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"C'est important de soutenir notre agriculture et pas celle qui vient d'ailleurs."
Pour comprendre la colère des agriculteurs, on est allé voir Alexis sur son exploitation et sur le barrage de l'A16 à Beauvais.
Coût du carburant, normes toujours plus lourdes et consommateurs qui se tournent vers les produits étrangers… il raconte.

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Transcription
00:00On ne peut pas dire, faites plus vert et puis on va aller chercher des poulets ukrainiens
00:05qui sont poussés dans des bâtiments qui ne sont plus acceptables chez nous,
00:09du sucre ukrainien qui pousse à partir de betteraves OGM,
00:13traités au Roundup et enrobés de Néo,
00:15ce qu'on n'a pas le droit ou plus le droit de faire chez nous depuis bien longtemps.
00:18Voilà, à un moment donné, on demande de la cohérence et de la visibilité.
00:22Parce que l'agriculture, ce n'est pas de l'industrie lourde mais ça s'y apparente,
00:27on investit sur des temps longs et on a besoin de visibilité sur des temps longs.
00:31Donc aujourd'hui, on est dans le vexin.
00:33Moi, je produis des céréales, des betteraves et du lin à fibre.
00:37Là, on est en plein hiver, donc les cultures en place,
00:42il ne reste plus que les céréales, donc le blé.
00:44Mais par contre, vous avez des terres qui sont préparées
00:47pour accueillir les premières cultures de printemps.
00:50Aujourd'hui, cette agriculture-là, elle est forcément en péril.
00:55C'est pour ça qu'on est dans la rue aujourd'hui, c'est pour dire
00:57que c'est important de soutenir notre agriculture et pas celle qui vient d'ailleurs.
01:01Alors, on a plusieurs problématiques qui s'accumulent depuis quelques années sur nos exploitations.
01:06La problématique numéro une, c'est l'écart de moyens de production
01:11entre nous et nos voisins européens,
01:13et entre nous, Européens, et les importations qui viennent des pays extérieurs.
01:17Et c'est de là que découlent les principales complications de l'ensemble des agriculteurs,
01:23quelles que soient les productions.
01:24C'est-à-dire qu'on a demandé aux agriculteurs depuis des années de monter en gamme,
01:30de faire plus vert, de faire plus bio, de faire plus de haies, plus de choses comme ça.
01:36Sauf qu'en parallèle, le consommateur ne répond pas.
01:40C'est-à-dire que le consommateur a besoin du moins cher,
01:43et donc le politique, pour contenter le consommateur, a préféré importer
01:48de la marchandise qui est complètement déconnectée en termes de normes,
01:53ce qui nous met dans une situation compliquée où nos marchandises plutôt
01:58milieu de gamme ou haut de gamme ne se vencent pas chez nous et ont tendance à être exportées.
02:03Et en contrepartie, les marchandises d'entrée de gamme sont importées
02:07d'Amérique du Sud, d'Ukraine, etc.
02:10Là, comme machine, il y a surtout des tracteurs.
02:13Ici, vous avez un strip till, ça sert à implanter du maïs en direct
02:17sans travailler l'intégralité des sols.
02:19Là-bas, vous avez un smart de semi-direct qui sert à implanter des céréales
02:23directement derrière Bétrave sans travailler le sol.
02:26Voilà, donc c'est un peu révélateur du fait que tout ça, c'est des investissements
02:32qui ont été faits pour faire évoluer les pratiques,
02:34pour s'orienter vers ce qu'on nous demandait de faire,
02:38donc plus de couverts, moins de travail du sol, etc.
02:42Tout le matériel qu'on a autour de nous, ça vaut cher.
02:45Nous, quand on investit, c'est sur des pas de temps de 10, 15, 20 ans.
02:50Et donc, le problème, c'est qu'aujourd'hui, les politiques s'amusent à changer
02:53les règles du jeu tous les 4 matins.
02:56Et donc, ce n'est pas possible.
02:57Nous, en tant que chef d'entreprise, on ne peut pas être en permanence
03:01à la merci de décisions politiques qui viennent impacter complètement notre revenu.
03:05Là, vous avez plusieurs tracteurs, vous avez la moissonneuse de l'autre côté.
03:08En gros, sur une exploitation de 200 hectares chez nous,
03:14il faut, pour tourner dans une année, pour schématiser à l'extrême,
03:1820 000 litres de gasoil.
03:19Donc jusque-là, c'était du GNR qui était détaxé.
03:22C'est le gasoil non routier.
03:24Et demain, on nous remet une taxe.
03:27Et forcément, cette taxe, on va la subir de plein fouet.
03:29Pourquoi ? Parce que des tracteurs, il n'en existe que des thermiques.
03:32Donc, on est obligé de payer la taxe.
03:36Donc, tous les documents qui sont liés à l'entrée des fertilisants.
03:40Après, il y a tous les papiers de traçabilité.
03:42Bon, attention, c'est que la partie papier.
03:44Mais aujourd'hui, on est beaucoup en dématérialisation.
03:46On passe notre temps aussi sur l'ordinateur.
03:48Donc, on a des normes qui découlent directement des textes européens.
03:54Mais alors après, comme on est français, on en rajoute encore.
03:57On surnorme, on surtranspose.
03:59Donc ça, c'est une norme française.
04:00Et puis, comme ce n'est pas encore assez,
04:02ça arrive que sur certains schémas départementaux,
04:05on en rajoute au niveau des régions et des départements.
04:08Mais aujourd'hui, on sait qu'il y a un réchauffement climatique
04:12qui va menacer les agriculteurs en première ligne.
04:15On a besoin de mettre quand même des normes sur l'agriculture
04:17pour contrôler les émissions, pour contrôler les pollutions, etc.
04:21Le grand argument du moment, c'est le réchauffement climatique,
04:25le verdissement, etc.
04:27OK, sauf que quelle est l'alternative ?
04:29Dès qu'on va mettre une norme écologique supplémentaire
04:31sur nos agriculteurs français,
04:33on va aller chercher la marchandise ailleurs.
04:35Si vous arrêtez d'arroser, par exemple, des haricots chez nous,
04:38parce que vous dites, crise, on arrête les haricots,
04:42les haricots, ils vont venir du Kenya.
04:43Est-ce que c'est logique ?
04:53Donc ça, c'est les champs de la ferme.
04:54On arrive au bout des champs de la ferme.
04:58Donc là, on est parti sur le point de blocage de la 16 à Beauvais,
05:02puisqu'il y a un regroupement d'agriculteurs
05:04pour faire entendre notre colère,
05:06qui n'a pas été entendue jusque-là.
05:08Donc là, on arrive sur le blocage de la 16,
05:12où nos collègues sont rentrés et ont bloqué l'autoroute.
05:16On espère que ça va permettre une écoute plus attentive.
05:23Ça va ?
05:24J'amène les journalistes.
05:28Ce qu'il faut qu'on demande, c'est de la cohérence.
05:30Et la cohérence, c'est quoi ?
05:31C'est la même règle pour tous en Europe.
05:33Ça, c'est la base.
05:34Et pour ce qui rentre chez nous, un peu de contrôle
05:37et un peu de normes aussi.
05:38Des normes pas que chez nous,
05:39des normes un peu sur ce qui rentre.
05:41Depuis deux ans, on est importateur net de sucre en Europe.
05:44Il faut quand même avoir ça en tête.
05:45On n'arrive même plus à produire notre sucre.
05:47C'est quand même dingue.
05:48Et il va être produit où ?
05:49En Ukraine ou alors au Brésil,
05:50sur des terrains qui sont déforestés.
05:52Qu'est-ce qui est le mieux ?
05:53À un moment donné, il va falloir comprendre
05:54que les contraintes écologiques ici,
05:56ça fait des catastrophes écologiques à l'autre bout du monde.
06:02C'est un mouvement national
06:03parce que les contraintes sont nationales.
06:05Mais on n'a pas prévu d'arrêter.
06:06On s'arrêtera quand on aura des réponses précises et concrètes.
06:10Donc vous voyez, on n'est pas trop mal installé.
06:13Bon, tant qu'on n'a pas des réponses précises et concrètes
06:16et pas des euros qui nous sont balancés comme ça
06:21avec 8000 formulaires, etc.
06:23On veut des réponses concrètes, des avancées concrètes.

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