• il y a 10 heures
Avec Adel Bakawan, Directeur du Centre Français de Recherche sur l’Irak, chercheur associé au Programme Turquie/Moyen-Orient de de l’Institut français des relations internationales (Ifri) et membre de l’Institut de Recherche et d’Études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO)

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##C_EST_DANS_L_ACTU_9-2024-12-01##

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Transcription
00:00Je le disais il y a quelques minutes, alors que la guerre semblait se calmer au Liban,
00:07elle reprenait de plus belles en Syrie, de la manière la plus inattendue et la plus
00:11fulgurante.
00:12Un groupe de rebelles syriens s'est emparé en quelques heures de la ville d'Alep, deuxième
00:17ville du pays.
00:19Quelques heures plus tard, ces combattants étaient localisés à la ville de Hama, 140
00:24kilomètres au sud.
00:25Il semble qu'il n'y ait même pas eu la moindre résistance de l'armée syrienne sur cette
00:29route.
00:30Que se passe-t-il en Syrie ? Le régime de Bachar el-Assad est-il en train de s'effondrer ?
00:34C'est la question qu'on se pose avec notre invité Adel Bakawan.
00:37Bonjour.
00:38Bonjour.
00:39Bienvenue sur Sud Radio.
00:40Vous êtes directeur du Centre de recherche français sur l'Irak.
00:44Vous êtes aussi chercheur associé à l'IFRI et membre de l'Institut de recherche et d'études
00:48sur la Méditerranée.
00:49Que se passe-t-il en Syrie ? D'abord, qui soutient ces rebelles ?
00:54Qui soutient qui et comment et pourquoi ?
00:58En réalité, ce qui se passe actuellement en Syrie, c'est, je pourrais dire, une des
01:02conséquences de la guerre de Gaza, une des conséquences du 7 octobre de 2023.
01:09Absolument.
01:10Ce qui s'est passé au Liban, au Yémen, au Nirak, avec la République islamique d'Iran,
01:16ce sont tous des conséquences de la guerre de Gaza, numéro un.
01:19Numéro deux, depuis les années 2010, la Syrie est divisée en trois territoires.
01:26Un territoire d'influence de la Turquie, un territoire d'influence des États-Unis
01:30d'Amérique avec les Kurdes, la Turquie avec les rebelles, notamment le groupe qui a mené
01:36l'offensive.
01:37Exactement.
01:38Et un territoire d'influence de la Russie et notamment de la République islamique d'Iran
01:44qui contrôlent et qui aident et qui soutiennent le régime syrien.
01:47Sauf que les Iraniens et les Russes ont semblé complètement déborder, tout autant que l'armée
01:51syrienne de Bachar el-Assad depuis quelques heures.
01:54Pourquoi ? Parce que tout simplement, dans ce Moyen-Orient global, global, les soutiens
02:02du régime Assad n'étaient jamais aussi affaiblis.
02:06La République islamique d'Iran, depuis sa fondation jusqu'à aujourd'hui, n'a jamais
02:12été aussi affaiblie et menacée à la fois de l'extérieur par Israël et les États-Unis
02:18d'Amérique et de l'intérieur par un grand mouvement de contestation.
02:22Femme, vie, liberté, on se souvient tous.
02:25Donc existe le soutien iranien ou du moins existe en tout cas l'affaiblissement du soutien
02:30iranien au régime de Bachar el-Assad en Syrie, le Hezbollah libanais qui a été lourdement
02:35frappé par Israël n'était pas là également et les Russes sont accaparés par l'Ukraine
02:40et ont mené des frappes malgré tout, ils ont aussi dû déplacer leurs forces aériennes.
02:44Mais vous l'avez décrit parfaitement la situation, c'est le contexte dans lequel
02:49le régime Assad et son armée se trouvent.
02:52Alors donc la Turquie bien évidemment saisit cette opportunité exceptionnelle.
02:59Depuis 2011, la Turquie souhaite s'imposer sur la scène syrienne numéro un.
03:05Numéro deux, depuis plusieurs mois, le président Erdogan souhaite engager des négociations
03:11avec Bachar el-Assad qui refusait catégoriquement de rencontrer le président Erdogan tant qu'il
03:17ne s'est pas retiré sur le sol, c'est rien.
03:21Alors donc là, une grande fenêtre est ouverte pour le président, pour faire quoi ?
03:27Pour tomber le régime de Bachar el-Assad ?
03:29Je suis très très très très nuancé par rapport à la chute du régime.
03:34Pourquoi ? Parce que tout simplement, à ce jour-là, ni la Turquie, ni les Etats-Unis
03:40d'Amérique, ni Israël, personne n'a vraiment intérêt à faire chuter...
03:44Est-ce que Bachar el-Assad tombe ?
03:46Parlons maintenant des rebelles qui sont soutenus, vous le dites, par la Turquie, plus ou moins
03:52officiellement, ce sont des djihadistes.
03:54C'est l'ancien groupe Al-Nosra qui était lié il y a quelques années à l'organisation Al-Qaïda.
03:59Est-ce que ça veut dire qu'aujourd'hui, très concrètement, la Turquie soutient
04:04des groupes djihadistes, islamistes, voire terroristes ?
04:07Je nuance.
04:10Alors, je vais nuancer encore une fois parce que...
04:13Il est normal que la question vienne d'un pays où on a été frappé par des attentats
04:16dont les terroristes étaient venus de la Syrie.
04:19Absolument.
04:20Alors, je vais recontextualiser les choses.
04:24Certes, c'est une donnée objective que Jabhat al-Nusra, c'est-à-dire...
04:31Ce groupe.
04:32Voilà, ce groupe qui est le pivot du Haïk al-Tahrir al-Hisham et la branche d'Al-Qaïda en Syrie.
04:39Il n'y a aucun doute.
04:41Dont acte.
04:42C'est le premier acte.
04:43Deuxième fait.
04:44Deuxième fait, ce groupe, dans la démarche d'une diversion, je dis bien d'une diversion,
04:52a changé à plusieurs reprises le nom.
04:54Aujourd'hui, il se présente comme Haïk al-Tahrir al-Hisham.
04:58Mais en réalité, on ne doit jamais oublier ni l'idéologie, ni l'appartenance organisationnelle
05:07de Jabhat al-Nusra devenu Haïk al-Tahrir al-Hisham Al-Qaïda.
05:11Est-ce que ça veut dire qu'en gros, le régime syrien est en train de vaciller sous les
05:16coups d'Al-Qaïda soutenus par la Turquie ?
05:17La question est vertigineuse, sans contexte.
05:20Écoutez, je ne connais aucun pays, aucune puissance du système régional qui ne traite
05:26pas, qui ne tente pas capitaliser, instrumentaliser, utiliser, orienter les organisations à la
05:34fois miliciennes et terroristes dans la région.
05:36Effectivement.
05:37Alors il n'y a pas, il faut le préciser aussi, que des islamistes dans cette offensive, des
05:40éléments de l'armée nationale syrienne soutenus par la Turquie ont été localisés.
05:43Il y a aussi quelques éléments de l'armée syrienne libre qui, elles, étaient plutôt
05:47laïques.
05:48C'est important de rappeler et de ne pas les oublier parce qu'ils ont payé un lourd tribut
05:51à cette guerre civile absolument épouvantable.
05:53On continuera à en parler avec vous, pourquoi pas.
05:55Merci beaucoup pour cet éclairage, en tout cas sur Sud Radio.
05:58Merci infiniment d'être intervenu.
06:00Adèle Bakawan, je rappelle que vous êtes directeur du Centre français de recherche
06:04sur l'Irak, chercheur associé à l'IFRI et membre de l'Institut de recherche et d'études
06:08sur la Méditerranée et le Moyen-Orient.

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