24:33Et lui, en fait, est réceptif
24:35à ça, et il leur laisse ce pouvoir-là.
24:37Si bien qu'à la fin, on arrive à des situations
24:39grotesques et absurdes, où en fait,
24:41ces fameux parlements passent leur temps
24:43à exhumer
24:45des textes de la préhistoire
24:47de la monarchie française, c'est-à-dire
24:49les descendants de Clovis,
24:51enfin, mille ans plus tôt, en disant
24:53selon ce principe juridique,
24:55vous ne pouvez pas faire ça,
24:57selon tel penseur de l'époque,
24:59ce n'est pas conforme, etc. Et il est entravé.
25:01Et à ce moment-là, en fait, c'est la chute
25:03de la figure du roi, et c'est le début
25:05du commencement de quelque chose qui aboutira à la guillotine
25:07pour Louis XVI. Je l'ai un peu résumé rapidement.
25:09Pour moi, il y a deux mouvements. Il y a celui-là,
25:11déjà, et je pense que Mitterrand a raison, du coup,
25:13de faire le lien entre la monarchie et la République,
25:15parce que c'est la même chose.
25:17Donc, le juge, qui, en fait, ne supporte pas
25:19de n'être qu'une autorité au lieu d'être un pouvoir,
25:21et qui a envie de prendre le pouvoir,
25:23c'est une tentation naturelle chez eux, comme chez tous les êtres humains,
25:25tous les corps constitués, etc.,
25:27guette le moment de faiblesse. Et, deuxième partie
25:29de mon explication, quel a été le moment de faiblesse
25:31de la classe politique française ? C'est le moment
25:33dont le paroxysme
25:35a été, ce que je disais tout à l'heure
25:37sur l'affaire Cahuzac, le moment où la classe
25:39politique se sentant
25:41en perte totale de prise
25:43avec le contrôle sur la réalité du pays,
25:45c'est-à-dire, en fait, à partir du tournant
25:47européiste, où
25:49beaucoup de pouvoirs sont envoyés
25:51à Bruxelles et à Strasbourg,
25:53la souveraineté nous quitte
25:55un peu, et où on n'a plus prise sur les
25:57événements, le chômage monte et on ne peut plus rien faire,
25:59on n'a plus le contrôle monétaire, on n'a pas le contrôle
26:01de nos frontières, enfin, voilà. Et, à ce moment-là,
26:03la classe politique, qui n'a plus rien à offrir
26:05au peuple, offre sa vertu, la transparence.
26:07Et elle dit,
26:09regardez nos déclarations,
26:11les clés du pouvoir au juge,
26:13mais le juge comprend ça, le juge voit que la classe politique
26:15n'offre plus rien d'autre que ma feuille d'impôt,
26:17regardez tout mon patrimoine, je l'ai mis en ligne sur le site
26:19de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique,
26:21je suis quelqu'un de bien voté pour moi, mais il ne propose plus de projet
26:23politique, il propose juste de la vertu.
26:25Et la vertu, les révolutionnaires nous l'ont appris,
26:27ça ne dure jamais
26:29toute la vie, vous n'êtes toujours
26:31pas assez vertueux pour quelqu'un qui va vous juger.
26:33La vertu...
26:35Je ne veux pas jouer les puritains, parce que j'ai
26:37peur du puritanisme,
26:39et évidemment qu'il peut y avoir des excès,
26:41des juges, et qu'il peut y avoir des excès,
26:43notamment dans la façon dont la Haute Autorité
26:45de la Transparence a pu faire évoluer son rôle.
26:47Ok. Mais entre la vertu
26:49et le vice, il y a des...
26:51Entre la vertu puritaine et le vice,
26:53il peut y avoir quelques équilibres,
26:55et quelques intermédiaires,
26:57parce qu'on ne peut pas non plus
26:59laisser des politiques, des responsables politiques
27:01qui... On ne vit plus dans un monde
27:03où tout est caché, il faut quand même comprendre ça.
27:05On ne vit plus...
27:07Tu es bien placé pour le savoir, tu es directeur d'un journal.
27:09Et donc,
27:11la montée en pouvoir des juges,
27:13elle est parallèle à la montée en pouvoir médiatique,
27:15notamment du journaliste d'un média...
27:17Mais moi, je suis contre ça, par exemple.
27:19Oui, mais tu es contre ça.
27:21Ça se passe partout dans le monde occidental.
27:23Oui, mais c'est très mauvais. Il faut lutter contre.
27:25Oui, mais tu ne peux pas lutter contre le fait
27:27que le pouvoir médiatique
27:29s'est érigé en contre-pouvoir
27:31du politique, contre ses abus,
27:33les abus du politique.
27:35Et les abus du politique, ils existent.
27:37Mais non, ce n'est pas du tout notre métier.
27:39Je reviens à Mme Le Pen, parce que c'est quand même le sujet.
27:41Moi, j'ai fait
27:4330 ans de politique, du bricolage
27:45avec la loi, j'en ai connu, j'en ai vu
27:47et de tous les partis politiques.
27:49Mais simplement, il y a un moment donné
27:51où, quand le bricolage était rejet
27:53en système, on se finit
27:55par se faire rattraper par la patrouille.
27:57C'est ça, la réalité de cette affaire,
27:59à mon humble avis.
28:01Juste pour terminer Olivier,
28:03pardon d'une phrase,
28:05on ne peut pas
28:07complètement tout réviser, toutes les lois,
28:09en disant qu'est-ce que c'était mauvais,
28:11juste parce que c'est Mme Le Pen qui est concernée.
28:13Moi, ça me choque.
28:15Oui, mais moi, ça me choque que tout le monde
28:17se réveille, notamment dans la classe politique.
28:19Honnêtement, ce qu'a dit Gérald Darmanin
28:21m'a choqué, parce qu'il faisait partie
28:23de ceux, je ne sais pas s'il était parlementaire à l'époque,
28:25il y a 10 ans. Il serait profondément choquant que
28:27Marine Le Pen soit jugée inéligible.
28:29Je pense que c'est dans la loi.
28:31Oui, mais il ne découvre pas la loi.
28:33Le battre de Mme Le Pen se fait dans les urnes.
28:35Là, on est au bal des hypocrites,
28:37quand même, puisque c'est dans la loi
28:39qui a été votée à l'unanimité
28:41par la classe politique, donc que chacun
28:43assume ses responsabilités.
28:45Et Mme Marine Le Pen aussi.
28:47Donc, encore une fois,
28:49dans cette affaire, ce n'est pas une question
28:51de pouvoir des juges, parce que là, les juges ne font
28:53qu'appliquer la loi
28:55sans en faire une
28:57interprétation outrancière.
28:59Le point de discussion de cette affaire,
29:01c'est, est-ce qu'il doit y avoir
29:03exécution immédiate ?
29:05Moi, je ne le pense pas, ou pas.
29:07C'est là-dessus que ça se joue.
29:09S'il n'y a pas d'exécution immédiate appelée provisoire,
29:11Marine Le Pen sera
29:13candidate à l'élection présidentielle.
29:15Alors justement, sans faire de politique fiction, si Marine Le Pen,
29:17au printemps 2025, est condamnée
29:19par le parquet, quel avenir pour son parti ?
29:21Pour le Rassemblement National ?
29:23Est-ce que Jordan Bardella sera en mesure
29:25d'être son successeur naturel ?
29:27Il s'exprimait hier, justement, sur le plateau
29:29de Laurence Ferrari. Écoutez-le.
29:31Ce qui serait irresponsable,
29:33c'est de répondre
29:35à ce genre de questions quand on a un genou à terre.
29:37Parce qu'aujourd'hui, mon mouvement politique,
29:39il a un genou à terre.
29:41Et vous voyez, moi, je ne vais pas
29:43rester les bras croisés, parce que
29:45mon procureur, il n'y a pas eu de...
29:47Je tiens à dire et à préciser...
29:49Voilà, ce n'est pas un jugement.
29:51Il y a une plaidoirie, le temps de la plaidoirie,
29:53évidemment, s'ouvrir pour la défense,
29:55et le jugement sera rendu un petit peu plus tard,
29:57au début de l'année 2025.
29:59Mais c'est de ma responsabilité,
30:01aujourd'hui,
30:03de dire aux Français que on ne peut pas
30:05accepter qu'un juge,
30:07parce qu'il a décidé d'avoir Marine Le Pen
30:09dans le nez, requiert
30:11l'inégibité d'une potentielle candidate à l'élection présidentielle.
30:13Donc, moi, je crois...
30:15Dans la probité,
30:17je me prépare à exercer le pouvoir,
30:19mais pas aux mêmes fonctions
30:21que celles auxquelles Marine Le Pen se prépare.
30:23Voilà, c'est clair. Je ne compte pas faire mon beurre dans cette période.
30:25Je vous dis tout de suite, donc je ne vais pas répondre à ce genre de questions.
30:27Et évidemment que je serai, moi,
30:29aux côtés de Marine Le Pen dans cette période, parce que c'est mon rôle
30:31de chef de parti, et que c'est mon rôle aussi
30:33dans cette période d'appeler les Français
30:35à la plus grande vigueur.
30:37On l'a compris, Geoffroy Lejeune, Jordan Bardella,
30:39qui fait tout pour refermer l'hypothèse
30:41d'une candidature à la présidentielle.
30:43Néanmoins, est-ce qu'il serait
30:45l'unique recours dans la bataille
30:47à la prochaine présidentielle, dans le cas où
30:49Marine Le Pen, effectivement, serait inéligible ?
30:51Alors, si on fait de la politique fiction,
30:53moi, je n'ai rien contre, j'adore ça, mais
30:55si on fait de la politique fiction, je pense que l'absence
30:57de Marine Le Pen, surtout aussitôt avant
30:59l'élection, ça va impacter,
31:01ça rebat les cartes beaucoup. C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
31:03quand vous regardez le paysage politique
31:05de tout ce qui n'est pas macroniste, en réalité,
31:07c'est-à-dire, je commence,
31:09même avec certains héritiers du macronisme,
31:11mais qui sont plus à droite qu'Emmanuel Macron,
31:13comme Darmanin, si vous voulez, de Darmanin
31:15à Bardella, ou
31:17à Zemmour, vous avez un
31:19paquet de gens, moi, c'est des gens que je fréquente
31:21depuis maintenant une quinzaine d'années, qui m'expliquent
31:23tous, un jour, qu'ils vont réussir à récupérer les voix de Marine Le Pen.
31:25Si Marine Le Pen n'est plus là,
31:27ça va donner des idées à certains.
31:29Retailleau, Laurent Wauquiez, Xavier Bertrand, voilà, il y a beaucoup de gens.
31:31Maintenant,
31:33donc, je ne sais pas,
31:35je constate juste, c'est mon
31:37enseignement de la présidentielle 2022,
31:39quand Éric Zemmour est monté
31:41très très très très très haut, en siphonnant beaucoup
31:43Marine Le Pen, avec le résultat qu'on sait à la fin,
31:45c'est-à-dire qu'en réalité,
31:47elle a récupéré son électorat
31:49et elle l'a récupéré sur ses thématiques
31:51à elle. Ce que je me dis,
31:53c'est que l'électorat
31:55populaire, qui est en gros le gros des bataillons des électeurs
31:57RN, je ne vois pas changer de vote
31:59aussi facilement, ça c'est quand même une constante.
32:01Et la troisième chose que je me dis également, c'est que
32:03je commence à connaître un peu Jordan Bardella,
32:05pas très bien,
32:07mais un peu, puisque je l'ai fréquenté beaucoup,
32:09dans le cadre de
32:11mon métier.
32:13Peut-être qu'il y a deux ans, il aurait joué la carte
32:15de l'héritier naturel et
32:17il aurait tenté de devenir
32:19aux yeux de tous un peu la
32:21suite logique. Aujourd'hui, je pense qu'il est beaucoup plus
32:23malin et en fait plus mature
32:25que ce qu'on croit et qu'il
32:27sait très bien que c'est la dernière chose à faire.
32:29Parce que passer pour l'homme pressé
32:31de 29 ans, qui
32:33n'attend qu'une chose, c'est que sa patronne trébuche
32:35pour s'engouffrer dans la brèche,
32:37c'est pour lui la mort politique assurée.
32:39Donc il fait exactement l'inverse. Je viens de lire son livre,
32:41et honnêtement, il est assez clair sur le sujet
32:43et je pense, je ne suis pas dans sa tête,
32:45mais je pense qu'il est assez lucide pour savoir
32:47qu'il n'aurait pas intérêt à le faire.
32:49Le destin de Jordan Barrelda est là, donc il pourrait tout de même bien s'emballer.
32:51Il en a les ressorts selon vous ?
32:53Philippe Nibert, même si visiblement
32:55ce qu'il montre, c'est qu'il ne veut pas.
32:57Comme de l'ange au froid,
32:59il n'a absolument pas
33:01intérêt, il a même tout
33:03intérêt à ne pas montrer le moindre signe
33:05d'une impatience ou
33:07d'une ambition quelconque, surtout
33:09dans la période actuelle. Ce serait
33:11une erreur, une faute politique considérable
33:13de sa part. Est-ce qu'il a l'étoffe
33:15ou pas ?
33:17Je vais dire franchement ce que je pense.
33:19Je pense qu'aujourd'hui, il ne l'a pas.
33:21Mais ça ne veut pas dire que dans deux ans, dans trois ans,
33:23il ne l'aura pas. Je pense que
33:25contrairement à ce qu'on dit,
33:27Emmanuel Macron, ce n'est pas inventé en quinze jours.
33:29Emmanuel Macron, il s'est
33:31construit en trois ans, parce que c'est à peu près
33:33le seul exemple, mais un exemple important
33:35parce qu'il est président depuis sept ans,
33:37d'un homme qui est
33:39devenu président de la République
33:41dès sa première candidature
33:43et en étant connu
33:45des Français trois ans avant. Mais il a mis
33:47trois ans, justement, et tout ça a été
33:49assez bien réfléchi.
33:51Donc en trois ans, on peut devenir imprésidentiable.
33:53Aujourd'hui, je crois
33:55vraiment qu'il ne l'est pas.
33:57Dans trois ans, je n'en sais rien, on verra.
33:59Mais, encore
34:01une fois, je voudrais redire, parce que
34:03Bardella fait sciemment
34:05de confusions,
34:07Marine Le Pen, pour l'instant,
34:09n'est pas du tout
34:11hors-jeu de l'élection présidentielle
34:132027. Je voudrais le redire, parce que
34:15tout le monde a l'air de considérer ça comme acquis.
34:17Encore une fois, si les juges
34:19du tribunal décident de ne pas
34:21mettre en place cette exécution provisoire,
34:23Marine Le Pen pourra
34:25se présenter en 2027.
34:27Donc, soyons un tout
34:29petit peu patients. Il ne faudra pas
34:31trop de plans. Effectivement,
34:33le tremblement de terre politique,
34:35le vrai tremblement de terre politique, c'est
34:37malgré tout ce qu'on est en train de dire et tout le débat
34:39qu'il y a depuis deux jours,
34:41les juges décidaient
34:43de maintenir et d'appliquer
34:45cette exécution provisoire. Parce que là,
34:47on pourrait dire, là,
34:49vraiment, il y a eu une volonté de la part
34:51des juges de dire à Marine Le Pen,
34:53votre carrière politique, etc. Vous évoquiez
34:55les électeurs Geoffroy Lejeune, effectivement. Est-ce qu'il
34:57pourrait y avoir une forte colère des électeurs
34:59par rapport à la décision des juges ? J'entendais
35:01notamment des témoignages chez nos confrères d'Europe 1,
35:03chez Cyril Hanouda, et on entendait la colère
35:05de certains électeurs qui ont décroché leur téléphone
35:07en disant, non, non, ça ne va pas se passer comme ça.
35:09Est-ce qu'effectivement, il y a un risque de
35:11colère chez les nombreux électeurs du Rassemblement
35:13national ? Ça me paraît absolument
35:15évident. Je ne veux pas faire de parallèle
35:17un peu rapide et hasardeux, mais Trump
35:19a été quand même porté par le fait qu'il a
35:21combattu des tribunaux pour essayer
35:23de se présenter à cette élection qu'il vient
35:25de remporter. Je pense qu'il y a quelque chose,
35:27si vous voulez, en fait, dans la tête d'un électeur
35:29du RN, pour en avoir fréquenté beaucoup
35:31dans mes reportages
35:33au début de ma carrière,
35:35il y a un ressort chez beaucoup d'entre eux
35:37qui est, c'est le RN ou rien.
35:39Le RN est le seul parti qui peut nous
35:41sauver, le seul qui nous comprend, le seul
35:43qui nous défend, etc. Si vous lui mettez, comme
35:45disait Bardella hier, un genou à terre, voire
35:47deux genoux à terre, évidemment qu'il y a
35:49quelque chose de l'ordre du désespoir
35:51qu'il faut bien
35:53mesurer. Ça ne rigole pas.
35:55Et après,
35:57moi, j'ai constaté autre chose
35:59aussi, c'est que ce n'est pas uniquement
36:01les électeurs de Marine Le Pen qui sont mal à l'aise
36:03en ce moment avec ce qui est en train de se passer. Tout ce que j'ai dit
36:05tout à l'heure sur les principes et sur la démocratie
36:07et le respect, en fait, d'offrir
36:09la possibilité aux gens de voter pour quelqu'un,
36:11c'est partagé quand même
36:13plus largement que, par
36:15exemple, Mélenchon, sa réaction.
36:17Mélenchon a fondé toute sa stratégie
36:19sur être l'opposant à Marine Le Pen.
36:21Si Marine Le Pen
36:23disparaît de la vie politique,
36:25toute sa stratégie est quelque peu
36:27changée. Il est rarement en soutien de Marine Le Pen,
36:29et là, plutôt, quand même. Oui, mais parce que
36:31forcément,
36:33il a complètement théorisé son opposition
36:35finale avec Marine Le Pen au deuxième tour
36:37de la présidentielle. Donc, ça lui change
36:39un peu sa théorie.
36:41Moi, je serais un petit peu plus nuancé. Je pense que
36:43la base ancienne du RN,
36:45à la louche, une vingtaine
36:47de pourcents, une bonne vingtaine de pourcents,
36:49est effectivement dans la logique que
36:51tu décris, mais je pense
36:53que sur la progression récente,
36:55sur les deux dernières années
36:57du RN, en attirant
36:59des électeurs venant
37:01pas seulement des milieux populaires,
37:03et venant plutôt de la droite, des électeurs
37:05d'Éric Zemmour, des électeurs de la droite
37:07qui sont venus rejoindre le RN
37:09entre les européennes et les législatives,
37:11je pense que cela,
37:13j'attendrai un petit peu de voir quel est leur état
37:15d'esprit, parce que ce n'est pas tout à fait le même électorat.
37:17C'est un électorat plus récent
37:19du RN, et
37:21qui est peut-être plus attaché, puisqu'il vient
37:23de parties classiques,
37:25à un certain respect du système.
37:27C'est-à-dire que pour Marine Le Pen,
37:29cette affaire lui redonne
37:31un statut d'anti-système,
37:33c'est-à-dire le système veut ma peau.
37:35J'ai essayé d'expliquer tout à l'heure que ce n'était pas exactement
37:37ça, que c'était juste un respect des lois,
37:39mais elle peut
37:41jouer, et c'est ce qu'elle a joué ce soir sur TF1,
37:43la figure de l'anti-système,
37:45celle par laquelle le système
37:47veut absolument éliminer, en fait,
37:49c'est un peu une analogie avec
37:51Donald Trump.
37:53Ça peut marcher sur une bonne partie de son électorat,
37:55je ne suis pas sûr que ça joue.
37:57On est en France, on n'est pas aux Etats-Unis,
37:59et je ne suis pas sûr que ça joue sur
38:01les 7-8% d'électeurs
38:03qui sont venus la rejoindre
38:05aux européennes et aux législatives,
38:07mais qui avant votaient pour d'autres parties.
38:09Alors, on a passé, et c'était important,
38:11une grande partie de cette émission,
38:13à revenir sur cette réquisition
38:15d'inligibilité, je vais y arriver,
38:17c'est un mot qu'il faut qu'on apprenne.
38:19Exactement, et qui n'est pas très
38:21évident à dire.
38:23Je vais toujours, au volet politique,
38:25vous entendre sur cette déclaration
38:27d'un député de la France Insoumise
38:29qui, une nouvelle fois, sent la provocation,
38:31c'est celle du député Éric Coquerel.
38:33Il est également président de la Commission
38:35des Finances à l'Assemblée Nationale,
38:37et il a estimé qu'Elias Dimsalen
38:39est plus respectable que Bruno Retailleau.
38:41Elias Dimsalen, c'est un pro-palestinien,
38:43islamiste, fiché S,
38:45qui est actuellement poursuivi,
38:47notamment pour avoir appelé à l'Antifaïda à Paris.
38:49Alors, jeudi dernier, il était aux côtés d'Ersilia Soudé
38:51et d'Éric Coquerel, dans le cadre d'une manifestation
38:53contre la tenue du match France-Israël.
38:55On va écouter la réponse
38:57d'Éric Coquerel,
38:59quand il explique sa présence aux côtés
39:01de cet islamiste. Alors, le député rappelle
39:03qu'il a participé, il y a quelques années,
39:05à une manifestation en soutien aux Kurdes,
39:07avec Bruno Retailleau, dont il ne partage pas les idées.
39:09On écoute Éric Coquerel.
39:11Il n'y avait pas très loin,
39:13c'était Bruno Retailleau qui était là.
39:15Il y avait des gens avec qui je n'ai aucun.
39:17C'était il y a quelques années.
39:19Est-ce qu'on va m'interroger en me disant
39:21Monsieur Coquerel, attention, vous avez Monsieur Retailleau.
39:23Vous comparez un activiste qui appelle à l'Antifaïda
39:25dans les rues de Paris, avec Monsieur Retailleau ?
39:27Je pense que cette personne est certainement plus respectable
39:29vu ce que Monsieur Retailleau sort aujourd'hui,
39:31qui emprunte à l'extrême droite
39:33beaucoup de son vocabulaire raciste.
39:35Plus respectable ?
39:37Oui, oui.
39:39Vous vous enquêterez ? Je vous recommande.
39:41Donc du coup, Éric Coquerel,
39:43il acte comme légitime la provocation
39:45à la haine, finalement,
39:47avec cette déclaration, l'appel à l'Antifaïda
39:49d'Elias Dimsalen, Geoffroy Lejeune.
39:51Alors moi, j'ai deux réactions.
39:53Je suis consterné déjà, parce que
39:55je me demande où est la limite.
39:57Quand est-ce qu'ils vont s'arrêter ?
39:59Elle est repoussée régulièrement, et d'autant plus que ça vient
40:01d'Éric Coquerel. Éric Coquerel, donc,
40:03vous l'avez dit tout à l'heure, président de la commission des finances,
40:05c'est la partie respectable de la France insoumise.
40:07C'est la première chose.
40:09En théorie, on est un peu
40:11moins mal à l'aise avec lui qu'avec les autres.
40:13Et la deuxième chose, sur le fond,
40:15c'est très intéressant, ce qu'il dit.
40:17C'est très intéressant et c'est très révélateur.
40:19La France insoumise, Éric Coquerel
40:21mais Mélenchon pareil, a choisi
40:23sa France, en réalité.
40:25Il y a eu beaucoup d'hésitations, si vous avez suivi
40:27le parcours de Mélenchon ces 15 dernières années.
40:29En 2012, par exemple,
40:31c'est presque un candidat de gauche patriote.
40:33Sur l'immigration, il est très réticent,
40:35il est très laïc, etc.
40:37Au moment de Charlie aussi, il est à l'enterrement
40:39de ses amis des signateurs.
40:41Il est dans la République.
40:43D'ailleurs, je crois que c'est à son enterrement
40:45qu'il était présent, qu'il a prononcé
40:47un discours. C'était ça, Mélenchon.
40:49Avant moi, le Mélenchon que j'ai connu, il était comme ça.
40:51Et à un moment donné, il choisit
40:53l'autre France parce qu'il comprend. Mais d'ailleurs, il le dit.
40:55En plus, tout ça est très lisible et très facile à retrouver.
40:57Il explique qu'à un moment donné, il comprend
40:59que la vieille France
41:01rance, blanche, beauf,
41:03de la périphérie,
41:05des périphéries. En fait,
41:07il votera plus facilement pour Marine Le Pen que pour lui.
41:09Donc, il choisit son autre France. Et son autre France,
41:11c'est celle de ce monsieur. C'est celle
41:13de tous les pro-palestiniens qu'on voit
41:15manifester dès que Netanyahou
41:17prend la parole dans un média français. C'est cette France-là.
41:19C'est la France des dealers aussi.
41:21Et ils l'ont choisi. Donc, à la fin,
41:23ils ont tellement avalé
41:25ce logiciel qu'aux yeux d'Éric Coquerel,
41:27tout président de la commission des finances qu'il est,
41:29tout vieil élu qu'il est,
41:31oui, c'est plus respectable à ses yeux puisque
41:33c'est le parti qu'il a choisi. On arrive au terme de cette émission.
41:35Malheureusement, un mot. Peut-être Philippe Guibert.
41:37Effectivement, Geoffroy Lejeune disait
41:39qu'il n'y a plus de limites. Mais en face, peut-être
41:41qu'il n'y a personne. On n'est jamais déçu par LFY.
41:43D'aller jusqu'à dire
41:45qu'un agitateur de rue
41:47appelant à l'intifada,
41:49à l'émeute et à la haine,
41:51est plus respectable qu'un ministre de l'Intérieur
41:53avec lequel on peut avoir des désaccueurs, par ailleurs,
41:55est quand même hallucinant.
41:57Je veux dire, effectivement, ils vont
41:59de plus en plus loin et on ne sait pas où ils
42:01s'arrêteront. Le tournant dont parlait Geoffroy,
42:03il date de 2019 et de la manif contre l'islamophobe.
42:05Philippe Guibert, Geoffroy Lejeune,
42:07un grand merci d'avoir joué
42:09le jeu du débat une nouvelle fois.
42:11C'était très...
42:13Une bonne demi-heure en plus.
42:15Si vous voulez revoir, ça se dispute. Le débat de ce soir,
42:17très intéressant pour faire votre avis.
42:19www.cnews.fr. Ça se dispute.
42:21On se retrouve la semaine prochaine.
42:23Excellente soirée. Dans un instant,
42:25l'actualité continue. C'est Yohann Usaï
42:27avec 100% politique. On vous retrouve
42:29demain à 17h dans Punchline Weekend.
42:31Excellente nuit sur CNews, bien évidemment.