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Vendredi 6 décembre 2024, SMART IMPACT reçoit Julien Denormandie (Responsable de l'Impact, Sweep, ancien ministre de l'agriculture)

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00:00Prêts pour l'impact, c'est un nouveau rendez-vous dans notre émission. Chaque semaine, je reçois un acteur majeur de notre économie,
00:11les DG des plus grands groupes mais aussi des ministres, des intellectuels, des personnalités engagées pour une interview en longueur plus de 25 minutes.
00:19Et pour cette première, j'accueille Julien Denormandie. Bonjour.
00:22Bonjour.
00:23Bienvenue à nous accueillir.
00:24Merci à vous.
00:25Merci d'ouvrir le bal en quelque sorte.
00:27C'est un honneur.
00:28Vous êtes responsable de l'impact chez Sweep, startup qui accompagne les entreprises dans leur démarche de durabilité et évidemment de bilan extra-financier.
00:37Vous y êtes depuis septembre 2022 après avoir occupé plusieurs postes gouvernementaux.
00:43Ministre de la Ville et du Logement, c'était de 2018 à 2020.
00:46Ministre de l'Agriculture jusqu'en 2022.
00:49J'imagine, tiens, justement, quand vous quittez le gouvernement, je crois que c'était au printemps, mai 2022, vous deviez avoir pas mal d'options devant vous.
00:57Pourquoi vous avez choisi une startup ? Pourquoi vous avez choisi Sweep ?
01:01Parce que moi, je crois beaucoup à l'entreprenariat.
01:04Je pense qu'on peut faire des choses fabuleuses dans l'entreprenariat.
01:08C'est aussi une forme de rupture avec le monde politique.
01:14Et j'ai donc choisi de rejoindre ce fabuleux projet chez Sweep, où on accompagne les entreprises dans leur durabilité.
01:22J'ai rejoint également un fonds d'investissement à impact, qui s'appelle RAISE, qui est pionnier de la finance engagée.
01:30Qu'on a reçu ici plusieurs fois, oui.
01:32Et je suis persuadé que...
01:34Il fallait ces deux briques, en quelque sorte.
01:36En fait, moi, je voulais vraiment m'engager en faveur du climat et au bénéfice de celles et ceux qui essayent de faire les choses différemment,
01:44en se disant que nos systèmes économiques linéaires trouvent des finitudes,
01:50en se disant que ne pas se poser les bonnes questions, de savoir comment faire autrement, était profondément une erreur.
01:59Et l'entreprenariat, que ce soit dans le domaine de l'environnement, la finance à impact, sont des vecteurs, il me semble,
02:07très importants pour accompagner cette économie vers la décarbonation.
02:12Qui sont vos clients chez SWIP, et surtout, comment vous les accompagnez ?
02:16C'est quoi le service que vous proposez ?
02:18Alors, nos clients, ils sont à la fois des grandes entreprises, mais aussi des PME et des ETI, et également des acteurs du monde financier.
02:27Nos clients, ils font face à un défi majeur, qui est celui de la décarbonation, qui est celui de la limite des empreintes environnementales.
02:35Songez que nous avons fait une étude récemment avec l'un de nos partenaires, qui est Capgemini.
02:39On a interrogé plus de 500 entreprises à travers le monde, en France, en Grande-Bretagne, en Allemagne, aux Etats-Unis,
02:45et plus de 8 entreprises sur 10 indiquent que face à un monde décarboné, ces entreprises vont devoir se changer significativement.
02:55C'est-à-dire repenser leurs modèles, leurs modèles d'approvisionnement, leurs achats, repenser leurs modèles de production.
03:018 sur 10 ?
03:038 sur 10, c'est colossal, et à travers le monde.
03:06Ils ne se sentent pas prêts pour l'impact, finalement, c'est le titre de notre rubrique, ou pas suffisamment prêts pour l'impact ?
03:13Disons qu'elles ont cette prise de conscience, et en même temps, si 8 sur 10 ont cette prise de conscience,
03:197 sur 10, dans la même étude, indiquent ne pas être suffisamment armés pour faire face à cela.
03:26Et c'est cet accompagnement qu'il faut apporter.
03:28Chez SWEEP, nous, on est une ESG Data Management Platform, c'est-à-dire qu'on apporte un logiciel,
03:36on est éditeur de logiciel aux entreprises pour gérer par la donnée, et c'est très important, l'ensemble des critères environnementaux,
03:44que ce soit le carbone, que ce soit l'eau, les déchets, que ce soit la gouvernance ou le social.
03:49Et ce faisant, tout comme les entreprises gèrent leurs données financières par des process, par des outils,
03:56on apporte à ces entreprises le logiciel leur permettant, l'infrastructure leur permettant de se poser les bonnes questions,
04:05que ce soit en termes de se fixer des objectifs, de suivi de ces objectifs, de collecte de la donnée,
04:11mais également en termes d'impact sur leur propre gouvernance, comment on change une partie de sa gouvernance.
04:17Et donc, chez SWEEP, on permet aux entreprises de gérer par la donnée leurs enjeux environnementaux,
04:26et ce faisant également, mais c'est très important, de se mettre en conformité avec les nouvelles réglementations comme la CSRV.
04:33Et dont on va parler évidemment. Alors, j'ai choisi une date importante dans l'histoire de SWEEP, dans l'histoire récente,
04:40c'est mars 2023, première acquisition. C'est une toute jeune entreprise, déjà une acquisition d'un concurrent britannique
04:46qui s'appelle Consequence, fondée par les frères Poulter, qui ont d'ailleurs rejoint vos équipes.
04:51Pourquoi cet achat ? Qu'est-ce que ça représente cette date, mars 2023 ?
04:55Cette entreprise, Consequence, c'est une entreprise qui est spécialisée dans l'intelligence artificielle.
05:01Je vous l'ai dit, l'enjeu pour les entreprises, c'est de s'armer face aux défis environnementaux,
05:06et les deux grands enseignements qu'on a, c'est ce faisant, il faut accepter que l'environnement soit géré comme un projet de données,
05:15et accepter que l'environnement impacte la gouvernance de l'entreprise.
05:20Et quand on parle d'une gestion par la donnée, c'est récupérer des données d'activité,
05:27les transformer en des données soit climatiques, soit sociales, soit de gouvernance.
05:32Pour pouvoir mener des actions de transformation derrière ?
05:34Pour pouvoir se fixer des objectifs, suivre ces objectifs, imaginer des initiatives, évaluer ces initiatives, etc.
05:43Sauf qu'on parle parfois de milliers de données.
05:48On va chercher des données d'activité, on a certains grands groupes, on a même des dizaines de millions de lignes de données.
05:56Donc il fallait de l'intelligence artificielle.
05:58L'intelligence artificielle vient simplifier encore plus, que ce soit la collecte, la transformation, la gestion de ces données.
06:06Mais je fais très attention avec l'intelligence artificielle.
06:09Chez SWEEP, on a donc, grâce à cette acquisition, permis de développer un outil qui soit le plus simple possible dans un monde complexe.
06:17Parce que le monde du carbone, le monde de l'environnement est un monde complexe.
06:20Mais l'intelligence artificielle ne pourra jamais se substituer au fait que les entreprises doivent se poser les bonnes questions.
06:28Est-ce que j'ai des impacts ? Où est-ce qu'ils sont ? Ma matérialité, ma fameuse double matérialité, quelle est-elle ?
06:34Et l'intelligence artificielle peut aider, mais attention aux formules magiques qui feraient croire aux uns ou aux autres
06:39que grâce à l'intelligence artificielle, tac, tac, tac, j'aurai plus rien à faire.
06:44Moi, je crois que l'environnement, c'est cette approche par la donnée, mais savoir se poser les bonnes questions
06:49pour, encore une fois, accompagner sa propre entreprise vers ce chemin de la durabilité.
06:55Cette directive européenne, cette directive CSRD qui fait rentrer petit à petit les entreprises européennes les unes après les autres,
07:03les très grandes, c'est déjà le cas, puis jusqu'au PME côté, donc dans cette ère du bilan extrême financier,
07:09c'est une évidence que je vais dire, mais c'est un accélérateur de business pour SWIP.
07:13Vous êtes au cœur de ces enjeux. Peut-être même qu'elle a été créée en prévision de cette nouvelle ère ?
07:24Moi, ce n'est pas très populaire ce que je vais dire, mais moi, je suis vraiment un amoureux de la CSRD,
07:33et indépendamment des activités professionnelles que je peux avoir dedans.
07:37Ce n'est pas juste parce que ça rapporte au business à SWIP que vous dites.
07:39Exactement. Et pourquoi je suis un amoureux de la CSRD ? Parce que pendant de longues années,
07:43je me suis battu pour essayer de passer d'une économie co à une économie valeur.
07:47Je me suis battu pour qu'on prenne en compte ce qu'on appelle les externalités négatives.
07:51Dit autrement, quand je produis un bien, mais ma production repose sur la déforestation,
07:58la destruction de l'environnement, ça ne doit plus être accepté.
08:02Et la beauté de cette CSRD, c'est qu'elle est extraterritoriale.
08:06Enfin, une réglementation européenne qui porte cette extraterritorialité.
08:11Donc, tout le monde dit que la CSRD, elle est complexe.
08:15C'est 800 pages. Ça fait un peu peur à tout le monde.
08:17Évidemment qu'on peut simplifier des choses, etc.
08:19Mais la logique, l'ambition de cette CSRD, elle est absolument essentielle.
08:25Et je crois vraiment pouvoir dire que l'Europe, là, a fondamentalement ouvert une boîte
08:31qui est la plus importante, c'est-à-dire la boîte de l'extraterritorialité environnementale.
08:36Une fois que j'ai dit ça, une fois que j'ai fait cette déclaration d'amour à la CSRD,
08:40chez SWIP, on essaye de vous rendre la CSRD heureuse.
08:44Ça veut dire quoi ? Tout à l'heure, je parlais des dizaines de millions de lignes de données.
08:48La CSRD, c'est 1200 indicateurs putatifs.
08:52En réalité, c'est moins parce que ça ne sont que les indicateurs sur lesquels vous êtes matériel.
08:56On a chez SWIP aujourd'hui des dizaines et des dizaines de clients
09:00qu'on accompagne sur la CSRD.
09:02Des grandes entreprises, des plus petites.
09:04Qu'est-ce qu'on voit ?
09:05On voit que la CSRD, dès lors qu'on a cette approche par la data,
09:10on arrive assez facilement à se mettre en conformité avec la CSRD.
09:15On arrive aussi à se poser les bonnes questions
09:18sur quels vont être mes plans de transformation,
09:20quels vont être ce qu'on appelle mes fameux impacts,
09:25mes risques et mes opportunités.
09:27Et on a fait une étude récemment avec un cabinet qui s'appelle VerdantX,
09:31qui est un cabinet de classification, etc.
09:33Une étude parce qu'on voulait se demander
09:35est-ce qu'il y a un retour d'investissement
09:37pour les entreprises qui choisissent d'appréhender l'environnement,
09:40comme la CSRD, par la donnée ?
09:42Figurez-vous qu'on estime sur trois ans
09:45le retour d'investissement à près de 240%.
09:48Pourquoi ? Parce qu'on évite des coûts.
09:51Des coûts de temps passé à aller collecter de la donnée.
09:53On évite des coûts d'audit,
09:55puisqu'aujourd'hui la donnée extra-financière doit être auditée.
09:58C'est très important.
09:59C'est la fameuse transparence.
10:02Et on évite aussi des coûts de consulting, comme on dit,
10:05parce qu'en fait, ça permet à l'entreprise
10:08de se poser les bonnes questions au bon moment.
10:10Et là, je ne parle même pas des coûts de réduction,
10:12parce que j'ai changé mes moyens de production,
10:14mon efficacité énergétique.
10:15Rien que l'approche par la donnée
10:17permet un véritable retour sur investissement pour les entreprises.
10:22Et donc, une fois que j'ai dit tout ça,
10:24oui, la CSRD, il faut penser peut-être à la simplifier,
10:28notamment pour les ETI.
10:30Je sais qu'il y a les débats européens qui sont en cours.
10:33Mais oui, ce serait folie que de se dire
10:35qu'on va réduire l'ambition de la CSRD.
10:37Vous avez cette crainte,
10:39parce qu'à la suite des élections européennes,
10:42on a un Parlement européen
10:44dont la couleur politique a en partie changé,
10:48pas totalement, ça reste une majorité assez similaire à la précédente,
10:51mais avec des partis d'extrême droite qui sont plus puissants,
10:54et peut-être une tentation d'appuyer sur le frein.
10:56Est-ce que vous avez cette crainte-là ?
10:57Elle est liée aussi au mouvement des agriculteurs
10:59qui a occupé toute l'Europe une partie de l'année dernière,
11:02qui reprend en France aujourd'hui.
11:04On voit bien qu'il y a une question d'acceptabilité,
11:07peut-être même d'imaginaire autour de la transformation,
11:10dont on n'a pas encore trouvé la solution là-dessus.
11:13Est-ce qu'il y a ce moment,
11:15je ne sais pas s'il va durer longtemps,
11:17où on a ce sentiment que tout le monde se dit
11:19qu'on va un peu appuyer sur le frein ?
11:21Je suis d'accord, il y a des signaux dans ce sens.
11:24Le rapport Draghi disant que pour la compétitivité européenne,
11:27il faudrait réduire l'ensemble de ces normes.
11:32On a des prises de position politique ici en France, en Allemagne.
11:36Et puis l'élection de Donald Trump en se disant
11:39que puisque les Américains manifestement veulent faire table rase
11:42de beaucoup de réglementations,
11:44et en tout cas sans contrefiche du climat, faisons pareil.
11:48Moi je pense que ce serait une formidable erreur.
11:51Pourquoi ?
11:52Parce qu'encore une fois,
11:54quel est le devenir de l'Europe ?
11:56Est-ce que le devenir de l'Europe, sa compétitivité,
11:58ça ne sera que de la compétitivité coût ?
12:00Prenez l'énergie.
12:02Aujourd'hui, il y a plein d'industriels ici sur votre plateau
12:05qui viennent vous voir en disant
12:07que du fait du coût de l'énergie,
12:09ils vont déporter leur production aux Etats-Unis d'Amérique.
12:12Ou le président Trump a annoncé
12:14qu'il allait encore plus creuser,
12:16c'est-à-dire les fameux gaz de schiste.
12:18C'est déjà le cas avec Joe Biden
12:20où l'énergie n'était pas chère,
12:22et avec le reduction aid,
12:24ça a attiré un certain nombre de projets européens.
12:27Donc, on est face à un dilemme,
12:29c'est-à-dire, quelle va être la réponse de l'Europe ?
12:31De se dire, on s'enferme dans cette compétitivité coût,
12:34notre énergie décarbonée nucléaire
12:37ne sera jamais au même prix
12:39que du gaz de schiste
12:41produit dans des conditions environnementales désastreuses.
12:44Ou est-ce qu'au contraire,
12:46ça doit être de se dire,
12:48on doit faire de l'économie de la valeur,
12:50passer à l'économie de la valeur.
12:52Ça veut dire quoi ?
12:54Ça veut dire que pour tout produit,
12:56il faut une source de création de valeur.
12:58Faut-il encore que le marché l'accepte ?
13:00Faut-il encore que la transparence soit faite ?
13:03D'où la nécessité de la donner.
13:05Faut-il encore que certains le valident,
13:07le démontrent, d'où l'importance des auditeurs.
13:10Mais l'Europe, par la CSRD,
13:12par son extraterritorialité,
13:14dit autrement, ça s'applique tout au long de la chaîne de valeur,
13:16enfin dit, moi je suis prêt à me poser la question
13:18de l'économie de la valeur.
13:20C'est vrai dans le monde industriel avec l'énergie,
13:23c'est incroyablement vrai dans le domaine agricole,
13:25et aujourd'hui, par cette révolution de la donnée,
13:28on peut passer d'une économie coût à une économie valeur.
13:31C'est pas un 20 mots, c'est, à mes yeux,
13:33véritablement le sens de l'histoire.
13:35Alors, les enjeux agricoles,
13:37on va en parler dans un instant,
13:39Julien Denormandie, mais il y a d'abord une rubrique
13:41qu'on vous proposera chaque semaine
13:43dans ce grand entretien, une question posée
13:45par un ou une des G,
13:47qui aura participé à l'émission,
13:49ce sera comme une chaîne de questions,
13:51vous poserez la vôtre au président du Crédit Coopératif,
13:53qui sera notre invité la semaine prochaine.
13:55Là, c'est Caroline Leron,
13:57la DG du mouvement Impact France,
13:59qui a une question pour vous.
14:01Cher Julien, on s'est croisés lors des dernières
14:03universités d'été du mouvement Impact France,
14:05qui réunissent tous les entrepreneurs
14:07à impact qui sont en train de
14:09changer concrètement l'économie.
14:11Alors, maintenant que toi, tu es
14:13un entrepreneur à impact,
14:15qu'est-ce qui est le plus efficace pour changer le monde,
14:17entrepreneur ou homme politique ?
14:19C'est une très bonne question
14:21que je me pose souvent.
14:23Moi, je pense qu'on a besoin des deux.
14:25Je pense qu'on a besoin des deux
14:27et qu'il faut faire très attention
14:29à ce que la responsabilité,
14:31elle ne se délègue pas.
14:33Ça veut dire quoi ?
14:35C'est-à-dire que souvent,
14:37le monde de l'entreprise peut attendre
14:39le politique en se disant
14:41tant que le politique ne donne pas
14:43l'orientation très claire,
14:45ça n'est pas à moi de me transformer.
14:47Et le monde politique
14:49pourrait se dire
14:51je prends des décisions comme ça
14:53et je ne me soucie guère
14:55si, oui ou non, l'entreprise
14:57a la capacité de changer.
14:59Ce qu'on voit aujourd'hui
15:01dans l'environnement, dans la CSRD,
15:03en est un parfait exemple.
15:05Aujourd'hui, la CSRD,
15:07on est en capacité d'accompagner les entreprises.
15:09Il y a beaucoup d'entreprises qui se disent
15:11c'est des politiques
15:13faites par des gens hors sol qui ne voient pas
15:15ce qu'on peut ou ne peut pas faire.
15:17Non, ce n'est pas vrai.
15:19Il faut, à mes yeux, que les deux assument
15:21et je suis persuadé qu'on peut avoir
15:23un grand impact quand on est politique
15:25mais aussi un énorme impact quand on est entrepreneur.
15:27C'est quoi la loi, ou le décret d'ailleurs ?
15:29Il ne faut pas forcément une loi.
15:31Vous avez été dans plusieurs ministères
15:33et il y a eu la cohésion des territoires
15:35comme secrétaire d'Etat,
15:37ensuite logement ville, ensuite l'agriculture
15:39qui, pour vous, a eu le plus d'effets ?
15:41S'il y a un texte que vous deviez faire ressortir
15:43c'est celui-là.
15:45Heureusement qu'on l'a signé.
15:47Heureusement que je l'ai signé.
15:49Heureusement qu'on a lancé cette loi.
15:51On en parle beaucoup en ce moment
15:53mais je pense aux travaux qu'on a pu faire
15:55notamment dans le domaine agricole
15:57avec la loi EGalim.
15:59Vous avez réinventé la loi EGalim.
16:01Elle est encore insuffisante
16:03mais je crois qu'aujourd'hui
16:05beaucoup appelle à encore son renforcement
16:07mais personne ne se dit
16:09qu'il faut revenir en arrière.
16:11Et inversement, je vais vous dire,
16:13je me souviens d'ailleurs sur ce plateau,
16:15j'évoquais cette très belle initiative
16:17faite par la SNCF
16:19et la direction des achats de la SNCF.
16:21Quand vous êtes directeur des achats
16:23de la SNCF et que vous avez pris
16:25les décisions qu'ils ont prises,
16:27c'est-à-dire d'embarquer l'ensemble
16:29des sous-traitants de la SNCF
16:31vers la voie de la décarbonation,
16:33je peux vous dire que vous avez un impact
16:35qui est parfois plus fort que celui d'un décret d'un ministre.
16:37Et quand je vois que la SNCF
16:39qu'on accompagne sur ce très beau projet,
16:41on est en train de le faire avec d'autres entreprises,
16:43grandes entreprises françaises
16:45mais aussi britanniques mais aussi américaines.
16:47Le directeur
16:49des achats de toutes ces entreprises
16:51ou la directrice des achats
16:53sont des personnages absolument clés.
16:55Par la décision que vous prenez,
16:57vous pouvez changer véritablement
16:59et de manière pérenne
17:01l'ensemble
17:03des émissions environnementales, carbone
17:05ou impacts environnementaux
17:07sur l'ensemble de votre chaîne de valeur.
17:09Donc oui, il faut des politiques qui soient courageuses,
17:11qui aient une vision, qui accompagnent
17:13mais oui, quand vous êtes dans le monde de l'entreprise,
17:15que vous soyez à la direction des achats,
17:17que vous soyez évidemment
17:19au niveau du management
17:21ou que vous soyez entrepreneur,
17:23vous pouvez prendre des décisions
17:25qui ont un énorme impact.
17:27J'ai une question de curieux.
17:29Pourquoi il y a des décrets d'application
17:31qui mettent autant de temps
17:33à être signés ?
17:35Il y a une médiatisation de la loi
17:37et puis on se rend compte que
17:39un an après, il n'y a toujours pas de décret d'application.
17:41Ça doit rendre dingue
17:43le cadre dirigeant que vous êtes devenu aujourd'hui.
17:45Ça rend dingue
17:47mais ça rend dingue le ministre GT.
17:49Comment c'est possible ?
17:51Un mal français ?
17:53Je pense que c'est là où vous faites la différence
17:55entre un bon et un mauvais manager
17:57ou un bon et un mauvais ministre.
17:59Un ministre n'est pas là que pour faire adopter une loi,
18:01présenter une loi au Parlement
18:03ou présenter une majorité.
18:05Une fois que vous avez une loi,
18:07le chef de son administration
18:09prend les décrets
18:11et il est là pour faire, pour appliquer.
18:13J'avais coutume de dire,
18:15ça a toujours été la façon
18:17que j'ai travaillé, on ouvre un dossier,
18:19on traite le dossier, on ferme le dossier.
18:21Le décret d'application n'est pas publié ?
18:23Le dossier n'est pas fermé.
18:25C'est simplement la pression
18:27que le ministre met sur son administration ?
18:29On pourrait y parler des heures.
18:31Il faut aussi revenir à l'esprit des lois de Montesquieu.
18:33Aujourd'hui, on légifère
18:35probablement trop dans le détail.
18:37Ce qui rend d'ailleurs difficile
18:39les applications parce qu'il y a
18:41très certainement des choses qui se retrouvent
18:43dans la loi alors que ça devrait être du niveau
18:45réglementaire.
18:47Peut-être qu'il y a aussi un monde
18:49médiatique
18:51dans lequel vivent trop
18:53les politiques qui fait que
18:55l'effet d'annonce est toujours ce qui est privilégié
18:57à la réalisation sur le terrain.
18:59Quand j'étais
19:01ministre,
19:03et ce n'était évidemment pas le cas ici,
19:05le nombre de fois où
19:07on me proposait d'aller sur une matinale
19:09ou autre, à une condition,
19:11c'est que j'avais une annonce à faire.
19:13Ça a dû m'arriver quand je présentais
19:15les journaux de dire qu'il allait nous annoncer.
19:17En revanche, aller expliquer
19:19si oui ou non ça a été mis en œuvre,
19:21si oui ou non ça a rendu
19:23des effets, là, beaucoup plus
19:25dur. Certains le font,
19:27mais beaucoup plus dur.
19:29Il y a cet esprit, le politique
19:31suit trop le monde médiatique. Le monde médiatique
19:33adore la dépêche AFP, l'annonce, etc.
19:35Mais c'est
19:37un mal contre lequel il faut
19:39se battre. Encore une fois, on doit ouvrir
19:41un dossier, traiter le dossier, fermer le dossier.
19:43Ce qu'on fait dans le monde de l'entreprise,
19:45ce qu'on doit faire dans le monde politique, moi je me suis
19:47évertué à le faire. Je ne suis pas le seul
19:49et il faut croire en ça. En revanche,
19:51la politique de l'opinion, je pense
19:53que c'est de très mauvais conseils.
19:55On a eu une date, on a eu la question du
19:57CIO, on va régulièrement aussi dans
19:59cette nouvelle rubrique s'appuyer sur
20:01une citation de notre invité. Voilà la citation
20:03que j'ai trouvée, je viens de Normandie.
20:05C'est folie que le Mercosur,
20:07ce que je n'ai pas le droit de produire chez moi,
20:09je ne devrais pas avoir le droit de l'importer.
20:11Le choix est clair, je suis un
20:13anti-poulet brésilien.
20:15Voilà ce que vous disiez aux assises de l'agriculture
20:17et de l'alimentation organisées par nos
20:19confrères de Ouest France, c'était le 14 novembre
20:21dernier.
20:23Vous participez, là on est dans un
20:25consensus anti-Mercosur.
20:27Est-ce qu'il est aussi mauvais
20:29cet accord qu'on le dit ?
20:31Oui parce que je pense qu'il faut, je reviens à
20:33vous verrez la cohérence à ce que je disais tout à l'heure
20:35sur l'économie coût, l'économie valeur.
20:39Aujourd'hui, moi je suis
20:41libéral, je suis pour
20:43l'économie de marché et je suis pour les
20:45exportations et importations.
20:47Je pense qu'on pourrait y passer
20:49des heures et dans ce voyage qu'on a
20:51créé avec Eric Orsona, nourrir sans dévaster,
20:53je montre bien toutes ces positions.
20:55En revanche,
20:57si je suis donc pour
20:59des accords d'échange
21:01entre les pays, je pense que ces accords
21:03ils ne sont utiles que s'il y a
21:05s'ils reposent sur un principe
21:07c'est que ces accords ne doivent pas
21:09déréguler, ils doivent
21:11fixer un cadre.
21:13Un accord de libre-échange, sa perspective
21:15n'est pas simplement de se dire
21:17on enlève tous les droits de douane, sa perspective
21:19doit être de dire on fixe
21:21des conditions.
21:23Mais ça fait 25 ans qu'il est sur la table
21:25il n'y a toujours pas de bonnes conditions.
21:27Mais non, c'est un accord d'un temps passé
21:29mais d'ailleurs
21:31vous savez quand j'étais ministre de l'agriculture
21:33et je suis hyper content là-dessus parce que
21:35aujourd'hui tout le monde en parle
21:37je crois pouvoir dire que j'ai été l'un
21:39des premiers à remettre cette notion de close-miroir
21:41dans le débat. Et pourquoi je parlais
21:43des close-miroirs ? C'est un sujet très précis
21:45qui me fait dire que je suis un anti-poulet brésilien
21:47primaire.
21:49Je me suis battu pour mettre des close-miroirs
21:51pour interdire l'importation
21:53des productions de volailles ou autres
21:55faites avec des antibiotiques
21:57de croissance. Je vais vous raconter
21:59une anecdote que je livre
22:01dans ce récit avec Eric Orsona.
22:03J'ai habité en Égypte entre 2008
22:05et 2010. J'ai aujourd'hui 4 enfants
22:07et ma fille est née à l'époque.
22:09Je tombe malade, je vais chez le pédiatre
22:11en Égypte, au Caire, et le pédiatre
22:13me prescrit des antibiotiques
22:15pour ma fille née. Je retourne à la maison, je demande
22:17à la nounou de ma fille née
22:19où est-ce que je peux trouver ce type d'antibiotiques ?
22:21Et elle me répond, elle est au supermarché.
22:23Je lui dis, mais au supermarché,
22:25j'y vais tous les week-ends, il n'y a pas d'antibiotiques.
22:27Et elle me répond, tout ça est véridique,
22:29votre fille a besoin de poulet.
22:31Pourquoi ? Parce que c'est du poulet brésilien
22:33bourré aux antibiotiques
22:35de croissance et dont vous aviez
22:37protéines et amoxyciline
22:39sur la même assiette. C'est en 2009.
22:41Aujourd'hui, au moment
22:43où je vous parle, près de 50%
22:45de la viande de volaille consommée en Europe
22:47est importée soit du Brésil,
22:49soit de l'Europe de l'Est, soit de l'Asie du Sud
22:51qui autorise ces antibiotiques de croissance.
22:53Antibiotiques de croissance,
22:55évidemment interdits en France
22:57puis en Europe depuis près de 15 ans.
22:59Donc c'est le principe de la clause miroir.
23:01On interdit chez nous, on ne doit pas l'autoriser.
23:03Et donc l'accord de Mercosur, à partir du moment
23:05où il n'y a pas des clauses miroir sur des
23:07antibiotiques de croissance, il n'y a pas des
23:09clauses miroir très fortes
23:11sur la lutte contre la déforestation.
23:13Il n'y a pas des clauses miroir, etc.
23:15C'est un accord qui en fait ne fait que
23:17déréguler et ne porte pas
23:19un terrain de jeu avec
23:21des règles en commun.
23:22Mais est-ce qu'on peut s'en priver alors que
23:24vous parliez de Donald Trump, il est en train
23:26de rallumer la guerre commerciale.
23:28C'est un marché de... Alors si on prend que
23:30les pays signataires, ces 270 millions,
23:32c'est plus avec les pays associés.
23:33Oui, mais c'est comme tout dans le commerce.
23:35Je vais vous donner un exemple très concret.
23:37Chez Sweep, je vous l'ai dit tout à l'heure, on accompagne
23:39l'entreprise pour décarboner et se mettre
23:41conforme avec les réglementations comme la CSRD.
23:43Tout le monde hurle en disant
23:45c'est trop complexe et tout. Moi, aujourd'hui,
23:47on a des centaines et des centaines de clients,
23:49de boîtes hyper engagées.
23:51Est-ce qu'il faut écouter celles-là ou est-ce qu'il faut
23:53écouter celles qui vous disent, non, tout ça c'est tâché.
23:55Chez Raise, pionnier de la finance
23:57engagée, on essaye de se dire comment on peut
23:59faire de la finance autrement. Le rôle du financier,
24:01il est hyper important.
24:03Un financier, il n'est pas suffisant,
24:05mais il est nécessaire. On se demande tous les jours
24:07comment on peut faire pour faire les choses différemment.
24:09Premier acteur,
24:11qui d'ailleurs reverse 50% de la création
24:13de valeur, a des oeuvres philanthropiques.
24:15On se demande comment on accompagne les entreprises.
24:17C'est donc
24:19possible dans le monde, et du commerce et financier.
24:21Dans le monde à l'international,
24:23du commerce à l'international, ne serait-il
24:25pas possible de se dire
24:27on fait les choses différemment ? Moi, je pense que
24:29oui. Je pense que si
24:31le sens de l'histoire, c'est de se dire
24:33au motif, quel que soit l'intérêt,
24:35mais au motif de vendre plus de Mercedes
24:37ou de voitures,
24:39au motif de vendre des sous-marins,
24:41au motif
24:43de tous ces considérants
24:45chers à David Ricardo ou à
24:47Adam Smith, on réduit notre
24:49souveraineté alimentaire. Il y a aussi les métaux
24:51rares et la souveraineté de la transition
24:53électrique.
24:55Que dépendant de la Chine,
24:57le Mercosur peut nous ouvrir son marché.
24:59Mais ce débat sur les métaux rares,
25:01il est essentiel. En revanche,
25:03comment on pose le débat ? Est-ce que le débat, c'est
25:05les métaux rares ? C'est essentiel.
25:07Donc, quel que soit le coût
25:09à payer, on le fait. Ou est-ce
25:11qu'on se dit, ok, on va résoudre
25:13peut-être une partie
25:15du sujet des métaux rares, mais de l'autre
25:17côté, on met en risque peut-être
25:19l'un des fondamentaux d'une souveraineté,
25:21c'est-à-dire la souveraineté alimentaire.
25:23Beaucoup plus complexe comme question.
25:25Moi, je crois qu'il faut
25:27affronter cette économie de la valeur.
25:29Dit autrement, on dit aux
25:31Brésiliens, aux Argentins, aux pays
25:33latino-américains du Mercosur, on veut
25:35être vos premiers alliés, mais on doit fixer des
25:37règles communes. On ne peut pas accepter
25:39d'importer
25:41des produits issus de la déforestation,
25:43des antibiotiques de croissance.
25:45Il faut qu'on pense cette
25:47économie de la valeur. Il faut qu'on se demande, est-ce qu'on
25:49peut faire les choses un peu différemment ?
25:51C'est trop facile de détruire,
25:53c'est beaucoup plus
25:55difficile de construire.
25:57Construisons
25:59ces relations-là,
26:01je pense qu'elles sont impérieuses et au
26:03final, on n'a pas le choix d'ailleurs.
26:05Merci beaucoup Julien Denormandie. Vous avez évoqué
26:07ce livre co-écrit avec Éric Orsenna,
26:09Nourrir sans dévaster. Il est publié
26:11chez Flammarion. Merci encore
26:13d'avoir participé à
26:15cette première de
26:17Prêt pour l'impact. On passe à notre
26:19rubrique consacrée aux startups éco-responsables.
26:21C'est tout de suite.

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