• avant-hier
"Ce que je veux c'est vivre le plus longtemps possible, mais si ça devient trop dur, je veux simplement que ça puisse s'arrêter."

Le vote était prévu à l'Assemblée ce mardi 18 juin. Depuis la dissolution annoncée par Emmanuel Macron, le projet de loi sur la fin de vie est suspendu, repoussant l'espoir d'une "mort sans douleur et d'une fin de vie sereine" pour de nombreuses personnes. C'est le cas de Loïc Résibois, 46 ans, atteint de la maladie de Charcot. Il témoigne.

Category

🗞
News
Transcription
00:00Deux minutes avant qu'il annonce la dissolution, j'ai dit à ma femme
00:05putain mais il va pas dissoudre, ben c'est exactement ce qu'il a fait.
00:10Et de mourir c'est à la fois la garantie d'une mort sans douleur au moment voulu
00:17mais c'est surtout la garantie d'une fin de vie sereine
00:21parce que tu sais que tu seras jamais dans cette situation
00:26où tu es pas encore mort mais plus tout à fait vivant.
00:30Je m'appelle Louis Grézy-Bois, j'ai 47 ans et je suis atteint de la maladie de Charcot.
00:37Quand tu apprends officiellement que ton espérance de vie vient de passer de
00:43on va dire 40 ans à 3 à 5 ans, forcément c'est très dur.
00:50La maladie de Charcot c'est une maladie neurodégénérative qui éteint un à un tes mustres.
00:57Pour être très clair, tu te paralyses tous les jours un peu plus
01:02et tu finis sans pouvoir bouger, même le petit doigt, mais aussi sans pouvoir parler
01:10car mon élocution est déjà touchée et sans pouvoir manger.
01:15Et tu finis par mourir lorsque tes mustres respiratoires lâchent.
01:20Mon quotidien je dirais que c'est une dépendance totale à mon épouse.
01:26J'ai besoin d'elle de jour comme de nuit.
01:29Je suis incapable d'accomplir la moindre action.
01:33Elle me lève, elle doit m'habiller, elle m'emmène aux toilettes.
01:38C'est elle qui me touche, c'est elle qui me change de position.
01:44Même la nuit, il faut bien imaginer qu'une maladie de Charcot
01:49n'est même pas capable de se retourner dans son vie la nuit.
01:53C'est une maladie qui est incurable.
01:55Moi je me bats même pas pour les maladies de Charcot,
01:58je me bats pour tous les malades français,
02:01pour qu'en France on arrête enfin de mal mourir.
02:05Le projet de loi est tombé à l'eau,
02:08et donc le temps que la loi passe, ça pourrait prendre un an ou deux.
02:13Évidemment je serais déjà mort.
02:16Moi je refuse d'aller mourir à l'étranger.
02:20Je suis français, je veux pouvoir m'éteindre en France,
02:24et aujourd'hui c'est pas possible pour moi.
02:27Et donc si la loi ne passe pas à temps,
02:32ce qui est évidemment devenu très probable,
02:35je demanderais à bénéficier d'une euthanasie clandestine.
02:40L'aide à mourir, c'est une liberté
02:43qui n'empiète rien sur celle des autres.
02:46Si certains ne veulent pas en bénéficier,
02:49ils n'ont qu'à ne pas demander.
02:51Et vous savez, les gens ne vont pas se précipiter
02:55pour demander l'aide à mourir.
02:57Moi, comme tout M.A. et S.O.,
03:00je veux vivre le plus longtemps possible.
03:03Mais si un jour ça devient trop dur,
03:06je veux simplement que ça puisse s'arrêter,
03:09pour mes proches, et qu'ils comprennent
03:12qu'est-ce qu'il y a de plus terrible
03:14que de voir un proche souffrir sans pouvoir rien faire.
03:18Et moi, c'est ce que je dis, l'aide à mourir,
03:22c'est simplement un acte ultime de soin.
03:26La dépendance, c'est quand même hyper dur à vivre.
03:30Ça vous infantilise, et il faut bien imaginer.
03:34Je ne peux même pas me gratter.
03:37Cette dépendance, elle est vraiment totale.
03:40Et moi, je ne veux pas imposer ça à mes proches
03:44pendant autant d'années.
03:46Quand un malade te dit « là, j'en peux plus,
03:49ma vie n'est que souffrance »,
03:51c'est qu'il a réfléchi à la question,
03:54c'est pas des paroles en l'air.
03:56Et le rôle d'une société digne de ce nom,
03:59à ce moment-là, c'est d'aider à partir.

Recommandations